Skip to main content

Full text of "Archives du Muséum national d'histoire naturelle"

See other formats


ARCHIVES 

DU MUSÉUM 

NATIONAL 

D’HISTOIRE NATURELLE 

PUBLIÉES 

PAR MM. LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS 

DE CET ÉTABLISSEMENT 

SIXIÈME SÉRIE . 

TOME V 


Éponges de Lam&rck conservées au Muséum de Paris, 
par E. Topsbnt. 

Recherches sur les Sauterelles-Feuilles de l’Amérique tropicale, 
par P. Vignon. 

Recherches sur le Genre Hylochatrus » 
par G. Bolet et H. Nbuvillb. 


y 


PARIS 

MASSON ET C 1E , ÉDITEURS 

LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 
120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN 

1930 





















Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES 

DU MUSÉUM 

NATIONAL 

D'HISTOIRE NATURELLE 


SIXIÈME SÉRIE 


Source : MNHN, Paris 



3916-30. — CORBEIL. IMPRIMERIE CRÉTÉ 



Source : MNHN, Paris 




ARCHIVES 


DU MUSÉUM 

N A T I 0 N A L 

D’HISTOIRE NATURELLE 


PUBLIÉES 

PAR MM. LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS 

DE CET ÉTABLISSEMENT 


SIXIÈME SÉRIE 


TOME CINQUIÈME 


PARIS 

MASSON ET C' K , ÉDITEURS 

LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 
120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN 

1930 


Source : MNHN, Paris 




NOMS 


DE 

MM. LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS 

DU 

MUSEUM NATIONAL, D’HISTOIRE NATURELLE 
PAR ORDRE D’ANCIENNETÉ 


L. Lapicque.. Professeur honoraire . — 1911 

R. Vernkau .. — .. —1909 


Lacroix . Professeur de Minéralogie . 

Bouvier . — de Zoologie (Insectes). 

J. Costantin . — de Botanique (Organographie). 

M. Boule . — de Paléontologie. 

Joubin . — de Zoologie (Mollusques et Zoophytes). 

L. Mangin... — de Botanique (Cryptogames). 

H. Lecomte .. — de Botanique (Phanérogames). 

J. Becquerel. — de Physique appliquée à l’histoire naturelle. 

Louis Roulf . — de Zoologie (Reptiles, Batraciens et Poissons). 

Ch. Gravier . — de Zoologie (Verset Crustacés)... 

Tissot . — de Physiologie générale. 

Bois. — de Culture. 

Gruvel . — de Zoologie (Pêches et productions coloniales d’ori¬ 
gine animale) . 

Lemoine . — de Géologie.. 

R. Anthony.. — d’Anatomie comparée. 

Bridel . — de Physique végétale. 

Bourdelle.. — de Zoologie (Mammifères et Oiseaux). 

Fosse . — de Chimie appliquée aux corps organiques. 

P. Rivet . — d’Anthropologie. 

Chevalier ... — Productions coloniales d’origine végétale. 


— 1893 

— 1895 

— 1901 

— 1903 

— 1903 

— 1904 

— 1900 

— 1909 

— 1910 

— 1917 

— 1920 

— 1920 

— 1920 

— 1920 

— 1922 

— 1926 

— 1926 

— 1928 

— 1928 

— 1929 


Source : MNHN, Paris 





































Eponges de Lamarck 

conservées au Muséum de Paris 


Par E. TOPSENT 

Professeur à la Faculté des Sciences de Strasbourg. 


Il a été peu publié au sujet des Spongiaires par les savants du Muséum d’Histoire 
naturelle de Paris, mais les mémoires où Lamarck a traité de ces êtres sont des monuments 
de grande importance (i) . Ils renferment la description aussi claire que possible, sans l’usage 
du microscope, de toutes les Eponges marines conservées à Paris au début du xix e siècle, 
tant comme propriété de l’auteur que comme collection du Muséum. Celle-ci venait d’être 
considérablement accrue par les récoltes de Péron et Lesueur dans les mers australes. 

Les Éponges se trouvent avoir été réparties par Lamarck d’abord entre quatre genres 
du fait qu’il distinguait mal les Alcyonium des Sfiongia. Deux de ces genres, Tethya et 
Geodia, ont été conservés d’après leurs lypes, mais avec diagnoses modifiées. Le genre 
Sfiongia, démembré en tous sens, a fini par disparaître de la nomenclature comme dépourvu 
de signification, et le genre Alcyonium, logiquement épuré, est, comme on sait, réservé à 
des Cnidaires. C’est seulement en 1816 (19, p. 98 ) que Lamarck, imbu de l’erreur qu’elles 
seraient très différentes des Éponges marines, a créé pour les Éponges des eaux douces le 
genre Sfiongilla. 

Peu d’espèces établies par lui sont pleinement reconnaissables aux lignes qu’il y a 
consacrées, mais leur nombre imposant et les traits vigoureux au moyen desquels il a tenté 
de les caractériser ont forcément retenu l’attention de beaucoup de spongologistes. Duchas- 
saing et Michelotti, Ridley,Hyatt et tant d’autres ont cherché à identifier, d'après Lamarck, 
certaines de leurs Éponges. Mais leurs prudentes hésitations se sont souvent traduites par un 
point d’interrogation. 

La littérature étant parsemée de ces rapprochements risqués comme aussi de méprises, 
fort excusables par la façon dont elles se sont produites, la résolution prise par M. le pro¬ 
fesseur Joubin de mettre en valeur les Éponges de Lamarck répond à un besoin réel et lui 
fait grand honneur. 

Leur étude, cependant, se heurte à des difficultés imprévues. Il s’en faut de beaucoup 
que les spécimens se trouvent, comme on aurait pu l’espérer, tous réunis en une collection 
spéciale. Des déménagements répétés, un essai de collection générale, des velléités qui se 

(1) Sur les Polypiers empâtés (Annales du Muséum d'Histoire naturelle, vol. XX, 1813, p. 294-312, 370-386 et 432-458). Le 
genre Spongia, à partir de la page 305. — Suite des Polypiers empâtés ( Mémoires du Muséum d‘Histoire naturelle , vol. I, 1815, 
p. 69-80, 162-168 et 331-334 : Les genres Tethya, Alcyonium et Geodia). 

Archives du Muséum (6e Série). 


V. — i 



2 


E. TOPSENT 


sont manifestées, au moins de la part de Valenciennes et de l’assistant Bernard, d’un classe¬ 
ment plus scientifique, en ont éparpillé une bonne part sans que leur étiquetage en facilite 
la recherche. Actuellement, une proportion importante d’espèces et de variétés reste encore 
égarée. La connaissance de ce qui a été regroupé permettra sans doute d’en retrouver bon 
nombre, sinon toutes, les textes de Lamarck à la main. Il est fréquent de relever dans ses 
descriptions des détails tout à fait caractéristiques. C’est sur elles qu’il faut se guider sans 
trop se fier aux étiquettes, dont beaucoup ont été transposées. Lamarck a rédigé les siennes 
sur papier blanc, d’une écriture aisément reconnaissable. Lucas, qui était alors son prépara¬ 
teur, en a calligraphié la copie sur des étiquettes à bordure rose ornementée, d’un modèle 
uniforme. Elles font foi, quoiqu’il soit arrivé à Lucas d’y inscrire un nom spécifique provi¬ 
soire, auquel Lamarck avait songé avant d’en adopter définitivement un autre, comme 
Spongia patella pour Spongia sartaginula. Mais elles étaient mobiles et quand, plus tard, 
le souci vint de monter les spécimens sur des supports et d’y fixer celles des étiquettes qui 
n’étaient pas perdues, l’opération fut confiée à des personnes incompétentes ou manquant 
de temps pour vérifier au moins si, par leur allure générale, les spécimens qu’ils avaient en 
main rentraient bien dans la section où Lamarck les avait placés. C’est ainsi qu’un spécimen 
rapporté seul à Spongia fenestrata, au lieu de former, comme l’a dit Lamarck, un encroû¬ 
tement sur un Trochus, est une petite Eponge rameuse pédicellée, attachée dans un bocal 
scellé à un carton au dos duquel on a collé l’étiquette originale de Spongia fenestrata. Point 
n’est besoin de multiplier les exemples. L’état de la collection reflète l’insuffisance de 
locaux, de crédits et de personnel dont a toujours souffert le Muséum de Paris. 

La prudence a donc imposé pour la révision demandée de ne tenir compte que des 
spécimens présentant toutes les garatines désirables, types d’espèces ou de variétés. Cela 
constitue encore un ensemble même numériquement imposant. Les lacunes en seront com¬ 
blées ultérieurement dans la mesure du possible. 

La bibliographie se réduisait pour Lamarck aux publications de quatorze auteurs. Il 
cherchait dans leur texte, souvent moins précis que le sien, et surtout dans leurs.illustra¬ 
tions, des termes de comparaison, et, quand une identification lui paraissait probable, il 
pensait pouvoir considérer son Éponge comme de même provenance que celle à laquelle il 
la jugeait semblable. Comme Esper, qui avait procédé à peu près de même, il commit natu¬ 
rellement des erreurs. On peut être surpris qu’il n’ait tenu aucun compte des ouvrages fran¬ 
çais contemporains de Guettard et de Poiret, où il eût trouvé à glaner des documents utiles. 

L’ignorance où il est demeuré tant de fois et les confusions où il est tombé au sujet de 
l’habitat de ses Éponges en rendent la détermination spécifique souvent malaisée au milieu 
de la copieuse bibliographie moderne. Il semble que ses espèces aient, en proportion élevée, 
conservé leur valeur. Cela tient à ce que, pour une bonne part, la collection se compose 
d’Éponges recueillies sur les côtes d’Australie, dont plusieurs expéditions scientifiques peu¬ 
vent fort bien n’avoir pas, depuis lors, encore révélé toutes les richesses. Il se peut aussi que 
plusieurs types d’espèces supposées nouvelles ne représentent, dans ces mers assez peu 
explorées, que des variétés d’autres espèces incomplètement connues. En tout cas, il est 
logique et, d’ailleurs, réglementaire de faire, malgré leur ancienneté, tomber des noms spéci¬ 
fiques d’Êponges de Lamarck en synonymie de ceux qui, depuis, ont désigné des espèces 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


3 


décrites de façon reconnaissable. Ceux qui s’appliqueraient à des spécimens à tout jamais 
perdus, s’il en est, ne pourraient même être que des nomina nuda. 

Là principale cause d'infériorité des mémoires de Lamarck sur les Spongiaires réside 
dans lêur manque absolu de figures. Ce défaut a laissé inconnues des espèces dont les carac¬ 
tères extérieurs auraient suffi àétablir l’identité. Pour combler une telle lacune, comme pour 
rendre plus évident l’accord des compléments de descriptions ici donnés avec le texte ori¬ 
ginal, il a paru nécessaire de recourir amplement à la photographie. Mais, ce faisant, il a 
fallu, par mesure économique, se résigner à publier par parties la révision de la collection (i). 


Genre GÉODIE (Geodia) (.Vf. M p. 333). 

L’existence d’orifices de deux tailles et la localisation des plus grands sur une aire 
délimitée (exhalante) continuent à caractériser ce genre, qui, devenu chef de file des Geo- 
diidæ, se distingue du genre Sidonops au crible protecteur de ses orifices des deux sortes. 
Son nom rappelle que, du fait que le type, libre et subglobuleux, était creux à l’état sec, 
Lamarck l’a comparé à une géode. L’importance à tort attachée à cette particularité l’a 
conduit à méconnaître les affinités de certaines autres de ses Éponges et à n’inscrire qu’une 
seule espèce dans un genre qui en est riche. 

Geodia gibberosa Lamarck. 

(Pi. I, fig. 1.) 

1. Géodie bosselée. Geodia gibberosa [M. M., p. 334 et A. s. V. (2 e éd.), p. 594]. 

Geodia gibberosa Lamarck. 

Le spécimen-type, de la Guyane, avec étiquette originale. Il est blanc et mesure 11 cen¬ 
timètres de longueur. Schweigger en a publié, en 1819 ( 37 , PI. III, fig. 18 et 19), deux des¬ 
sins exécutés par Huet. De Blainville en a aussi donné une figure ( 1 , PI. XCI, fig. 4), bien 
moins bonne, d’ailleurs, où ses pores ont été inexactement distribués en quinconce. Bower- 
bank l’a étudié, ainsi qu’un autre spécimen du Muséum, rapporté par Maugé des Antilles, 
en 1799 (Expédition Baudin), et en a tiré en partie la description détaillée de l’espèce ( 2 , p.6, 
PI. I, fig. 16-22). Mais, comme les spiculés que cet auteur a fait figurer sont ceux d’un troi¬ 
sième spécimen, de la Dominique (collection Fleming), pour éviter toute méprise, j’ai fourni 
des indications précises sur la spiculation propre du type de Lamarck et des figures de ses 
microsclères ( 39 , p. 612, fig. xxxix). Il a ainsi une histoire authentique, et, quoique moins 
anciennement cité que YAlcyonium cydonium Jameson (1811), qui fut reconnu par la 
suite comme de ses congénères, il peut prendre le pas sur toutes les Geodia. 

La vaste cavité qui a fait créer pour lui le genre Geodia existe aussi dans le spécimen de 

(1) Plus vite et plus clairement que les numéros 17 , 18 et 19 de Y Index bibliographique, les abréviations A . M., M. M. et 
A. s. V. renverront aux publications de Lamarck contenant ou répétant les diagnoses originales. Il ne sera fait mention que des 
additions utiles de la deuxième édition de 1 ' «Histoire naturelle des Animaux sans vertèbres». 


Source : MNHN, Paris 


4 


E. TOPSENT 


Maugé, jaunâtre, long de près de 14 centimètres, à aire exhalante cribreuse non marginée. 
Duchassaing et Michelotti (6, p. 105) ont également trouvé creuse une G. gibberosa de Tor- 
tola, Petites-Antilles. Bowerbank a émis au sujet des individus du Muséum la supposition 
qu’ils auraient été vidés pour faciliter leur dessiccation. Pourtant, le spécimen type de sa 
Geodia Flemingi ( 2 , PI. I, fig. 2), coupé par lui-même, était creux aussi. Je ne partage pas 
son opinion au sujet des deux spécimens en question, parce que leur face interne est très 
unie, avec des perforations arrondies ou ovalaires ressemblant moins à des canaux section¬ 
nés artificiellement qu’à des orifices naturels encore béants dans des membranes desséchées 
lentement et sans déchirures. Il faut aussi remarquer que les contours de leur cavité suivent 
ceux de leur surface avec trop de rigueur et de façon telle que l’épaisseur de chaque individu 
se maintienne partout assez uniforme, entre 3 et 5 millimètres dans le type, entre 5 et 7 mil¬ 
limètres dans l’autre. 

Geodia gibberosa ne vit pas seulement aux Antilles et dans les eaux de l’Amérique 
centrale. M. Ch. Gravier en a recueilli de petits individus près-de la côte occidentale 
d’Afrique, à l-’île San Thome ( 39 ). 


< >KNRK TÉTHIE (Tethyd) (M. M.. p. 69). 

Devant s’en tenir à des caractères macroscopiques, Lamarck a réuni dans ce genre des 
Eponges à charpenne rayonnante, leur prêtant à toutes une écorce, qu’il supposa caduque 
quand il ne l’observa pas. Il lui est arrivé de la sorte de grouper artificiellement des représen¬ 
tants de plusieurs genres naturels distincts. On peut penser qu’il y aurait mis aussi sa 
Geodia gibberosa, n’était sa cavité centrale. 

Des quatre Tethya qu’il a décrites, deux seulement figurent maintenant dans la collec¬ 
tion, au Muséum de Paris, T. cavernosa et T. pulvinata, qui sont, comme je l’ai déjà annoncé 
( 41 , p. 642), la première une Cinachyra et la seconde une Stelletta. La première de sa liste, 
T. asbestella, est la seule sur laquelle fassent défaut des documents suffisants pour en déter¬ 
miner au moins le genre, et cela est d'autant plus regrettable que la provenance en a été 
notée (embouchure de La Plata). C'était une Eponge plus grosse que la tête d’un Homme, 
pareille à une masse d’asbeste, à structure radiée, mais sans écorce. Son nom est ainsi menacé 
de devenir un nomen nudum. Quant à T. lacunata, un dessin qui en a été publié ( 37 , p. 40) 
a pu, au contraire, la faire considérer avec vraisemblance comme une Geodia. 

Il est, en outre, deux Tethya que Lamarck n’a fait que citer. L’une d’elles, T. cranium, 
l’ancien Alcyonium craniumO.-Y . Müller (1776), est certainement une Geodia et peut-être la 
plus commune de nos eaux, G. cydonium (Jameson). L’autre, T. lyncurium, est une Éponge 
figurée par Aldrovand dès 1642, par Marsilli en 1725, puis par Donati en 1750, qui l’a 
appelée Tethya sphcerica. Le premier nom spécifique qu’elle ait porté après 1758, le seul 
valable, strictement, d’après les règles de nomenclature, est celui de aurantium donné par 
Pallas, en 1766 ( 28 , p. 357), pour Alcyonium aurantium, la Tethya sphærica de Donati. 
Celui de lyncurium, créé par Linné, ne date que de 1767 ( 27 , p. 1295), après rappel de cette 
synonymie. Poiret eut donc le tort ( 30 , p. 58) d’appeler son « Alcyon Téthye » Alcyonium 
lyncurium, d’après Linné, et Lamarck lui-même celui de ne pas citer non plus Pallas. Le 


Source : MNHN , Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


5 


nom de Tethya aurantium s’applique, en fait, à la Téthye orange. C’est la première des 
Tethya connues, et, si Lamarck ne l’a pas placée en tête de liste, c’est à la fois parce qu’il 
n’en avait pas une connaissance personnelle et parce qu’il n’attribuait pas à l’ordre dans 
lequel il inscrivait ses espèces l’importance qui s’y attache aujourd'hui. Mais elleest le véri¬ 
table chef de file de ses Tethya, et, distincte des Geodia, Cinachyra, Stelletta, de date posté¬ 
rieure, qu’il en a rapprochées fortuitement, c’est elle qui, de droit, sert à établir la diagnose 
de ce genre Tethya, qu’on peut amender mais non supprimer, et auquel, comme je l’ai 
montré ( 41 ), ne s’est un moment substittié que par erreur un autre genre Tethya indûment 
établi. 


Tethya cavernosa Lamarck. 

(PI. Il, fig. g et io.) 

2. Téthie caverneuse. Tethya cavernosa ( M. M., p. 70 et A. s. V., p. 385). 

Cinachyra Providentiæ Dendy, var. cavernosa Lamarck. 

Un spécimen coupé en deux. L’une des moitiés en est ici photographiée sur ses deux 
faces, de grandeur naturelle. Une seule étiquette, de Valenciennes, indique qu’il s’agit de 
l’individu décrit par Lamarck sous le nom de Tethya cavernosa. La description lui convient 
d’ailleurs bien. 

Il est facile de reconnaître en lui un représentant du genre Cinachyra. Ses caractères 
macroscopiques et ses spiculés, dans leur ensemble, sont même tellement semblables à ceux 
de la Cinachyra de l’océan Indien décrite assez récemment par Dendy sous le nom de C. Pro¬ 
videntiæ ( 4 , p. 18, PI. I, fig. 5, 5 a, et PI. X, fig. 2 a-f), que je n’y puis trouver de différence 
spécifique. 

C’est une Eponge sans trichodragmates ni microsphères, à anatriænes, à petits oxes, 
qui ne se disposent pas radialement dans une couche corticale, à orifices nombreux, pro¬ 
fonds, inégaux, dont les exhalants ne se distinguent des inhalants par rien de particulier. 

Certains détails de conformation des spiculés s’écartent de ceux indiqués par Dendy, 
mais l’ornementation des petits oxes me paraît être seule digne d’intérêt et permettre de 
retenir la Tethya cavernosa de Lamarck comme une variété de Cinachyra Providentiæ. 

Distribués par tout le corps et abondants, en tous sens, entre les longs mégasclères 
(oxes et triænes) qui se dressent à la périphérie du corps, ces petits oxes, droits ou peu cour¬ 
bés, fusiformes, à pointes effilées, comme Dendy les a figurés (/. c., fig. 2 e), mesurent de 100 
à 170 y. de longueur sur 3 à 5 y d’épaisseur et se montrent constamment et entièrement 
raboteux. Ce dernier caractère, qui n’a été noté chez aucune autre Cinachyra et qui rappelle 
celui des microxes des Pæcillastra, est si frappant que Dendy, j'en suis convaincu, n’aurait 
pu le méconnaître dans ses spécimens. 

Pour le reste, on trouve de grands oxes, généralement droits, pouvant avoir 80 y d’épais¬ 
seur, pointus aux deux bouts, quelquefois stylotes. Des anatriænes très nombreux, à cla- 
dome arqué régulièrement, le plus souvent large de 80 haut de 40à 50 v.,pourunrhabdome 
épais de 8 à 10 y. Des protriænes assez nombreux, présentant de nombreuses variations, du 


Source : MNHN, Paris 


6 


E. TOPSENT 


cladome. La plupart l’ont à clades égaux, souvent mieux développés que ne l’a dessiné 
Dendy (L c., fig. 2c'), très légèrement incurvés vers l’axe du cladome, longs de 110 y, épais 
de 10, composant un cladome large de 60 y. sur un rhabdome épais de 13 y.. Beaucoup 
abrègent ces clades, tous ensemble, à différents degrés, les réduisant même parfois à l’état 
de moignons obtus ; beaucoup les ont un peu onduleux. Quelques-uns les développent iné¬ 
galement, avec l’un d’eux,ainsi que Dendy l’a vu,plus long que les autresigô y, par exemple, 
pour 70 et 67 y.. Enfin il se montre quelques diænes. 

Quant aux sigmaspires, abondantes, elles ont 17 à 20 y. de corde et 0 y. 8 seulement 
d’épaisseur ; leur ornementation est difficilement visible. 

Lamarck ignorait l’habitat de sa Tethya cavernosa. Les spécimens du Sealark qui ont 
servi à la description de Cinachyra Providentiæ proviennent de la partie occidentale de 
l’océan Indien. 


Tethya pulvinata Lamarck. 

(PI. III, fig. 7, et fig. 1 du texte.) 

.!• Téthie pulvinée. Tethya pulvinata (M. M.. p. 71 et A. s. V ., p. 386). 

Stelletta pulvinata (Lamarck). 

Un fragment de spécimen, que la figure représente très peu réduit. Il est, de ce côté, 
incomplet, sans base et en majeure partie dépouillé de son écorce. De l’autre, il a été taillé 
sagittalement. Il eu a ainsi été détaché notamment une grande tranche à faces parallèles, 
de toute sa hauteur, de toute sa largeur et épaisse de 4 à 5 millimètres, conservée avec lui 
dans la collection. Une étiquette de Valenciennes indique que l’individu est celui décrit 
par Lamarck comme Tethya pulvinata. 

C’est une Éponge massive, à surface brunâtre, égale mais rude au toucher. L’intérieur 
en est jaunâtre clair. Les sections qui y ont été pratiquées ont mis sa structure en évidence : 
elle contribue avec la spiculation à caractériser une Stelletta. 

L’écorce est épaisse de 7 millimètres, dure, compacte, sans orifices visibles. Les spiculés 
s’y placent verticalement et lui donnent un aspect radié des plus nets. En réalité, ils se su¬ 
perposent en deux couches : la profonde, composée d’un mélangé d’oxes, d’anatriænes et 
de gros protriænes, auxquels s’ajoutent en petit nombre des protriænes beaucoup plus 
petits et d’un type différent ; la superficielle, ne comprenant guère que de gros protriænes, 
teintée en brun sur les deux tiers externes de sa hauteur et traversée sur le reste par une 
bande fibreuse très résistante. Le choanosome, sans canaux, contient des bandes radiales 
de spiculés, entre lesquelles son squelette est irrégulier. 

La spiculation de Stelletta pulvinata n’est celle d’aucune des Stelletta groupées en tableau 
dichotomique par Lendenfeld, en 1903 ( 26 , p. 33), ni, semble-t-il, d’aucune de celles qui ont 
été décrites plus tard. Elle a, comme celle d’un certain nombre d’espèces, pour triænes 
principaux des protriænes robustes, mais, en même temps, elle présente des anatriænes, 
dont les S. hispida (Buccich), S. maxima Thiele, 5 . horrens Kirkpatrick, S. Herdmanni 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


7 


Dendy, S. farcimen Lendenfeld, S. crater Dendy, S. columna Dendy sont, au contraire, 
dépourvues. Ses petits protriænes, à cladome ouvert, et ses euasters de deux sortes, dont 
les somiques réduisent leurs actines à l’état de tubéiosités, constituent, en outre, un ensemble 
fort remarquable. 

Spiculation. — I. Mégasclères: i. Oxes droits, fusiformes, pointus, longs de 4 milli¬ 
mètres à 4 ram ,5, épais de 90 y. On les trouve dans le choanosome et debout dans la couche 
corticale profonde. 2. Protriænes robustes, droits ou à peine courbés, longs de 3 milli- 



Fig. I. — Stelletta pulvinata. 



mètres, à rhabdome non fusiforme, pointu, épais de 100 à 130 y. à son origine, à cladome 
long de 215 à 385 y., large seulement de 190 à 225 y.. Convexes en dessous, leurs clades 
(fig. la) non seulement s’écartent peu les uns des autres, mais, très souvent, rapprochent 
leurs extrémités ; fréquemment un crochet les termine. Ces spiculés se placent le 
cladome en dehors, à la limite externe de la couche corticale profonde. Ils composent, en 
outre, orientés de même et solidement reliés entre eux, presque à eux seuls, la couche corti¬ 
cale superficielle que leurs clades rendent un peu hispide. 3. Protriænes de petite taille, 
épars à la limite externe de la couche corticale profonde, mêlés aux gros protriænes, aux 
anatriænes et aux oxes. Ils sont droits ou courbés, inégaux, longs de 350 y. à i mm ,25 et se 
font remarquer par leur cladome court et largement ouvert (fig. 16) ; celui-ci mesure, en 
effet, 90 y., 105 y-, 125 y. de largeur pour 56 y., 63 y, 84 y, etc., de longueur. 4. Anatriænes nom¬ 
breux, plaçant presque tous leur cladome à la limite externe de la couche corticale profonde. 
Leur rhabdome, long de 4 millimètres environ, est épais de 10 à 14 y. seulement et leur 
cladome arqué (fig. ic), long et étroit (98 70 y, 125 y. de longueur pour 63 y, 68 y, 98 y de 

largeur, par exemple), est clades grêles et pointus. 



















s 


E. TOPSENT 


II. Microsclères :'5- Sphérostrongylasters somiques petites (5 à 6 y. de diamètre) et assez 
spéciales, du fait que leurs actines, à peine dégagées de leur centrum, les rendent mûriformes 
(fig. 1 d). Elles existent en abondance dans toute l’écorce et parsèment le choanosome. 
6. Oxyasters choanosomiques de taille inégale, à partir de 9 y. de diamètre. Les petites sont 
surtout nombreuses, à actines coniques, pointues, lisses, en nombre assez élevé pour former 
centrum par l’union de leurs bases (fig. le). Par des intermédiaires, ces asters passent à des 
oxyasters assez clairsemées n’ayant plus que six actines, mais longues de 40 à 55 p., épaisses 
de 5 a et ne formant pas de centrum (fig. Je'). 

Lamarck pensait que sa Tethya pulvinata existe dans les mers d’Europe. On n’y a encore 
signalé aucune Stelletta possédant pareille spiculation. 


Tethya lacunata Lamarck 

4. Téthie lacuneuse. Tethya lacunata (M. M., p. 71 et d. s. V ., p. 386). 


Geodia sp. 

L’unique spécimen ayant servi à la description de Lamarck ne figure plus actuellement 
dans la collection. Mais, dès 1819, l’appelant Tethya lacunosa, Schweigger en a publié deux 
figures dessinées par Huet d’après lui ( 37 , p. 40, PI. II, fig. 16et 17). L’une le représente par 
une de ses extrémités, avec surface générale finement ponctuée et aire en retrait, à orifices 
un peu plus grands ; l’autre en donne une section, de 60 millimètres sur 55 millimètres de 
diamètre, et met en évidence une écorce, un choanosome à charpente périphérique rayon¬ 
nante et la coupe de quelques canaux. Grâce à cela, on peut être certain qu’il s’est agi d’une 
Géodiide. Vosmaer ( 43 , p. 42) et Lendenfeld ( 26 , p. 117) l’ont même considérée comme une 
Geodia véritable. 

D’abord complètement indécis au sujet de sa provenance, Lamarck a cru bientôt ( 19 ) 
pouvoir hasarder qu’il viendrait des mers d’Europe. Il est ainsi vraisemblable que l'on perd 
peu au manque d’occasion d’en déterminer l’espèce. 


Genre SPONGILLE (Spongilla) (A. s. V ., p. 98). 

Lamarck a prêté aux Éponges des eaux douces une nature toute différente de celle des 
Éponges marines et les en a placées très loin dans sa classification. Il a cru en distinguer 
trois espèces, et, tout en rappelant «qu’on les connaît depuis longtemps sous les noms de 
Spongia fluviatilis, Spongia lacustris, etc. », les a dénommées Spongilla pulvinata, S. fria- 
bilis et S. ramosa. 

Le genre Spongilla de Lamarck s’est trouvé maintenu, dans une acception restreinte, 
mais, de ses espèces, impossibles à reconnaître faute d’indications sur leurs spiculés, aucune 
n’a été conservée. La collection ne contient plus d’échantillons que des deux premières. 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


q 


Spongilla pulvinata Lamarck. 

i. Spongüle pulvinée. Spongilla pulvinata (A. s. V p. 99). 

Ephydatia Mülleri (Lieberkühn). 

Un assez beau spécimen massif, riche en gemmules. Deux étiquettes de la main de 
Lamarck ; l’une : Spongilla pulvinata ; l’autre : « du C. Vieuville de Saint-Quentin ». 

La détermination ne laisse aucun doute. Il s’agit de l’Éponge décrite par Lieberkühn, 
en 1856, sous le nom de Spongilla Mülleri. 

Déjà Potts a inscrit Spongilla pulvinata Lamarck parmi les synonymes d’ Ephydatia 
Mülleri ( 31 ). 

Lamarck s’est demandé s'il n’avait pas affaire à la Spongia fluviatilis de Pallas. Il est 
vraisemblable que Pallas avait confondu les diverses Spongillides de nos eaux sous ce nom. 


Spongilla friabilis Lamarck. 

2. Spongille friable. Spongilla friabilis (A. s. V p. 100). 

Spongilla lacustris Autt. 

Des fragments à parenchyme riche en microsclères. Étiquette originale de Lamarck 
en latin. 

Potts n’a pas noté Spongilla friabilis Lamarck sur sa liste des synonymes de S. la¬ 
custris . 


Genre ÉPONGE ( Spongia) (A. M., p. 305). 

Tout ce qu’a de vague la définition par Lamarck du genre Spongia s’explique par la 
grande quantité d’espèces qu’il a cru devoir y rattacher. Il en a décrit 138 en 1813 ( 17 ) et 2 
en appendice, en 1816 ( 19 , p. 383), et, si les variétés qu’il en a mentionnées ne sont souvent 
que des formes individuelles, il s'en trouve aussi qui représentent un supplément d’espèces 
distinctes. Expurgée de tout ce qui concerne la chair vivante et les polypes hypothétiques, 
elle convient assez généralement à l’ensemble de ces espèces, mais seulement du fait quelle 
tend de façon empirique à les opposer à de prétendus Alcyonium. 

Dans les commentaires de cette définition, Lamarck a manifesté sa préoccupation. 
« Les rapports sont si grands, a-t-il dit, entre les Alcyons et les Éponges qu’on est souvent 
embarrassé pour déterminer lequel de ces deux genres doit comprendre certaines espèces 
que les collections nous présentent. » 

A la vérité, bon nombre des espèces qu’il attribuait au genre Alcyonium étaient des 
Éponges; mais l’examen exclusif de spécimens desséchés pouvait difficilement le conduire 
à corriger l’erreur de ses prédécesseurs sur ce point. 

Archives du Muséum (6 e Série). V. — 2 


Source : MNHN, Paris 


10 


E. TOPSENT 


Il s'imagina établir les différences au moyen d’un critérium simpliste. « Ceux de ces 
corps dont la pulpe charnue, plus empreinte de parties terreuses, se trouve persistante après 
leur extraction de la mer, se dessèchent et prennent une consistance ferme, subéreuse ou 
coriace, ont reçu le nom à’Alcyons. Ceux au contraire dont la chair très gélatineuse et peu 
empreinte de parties terreuses s’affaisse, s’évanouit et même s’échappe en partie lorsqu’on 
les retire de la mer, et qui ont des fibres cornées fort grandes, bien entrelacées, croisées, réti¬ 
culées et adhérentes entre elles, ont été nommées Eponges. » 

Mais, comme il s’en était fallu de beancoup que toutes ses Spongia lui eussent présenté 
des fibres aussi apparentes, force lui fut d’estomper ainsi les contrastes : « Il n’y adonc.de 
part et d’autre, que du plus ou du moins dans l’intensité du caractère essentiel de ces corps, 
et ce plus ou ce moins se remarque même entre les espèces de chacun des deux genres dont 
il s’agit. » 

Le matériel dont Lamarck a composé ses Spongia comprend naturellement des Eponges 
particulièrement faciles à conserver à l’état sec, c’est-à-dire surtout des Dictyocératines et 
des Chalinines, ainsi que des Pœcilosclérides et des Axinellides à spongine développée. Il 
s’y trouve cependant aussi des Calcaires et des Algues. 

Il les a réparties en sept groupes, uniquement d’après leur forme générale, et de la 
façon suivante : 

i- 12. Masses sessiles, simples ou lobées, soit recouvrantes, soit enveloppantes. 

13- 32. Masses subpédiculées ou rétrécies à leur base, simples ou lobées. 

33- 44. Masses pédiculées, aplaties, flabelliformes, simples ou lobées. 

45- 62. Masses concaves, évasées, cratériformes ou infundibuliformes. 

63- 77- Masses tubuleuses ou fistuleuses. 

78- 97. Masses foliacées ou divisées en lobes aplatis, foliiformes. 

98-138. Masses rameuses, phytoïdes ou dendroïdes (ramifications distinctes). 

Cette division, qui n’a plus rien de scientifique, a tout juste servi, dans ce travail de 
révision, à corriger promptement certaines erreurs d’étiquettes. 


Spongia communis Lamarck. 

x. Éponge commune. Spongia communis (A . M p. 370 et A. s. V., p. 353). 


Hippospongia communis (Lamarck). 

Syn. : Hippospongia equina (O. Schmidt, 1862). 

La collection n’en contient plus de spécimen, mais point n’est besoin d’en avoir sous les 
yeux pour discerner d’après une description aussi claire et relativement aussi documentée 
l’Éponge dont elle traite. 

Il s’agit de l’une des Eponges du commerce de l’époque. Or, avant Lamarck, elles 
étaient, comme il l’a rappelé, toutes confondues sous le nom de Spongia officinalis Linné. 
Les figures qui en avaient été publiées par Ellis (8, fig. D, E) et par Esper ( 10 , PI. XV-XVII) 
représentaient des spécimens de ce qu’on appelle, depuis F.-E. Schulze, Euspongia offici- 


Source : MNHN, Paris 


EPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


n 


nalis. Le mérite revient à Lamarck d’avoir apporté la lumière dans ce chaos, mais ce mérite 
a été jusqu’ici méconnu. 

Lamarck a nettement distingué des Euspongia officinalis ce qu’il a appelé Spongia 
communis, l'espèce grossière, abondante dans le commerce, dont on se sert communément 
dans les cuisines, etc., pour éponger l’eau répandue. Il en a précisé les caractères extérieurs, 
sa grande taille possible, sa forme massive, ses oscules larges, ses crevasses et ses lacunes, et 
il en a énuméré les variations de couleur, que tout le monde connaît et qui dépendent de 
la proportion de grains ferrugineux déposés sur ses fibres. Personne ne peut s’y tromper : il 
a eu en vue l’espèce dout F.-E. Schulze a fait, en 1879 ( 36 ), à cause de ses larges lacunes 
vestibulaires, le type du genre Hippospongia et que O. Schmidt, en 1862 ( 35 , p. 23), a 
nommée Spongia equina. 

Le nom de Hippospongia equina (O. S.) Schulze, admis sans contrôle de priorité, est 
devenu courant dans la littérature. Il y doit être remplacé par celui de Hippospongia com¬ 
munis (Lamarck). Les auteurs précités ont eu le tort d’omettre dans leur bibliographie les 
ouvrages français et, en particulier, ceux de Lamarck. 

Lamouroux, eni8i6 ( 21 , p. 20), répétant la diagnose de Spongia communis, a réparé en 
partie une erreur de Lamarck. Celui-ci a assigné comme habitat à sa S. communis la mer 
Rouge et l’océan Indien. Il semble avoir puisé cette notion dans Pallas ( 28 , p. 387) à propos 
des diverses Spongia officinalis. Cependant Pallas avait pris soin de citer en premier lieu 
la Méditerranée, et Linné ( 27 ) l’avait donnée comme provenance unique de S. officinalis. 
Aussi Lamouroux se crut-il autorisé à ajouter à l’indication sur l’habitat de S. communis : 

« et peut-être la Méditerranée ». 

L’ignorance de Lamarck au sujet de l’origine de S. communis et des autres Éponges 
répandues de son temps dans le commerce s’explique d’autant moins que Guettard, leur 
en assignant une en commun (qui ne convient, en réalité, qu’aux S. communis ), avait noté, 
en 1786 ( 13 , vol. IV, p. 143), « qu’elles se pêchent dans 1 ? Méditerranée, du côtédcl’Afrique, 
et nous parviennent par la voie de Marseille ». Cet auteur est, à ma connaissance, le premier 
qui ait figuré, assez reconnaissable, une Hippospongia communis ( loccit., PI. I). En outre, 
en 1789 ( 30 , p. 60), Poiret avait dit l’Éponge de cette sorte très commune dans les mers 
de Barbarie. 

De Blainville, en 1834, a inscrit, en tête de son énumération des espèces du genre Spon¬ 
gia, S. communis Lamarck. Il en a fait dessiner une figure ( 1 , PI. XCIII, fig. 3) où l’artiste 
a tenté, avec moins de succès que Guettard, d’en mettre les lacunes en évidence. Et il n’en 
a donné comme provenance que la Méditerranée. 

Tout cela aurait dû retenir O. Schmidt de créer son espèce Spongia equina, qui tombe 
irrémédiablement en synonymie. Il faut biffer cette assertion, contraire à la vérité, de Len- 
denfeld ( 25 , p. 280) :« The first described sponge of this genus ( Hippospongia ) was describ- 
ed by Schmidt, as Spongia equina, in 1862. » De même que les marchands séparent des 
diverses « fines » les Venise on Gerbys sans l’aide dn microscope, Lamarck avait parfaite¬ 
ment su différencier le premier Hippospongia communis des autres Eponges méditerra¬ 
néennes du commerce et exprimer sa pensée de façon à l’imposer. 


12 


E. TOPSENT 


Spongia lacinulosa Lamarck. 

2. Éponge pluchée. Spongia lacinulosa ( A. M., p. 370 et A . s. V ., p. 353). 

Euspongia ojficinalis (Linné pars) , var. lacinulosa Lamarck. 

Syn. : Euspongia officinalis, var. adriatica O. Schmidt, 1862. 

En l'absence de spécimen la représentant dans la collection, cette Éponge est quand 
même parfaitement reconnaissable. Les pores assez étroits qui se distribuent sur toute sa 
surface en font une Euspongia. Fine et douce, à conules souples, c’est une Euspongia offi¬ 
cinalis. Ses oscules de grandeur médiocre et dispersés à sa partie supérieure, sa forme géné¬ 
rale, quelquefois lobée en dessus, caractérisent la variété commerciale que Schmidt a plus 
tard nommée Spongia adriatica ( 35 , p. 20), comme si personne ne s’en était occupé avant 
lui et ne l’avait extraite du stock ancien des Spongia officinalis. 

L’abandon du vieux nom générique Spongia, la création du genre Euspongia et le 
maintien de l’espèce officinalis ont conduit F.-E. Schulze, en 1879 ( 36 ), à distinguer dans 
Euspongia officinalis six variétés : adriatica (d’après Spongia adriatica O. S.), mollissima, 
lamella, irregularis, exigua et tubulosa, les trois premières répandues dans le commerce. 
C’était un progrès considérable. Mais Schulze ne s’est pas douté que Lamarck en avait 
réalisé une partie soixante ans plus tôt et qu’il appelait Euspongia officinalis adriatica la 
Spongia lacinulosa de cet auteur et E. 0. mollissima sa Spongia usitatissima. 

Lamarck a eu une conception très claire du sujet. Il l’a exprimée en s’appuyant sur les 
figures publiées par Esper ( 10 , PI. XV-XVII), lequel renvoyait lui-même aux dessins de 
bonne exécution d’Ellis d’un lobe « of the common officinal sponge » (8, PI. X, fig. D,E). 

On peut douter que toutes les Spongia officinalis de l’ouvrage d’Esper soient stricte¬ 
ment des Euspongia officinalis lacinulosa, mais il est incontestable que, parmi les Euspon¬ 
gia officinalis méditerranéennes du commerce, Lamarck ait, le premier, su distinguer la 
variété lacinulosa (devenue adriatica par mégarde) de la variété usitatissima, avec laquelle 
la variété mollissima se confond visiblement. Elle est, disait-il, employée comme Eponge fine, 
concurremment avec Y éponge usuelle. 

On s’explique de la même façon pour elle que pour Spongia communis l’erreur commise 
au sujet de sa provenance. 


Spongia sinuosa Lamarck. 

(PI. I, %. 4 ) 

3. Éponge sinueuse. Spongia sinuosa (A. M., p. 371 et A. s. V ., p. 353). 

Coscinoderma sinuosum (Lamarck). 

Un grand spécimen, avec étiquette de Lamarck. Il a l’apparence d’une Hippospongia 
à lacunes énormes (surtout du côté non photographié) et ne ressemble nullement au spéci¬ 
men de Spongia sinuosa Pallas, de la collection Hermann, que possède le Musée de Stras- 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


13 

bourg ( 40 , p. 318). Il a subi des frottements qui l’ont usé sur une partie de sa hauteur.Valen¬ 
ciennes et Bernard en ont tour à tour coupé des morceaux, qui m’ont été remis. Vers le bas 
seulement, il a conservé partiellement un encroûtement blanc arénacé dans une membrane 
transparente. A sa partie supérieure, sa surface se découpe en lobules de forme variée, 
coniques, plats, prismatiques, etc., séparés par des sillons profonds, et rappelle assez celle 
d’une Wool du commerce. Cependant, on reconnaît vite qu’il ne s’agit pas d’une Hippospon- 
gia à ce que son réseau fibreux se voit à l’œil nu étiré en long. 

De fait, l’espèce appartient au genre Coscinoderma et n’a pas encore été décrite. Par la 
nature de ses fibres conjonctives, elle prend place à côté de C. Mathewsi Lendenfeld et de 
C. pes leonis (Lamarck), dont elle se distingue, d'ailleurs, facilement. 

A l’état sec, la spécimen est assez ferme, peu compressible. Il se montre en grande partie 
roussâtre, partout où ses fibres se sont chargées de granules ferrugineux. 

Il ne se dessine pas de conules superficiels. Les fibres principales ont seules des enclaves, 
fragments de spiculés siliceux mêlés de grains de sable d’assez petit calibre, qui les em¬ 
plissent, mais, en général, les gonflent peu. Montant à distance de 430 à 500 y. les unes des 
autres, un peu onduleuses, elles peuvent rester sur de bonnes longueurs de diamètre uni¬ 
forme, entre 40 et 45 y environ. Mais, par places, elles se dilatent jusqu’à go y. et composent 
une sorte de treillis avec des fibres conjonctives cheminant presque à leur contact. 

Les fibres conjonctives sont de deux sortes bien tranchées. Les primaires, dont l’en¬ 
semble constitue la majeure partie du squelette, prennent pour la plupart une même direc¬ 
tion, parallèle aux fibres principales, entre lesquelles elles s’alignent. C’est par elles que, sur 
la coupe, le réseau squelettique apparaît étiré suivant la hauteur des lobes dont l’Eponge se 
compose. Elles sont fort longues et se ramifient peu. Leur grosseur, à peine moindre que celle 
des fibres principales, est de 35 à 45 y.. Leur écartement, faible en général, varie, cependant, 
même sur leur longueur, entre 45 et 210 y.. Il règle la longueur, suivant les points, des fibres 
conjonctives secondaires qui, épaisses de 15 à 30 y., ont pour rôle unique de les relier entre 
elles et s’y attachent, à de courts intervalles, sur le mode scalariforme, avec un talon élargi 
à chaque bout. 

En somme, Coscinoderma sinuosum a les fibres principales beaucoup plus faibles que 
celles deC. pes leonis et les fibres conjonctives beaucoup plus fortes que cellesdeC. Mathewsi. 

On peut se demander si ce n’est pas pour l’avoir assimilée à Spongia sinuosa Pallas 
que Lamarck a dit son Éponge provenir de l’océan Indien. Il n’existe pas, en tout cas, de 
rapport entre elle et les variétés de Hippospongia sinuosa (Pallas) Ridley de cet océan ( 32 , 
p. 591), dont Lendenfeld a fait des Hyattella ( 25 , p. 110 et 119). 

Spongia cavernosa Lamarck. 

4. Éponge caverneuse. Spongia cavernosa (A. M., p. 371 et A. s. V p. 353). 

Ciocalypta penicillus (Bowerbank). 

Le spécimen unique de la collection, avec étiquette autographe. Ses processus aqui¬ 
fères, « lobes droits, pointus, resserrés et comme fasciculés », au nombre d’une cinquantaine. 


Source : MNHN , Paris 


E. TOPSENT 


H 

montrant un axe vertical épais d’où des piliers spiculeux assez grêles gagnent la peau en 
rayonnant à travers un espace sous-dermique vaste, le font reconnaître à première vue 
comme un représentant du genre Ciocalypta. 

Mesurant environ 8 centimètres de longueur, 5 à 6 de largeur et 5 de hauteur, il est 
assez volumineux. Une sorte de lacune excentrique qui le perfore de part en part, le décom¬ 
pose en deux masses inégales et de hauteurs un peu différentes. Il a, en outre, deux échan¬ 
crures marginales de 15 et 30 millimètres de diamètre, dont les bords tendent à se rappro¬ 
cher comme pour circonscrire plus tard d’autres lacunes. C'est, en somme, un individu 
mal fait. 

Ses mégasclères sont des oxes, rarement des styles à bout rond aminci. Malgré cela, je 
n’hésite pas à le rapporter à Ciocalypta penicillus Bowerbank, dont j’ai appris à connaître 
les variations ( 42 ). Les dimensions de ses spiculés ne diffèrent pas de celles de spécimens 
de la Manche, ce qui n’est cependant pas une raison de douter de sa provenance améri¬ 
caine. 

Lamarck paraît s’ètre trompé en l'assimilant à Spongia cavernosa Pallas. Celle-ci est 
dite tenacissima, à papilles, à éléments molliora, albidiora, tenerrima. C’est donc vraisembla¬ 
blement une Cératellide, et de la sorte s’explique la comparaison que Pallas en a faite avec 
Spongia officinalis ( 28 , p. 394). 


Spongia cariosa Lamarck. 

5. Éponge cariée. Spongia, cariosa (A . M.. p. 371 et A . s. V., p. 354). 


Hyattella intestinale (Lamarck), Lendenfeld. 

Le type, avec étiquette de l’auteur. 

C’est un spécimen en mauvais état de l’Eponge que Lamarck a appelée aussi Spongia 
intestinalis ( 17 , p. 439). Le fait que c’est sous ce dernier nom que Ridley et Lendenfeld ont 
révélé les caractéristiques de l’espèce annule, à mon sens, la priorité du nom spécifique 
cariosa. 

Je n’affirmerais pas que le dessin de Séba ( 38 , PI. XCVI, fig. 5), auquel Lamarck a 
renvoyé, se rapporte à un individu de la même espèce. 


Spongia licheniformis Lamarck, var. 'p. 

(PI. IV, fig. 7,. 

6. Éponge lichéniforme. Spongia licheniformis (A. M., p. 371 et A. s. V p. 354). 


Aplysina cellulosa Hyatt. 

Lamarck a dit sa Spongia licheniformis offrir beaucoup de variétés, et il en a sommaire¬ 
ment défini trois.De spécimens portant ce nom. il y a dans la collection une plaque irrégu- 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


15 


Hère, longue de 10 centimètres, large de 7, épaisse de 2, qui paraît se rapporter à sa variété 
laxior, subpurpurea. 

C’est un fragment entièrement macéré, dur et ferme, d’une Aplysina à charpente en 
nid d’Abeilles, et, si je ne me trompe, plus précisément à'A. cellulosa Hyatt (15, p. 406). 
Il n’a pas de face en bon état. Ses larges canaux prismatiques, de 3 à 5 millimètres de dia¬ 
mètre, ont des cloisons mitoyennes réticulées, à mailles surtout pentagonales ou hexagonales 
larges de o mm ,5 à 2 millimètres environ. Ses fibres, solides, raides, brunes, sont épaisses de 
200 à 340 y.. Elles ont une écorce jaune, brillante, et une moelle foncée granuleuse, qui atteint 
la moitié à cinq sixièmes de la largeur totale. 

Il n’est pas permis de songer, d’après ce spécimen, à la Spongia lichenoides Pallas, 
dont Lamouroux a rapproché S. licheniformis (21, p. 22), mais qui est décrite « amorpha 
Aylconii gelatinosi aspectu similis, et fibris mollibus ramescentibus rariusculis subconnexis » 
(28, p. 378). Mais il est naturel de se rapporter à la Spongia figurée par Ellis et Solander 
(9, p. 205, PI. LIV, fig. 1 et 2). Esper a tant cru y voir un dessin de sa Spongia cellulosa qu’il 
l’a reproduit ( 11 , p. 206, PI. LX) ; et, se fondant sur cette opinion, Hyatt a retenu pour son 
Aplysina le nom spécifique cellulosa. Si, à en croire Ehlers (7, p. 22), puis Lendenfeld (25, 
p. 41g), Aplysina cellulosa Hyatt diffère totalement de Spongia cellulosa Esper (Euspon- 
gine ou Stélospongine), sa ressemblance avec la Spongia d'Ellis et Solander n’est quand 
même guère douteuse. 

Spongia licheniformis Lamarck, var. y. 

6. Éponge lichéniforme. Spongia licheniformis (A. il#., p. 371 et A. s. V.,p. 354). 


Hircinia variabilis O. Schmidt. 

Un spécimen, accompagné d’une étiquette calligraphiée de Lucas, portant : «Ép. liché- 
niformc, Sp. licheniformis (y) », et d’une autre, de Valenciennes, indiquant ce spécimen 
comme nommé par Lamarck Spongia licheniformis var. y. 

C’est une Hircinia variabilis de faibles dimensions et en état de macération avancée, 
mais avec lacis de filaments encore bien conservé par places. 

Spongia barba Lamarck 
(PI. IV, fig. 6.1 

7. Éponge barbe. Spongia barba (A. il#., p. 372 et A. s. V ., p. 354). 

Echinochalina glabra Ridley et Dendy. 

Deux spécimens : l’un, haut de 8 centimètres et large de 4, fixé sur une valve de Spon- 
dyle, avec étiquette de Lamarck et la mention type ; l’autre, plus grand, sans support, 
haut de 9 centimètres et large de 8 (PI. IV, fig. 6). 

Ce sont des Echinochalina. mais tellement lavées qu’il n’en reste pas beaucoup plus 


Source : MNHN , Paris 


i6 


E. TOPSENT 


que le squelette fibreux, blanchâtre. Une bonne partie des fibres, les grosses, en général, 
ne contiennent pas de spiculés. 

Pas de microsclères.Mégasclères de deux sortes : i. Strongyles minces, purs ou quelque¬ 
fois avec l’un des bouts légèrement renflé, droits, courbés ou flexueux, longs surtout de 180 à 
210 y., épais de 3 y. et plus, rarement de 4 y.. Ils forment l’axe plurispiculç de certaines fibres 
et se répandent en assez grand nombre dans ce qui reste de chair autour du squelette. 2. Sub- 
tylostyles lisses, droits, fusiformes, à base arrondie, suivie d’une constriction bien marquée, 
à pointe conique, longs de 115 à 135 y-, épais de 7 à 8. Ils sont plantés par leur base contre 
les fibres, mais semblent y avoir été assez clairsemés. 

Leur état de macération ôte à ces spécimens ce que leur extérieur et même partielle¬ 
ment leur structure pourraient offrir de caractéristique. Je rapporte avec quelque hésita¬ 
tion Spongia barba à Echinochalina glabra ( 33 ), à cause de la grande ressemblance de leurs 
spiculés, mais il faut convenir que ceux des autres espèces n’en diffèrent pas beaucoup, des 
passages du strongyle au subtylotornote et même au subtylostyle ayant été suivis chez des 
individus de plusieurs Pœcilosclérines. 

Les Echinochalina connues étant des Éponges du Pacifique, surtout des côtes d’Aus¬ 
tralie, le doute exprimé par Lamarck sur l’origine méditerranéenne de Spongia barba était 
des plus légitimes. 


Spongia fasciculata Lamarck. 

8. Éponge fasciculée. Spongia fasciculata (A. M., p. 372 et A. s. V., p. 354). 

Hircinia ( Sarcotragus) fasciculata (Lamarck) (pru parte). 

Sous le nom de Spongia fasciculata , les auteurs anciens semblent avoir eu en vue des 
Hircinia diverses. Le dessin de Plancus de Spongia Hircina globosa ( 29 , p. 117, PI. XV, E), 
auquel Lamarck a renvoyé, rappelle ces Hircinia variabilis macérées et roulées que la mer 
rejette sur nos côtes méditerranéennes. En comparant à une Éponge de Lésina dans le 
même état la Spongia fasciculata décrite et figurée par Esper ( 10 , p. 253, PI. XXXII), 
O. Schmidt n’a pas hésité à reconnaître en celle-ci une Hircinia, à laquelle il a maintenu son 
nom spécifique, sans toutefois pouvoir en donner de diagnose ( 35 , p. 34). D’autre part, 
ayant tracé les caractères d’une Hircinia ( Polyfibrospongia) fasciculata de l’océan Indien, 
Lendenfeld ( 25 , p. 587) a déclaré sa conviction mais non établi qu'elle est identique à la 
Spongia fasciculata d’Esper. 

La description de Lamarck reproduit en partie celle de Pallas ( 28 , p. 381), sans préci¬ 
sions utiles, ainsi que sa note de provenance. Des trois spécimens trouvés dans la collection, 
l’un était le représentant de la variété [i de Spongia penicillosa, au socle duquel avait été 
collée par erreur une étiquette de S. fasciculata écrite par Lamarck. 

Un autre, dont il est légitime de faire cas, est une section sagittale, peu épaisse et haute 
de 5 centimètres, d’une Eponge blonde, conservée en bocal, sur un carton au dos duquel 
est aussi une étiquette de Lamarck. Sans fournir les éléments d’une diagnose complète, ce 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


17 


second spécimen, auquel la figure 2 de la planche d’Esper convient un peu, se reconnaît 
facilement comme une Hircinia, mais du sous-genre Sarcotragus. En effet, par rapport à 
celle des Polyfibrospongia, la structure de sa charpente présente cette complication que, 
dans ses travées réticulées radiales, montent parallèles et continues les lignes d’enclaves 
caractéristiques des Sarcotragus, mélange de grains de sable et de débris de spiculés. Le sys¬ 
tème conjonctif, lui-même réticulé, qui s’établit entre ces travées et prend de longues inser¬ 
tions sur leur garniture externe, se développe de place en place par des anastomoses mul¬ 
tiples en de larges liens abondamment perforés, dont les éléments constituants varient entre 
12 et 72 y. d’épaisseur. Enfin, les filaments, enchevêtrés, sont gros et mesurent 5 à 6 y. avec 
terminaisons globuleuses de 10 y. de diamètre. 

Il est impossible d’identifier cette Eponge aux Sarcotragus suffisamment connus de la 
Méditerranée. Malgré un degré trompeur de ressemblance extérieure, elle ne se confond pas 
non plus avec la Spongia fasciculata de Hermann déterminée par Esper. Celle-ci, dont j’ai 
détaillé les caractères microscopiques ( 40 , p. 320), a toutes ses fibres exemptes d’inclusions 
et possède des filaments enchevêtrés de 2 à 3 y. seulement. Ses longues travées réticulées 
se montrent composées de plusieurs fibres principales bien distinctes et fortes, reliées par un 
réseau anastomotique peu serré de fibres assez minces, et s’écartent anisi autant de celles de 
type Polyfibrospongia que de celles de type Sarcotragus. Enfin, le système conjonctif entre 
les travées en est lâche et fait de grosses fibres peu ramifiées. Il est évident que, de son côté, 
cette Hircinia du Musée de Strasbourg est encore autre chose que Hircinia fasciculata 
Lendenfeld. Elle montre que le dernier mot n’est pas dit sur les coupures Sarcotragus et 
Polyfibrospongia et, en général, sur la subdivision du genre Hircinia. 

Quant au troisième spécimen de la collection, aucune étiquette de Lamarck ou de 
Lucas ne l’accompagne. Son socle en porte trois, d’écritures diverses, surchargées, certaine¬ 
ment fausses en partie (détermination Spongelia, renvoi à Spongia linteiformis) ou sujettes 
à caution (provenance des Antilles). C'est une Éponge grosse comme le poing, entièrement 
macérée, fragile, noirâtre à cause de la teinte foncée de ses fibres stratifiées et de la poussière 
qui les enduit, sans vestiges de filaments, et que la constitution de sa charpente me porte à 
prendre pour une Cacospongia. Je ne pense pas qu’elle doive entrer en ligne de compte. 


Spongia lacera Lamarck (1). 

9. Éponge déchirée. Spongia lacera (A. M., p. 372 et A. s. V ., p. 355). 

Chalinopora lacera (Lamarck). 

Le type, qu’accompagne une étiquette de Lamarck, est une Eponge massive, très lacu- 
neuse, haute de 105 millimètres, large de 115, épaisse de 60 millimètres au plus. L’une de 
ses faces, un peu convexe, laciniée, conformément à la description originale, a ses rameaux 
relevés dans une même direction ; l’autre, plane, est même creusée en son milieu d’une dé¬ 
pression vaste et profonde, des bords de laquelle des lobes ramifiés commencent à rayonner 

(1) Une figure de cette Éponge sera donnée ultérieurement. 

Archives du Muséum (6 e Série). V. — 3 


Source : MNHN , Paris 


E. TOPSENT 


18 

tout autour, dans un même plan. De très petits Cirrhipèdes vivaient enfouis dans plusieurs 
de ses rameaux. 

Lamarck avait collé sur un carton un fragment de ce spécimen, en l’étiquetant : 
« un brin détaché du Spongia lacera ». 

Spongia lacera est certainement une Chalinine, mais assez difficile à classer. Il semble 
bien qu’elle doive prendre place parmi les Cacochalininæ de Lendenfeld ( 23 , p. 739), et c’est 
au genre Chalinopora Lendenfeld que certaines formes, comme C. retepora Lendenfeld, 
invitent à la rattacher de préférence, sous cette réserve que le système des Chalininæ 
est très artificiel. 

L’Éponge n’est pas très fragile, en raison du beau développement qu’y prend la spon- 
gine, en fibres continues. Celles-ci, en réseau à mailles peu régulières, ont pour la plupart 
de 16 à 28 y. de diamètre, dans le baume, et ne contiennent, suivant leur axe, qu’une file de 
spiculés, disposés bout à bout. Les unes, allongées dans le grand sens des rameaux, cheminent 
parallèlement entre elles à des intervalles inégaux, croisées sous des angles divers, quoique 
le plus souvent à angle droit, par d’autres plus difficiles à suivre sur leur longueur. De place 
en place montent, en outre, solitaires, des fibres plus fortes, de 55 y. de diamètre environ, 
et remplies de spiculés serrés sur plusieurs rangs. 

Les spiculés sont des oxes, un peu courbés, peu fusiformes, à bouts acérés, généralement 
longs de 115 à 120 y, épais de 5 y.. 

Lamarck n’a pas pu indiquer la provenance de cette Éponge. 


Spongia filamentosa Lamarck. 

(PI. IV, fig. 3.) 

10. Éponge filamenteuse. Spongia filamentosa (A. AI., p. 372 et A . s. F., p. 355). 


Hircinia (Polyfibrospongia) filamentosa (Lamarck). 

Un spécimen désigné comme individu de Lamarck par une étiquette de Valenciennes. 
Massif, sessile, il est haut de 10 à 11 centimètres, large de 13 à 14, mais visiblement incom¬ 
plet. Sa forme générale, sa coloration, saumon, presque orangée, et l’état abondamment et 
profondément lacinié de toute sa partie supérieure concordent avec la description originale. 
Même ainsi desséchée, la masse est compressible, souple et très facile à déchirer. 

C’est une Hircinia , du sous-genre Polyfibrospongia, qui compte encore peu de repré¬ 
sentants. 

Jaunes, claires, sans enclaves du tout, épaisses de 20 à 40 y-, en général, quelquefois 
de 50 à 60 y. au plus, les fibres ne demeurent pas indépendantes. Elles s’unissent, comme 
celles de H. (P.) gigantea Lendenfeld, par de courts rameaux obliques en des travées réti¬ 
culées plus ou moins longues et d’importance variant sur.leur propre longueur. De direction 
capricieuse, ces travées s’anastomosent entre elles et composent en leurs points d’union de 
vastes lamelles criblées, flexibles, souvent larges de 1 millimètre à i mm ,5, planes ou diverse¬ 
ment contournées qui constituent la majeure partie de la charpente. Il ne saurait ainsi être 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE I .AM A RC K CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


T 9 


question de lignes primaires et de lignes secondaires, mais seulement de travées réticulées 
plus ou moins distinctes et de lamelles criblées pour la plupart étalées suivant le grand axe 
du corps. Les fibres élémentaires des travées se tiennent un peu moins serrées que celles de 
H. (P.) gigantea et dessinent dans leur réticulum des mailles allongées, souvent larges de 
40 et 60 y.. 

Épais couramment de 5 et 6 y., avec des renflements terminaux ellipsoïdaux, larges de 
9 à 10 y, les filaments sont relativement gros. Comme chez H. (P.) gigantea, au lieu de s’en¬ 
chevêtrer en un feutrage inextricable, ils s’orientent surtout côte à côte en de larges lamelles 
dont la teinte est pour beaucoup dans la coloration de l’Éponge. 

On connaît la provenance exacte de Hircinia ( Polyfibrospongia) filamentosa (I.amarck), 
l’île King, au nord-ouest de la Tasmanie, où Péron et Lesueur l’ont recueillie. 


Spongia favosa Lamarck. 

(PI- I. «g- 5 -) 

11. Éponge alvéolée. Spongia favosa (A. M., p. 373 et A. s. V p. 355). 

Echinochalina favosa (Lamarckh 

Deux spécimens massifs, inégaux, accompagnés d’étiquettes de Lamarck. Le plus 
grand (PL I, fig. 5), oblong, convexe, est long de n cm ,5 et épais de 30 à 35 millimètres. 

Nullement variété de Spongia cellulosa, S. favosa est une espèce du genre Echinocha¬ 
lina. Sa charpente, fibro-spiculeuse. se dispose en lamelles anastomosées, pour circonscrire 
des alvéoles de 3 à 4 millimètres de diamètre, à bords libres irréguliers. Les lamelles sont 
minces, car elles se composent le plus souvent de deux plans seulement, trois au plus, de 
fibres ascendantes unies par des fibres transversales, simples ou peu divisées. Les fibres 
ascendantes, un peu onduleuses, épaisses de 60 à 80 y, contiennent, suivant leur axe, des 
spiculés diactinaux sur deux ou plusieurs rangs et se hérissent de spiculés monactinaux 
assez espacés. Les fibres d’union, d’épaisseur variable entre 20 et 50 y, se montrent, d’ordi¬ 
naire, sans spiculés internes, mais peuvent porter aussi des spiculés hérissants à leur 
surface. 

Les spiculés inclus dans les fibres principales sont des subtylostrongyles, souvent 
flexueux, longs d’environ 190 y, épais seulement de 2 y. 5. Les spiculés hérissants sont des 
subtylostyles à base ovale, suivie d’un étranglement bien marqué, à tige fusiforme et à 
pointe très effilée et longue, se dessinant tout à coup sur la tige. De dimensions faibles, ils 
ne mesurent que 72 à 90 de longueur sur 4 à 6 y. d’épaisseur. Pas de microsclères. 

Assez semblable à Echinochalina glahra Ridlev et Dendy par sa spiculation, E. favosa 
s’en distingue par la minceui de ses lamelles et l’irrégularité de leurs bords. Son aspect et les 
dimensions de ses alvéoles rappellent beaucoup ce que Hallmann a considéré comme une 
variété de E. reticulata Whitelegge ( 14 , p. 290, PI. XXXI, fig. 1). Toutes ces Éponges vivent 
dans la même région sud-orientale de l’Australie. 


20 


E. TOPSENT 


Spongia cellulosa Lamarck. 

(PI. I. fig- 3 -) 

12. Éponge celluleuse. Spongia cellulosa [A. M., p. 373 et A. s. V p. 355). 

Echinoclathria favus Carter. 

Un spécimen, avec étiquette de Lamarck portant : « Spongia cellulosa, isle King ». Il 
est facile de l’identifier avec Echinoclathria favus Carter, surtout à l’aide de la description 
que Ridley et Dendy (33, p. 160, PI. XXXI, fig. 4, 5, 5 a), puis Hallmann (14, p. 276) ont 
faite de cette espèce d’après des spécimens provenant de la même région. 

C’est à tort que les auteurs de la deuxième édition de l 'Histoire naturelle des Animaux 
sans vertèbres ont déclaré (20, p. 545) l’Eponge dépourvue de spiculés. Ceux-ci font défaut 
seulement sur les fibres transversales. Les fibres ascendantes contiennent toutes des subty- 
lostyles sur une simple file ou sur deux ou trois rangs. Ils sont lisses, fusiformes, à base un 
peu renflée, suivie d’une constriction et à pointe acérée ; de faible taille, ils ne mesurent que 
67 à 75 y. sur 4. De même, les strongyles libres, à bouts assez indistincts, sont fort grêles 
et atteignent à peine 1 a 5 d’épaisseur pour une longueur de 120 à 150 y.. Ceux-ci n’existent 
plus qu’en nombre fort restreint dans ce spécimen très macéré, et je n’ai pas pu y trouver 
d’isochèles. 

On sait que la Spongia cellulosa d’Esper, dans laquelle Lamarck a cru reconnaître 
son Éponge, est une Cératelline et que le dessin d’Ellis et Solander auquel il a renvoyé 
figure une Aplysina. Ne pouvant soupçonner ces méprises, Lamouroux les a rééditées 
en 1821 (22, p. 29, PI. LIV, fig. 1 et 2). 


Spongia septosa Lamarck. 

(Pl. III, fig. 4.) 

13. Éponge cloisonnée. Spongia septosa (A. M., p. 373 et A. s. V p. 355). 

Spongelia septosa (Lamarck). 

Le type, avec une seule étiquette, de la main de Lucas. 

C’est une sorte de coussin grisâtre, sans support, épais de 25 à 30 millimètres, long de 
85 millimètres et large de 65, composé de lames nombreuses, plissées et anastomosées de 
manière à dessiner par leur union un mélange de tubes coniques évasés par le haut et de 
crevasses méandriformes profondes. Les lames de la face inférieure affectent, à partir d’un 
centre ravagé et marqué de quelques taches de rouille, une tendance à s’étaler horizontale¬ 
ment. Toutes sont minces (o mm ,5 à o mm ,7 environ), treillissées, à bord libre arrondi quand il 
est entier, et dressent sur leurs deux faces de nombreuses aspérités, grêles et brèves, moins 
uniformes que des conules et ne pouvant passer pour telles. 

L’Éponge, assez fragile, est réduite au squelette, entièrement fibreux et consistant en 



Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


21 


fibres blanches, inégales et irrégulières, en grande partie pourvues d’enclaves arénacées, 
surtout calcaires. 

Quoiqu’elle offre une certaine ressemblance avec Phyllospongia Dendyi var. frondosa 
Lendenfeld ( 25 , p. 177, PL XIV, fig. 5), je renonce pour plusieurs raisons à la rapporter au 
genre Phyllospongia. Elle ne montre ni oscules ni squelette superficiel ; sa structure est 
grossière et ne comporte pas un système définissable de fibres conjonctives. Elle paraît 
plutôt avoir des affinités avec l’Éponge de la côte orientale d’Australie, que Lendenfeld a 
décrite comme Spongelia fragilis var. implexa ( 25 , p. 666), tout en reconnaissant assez dou¬ 
teuse la position qu’il lui assignait ainsi. 

Exagéré peut-être par la macération, l’aspect treillissé des lames marque à grands 
traits la disposition de la chai pente. Les barres du treillis montent parallèlement entre elles 
et s’envoient de loin en loin une anastomose oblique. Chacune est faite d’un faisceau de 
fibres noueuses, dont les plus grosses mesurent environ o mm ,2 d’épaisseur, les unes conte¬ 
nant, suivant leur axe, une traînée de grains de sable de grosseur médiocre, mêlés de quelques 
débris de spiculés, les autres en étant dépourvues, sans pour cela mériter toujours d’être 
qualifiées de fibres conjonctives. Les fibres superficielles de chaque faisceau paraissent épi¬ 
neuses, du fait qu’elles portent les fines aspérités conulif ormes, simples ou divisées, molles ou 
renforcées d’un fragment de spiculé ou de tout autre corps étranger, qui hérissent les deux 
faces des lames. 

L’absence totale de sigmates et, à ce qu’il semble, de mégasclères libres entiers exclut 
l’Éponge du genre Chondropsis. 

Aucune parenté n’existe entre Spongelia septosa (Lamarck) et Spongia septosa (Ridley), 
du détroit de Torrès ( 32 , p. 381). Lendenfeld a trop facilement admis ( 25 , p. 276) une identi¬ 
fication sur laquelle Ridley lui-même exprimait des réserves. 

D’après Lamarck, le type de Spongelia septosa provient des mers australes, où Péron et 
Lesueur l’ont recueilli. 


Spongia crassiloba Lamarck. 

(PI. II, fig. 4 et 5.) 

15. Éponge à gros lobes. Spongia. crassiloba (A. M., p. 374 et A. s. V p. 356). 

Chalina crassiloba (Lamarck). 

Le type, sur un socle. Au-dessous, sont collées une étiquette autographe de Lamarck, 
ne mentionnant que les noms latins et français de l’Éponge, et deux étiquettes de Valen¬ 
ciennes, dont l’une la donne comme rapportée de la Nouvelle-Hollande par Péron et Lesueur, 
en 1803. Une quatrième étiquette, sur le devant du socle, précise qu’elle viendrait de l’île 
King. Lamarck n’avait fourni aucune indication d’habitat. 

Il s’agit d’une belle et intéressante Chalinine dressée sur un bloc calcaire, autour des 
aspérités duquel se moule sa base, par cela même assez étendue. Haute en tout de 13 à 14 cen¬ 
timètres et large de 15 centimètres environ, sa masse se décomposait en sept lobes, dont cinq 
aplatis (le médian a été retranché par une section nette de sa base) et deux cylindtacés. 


22 


K. TOHSKXT 


ces derniers verticaux, obtus, invisibles sur la photographie. Les premiers, longs de 6 à 8 cen¬ 
timètres, larges de 5 centimètres à 5'™,5, épais de 6 à 10 millimètres, se montrent 
bifaciaux, leur face tournée vers la périphérie de la masse étant presque exclusive¬ 
ment inhalante, tandis que l’autre porte de nombreux oscules. La localisation des 
orifices est moins nette sur les lobes cylindriques, dont les oscules se disposent suivant plu¬ 
sieurs rangées longitudinales. Le tout est ferme, incompressible, brunâtre. La circulation 
de l’eau devait se faire avec beaucoup d’activité pendant la vie, car, outre les oscules, un 
peu surélevés, dont il vient d’être question, le bord des lobes aplatis en porte une multitude 
d’autres, signalés par Lamarck, ronds et béants à fleur de peau. Le diamètre des uns et des 
autres peut atteindre 2 mm ,5. Dans les vastes aires inhalantes, un réseau superficiel à 
mailles assez larges repose sur des bandes fibreuses radiales, souvent en relief, qui limitent 
entre elles des canaux aboutissant au bord des lobes et s’y voyant parfois à découvert. 
Les canaux plus profondément situés sont desservis par les oscules marginaux. L’intérieur 
de l’Éponge est copieusement irrigué. 

La charpente est nettement réticulée. Les fibres primaires, droites et continues, épaisses 
de 30 à 35 y. environ dans la glycérine, sont croisées à angle droit par des fibres secondaires 
de 15 à 25 y.. Par places, où il est plus condensé, le squelette a des fibres un peu plus robustes, 
les primaires de 50 y., les secondaires de 30 à 45 y. d’épaisseur. Le réseau a les mailles rectan¬ 
gulaires, généralement un peu plus larges que hautes : l’écartement des fibres primaires 
étant de 135 à 175 y., ou, par intervalles, de 210 à 245 y., la hauteur des mailles est de 70 à 
140 y.. 

Les spiculés sont des oxes très peu courbés, non fusiformes, à pointes obtuses, longs 
de 65 à 80 y., épais de 2 à 3 y. à peine. 

Outre sa forme et la distribution de ses orifices aquifères, l’Éponge se trouve caractéri¬ 
sée par les localisations de ses spiculés. A l’intérieur, elle n’en a pas ou n’en soutient que ses 
fibres primaires, lâchement, un par un, suivant leur axe. Elle se montre, au contraire, plus 
spiculeuse au voisinage de la périphérie. D’abord, l’alignée des oxes se fait plus continue 
dans les fibres primaires ; puis, l’axe de ces fibres devient progressivement plurispic.ulé, et 
les fibres secondaires, qui sont, en général, aspiculeuses, finissent par s’y charger d’oxes 
aussi. C’est ainsi que Valenciennes avait noté, sur l’une de ses étiquettes, que la membrane 
est farcie de spiculés siliceux. Tel est, en effet, l’aspect qu’offre, de face, le réseau tangentiel 
servant de crible aux aires inhalantes et posé sur des bandes fibreuses sans spiculés. Il se 
poursuit à la surface des parties denses de l’Éponge, où les mailles du réseau n’ont plus que 
125 à 140 y. de diamètre. 

Ces variations de la densité de la spiculation suivant les points du corps sont tout à 
fait remarquables. 

Par endroits, l’Éponge présente une zone d’accroissement en épaisseur. Sur ce qui a 
dû être, à un moment donné, la limite du corps, reconnaissable à la richesse en oxes de ses 
fibres des deux ordres, s’est alors développée une couche, épaisse de 1 millimètre environ, 
qui, presque sans spiculés dans la profondeur, prend à la périphérie les caractères habituels 
de la partie externe du corps. 

C’est sans doute peu préciser qu’inscrire la Spongia crassiloba dans le vaste genre Cha- 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LA MARC K CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 23 

lina ; mais aucune des subdivisions qu’on a tenté de pratiquer dans ce genre ne semble lui 
convenir pleinement, et l’on sait que la classification des Chalinines gagnerait à être 
re visée. 


Spongia tabula Lamarck. 

(PI. III, fig. 6 et fig. II du texte.) 
16. Éponge planche. Spongia tabula (A. M., p. 374 et A . s. V ., p. 356). 


Ectyoplasia tabula (Lamarck). 

Le type, avec étiquette de Lucas. La description de Lamarck le rend très reconnais¬ 
sable, mais il a été détérioré : il n’atteint plus guère que n centimètres de longueur, et, 
comme il s’est trouvé fendu en long, le meilleur des deux morceaux, ici figuré, ne mesure 
plus guère que 35 millimètres de largeur. C’est une lame très légèrement convexe-concave, 
épaisse de 3 à 4 millimètres vers le bas, assez amincie vers son bord naturel et remarquable 
en ce qu’elle porte des rangées transversales d’oscules. Il est à noter que ces rangées 
alternent d’une face à l’autre et aussi que les oscules qui les composent, un peu surélevés, 
ont surtout leur marge inférieure très prononcée, ce qui dirige vers le haut leur ouverture. 
Le reste de la surface est finement ponctué, à hispidation basse. 

Spongia tabula a la structure et la spiculation des Raspailiidæ. 

La charpente fondamentale consiste en colonnes verticales, continues, montant sur un 
seul plan, à mi-distance des deux faces, assez rapprochées les unes des autres et invisibles 
par transparence. Elles se sont trouvées mises à découvert au bas, ainsi que sur les tranches 
occasionnelles de la lame. Elles se composent d’un feutrage étiré en long de gros styles unis 
par d’assez forts liens de spongine un peu colorée. 11 s’en élève vers la surface des lignes pau- 
cispiculées, hautes et grêles, soutenues sur leur longueur par plusieurs lignes tangentielles 
semblables, qui les croisent. Enfin, colonnes axiales et lignes traversant la chair se hérissent 
d’acanthostyles, solitaires mais nombreux, qu’un peu de spongine tient debout sur elles. 

La spiculation comprend trois sortes de spiculés, sans microsclères : i° Styles lisses, 
robustes, un peu courbés, à base simple ou légèrement renflée, à pointe courte, mesurant 
de 490 y. sur 16à 770 y. sur 36.Ce sont les éléments essentiels du squelette. 2° Styloïdes droits 
ou un peu flexueux, isodiamétriques, à pointe brève, comme mucronée et à base le plus sou¬ 
vent atténuée, tendant, par conséquent, vers l’état diactinal. Ces mégasclères ectosomiques 
paraissent être peu nombreux. Peut-être en est-il tombé beaucoup de la surface de cette 
Éponge desséchée. Néanmoins, ils se rencontrent en¬ 
core par faisceaux, notamment au pourtour des os- ' 

cules. 3 0 Acanthostyles longs de 120 à 160 y., épais de Fig, 11. 

6 à 8 y. au-dessus de la base. Ils sont de forme assez 

particulière (fig. II), ayant base un peu renflée, elliptique, dégarnie d’épines, tige d’abord 
nue, puis à épines nombreuses, médiocres, récurvées, enfin pointe tronquée, modifiée en 
bouton couronné d’épines récurvées. Ils sont nombreux : un style de forte taille peut en 
porter cinq ou six. 


Source : MNHN, Paris 





24 


E. TOPSEXT 


Par sa forme, la disposition de sa cha-pente fondamentale et la différenciation excep¬ 
tionnelle de ses orifices exhalants, Spongia tabula devient, parmi les Raspailiidæ, le type 
d’un genre nouveau, ainsi nommé et défini : 

Genre Ectyoplasia. Raspailiides aplaties (flabelliformes ou cupuliformes?), ayant pour 
axe, en raison de leur étalement, de nombreuses colonnes centrales, parallèles. Des oscules 
existent et, dans le type, alternent d’une face à l’autre en rangées transversales. La spicu- 
lation du groupe est au complet et normale. 

L’habitat de Ectyoplasia tabula a été noté : mers de la Nouvelle-Hollande, le long des 
côtes de Leuwins (Péron et Lesueur). 


Spongia placenta Lamarck. 

(PI. III, fig. 8.) 

17. Éponge gâteau. Spongia placenta (A. M., p. 374 et A. s. V p. 356). 

Wilsonella placenta (Lamarck). 

Le type, avec étiquette calligraphiée de Lucas. Il est flabelliforme, haut de 18 centi¬ 
mètres, large de 17, légèrement convexe-concave, à pédicelle rompu, surmonté d’une sorte 
de pont annulaire tendu au bas de la concavité. L’épaisseur de la lame, de 8 millimètres en 
bas, décroît vers le bord, qui est partout très mince. Cependant le limbe, suivant le terme 
employé par Lamarck, est parcouru par de nombreuses côtes radiales, simples ou divisées 
et plus oü moins accusées ; elles n’alternent pas d’une face à l’autre, mais se correspondent 
et laissent entre elles des vallées de 4 millimètres de largeur. 

Il s’agit d’un spécimen totalement décharné, ferme, incompressible, devant à son sque¬ 
lette sa couleur fauve olivâtre. Il n’a d’oscules 1 apparents ni d’un côté ni de l’autre, ni, 
naturellement, sur sa marge trop amincie. Pourtant, sa surface se montre réticulée, à mailles 
polygonales inégales, où se voient à un grossissement suffisant les terminaisons libres de 
fibres primaires unies par de courtes fibres tangentielles, et les plus larges de ces mailles 
correspondent vraisemblablement à d’anciens orifices exhalants. 

Spongia placenta est une Wilsonella, au sens où Hallmann a retenu ce genre en 1912 
(14, p. 237). Sa charpente, nettement réticulée, a ses fibres primaires bien distinctes, lon¬ 
guement continues, épaisses de 115 à 155 y. dans la glycérine. Elles contiennent, en file 
ininterrompue, des styles nombreux et serrés, mais cet entassement de spiculés ne leur forme 
qu’un axe, autour duquel la spongine déborde largement. Ces fibres se tiennent distantes de 
455 à 560 y. les unes des autres. On peut donc en suivre le trajet à l’œil nu. Les fibres secon¬ 
daires, qui, pour la plupart, les croisent à angle droit, se répètent à intervalles inégaux, entre 
125 et 490 y.. Elles ont, le plus souvent, de 50470 y. d’épaisseur,maispeuvent en atteindre 140. 
Elles ne renferment pas du tout de styles. Il n’existe absolument pas de corps étrangers 
dans les fibres de cette Eponge, primaires ni secondaires. Des acanthostyles se plantent par 
leur base debout, de distance en distance, sur les unes et les autres. 

Il ne reste pas trace d’une membrane dermique, et les mégasclères présents sont seule- 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


25 


ment de deux sortes : i° Styles de l’axe des fibres primaires, courbés, flexueux, inégaux, à 
base simple, à pointe longue, fine, fréquemment tordue. Ils varient entre 155 et 300 y de 
longueur sur 5 à 6 a d’épaisseur, les plus longs étant parfois plus grêles. 2 0 Acanthostyles 
droits, à base peu dégagée, à épines peu accusées, plus nombreuses dans la seconde moitié 
de la tige, la pointe, conique, effilée, demeurant lisse. Ils ne mesurent que 55 à 60 y. de lon¬ 
gueur sur 5 y. d’épaisseur. A la périphérie du corps, ces spiculés s’implantent en grand 
nombre sur les fibres. 

En fait de microsclères, il n’a pas été observé de toxes, mais seulement des isochèles 
palmés, à dents non récurvées vers la tige et longs de 14 à 15 y.. 

Par sa forme générale, la Wilsonella de Lamarck rappelle assez bien W. australiensis 
Carter ( 3 , p. 366). Cependant, les divers auteurs qui ont étudié des spécimens de celle-ci, 
déclarée commune à Port-Phillip, au sud de l’Australie, s’accordent à les dire pourvus de 
beaux oscules et remarquent que leurs fibres sont toutes chargées de grains de sable et de 
débris de spiculés. Leurs acanthostyles n'ont été l’objet d’aucune précision, mais Hallmann 
a vu leurs styles, relativement faibles, ornés de quelques épines aux deux bouts ( 14 , p. 239). 

Ainsi, la seule espèce du genre dont Wilsonella placenta (Lamarck) semblerait se rap¬ 
procher s’en distingue à des caractères importants. 

Wilsonella placenta a été recueillie à l’île King, par Péron et Lesueur. Sa provenance 
plaiderait quand même en faveur d’une fusion des espèces. Il faudrait d’abord savoir de 
quelles variations locales ces Eponges sont capables. 

Spongia byssoides Lamarck. 

(PI. III, fig. 3 -) 

18. Éponge byssoïde. Spongia byssoides (A. M., p. 375 et A. s. V ., p. 356). 

Thorecta byssoides (Lamarck) Lendenfeld. 

Un spécimen, avec étiquette de Lamarck -.Spongia byssoides, var. 'p. 

Sa forme générale justifie, en effet, son rattachement à la variété massis planulatis. 
Plus épais à un bout qu’à l’autre, à faces semblables et légèrement concave d’un côté, il 
a probablement été dressé, flabelliforme ; mais, comme ses fibres sont cassantes et qu’il est 
complètement macéré, il a passablement souffert et ne montre plus trace de son support. 
Il mesure 175 millimètres de hauteur, 100 millimètres de largeur et 15 à 17 millimètres 
d’épaisseur vers le bas. Il ne présente pas d’oscules. Les grands trous dont il est percé ont 
abrité des Cirrhipèdes. Sa consistance est ferme, incompressible, et, comme l’a constaté 
Ridley, il est rude au toucher. 

Ses fibres sont de couleur fauve. Les primaires, stratinées, noueuses, épaisses de 125 
à 175 y., contiennent une alignée de corps étrangers assez gros, variés, inégaux ; elles se 
tiennent écartées de o” 1 ^ à 1 millimètre. Les secondaires, simples, sans enclaves, mesurent 
de 45 à 105 y. de diamètre. Elles croisent les primaires à intervalles inégaux, le plus souvent 
à angle droit, de sorte que les mailles sont pour la plupart rectangulaires. La structure de la 
charpente est ainsi très lâche et le squelette macéré est translucide. 

Archives du Muséum ( 6 e Série). V. 


— 4 


26 


E. TOPSENT 


Lendenfeld ( 25 , p. 365, PI. XXIII, fig. 3, et pl. XXXIII, fig. 11) a le premier rapporté 
au genre Thorecta cette espèce, dont il a vu des spécimens de formes variées et de prove¬ 
nances diverses. 

S. O. Ridley ( 32 , p. 596) a appelé Hircinia byssoides de petites Eponges des Seychelles, 
pensant, malgré leurs fibres plus grosses, avoir affaire à Spongia b-yssoides Lamarck,et plus 
particulièrement à sa variété fs, dont il avait examiné le représentant. Lendenfeld n’a pas 
donné ses raisons d’identifier ( 25 , p. 578) ces Éponges de Ridley à Hircinia jœtida Schmidt. 

D’après Lamarck, sa Spongia byssoides habite les mers australes ou de la Nouvelle- 
Hollande. Une étiquette sur le socle précise que le spécimen a été recueilli par Péron et 
Lesueur sur la côte nord-ouest de la Nouvelle-Hollande. 


Spongia carbonaria Lamarck. 

20. Éponge charbonneuse Spongia carbonaria (A., M., p. 375 et A. s. V., p. 357). 


Phlœodictyon carbonarium (Lamarck). 

Si , comme cela paraît vraisemblable, la Thalysias carbonaria (Lamarck) de Duchas- 
saing et Michelotti (6, p. 83, Pl. XVII, fig. 4) correspond à la Spongia carbonaria de Lamarck, 
cette Éponge serait commune aux Antilles et, pourvue de longues fistules fragiles, appartien¬ 
drait au genre Phlœodictyon. Le type, authentiqué par une étiquette autographe de La¬ 
marck et par le Millépore qu’il entoure, a trop souffert, malgré sa consistance, pour présen¬ 
ter même un reste de ces appendices ; de sorte que, sans l’attestation de Duchassaing et 
Michelotti, sa détermination générique eût pu laisser quelque doute. 

Long de 9 centimètres, haut de 4 à 6 cm ,5, épais de 10 à 30 millimètres, il n’a que 
par endroits conservé sa surface naturelle, unie et lisse. Elle s’y montre limitée par 
une membrane assez mince, que soutient un réseau à mailles étroites, triangulaires ou 
quadrangulaires, d’oxes d’une seule taille, de 200 y. sur 10 à 12, disposés sur un seul plan, 
mais entre-croisés de telle façon que chacun d’eux soit rencontré par plusieurs autres. Au- 
dessous de cet ectosome sans perforations visibles, viennent d’abord une cavité sous-der¬ 
mique qui le rend facile à détacher par lambeaux, puis une succession de paliers parallèles 
à la surface, alternant avec des espaces tendus verticalement de fibres grossières, plus ou 
moins rameuses, plurispiculées, sans spongine. Cette structure si apparente et qui n’est rare 
ni chez les Phlœodictyon ni chez les Petrosia, a été décrite en substance par les auteurs de 
la deuxième édition de Y Histoire naturelle des animaux sans vertèbres ( 20 , p. 546), les ori¬ 
fices indiqués par eux étant les trous de communication percés dans les lames horizontales. 
De grands canaux irriguent la masse, dont la charpente devient, dans la profondeur, comme 
celle des Petrosia, réticulée et faite de fibres polyspiculées, irrégulières, assez serrées. 

La coloration est d’un noir uniforme. Une teinte sombre imprègne l’Éponge, et des 
cellules noires de deux tailles, dont l’une assez grosse, y sont encore assez distinctes. Quoique 
ferme, la masse est fragile et s’émiette assez facilement au toucher. 

Les oxes, un peu courbés, très peu fusiformes, à pointes brèves, mesurent, en général, 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


27 


à l'intérieur du corps, de 210 à 215 y. de longueur sur 8 à 14 y d’épaisseur. De plus faibles, 
épars, ont les pointes étirées et peuvent n'atteindre que 165 y. sur 4. 

Il faut rappeler ici l’Éponge « throughout soot-black » de Freemantle, considérée par 
Carter comme var. fuliginosa de Desmacidon fistulosa Bowerbank, en 1882. Les trois lignes 
consacrées à ce Phlœodictyon ne suffisent pas à reconnaître en quoi il diffère de P. carbo- 
nariurn (Lamarck). 


Spongia fuliginosa Lamarck. 

22. Éponge fuligineuse. Spongia fuliginosa (A. M., p. 376 et A. s. V ., p. 357). 

Algue. 

Le type, avec étiquette de Lucas. Quelqu’un a fait au crayon une autre étiquette laco¬ 
nique : Algue. Celle-ci est exacte. Nul vestige d’Éponge sur l’échantillon, haut de 17 centi¬ 
mètres, qui se compose de rameaux foliacés, lancéolés, longs de 70 millimètres, larges de 6, 
articulés bout à bout et suivant une sorte de dichotomie. La structure est partout celle d’un 
Thallophyte. De courts arbuscules à pédicelle simple se dressent côte à côte sur une lame 
commune. L’aspect tomenteux de la surface générale ainsi que l’existence sur chaque article 
d’un sillon longitudinal médian et de petits trous en série expliquent la méprise de Lamarck. 

Lamouroux a laissé de côté cette Spongia fuliginosa ( 21 ). 


Spongia angulosa Lamarck. 

(Pi. III, fig. 2.) 

23. Éponge anguleuse. Spongia angulosa (A. M p. 376 et A. s. V p. 357). 


Cacochalina angulosa (Lamarck). 

Un spécimen, avec étiquette autographe de Lamarck précisant qu’il représente la 
variété [J. Il est haut de 8 centimètres. On l’a collé sur un socle par ce qui a pu être sa partie 
inférieure, épaisse de 35 millimètres environ. Au bout opposé, il devient large de 7 centi¬ 
mètres. C’est un individu incomplet. Il en a été enlevé tout un côté, mais non pas sur une 
grande épaisseur, à ce qu’il semble, et, sur ce qui reste intact de ses flancs, on voit très bien 
une vaste plage convexe, de toute sa hauteur et de toute la largeur photographiée, semée 
d’un nombre considérable de ces oscules béants, de i mm ,5 à 2 millimètres de dia¬ 
mètre, arrondis, séparés par un étroit intervalle, à marge souvent saillante, qui imitent, 
d’après les termes de Lamarck, les cellules d’une Astrée. Sa dépression supérieure et ses 
flancs renfoncés de part et d’autre de cette face exhalante ont un aspect tout différent. La 
surface s’en couvre de pinceaux ou conules le plus souvent disposés en séries, en alternance 
avec des vallécules, plus ou moins interrompues et qui jouent le rôle de voies inhalantes. 
Ainsi, cette Chalinine lobée se montre intéressante par la répartition de ses orifices aqui- 


28 


E. TOPSENT 


fères, les inhalants sur ses dépressions, les exhalants sur ses proéminences. Elle est admi¬ 
rablement irriguée. 

La déchirure a mis à nu sa charpente, réticulée, comme peignée dans la direction des 
oscules et creusée de gouttières longitudinales, canaux exhalants coupés suivant leur lon¬ 
gueur. 

La couleur et la consistance sont notées dans la description originale. 

Il n’existe pas de squelette dermique. Le réseau squelettique se compose de très longues 
fibres primaires gagnant la surface, reliées entre elles par de courtes fibres secondaires qui 
les croisent à angle droit. Elles contiennent les unes comme les autres des spiculés alignés 
en cordons ininterrompus dans une gaine de spongine jaune largement débordante. Les 
primaires sont épaisses de 55 à 80 y. et polyspiculées suivant leur axe. Les secondaires, elles- 
mêmes épaisses de 30 à 60 y., ne renferment, d’ordinaire, que quelques spiculés de front. 
L’écartement entre les primaires varie entre 175 et 245 y.. Les fibres transversales dessinent 
avec elles des mailles rectangulaires longues de 105 à 350 A l’approche de la surface, la 
structure se modifie un peu, pour suppléer peut-être à l’absence de squelette dermique. Les 
fibres tant longitudinales que transversales s’épaississent encore, et les mailles qu’elles 
limitent alors s’arrondissent et diminuent de diamètre au point de n’en mesurer parfois 
que 30 y. seulement. 

Le manque de squelette dermique est l’un des caractères de Spongia angulosa qui 
me porte à l’inscrire dans le genre Cacochalina Lendenfeld. La grossièreté de sa charpente 
sans souplesse en est un autre, de moindre valeur. 

Comme chez Cacochalina truncatella Lendenfeld ( 23 , p. 763), de la Nouvelle-Zélande, 
les spiculés sont ici des styles. Ils sont plus ou moins courbés, isodiamétriques, parfaitement 
arrondis à un bout, terminés à l’autre en pointe conique, courte, comme triangulaire. Ils 
mesurent de 125 à 180 y. de longueur et presque toujours 5 y. d’épaisseur. A noter qu’il s’y 
mêle, en faible proportion, des oxes, de même grosseur, de longueur faible, isodiamétriques 
comme eux, mais ayant une pointe conique brève à chaque extrémité. 

Les spécimens de Cacochalina angulosa (Lamarck) ont été rapportés des parages de 
l’île King, au nord-ouest de la Tasmanie, par Péron et Lesueur. 


Spongia pluriloba Lamarck. 

(Pi- IV, fig. 5.) 

24. Éponge plurilobée. Spongia pluriloba (A. M., p. 376 et T. s. V.. p. 358). 

Arenochalina mirabilis (Lendenfeld). var. pluriloba (Lamaick). 

Avec le type, ici figuré, haut de 15 centimètres, large de 14, accompagné d’une étiquette 
de Lamarck et reconnaissable à ses lobes aplatis, épais de 6 à 8 millimètres, tronqués au 
sommet, la collection contient un spécimen haut de 21 centimètres, large de 11, à rameaux 
comprimés aussi et tronqués, mais plus étroits, allongés, à oscules nombreux, de 1 à 2 milli¬ 
mètres de diamètre, semés surtout le long de leurs bords et à peine saillants. L’un et l’autre, 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


29 


macérés, sont fermes et peu compressibles à l’état sec, à surface générale finement treillis- 
sée, mais nettement fibreux dans les points que des frottements ont endommagés, avec 
fibres primaires fort distinctes à l’œil nu et longuement continues. Ils deviennent très 
souples dans l’eau. 

L’espèce appartient au genre Arenochalina Lendenfeld. Les spiculés en sont des styles 
flexueux, isodiamétriques, longs seulement de 100 à 145 y, à pointe très brève et pas plus 
épais que 3 y. Les fibres primaires, robustes, écartées de 140 à 420 y, varient entre 80 et 
200 y d’épaisseur. Elles renferment comme enclaves, les rendant gibbeuses, un entassement 
de grains très inégaux généralement petits, tant calcaires que siliceux, mêlés à de 
nombreux débris de spiculés de toutes sortes. Elles contiennent aussi des styles propres 
de l’Eponge, mais tout à fait clairsemés et de position irrégulière. Les fibres secondaires, 
épaisses de 12 à 70 y, courbées, forment réseau dans l’intervalle entre les primaires et 
contiennent des styles en file, quelquefois solitaires, plus souvent par deux ou trois de 
front, ce qui laisse ainsi leur spongine incolore largement débordante. 

Il semble que cette Arenochalina puisse être rapportée à l’espèce A. mirabilis Lenden¬ 
feld d’après sa forme générale, la conformation de ses spiculés et la façon dont ses fibres 
secondaires se tendent entre les primaires. Toutefois, la description de A. mirabilis, faite 
par reprises par Lendenfeld et Whitelegge (1), est loin de lui convenir exactement. 

Whitelegge a déclaré « accurately described in the Catalogue » le squelette de A. mira¬ 
bilis et a renvoyé à son propos à la figu e 28 do la planche XXVII du travail original de 
Lendenfeld. 

Ainsi, d’après ce qui en a été dit, les fibres primaires de A. mirabilis, dont l’écartement 
paraît cependant plus grand que dans les Spongia pluriloba, ne mesurent que 50 y d’épais¬ 
seur et les secondaires moitié moins. Les primaires n’ont que du sable comme enclaves, et des 
masses compactes de spiculés remplissent complètement les secondaires. Enfin, les styles 
de cette Eponge varient entre 150 et 190 y de longueur sur 4 y. à 4 y 5 d’épaisseur. Il se ren¬ 
contre là tout un ensemble de caractères obligeant à tenir Spongia pluriloba Lamarck au 
moins pour une variété distincte. 

Comme l’espèce typique, A. mirabilis var. pluriloba est australienne. 


Spongia rimosa Lamarck. 

(PI. HL fig. 5 ) 

25. Éponge crevassée. Spongia rimosa (A. M., p. 377 et A. s. V ., p. 358). 


Thorecta rimosa (Lamarck). 

La collection contient deux spécimens de cette Eponge. L’un, subcylindrique, haut 
de 32 centimètres, épais de 55 millimètres vers le bas, puis, graduellement, de 45 milli¬ 
mètres seulement au sommet, en représente la variété v., columnaris. L’autre (PI. III, fig. 5), 

(1) Pour la bibliographie la concernant, voir Whitelegge ( 45 , p. 460). 


Source : MNHN, Paris 


30 


E. TOPSENT 


haut de moins de 9 centimètres, mais un peu renflé dans son tiers supérieur, en représente 
la variété [5, subclavata. 

Tous deux sont complètement macérés, d’un brun roux. Leur partie inférieure, un 
peu amincie, figure une sorte de pédicule mal délimité et sans structure spéciale. Des cre¬ 
vasses longues et profondes, longitudinales ou obliques, plus ou moins anastomosées entre 
elles, les sillonnent sur toute leur hauteur et leur donnent un aspect caractéristique. Les 
supérieures aboutissent à une dépression commune occupant le sommet du corps. La sur¬ 
face est toute hérissée par les terminaisons libres des fibres primaires, qui se dirigent vers elle ; 
mais le fond des crevasses reste uni, limité par un réseau conjonctif. Des orifices arrondis, 
nombreux, inégaux, se percent à même la surface générale hispide et d’autres dans les cre¬ 
vasses. Ces derniers sont peut-être de rôle exhalant. 

Il existe une opposition très nette entre les fibres primaires et les fibres conjonctives. 
Les primaires se distinguent à l’œil nu sur de grandes longueurs. Elles se ramifient peu, en 
effet, et leurs divisions restent attachées entre elles par des ponts conjonctifs transversaux, 
courts mais solides. Les terminaisons, distantes de o mm ,8 à 1 millimètre les unes des autres, 
en sont simples ou seulement bifides, à la différence de ce qui a lieu chez Spongia penicillosa. 
Ces fibres, à stratification très marquée, sont les seules à contenir des enclaves, débris de 
minéraux et fragments de spiculés, suivant une alignée axiale. Elles mesurent, en général, 
de 120 à 160 a de diamètre dans l’eau. Les fibres conjonctives, qui, en position scalariforme, 
servent de liens entre leurs divisions parallèles, peuvent avoir 100 u. d’épaisseur; mais, dans 
le réseau qui tapisse les crevasses ou se répand entre les bandes de fibres primaires, elles ne 
varient guère qu’entre 30 et So 


Spongia penicillosa Lamarck. 

(PI. I, fig. 8 et 9.) 

26. Éponge, à pinceaux. Spongia penicillosa (A. M ., p. 377 et A . s. V ., p. 358'. 

Thorecta penicillosa (Lamarck). 

La collection en renferme deux spécimens. 

L’un (fig. 8) correspond à la variété x, clavata, de l’espèce, quoiqu'une étiquette calli¬ 
graphiée, collée sous son socle, ne fasse nulle mention de variété. Pédonculé, haut de 13 cen¬ 
timètres, elliptique, un peu comprimé, bombé sur une face, légèrement concave sur l’autre, 
il a, au sommet, un oscule de 8 millimètres de diamètre, qui dessert une cavité axiale sensi¬ 
blement isodiamétrique, profonde de 60 millimètres. Il est réduit à son squelette, brun roux, 
sans vestige d’écorce arénacée. 

L’autre (fig. 9) représente la variété [ 3 , brevior, subglobosa. Déchiré au bas, haut de 
75 millimètres seulement, il est bombé d’un côté, avec trois oscules dispersés, larges et pro¬ 
fonds ; il a englobé des corps calcaires amorphes, et sa surface porte encore par places des 
lambeaux, chargés de grains minéraux et de spiculés, de ce qui a dû être une écorce sa- 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


3i 


bleuse. Par transposition maladroite a été collée sous son socle une étiquette autographe, 
libellée : « Sp. fasciculata, planch. conch. ed. 2, t. 15, fig. E ». 

Lamarck a certainement vu d’autres spécimens encore, puisqu’il dit que l’Éponge peut 
s’élever jusqu’à 20 centimètres. 

Les deux qui ont été conservés ont les pinceaux superficiels caractéristiques. Ceux du 
plus petit sont assez caducs ; pourtant, la photographie en montre encore un certain nombre 
en place. Hauts de 3 millimètres, ils se dressent généralement à 2 ou 3 millimètres les uns 
des autres, et un réseau conjonctif à mailles très larges se répand entre eux. 

Des fibres de la charpente, toutes foncées et stratifiées, à cylindre central large, les 
primaires sont longitudinales et les secondaires ou conjonctives, transversales. Les primaires 
seules contiennent des enclaves, grains de sable et débris de spiculés, alignés en colonne 
axiale assez étroite. 

Les fibres primaires, épaisses de 150 à 220 a, sont faciles à suivre sur une grande lon¬ 
gueur. Elles se ramifient peu, et des fibres conjonctives, courtes mais épaisses de 75 à 100 y., 
perpendiculaires à leurs divisions, se répètent à des intervalles assez grands, sur le mode 
scalariforme, et maintiennent celles-ci parallèles, unies par deux ou par trois en de maigres 
faisceaux, distants de 1 millimètre à i ram , 5 , qui s’inclinent vers la surface. Là, ils se 
subdivisent soudain en plusieurs petites branches terminales (de trois à six et davan¬ 
tage), brèves, puisque les sortes de pinceaux qu’elles forment n’ont que 3 millimètres de 
longueur, mais encore épaisses d’environ 100 y, que des fibres conjonctives simples mais fré¬ 
quentes, insérées sur elles à angle droit, tiennent rapprochées et parallèles entre elles. 

La grosseur des fibres conjonctives est à remarquer. Elle diffère peu de celle des fibres 
primaires, surtout entre les pinceaux terminaux, où elle atteint souvent de 150 à 175 y. 
Elle se réduit cependant à 37-70 y. pour celles qui se disposent en barreaux d’échelle dans ces 
pinceaux mêmes. 

Par sa forme générale, la couleur brun roux de sa charpente, fréquente chez les Aply- 
sininæ, l’allure et la structure de ses fibres primaires, la force, l’uniformité et la simplicité 
de ses fibres conjcnctives, la nature de sa peau, Spongia penicillosa Lamarck apparaît comme 
une espèce du genre Thorecta Lendenfeld. Toutefois, ses pinceaux superficiels, qui pro¬ 
duisent sans doute des conules saillants, pendant la vie, la distinguent de ses congénères. 

Lamarck l’a dite recueillie par Péron et Lesueur dans les mers de la Nouvelle-Hollande. 
On sait, d’après Lendenfeld, que l’Australie est le centre de distribution des Thorecta. 


Spongia turgida Lamarck. 

27. Éponge enflée. Spongia turgida (A. M., p. 377 et A. s. V p. 358). 

Stelospongia australis var. fovea Lendenfeld. 

Un spécimen. Sous son socle a été collée une étiquette de Lamarck ainsi conçue : 
Eponge enflée, Spongia turgida var. ( 3 . Cette variété étant caractérisée par la présence d'un 
seul oscule et le spécimen en possédant qtiatre, il est à supposer qu’une transposition de 


Source : MNHN, Paris 


K. TOPSENT 


3-2 

l’étiquette a été opérée. Remarquons, d’autre part, que la variété «est dite : foraminibus 
tribus et que, cependant, dans son texte, Lamarck a reconnu à certaines S. turgida « trois 
ou quatre trous séparés ». 

Haut de 16 centimètres, épais de 9 à 11, le spécimen a un pédicule long de 15 milli¬ 
mètres seulement, puis, s’étant renflé, il s’atténue vers son sommet, où s’ouvre un oscille de 
15 millimètres de diamètre, en terminaison d’un canal vaste et très profond. Dans la partie 
la plus large du corps, trois lobes divergents, grossièrement coniques, terminés chacun par 
un oscule semblable, accroissent son épaisseur. Proéminents sur l’une de ses faces, à droite 
et à gauche, ils le rendent gibbeux de ce côté. 

Couleur d’un brun roux. Consistance ferme, à sec. Structure d’une Stelospongia. 

L’état de la surface est tout à fait caractéristique. Les conules s’y disposent suivant 
des lignes très saillantes, et ces lignes s’unissent pour dessiner un réseau régulier à mailles 
polygonales de 4 à 5 millimètres de diamètre. Lendenfeld a donné de cet aspect, surtout 
en 1888 (24, PI. XI), des figures qui dispensent d’une nouvelle photographie. 

Les descriptions détaillées (25, p. 518) de ce que Lendenfeld à appelé Stelospongia 
australis var. jovea font tomber en synonymie le nom spécifique dont s’est servi Lamarck. 

Une étiquette ancienne confirme l'indication de provenance : « Port du roi Georges ; 
Péron et Lesueur ». 


Spongia myrobalanus Lamarck. 

(PI. 11. fig. 7.) 

30. Éponge myrobolan. Spongia myrobalanus (A. M p. 378 c-t A. s. V p. 359). 

Coscinoderma myrobalanus (Lamarck). 

Deux spécimens, avec des étiquettes de Lucas donnant seulement leurs noms, et avec 
d’autres étiquettes, signées de Valenciennes, indiquant leur provenance, qu’ignorait La¬ 
marck : Nouvelle-Hollande, par MM. Péron et Lesueur, 1801. 

Ils se ressemblent beaucoup. L’un mesure 85 millimètres de hauteur totale et figure 
une masse spongieuse, ovale, large de 28 millimètres, comprimée et épaisse de 14 milli¬ 
mètres seulement, au bout d’un pédicule grêle et tordu, long de 33 millimètres. L’autre, 
haut de no millimètres en tout, a une partie spongieuse, ovale aussi, longue de 60 milli¬ 
mètres, large de 36 millimètres environ et épaisse de 17 millimètres et un pédicule inséré un 
peu latéralement, tordu en bas et probablement à peu près complet, car il contient de petits 
cailloux à son extrémité libérée. 

Leur couleur, d’un brun roux, est due à ce que les fibres sont par elles-mêmes de teinte 
foncée. Leur consistance, ferme à l’état sec, devient extrêmement souple dans l’eau. Leurs 
oscules se localisent surtout en série le long de leurs bords et atteignent près de 2 milli¬ 
mètres de diamètre. Leurs pores, épars sur leur surface assez égale, sont nombreux, circu¬ 
laires, inégaux. Les deux Éponges doivent avoir été roulées : elles n’ont plus de squelette 
dermique ; leurs fibres primaires ont toutes l’extrémité brisée; une multitude de petits 
cailloux s’étaient logés dans tous leurs orifices. 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


33 


Leur forme générale a déjà été observée chez des Coscinoderma. Nous la retrouverons 
chez C. pes leonis. Elle rappelle beaucoup celle de Spongelia incerta Hyatt ( 16 , p. 533. 
PI. XVI, fig. 32), australienne aussi, et que Lendenfeld a appelée à tort Coscinoderma pyri- 
forme ( 25 , p. 334) en fusionnant avec elle Spongelia spinosa Hyatt. 

Pour donner à Spongiamyrobalanus Lamarck le nom de Coscinoderma incertum (Hyatt), 
il faudrait avoir des détails sur le squelette de l’Éponge de Hyatt. Ceux que Lendenfeld 
a donnés à propos de C. pyriforme s’accordent mal avec ce que nous observons ici, les fibres 
secondaires surtout y étant nettement différentes. 

Chez Coscinoderma myrobalanus (Lamarck), les fibres primaires, écartées de 245 à 
425 y, mesurent de 50 à 80 y de diamètre ; elles sont stratifiées, onduleuses, un peu noueuses 
et renferment comme enclaves des débris de spiculés, additionnés de quelques grains de 
sable. Stratifiées et sans enclaves, les fibres conjonctives sont d’une seule catégorie. A l’in¬ 
verse de ce qui existe chez C. pes leonis, elles constituent entre les fibres primaires un réseau 
assez dense, à mailles polygonales, inégales, variant entre 35 et 175 y. de diamètre. Leur 
épaisseur, assez uniforme, est, pour la plupart, comprise entre 20 et 30 [* ; mais, de celles qui 
s’attachent directement aux fibres primaires, il en est, par places, dont le diamètre atteint 
50 y. L’insertion des fibres conjonctives sur les primaires se fait par un talon élargi ; il en 
est de même pour beaucoup de ces fibres entre elles. 


Spongia pes leonis Lamarck. 

(PI. I, fig. 6, et fig. III du texte.) 

31. Éponge pied-de-lion. Spongia pes leonis (A. M p. 379 et A. s. F., p. 359). 

Coscinoderma pes leonis (Lamarck). 

Le type, accompagné d’une étiquette calligraphiée. Le pédoncule est à peine long de 
10 millimètres; il est épais de 8 millimètres sur 6. Le corps, haut de près de 10 centimètres, 
est de contour ovale, large de 7 centimètres et comprimé. Épais de 22 millimètres au plus 
par en bas, il s’amincit graduellement vers le haut. Son bord supérieur, mince, paraît cré¬ 
nelé parce que la plupart des oscules s’y localisent. Au nombre de 18, ceux-ci, aboutisse¬ 
ment de canaux très profonds, restent béants et mesurent jusqu’à 6 millimètres de diamètre. 
La macération est partout complète. La coloration de ce squelette est jaune orangé en 
majeure partie, brune cependant à l’intérieur de la masse, où les fibres sont toutes couvertes 
de grains ferrugineux. 

Dans l’eau, l’Éponge se renfle et devient d’une mollesse extrême. 

Sa structure permet de reconnaître en elle ce qu’annonce sa forme générale, flabellée, 
pédonculée, à oscules marginaux, une espèce du genre Coscinoderma. Pourtant, elle a perdu 
sur toute son étendue l’écorce arénacée qu'elle peut avoir eue. Au voisinage de son pédon¬ 
cule, des pores nombreux, ronds, de o mm ,3 à o mm ,7 de diamètre, se montrent à nu. Les inter¬ 
valles entre eux sont occupés par un réseau conjonctif superficiel, dense, treillissé, irrégulier, 
traversé par des terminaisons de fibres primaires. Plus haut sur le corps, ce réseau serré a dû 
Archives du Muséum (6 e Série). V. — 5 


34 


E. TOPSENT 


être arraché ; les fibres principales, mêlées de longues fibres conjonctives, s’y couchent à 
plat, non sans laisser voir encore beaucoup de pores et donnent, surtout à la face qui n’est 
pas photographiée, un aspect mal peigné, « veiné », a dit Lamarck, « de filamens fibreux et 
rampants ». 

Les fibres principales du squelette (fig. III a), montant àlasurface. sont chargées de gros 
grains de sable, avec des spiculés brisés, en faible proportion, qui les rendent très noueuses 
et de calibre fort inégal. Elles mesurent environ go à 120 y. de diamètre et se tiennent à 450- 
700 y. d’écartement les unes des autres. 

Les fibres conjonctives, sans enclaves, rappellent celles des Coscinoderma Mathewsi 
Lendenfeld. Il en faut, en effet, distinguer des primaires et des secondaires (fig. III b), de 




Fig. III. — Coscinoderma pes leonis ( Lamarck).—«.'portion défibre principale ; b, fibres conjonctives primaires et secondaires; 
c, portion de fibre primaire portant des fibres secondaires dont les attaches aux fibres voisines sont rompues ; d, portion du 
réseau superficiel. Le tout X 65. 

grosseur double, d’ailleurs, de celles de cette espèce. Les primaires, d’épaisseur uniforme, 
entre 35 et 50 y-, sont extrêmement longues et dessinent des mailles irrégulières et très 
larges. Les secondaires, épaisses seulement de 14 à 20 y, sont, au contraire, très courtes, 
de 70 à 140 y-, par exemple, car elles servent à relier à angle droit des fibres primaires un peu 
voisines et aussi, le plus souvent, à rattacher le système conjonctif aux fibres principales. 
L’insertion des fibres secondaires se fait aux deux bouts par un talon élargi, et la facilité 
avec laquelle elle se rompt est tout à fait remarquable. Une très faible traction suffit pour 
obtenir de longs tronçons de fibres conjonctives primaires portant debout, de distance en 
distance, des fibres secondaires à bout libre évasé (fig. III c). 

Les mailles du réseau superficiel, à plusieurs plans, plancher de cavités sous-dermiques, 
dans l’hypothèse d’une écorce arénacée disparue, se trouvent constituées par l’union de 
fibres conjonctives de ces deux ordres (fig. III d) et mesurent entre 35 et 175 y. de largeur. 

Plus encore peut-être que Spongia myrobalanus, S. pes leonis ressemble extérieure¬ 
ment à Spongelia incerta Hyatt. Mais, en omettant d’en décrire les fibres, Hyatt avait laissé 


Source : MNHN, Paris 






ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


35 


son espèce méconnaissable, et les indications de Lendenfeld, si tant est qu’elles la concernent, 
en ont révélé une charpente toute différente de celle de S. pes leonis. 

Le type de Coscinoderma pes leonis a, d’après Lamarck, été rapporté par Péron et 
Lesueur des mers australes. 


Spongia anatipes Lamarck. 

(Pi. IL fig. i.) 

32. Éponge patte d'oie. Spongia anatipes (A. M., p. 379 et A. s. V ., p. 359). 


Arenochalina anatipes (Lamarck). 

Le type, avec étiquette de Lucas sous le socle, où est aussi, mais d’écriture effacée, une 
étiquette en papier blanc, peut-être de Lamarck. 

Le spécimen, complètement macéré et excessivement fragile, est brisé en plusieurs 
morceaux. On reconnaît cependant qu’il a eu la forme d’une grande lame, épaisse de 10 à 
12 millimètres, portée par un pédicule de plus de 7 centimètres de hauteur. La partie infé¬ 
rieure en est ici figurée pour éclairer la description originale. La structure, grossière à l’ex¬ 
trême, s’en interprète sans effort. L’absence complète d’oscules en est à remarquer. 

De même que Spongia pluriloba, S. anatipes est une Arenochalina. 

Ses spiculés sont des styles droits ou courbés, à base un peu renflée, suivie d’un cou 
allongé, à tige renflée dans sa seconde moitié et terminée en pointe brève, submucronée ; 
ils sont longs de 140 à 160 7. et mesurent 5 y d’épaisseur au niveau de leur base et 6 y dans 
le deuxième tiers de leur tige. 

Ses fibres primaires, épaisses de 140 à 260 y, écartées de o mm ,7 à i mm ,i2, sont très 
apparentes, longuement continues, bosselées, pleines d’enclaves qui sont presque exclusive¬ 
ment des grains de sable inégaux, tant calcaires que siliceux ; elles ne renferment qu’un 
nombre très restreint de styles, sauf à leur jonction avec des fibres secondaires. Celles-ci, 
épaisses de 70 à 120 y, d’écartement fort variable mais souvent très grand, sont lisses et 
généralement simples et affectent une disposition scalariforme ; elles contiennent toujours 
plusieurs spiculés de front, confinés strictement dans leur axe. 

Arenochalina anatipes diffère de la variété pluriloba de A. mirabilis par ses caractères 
extérieurs, par l’écartement, la grosseur et le contenu de ses fibres primaires, par la simpli¬ 
cité de ses fibres secondaires, qui, malgré cet écartement, n’établissent pas de réseau dans les 
intervalles entre les primaires, enfin par la conformation assez singulière de ses styles ven¬ 
trus. Il ne semble pas davantage possible de la rapprocher de A. mirabilis typique. 

C’est encore une Éponge des côtes d’Australie. Elle fait partie des récoltes de Péron et 
Lesueur. 


3& 


E. TOPSENT 


Spongia plancella Lamarck. 

(PI. IV, fig. 2.) 

33. Éponge palette. Spongia plancella (A . M p. 379 et A. s. V p. 360). 


Spinosella plancella (Lamarck). 

Le type, avec étiquette calligraphiée de Lucas. Les détails de la description originale se 
voient sur la photographie de l’une de ses faces (PI. IV, fig. 2). 

Ainsi que Lamarck l’a indiqué, c’est une Éponge haute de 15 à 16 centimètres, nette¬ 
ment bifaciale, étalée, mais qui tend à l’enroulement. Elle est remarquable par sa minceur : 
son épaisseur n’est, en effet, que de 2 millimètres en bas et se réduit au minimum au bord 
supérieur. Malgré cela, elle conserve, à sec, un certain degré de rigidité et est incompressible. 
De ses faces, l’une, un peu convexe ou externe, se soulève en de ces processus coniques qui 
contribuent à caractériser les Spinosella. Ils sont assez nombreux mais ne se distinguent pas 
sur toute son étendue et restent assez bas, généralement un peu allongés dans le sens de la 
hauteur du corps et distants les uns des autres de 3 à 8 millimètres. A leur niveau surtout, 
des frottements ont mis à nu les pores, qui sont fins ; mais, dans leurs intervalles, la surface 
restée intacte est lisse et imperforée. L’autre face, concave ou interne, semée d’oscules 
ronds très nombreux mais si petits que les plus larges n’atteignent pas 1 millimètre de dia¬ 
mètre, est parcourue par des nervures longitudinales peu prononcées et peu régulières, le 
long desquelles manquent les oscules et qui, par places, deviennent saillantes sous forme de 
crêtes courtes ou d’éminences coniques auxquelles ne correspondent pas d’enfoncements de 
la face opposée. Cette localisation des orifices exhalants sur la face cloacale est aussi un carac¬ 
tère des Spinosella. Duchassaing et Michelotti l’ont noté à propos de leurs Tuba (6, p. 44). 

Les fibres sont toutes spiculeuses, sans autres inclusions que les oxes de l’Éponge, qui 
sont assez robustes, longs de 115 à 135 y., épais de 5 à 6 y., un peu courbés, amincis assez 
brusquement à chaque bout en une pointe longue et fine. 

Il y a heu de distinguer des fibres principales et des fibres accessoires. Des premières, 
les primaires, qui se portent d’une face à l’autre, sont de grosseur inégale, les plus robustes 
d’entre elles mesurant 75 a d’épaisseur, tandis que d’autres n’en atteignent que 30. De même, 
leur écartement varie entre 140 et 245 y.. Croisant celles-ci mais se répétant peu, en raison de 
la minceur de la lame, les secondaires se montrent aussi sujettes à des variations de dia¬ 
mètre, entre 30 et 55 y. environ. 

Les fibres accessoires forment entre les principales un réseau à mailles plus étroites, 
irrégulières. Leur calibre s’abaisse de 30 à 8 y.. Elles contiennent au moins un oxe axial ; 
les plus grosses en possèdent deux de front. Il se place toujours plusieurs spiculés de front 
dans les fibres principales ; mais partout la spongine est largement débordante. 

Le squelette n’est pas le même sur les deux faces. Sur l’externe, les fibres accessoires 
prédominent, constituant un fin réseau superposé à un réseau lâche de fibres principales. 
Elles font défaut, au contraire, sur la face interne, où les fibres principales se disposent entre 
les oscules en mailles polygonales de 105 à 175 y. de diamètre. 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARlb 


S 7 


Par sa forme générale, Spinosella plancella (Lamarck) s’écarte moins de S. Sancta 
crucis (Duchassaing et Michelotti, 6, p. 46) que des autres espèces. La provenance en est 
inconnue. 


Spongia pala Lamarck. 
34. Éponge pelle. Spongia pala ( A. M., p. 380 et A. s.V., p. 360). 


Thorecta Wuotan (Lendenfeld). 

Les spécimens de la collection qui représentent l’espèce et sa variété p correspondent 
par la plupart de leurs caractères à la description de Thorecta Wuotan. De taille supérieure 
à celle notée par Lendenfeld chez cette Thorecta ( 25 , p. 352), ils atteignent jusqu’à 60 centi¬ 
mètres de hauteur sur 34 centimètres. Flabelliforme, translucide, surtout le long des canaux 
exhalants qui aboutissent aux oscules en rangée régulière sur son bord semi-circulaire, leur 
limbe est porté sur un pédicule comprimé, parfois long et dégagé au point d’avoir paru à 
Lamarck imiter le manche d'une pelle. L’attache au support s’opère au moyen d’un paquet 
de crampons rappelant ceux des Laminaires. 

Des spécimens de Thorecta wuotan figurés par Lendenfeld, celui delà planche XIV (fig. 4) 
a le même limbe qu’eux, mais paraît incomplet par en bas, et celui de la planche XXXVIII 
(fig. 4) a un limbe plus étroit, continuant un pédicelle indistinct. 

Macérées, brunâtres, ces grandes Spongia pala produisent des fibres relativement 
minces. Les primaires, dans l’eau, sont épaisses de 80 à 115 seulement et les secondaires 
de 70 a. Leurs mesures sont, en vérité, plus conformes à celles relevées par Lendenfeld sur 
Thorecta donar que sur T. wuotan, mais, fait plus important, sans doute, les fibres secon¬ 
daires, généralement simples et tendues de loin en loin entre les primaires, présentent tou¬ 
jours ici, comme chez T. wuotan, une stratification des plus nettes, avec un trait médullaire 
brunâtre. Ce mélange des caractères d’après lesquels Lendenfeld établissait deux espèces, 
convie à opérer leur fusion. L’homogénéité de la substance de toutes les fibres de T. donar 
mérite cependant d’être contrôlée. 

En tout cas, les fibres primaires qui, au tableau dichotomique comme dans le texte, 
sont dites par Lendenfeld libres de corps étrangers dans les deux espèces, n’en sont pas réel¬ 
lement dépourvues chez les grandes Spongia pala. Il est plus exact de les en déclarer pauvres. 
Si, en effet, beaucoup d’entre elles ont l’axe uniquement occupé par une sorte de moelle 
brune, d’autres y ont une traînée fort distincte et parfois longue de petits grains de sable. 
Les individus se montrent, d’ailleurs, un peu inégalement doués à cet égard. 

On ne doit pas oublier que les Thorecta donar et T. wuotan examinés par Lendenfeld 
proviennent de la côte septentrionale d’Australie, tandis que les Spongia pala en question 
ont été recueillies par Péron et Lesueur sur la côte méridionale, près de l’île aux Kanguroos. 


Source : MNHN, Paris 


E. TOPSENT 


38 


Spongia pala Lamarck, var. ■(. 

Thorecta crassior n. sp. 

Le type, avec étiquette de Lamarck ainsi libellée : «variété épaisse de l’éponge pelle, 
Spongia pala ». 

C’est une Eponge dressée, haute de 21 centimètres, bien différente des autres Spongia 
pala, d’ailleurs entièrement macérée comme elles et sans trace d’encroûtement superficiel. 
Sa partie inférieure, incomplète, a l’aspect d’une colonne, dont l’épaisseur, de 25 milli¬ 
mètres vers le bas, s’accroît progressivement et atteint, à la hauteur de 13 centimètres, 
70 millimètres sur 60. A ce niveau, le corps s’élargit davantage, surtout d’un côté, où il 
devient flabelliforme, avec 33 millimètres d’épaisseur moyenne ; le reste, plus grossier, 
tend seulement à s’aplatir mais mesure encore 55 millimètres d’épaisseur à peu de distance 
de son bord supérieur. Le tout se termine par une sorte de crête inégale, où se percent des 
socules assez peu distincts. Au total, le corps stipité, puis élargi, inégalement comprimé, 
est plutôt mal fait. La mention spathulâ crassiore n’en donne forcément qu’une idée vague. 
La coloration générale est olivâtre foncé. La charpente étant très lâche, le squelette est 
translucide, même vers le bas. A l’œil nu, on se rend compte que ses fibres n’ont pas partout 
la même grosseur. 

Continues, un peu onduleuses, les fibres primaires sont à spongine stratifiée et accu¬ 
mulent des grains de sable inégaux dans leur axe, en une tramée ininterrompue qui atteint 
le tiers ou la moitié de leur propre diamètre. Les secondaires, stratifiées également mais sans 
axe distinct et toujours sans enclaves, généralement simples et droites, relient les primaires 
entre elles sur le mode scalariforme. Les uns et les autres ont une teinte foncée, jaunâtre, 
Dans le tiers inférieur de l’Eponge, les fibres primaires mesurent de 200 à 240 y. d’épais¬ 
seur et les secondaires de 140 à 180 y., tandis que, dans sa portion supérieure élargie, les 
primaires ne sont plus épaisses que de 110 à 170 y. et les secondaires que de 60 à 100 y.. 
L’écartement des primaires est, en général, de 2 millimètres et celui des secondaires de 
i mm ,5 à 2 millimètres. 

De peu d’intérêt par sa forme, le type de Thorecta crassior l’est davantage par la nature 
de ses fibres, assez semblables à celles de T. byssoides. Il ne se confond avec aucune des 
espèces décrites de Thorecta, à fibres pouvant dépasser 200 y. d’épaisseur. 


Spongia pala Lamarck, var. î. 

Thorecta erecta (Hvatt) Whitelegge. 

Le type de la variété î étiqueté par Lucas. La description concise que Lamarck en a 
donnée, « var. superficie lacunosa, proliféra », fait allusion aux proéminences circonscrivant 
des dépressions qui contribuent à caractériser les diverses formes de Thorecta erecta ; elle 
tient compte aussi d’un lobe tubuleux, comprimé, qui a poussé sur l’une des faces du spéci¬ 
men et s’est appliqué tout contre elle. 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


39 


L’Éponge, haute de 26 centimètres, a un long pédicule, assez mince, et s’étale progres¬ 
sivement en lame large de 11 centimètres, épaisse de 25 millimètres, à bord supérieur semi- 
circulaire, percé d’une rangée d’oscules de 4 à 10 millimètres de diamètre. Whitelegge ( 44 , 
p. 55) a fait mention de représentants de l’espèce conformés de la sorte. Celui-ci, entière¬ 
ment macéré, est de couleur fauve. Les éminences et dépressions de sa surface s’accusent 
déjà le long de son pédicule à 65 millimètres au-dessus de son point d’attache. Au lieu d’oc¬ 
cuper entièrement ses faces, elles laissent deux longues vallées planes sur l’une d’elles. Elles 
sont fortement accusées sur ses bords. 

Les fibres primaires, stratifiées, noueuses, à bande axiale de sable et de spiculés brisés, 
ont de 60 à 120 y. d’épaisseur et s’écartent les unes des autres de 350 à 490 y.. Les secondaires, 
unies, stratifiées mais libres d’enclaves, sont souvent un peu rameuses ou s’envoient des 
anastomoses. Elles sont épaisses de 30 à 60 a et s’attachent àdes distances les unes des autres 
fort inégales, mais souvent assez faibles. 

Spongia flabelliformis Lamarck. 

35. Éponge flabelliforme. Spongia flabelliformis (A . il/., p. 380 et A. s. V p. 360). 


lanthella flabellijormis (Pallas) J.-K. Gray. 

11 avait été question de cette Eponge dans des ouvrages antérieurs à celui de Lamarck. 
Elle a été introduite par J.-E. Gray, en 1869, dans le genre lanthella. Lendenfeld a fourni à 
son sujet une importante documentation ( 25 , p. 696, PI. XLVII-XLIX). 

La collection en contient plusieurs spécimens, les uns brun violacé, les autres noirâtres, 
de diverses tailles et à des états divers de conservation. Une étiquette de Lamarck en indique 
un comme recueilli dans la baie des Chiens marins par Péron et Lesueur. L’un d'eux porte 
des vestiges de Balanides, comme en avait déjà observé Pallas. 


Spongia pluma Lamarck. 

36. Éponge plume. Spongia pluma (A . M ., p. 381 et A. s. T\, p. 3(11). 


M y cale? sp. 

Le type, étiqueté par Lucas. Contrairement à ce qu’a supposé Lamarck, ce n’est pas un 
individu incomplètement développé, mais une Éponge presque entièrement macérée, selon 
toute apparence du genre Mycale. Après avoir, sur 45 millimètres de sa longueur, enveloppé 
un cordon fibreux, tordu, d’origine végétale, elle s’était dressée en lame flabelliforme, haute 
de 55 millimètres, large de 50 millimètres à mi-hauteur et épaisse en tous points de 8 à 10 mil¬ 
limètres. De cette partie lamelleuse, il ne subsiste qu’un squelette blanchâtre, assez raide, 
peu fragile et pourtant lâche, de fibres dont les radiales ont une grande continuité. La por¬ 
tion basilaire, en majeure partie dénudée, réticulée, a conservé des lambeaux de chair 
blanche mais non son ectosome. 


Source : MNHN, Paris 


E. TOPSENT 


40 

Les fibres, épaisses de 45 à 140 y., sont composées de nombreux subtylostyles engainés 
côte à côte dans de la spongine débordante. Quelques grands sigmates grêles s’y trouvent 
accrochés de place en place. 

La chair résiduelle, très claire, contient de ces subtylostyles épars, avec des micro- 
sclères, des anisochèles, des sigmates surtout, et aussi quelques spiculés étrangers. 

Les subtylostyles, un peu courbés, à base peu renflée et à pointe peu acérée, mesurent 
environ 200 y- sur 4. Les sigmates sont de deux sortes, les grands, nombreux, longs de 65 à 
95 y., épais de 1 y, et les petits, rares, longs de 25 y. seulement. Les anisochèles, assez clairse¬ 
més, ne sont longs que de 20 y.. 

Ces trois sortes de spiculés portent à voir en Spongia pluma une M y cale à charpente 
particulièrement solide et persistante.Ce n’est là, cependant, qu’une hypqthèse, puisqu’il ne 
lui a été vu d’anisochèles que d’une taille et pas de rosettes. En tout cas, la perte de son ecto- 
some ne permet pas de la déterminer ni de la décrire. 

Le spécimen a été rapporté par Péron et Lesueur des mers australes. 


Spongia carduus Lamarck, 

(PI. II, fig. 2.) 

37. Éponge chardon. Spongia carduus (A. M., p. 381 et A . s. V p. 361). 

Acanthella carduus (Lamarck). 

Trois spécimens sans étiquette autographe, mais avec étiquettes calligraphiées de 
Lucas. 

Le plus grand est le type. C’est d’après lui, en effet, comme le montre sa photographie 
( PI. II fig. 2), que fut rédigée la description de l’espèce. Un gros cormus d’Ascidie composé 
fixé au haut du pédoncule et bien visible à droite de la figure, a peut-être déterminé la 
croissance unilatérale de la lame. En disant cette lame (« son disque ») quelquefois prolifère, 
Lamarck a sans doute entendu faire allusion à un petit lobe qui vient en avant, presque au 
milieu de la face figurée, et à un autre plus important, situé sur la face opposée, plus près du 
pédoncule. 

Le pied, élargi en son point d'attache, est lisse. La lame est mince, ainsi desséchée. Des 
nervures qui montent du pied la soutiennent en rayonnant vers son bord et s’envoyant 
quelques anatomoses. Entre elles, par dessiccation, la chair s’est réduite à une membrane 
translucide en grandes plages, de sorte que la charpente de l’Eponge est fort bien visible 
par transparence. C’est le long des nervures que se dressent, sur les deux faces, les pointes 
roides qui ont suggéré la comparaison avec une feuille épineuse. On en voit déjà d’assez 
courtes hérisser le sommet du pédoncule. Elles atteignent ensuite 3 à 5 millimètres de 
hauteur. 

La dureté du pédoncule tient à ce qu’il consiste en une masse fibfo-spiculeuse dense. Les 
spiculés y sont surtout des strongyles flexueux entre-croisés sans ordre, auxquels se mêlent 
quelques oxes ; la spongine qui les unit est incolore, abondante, et dessine un vague réseau 
aux mailles capricieuses, toujours étroites. 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


4i 


La lame desséchée est fragile en ses bords. Ses côtes ou nervures ont un axe fibro-spi- 
culeux. Comme il prolonge la substance du pédoncule, les spiculés en sont encore des stron- 
gyles flexueux, mais la spongine en est brunâtre et, pour enrober ceux-ci, elle dessine une 
sorte de réseau étiré en long. Les conules ne contiennent que des oxes, en faisceaü axial très 
fourni, sans spongine. Ce sont, du reste, des oxes qu'on trouve autour des nervures, comme 
dans toutes les parties molles du corps, généralement abondants, un peu clairsemés seule¬ 
ment dans l’épaisseur des bandes de chair qui, tendues entre les nervures, sont demeurées 
lisses après dessiccation. 

Spiculés. — 1. Strongyles flexueux, inégaux, variant entre 660 (/. sur 4 et i mm ,05 sur 17. 
Les plus forts ont souvent un bout plus gros que l’autre, comme renflé à distance assez faible 
de son extrémité. 2. Oxes un peu courbés, non fusiformes, à pointes amincies par crans suc¬ 
cessifs ; ils mesurent pour la plupart de 475 à 525 y. sur 18 à 22. Quelques-uns restent assez 
grêles et peuvent alors se montrer flexueux. Il leur arrive exceptionnellement de tronquer 
un de leurs bouts comme pour marquer un terme de passage aux strongyles. 

Spongia carduus a des Acanthella la forme étalée, la surface glabre marquée de côtes et 
d’épines et les strongyles flexueux. La possession d’oxes véritables, en quantité de beaucoup 
prédominante dans sa partie lamelleuse, ainsi que la production de spongine en renforce¬ 
ment de ses lignes axiales la caractérisent en tant qu’espèce. C’est probablement d’après cela 
que Ridley s’est aperçu qu’on ne doit pas la confondre avec Acanthella pulcherrima Ridley 
et Dendy, du détroit de Torrès ( 33 , p. 177, PI. XXXII, fig. 3), à la simple lecture de la 
description de Lamarck. 

Les spécimens à’Acanthella carduus ont été rapportés par Péron et Lesueur des mers 
australes, sans indication plus précise de provenance. 


Spongia pannea Lamarck. 
(Pl. III, fig. 1.) 

38. Éponge drapée. Spongia pannea (A. M., p. 381 et A. s. V p. 361). 


Isodictya compressa (Esper). 

Le type, avec étiquette de Lamarck. Nul spécimen n’a encore été retrouvé au Muséum 
de la prétendue variété g, que Lamouroux a considérée, sans doute à juste titre, comme 
représentant une espèce différente. 

L’Éponge est haute de 19 centimètres, large de 26. Elle a un pédicule plein, ferme, apla¬ 
ti, certainement incomplet, comptant, à cet état, pour 4 centimètres dans la hauteur totale, 
large de 34 millimètres en bas, puis rapidement dilaté pour accompagner quelque temps la 
lame dans son expansion. Celle-ci s’étale dans un plan avec une épaisseur uniforme de 15 à 
20 millimètres. Sa surface, peu accidentée, se montre réticulée partout où elle est restée 
intacte ; le réseau en est assez large et constitué par les terminaisons des fibres primaires et 
par des fibres secondaires les reliant à ce niveau. Il n’existe nulle part trace d’une membrane 
ectosomique. Les oscules, nombreux, de 4 à 8 millimètres de diamètre, se disposent en série 
Archives du Muséum (6 e Série). V. — 6 


Source : MNHN, Paris 


42 


E. TOPSENT 


continue le long du bord libre de la lame, y desservant des canaux exhalants profonds, de 
même calibre. La charpente, ferme mais cassante, se compose de fibres polyspiculées, où un 
ciment de spongine incolore empâte de gros oxes serrés suivant leur longueur. 

Les fibres primaires, longuement continues et peu ramifiées, épaisses de ioo à 245 y-, 
traversent la lame un peu obliquement, en deux séries opposées, quoique aucun plan axial 
ne soit distinct à leur origine vers l’une ou l’autre face. Elles se tiennent le plus souvent 
distantes de 500 à 770 y. 

Les secondaires, épaisses de 55 à 100 y., mesurent, quand elles restent simples, leur 
longueur sur l’intervalle entre deux fibres primaires, qu’elles relient en droite ligne. Mais, 
pour la plupart, elles se divisent et tendent alors dans cet espace un réseau assez pauvre. 
Par places, en outre, se voient entre les fibres des vestiges d’un réseau unispiculé à mailles 
triangulaires ou polygonales. 

Les mégasclères sont uniquement des oxes, robustes, fusiformes, un peu courbés. Fré¬ 
quemment longs de 490 y. et épais de 27 y. au milieu, ils peuvent mesurer un peu moins ou, 
au contraire, un peu davantage, jusqu’à 560 y. sur 30. Il en est aussi, en proportion restreinte 
et sans intermédiaires, de relativement petits et grêles, mesurant, par exemple, 220 y. sur 6. 

Les microsclères sont des isochèles -palmés qui ont dû être très nombreux, à en juger 
d’après ce qu’il en reste encore collés aux entre-croisements des fibres. De forme ordinaire, 
longs de 30 y., ils ont les dents triangulaires, longues de 11 à 12 y., larges de 6 à 7 y, un peu 
retroussées en dehors à leur extrémité libre. Leur tige, de profil, est épaisse de 1 y. 7. 

Par sa structure et sa spiculation, Spongia pannea appartient au genre Isodictya Bower- 
bank, au sens restreint où Dendy a montré (5, p. 334) qu’on doit le comprendre d’après les 
règles admises de priorité, c’est-à-dire avec I. palmata pour type, en y joignant toutefois 
les Homœodictya Ehlers. 

Lamarck a pensé la reconnaître dans la Spongia compressa d’Esper ( 11 , p. 200, PL LV), 
qui est tout à fait de même forme. L’exactitude de sa supposition semble confirmée par la 
description qu’a faite Ehlers (7, p. 20) du type de S. compressa Esper, où se rencontrent, 
pour constituer une charpente semblable, mêmes oxes et mêmes isochèles palmés normaux, 
ces derniers seulement un peu plus grands que dans le spécimen de Lamarck. 

Esper ayant attribué à l’espèce une vaste dispersion géographique, Ehlers l’a soupçonné 
d’en avoir confondu plusieurs semblables d’aspect, mais il ne put se prononcer sur la prove¬ 
nance du spécimen même qui l’occupait. Une documentation très enrichie sur la faune des 
mers du Nord permet aujourd’hui de douter qu’il en ait fait partie. Il semble dès lors pro¬ 
bable. que c’est lui qui venait des Antilles. Cela indiquerait du coup l’habitat du type de 
Spongia pannea Lamarck. 

Spongia fissurata Lamarck. 

(PI. IV, fig. 4 -) 

39. Éponge fendillée. Spongia fissurata (A. M ., p. 382 et A. s. V p. 361). 

Phyllospongia ( Carteriospongia) joliascens (Pallas). 

Deux spécimens flabelliformes, minces, de couleur claire, à court pédicule, étiquetés 
par Lucas. 


Source : MNHN, Paris 


EPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


43 


L’un d’eux, haut de 20 centimètres, large de 26, à peine développé, légèrement 
convexe-concave, est tout à fait normal, à sillons un peu plus étroits sur la face convexe que 
sur l’autre, qui doit être exhalante. Le squelette est bien celui de l’espèce. Ce spécimen, 
d’après Lucas, aurait été rapporté des mers australes par Eydoux. 

L’autre, haut et large de 19 centimètres, est le type de la variété 3, incisa, sublaciniata ; 
iisstiris majoribus et rarioribus. C’est lui qui a inspiré à Lamarck une comparaison avec 
« un grand Lichen pulmonarius ». Mais cette vague ressemblance ne se présente que sur sa 
face concave (PI. IV, hg. 4). Du côté convexe, sillons et interstices auraient pu porter 
Lamarck à un rapprochement avec Spongia othaitica. Seul, l’aspect du côté concave est tout 
différent de ce qu’on voit d’ordinaire chez Phyllospongia foliascens : au lieu de sillons longi¬ 
tudinaux réunis par d’autres de même calibre, transversaux ou obliques, des dépressions 
isolées, ovales ou étirées dans le sens de la hauteur. Entre elles des aires pleines et lisses, 
souvent très étendues. Mais, par places et particulièrement vers les bords de la lame, les 
sillons se multiplient et s’entre-croisent comme d’habitude. 

Ce spécimen ne peut même pas passer pour une variété de P. foliascens. Il n’en repré¬ 
sente, à tout prendre, qu’une intéressante variation individuelle. La structure des aires les 
plus étendues de sa face concave se montre identique à celle des interstices pleins de sa face 
convexe : des fibres primaires contenant des grains de sable en gagnent la surface, et, dans 
leurs intervalles, un réseau de fibres conjonctives sans enclaves dessine un réseau assez 
dense, irrégulier. L’étrangeté de cette face tient à une sorte de condensation de ses dépres¬ 
sions exhalantes. ... 


Spongia cancellaria Lamarck. 

(PI. Il, iïg. 6.) 

40. Éponge cancellaire. Spongia cancellaria (A. M ., p. 382 et A. s. V p. 361). 

Rhaphidophlus cancellarius (Lamarck). 

La photographie du type, étiqueté par Lucas, montre l’exactitude de la description de 
Lamarck et en met les détails en valeur. Cette jolie petite Éponge, aux rameaux à peine 
épais de 1 millimètre, appartient au genre Rhaphidophlus. Un entassement de subtylostyles 
dressés encroûte sa surface et la rend blanchâtre. Quelques lambeaux de chair tendus entre 
les branches s’y sont trouvés maintenus par la dessiccation sous forme de pellicules translu¬ 
cides. Mais aucun orifice n’est visible. 

La spongine, brunâtre, est bien développée et déborde largement, dans les fibres de la 
charpente, les gros styles qui s’y tiennent solitaires ou par deux de front. Malgré cela et en 
raison de leur minceur, les rameaux sont fragiles. L’échantillon a éprouvé des dommages en 
partie réparés. 

Ce Rhaphidophlus n’offre d’intérêt véritable que par sa forme et ses proportions. Sa 
spiculation, bien constituée, est fort voisine de celle de R. spinifer Lindgren] et espèces 
affines. 

I. Mégasclères : 1. Styles des fibres, robustes, lisses, un peu courbés, à base très simple," 


44 


E. TOPSENT 


non renflée, à pointe assez courte mais acérée ; ils varient entre 190 y sur 15 et 160 y sur 9. 
2. Acanthostyles droits, à base renflée, entourée de petites épines, à tige conique, pointue, 
d’abord lisse assez longuement, puis couverte jusqu’à sa pointe d’épines récurvées, dont les 
premières au moins sont assez fortes. Ils sont nombreux et mesurent de 78 à 88 y de lon¬ 
gueur et de 7 à 10 y. d’épaisseur au niveau du col. 3. Subtylostyles droits, courbés ou flexueux, 
à base peu renflée, ornée de fines épines. Très inégaux, ils mesurent de 90 y sur 2 à 250 y sur 
5 y 5. Ils sont abondants partout, même dans les lambeaux de chair desséchés entre les 
rameaux. 

II. Microsclères : 4. Isochèles palmés sans caractères particuliers, longs de 12 à 15 y, 
assez clairsemés. Contre toute attente, il n’a pas été observé de toxes. 

La provenance de cette Éponge est inconnue. 

Spongia lyrata Lamarck. 

(PI. II, fig. 8.) 

41. Éponge en lyre. Spongia lyrata (A. M p. 382 et A. s. V p. 362). 

Siphonochalina lyrata (Lamarck). 

Le type, avec étiquette originale. La Spongia lyrata Esper, dont Lamarck a emprunté 
le nom spécifique, possède, d’après Ehlers (7, p. 23), des colonnes denses de styles de 300 y, 
réunies par des faisceaux d’oxes de moitié plus courts, et fait peut-être partie des Axinel- 
lides. Celle de Lamarck, à spiculation uniforme et faible, est une Chalinine. 

La figure 8 (PI. II) éclaire la description de ses caractères extérieurs. Le corps se com¬ 
pose d’une dizaine de tubes légèrement comprimés, peu réguliers, inégaux, à cavité très 
profonde, plus ou moins concrescents entre eux et disposés presque en éventail sur un pé¬ 
doncule commun. 

A l’intérieur, de grosses fibres, bien visibles à l’œil nu, montent parallèles, avec liens 
scalariformes seulement un peu moins forts qu’elles-mêmes. Un réseau secondaire serré, 
à trame grêle, s'établit par places dans les vastes intervalles qui les séparent. Les grosses 
fibres aboutissent vers le sommet des tubes perpendiculairement à la surface et y supportent 
sans le traverser un réseau dermique serré de fibres bien plus fines. Mais, sur presque toute 
leur hauteur, les tubes ont les faces limitées par un réseau primaire, tangentiel, lâche, dessiné 
par les grosses fibres, aux mailles duquel se superpose le délicat réseau dermique. Les nœuds 
du réseau primaire sont imperceptiblement en saillie, de sorte que la surface générale reste 
glabre. Les pores, peu distincts, sont des perforations du réseau primaire. Les oscules, en 
série sur le bord supérieur, arqué, de l’Éponge, peuvent atteindre 5 millimètres de dia¬ 
mètre. Consistance assez souple, élastique, mais charpente assez tenace. 

Dans l’eau, les fibres du réseau fondamental mesurent de 50 à 120 y de diamètre ; celles 
du réseau intercalaire ou dermique n’en ont pour la plupart que 16 à 20 ; quelques inter¬ 
médiaires, cependant, les relient aux précédentes. 

Toutes les fibres sont lisses et sans enclaves étrangères. Les primaires, polyspiculées, 
sont, en général, pleines de spiculés serrés, orientés suivant leur grand axe ; elles ont cepen- 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


“15 


dant quelquefois de la spongine débordante sur une certaine épaisseur. Les fibres les plus 
fines se montrent encore plurispiculées. 

Les oxes, faiblement courbés, non fusiformes, à pointes acérées mais plutôt courtes, 
varient entre 82 y. sur 3 et 95 y. sur 5. 

La provenance du spécimen (océan Indien ?) n’est pas certaine, et cela augmente la 
difficulté d’identifier, si cela doit se faire, S. lyrata avec quelque Siphonochalina suffisam¬ 
ment bien décrite depuis Lamarck. Sous cette réserve, je pense qu’elle a conservé sa valeur 
spécifique. 


Spongia sartaginula Lamarck. 

(Pi. IV, fig. 1.) 

43. Eponge poêle. Spongia sartaginula (A. M., p. 383 et A. s. V ., p. 362). 


Clathria sartaginula (Lamarck). 

Un spécimen large de 24 centimètres, haut de 20, dont seulement 2 cm ,5 pour son pédi¬ 
cule. Tous les détails de la description originale lui conviennent. Sauf au niveau des saillies 
plus ou moins retroussées de sa face convexe, la lame, au-dessus du pédicule, ne dépasse 
pas 2 millimètres d’épaisseur. 

Il s’agit d’une Clathria bifaciale, et la singularité de sa forme, soulignée par Lamarck, 
est particulièrement intéressante en raison du genre auquel elle appartient. Il est surtout 
remarquable de la voir ainsi pourvue d’oscules. Ceux-ci, légèrement surélevés et de 1 milli¬ 
mètre environ de diamètre, se distribuent sur sa face convexe en séries linéaires, surtout au 
sommet des crêtes étagées, concentriques, qui la parcourent, ainsi que le long de la marge 
pourtant amincie du corps. Il en existe aussi un semis diffus sur la face opposée, dans sa par¬ 
tie inférieure, qui est bombée, et un autre, plus restreint, voisin de son bord gauche. Le reste 
de la surface se montre assez finement ponctué, un peu îude au toucher. La consistance est 
ferme, solide, peu flexible. La structure apparaît fibreuse, finement réticulée, sur la majeure 
partie de la face concave et sur tous les points usés par des frottements. Les solutions de con¬ 
tinuité du limbe semblent réellement avoir la signification de lacunes résultant d’une crois¬ 
sance irrégulière. Il faut, cependant, noter en outre, sur la face concave, huit ou dix dépres¬ 
sions de 5 à 7 millimètres de diamètre qui rappellent le début des perforations observées 
sur des Euspongia officinalis lamella de la côte d’Algérie. 

La spongine, jaunâtre, prend une très grande part à la constitution du squelette 
dont elle fait un réseau continu de fibres. Dans l’eau, celles-ci varient entre 40 et 90 y. 
de diamètre. Les primaires, épaisses de 60 à 90 y., sont longues et se portent d’une face à 
l’autre ; les secondaires, courtes, au contraire, souvent épaisses de 40 y. seulement, mais 
quelquefois aussi de 70 y-, servent à les unir et composent avec elles des mailles fort inégales. 
Les fibres primaires renferment de gros styles lisses, orientés dans le même sens, la pointe 
vers la périphérie, solitaires ou par deux de front tout en se tenant à des hauteurs différentes. 
Les fibres secondaires en sont dépourvues, et les plus minces d’entre elles peuvent même res¬ 
ter complètement aspiculeuses. Mais elles sont, pour la plupart, hérissées, comme les pri- 


Source : MNHNParis 


46 


E. TOPSENT 


maires, d’acanthostyles à base engagée dans leur substance. A la surface du corps, les fibres 
primaires se terminent par un bouquet d’acanthostyles qui contribue à la rendre un peu 
rude au toucher. 

La spiculation se compose des éléments suivants : 

I. Mégasclères : i. Styles principaux, lisses, droits, coniques, courts et épais, à base un 
peu plus mince que la tige, à pointe conique. Ils sont du type de ceux de Clathria corulloides 
et mesurent ioo à 140 y de longueur sur 16 y. d’épaisseur, 14 y. seulement en leur base. Ce 
sont eux qui soutiennent intérieurement les fibres primaires. 2. Acanthostyles courts mais 
robustes, droits, longs de 65 à 70 y., à base épineuse, épaisse de 13 à 15 y., à tige d’abord lisse, 
épaisse de 10 y., puis couverte d’épines droites ou à peine récurvées, serrées, diminuant gra¬ 
duellement de hauteur, jusqu’à sa pointe, qui est toujours obtuse ou même tronquée. Ils 
sont nombreux mais solitaires. 3. Subtylostyles grêles, un peu courbés ou flexueux, à base 
très peu renflée, sans épines ; longs de 135 y. environ, ils n’ont que 2 à 3 y. d’épaisseur. C’est 
surtout entre les bouquets périphériques d’acanthostyles qu’ils se rencontrent dans cette 
Éponge macérée, solitaires ou par petits groupes. 

TI. Microsclères : 4. Toxes lisses, assez fins, arqués, à bouts récurvés, longs de 20 à 80 y, 
les plus courts plus fréquents que les autres. Il n’a pas été observé de chèles, même au pour¬ 
tour des oscules le mieux protégés. 

La provenance de Clathria sartaginula est malheureusement ignorée. 


Spongia appendiculata Lamarck. 

(PI. IL %• 3-) 

44. Éponge appendiculée. Spongia appendiculata ( A. \I p. 383 et A. s. V ., p. 362). 


Wilsonella appendiculata (Lamarck). 

Un spécimen, haut de 23 centimètres, épais de 3 à 4 millimètres, étiqueté par Lamarck 
sans indication de variété. 

Il n’a pas d’oscules. Celles de ses perforations qui y ressemblent ont été occupées ou le 
sont encore par des Cirrhipèdes. Son encroûtement, qui n’existe plus que sur une partie de 
l'une de ses faces, est blanchâtre et consiste en un feutrage de styles. 

La charpente est un réseau de fibres cornées, dont les primaires, dans l’eau, mesurent 
de 70 à 80 y. d’épaisseur et les secondaires de 35 à 60 y.. 

Les primaires, longues, sont polyspiculées, une bande de styles pressés les uns contre 
les autres occupant leur axe. Les secondaires, courtes, sont totalement dépourvues de ces 
spiculés ou n’en contiennent que fort peu, solitaires et épars. Toutes sont libres de corps 
étrangers mais hérissées assez lâchement d’acanthostyles. 

Il n’existe que deux sortes de mégasclères : i° des styles lisses, diversement courbés ou 
même flexueux, à base simple, à tige non ou à peine renflée, à pointe assez longue, fort iné¬ 
gaux entre 100 y. sur 2 et 280 y. sur 5 ; 2 0 des acanthostyles assez faibles, droits, longs de 45 à 
55 y> épais de 4 y. à 4 y. 3, bien pointus, à base peu renflée, à épines faibles. 


Source : MNHN, Paris 


El'ON GELS DE l.AMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


•17 


Les microsclères ont dû être rares. Il n’a pu être observé qu’un isochèle palmé , long de 
17 \j., accolé à une fibre. 

La provenance de Wilsonella appendiculata est inconnue. 

Spongia usitatissima Lamarck. 

45. Éponge usuelle. Spongia usitatissima (A. M., p. 383 et A. s. V., p. 363). 

Euspongia ofjicinalis (Linné pars), var. usitatissima Lamarck. 

Syn. : Euspongia officinalis , var. mollissima F.-E. Schulzo, 1875. 

Aucun spécimen ne s’en retrouve dans la collection, quoique Lamarck en ait noté des 
aspects différents. 

Malgré cela, il n’est pas douteux qu’il ne se soit agi de ce que les marchands appellent 
fine Syrie, Eponge douce du Levant, Turkey cup, etc. Sa forme en coupe, avec les oscules 
à l’intérieur, parfois en alignées radiales, sa lobulation éventuelle au dehors, sa consistance, 
tout en est fort bien décrit et la rend si aisément reconnaissable que les collections anciennes, 
comme celle de Hermann, à Strasbourg, la possèdent étiquetée Spongia usitatissima. 

Le nom plus récent qu’elle a reçu de F.-E. Schulze fait double emploi. 

Lamouroux a exprimé sa surprise ( 21 , p. 41) que, distinguant plusieurs Eponges com¬ 
merciales, Lamarck n’ait cité aucun synonyme, au moins pour celle-ci. Il s’est demandé ce 
qu’était, dans ces conditions, devenue la Spongia ofjicinalis. Schulze l’a conservée en partie, 
mais, au lieu de Euspongia officinalis mollissima, il aurait dû écrire E. 0. usitatissima, par 
droit de priorité. 

Il ne faut pas attacher d’importance au fait que Lamarck a donné les mers d’Amérique 
comme origine de sa Spongia usitatissima. C’est une erreur de sa part, facile à corriger par 
cela même qu’il l’a déclarée objet de commerce, employée aux usages domestiques. 

Pallas a bien dit, en 1766 ( 29 , p. 387), qu’on recevait d’Amérique desÉponges assez sem¬ 
blables à Spongia ofjicinalis, mais ce n’était alors qu’àtitre de curiosités, et toutes lesÉponges 
utiles venaient de la Méditerranée. Guettard avait même cru les Éponges fines de la variété 
en question, dont il a donné des dessins ( 13 ,PI. III-V), originaires,comme lesÉponges com¬ 
munes, des côtes d’Afrique et introduites en France par la voie de Marseille. 

Spongia tubulifera Lamarck. 

(Pl. I, fig. 7.) 

46. Éponge tubulifère. Spongia tubulifera (. 4 . M., p. 384 et A. s. V ., p. 363). 

Euspongia officinalis (Linné), var. tubulifera Lamarck. 

Le spécimen type, avec l’étiquette originale. 

C’est une Éponge d’assez grande taille. Les dimensions approximatives, la couleur, la 
consistance, la forme générale en ont été notées. Il s’agit d’une Euspongia : sa surface est 
conuleuse, poreuse, sans cavités vestibulaires. Plus précisément, elle appartient à l’espèce 


Source : MNHN, Paris 


4 8 


E. TOPSENT 


E. officinalis (Linné, str. s.) par ses fibres primaires à enclaves et ses fibres conjonctives 
homogènes, de grosseur assez uniforme, en réseau continu. Lamarck l’a comparée à la va¬ 
riété usitatissima, creusée en cratère, de cette espèce. Elle en a la mollesse et, trempée dans 
l’eau, elle peut être aisément comprimée entre les mains jointes par les doigts, quoiqu’elle 
figure en extension une sorte d’X empâté aux deux branches croisées longues de plus de 
30 centimètres. Mais elle représente une variété spéciale parfaitement caractérisée. 

Irrégulière et caverneuse en dessous, elle paraît n’avoir pris que quelques points d’at¬ 
tache à des corps durs espacés. Elle a crû sous forme de lames tubuleuses qui se sont anasto¬ 
mosées, quatre d’entre elles, mieux individualisées, dont trois plus parfaitement, consti¬ 
tuant ces lobes angulaires très saillants et disposés en étoile que Lamarck a décrits. La hau¬ 
teur de ces lames ne dépasse guère 10 centimètres. Chacune se compose de plusieurs tubes 
soudés en série linéaire, pour la plupart sur toute leur longueur. La profondeur des tubes 
égale presque la hauteur de la lame ; leur lumière, isodiamétrique, se mesure au niveau de 
leur orifice, de diamètre variable entre 8 et 15 millimètres, les plus larges étant nombreux. 
Ainsi s’explique le qualificatif tubulifera de la variété. 

Lamarck l’a déclarée porosissima. La face externe des lames est, en effet, semée de 
pores arrondis, très apparents, dont beaucoup dépassent 1 millimètre de diamètre et en 
atteignent assez souvent 2. Ils ne sont souvent distants que de 1 millimètre et livrent accès 
dans des canaux de même calibre, visibles par transparence jusqu’à la paroi interne des 
tubes, où ils aboutissent directement. 

Entre les pores se dressent les conules, simples et assez bas. Les fibres primaires qui 
forment l’axe de chacun d’eux sont très longues, indivises, et, parallèles, se distinguent bien 
à l’œil nu, en clair, grâce à leur contenu. Leur grosseur n’est cependant que de 45 à 55 y. 
dans l’eau. Elles n’incorporent guère que des débris de spiculés, en densité faible, parfois 
clairsemés, et s’en trouvent peu déformées. Leurs extrémités donnent insertion oblique à peu 
de fibres conjonctives. Dès la surface du corps commence un réseau conjonctif à mailles 
généralement pentagonales ou hexagonales emplissant l’intervalle entre les pores ainsi 
qu’entre les canaux inhalants qui leur font suite. Les fibres conjonctives ont, dans l’eau, de 
20 à 32 y. de diamètre, mais surtout 28 à 30 et, à sec, 15 à 26 y., mais surtout 20 à 23 y.. 
Elles jouissent d’une grande souplesse. Le réseau qu’elles forment est plutôt serré, dessinant 
des mailles en général peu étirées, dont la grande dimension est surtout comprise entre 145 
et 245 y. seulement, quoiqu’elle atteigne parfois 350 y., rarement 420 y.. Le tout semé d’assez 
nombreuses petites mailles de 70 à 100 y., rectangulaires, presque carrées. 

Lamarck supposait le spécimen d’origine américaine. 

Hyatt ( 16 , p. 511) en a fait le type d’une sous-espèce tubulifera de Euspongia offici¬ 
nalis, à laquelle il a cru pouvoir rapporter une dizaine de variétés américaines. Bien diffé¬ 
rentes de lui, elles laisseraient sans solution le problème de sa provenance. Mais un fragment 
plus frais d’une Euspongia officinalis, étiqueté jadis «Spongia tubulifera Lk. Cuba » par 
l’aide-naturaliste Bernard et microscopiquement identique à ce qui vient d’être décrit, 
prouve que la variété tubulifera existe aux Antilles. Duchassaing et Michelotti, qui l'y ont 
déclarée répandue et même utilisée (6, p. 34, PI.IV, fig. 1-3), semblent bien l’avoir correcte¬ 
ment déterminée. 


Source : MNHN, Paris 


ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


49 


Spongia stellifera Lamarck. 

47. Éponge «tellifère. Spongia stellifera (A. M., p. 384 et A, s. V p. 363). 

Euspongia officinalis var. lamella (F.-E. Schulze). 

Etonnamment mal informé sur la provenance des Éponges usuelles, Lamarck n’a heu¬ 
reusement attribué qu’avec doute une origine américaine à ses Spongia stellifera. 

Les détails qu’il a donnés de leurs dimensions, de leur forme, de leur consistance et de 
leur couleur, ainsi que la ressemblance qu’il leur a trouvée avec l’Éponge figurée par Esper 
( 10 , PI. XIV), sous le nom de Spongia agaricina, permettent, en effet, de reconnaître aisé¬ 
ment en elles ces Éponges communes de la Méditerranée appelées Oreilles d’Éléphant dans 
le commerce et tenues par F.-E. Schulze ( 36 ) pour une variété lamella de Euspongia offici¬ 
nalis. On leur voit souvent la face supérieure ou interne parsemée d’oscules composés dont 
les ouvertures se disposent en étoiles, ainsi que Lamarck les a décrits. 

Après avoir, en 1824, dans 1 ’Encyclopédie méthodique des Zoophytes (p. 337), émis l’avis 
que « le Spongia stellifera ne diffère point de l’Éponge agaricine », Lamouroux s’est curieuse¬ 
ment contredit (p. 346), en déclarant la Spongia agaricina d’Esper sans rapport avec l’Éponge 
stellifère. Mais F.-E. Schulze s’est assuré que la Spongia agaricina d’Esper était bien une 
de ses Euspongia officinalis lamella. 

Étant données leur fréquence et la facilité de les conserver à sec, il serait surprenant que 
Lamarck ait manqué d’en avoir quelqu’une entre les mains. Or, de ses Spongia 45 à 62, 
concaves, évasées, cratériformes ou infundibuliformes, aucune autre que S. stellifera ne les 
rappelle, et celle-ci n’en diffère par aucun caractère. 


Spongia striata Lamarck. 
(PL I, fig. 2 et fig. IV du texte 3 
48. Éponge striée. Spongia striata (A. M., p. 384 et A. s. V., p. 363). 


Ianthella basta (Pallas) Gray. 

Le type. C’est un spécimen infundibuliforme de l’Éponge flabelliforme et découpée que 
Rumph a figurée sous le nom de Basta marina ( 34 , PI. LXXXIX, fig. 1). Pallas a décrit Spon¬ 
gia basta comme undulato-laciniosa, stipite tereti ( 28 , p. 379). Gray, qui en a fait une Ianthella 
( 12 , p. 51), l’a vue en entonnoir incomplet. Enfin, Lendenfeld l’a dite composée de lamelles 
enroulées en spirale et a reproduit la photographie du squelette d’un spécimen très découpé 
( 25 , PI. XLVII, fig. 5). 

Contrairement à ce que l’on a cru jusqu’ici, les Spongia basta de Esper ( 10 , PI. XXV) et 
de Lamarck ( 17 , p. 441) diffèrent complètement de l’Éponge de Rumph et de Pallas. Ce ne 
sont pas des Ianthella. Leurs fibres noires sont homogènes et, plus fines que celles de I. basta, 
se disposent sur plusieurs rangs dans l’épaisseur des lobes foliacés. 

Archives du Muséum (6 e Série). V. — 7 


Source : MNHN, Paris 


50 


E. TOPSENT 


La Ianthella basta, appelée Sftongia striata par Lamarck, a été desséchée avec sa chair, 
qui s’est collée sur son squelette sans laisser d’orifices distincts. Très mince et fragile, elle 
a perdu son bord naturel par des chocs répétés. Elle est noire dans l’ensemble, mais, exami¬ 
née par transparence, sa chair se montre rougeâtre, et ses fibres préparées prennent la même 
coloration. L’entonnoir a le fond plein, maintenant pris dans une sorte de mastic qui le 
tient dressé sur un socle. Il est parcouru dans le sens de la hauteur par des crêtes parallèles 
distantes de 2 et surtout de 3 millimètres, également en relief sur ses deux faces et hérissées 
aussi bien en dedans qu’en dehors d’épines en série linéaire, hautes de o mm ,5 à 1 millimètre 



Fig. IV .—Ianthella basta { Pallas) Gray = Spongia striata Lamarck.— a, portion de charpente montrant lemode d'union de quatre 
lames verticales réticulées vues sur la tranche ; b, portion d une lame verticale réticulée vue suivant son épaisseuret montrant 
ainsi les épines qui s’en élèvent sur les deux faces de l’Éponge. Le tout x <). 

et espacées aussi de o mm ,5 à 1 millimètre. Des ponts un peu saillants sont tendus transversa¬ 
lement entre les crêtes à des intervalles de i mm ,5 à 3 millimètres. 

Le squelette mis à nu se montre de structure aisément définissable. Les fibres, épaisses 
de 190 à 385 y., contiennent en abondance les cellules caractéristiques des Ianthella. Pour 
composer chacune des lignes primaires verticales de la charpente, elles se disposent en une 
lame réticulée, comprimée et juste assez large dans le sens antéro-postérieur pour se trou¬ 
ver, après la dessiccation, en saillie sur les deux faces de la paroi. Des extrémités libres de 
fibres sur les bords de ces lames servent d’axe très simple aux épines ou conules (fig. IV b). 
Enfin, des fibres de même nature et de même grosseur que celles des lames verticales relient 
transversalement ces dernières, sur le mode scalariforme ou, par une complication fréquente 
que l’examen extérieur ne laisse pas soupçonner, en établissant un réseau plan à mailles 
fort inégales (fig. IV a). 

Lamarck s’est demandé si son Éponge ne venait pas des mers d’Amérique. On sait que 
Ianthella basta vit dans les eaux de la Malaisie, notamment des Moluques. Elle aurait aussi 
été recueillie dans l’océan Indien. 


Source : MNHN, Paris 











ÉPONGES DE LAMARCK CONSERVÉES AU MUSÉUM DE PARIS 


5i 


Spongia campana Lamarck. 

49. Éponge cloche. Spongia campana (A. M p. 385 et A . s. V ., p. 364). 

Hircinia (Sarcotragus) campana (Lamarck). 

Il est depuis longtemps établi que cette Eponge est une Hircinia. Elle a été figurée à 
plusieurs reprises. Lendenfeld, qui l’a rangée dans le sous-genre Sarcotragus ( 25 , p. 569), a 
réuni la bibliographie qui la concerne et noté ses observations personnelles. 

Les filaments, dans le type, atteignent 7 y. d’épaisseur. 


(A suivre.) 



Source : MNHN, Paris 


BIBLIOGRAPHIE 


1 . — Blainville (H.-M.-D. de), Manuel d'Actinologie ou de Zoophytologie, avec atlas de ioo planches. Paris, 

1834-1837. 

2 . — Bowerbank (J. S.), Contributions to a General History of the Spongiadæ. Part IV (Proc. Zool. Soc., 

p. 3-25, PI. I-IV. London, 1873). 

3 . — Carter (H. J.), Descriptions of Sponges from the neighbourhood of Port Phillip Heads, South Austra- 

lia [Ann. and Mag. 0/ nat. hist. (ser. 5), vol. XVI, p. 277-294 and 347-368. London, 1885]. 

4. — Dendy (A.), Report on the Sigmatotetraxonida collected by H.M. S. Searlark in the Indian Océan ( Trans. 

Linn. Soc., vol. XVIII, P. I. London, 1921). 

5. — Dendy (A.), Porifera (P. I.), Non-Antarctic Sponges [Brit. Antartic (« Terra Nova») Exped., 1910. 

Zoology, vol. VI, n° 3, p. 269-392, PI. I-XV. Brit. Mus. (Nat. Hist.). London, 1924]. 

6. — Duchassaing (P.) et Michelotti (G.), Spongiaires de la mer Caraïbe (Naturkund. Verhandel. Hollandsch 

Maatsch. der Wetenschappen , vol. XXL Haarlem, 1864). 

7. — Ehlers (E.), Die Esper’schen Spongien in der Zool. Sammlung der k. Universitât. Erlangen, 1870. 

8 . — Ellis (J.), On the Nature and Formation of Sponges (Phil. Trans. of the Roy. Soc., vol. LV, p. 280-289, 

PI. X-XI. London, 1766. 

9. — Ellis (J.) and Solander (D.), The natural history of many curious and uncommon Zoophytes. London 

1786. 

10. — Esper (E. J. C.), Die Pflanzenthiere, II Theil. Nürnberg, 1794. 

11. — Esper (E. J. C.), Fortsetzungen der Pflanzenthiere. Erster Theil. Nürnberg, 1797. 

12. — Gray (J. E.), Note on Ianthella, a new Genus of Kératose Sponges (Proc. Zool. Soc., p. 49. London, 1869). 

13. — Güettard (J.-E.), Nouvelle collection de Mémoires sur différentes parties intéressantes des Sciences et 

Arts, 1 . 1 . Paris, 1786). 

14. — Hallmann (E.-F.), Report on the Sponges obtained by the F. I. S. Endeavour on the Coasts of N. S. 

Wales, Victoria, S. Australia. Queensland and Tasmania. iqoq-iqio. P. 1 (Zool. Results « Endeavour », 
P. IL Sydney, 1912). 

15. — Hyatt (A.), Révision of the North American Poriferæ, P. 1 (Mem. Boston Soc. Nat. Hist., vol. II, P. IV 

n° 2. Boston, 1875). 

16. — Hyatt (A.), Révision of the North American Poriferæ, P. II (Mem. Boston Soc. Nat. Hist., vol. II, p. IV, 

n° 5. Boston, 1877). 

17. — Lamarck (J.-B. de), Sur les Polypiers empâtés (Annales du Muséum d'His/oire naturelle, t. XX, p. 294- 

312, 37°“386, 432 - 458 - Paris, 1813). 

18. — Lamarck (J.-B. de), Suite des Polypiers empâtés (Mémoires du Muséum d'His/oire naturelle, t. I, p. 69-80, 

162-168, 331 - 334 - Paris, 1815). 

19. — Lamarck (J.-B. de), Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, t. IL Paris, 1816. 

20. — Lamarck (J.-B. de), Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, 2 e édit., t. IL Paris, 1836. 

21. — Lamouroux (J.-O.-F.), Histoire des Polypiers coralligènes flexibles, vulgairement nommés Zoophytes. 

Caen, 1816. 

22. — Lamouroux (J.-O.-F.), Exposition méthodique de l’ordre des Polypiers. Paris, 1821. 

23. — Lendenfeld (R. von), Die Chalineen des australischen Gebietes (Zoolog. Iahrbuch., vol. II, S. 723. Iena, 

1887). 

24. — Lendenfeld (R. von), Descriptive catalogue of the Sponges in the Australian Muséum Sydney. London, 

18 88. 


Source : MNHN, Paris 



54 


E. TOPSENT 


25 . — Lf.ndenfeld (R. von), A Monograph of the Homy Sponges. London, 1889. 

26 . — Lendenfeld (R. von), Tetraxonia (Das Thierreich. Porifera. Berlin, 1903). 

27 . — Linné (G. de), Systema Naturæ, edit. XII, 1. 1 . pars IL Holmiæ, 1767. 

28 . — Pallas (P. -S.), Elenchus Zoophytorum. Hagæ, 1766. 

29 . — Plancus (J.), De conchisminus notis liber. Romæ, 1760. 

30 . — Poiret (Abbé), Voyage en Barbarie, vol. IL Paris, 1789. 

31 . — Potts (Edw.), Fresh Water Sponges. A monograph. Philadelphia, 1887. 

32. — Ridley (S.-O.), Spongiida. Report on the zoological Collections made in the Indo-Pacific Océan during 

the voyage of H. M. S. Alert, 1881-1882, p. 366 and 582 (Brit. Mus. London, 1884). 

33 . — Ridley (S.-O.) and Dendy (A.), Report on the Monaxonida collected by H. M. S. Challenger during the 

years 1873-1876 (The Voyage of H. M. S. « Challenger», Zoology, vol. XX. Edinburgh, 1887). 

34 . — Rumph (G.-E.), Herbarium amboinense. Pars sexta..., Amstelœdami, 1750. 

35 . — Schmidt (O.), Die Spongien des adriatischen Meeres. Leipzig, 1862. 

36 . — Schulze (F.-E.), Untersuchugen über den Bau und die Entwicklung der Spongien. Die Familie der Spon- 

gidæ (Zeitschr. f. wiss. Zoologie, XXXII Bd., S. 593-660, Taf. XXXIV-XXXVIII. Leipzig, 1879). 

37 . — Schweigger (A.-F.), Beobachtungen auf naturhistorischen Reisen. Berlin, 1819. 

38 . — Seba (A.), Locupletissimi rerum naturalium thesauri, I, III. Amstelœdami, 1578. 

39. — Topsent (E.), Éponges de San Thome. Essai sur les genres Spirastrella , Donatia et Chondrilla (Arch. 

Zool. exp. et gén. t t. LVII, p. 535-618. Paris, 1918). 

40 . — Topsent (E.), Sur quelques Éponges du cabinet de J. Hermann décrites et figurées par Esper en 1794 

(Bull. Soc. Zool. de France, vol. XLV, p. 314-327. Paris, 1920). 

41 . Topsent (E.), Tethya aurantium (Pallas) et les Tethya de Lamarck (Bull. Mus. Hist. Nat., p. 640-646. 

Paris, 1920). 

42 . Topsent (E.), Sur les Ciocalypta Bow. (('. R. Ass. franc, pour Avanc. des Sciences. Congrès de Rouen, 

p. 687-692). 

43 . — Vosmaer (G.C. J.), Spongien. Die Klassen und Ordnungen des Thierreichs. Leipzig und Heidelberg, 

1887. 

44 . — Whitelegge (Th.), Report on Sponges from the Coastal Beaches of N. S. Wales (Rec. Australian Mu¬ 

séum, vol. IV. Sydney, 1902). 

45 . — Whitelegge (Th.), Sponges. Monaxonida, P. I (Scient. Results of the Trawling Expédition of H. M. S. 

« Thetis » of the Coast of N. S. Wales, 1898. Australian Muséum. Mem., IV. Sydney, 1906). 


Source : MNHN, Paris 



Explication des Planches 


Planche I. 

Fig. i. — Geodia gibberosa Lamarck. Le type, un peu féduit (p. 3). 

Fig. 2. — Spongia striata Lamarck [= lanthella basta (Pallas) Gray]. Le type, presque réduit au tiers (p. 49). 

F'ig. 3. — Spongia cellulosa Lamarck [= Echinoclathria favus Carter]. Le type (p. 20). 

Fig. 4. — Spongia sinuosa Lamarck [= Coscinoderma sinuosum (Lamarck)]. Spécimen très réduit (p. 12). 

F'ig. 5. — Spongia javosa Lamarck [= Echinochalina favosa (Lamarck)]. Spécimen un peu réduit (p. 19). 

Fig. 6. — Spongia pes leonis Lamarck [= Coscinoderma pes leonis (Lamarck)]. Le type un peu réduit (p. 33). 

Fig. 7. — Spongia tubulifera Lamarck [= Euspongia officinalis (Linné), var. tubulifera Lamarck]. Le type, très 
réduit (p. 47). 

F'ig. 8. —? Spongia penicillosa Lamarck [= Thorecta penicillosa (Lamarck)]. Spécimen type de la variété a, 
réduit (p. 30). 

F'ig. 9. — Spongia penicillosa Lamarck f— Thorecta penicillosa (Lamarck)!. Spécimen type de la variété f*, un 
peu réduit (p. 30). 


Planche II. 

Fig. r. — Spongia anatipes Lamarck f— Arenochalina anatipes (Lamarck)]. Fragment delà partie inférieure 
dy type, réduit de moitié (p. 35). 

F'ig. 2. - Spongia carduus Lamarck [= Acanthella cardnus (Lamarck)]. Le type, réduit (p. 40). 

F’ig. 3. Spongia appendiculata Lamarck [— Wilsonella appendiculata (Lamarck)]. Spécimen réduit de moitié 
(p. 46). 

Fig. 4. — Spongia crassiloba Lamarck j = Chalina crassiloba (Lamarck)]. Le type, réduit de moitié environ 
(p. 21). 

F'ig. 5. — Spongia crassiloba Lamarck [= Chalina crassiloba (Lamarck)]. Le même spécimen photographié 
d’en haut pour mettre en évidence les oscules marginaux. 

F'ig. 6. — Spongia cancellaria Lamarck [= Rhaphidophlus cancellarius (Lamarck)]. Le type, réduit de un 
sixième environ (p. 43). 

F'ig. 7. — Spongia myrobalanus Lamarck [= Coscinoderma myrobalanns (Lamarck)]. Deux spécimens, peu 
réduits (p. 32). 

Fig. 8. — Spongia lyrata Lamarck [= Siphonochalina lyrata (Lamarck)]. Le type, réduit presque de moitié 
(P- 44 ). 

F'ig. 9. — Tethya cavernosa Lamarck (= Cinachyra Providentiæ Dendy, var. cavernosa Lamarck). Spécimen 
coupé, vu par sa face externe. Gr. nat. (p. 5). 

Fig. 10. — Tethya cavernosa Lamarck (= Cinachyra Providentiæ Dendy, var. cavernosa Lamarck). Section 
du même spécimen. 


Planche III. 

F'ig. 1. — Spongia pannea Lamarck [= Isodictya compressa (Esper)]. Le type, réduit de moitié environ (p. 41). 
Fig. 2. — Spongia angulosa Lamarck [= Cacochalina angulosa (Lamarck)]. Spécimen de la variété | 3 , un peu 
réduit (p. 27). 



56 


E. TOPSENT 


Fig. 3. — Spongia byssoides Lamarck [= Thorecta byssoides (Lamarck) Lendenfeld]. Spécimen de la variété fi, 
réduit (p. 25). 

Fig. 4. — Spongia septosa Lamarck [= Spongelia septosa (Lamarck)]. Le type, réduit (p. 20). 

Fig. 5. — Spongia rimosa Lamarck [= Thorecta rimosa (Lamarck)]. Le type delà variété subclavata, très peu 
réduit (p. 29). 

Fig. 6. — Spongia tabula Lamarck [= Ectyoplasia tabula (Lamarck)]. Le type, très peu réduit (p. 23). 

Fig. 7. — Tethya pulvinata Lamarck [= Stelletta pnlvinata (Lamarck)]. Fragment très peu réduit (p. 6). 

Fig. 8. — Spongia placenta Lamarck [= Wilsonella placenta (Lamarck)]. Le type, réduit de moitié (p. 24). 

Planche IV. 

Fig. 1. — Spongia sartaginula Lamarck [= Clathria sartaginula (Lamarck)]. Spécimen réduit de moitié (p. 45). 

Fig. 2. — Spongia plancella Lamarck [= Spinoselia plancella (Lamarck)]. Le type, fortement réduit (p. 36). 

Fig- 3- —■ Spongia /ilamentosa Lamarck r = Hircinia (Polyfibrospongia) filamentosa (Lamarck)]. Spécimen assez 
fortement réduit (p. 18). 

Fig. 4. — Spongia /issurata Lamarck [= Phyllospongia (Casteriospongia) foliascens (Pallas)]. Le type de la 
variété fi, réduit de moitié environ (p. 42). 

Fig. 5. — Spongia pluriloba Lamarck [= Arenochalina mirabilis (Lendenfeld), var. plnriloba Lamarck]. Le 
type réduit de moitié environ (p. 28). 

Fig. 6. — Spongia barba Lamarck [= Echinochalina glabra Ridley et Dendy]. Spécimen macéré, un peu 
réduit (p. 15). 

Fig. 7. — Spongia licheni/ormis Lamarck (= Aplysina cellulosa Hyatt). Fragment macéré, réduit d'un quart 
environ (p. 14). 


Source : MNHN, Paris 


Archives du Muséum - 6 e Série, Tome V. 


PU 

(Topsent) 



E. Topsent, phot. 


Masson & C 1 * 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 





Source : MNHN, Paris 


Archives du Muséum - 6* Série, Tome V. 


PL. Il 

(Topsent) 



H. TOPSBNT, phot. 


Masson & C‘° 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 






















Source : MNHN, Paris 


PI. 111 

(Topsent) 


Archives du Muséum - Série, Tome V. 








WÎÆ-V^,.'* 

’lt^M r */v<: *»^\,*,)\Nj-'t. ‘<?y^ *w. 



SaSKS$&: 

NTtîtZv^ -- .h# .•.; ■ -*^v'>nîvS4>>if *' 



■‘"jijWVl'.* Î^V»jUvV 

gspgj^ . 




E. Topsent, phot. 


Masson & O* 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 






































Source : MNHN, Paris 


Archives du Muséum - 6 e Série, Tome V. 


PI. IV 

(Topsbnt) 


E. Topsent, phot. 


Masson & C ie 
Éditeurs 







mm 


Source : MNHN, Paris 





Source : MNHN, Paris 


Recherches 


sur les -1 

Sauterelles-Feuilles de l’Amérique tropicale 

Par M. P. VIGNON 

Docteur ès sciences (i). 


Ce mémoire réserve le nom de Sauterelles-feuilles à celles qui, ne se bornant pas à 
être n’importe comment brunes ou vertes, ont un élytre peint de façon raffinée, taché, 
rongé, échancré même, comme si des champignons ou des insectes l’avaient attaqué réelle¬ 
ment. Sont pour nous des Sauterelles-feuilles, les Ptérochrozes, et certains Phanéroptérides 
d’exception. C’est de l’Amérique tropicale que les Sauterelles-feuilles arrivent, à l’état, 
hélas! de cadavres,dans nos musées: nul n’en a fait l’étude directe. Aussi la distinction des 
espèces est-elle ici dans l’enfance. Impossible d’examiner les organes génitaux internes de 
bêtes si rares. Et puis, voici une « variété » remarquable : comment dire si elle est fixée, 
ou non, quand l’insecte est unique? Nous ferons de notre mieux. Il faudra, du même coup, 
dégager des tendances évolutives qu’il est curieux de voir aller souvent aujourd’hui à 
l’encontre du mimétisme. Pour ce qui a trait à la copie qui est faite ici de la feuille, il faudra 
dire les subtilités, les minuties qui déconcertent. 

Il y a huit ans, l’auteur soumettait à l’examen de M. le Professeur E.-L. Bouvier sa 
première Ptérochroze (PI. II, fig. 8). J’ai présent encore à l’esprit l’accueil du maître : 
un accueil qui dure toujours, puisqu’il n’est pas de témoignage de bonté indulgente que le 
chef de l’Entomologie française ne m’ait prodigué depuis lors. 

Comme l’an dernier et plus encore, M. le Professeur Anthony a bien voulu me faire 
confiance et faciliter de tout son pouvoir la reproduction de documents délicats. M. Neuville 
m’a donné les plus précieux conseils. 

Au Laboratoire d’Entomologie du Muséum, MM. Lesne et Berland, MM. Le Cerf, 

(i) L'auteur a bénéficié, pour un voyage (l’étude, d'une subvention accordée par le Comité d’aide à la Recherche scientifique 
siégeant à la Sorbonne. Il a reçu deux subventions de la Caisse nationale d'aide à la Recherche scientifique. 

Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 8 


Source : MNHN, Paris 



58 


V. VTC.NON 


Bénard, Séguy, M. Chopard, ont eu, depuis huit ans, maintes occasions de me guider. 
Mais il me fallait connaître les Sauterelles-feuilles de tous les musées d’Amérique et 
d’Europe : A Londres, Sir Sidney Harmer, M. le Conservateur D r Gahan, le D r Uvarov ; 
à Oxford, M. le Professeur E.-B. Poulton ; à Vienne, MM. les Conservateurs D rs Hand- 
lirseli, Zerny, Holdhaus, M. le Professeur D r Ebner ; à Genève, le regretté Professeur 
Bedot, Directeur du Musée d’histoire naturelle, son distingué successeur M. le D r Revilliod, 
le Sous-directeur, M. le D r Cari, m’ont fait l’accueil le plus gracieux. M. le Professeur 
D r Sjostedt, MM. les Professeurs D rs Ignacio et Candido Bolivar, MM. les D rs Caudell et 
Rehn, M. le Professeur Chatton, M. le D 1- Walther Horn, Directeur de l’Institut entomolo- 
giquc de Berlin-Dahlem, à Berlin encore MM. les Conservateurs D r Ramme et D r Ender- 
lein ; à Dresde, M. le Professeur Jacobi, Directeur du Musée zoologique ; à Stettin, 
M. le D r R. Kleine; à Liibeck, M. le D r Benick ; à Leyde, M. le D r van Eecke, Directeur 
du musée ; à Elbeuf, M. L. Coulon, Directeur, aussi, du musée, M. Gadeau de Kerville, ont 
bien voulu me communiquer des Insectes ou m’envoyer des photographies, des renseigne¬ 
ments. Ce sont quelques-uns des beaux spécimens confiés par le D r Walther Horn que 
ma planche en couleurs reproduit. 

M. le Professeur Houard, M. le D r Maublanc, le regretté M. Patouillard se sont intéressés 
aux copies que les Ptérochrozes font des attaques cryptogamiques ; M. le D r Heim a pris 
la peine de déterminer certains Champignons, auteurs cette fois de maladies foliaires vraies 
que signale ma planche IX ; au vu des Ptérochrozées du Muséum, il a bien voulu me dire 
quelles maladies mycologiques des feuilles lui rappelaient les taches les plus curieuses. 


LÉGENDE DE LA PLANCHE EN COULEURS 

Fig. i. — La Sauterelle Phanéroptéride Pycnopalpa bicordata Serville. Spécimen <£. x 3. 

Fig. 2. — Le même insecte. Selle du pronotum, vue dorsalement et plus grossie. 

Fig. 3. — La Sauterelle Ptérochrozée Mimetica viridifolia Brunner, <$. Élytre gauche. L’entaille antéro-distale 
spéciale aux mâles est à un stade de début, x 3. 

Fig. 4. — Tanusia versicolor Vignon, <$. Élytre, et région ocellaire de l’aile postérieure. X 2,5. 

Fig. 5. — Ommatoptera pictijolia Walker, var . sera Vignon, type $ : à l’ocelle de l’aile postérieure, la ligne 
blanche horizontale du genre Tanusia est, exceptionnellement, conservée, ou a réapparu, x 2,4. 

Fig. 6 . — Ommatoptera mutila Vignon, var. bicorrosa Vignon, type Au sein de la plage apicale brune, qui 
mime l’attaque d’un Cryptogame, une tache pâle mime un redoublement de cette attaque, x 2,5. 

Fig. 7. — Rhodopteryx elongata Vignon, spécimen <$. x 2,5. 

Ces insectes, communiqués par M. le D r Walther Horn, appartiennent au Musée entomologique allemand 

de Berlin-Dahlem. 


Source : MNHN, Paris 






MtCUlVES I)r Ml'SELSI. Tome y - U) 3 o. 


Pl. I 



S A LT K R E L l. ES- F E l’ IL l. F.S AMERICAINES. 


Masson et C ie ; Éditeurs. 


Source : MNHN, Paris 





Source : MNHN, Paris 


PREMIÈRE PARTIE 


RÉVISION DU GROUPE DES “ PTEROCHROZÆ ” 

(Phasgonuridæ, Pseudophyllinæ.) 

Pterochroza Pictet (1888). Pterochrozæ Brunner (1895). Pterochrozites Saussure 

et Pictet (1898). 

Sur les figures au trait qui interprètent l’élytre des Ptérochrozes, on verra comment 
les lettres B, C, D, etc., désignent des cellules qui sont, partout, reconnaissables. Les ner¬ 
vures latérales, les transverses, prennent les noms des cellules entre quoi elles sont tendues. 
Exemple : entre les cellules C et D, nervure CD. 

Des granulations ou points sombres, apparues au sein des cellules et sous-cellules, ont 
ici l’étrange destin de se développer, de proliférer pour se transformer dans des taches, 
le plus souvent rongées ; quand le parenchyme est finalement détruit, la cuticule persistante 
devient miroir. On observe encore de grandes plages, pâlies, brunies, ruinées, ou peintes de 
façons singulières. Très remarquables sont les entailles marginales. Et l’on n’oubliera pas 
que telles nervures peuvent pointer, brunissantes, comme si la pseudo-feuille avait souffert 
du froid. Les taches rongées sont désignées par le nom de la cellule ou sous-cellule : dans la 
cellule D, les taches d v d 2 ..., se succéderont à partir de l’axe de l’élytre. Les taches t v t 2 
ont une valeur spéciale. peut avoir un satellite en U'", t 2 en a souvent un dans la cellule S. 


I. — Genre ROXELANA Kirby nov. nom. 

Kirby (1906, p. 352). 

= Parysatis Stâl, 1874, II, p. 57 (non Parysatis J. Thomson, 1868, «ecMeyrick, 1883). 
— Brunner (1895, p. 22, 264). — Chlorophylla Pictet (1888, p. 42), d’après une fausse attri¬ 
bution de Brunner (1895, p. 266). Pour la rectification de cette erreur, voir Vignon (1926 a, 
p. 172). 


Roxelana crassicornis (Stàl). 

Parysatis crassicornis Stàl (1874, II, p. 74), $. Le génotype. 

— Roxelana ( Chlorophylla) nippes Brunner (1895, p. 266, fig. 1x6). = Roxelana {Chloro¬ 
phylla) inca Rehn (1918), <$. Voir ici, figure 3. 


CLASSIFICATION DU GROUPE DES PTÉRÜCHROZÉES 



ÉLYTRE. 


AILE POSTÉRIEURE. 



FACE DORSALE DES TIBIAS POSTÉRIEURS. 


Champ antérieur. 

Champ postérieur. 

Dimensions. 

Jonction 

médio- 

cubitale. 

Lobe 

apical. 

Ocelle. 

PRONOTUM. 

Sans dilatation 
basilaire définie, 
sans ondulations 
ni bosses. 

Une dilatation 
basilaire. 

Une dilatation 
basilaire, puis 
des saillies, fai¬ 
bles ou fortes. 

à 

a 

! 

Plus étroit 1 Région 

que le posté- postmédiane 

rieur; ou en dilatée, 

tout cas pas' Élytre 

plus large, i assez court. 

Région 

moyenne 

dilatée. 

Petite, 

triangulaire. 

Très 
courte 
ou nulle. 


Nul. 

La métazone, plus lon¬ 
gue que la prozone, s’élar¬ 
git de l’arrière. 

Bord postérieur recti¬ 
ligne. 

(= 

Roxelana 
Chlorophylla, 
pro parte). 



tr 

V) 

P 

c 

c r. 

Sous-costale 1 Région 

infléchie 1 postmédiane 

faiblement. . non dilatée. 

Élytre long. 

Région distale 
dilatée. 

Grande, 

allongée. 

Longue. 

Nul. 

Deux croissants 
blancs proxi male- 
ment concaves 
l’un au-dessus de 
l’autre. 

Pronotum en selle. Mé¬ 
tazone à peine plus longue 
que la prozone. 

Bord postérieur un peu 
arqué. 

Pterochroza. 



4) 

en 

£ 

Les Région distale 

caractères * dilatée, 

inverses. 1 Élytre long. 

Région 

moyenne 

aplatie. 

Grande, 

orbiculaire. 

Longue. 


Nul. 

La métazone, pas mal 
plus longue que la prozone, 
s’élargit de l’arrière. 
Bord postérieur un peu 
arqué. 

Cycloptera 

( = Chlorophylla, 
pvo parte). 



an commun aux deux sexes. 

Avant le sinus, souvent une 
bosse correspondant à la branche 
interne la fourche sous-costale. 
Après le sinus, une dilatation, 
puis un sinus préapical. 

Plus large que 
l’antérieur. 
Région distale 
dilatée. 

Grande. 

Nervure 

médiane 

fourchue. 

Longue. 

Lobe 

en crochet. 

Deux croissants 
blancs faisant la 
parenthèse. Une 
ligne blanche pos¬ 
térieure. 

La métazone, pas plus 
longue que la prozone, 
s’élargit peu de l’arrière. 
Bord postérieur un peu 
arqué. 

Tanusia. 



Idem, d’abord. Mais l'élytrc 
finira par se tronquer. 

Égal à l’antérieur. 
Région distale 
rétrécie. 

Plus étroite. 
Médiane 
simple. 

Idem, mais 
il finira par 
s’effacer. 

Idem, mais ocelle 
écrasé. 

Ligne blanche 
postérieure norma¬ 
lement supprimée. 

Ommatoptera. 



L’élytre se tronquant, le sinus 
et la dilatation qui suit dis¬ 
paraissent secondairement. 


En 

T régression. 

? 

Tombé avec 
la région 
postocel- 
laire. 

En régression. 
Les lignes blanches 
réduites à des 


PORPHYROMMA. 



Élytre de Tanusia, 

abortif. 

s 

Abortive. 


points. 


Tanusiella. 



32 

£ 

Avant le sinus, une dilatation 
maxima face à la cellule C. 

PJ u s large que 
l’antérieur. 

Grande 

et 

ample. 

Longueur 

variable. 

Faible 

ou 

nul. 

Nul. 

La métazone. pas mal 
plus longue que la prozone, 
s’élargit de l’arrière. 
Bord postérieur arqué. 

A N O M M ATO PTERA. 



efl 

O 

a 

Cfl 

3 

Sinus faible. Élytre étroit et 
long. 

Région distale 
dilatée. 

? 

_ 


l 

'Celidophylla. 

1 

1 


C 

lh 

s 

M 

Pas de bosse avant le sinus, 
que suit une dilatation pré¬ 
apicale. Cette dilatation peut se 
tronquer, s’effacer. 

A peine plus large 
ou plus étroit que 
l'antérieur. 
Région distale 
atténuée. 

Grande 

et 

ample. 

Nulle. 

Faible 

ou 

nul. 

Nul. 

Ailes roses à 
bandes noires. 

La métazone, pas plus 
longue que la prozone, 
s’élargit à peine de l’ar¬ 
rière. 




Rhodopteryx. 

O-. 

Sinus très creux, dont on ne 
sait s’il est commun aux deux 
sexes : 9 inconnue. 

Ovale. 

Petite. 

Élevé, 

aigu. 


Idem. 




C ata s par ata. 

■6 

= 

D’abord région postmédiane 
dilatée. Puis tendance à une 
troncature distale ainsi qu’à 
l'exagération d’une dilatation 

(La tache t, l’em¬ 
porte sur la tache 

t,.) 

Ovale 

Assez 
grande. 
Finira par 
avorter. 


Générale¬ 
ment nul. 
Par exception, 
élevé, aigu. 

Nul. 

La métazone, pas plus 
longue que la prozone, 
rarement élargie de l’ar¬ 
rière. 


Au champ postérieur de l’ély¬ 
tre, la cellule U contracte dés 
rapports directs avec la cellule P : 

Typophyllum. 

r? 

s 

g 

.= 

préapicale. 

Exceptionnellement, un fort 
sinus préapical chez des 9 : 
les o inconnus dans ces espèces 
d’exception. 

ou aplati. 

(La tache /., l'em¬ 
porte sur la tache 

A) 

Assez 

grande. 

Longue. 

Nul. 

1 

1 

La métazone généralement 
longue avec un bord pos¬ 
térieur parabolique et une 
profonde encoche. 
(Des exceptions.) 


Le caractère inverse : 

Mimetica. 














Source : MNHN, Paris 







































































































































RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


61 


GR3UPE DES PTÉROCHROZÉES 

TABLEAU DES GENRES 


i (6). Élytre. Pas de sinus postmédian. 

2 (5). Le champ anterieur de l’élytre plus étroit que le postérieur, ou en tout cas pas plus 
large. Li sous-costale infléchie faiblement (PI. I, fig. i et 7 ; texte, fig. 8). 

3 (4). Le champ antérieur dilaté dans la région postmédiane. Élytre relativement court. 

Le champ postérieur dilaté dans la région moyenne. Aile postérieure petite, triangulaire. 

Jonction médio-cubitale extrêmement courte, supprimée parfois même du fait d’une 
coalescence basale de la médiane et de la cubitale. Pas de lobe apical d’aile. Pas d’ocelle 

(PI. I. fig. 1 ; PI. A du texte, fig. 1 et 2). I. Roxelana (p. 59). r 

4 (3). Le champ antérieur de l’élytre nullement dilaté dans la région postmédiane. Élytre 
long. Le champ postérieur dilaté dans la région distalc. Aile postérieure grande et surtout 

longue. Jonction médio-cubitale longue (texte, fig. 8). Pas de lobe apical d’aile : apicale- _ 

ment, au contraire, une faible troncature oblique. Un ocelle, avec deux croissants blancs â 

concavité proxi male situés l’un au-dessus de l’autre (PI. I, fig. 7 ; PI. A du texte, fig. 7, 9, 10). II. Pterochroza (p. 66). 


5 (2). Le champ antérieur de l’élytre plus large que le postérieur, et dilaté distalement (PI. V, 
fi"- 3 f >. 37 . 3 8 î PI- DI, fig. 25). La sous-costale infléchie brusquement et beaucoup (texte, 
fig. 13). Au champ postérieur la région moyenne nullement dilatée : le bord fréquemment 
rectiligne dans cette région. Aile postérieure grande, orbiculaire (PI. V, fig. 37). Jonction 

médio-cubitale longue. Pas de lobe apical d’aile. Pas d’ocelle. III. Cycloptera (p. 73). 


6 (1). Élytre. Un sinus postmédian. 

7 (20). Le sinus commun aux deux sexes. 

8 (15). A l’aile postérieure, un ocelle. 

9 (14). Les organes du vol de dimensions importantes, en tout cas non avortés. 

10 (13). Élytre. Après le sinus une dilatation, puis un sinus, parfois très faible, avant 
l’apex (PI. IV, fig. 28 et 31; PI. VI, fig. 47-49)- Un lobe apical à l’aile postérieure. 

11 (12). Le champ postérieur de l’élytre plus large que l’antérieur et dilaté distale¬ 
ment. A l’ocelle d’aile, sous les deux lignes blanches antéro-postérieures jumelles, 

une ligne blanche (PI. IV, fig. 27 ; PI. III, fig. 26). IV. Tanusia (p. 78). 

12 (11). Le champ postérieur pas plus large que l’antérieur (Voir les 9 ), sa région 
distale nullement dilatée. L’ocelle d’aile s’écrasant, il ne reste plus (normalement) 
de la ligne blanche postérieure que des vestiges presque indiscernables (PI. F du 

texte, fig. 27, 28)... V. Ommatoptera (p. 94). 


13 (10). La dilatation qui suit le sinus est tombée, l’élytre est tronqué distalement. 

Aile. Le lobe apical est tombé lui aussi, le bout de l’aile est arrondi. Ocelle en régres¬ 
sion (PI. IV, fig. 31 ; PI. X, fig. 86) . VI. Porphyromma (p. 104). 


14 (9). Les organes du vol abortifs (PI. C du texte, fig. 30 et 31) 


VII. Tanusiella (p. 105). 


15 (8). A l’aile postérieure, pas d’ocelle. 

16 (19). Élytre. Le champ postérieur plus large que l’antérieur, et dilaté distalement 
(PI. VI, fig. 50; texte, fig. 33, 34). 

17 (18). Tibias postérieurs : pas de dilatation dorsale basilaire, qui fasse une bosse. VIII. Anommatoptera(p. 106) 


18 (17). Tibias postérieurs : une dilatation dorsale basilaire, faisant la bosse. 

19 (16). Élytre. Le champ postérieur à peine plus large ou plus étroit que l'antérieur 
(Voir les 9 ), sa région distale atténuée. Ailes roses avec des bandes transversales noires 
(PI. VII, fig. 60 ; PI. F du texte, fig. 35 ; PI. en couleurs, fig. 7). La dilatation qui 
suivrait normalement le sinus postmédian de l’élytre peut manquer ( Rhodopteryx 
pulchripcnnis )... 

20 (7). Élytre. Champ antérieur. Un sinus spécial aux mâles. 

21 (22). Champ postérieur. La cellule U contracte des rapports directs avec la cellule P 
(texte, fig. 39, 53) ; la tache t x l’emporte de beaucoup sur la tache l 2 . Aile postérieure : 
pas de jonction médio-cubitale (texte, fig. 37). 


IX. Celidophylla (p. 109). 


X. Rhodopteryx (p. 110). 


XI. Typophyllum (p. 116). 


22 (21). Champ postérieur de l’élytrc. La cellule U ne contracte pas de rapports directs 
avec la cellule P ; la tache t 2 l’emporte normalement sur la tache t v A l’aile postérieure 

une jonction médio-cubitale, allongée (PI. VI, fig. 43 ; PI. VII, fig. 53 ; texte, fig. 56, 60a).. XII. Mimetica (p. 145). 


N. B. — Le petit genre Catasparata, connu seulement jusqu’ici par trois spécimens mâles, ne saurait trouver place dans ce 
tableau. Si en effet l’entaille antéro-distale y est spéciale aux l’espèce unique, Catasparata histrio, est à mettre dans le genre 
Typophyllum ; si au contraire cette entaille est commune aux deux sexes, le genre est valable et plus ou moins proche du genre 
Rhodopteryx (Voirp. 113). 











62 


P. VIGNON 


Monotype $ au Musée de Stockholm, communiqué par M. le Professeur Sjostedt, 
ainsi que les deux photographies reproduites figures i et 2, planche A du texte. Insecte 
vert. — Précisons la diagnose de Stâl sur quelques points. Pronotum : largeur anté¬ 
rieure 4, postérieure 7 ; longueur de la prozone 4, de la métazone 3,5. Pattes. Fémurs 
antérieurs, bord ventral céphalique, 5 petites épines. Fémurs intermédiaires, idem. Fémurs 
postérieurs, 8 à 10 épines, les distales petites et les proximales avortées. Tibias intermé¬ 
diaires moyennement dilatés de la base, pente distale de la dilatation très douce. Tibias 
postérieurs un peu courbés ; sur leur bord dorsal interne peut-être deux vestiges de tuber¬ 
cules, pas de dents. Ligne dorso-médiane de l’abdomen nue : pas de carcne, pas de dents. 
Plaque suranale en trapèze, arrondie, subéchancrée, dépassée par les cerci. Plaque 
sous-génitale plutôt triangulaire que cordiforme, petite encoche anguleuse. Pour l’élytre, 
voir, planche A, les figures 1, 2 et, dans le texte, la figure 3. Aile postérieure non seulement 
courte mais étroite, avec la région axillaire peu développée. Entre médiane et cubitale, 
une branche oblique de jonction très courte. Taches mimétiques de l’élytre réduites à une 
marque actuellement noirâtre, opaque. Long. corp. 28, pronoti 7,5, elytr. 49; lat. elytr. 31, 
campi ant. 15, post. 18 ; long, femor. ant. n, post. 26, oviposit. 15. Brésil septentrional. 

Spécimens $. — Musée de Madrid, Pérou, Montealegre, Rio Pachitea (PI. I, fig. 1). 
Au pronotum, sur le bord antérieur et sur les bords latéraux de la selle, des granulations 
blanches, ainsi que sur les marges inférieures, convexes, des faces réfléchies ; sur le bord 
postérieur de la selle, 4 belles granulations brunes également espacées. Fémurs 
antérieurs, bord ventral céphalique, 2 dents distales aiguës étroites, dont l’apicale est 
la plus forte, proximalement 1 ou 2 dents minimes. A l’élytre, angle antérieur post¬ 
médian adouci, sinus antéro-distal faible. A l’aile postérieure, la médiane et la cubitale 
basilairement fusionnées : pas de branche oblique de jonction (Voir PI. I, fig. 1, et la 
fig. 4 du texte). Taches mimétiques : des points sombres, tache t x faible et restreinte. — 
Musée de l’Université de Berlin, spécimen communiqué par le D r Ramme. Pérou, Ob Madré 
de Bios, 500 mètres. Pronotum, longueur 7, largeur antérieure 3,5, postérieure 6. Elytre 
plus étroit que chez le type {Long, elylr. 43, lat. 25, campi ant. 13,5, post. 13,5 ; long. jem. 
ant. 10, post. 23,5, oviposit. 14). Région antéro-distale de l’élytre typique (1). Taches 
mimétiques : beaucoup de points sombres, inutilisés, c’est-à-dire non transformés ; pour¬ 
tant, sur l’élytre droit, dans la cellule L, le point (qui manque à gauche) a un peu proliféré 
en s’allongeant, et le point de la cellule K commence à se ronger intérieurement. La 
tache t x importante ; elle est double : proximalement une vaste tache brunâtre occupe 
tout le début de la sous-cellule, puis vient une tache moins vaste, moins foncée surtout 

(t) Noter ici le caractère primitif, je veux dire l'étroitesse de la cellule P, non individualisée, non dégagée encore du couloir 
régnant entre la nervure radiale et son secteur, d’une part, et la nervure médiane, d’autre part ; et remarquer combien l'élar¬ 
gissement ultérieur d’une cellule P devenue, pour son compte, polygonale, aura desservi le mimétisme. Comparer, à cet égard, 
la figure 2 de la planche A, où la médiane va son chemin sans former de cellule P, et les figures au trait 8, 13, 18, ou encore 
PI. I, fig. 7 ; PI. III, fig. 26 ; PI. V, fig. 36, 39, 40, 41 ; PI. VI, fig. 50, etc., où cette cellule est réalisée. Mais il faut avouer qu'une 
marche vraiment correcte des nervures dans le champ élytral postérieur semble importer fort peu. Seules attirent généralement 
l'attention les veines les plus foliaires (PI. II, fig. 8 ; PI. III, fig. 26 ; PI. IV, fig. 27) ; ou bien ce ne sont pas les nervures que l’on 
voit (PI. III, fig. 20 ; PI. V, fig. 32, 33, 34). Et d’ailleurs, si le mi métis me-feu il le a son utilité pratique, il n'est pas fait pour tromper 
la sorte d’observateurs et de critiques que nous sommes. Mais, de cette utilité, je doute fort, et à cause de l’extrême rareté des 
Sauterelles-feuilles parmi toutes celles qui ne le sont guère ou pas du tout, et parce que chez les Sauterelles les plus feuilles la bête 
reste un animal aisément reconnaissable (PI. I, fig. 6 ; PI. II, fig. 13-16 ; PI. X, fig. 89). 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR T.ES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 63 

par transparence et tournant alors au jaunâtre, avec un aspect pourri, gâté. Elle est plus 
claire en dedans; une marge incolore l’unit au ton vert du pourtour. La tache t 2 à peu 
près circulaire elle aussi, plus petite, l’intérieur rongé, se fenêtrant. — Musée de Stras¬ 
bourg, insecte communiqué par M. le Professeur Chatton. Pérou, Chanchamayo, 1 500 à 
2 000 mètres. Au pronotum, tubéro¬ 
sités marginales élevées, globuleuses, et 
portant un poil court. Elytre typique, 
mais nervure CD naissant de l’axe direc¬ 
tement. Dans le champ antérieur, sur¬ 
tout dans la moitié distale, l’extrême 
bord rouillé, les pointes des nervures 
brunes et saillantes. Points sombres fort 
nombreux, presque tous tachés de blanc; 
ainsi, à droite, l 2 ayant commencé de 
proliférer en se rongeant, le pourtour 
juxtapose irrégulièrement le blanc au 
brun : cela n’a rien, me dit M. Heim, 
de pseudo-cryptogamique. Aile posté¬ 
rieure : médiane et cubitale ayant une 
origine commune (fig. 4). — Musée de 
Stettin, une Ç de Bolivie, province Sara: 
d’après les photographies aimablement 
adressées par M. le D r R. Kleine, c’est 
un crassicornis typique. 

Néallotype : Roxelana ( Chloro- 
phylla) inca Rehn (1918, p. 360, PI. 

XIX, fig. 10 ; PL XX, fig. 4). Pérou. 

Chanchamayo, 1 000 mètres. Acad. nat. Sc. Philad., type n° 5355. Long. corp. 18, pronoti 
5,6, lat. pronoti max. 5,4 ; long, elytr. 26,5, lat. max. 23 ; long, jemor. post. 16,2. — De 
Chanchamayo également un £ du Musée de Madrid, que M. le Professeur D r Ignacio 
Bolivar m’a communiqué. — (Fig. 3). Un de l’U.-S. nat. Mus. de Washington, 
communiqué par M. le D r Caudell. Pérou, ii° 3' sud, 75 0 17' ouest de Greenwich. Tête, 
thorax, membres, de teinte ocreuse : ce ton se prolongeant sur les nervures basales de l’élytre 
pour se perdre peu à peu. Distalement, l’élytre d’un vert cendré, plus foncé aux nervures, 
le bord de l’aire précostale d’un vert jaunâtre clair. Pas de points sombres. Une esquisse 
brunâtre de t v Long. corp. 19, pronoti 5,5, prozonæ 2,5, lat. ant. 2,5, post. 5,5; long, elytr. 28, 
lat. 23, canipi ant. 10 ; long, jemor. ant. 7, post. 17. Le D r Caudell me communique un 
autre tout entier d’une teinte ocreuse. — Un $ du Musée de Stettin, Bolivie, province 
Sara. 

Roxelana ( Chlorophylla) rujipes Brunner (1895, p. 266, fig. 116). — La figure de Brunner 
représente un $ dont l’élytre ne se dilate pas antérieurement dans la région moyenne, le 
bord distal se tronquant obliquement. Mais cet insecte semble perdu. Il n’est pas à Vienne. 



Fig. 3. — Koxeiana crassicornis Stal <J ( = Chlorophylla inca Rehn). 
D’après un spécimen de l’U.S. nat. Muséum, Washington, commu¬ 
niqué par M. le Conservateur D r Caudell. Photo Le Charles. X 
2,2. Comme c'est fréquemment le cas chez les Ptérochrozes, l’o¬ 
rigine si peu foliaire de la nervure médiane est ici comme effacée. 
(Voir aussi PI. I fig. i; PI. III, fig. 26 ; PI. IV, fig. 28 ; PI. V, 
fig. 41 ; PI. VI, fig. 50). 


Source : MNHN, Paris 



LÉGENDE DE LA PLANCHE A 


Fig. i et 2. — Roxelana (Parysatis) crassicornis Stâl. Type $ de l’espèce et du genre. Musée de Stockholm. 

D’après des photographies adressées par M. le Professeur D r Sjostedt. 

Fig. 7. — Pterochroza (GrylLus, Tettigonia) ocellata Linné. Type 9 - Musée de l’Université, Upsala. D’après une 
photographie adressée par M. le Professeur D r Sjostedt. 

Fig. 9. — Pterochroza ocellata Linné, var. lineata Vignon ( = P. lineata Vignon 1922). Type $. Muséum, Paris. 
Photo Le Charles. 

Fig. 10. — Pterochroza nimia Vignon 1922, var. mollis Vignon ( = P. mollis Vignon 1922). Type $. Muséum, 
Paris. Photo Le Charles. 

A commencer par l’élytre droit de la figure 7, les figures 7, 9, 10 montrent des étapes successives de la for¬ 
mation de la tache t v D’autre part, cette tache 4 représente, dans le genre Pterochroza , une étape de la formation 
de la tache 4 (fig. 10 et PI. II, fig. 8). Les taches t 1 et t 2 résultent d’une spécialisation des aires allongées pâles 
visibles dans les cellules S, S', L (fig. 9 et PI. I, fig. 7). — Pour les lettres qui désignent les cellules, voir la figure 8 
du texte. 


Source : MNHN, Paris 



ARCHIVES DU MUSEUM - 6'= série, Tome V. 


PL A 


1 



2 



9 



10 


I’T K R O C H RO Z K F. S 

ORS GENRES ROXEI.ANA ET l'TEROCIIROZA 


lï<r. f, Ci 10, pllOtOS |,K ChiRI.ES 


Masson et C’*, éditeurs 


Source : MNHN, Paris 















Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 65 


En 1926, le D r R. Kleine ne l’a pas trouvé à Stettin ; le 7 juin 1926, M. le D r Benick m’a 
écrit ne pas le trouver davantage à Lübeck. Et puis la figure est-elle correcte? Le Musée de 



Cu 


Fig. 4. — Roxelana crassicornis Stal $>. Aile postérieure droite, d’a¬ 
près un spécimen conservé à la Faculté des Sciences de l’Univer¬ 
sité, à Strasbourg, -b Coalescence basilaire des nervures médiane 
et cubitale, supprimant la branche oblique de jonction. (Voir Pl.I, 
iig. I, la même coalescence.) Dessin original. 


Fig. 5 et o. — Fig. 5 : Roxelana crassicornis Stâl $. 
L’un des spécimens pour lesquels Brunner (1895) a 
créé l'espèce Chlorophylla rufipes, espèce dont le 
type S (fig ‘ n6 de Brunner) semble perdu. — 


Stettin possède en revanche deux Ç et deux 
J'ai déjà rattaché h R. crassicornis l’une de ces $ 
et l’un de ces Restent l’autre $ (fig. 5) et 
l’autre $ (fig. 6, photographies de M. le D r Kleine). 
Le (J est à rattacher à la forme inca de Rehn, 
c’est-à-dire pour moi à l'espèce crassicornis. 
L’élytre de la $ gonfle beaucoup obliquement la 
région antéro-distale, et les nervures sont plus 
irrégulières, plus rameuses que chez le type : 
j’admets que nous soyons simplement ici devant 
l’une des formes que l’espèce crassicornis puisse 
revêtir. Notons d’ailleurs que Brunner, en faisant 
des divers spécimens de Stettin autant de Chloro¬ 
phylla rufipes, ne les distinguait pas spécifique¬ 
ment les uns des autres. Ils proviennent tous de la 
Bolivie, province Sara.— M. le D r Caudell (1918, 
p. 55) rattache à l’espèce rufipes deux $ eu Pé¬ 
rou central, conservées à l’U. S. nat. Muséum, 


Fig. 6: Roxelana crassicornis 3. L’un des spécimens Washington. Il me communique une de ces $: 

de Brunner. Musée de Stettin. D’après des photo- 

graphies adressées par m. le Dr R. Kleine. elle est pareille à celle de la figure 5. Que SI plus 


Archives du Muséum, 6 e Série. 


V. -9 









f.6 


P. Vif,NON 


tard on retirait de l’espèce crassicornis ces formes à bosse élytraie accentuée et à ner¬ 
vures plus rameuses, il faudrait les nommer R. ru/ipes, d’après Brunner; sans oublier pour¬ 
tant que, ce qui fait foi, c’est la figure 116 de l’auteur, laquelle, à la tenir pour correcte, 
représenterait un insecte différent, dont nul ne sait aujourd’hui où il peut être. 


II. — Genre PTEROCHROZA Servillc. 

Scrville (1831, p. 144 ; 1839, p. 379, 431). — Burmcistcr (1839,9.695). Stâl (1874, p. 56). 
Walker (1870, p. 459). Pictet (1888, p. 39). Brunner (1884, p. 249 ; 1895, p. 21, p. 245). 


TABLE \l DES ESPftfT S 

1 (2). I/ciytre ayant le bord postéro-distal entier. 1. P. ocellata. 

2 (1). J/élytre ayant le bord postéro-distal échancré. 

3 (4). Une seule échancrure... 2. P. unirxcisa, 

4 (3). Deux échancrures. 

[5 (8)* Pas de décor de lignes pâles sur le pronotuin. 

f> (7). J/abdomen n’ayant un lobe dorsal que sur le deuxième segment. 3. P. ni mi a. 

7 ( 0 ). Des lobes sur tous les segments abdominaux jusqu’au neuvième inclus. 4. P. in/es/ata. 

«S (5). l’n décor de lignes pâles sur le pmnotum. 3. P . macula ta. 


1. Pterochroza ocellata (Linné). 

Gryllus ( Tettigonia) ocellatus Linné (1758, I, p. 429, n° 28 ; 1764, Mus. Ludov. Ulric., 
p. 129, n° 20). — Seba A. (2765, IV, p. 78, PL 73, fig. 7 et 8). — Locustu siccifolia de Gcer 
(1773, III, p. 438, n° 2, PL 37, (ig. 5) (1). — Gryllus Tettigoniæ ocellata, Stoll (1787, p. 6-7, 
PL I a, fig. 1, iA ; PL II a, lig. 2). — Locusta ocellata, Fabricius (1793, II, p. 39, n° 19). 

Pterochroza occllata, Servi lie (1839, P- 43 2 )- Burmcistcr (1839, p. 696). — Pterophylla 
ocellata, Duncan (1840, p. 253, PL 13, lig. 3). — Pterochroza ocellata, Blanchard (1840, 
p. 20, 21). Walker (1870, p. 459). Pictet (1888, p. 40). Brunner (1895, p. 246, PL X, lig. 108). 

= P. S/o/li Brunner (1895, p. 246, 247). = P. lineata Vignon (1922, p. 524). — P. car- 
honescens Vignon (1922, p. 525). = P. Rouvieri Vignon (1922, p. 526). =- P. marginal a 
Vignon. (1922, p. 527). 

Monotype $ de Linné au Musée de l’Université, Upsala. Ici planche A du texte, figure 7. 
d’après la photographie que M. le Professeur Sjostedt a bien voulu m’adresser. Voir Linné, 
1764, p. 129, n° 20, pour une diagnose plus complète, d'où je délai lie le détail que voici : 
« Lima alba a b oculis per la ter a ad thoracem ditcens ». 

(1) Pour ce qui est du spécimen o 3 ue de Geer nomme Locusta sien folia, Serville (1830, p. 433) dit qu'il ne l’a pas vu, mais 
que si, comme il n'y a pas lieu d'en douter, la description est exacte, l'insecte diffère, et beaucoup, du type de Linné, en ce que 
l'aile postérieure y est privée d’ocelle. De Geer, après avoir insisté sur l’aspect remarquablement feuille morte des élytres, des 
<1 étuis coriaces qui couvrent les ailes», écrit en effet simplement des ailés postérieures qu’elles sont « d’un brun noirâtre avec 
plusieurs petites taches jaunâtres, mais que, vers l'extrémité, elles sont d'un rouge tirant sur le pourpre ». Comme de Geer décrit 
la face ventrale des élytres, on ne peut l’accuser de n’avoir pas étalé son insecte et «le n’avoir fait que deviner l'aspect des ailes 
en soulevant quelque peu les élytres. Mais personne n'ayant jamais revu un Pterochroza sans ocelles, j’estime que la question reste 
ouverte. 


Source : MNHN, Paris 






67 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 

Pour les nervures de l'élytre el de l’aile, voir la ligure 8 du texte. 

I e Muséum possède un certain nombre de spécimens appartenant au genre Ptcruchroza ; 
j en connais d’autres pour les avoir vus dans des musées étrangers ou pour en avoir reçu 
des photographies. —A Paris, un exemplaire abîmé, doit être celui de Blanchard (1840). 



I*ig. 8. Pterochroza ocellata Linnc $, d'après le spécimen à élytres verts représenté planche I, ligure 7. La nomenclature indiquée ici 
pour les cellules et nervuresconvient, sauf modifications d’importance secondaire,pour toutes IesPtérochrozées. — Psc, nervure 
pseudo-costale ; Sc, sous-costale ; /, sa fourche terminale ; R, radiale ; Rs, secteur de la radiale, formant ici les deux cellules 
5 et S“ ; M, nervure médiane ; Cu, cubitale (en réalité sa branche antérieure CuA x ) ; me, jonction basilaire oblique entre 
médiane et cubitale. A l’élytre, l’aire comprise entre la médiane et la cubitale est grisée. A l’aile postérieure,la flèche désigne 
une suture qui peut, sur d’autres spécimens, être assez longue, et qui unit la base du secteur de la radiale au fourchon anté¬ 
rieur de la médiane. Dessin original. 


Les élytres sont d’un fauve rougeâtre. La tache t v plus éloignée encore que celle du type de 
la belle forme ovale que nous finirons par lui voir, est une simple bandelette, coudée vers 
le dedans à l’arrière. La tache t 2 se voit d’abord à peine, mais elle existe ; c’est un miroir 



























68 


P. VIGNON 


que nous dirons couvert : brunâtre dorsalement, il ne brille que par-dessous. Une ligne 
couleur d’ivoire descend extérieurement de l’antenne, reprend sous l’œil, gagne le bord 
latéral du pronotum, et s’y prolonge. — Un bel exemplaire $ de Paris est représenté 
figure 9, planche A du texte. En 1922 (p. 524), avant de m’être rendu compte de la grande 
variabilité de maints détails, j’avais nommé l’insecte P. lineata. Le nom est je crois bon à 
connaître. Il rappelle que deux sous-nervures concentriques, parallèles ou presque au bord 
postéro-distal de l’élytre, s’ornent ici de fortes lignes foncées en dedans, pâles en dehors. 
Un certain arc d’ocelle, marqué, chez les Pterochroza, comme chez les Tanusia, sur l’élytre 
(Voir fig. 10, même planche A) est ainsi longitudinalement coupé en deux. Et notons cette 
particularité décorative : courant sous la nervure radiale, une ligne rosée, blanchâtre sur 
la photographie, rectifie l’axe d’élytre qui, dans sa moitié distale, serait trop brisé, pour 
une feuille. La tache t x est, comme chez le type de Linné, formée de deux parties : l’anté¬ 
rieure, linéaire, régularise, concentre, les formes vagues de taches pâles homologues situées 
dans les cellule'- plus distales; la postérieure, qui est ample, est une belle tache jaunâtre, 
où des attaques élémentaires sont visibles. Un satellite infime en U'". t 2 est un tout petit 
miroir couvert. Remarquez les points sombres, diversement entourés d’une zone pâlie. 
Surtout dans le champ antérieur on devine également, çà et là, de minuscules points pâles 
qui s’allongent perpendiculairement aux nervures : ils abondent chez les Tanusia et sont 
de pur décor. Sur la ligne dorsale de l’abdomen, au troisième quart du deuxième segment, 
une ébauche de lobe avec appendice filiforme couché. Long. corp. 34 mm .,pronoti 8, elytr. 68, 
lat. max. elytr. 31 ; long, jemor. ant. 13, post. 32,5, oviposit. 25. Venezuela. — Je n’attache 
aujourd’hui aucune valeur systématique au fait qu’un spécimen de Paris soit charbonné, 
avec toutes ses teintes livides (P. carbonescens Vignon, 1922, p. 525). En bien moins définie, 
la tache h a les mêmes caractères que dans la forme précédente. Long. corp. 24, pronoti 7, 
elytr. 52, lat. max. elytr. 22. Origine? — Au Musée de Madrid, une Ç du Pérou, Montealegre, 
Rio Pachitea, sans ligne blanche aux antennes ou au pronotum. La tache t x est d’un aspect 
cuùeux : au pourtour d’une zone faite d’un tissu vaguement abîmé quoique dense, des 
attaques molles dessinent, postérieurement, la partie renflée de la tache ; en avant, ce que 
j’appellerai la tige n’est pas marqué (1), mais un certain nombre de points rongés se 
répandent çà et là. t 2 est à demi couvert par un tissu d’aspect gâté. — Sur un $ de 
Genève, t x n’est qu’une érosion mal précisée encore. — Cette tache t x est un triangle 
irrégulier chez la $ n° 19793 du Musée de Vienne, de Demerara. 

J’en arrive aux spécimens qu’il faudra dire plus évolués, en ce que la tache t x s’y dilate, 
et s’y régularise en un ovale qui souvent garde une trace de la tige antérieure. — Au British 
Muséum, sur un q de Para (n° 10, ma photo n° 46, non reproduite), t x a déjà une forme 
ovale ou ronde : autour d’une zone relativement intacte un cercle clair se ronge par points 
jointifs ou non. A Londres encore, une $ très rougeâtre, également de Para (n° 45-70, 
photo 21, non reproduite) exhibe une tache t x orbiculaire et vaste, de 3 millimètres de dia¬ 
mètre ou davantage, avec un infime satellite dans la cellule U'". — Au Musée entomo- 
logique allemand de Berlin-Dahlem, une $ de la Guyane française m’a été communiquée 


(1) Pour l’origine et le sens morphologique de cette tige, voir planche A, figure 9, et se reporter au texte ci-dessus. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 69 


par M. le D r Walther Horn : la tache t x y est longue de 4 millimètres et large de plus de 3, 
avec un satellite important. Pas mal de tissu vestigiaire à l’intérieur de ces taches. — De la 
Guyane française encore une Ç de Madrid, que m'avait adressée M. le Professeur Ignacio 
Bolivar : t x y est un bel ovale avec tige antérieure, tout le centre est un tissu d’aspect 
gâté. — Il faut d’ailleurs savoir que jamais la tache t x ne s’achève vraiment chez les Ptero- 
chroza, jamais elle n’est un miroir net et serti. Observez ce caractère d’inachèvement 
(PI. I, fig. 7) chez une Ç du Muséum, de la Guyane française (Saint-Jcan-du-Maroni), 
qui, par exception, est vert-olive et non point brune, rougeâtre, ou encore de toutes sortes 
de teintes pourries, comme l’est une autre $ de Paris, originaire elle aussi de la Guyane 
française. Inversement, la tache t 2 forme ici dans la règle un miroir bien serti, ce miroir 
fût-il « couvert » : et la figure 7 de la planche I montre qu’il est l’aboutissement d’un travail 
seulement ébauché dans trois taches homologues, alignées sur l’élytre dans la direction de 
la grande tache d’ornement, tache dite subapicale, qui précède l’apex. La figure 10, planche A 
du texte, sur quoi il me faudra revenir, montre fort bien les caractères qui distinguent les 
deux taches, dans un cas où pourtant t } est déjà très évolué (1). 

Êlvtres de deux teintes : brun et vert. 

Pterochroza Stolli Brunner (1895, p. 246, 247). Monotype <$ au Musée de Berlin. 
Ici figure 11, planche B du texte, d’après la photographie que M. le Conservateur D r Ramme 
a bien voulu faire exécuter pour moi. Brunner élève ainsi au rang d’espèce la « Sauterelle 
à sabre, tachée verte en forme d’yeux », Gryllus Tettigoniæ ocellata varies, que Stoll (1787, 
p. 7-8, PI. II a, fig. 3) a figurée d’après un spécimen Ç unique. Stoll insiste, en effet, sur ce 
que les différences anatomiques existant ici avec la forme ocellata mériteraient d’être tenues 
pour spécifiques. Voici, d’après lui, ces différences : la tarière, plus large, et aussi beaucoup 
plus courbe ; les veines ayant, sur les étuis, une autre direction (2). Malheureusement, faute 
d’avoir sous les yeux un exemplaire $, nous ne pouvons pas actuellement juger de la valeur 
du caractère tiré de la forme de l’oviscapte. Reste l’élytre : que les caractères anatomiques 
à quoi Stoll fait allusion aient, ou non, de l’importance, le $ de Berlin ne les présente pas, 
et il est, pour les nervures, un ocellata banal. Voilà qui nous empêche de lui faire constituer 
avec la $ de Stoll une espèce, cela malgré la similitude des taches. — La plage brune api¬ 
cale vient englober le miroir t 2 , comme il arrive à des taches du même ordre de le faire chez 
maintes Ptérochrozées. à peine perceptible (Voir sur la photographie originale l’élytre 
gauche) : un point vaguement sombre commence à se différencier dans une aire pâlie. A 
droite, dans une aire équivalente, le point même fait défaut. Voilà de toutes premières 
ébauches qu’il est curieux d’opposer aux réalisations de la planche A, figure 10, par exemple. 

Pterochroza Bouvieri Vignon (1922, p. 526). Monotype $ au Muséum, Paris (PI. II, 
fig. 8). Grande forme. Dimensions, à mettre en parallèle avec les habituelles, indiquées à 

(1) On verrait encore la chose, au Muséum, en observant la $ laquée rouge de Saint-Jean-du-Maroni, Guyane française, que 
j’appelais, en 1922 (p. 527), P. marginala, parce qu’une ligne rouge sombre y descend jusqu’à l’œil à partir des antennes et qu’une 
telle ligne borde ensuite la selie du pronotum. Cette particularité avait d’autant plus attiré mon attention que M. Séraphin, 
17, rue Montyon, à Paris, me l’avait montrée, toute pareille, sur une aquarelle peinte par lui d’après un spécimen qu’il avait eu 
entre les mains. De tels noms peuvent continuer à désigner des variétés notables. 

(2) D’après la figure de Stoll, la cellule S' rejoint Taxe d’élytre par son angle basali-distal et sépare ainsi les cellules I de la 
cellule L. Une branche antéro-postérieure coupe la cellule P. A la fourche de la sous-costale, une jonction secondaire oblique unit 
l’extrémité de la branche interne au point où la branche externe se bifurque. 


Source : MNHN, Paris 


LÉGENDE DE LA PLANCHE B 


Fig. il. — Ptcrochroza ocellata Linné ( = P. Slolli Brunncr, type <£). Musée de Berlin. D’après une photogra¬ 
phie adressée par M. le Conservateur D r Ranime. 

Fig. 12. — Ptcrochroza uniexcisa Vignon (1923). Type Ç. Musée de Vienne. La tache /,. irrégulièrement rongée, 
et visible surtout par transparence, est tout à fait débutante. Voir do préférence lelytre gauche, 
l'ig. 15 et 16. — Cycloplera specnlala Burmeister, <£. Curieuses taches mimétiques. Nées très visiblement des 
points sombres, elles 11e sont ici nullement «rongées», contrairement à ce que l’on voit planche III, 
ligure 25, planche V, ligures 37 et 38. Les taches t x et t 2 sont relativement insignifiantes. Musée de Stet- 
tin. D’après des photographies adressées par M. le I) r R. Kleine. 


Source : MNHN, Paris 



ARCHIVES DU MUSÉUM - 6 e série, Tome V. 


PI. B 




PTÉROCH ROZÉES 

DES GENRES PTEROCHROZA ET CYCLOPTERA 


Masson et C‘% éditeurs 


Source : MNHN , Paris 























Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 


7i 

propos de la forme lincala : long. corp. 45, pronoli 9, elytr. 75, lai. elytr. 34 ; long, jemor. ant. 14, 
35.5. oviposit. 26. Élytre laqué de rouge : une grande plage verte, semée de ponc¬ 
tuations carmin, pénètre obliquement dans cet élytre comme le montre la figure 8. Dans le 
champ antérieur, celles des aires pâlies qui prolongent cette bande oblique sont faiblement 
teintées de vert. — La grande tache , non bordée encore, mais d’une forme déjà bien définie, 
garde une teinte laiteuse, avec un reste de tissu vert, d’aspect gâté... Mais inutile de chaque 
fois répéter qu’il ne s’agit là que d’apparences : rien n’est gâté vraiment, rien n’est malade ; 
des pigments naissent, ils s'organisent, le parenchyme se raréfie, une comédie se joue dans 
les cellules. Le satellite est une réplique petite et simplifiée de i v i 2 achève la tache que t x 
montre en voie de formation. Un infime satellite à/ 2 dans la cellule voisine, la cellule S. Très 
élargie de l’arrière, la selle du pronotum passe d’environ 2 millimètres à presque 7. Abdomen : 
premier segment, au troisième quart, soupçon de lobe ; deuxième segment, bon lobe com¬ 
primé et abrupt ; troisième segment, ébauche de lobe. Guyane française? Le spécimen 
étant unique, il est impossible malheureusement d’affirmer que nous soyons ici devant une 
bonne espèce, passant les bornes des variations dont P. ocellata est susceptible. 

Les formes suivantes échancrent l'élytre sur l’arrière. 


2. Pterochroza uniexcisa Vignon. 

(1923 a, p. 1349, fig- i.Icifig. 12, PL B du texte.) Monotype Ç au Musée devienne. 
Une seule entaille, à cheval sur la nervure TU"' ; ses bords simulant des parties séchées, 
membraneuses. L’aspect de T élytre est celui d’une feuille très malade, appauvrie, toute 
tachée. Dans cette ruine, t v sans forme ni limites précises et sans tige antérieure, se 
voit seulement par transparence. Un satellite infime dans la cellule U"'. t 2 grand, régulier, 
très achevé. Le dessous de l’élytre faisant avec la face dorsale un singulier contraste : entre 
les appuis pourpres il est d’un fauve doré, très gai de ton. Pas de ligne ivoirine,ni d’ailleurs 
de ligne sombre, aux antennes, derrière l’œil, sur les bords latéraux de la selle, au pronotum. 
A l’abdomen, le second segment seul crêté. Long. corp. 35, pronoli 7,5, elytr. 63, lut. max. 29; 
long, jemor. an/. 10, post. 30, oviposit. 21. Manaos, Amazone. 

3. Pterochroza nimia Vignon. 

(1922, p. 527. Ici PI. VIII, fig. 61.) 

= P. mollis Vignon (1922, p. 529). 

Type Ç au Muséum, Paris. Deux entailles principales au bord postérieur de l'élytre. 
A cheval, toujours, sur la nervure TU"', une première correspond à l’unique échancrure de 
l’espèce précédente, une seconde intéresse la nervure TS. Suivent, sur les nervures SS' et S'L, 
deux sinus qui vont s’affaiblissant. L’élytre laqué de rouge, mais nuançant, dénaturant les 
teintes jusqu’à paraître pourri, séché et corrodé, tout à la fois. Des taches noires tranchent 
sur le limbe. Le champ antérieur tourne proximalement au fauve grisâtre ; distalement, un 
pseudo-champignon semble vider de toute substance le bord arrière. Un triangle d’une 
pseudo-moisissure brune unit l’arc d'ocelle à la portion du bord postérieur (pie creuse 


72 


P. VIGNON 


l’entaille proximale, t ,, triangulaire, est irrégulièrement éraillé, tout comme son satellite. 
Les yeux sont d’un gris fauve. Entre les antennes et la bouche, deux groupes de fins points 
noirs. Des taches et points noirs sur les côtés du pronotum ; de belles granulations noires 
sur la selle. A l'abdomen, premier segment,soupçon de lobe terminal ; deuxième segment, 
au troisième quart, lobe, dressé ; troisième segment, soupçon de lobe. Long. corp. 38, 
pronoti 8,5, elytr. 69, lat. max. elytr. 30,5 ; long, fetnor. ant. 13, post. 33, oviposit. 22. 
Guyane française (Saint-Jean-du-Maroni). — Au Muséum, une autre $ de même aspect, 
mais sans taches ni points noirs sur le pronotum ou la tête. Guyane française. — Au 
Muséum encore, une nymphe $. Sur les courts élytres, sans fonctions jusqu’ici, déjà 
se creusent les entailles, déjà les pigments travaillent à figurer les taches t v l 2 , comme 
ils esquissent déjà l’ocelle de l’aile. Tout cela, les échancrures, les taches qui sembleront 
plus tard rongées, et les ocelles superbes, se développant de compagnie, je suis en 
droit de dire qu’un mimétisme de cet ordre et ce décor sont, au même titre, du luxe, de 
l’art, du superflu. 

Pterochroza mollis Vignon (1922, p. 529 ; ici PI. A du texte, lig. 10). Monotype $ au 
Muséum, Paris. L’élytre échancré comme chez le type, mais toute la pseudo-nécrose sup¬ 
primée. De belles teintes veloutées et marron. Aux entailles, les parties séchées brillent sur 
le fond sombre. Guyane. 

Au British Muséum, un spécimen $ (n° 1901-78, ma photo n° 45, non reproduite) 
a très sensiblement le mimétisme du $ qui va suivre, mais seul le deuxième segment 
de l'abdomen y est crêté. Patrie? 

4. Pterochroza infestata Vignon. 

(1922, p. 528 ; ici PI. II, fig. 9.) Monotype $ au Muséum, Paris. L’abdomen crêté de 
la remarquable façon que voici : tous les segments jusqu’au neuvième inclus, surtout le 
deuxième, puis le troisième, le septième, dressent et dardent en arrière des lobes déchirés. — 
A l’élytre, bi-échancré, la grande moitié proximale du champ antérieur est d’un fauve léger. 
L’aire longitudinale moyenne est pâlie dans des tons vaguement roses; la postérieure est 
marron gris. Là-dessus tranchent des plages blanchât res faites d'un tissu rongé. Une bande 
corrodée pâle répond à la zone verte de Pterochroza Bouvieri (Voir fig. 8 et 9 de la PI. II); 
l v grand de 3 mm 5, y garde sa forme. De même pour son satellite, qui a presque 3 milli¬ 
mètres sur 2. Puis viennent, contre le bord rouillé, des attaques subhyalines. Cela finit dans 
l’aire toute détruite du gros point u". t est franc, avec, en S, un infime satellite ... Et pour¬ 
tant, comme d’ailleurs chez Pterochroza nimia, la vue par transparence restitue l’éclat des 
teintes, grâce aux carmins du dessous. Long. corp. 26,5, pronoti 6,5, elytr. 53,5, lat. max. 
elytr. 22 ; long, femor. ant. 10, post. 27. Guyane française, Saint-Laurent-du-Maroni. 

5. Pterochroza maculata Vignon. 

(1925 b, p. 450 , ici PI. II, fig. 10). Monotype <$ au Muséum, Paris. L’élytre bi-échancré. 
Les trois premiers segments abdominaux portant seuls les lobes élevés que P. infestata 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 


73 


met sur les neuf anneaux. Sur l'élytre, un remarquable décor blanchâtre aurait chance 
d’être individuel ; mais il ne semble pas qu’il puisse en aller de la sorte pour le système de 
lignes pâles marqué sur le pronotum (i). Les régions suivantes sont, à leur tour, blanchies : 
pleuræ du méso et du métathorax ; bout dorsal de l’abdomen y compris la plaque suranale 
et les cerci ; portion apicale des fémurs postérieurs dépassant, au vol, les ailes ouvertes ; 
région distale des tibias intermédiaires. A ce que ma figure montre du décor du pronotum, 
veuillez ajouter, aux faces réfléchies, un liséré marginal et une bande de même ton, parallèle 
au liséré. Sur la tête, l’axe de la nuque blanchi vaguement. Derrière l’œil, deux lignes 
pâles : l’une, signalée déjà par Linné sur le type de l’espèce ocellata, descend àqo 0 ; l’autre 
remonte, mais trop peu pour se raccorder aux lignes qui bordent latéralement la selle du 
pronotum. Une ligne postéro-extcrne pâle marque les deux premiers segments des antennes, 
comme chez divers représentants du genre. Le reste des antennes est pâle, de même le front 
(Voir encore Linné, 1764). Le long du bord dorso-céphalique des tibias antérieurs, un liséré, 
blanchâtre encore. — Décor de l’élytre. Une très grande plage pâle d’aspect gouaché. D’un 
blanc jaune sur le brun, elle tourne au rose dans cette région longitudinale moyenne où le 
rouge ventral transparaît. Ses bords très nets, finement découpés. A l’apex elle n’est plus 
qu’un léger voile. Les nervures qu’elle englobe sont pâlies, non empâtées. Pour sa forme, 
voir planche II, figure 10 (2). Distinct de la tache gouachée, t x est vaste, avec toujours 
l’inachèvement que l’on sait. La bande oblique, verte chez P. Bouvieri, rongée chez P. injes- 
lata, se révèle ici vaguement, avec des attaques infimes. Notons encore les parties sèches 
qui bordent les entailles de l’élytre. 


III. — Genre CYCLOPTERA Serville. 

Serville (1839, P- 439 )- Walker (1870, p. 462). 

= Chlorophylla Pictet (1888, p. 42). Brunner (1895, p. 22, 265) pro parte. Saussure et 
Pictet (1898, p. 455). 

Cycloptera, Vignon (1920 a, p. 172). Hebard (192O, p. 333). — Pour l’intelligence des 
nervures, voir figure 13. 


TABLEAU DES ESPÈCES 


1 (2). L'axe d’élytre rectiligne.... i, C. aurantifolia. 

2 (1). L'axe d’élytre plus ou moins infléchi vers l’arrière. 

3 (6). Cette inflexion minime. 

4 (5). Les nervures du champ antérieur (la pseudo-costale exceptée) à peine sinueuses, 
à peine courbées, fortes, peu rameuses ; la fourche de la sous-costale toute simple ; le 
bord postérieur de l’élytre allant en s’écartant de l’axe jusqu’à l’arrondi qui précède le 


sinus préapical. Forte espèce : longueur d’élytre 70 mm. environ (PI. V, fig. 38). 2. G', excellent. 

5 (4). Les caractères inverses ; longueur d’élytre 54 à 64 millimètres (PI. III, fig. 25 ; 

PI. V, fig. 36, 37 ; PI. C du texte, fig. 17). 3. C. speculata. 


(1) Typophyllum ru/ifolia Chopard a des tendances analogues. 

(2) Elle diffère de celle que nous verrons chez Tanusia inquinata (PI. V, fig. 33) en ce qu’elle n’est pas assez plâtreuse pour 
mimer la fiente d’oiseau, et de celle de Typophyllum rufifolia en ce qu’elle est de bords trop nets pour simuler une moisissure. 
Elle a son analogue, en moins beau, chez Mimelica castanea (PI. VI, fig. 43). Voir aussi Typophyllum cinnamum, figure 41 du texte. 

Archives du Muséum, 6 e Série. V. — io 




74 


I’. VIGNON 


O (3). L’axe d’élytre infléchi plus fortement, 

7 (8). dans la région distale ; les nervures du champ antérieur comme chez C. spcculata 


(PI. VI, fig. 46).*• C. fat ci folia. 

8 (7). dans la région moyenne, et la région apicrde prolongée ; les veines transverses faisant 

défaut dans le chanlp antérieur. 5 - C. arcuata. 


1. Cycloptera aurantifolia (Stoll). 



Gryllus Telligouiæ aurantifolia Stoll (1787, p. 8, PI. ilia, iîg. 5) : « La Sauterelle à 
sabre aux feuilles d'oranger ». Monotype Ç. Insecte vert. Surinam. — Plerochroza auran- 

tiijolia, Burmeister (1839, 
II, p- 696). 

Cycloptera aurantifo¬ 
lia, Serville (1839, p. 439). 
Brésil. — Walker (1870, 
p. 462). 

Les types de Stoll et 
de Serville étant perdus, 
il reste à noter que .Stoll 
dessine un axe d’élytre 
absolument rectiligne. Or 
c’cst le cas pour une Ç du 
Muséum de Paris, malheu¬ 
reusement en assez mau¬ 
vais état, et à quoi toutes 
les pattes manquent. Stoll, 
lui, voit les pattes «armées 
d’épines ». Serville écrit à 
son tour : « Toutes les 
cuisses sont un peu épi¬ 
neuses en dessous, surtout 
les postérieures. Cannelure 
supérieure des dernières 
jambes large, mais peu 
profonde, ses bords ayant 
quelques épines rares et 
fines. » D’après la figure 
de Stoll, le champ anté¬ 
rieur de 1 ’élytre est m oyen - 
nement dilaté dans sa ré¬ 
gion postmédiane. Lasous- 

costale, après s’être brusquement infléchie, émet proximalement trois branches ; elle forme 
ainsi une fourche complexe. En rapport, on le verra bientôt, avec ce caractère, les veines du 
champ antérieur ondulent ou se brisent quelque peu. Du même coup, le bord postérieur de 


Fig. 13. - Cycloptera spcculata Burmeister $. Spécimen conservé au Muséum. Régions 

grisées : à l’élytre, la fourche de la sous-costale, celle du secteur de la radiale, l’aire 
comprise entre la médiane et la cubitale antérieure (seule figurée) ; à l’aile posté¬ 
rieure, l’espace compris entre la radiale et les deux rameaux que cette veine émet suc¬ 
cessivement sur l’arrière, et la fourche de la médiane. Pas de taches mimétiques à 
lelytre, en dehors de la fenêtre t., non figurée. Dessin original. 


Source : MNHN, Paris 









RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUÎLLES DE L’AMïtRIQUE TROPICALE 75 

I’r'lytre va en se rapprochant un peu de l’axe, avant de se couder modérément pour gagner 
l’apex par un sinus faiblement creux.— Pour la 9 du Muséum, long, elytr. 53, lat. campi 
an/. 10, post. 13. Origine? (t). 

2. Cycloptera excellens Vignon. 

(1926 a, p. 175. Voir ici PI. V, fig. 38). Monotype Ç an British Muséum. Grande espèce. 
L’insecte a dû être vert. Pattes à petites épines. L’axe d’élytre presque rectiligne. Noter 
la puissance, la marche directe des nervures antérieures. La sous-costale infléchie n’émet 
proximalement qu’une seule branche : la fourche sous-costale est de la sorte étroite et 
simple. Le bord postérieur, rectiligne, va en s’écartant un peu de l’axe de l’élytre. Une 
bosse, mise sur un coude assez brusque de ce bord, correspond à la nervure U"T et se 
continue dans la cellule T. Elle précède un sinus important. (L’apex manque.) De superbes 
taches mimétiques. La forme en croissant de la belle fenêtre t 2 est générique. t x et les taches 
proximales des cellules B et E sont remarquables. Ces taches sont vastes, caséeuses, avec 
des bords irrégulièrement brunis et des tractus ou résidus, bruns aussi, à l’intérieur (2). 
Un bon nombre d’autres taches arrondies, de dimensions modestes, ressemblent aux trois 
grandes en plus simple. Long. corp. 36, pronoti 9,5, lat. post. 8,5 ; long, elytr. 70 (3), lat. 
campi ant. 23, post. 18 ; long, femor. ant. 11,5, post. 32,5, oviposit. 21,5. Origine? 


3. Cycloptera speculata (Burmeister). 

Locusta camillifolia Fabricius, pour Stoil (1787, p. 9, PI. Ilia, fig. 6) : « La Sauterelle 
à sabre aux taches de miroir ». Spécimen (4). 

Pterochroza speculata Stoll, Burmeister (1839, p. 696). — Cycloptera speculata Stoll, 
Walker (1870, p. 463). — Cycloptera camillifolia Stoll, Kirby (1906, p. 354). 

= Cycloptera tiliæjolia Walker (1870, p. 462). = Chlorophylla latifolia Pictet (1888, 
p. 43, PI. I, fig. 14, 14a). = Chlorophylla amplifolia Saussure et Pictet (1898, p. 456, PI. 22, 
fig. 17). = Chlorophylla fagijolia Saussure et Pictet (1898, p. 456, PI. 22, fig. 18). 

La figure de Stoll serait à elle seule impuissante à faire connaître le type de cette 
espèce ; mais, d’après une photographie et un dessin que veut bien m’adresser M. le D r Van 
Eecke, il se trouve que le Musée de Leyde possède un <$, de Surinam, dont les élytres 
portent exactement les taches rongées que Stoll signale : à savoir une grande tache longue 


(ï) Les caractères tirés de l’aspect de la fourche sous-costale, de la marche des nervures dans le champ antérieur, de la direc¬ 
tion du bord arrière, sont communs à C. aurantifolia et à C. speculata. D’autre part, chez diverses Ç de speculata, l’axe d’élytre 
est proche d’être rectiligne (PI. V, fig. 37). Il se pourrait donc qu’un jour les deux espèces n’en fissent plus qu’une. Dans ce cas, 
c’est l’espèce aurantifolia qui devrait persister, puisque Stoll en est vraiment l’auteur, tandis qu’il a laissé à Burmeister le soin de 
baptiser ultérieurement « la Sauterelle aux taches de miroir » du nom latin de speculata. — Quant à cette dernière espèce, on verra 
que je ne la définis point du tout par ses taches mimétiques, si bien que ce sont des caractères d’un ordre plus anatomique qu’il 
faudrait invoquer, selon moi, pour la laisser distincte de l’espèce aurantifolia de Stoll. 

(2) Les grandes taches, caséeuses avec des bords et des tractus rouillés, semblent propres au genre Cycloptera. Mais, dans ce 
genre, l’élytre peut aussi se tacher autrement (PI. B du texte, fig. 15, 16), ou pas du tout (PI. C du texte, fig. 17). 

(3) L’apex étant brisé, ce chiffre est un peu conjectural. 

(4; Le Lxte de Stoll renvo e à « Fabiicius, Sp. ins., 1 , p. 936 (sic), n° 4, Loc. camillifolia ». Il y a là une erreur d’identification 
manifeste. Dans le Species insectorum, I, p. 356, pour Locusta, n° 4, camillifolia, Fabricius (1781) donne en effet la diagnose 
suivante : « Thorace deflexo, elytris concavis apice rotundatis *. Remontons au Systema entomologiæ (1775), p. 283 : « 4. camelli- 
folia •> (sic), même diagnose. L'insecte de Stoll n’est donc pas celui de Fabricius. 


Source : MNHN , Paris 


P VIGNON 



76 

à la base de la cellule B, une un peu moins grande à la base de la cellule E, et, sous l’axe 
d’élytre, une petite tache en I' et une en L (fig. 14). Les $ de C. speculata ont l’axe d’élytre 
nettement courbe ; le bord postérieur va en se rapprochant de cet axe, sans marquer de 
bosse ni creuser de sinus avant l’apex. — Un $ sans taches mimétiques au Muséum, Paris : 
long. corp. 22, pronoli 6,5, elytr. 43, lai. campi ant. 16, post. 11 ; long.- femor. post. 22. Pas 

d’indication d’origine. —Mes 
figures 15 et 16, planche B 
du texte, signalent les cu¬ 
rieuses taches mimétiques 
d’un $ du Musée de Stet- 
tin, d’après les photogra¬ 
phies que m’a fait aimable¬ 
ment parvenir M. le D r R. 
Kleine. Surinam. 

Néallotype $. Le spéci¬ 
men 55-75 du British Mu¬ 
séum, étiqueté Cycloptera 
speculata par Walker. (Ici 
PI. V, fig. 36.) Belles et nom¬ 
breuses taches mimétiques. 
Villa nova. — A l’U.S. nat. 
Muséum, Washington (PI. III, 
fig. 25), une Ç communiquée 

parM.leD r Caudell. Entièrement ocreuse. Axe d’élytre nettement courbe. Pattes épineuses, 
mais fort peu. Long. corp. 2^,pronotig,prozonæ2,75, metazonæ 5,25, lat. ant. pronoti 4., post. 
7. 5 ; long, elytr. 57, lat. 35, campi ant. 21,post. 15,5; long, femor. ant. 10,75, post. 27, oviposit. 21,5. 
Plaque sous-génitale ovalaire, échancrée. Belles taches mimétiques. Voir la façon dont se 
fenêtrent, dans le champ antérieur, la tache qui est à la base de la cellule E, tout contre la 
sous-costale brusquement infléchie, et, dans le champ postérieur, la tache t 2 . Demerara. 
— Une Ç du Musée de Leyde, de Surinam, connue de moi tant par une photographie que 
par un dessin colorié que m’adresse M. Van Eecke : les belles taches mimétiques ressemblent 
à celles de la Ç de Washington ; la tache basale de la cellule E se fenêtre de même ; t 2 y 
est une fenêtre plus vaste, dont la forme en croissant, en crochet, continue d’être bien géné¬ 
rique. Surinam. — Une $ au Musée de Stettin, dont le D r R. Kleine m’a adressé la photo¬ 
graphie. Surinam. — Au Muséum, Paris, une $ décolorée dans l’alcool (fig. 13) ; seulement 
la fenêtre t 2 , pas de points sombres. Aux fémurs postérieurs le bord ventral externe entière¬ 
ment armé de petites épines. Cayenne. — Une $ de l’Université de Strasbourg, commu¬ 
niquée par M. le Professeur Chatton (fig. 17, PI. C du texte). D’un beau vert. Noter combien 
la fourche, si rameuse, de la sous-costale diffère ici de celle qui caractérisait C. excellens 
(Pi. V, fig. 38). Ile Mexiana, embouchure de l’Amazone. — Une $du Musée entomologique 
allemand de Berlin-Dahlem, communiquée par M. le D r Walther Horn. Les élytres d’un 
vert très vif, longs de 59 millimètres. En fait de taches mimétiques, seulement t v brun, et t 2 , 


Fig. 14. — Cycloptera speculata g. Musée de Leyde. Spécimen offrant exactement les 
taches rongées que Stoll figure. Les taches /, et t 2 manquent ici comme chez le type 
de Stoll. D’après la photographie adressée par M. le Conservateur D r Van Eecke. 


Source : MNHN, Paris 








RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE I.’AMERTQüE TROPTCAI.E 


77 


réduit à une très petite fenêtre. Les points sombres non utilisés, bien qu’un certain nombre 
d’entre eux différencient déjà des arêtes rayonnantes et sinueuses. Bolivie, province Sara. 
— Au British Muséum une $ très fraîche, communiquée par M. le I) r Uvarov. Les élytrcs 
d’un vert très vif. Les pattes, le vertex, les joues, le dessus de la prozone du pronotum d’un 
beau pourpre violacé, les yeux violet foncé. Aucune tache mimétique ; des points sombres 
un peu violets. I.’oviscapte d’un brun chaud et clair qui se l'once apicalement ; à la base, 
une grosse tache d’un noir violet. Long. corp. 30, pronoti 8, lat. ant. 3, post. 7 ; long, elytr. 55, 
lut. campi ant. 20, post. 15 ; long, femor. post. 27,5, oviposit. 23. Guyane hollandaise, Albina. 
Une $ n° 81-48, qui semble avoir bruni; 4 opaque et faiblement brunâtre, t 2 est une fenêtre 
claire. Une tache stigmatique à la base de la cellule E. Cachiboya (Pérou, rivière Ucayali). 
Une $ n° 1905-313, de la collection Sharp, d’un ocre sombre. Demerara. 

Cycloptera tiliæjolia Walker. Deux $ vertes au British Muséum, du Brésil : le type, 
spécimen b, sans taches mimétiques en dehors de la fenêtre 4 (PI. V, fig. 37), origine Villa 
nova ; un spécimen a : 4 est une tache brune ; 4 étroit, serti de brun, un peu dans ses débuts ; 
à la base de la cellule E une tache stigmatique jaune-paille, opaque, brunie au bord, origine 
Para. 

Chlorophylla latijolia Pictet. Monotype au Musée de Genève. Quelques très petites 
épines aux fémurs antérieurs. Fémurs postérieurs inermes, des saillies minimes représentant 
seules les épines. Cayenne. — Brunner (1895) dénomme ainsi le $ 23.833 du Musée de 
Vienne, de Para, la Ç 5987 du Musée de Vienne, de Sainte-Marthe en Colombie, dont 
l’élytre atteint en longueur 63 millimètres pour une largeur de 35, un $ et une $ de l’Ama¬ 
zone et une Ç de Surinam, au Musée de Stettin, collection Dohrn, ainsi qu’une $ de Sorata 
en Bolivie, au Musée de Lübeck. 

Chlorophylla ampli folia Saussure et Pictet. Un monotype $, ocracé, l’apex de l’élytre 
arrondi, que je n’ai trouvé ni à Genève ni à Londres. Pas de taches mimétiques signalées. 
Trois ou quatre épines seulement au bord ventral externe des fémurs postérieurs. Long, 
elytr. 54, lat. 34,5 ; long. fem. post. 26,5. Équateur. 

Chlorophylla jagijolia Saussure et Pictet. Deux spécimens $ ; l’un, nous est-il dit, 
d’un vert ocreux, l’autre de couleur ocre, avec des taches mimétiques aux élytres. L’apex 
de l’élytre pointu. Fémurs postérieurs avec de petites épines sur toute la longueur du bord 
ventral externe. Long, elytr. 64, lat. 38,5 ; long, femor. post. 31. Équateur. (Ces insectes ne 
sont ni à Genève ni à Londres.) A Genève, un spécimen 2 dit « variété ». — Hebard (1926, 
p. 333) signale un spécimen $, de Muzo, Boyaca, Colombie. Tl juge que le genre Chlorophylla 
Pictet a chance d’être synonyme du genre Cycloptera Serville. Voir Vignon (1926 a, p. 172). 

4. Cycloptera falcifolia Walker. 

Walker (1870, p. 463). Ici, PI. VI, fig. 46. Monotype ^au British Muséum. Insecte vert. 
Distalcment, l’axe d’élytre se courbe en rejetant l’apex vers l’arrière. Pattes sans épines. 
Pas de taches mimétiques. Long. corp. 20, pronoti 6,5, elytr. 38, lat. campi ant. 14, post. 9,5 ; 
long, femor. ant. 7,5, post. 20. Brésil. 


7» 


P. VTGNON 


5. Cycloptera arcuata (Saussure et Pictet). 


Chlorophy/la arcuata Saussure et Pictet (1898, p. 456, PI. 22, fig. 19). Monotype $ '■ 
il n’est ni à Londres, ni à Genève. Insecte vert. Fortement arqué vers l’arrière dans sa région 
moyenne, l'axe d’élytre se prolonge ensuite en ligne droite. Un apex aigu et long donne à 

une cellule H' un dé¬ 



veloppement notable. 
Les auteurs insistent 
sur ce que, dans le 
champ antérieur de 1 ’é- 
lytre, les veines trans- 
verses font défaut. 
Contrairement à ce 
que l’on observe chez 
les espèces précéden¬ 
tes, les nervures an¬ 
térieures finissent dans 
des pointes brunes, qui 
sinuent un peu le bord. 
Long, pronoti 7, elytr. 
49, lai. campi ant. 15, 
post. 12. Equateur. 


IV. — 

GenreTANUSIA Stal. 


Stal (1874, p. 57). 
Génotype : Tanusia 
sinuosa Stal {Ibid., 
p. 73). — Pictet (1888, 
p. 35). Brunner (1895, 
p. 21, 247). Saussure 
et Pictet (1898,]). 449). 
Vignon (1923 c,p. 433; 

1923 d, p. 515). 

Pour l’interprétation des nervures, voir figure 18. Les formes dont il sera dit que l’abdo¬ 
men n’est point crêté lobent pourtant, plus ou moins, les deux premiers segments ; le 
premier portant d’ordinaire un lobe dont la pente antérieure est abrupte, et le second un 
lobe convexe, parfois très faible. — La tache t x montre en principe une partie externe, 
finement, irrégulièrement rongée et déchirée, et, le long de la nervure U"'T, une partie 
interne plus fenêtrde déjà, pouvant se prolonger antérieurement contre la veine TP (Voir 


Fig. 18. — Tanusia Brullæi Blanchard, var. crassiocellata Vignon (1023) $. Musée de Vienne. 
Régions grisées : à Félytre, la fourche de la sous-costale, celle du secteur de la radiale, à 
deux cellules,Faire comprise entre la médiane et la cubitale antérieure; à l’aile postérieure. 
Faire comprise entre les deux rameaux émis postérieurement par la radiale, aire qui corres¬ 
pond à ce qui est, chez les Qmmatoptera, la fourche du secteur de la radiale. A Félytre la 
tache subapicale et l’arc d’ocelle, à l’aile postérieure l’arc d’ocelle sont ombrés en traits 
parallèles. Dessin original. 


Source : MNHN, Paris 








RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 79 

par exemple planche V, figure 34, et, pour une étrange exagération du processus, planche E 
du texte, figure 25). La tache 4 diffère donc beaucoup de ce qu’elle était chez les Ptero- 
chroza, où elle annonçait la fenêtre ovale t 2 . 


GENRE «TANUSIA» 


IA BLE A l' DES ESPÈCES 


1 (10). \ile postérieure. Les Anes nervures aussi peu brunies que possible (première talion 
du genre.) 

2 (7). Elytre vert ou jaunâtre. Aile postérieure : arc d'occlle rouge. 

3 (6) L'aile postérieure n’étant pas ocrée, opaque ; l'arc rouge ne diffusant pas à l’intérieur 
cle l'ocelle. 

4 (5). Élytre. Le bord postérieur entier (PI. IV, fig. 27). . .. 1. T ■ Urulliei (p. 80). 

5 (-j). Le bord postérieur sinué. 2. T. rubrooccllala (p. 83) 


G (3). L'aile postérieure ocrée, opaque ; grand ocelle, à l’intérieur de quoi le rouge de l’arc 

diffuse largement. L’élytre allongé: forte espèce... 3. T. orosifolia (p. 84), 

7 (2). Élytre, vert, ou brun, d'un coloris nuancé, ou élytre vert taché d'une plage mimétique 
très spéciale : l’arc d’ocelle noir. 

8 (q). Élytre nuancé, n’offrant pas la grande plage mimétique spéciale (PI. en couleurs, 

fig. 4).j. T. versicolur (p. 84). 

9 (8). Une grande plage apicale d’aspect pourri, moisi (PI. 11 J, lig. 2h)... 5. T. arrosa (p. 85). 


10 (1). Aile postérieure. Les fines nervures brunies (arc d’ocelle noir). 

11 (2b). Ce brunissement léger, ne fonçant pîis spécialement l’aile en dedans du pourtour 
(d"uxicm 1 section du genre). 

12 (23). Élytre. Le bord postérieur entier. 

13 (20). L'abdomen ébauchant un lobe sur le premier segment et lobant le deuxième, 
le reste nu. 

14 (17). L’élytre brun : pas de grande plage mimétique spéciale. 

15 (16) Élytre de surface lisse, les nervures ressortant peu. b. T. dvcorala (p. 85). 

i(> (15). Élytre comme dépoli, avec des nervures fortement marquées de brun 

(PI. VII 1 , fig. 65)... (T. crassivenosa) (p. 86). 


17 (14). A l'clytre, de grandes plages mimétiques d'un caractère spécial, sur un fond 
vert. 

18 (19). Les plages brunes, bien définies, que montrent tant la figure 32 de la 
planche V que la figure 21 de la planche D du texte. 7. T. signala (p. 87). 


19 (iS). Les plages brunes, diffuses au bord, que montre la figure 28 de la planche IV, 
et du vert conservé, dans la plage postéro-distale brune, le long de certaines 

nervures... 8. T. subtilis (p. 87). 


20 (13). Tout l’abdomen lobé, crêté. 

21 (22). Taille habituelle. Élytre de la forme habituelle, notamment avec la dilatation 

postéro-distale connue (PI. V, fig. 34). y. T. cristala (p. 8y). 

22 (21). Taille notablement moindre. A l’élytre, la dilatation postéro-distale supprimée. 

Le sinus antérieur postmédian perpendiculairement eiftaillc (texte, fig. 22).... 10. T. aridijolia (p. 90). 

23 (12). Elytre. Le bord postérieur sinué. 

24 (25). Taille et aspect habituels. L’abdomen lobe sur les deux premiers anneaux seule¬ 
ment (PI. VIII, fig. 66). 11. T. corrupla (p. 91). 


25 (24). Petite taille. L'abdomen crêté sur presque tous les segments 


12. T. undulata (p. 91). 


26 (11). Un brunissement spécial tache ou assombrit l’aile en dedans du pourtour (troisième 
section du genre). 

27 (28). Le brunissement limité à de brusques maculatures. Élytre allongé (PI. D du texte. 


fig. 23). 13- T. illustrata (p. 93). 

28 (27). Le brunissement diffus. Élytre ovale. 

29 (30). Aspect habituel. Forte taille. A l'élytre, le bord postérieur entier (PI. E du texte. 

fig. 24,25). 14. T. colorata (p. 93 )- 


30 (29). Taille bien moindre. A l’clytre, la dilatation postéro-distale réduite ou plutôt 
supprimée. Le bord postérieur sinué (PI. VIII, fig. 67). 


T. sinuosa (p. 94). 


Source : MNHN, Paris 




















So 


P. VIGNON 


La définition des espèces est ici plus difficile encore que dans le genre Pterochroza, 
à cause de la multiplicité de formes que des caractères de faible importance semblent être 
seuls à séparer. En outre, certaines espèces, telles que T. Brullæi, ne sont probablement pas 
homogènes. Je noterai de mon mieux les tendances et mettrai les formes les plus saillantes 
en valeur. D’après le brunissement de l’aile postérieure, le genre passe successivement par 
trois états. Il conduit en outre à des ocelles écrasés, en partant d’ocelles élevés, l’ocelle qui 
s’écrase annonçant le genre suivant. 

Première section. — Les fines nervures de l’aile postérieure brunies à peine ou pas 
du tout. — A. Le G de l’ocelle d’aile brun rouge, l’élytre vert ou jaunâtre. 

i. Tanusia Brullæi (Blanchard). 

Pterochroza Brullæi Blanchard (1840, p. 20, PI. 6). 

= Cycloptera pavoni/olia Walker (1870, p. 4O3). 

Cette espèce groupe des formes dont les parentés sont incertaines ; j’y découvre en 
tout cas deux tendances évolutives distinctes. Mais commençons par détacher une variété 
qui semble, quant à elle, ne mener à rien de défini : 

T. suhintactu Vignon (1923 c, p. 436). Holotype $ au Muséum, Paris ; l’ovale d’ocelle 
plutôt élevé, mais sans différenciation spéciale. Les menues taches intracellulaires presque 
nulles. Ëlytre jaunâtre. Lobe antérieur médian de l’élytre subanguleux, pente distale de 
ce lobe à 45 0 , assez longue. t x réduit à des brunissements avant-coureurs. L, faiblement 
couvert, et médiocre. En tête des mouchetures blanches et purement décoratives de la face 
ventrale, le satellite de t 2 dans la cellule S n’est encore qu’un brunissement. A l’aile, ocelle 
rougeâtre de io® m ,5 X 9""",5. Abdomen : premier segment? ; deuxième, seconde moitié, 
Lbe médiocre. Long. corp. 45, pronoti 7,5, elytr. 54, lut. max. elytr. 31, campi ant. 13 ; long, 
femor. ant. 12, poslP, oviposit. 19. Guyane. — Une $ du Musée de Vienne, ancienne collec¬ 
tion, a l’élytre vert. t x est minuscule. Patrie? — La $ n° 5 du Musée de Genève, verte aussi : 
^ est nul. 

Voici maintenant une variété importante. Elle annonce en effet, dirai-je, l’espèce 
decorata, par quoi débutera la seconde section du genre : 

Tanusia crassiocellata Vignon (1923 c, p. 436). L’ocelle d’aile élevé, avec une base 
nettement épaissie. Les menues taches intracellulaires et la tache t x souvent peu déve¬ 
loppées; le satellite de t 2 pouvant être à l’état d’ébauche: trois fois je l’ai vu décomposé 
encore en des érosions punctiformes, et non serti. Holotype $ au Muséum, Paris. Ocelle 
d’aile : 11,5 x 9,5. Le satellite de t. z fait d’attaques élémentaires qui dessinent une ligne 
interrompue. Guyane. — Une Çau Musée d’Elbeuf. Le satellite de t 2 à ses débuts. Il a sa 
forme, mais il n’est pas serti, et juxtapose seulement de fines aréoles, claires au centre 
avec un pourtour brun. L’ovale d’ocelle épais de la base, et allongé (10,5 x 8,5). Patrie? 
— Au Musée de Vienne la $ 326 : ocelle d’aile caractéristique ; le satellite de t 2 fragmenté, 
comme chez le type. Brésil? La $ 22078 (fig. 18, et PL VIII, fig. 62) : t x réduit à la partie 
postéro-interne, cette partie médiocre, inachevée, fragmentée. Le $ de même numéro. 
Ces deux derniers insectes de Santa Cruz, Rio Grande. Le n° 22964. Le grand ^7850, de 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 8t 

Bahia. — Au British Muséum la $ n° 1921-469, de Rio de Janeiro. — A Genève la Ç n° 3 : 
/, réduit à une portion interne médiocre. Le satellite de /.,, nul à gauche, se dégage à droite 
de l’érosion formatrice. Brésil. 

Tanusia Brullæi typique. - Type $ au Muséum, Paris (PI. VIII, fig. 63). L’ocelle 
d’aile arrondi, avec une convexité proximale accentuée, une base très mince et une ligne 
blanche postérieure longue. La tache t v concentrée, aréolaire, jaunâtre, esquisse à peine 
(à droite) un lobe postéro-interne fenêtré. La tache t 2 est un miroir couvert, son satellite 
pareillement. A la base de la cellule C, une très belle pseudo-fructification cryptogamique 
noire, au centre d’une aire blanchâtre définie. Dans la cellule D, dans la cellule L (avant la 
tache décorative subapicale), une aire blanchâtre plus vague. De belles taches grises le 
long du bord arrière. Abdomen : premier segment, seconde partie, beau lobe en casque ; 
deuxième, beau lobe encore ; sur le reste, une ligne godronnée. Long. corp. 35, pronoti 7,5, 
elytr. 50, lat. max. elytr. 30, campi ant. 12,5 ; long, femor. ant. 12, post. 29, oviposit. 18. 
Cayenne. — Au Muséum, Paris, deux spécimens $, du Brésil, dont la planche IV, figure 27, 
reproduit le plus beau. Long. corp. 35, pronoti 7,5, elytr. 53, lat, max. 32, campi ant. 13 ; 
long, femor. ant. 12, post. 30, oviposit. 20. J’en ai refermé un (PI. I, fig. 6) pour montrer 
l’aspect de l’insecte au repos. On voit que le dépassant de l’aile postérieure, dû à la présence 
du lobe crochu de cette aile, tend à rendre à l’élytre fermé la silhouette normale d’une feuille, 
silhouette que le sinus antéro-distal de cet élytre ne pouvait qu’altérer : nous avons main¬ 
tenant devant nous comme une vraie feuille, échancrée sur le bord qui d’ailleurs touche le 
sol. Mais notez du même coup que la bête au repos n’est point cachée par les élytres : entre 
ses pseudo feuilles, elle reste une sauterelle évidente. Contre l’utilité de ce mimétisme 
bizarre, voyez ceci encore : si achevée, si vitreuse que puisse être la tache t 2 (telle que la 
montrent, par exemple, la figure 7 de la planche I, les figures 8, 9, 10 de la planche II, les 
figures 36, 37,38 de la planche V), la superposition des élytres, que doublent encore les ailes 
postérieures reployées, annule la transparence de la fenêtre quand la bête, immobile, est 
justement dans la pose où elle aurait besoin que sa copie la protégeât. Le raffinement des 
« miroirs » n’est donc d’aucun usage pratique. Pourquoi d’ailleurs, dans le genre Tanusia 
notamment, tant de taches t 2 figurent-elles des miroirs comme recouverts après coup d’une 
taie brunâtre (PI. IV, fig. 27) ? Enfin toutes ces malices sont d’autant moins à considérer 
sous l’angle du profit qu’un élytre n’aurait nul besoin de se couvrir de pseudo-maladies 
cryptogamiques, de pseudo-morsures d’insectes, pour sembler feuille ; l’on peut, au surplus, 
chez les Ptérochrozées elles-mêmes, se coller au dos des feuilles intactes, ce que nous avons 
noté maintes fois déjà (Voir PI. I, fig. 1 ; PI. C, fig. 17). Et puis l’immense majorité des Saute¬ 
relles ne se dispense-t-elle point de jouer spécialement à la feuille? Avec les Ptérochrozées, 
nous sommes donc, comme le disait Brunner, en pleine « hypertélie », j’ajouterai : en plein 
décor, car, pour moi, le problème de l’ornementation et celui du mimétisme hypertélique 
ne font qu’un. Les Ptérochrozées empruntent au milieu végétal les éléments d’un rendu qui 
se trouve être esthétique et scientifique à la fois. Oue leur simulation soit savante, la chose 
est manifeste; que,dans l’inconscient de leur être, elles fassent aussi du luxe.il suffit, pour 
n’en point douter, de voir les ocelles des genres riches, et ces rouges que les Pterochroza 
Archives du Muséum, 6 e Série. V. — n 


Source : MNHN, Paris 


LÉGENDE DE LA PLANCHE C 


Fig. 17. — Cycloptera speculata Burmeister, $. Pas de taches mimétiques. A la base de la cellule T, un gros 
point noir, aux dépens de quoi aurait pris naissance une tache t if s’il avait évolué. Dans la cellule U, le 
point sombre est entouré déjà d’une aire pâlie, sans valeur mimétique à ce stade de début. Université 
de Strasbourg. Insecte communiqué par M. le Professeur Chat ton. Photo Le Charles, x 1,4. 

Fig. 19. — Tanusia Brnllæi Blanchard, Ç. Fort spécimen, montrant comment aura pu prendre naissance la 
forme la plus caractéristique de la troisième section du genre, Tanusia colorata Serville : à l’aile posté¬ 
rieure on découvre en effet la toute première esquisse d’un brunissement sous-marginal, et une ponc¬ 
tuation foncée apparaît, dans l’ocelle, entre les deux lignes blanches antéro-postérieures. (Voir PI. D, 
fig. 23, PI. E, fig. 24, pour le brunissement sous-marginal, réalisé, et PI. E, fig. 24, pour la ponctuation 
foncée de l’ocelle.) D’après une photographie adressée par M. le Professeur D r Sjôstedt. 

Fig. 29-32. — Fig. 29 : Typophyllum abruptum Brunner, type $. — Fig. 30 et 31 : Tanusiella guttifera 
Enderlein, types et $. — Fig. 32 : Typophyllum curium Vignon (1926). Type <?. — Ces divers 
insectes sont au Musée de Stettin. Ils sont ici reproduits d’après des photographies adressées par M. le 
D r R. Kleine. 


Source : MNHN, Paris 



ARCHIVES DU MUSEUM - 6* série , Tome V. 


PL C 




29 


30 


31 


32 



PTÉROC1 IROZÉES 

DES GENRES CYCL0PTERA, TANUSIA, TANUSIEL1.A, 


Fig. ij, photo Le Charles 
TYPOPHYLLUM 


Masson et C l % éditeurs 


Source : MNHN , Paris 

























' 





















. 










Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 83 

peignent sous 1 elvtre : sordides, une fois posées, ces bêtes sont de vivants joyaux quand 
elles volent. 

Signalons encore, à Vienne, la $ n° 1579, du Brésil ; à Londres une Ç et deux les 
Cycloptera pavonifolia de Walker (1870, p. 463), du Brésil également ; à Genève, la $ n° 4 (1). 
Le n° 376 de Vienne, du Brésil, le n° 2 de Genève, pareillement du Brésil, font partie 
du groupe des Tanusia Brullæi, sans spécialisation nette. — A Paris, les Ç a et b, de 
Cayenne, ont les belles taches cryptogamiques des cellules C, D, L, assez originales : aréo- 
laircs, ces taches n’ont pas de pseudo-fructification noire en leur centre. Le pseudo-cham¬ 
pignon n’aura pas, ici, fructifié. — A l’Université, de Strasbourg, une $ de Rio : un 
T. Brullæi typique. Une autre $, le n° 983, sans indication d’origine, offre, aux ocelles des 
ailes postérieures, et cela surtout à gauche, les caractères de ma variété crassiocellata, mais 
en même temps les taches rongées c,, d x sont telles que nous les avons vues chez les 
T. Brullæi typiques (Voir PI. I, fig. 6) ; la tache étroite et haute, aréolaire, n’a pas 
différencié la fenêtre proximale. Un £ n° 984, sans indication d’origine lui non plus, et 
dont l’ocelle est, typiquement, celui des T. Brullæi proprement dites. A l’élytre, la région 
distale y est vaguement frottée de blanc, et voilà qui annonce les peintures gouachées, 
définies, que nous rencontrerons plus tard (PL V, fig. 33, 34, 35). Ce blanc se répète sur le 
dépassant lobé de l’aile postérieure. [Sur les deux belles $ du Muséum (PL I, fig- 6 ; PL IV, 
fig. 27), le frottis blanc est à l’état d’ébauche très faible.] 

Du point de vue évolutif, j’attire particulièrement l’attention sur un fort spécimen $ 
de Stockholm, dont M. le Professeur Sjostedt a bien voulu m’envoyer la photographie 
(Pl.Cdutexte, fig. 19). Avec un élytre long de 62 millimètres, il rejoint les Tanusia colorata Ç 
par la grandeur, par la largeur aussi de l’ocelle d’aile (Voir Pl.E du texte, fig. 24, 25). 
Notons ici encore, sur l’aile postérieure, la toute première ébauche d’un brunissement sous- 
marginal. Cela étant, que ce brunissement de l’aile postérieure s’accentue, que l’élytre 
tourne au marron, et que du même coup le C de l’ocelle d’aile devienne noir, que naisse, 
dans cet ocelle, entre les croissants blancs qui se font face, une tache noirâtre dont la 
figure 19 laisse deviner le mode de formation, et nous en serons à la troisième section du 
genre, alors que c’était à la seconde que, tout à l’heure, la variété crassiocellata conduisait. 

2. Tanusia rubroocellata Vignon.. 

(1923 a, j). 1349, fig- 2 ! ma photo n° 13, non reproduite.) Monotype $ au Musée de 
Vienne. Des sinus modérés, arrondis, creusent les terminaisons des nervures qui limitent 
la cellule T, ainsi que la nervure SS' ; un soupçon de sinus encore sur la nervure S'L. Des 
membranes sèches disposées de part et d’autre des nervures dans les fonds des trois sinus 
principaux. Les taches t u t 2 très développées. Le satellite, spécialement long, tenant toute 
la largeur de la cellule S. A gauche, l’ocelle de l’aile à un stade indifférent ; à droite, il s’arron¬ 
dit et s’élargit. Dimensions habituelles. Origine? 

Dans le genre Tanusia , les sinus élytraux postérieurs sont mous et ronds (Voir PL VIII, 

(1) Ç étiquetée T. variabilis. Ce nom, créé par Pictet (1888, p. 38, PI. II, fig. 18, 19), ne désigne aucune espèce définie. Nous 
le retrouverons à propos des espèces dccorata, cristata, colorata. 


Source : MNHN, Paris 


S 4 


V. VTGNON 


fig. 66, 67). Ces vagues ondulations, qui semblent ne rien copier, nous laissent fort loin des 
échancrures de la planche II (fig. 9, io), de la planche B (fig. 12), des entailles tellement 
plus belles encore de la planche VII (fig. 54, 55, 58, 59) et surtout de celles de la planche I 
(fig. 4). Et pourtant les sinus de T. rubroocellata mettent, dans leurs fonds, des pseudo¬ 
membranes sèches, comme le peuvent faire P/erochroza mollis (PI. A, fig. 10), P. uniexcisa 
(PI. B, fig. 12), P. maculata (PI. II, fig. 10). Quelle solution donner à ce problème, d’autant 
que nous ne pouvons pas accuser le mimétisme, superbe, des Tannsia d’en être à son déclin, 
et de ne garder les membranes qu’au titre de souvenir? Leur présence ne m’interdit pas 
moins de tenir ceux des sinus qui les offrent pour des ébauches, puisqu'elles leur donnent, 
en ce qui les concerne, un caractère d’achèvement remarquable. Que de peine nous avons à 
comprendre ! 


3. Tanusia erosiïolia Brunner. 

Brunner (1S95, p. 248, 249). Monotype Ç n" 7850 au Musée de Vienne. (Pas de spéci¬ 
men £ : le mâle, n" 7850 également, que Brunner mettait dans cette espèce, est pour moi 
un T. Bmllæi, var. crassiocellata). (bande forme originale à long élytre. Aile postérieure 
ocrée, opaque. Grand ocelle de 14 x 15 mm., presque quadrangulaire, avec des pans coupés : 
le rouge du C s’étale beaucoup à l’intérieur vers l’avant; il reprend même entre les taches 
blanches antéro-postérieures. Ces taches importantes, écartées de 7 millimètres. Long, 
corp. 35 (1), promit 10, elytr. 62, lut. elylr. 34 ; long, femor. uni. 15, post. 36, oviposit. 22,5. 
Bahia. 

Il faudrait mettre encore dans la division A de la première section du genre la forme 
ou l’espèce Tanusia ( Plerochroza ) injecta Brunner (1884, p. 249, PI. XV, fig. 5 ; 1895, 
p. 248, 249). D’après la figure 5 de la note de 1884, le bord antérieur de l’élytre se prolonge¬ 
rait en ligne droite jusqu’au sinus qui se creuserait, presque à angle droit, profondément. 
La convexité distale serait ensuite fortement accentuée. Un sinus marqué précéderait, sur 
l’avant, une pointe peu détachée de l’arrière. Les bords latéraux du pronotum seraient en 
outre subsinués. Mais l’insecte manque aujourd’hui dans la collection Brunner, au Musée 
de Vienne. M. le Conservateur I) r Holdhaus m’a dit qu’il n’en avait jamais eu connaissance. 
Origine : province Maranhao, Brésil. 

B. (Seconde division de la première section.) A l’aile postérieure, le C de l’ocelle noir. 
Elytre nuancé, feuille morte, ou pour le moins dans des teintes jaunes et rougeâtres. La 
bête brune. 


4. Tanusia versicolor Vignon. 

(1923 c, p. 438.) Holotype au Muséum, Paris. Elytre chatoyant et taché, d’un brun 
jaune, clair et neutre dans la zone longitudinale moyenne. t x et t 2 bien développés. Le pour¬ 
tour de l’aile postérieure ocré. Dimensions habituelles. Guyane. — (1926 d, p. 360 ; ici, 


(1) Pas davantage, malgré la belle taille de l’insecte, parce que l’abdomen est très court. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE S5 


planche en couleurs, fig. 4.) Un $ du Musée entomologique allemand de Berlin-Dahlem, 
communiqué par M. le D r Walther Horn. Élytre nuancé dans des tons soufrés ou quelque 
peu verdâtres. L’arc d’ocelle élytral noir et, distalement, des tons carmin. L’aile posté¬ 
rieure ocreuse. Long, cor fi. 27, fironoti 7,5, elytr. 37,5, lat. 22, camfii ant. 10 ; long, femor. 
ant. 10, fiost. 24,5. Habitat? 

C. (Troisième division de la première section.) Le C, de l’ocelle noir. Élytre vert, taché 
du bout : élytre, donc, de deux teintes. La bête brune. 

5. Tanusia arrosa (Brunner). 

Pterochroza arrosa Brunner (1884, p. 24g, PI. XV, fig. 4). — Tanusia arrosa , Brunner 
(1895, p. 249, 252). Monotype Ç au Musée de Vienne, l’as de contrairement à l’opinion 
de Brunner. A l’élytre, une grande plage apicale d’aspect pourri, moisi : jaunâtre et violacée 
avec des résidus verts. t v qui pourrait sembler ici bien superflu, n’en est pas moins esquissé. 
Miroir L, couvert, contre quoi s’arrête la tache moisie ; satellite de t 2 pris dans la grande 
plage. Dimensions relativement importantes : Long, corfi. 34, fironoti 9, elytr. 53, lat. elytr. 30; 
long, femor. ant. 12,5, fiost. 32, ovifiosit. 21. Brésil. — Une $ au Muséum, Paris (PI. III, 
fig. 26). Plage apicale identique. I A absolument à son début : quelques soupçons d’attaques 
visibles surtout par transparence. L’ocelle d’aile élevé (1). Dimensions bien moindres: 
Long, corfi. circa 30, fironoti 6,5, elytr. 47, lat. max. 26,5, camfii ant. 11,5 ; long, femor. ant. 11, 
fiost. 29, ovifiosit. 18. Guyane. 

Deuxième section. — Fines nervures de l’aile postérieure brunies, plus ou moins, 
mais partout également ou à peu près. Aile ni fortement tachée, ni spécialement couverte 
dans la région sous-marginale. 

6. Tanusia decorata (VValker). 

Pterochroza decorata Walker (1870, p. 461). 

Tanusia decorata, Vignon (1923 c, p. 439). 

= Tanusia cristata Brunner (1895, p. 250, PI. xo, fig. 109), non Tanusia ( Pterochroza ) 
cristata Serville (1839, P- 435 )- — Tanusia crassivenosa Vignon (1923 c, p. 441). 

Avant d’en arriver aux types de Walker, signalons des formes de début. Au British 
Muséum, un g très blond, du Brésil, n° 43-42 : le cJe des Cyclofitera fiavonifolia de Walker. 
Une $, élytre pâle, très feuille morte, très ruiné, n° 49-32 (ma_ photo n° 44, non reproduite). 
Brésil ? 

Tanusia decorata typique. Au British Muséum, une Ç et trois $. (Ici, pour la Ç, 
fig. 20, PI. D du texte. Pour deux des <$, mes photo 22 a, 22 b, non reproduites.) Élytre 
d’un brun très délicat, quelque peu violacé ; l’apex s’allongeant en une pointe bien dégagée 
de l’avant, moins de l’arrière. Menues taches pseudo-cryptogamiques peu développées. 

(1) Sur lu spécimuu 4 c Vieillie il est élevé à gauche et large à droite. 


Source : MNHN, Paris 


86 


P. VIGNON 


/, réduit à la partie interne fenêtrée. t 2 couvert. Le satellite, infime, tout à fait à ses débuts. 
Aile brunie légèrement, finement réticulée. Ocelle élevé, souvent de base épaisse. Dimensions 
habituelles. Notons, pour l’un des $ de Walker (ma photo 22 b), la présence sur les deux 
élytres d’un beau point noir au centre de ce qui fait ailleurs la partie antéro-externe de la 
tache t v nulle ici. Ce point révèle l’origine de t v normalement perdue dans le genre Tanusia. 
Brésil. — Au Muséum, Paris, quatre <$, dont l’un provenant du Laboratoire de Zoologie de 
la Sorbonne. Brésil. Au Musée d’Elbeuf une Ç typique, communiquée par M. Gadeau de 
Kerville. — A Genève deux $, n 0s 8 et 14, et aussi, je pense, la Ç brune n° 7, de Surinam (1). 
— Au Musée de Vienne deux n 0s 1578 et 6591, l’un du Brésil ; la $ 10114, bronzée, 
mise par Brunner dans l’espèce T. cristata Serville ; une autre 9 , brun très foncé. — A 
l’Université de Strasbourg la $ n° 985 ; l’ocelle élevé, de base épaisse à gauche surtout; 
l'élytre, taché de jaunâtre dans la région U notamment, plus marbré que d’ordinaire. Santa 
Catharina. 

Variétés. Tanusia crassivenosa Vignon (1923 c, p. 441). Monotype $ au Muséum, Paris. 
Simple forme, peut-être, dépendant de T. decorata, mais différant beaucoup, par l’aspect 
des élytres, de l’un quelconque des spécimens connus de moi. Contrairement à ceux des 
T. decorata typiques, qui sont lisses et glacés, l’élytre est ici grisé, dépoli, et mime ainsi 
une feuille morte d’une siccité extrême. Et puis les nervures tranchent fortement : leur 
ton chaud les épaissit en débordant sur le tissu grisé du limbe. Les rameaux secondaires 
épaissis pareillement. (Ici PI. VIII, fig. 65, à opposer aux figures 64, 62, 63.) La cellule P 
de taille plus faible que d’habitude. L’ocelle d’aile, de 11 X 9,5 mm., à peu près au même 
degré d’évolution que chez la forme typique. Brésil. 

Tanusia media Vignon (1923 c, p. 440; ici PI. VIII, fig. 64) créée pour deux Ç du 
Muséum, Paris. L’élytre du type d’un roux violacé, celui de la $ y d’un bronze verdâtre. 
Tout en rattachant ces insectes à T. decorata, j’estime que leur évolution est plus poussée. 
Ils dépassent en effet le stade normal de l’espèce, et par le brunissement plus accentué de 
l’aile postérieure, et par l’élargissement de l’ocelle de cette aile, et par le développement du 
complexe t v t 2 . L’ocelle du type de 11,5 X 11,5, celui de laÇ y de 11,5 X 11. Amérique 
méridionale. — A l’abdomen de la $ y, sur les faces latérales du quatrième segment, une 
paire de taches jaune pâle que je signalais en 1923 : or (1926 d, p. 360), je retrouve ces 
taches chez un spécimen Ç du Musée entomologique allemand de Berlin-Dahlem, com¬ 
muniqué par M. le D 1- Walther Horn et provenant de Santa-Catharina. Ce spécimen, 
appartenant à la même variété media, a en outre l’élytre du même ton vert bronzé que 
la $ y. Tout insecte taché ainsi sera désormais pour moi une forme notata (Voir, plus bas, 
Ommatoptera pictifolia Walker, var. sera Vignon, type $). — Au Muséum un £ brun foncé 
avec un ocelle puissant de 8 x 7, assez rond. Brésil. 

Voici deux formes chez qui l’élytre, brun sur fond vert, est de deux teintes. Bête brune 
et ocelle noir. 

(1) 9 n 08 7 et 8 étiquetées T. variabilis. Voir plus haut, à propos de T. Brullæi, note i, p. 83, la portée de ce nom. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SIR LES SAl'TIREI.IES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 


■ s 7 


7. Tanusia signata Vignon. 

(1923 c, p. 441 ; ici, fig. 21, PI. D du texte, pour la 9 et PI. V, fig. 32, pour le <£.) 
Holotype 9 au Muséum, Paris. Bête proche du vert, brunie à la nuque et au thorax. Ma 
photographie montre les deux plages élytrales, nettement définies. La plage distale englobe 
la tache subapicale, qui l’assombrit encore, comme l’obscurcissent l’ocelle d’élytre et l’appui 
ventral de la nervure TP. La branche proximale de la cellule P est tachée elle aussi. A l’inté¬ 
rieur de la grande plage, la tache t v pâlie, corrodée, étire la partie antéro-externe et limite 
étroitement la zone interne fenêtrée. La grande plage arrive jusqu’à t 2 , miroir couvert, 
qu’elle n’englobe pas. A l’aile postérieure, les fines nervures ne sont brunies que dans la 
moitié périphérique. L’ocelle, puissant avec une base épaisse, est encore du type élevé. 
Abdomen : premier segment, lobe terminal médiocre ; deuxième, lobe moyen. Amérique 
méridionale. — Un $ exactement correspondant, au Muséum, Paris. t x nul. Le satellite 
de t 2 , nul à droite, est à gauche un infime point vert. L’aile est typique. Dimensions de la 9 : 
long. corp. 35, pronoti 8, elytr. 55, lai. elytr. 29, campi ant. 12 ; long, femor.ant. 12,5, post. 32, 
oviposit. 19. Du mâle : long. corp. 23, pronoti 7, elytr. 37, lat. elytr. 22,5, campi ant. 10,5 ; 
long, femor. ant. 9, post.? — Une 9 du Musée de Stockholm, dont M. le Professeur Sjôstedt 
m’envoie la photographie. Avec des plages élytrales moins fortement brunies, elle est 
typique. Mais, comme nous le ferons pour la troisième 9 de T. subtilis, notons que l x est 
ici beaucoup plus développé que chez le type, et fenêtré largement de l’arrière. Découverts, 
/._> et le satellite sont très visibles. 

8. Tanusia subtilis Vignon. 

(1923 d, p. 515; ici PI. IV, fig. 28.) Holotype 9 au Muséum, Paris. Élytre finement 
nuancé, mi-partie d’un vert jaunâtre et d’un brun un peu violet. Des bordures vertes irré¬ 
gulières laissées aux nervures latérales de la cellule T sur une longueur de quelque 5 milli¬ 
mètres. Tache t x : la région antéro-externe, plutôt assombrie que rongée, s’estompe sur le 
brun; la partie fenêtrée forme un petit miroir ovale, encore un peu vague à gauche, serti 
à droite. t 2 , ovale, couvert, se tache de pourpre au centre et pâlit en vert près des bords ; 
le satellite, ponctuation minuscule, se laisse à peine découvrir à gauche en regardant par- 
dessous ; il est serti, à droite. L’ocelle d’aile, de 11,5 X 10,5, est largement convexe, sa 
base s’étale beaucoup. Abdomen : i er segment, seconde partie, beau lobe dressé ; deuxième 
segment, sur les trois derniers quarts, un lobe moyen. Dimensions habituelles. Brésil (don 
de M. le Professeur P. Marchai). — Deux 9 au British Muséum. La 9 495 ^. dont le vert 
est malheureusement décoloré, est typique, avec l’élytre un peu plus long (57,5 contre 52). 
La 9 43 - 4 2 . du Brésil (la photo 23, non reproduite), a des dimensions intermédiaires. 
Outre les veines qui bornent latéralement la cellule T, elle tache encore de vert la ner¬ 
vure SS'. Contrairement aux deux précédents spécimens, cette troisième 9 développe 
beaucoup les taches t : t x fenêtré largement dans sa partie postérieure ; t 2 grand, décou¬ 
vert. Pointu de l’avant comme tcujouis, le satellite est vaste, lui aussi. Bien conservées, 


LÉGENDE DE LA PLANCHE D 


Fig. 20. — Tanusia décor ata Walker. Type $. British Muséum. 

Fig. 21. — Tanusia signala Vignon (1923). Type ?. (Pour l'allotype <J, voir PI. V, fig. 32.) Muséum, Paris. 
Photo Le Charles. 

Fig. 23. — Tanusia illustrata (Serville), $. Musée de Vienne. A l’aile postérieure, les taches sous-marginales 
sont spécifiques. 


Source : MNHN, Paris 



ARCHIVES DU MUSEUM - <E série , Tome V. 


PI. D 





Fig. - 2 i, photo Le Charles 

PTÉROCHROZÉES 
DU GENRE TANUS1A 


Masson et C‘% éditeurs 


Source : MNHN, Paris 





Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 89 


les ailes postérieures montrent le réseau, égal et bruni faiblement, de la deuxième 
section du genre. 

Nous allons maintenant rencontrer des formes, cristata et sa variété picta, aridifolia, 
undulata (T. corrupta n’en est point), qui s’échelonnent dans la deuxième section du genre 
avec l’abdomen crêté selon le mode général que voici : les lobes des segments 1 et 2, connus 
de nous, tendent à se lacinier de l’arrière ; un lobe plus faible a poussé sur le troisième seg¬ 
ment ; les quatrième et cinquième ont peu de chose ou rien’; le processus reparaît sur les 
trois segments suivants, avec un maximum sur le septième, sans que ces derniers lobes 
aient la taille de ceux des segments 1 et 2. 

9. Tanusia cristata (Serville). 

Pterochroza cristata Serville (1839, P- 435 )- 

Tanusia cristata, Vignon (1923 d, p. 516) : non Brunner (1895, p. 250, PI. 10, fig. 109), 
le T. cristata de Brunner étant un Tanusia decorata Walker. 

Monotype $ de Serville perdu. Corps, tête, pattes, d’un jaune verdâtre, écrit Serville. 
Les pattes postérieures manquant. Abdomen : a presque tous les segments munis, en dessus, 
dans le milieu, d’un appendice élevé, comprimé, en forme de crête. Cette crête plus grande 
sur les premiers segments que sur les suivants ». Ëlytre fortement échancré au delà du 
milieu et un peu sinué ensuite. D'un brun rougeâtre uniforme. « A peu près au milieu, une 
tache irrégulière blanchâtre, non loin de laquelle et sur la même ligne on remarque deux 
petits points oblongs, blanchâtres, dont l’un placé au-dessus de l’autre. » (U s’agit là de t v 
de t 2 , et de son satellite.) « Dessous d’un brun violacé, plus clair et d’une nuance lilas vers 
le centre. » (Serville décrit ici la zone longitudinale moyenne, toujours plus claire, plus 
translucide.) Ailes « couvertes dans toute leur étendue, sauf la tache ocellée, d’une multi¬ 
tude de petits traits noirâtres, placés sur les nervures transverses : ce qui produit un treillis 
noir fort serré, se détachant sur un fond incolore et transparent », (L’insecte est donc de la 
deuxième section du genre.) Patrie inconnue. Collection Marchai. 

Nouveau type : la $ n° 6 de Genève (1). La bête, d’un fauve léger, grisé. L’élytre 
mimant la feuille très décolorée, épuisée, peu opaque. t v t 2 , et satellite, développés. L’abdo¬ 
men crêté modérément : le quatrième et le cinquième segments n’ont rien. L’ocelle d’aile 
de 10 x 8,5, élevé, du type de T. decorata. Long. corp.22,pronotij,elytr.46,lat.max.elytr.25,5, 
campi ant. 10,5 ; long, femor. ant. 10, post. 26, oviposit. 19. Brésil. — Un du Musée de 
Vienne (ma photo n° 17, non reproduite). Ocelle d’aile 8 x 7,5 mm., plus rond. Brésil ? 

Variétés. Un du Musée de Vienne (ma photo n° 4, non reproduite), que Brunner 
prenait pour le $ de T. arrosa. Ëlytre vert, taché de brun dans la partie du champ anté¬ 
rieur comprise entre le lobe postmédian et la nervure d’axe. Champ anal brun : comme 
toujours, de la couleur du corps (2). Ocelle de l’aile postérieure presque rond. Dimensions 

(1) $ étiquetée tvariabilis ou aridifolia ». Voir la note i, p. 83. 

(2) Chez les Ptérochrozées, quand l’élytre offre, sur un fond vert, des plages tachées de brun ou d'une teinte équivalente 
(T. arrosa), le corps est brun : j’estime alors qu'il s’agit d’une espèce que l’évolution a rendue brune, et chez qui l’élytre est par¬ 
tiellement revenu à la couleur ancestrale verte. 

Archives du Muséum, 6 e Série. 


V. — 12 


?. VIGNON 


90 



habituelles : long. corp. 26, -pronoti 6,5, elytr. 38, lat. max. elytr. 22, campi ant. 10,5, post. 
22,5. Brésil. 

Tanusia picta Vignon (1923 d, p. 516 ; ici PI. V, tig. 34). Monotype $ au British 
Muséum, n° 1921-469. Cette variété remarquable se rattache à T. cnstata, avec des 
ocelles alaires plus larges correspondant à ceux de T. media. Je signale des taches d’une 
singulière peinture plâtreuse que nous trouvons pour la première fois sur l'élytre, avec un 
aspect, du moins, suffisamment précis (1). Voici : l’élytre, d’un brun gris soutenu, présente, 
en moins nettement délimité, comme des glacis blanchâtres dont T. inquinata précisera 
mieux les formes et dira peut-être la signification mimétique. Noter le grand dévelop¬ 
pement de la tache t v Quant à la fenêtre t 2 , elle n’est pas définitivement sertie : le satellite 
garde même un bord externe tout déchiré. Le brunissement de l’aile est accentué, l’ocelle 
très beau, de 11,5 x n à 11,5, de base longue, étalée. Abdomen crêté du deuxième au 
huitième segment, avec des lobes qui portent latéralement de menues cornes paires. Le 

neuvième segment a encore une 
faible carène terminale avec deux 
granules pairs. Long. corp. 32, pro¬ 
noti 7,5, elytr. 48,5, lat. 25,5, campi 
ant. 10,25 i long, femor. ant. 12. 
post. 28, oviposit. 19. Brésil. 


10. Tanusia aridifolia (Stoll). 


Fig. 22. — Tanusia aridifolia (Stoll) Ç, selon Brunner. Musée de Vienne. 
Noter, à l’élytre, l’absence de la dilatation postéro-distale, ce qui vaut à 
cet élytre une ressemblance superficielle avec ceux du genre Ommatoptera. 


Gryllus Tettigoniæ aridifolia 
Stoll (1787, p. 42, PI. XXIII b, fig. 
93) : « la feuille morte » ; spéci¬ 
men $, élytres marbrés dans des 
bruns assez clairs. Type perdu. 

[?] Tanusia aridifolia selon 
Brunner (1895, p. 248, 250). Ici 
fig. 22, d’après un spécimen $ 
du Musée de Vienne. A ce musée, trois $ et un $ que Brunner rattache à l’espèce 
de Stoll. Chez ces insectes le lobe antérieur de l’élytre est coupé à angle droit ; le champ 
postérieur est plus étroit distalement que basilairemrnt, l’ocelle d’aile, de 9,5 x 10 mm., 
est plus large que haut (2). A ces trois titres l’espèce de Brunner semblera conduire au genre 
suivant ; mais la ressemblance avec les Ommatoptera reste superficielle : il y a toujours, 
en effet, deux cellules S à l'élytre; l’ocelle est encore celui des Tanusia', la nervure 
médiane sur quoi il repose a toujours ses deux branches ; enfin la tache garde les 


(1) A titre d’ébauche des taches plâtreuses définies, rappelons en effet que, chez certains Tanusia Brullæi (p. 83), nous avons 
vu des frottis blancs, très vagues encore. 

(2) Sur le dessin de Stoll l’élytre est anguleux de lavant dans la région moyenne, sans que rien n’y rappelle un lobe coupé 
à angle droit ni même un sinus postlobairc. D’autre part, Brunner tient pour important le fait que, dans son espèce, l’ocelle d’aile 
soit plus large que haut : or les ailes postérieures de l’insecte de Stoll étant tératologiques, comme l’auteur avait soin de le dire, 
il était impossible d’y figurer un ocelle. L’attribution que fait Brunner est donc des plus douteuses. Je laisse la question en suspens. 


Source : MNHN, Paris 



RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 91 

caractères qu’elle doit avoir dans le genre Tanusia. — Abdomen crêté. — Insecte de 
faible taille. $ : long. corp. 29, pronoti 7, elytr. 43, lat. 21,5 ; long, femor. ant. 10, post. 25, 
oviposit. 15. Brésil. 

Pas de spécimen à Genève, malgré les dires de Brunner (1895, p. 250). 


11. Tanusia corrupta Vignon. 

(1923 (!, p. 519; ici PI. VIII, lig. 66.) Holotype $ au British Muséum n° 1921-469. 
Bête brune. Très belle espèce. Le bord postérieur de l’élytre sinué. Cet élytre, taché fine¬ 
ment d’un brun quelque peu violacé, mime parfaitement la feuille qui commence à pourrir. 
/, ainsi que le satellite, irrégulièrement découpés l’un et l’autre, semblent poursuivre un 
travail d’érosion, non sans garder des granulations rousses à l’intérieur. Le puissant ocelle 
repose sur une base large. Abdomen : le premier et le deuxième segments seuls lobés. Long, 
corp. 35, pronoti 8,5, elytr. 55, lat. max. 29, campi ant. 12 ; long, femor. ant.?, post. 31, ovi¬ 
posit 19,5. Brésil, Rio de Janeiro.— Au British Muséum, la $ 1901-78. Ëlytre pourri dans 
des tons plus décolorés ; diverses nervures gardent du vert. La tache /, n’a développé que 
sa partie interne fenêtrée; le reste en est aux débuts de l'altération aréolaire. l 2 , pas mal 
couvert, est granuleux et rougeâtre ; le satellite, déjà grand à la base, un peu couvert, 
encore en voie de dégager sa pointe des mouchetures de pur décor qui sont peintes sous 
l’élytrc. Dimensions un peu moindres. Brésil, Sainte-Catherine. — Au Musée de Vienne, 
la Ç 325, le 1578 : remarquables feuilles mortes, toutes sordides, avec le même aspect, 
de pourriture générale. $ et ^ gardent dans la cellule G un peu de vert : du vert taché, 
moisi. Origine? 

Le $ iom de Vienne, que je ne mets ici que parce que l’élytre y a le bord arrière 
sinué, doit son intérêt à ce que cet élytre est vert avec un arc d’ocelle noir à l’aile posté¬ 
rieure. La bête a pu être verte ; elle garde en tout cas du vert à la tête et à l’arrière du 
pronotum. 


12. Tanusia undulata Brunner. 

Brunner (1895, p. 252). De la fin de la deuxième section, avec son ocelle plus large que 
haut. Monotype au Musée de Vienne, n° 7851. Ëlytre ferrugineux et testacé. Le bord 
antérieur rectiligne jusqu’au lobe médian, ce lobe à angle aigu, sinus creusé profondément. 
Aile pâle, jaunâtre. Ocelle de 7,5 X 9. Abdomen crêté : premier et surtout deuxième 
segments, belles crêtes laciniées vers l’arrière ; troisième, lobe élevé ; quatrième et cin¬ 
quième, nus; aux sixième et septième, les lobes reprennent, bien moins élevés ; huitième, 
neuvième, dixième, nus. Taille petite : long. corp. 21, pronoti 5, elytr. 33, lat. 18, campi 
ant. 9 ; long, femor. ant. 9, post. 20. Brésil. 

Troisième section. — Derrière l’ocelle, en dedans du pourtour, l’aile se tache, et 
brutalement parfois. Cette tache peut s’adoucir, diffluer, gagner la presque totalité de 


LÉGENDE DE LA PLANCHE E 


Fig. 24. — Tanusia colorala (Scrville), $. Musée de Stockholm. D’après une photographie adressée par 
M. le Professeur D r Sjôstedt. 

Fig. 25. — Tanusia colorata, Ç. Musée de Vienne. Voir, ici, le développement exceptionnel de la tache /, : 
énorme, en soi, cette tache déborde dans les cellules voisines. Des taches rongées du même ordre se voient 
dans les cellules B, C, L : elles ont pris naissance autour des points sombres, qui persistent pour la plu¬ 
part. 

Fig. 49. — Typophyüum lacinipennis Enderlein. Type Ç. Au bord postérieur, dorsal au repos, de l’élytre, ne 
pas prendre pour un sinus ce qui n’est que l’effet d’un plissement accidentel. La plage brune postéro- 
distale vient buter contre la tache t v dilatée, et à l'intérieur de quoi un tissu particulier, de forme orbi- 
culaire, s’est établi (Voir la PL I en phototypie, fig. 5). Au tibia postérieur, la dilatation dorsale de base 
caractérise la deuxième section du genre. Spécimen conservé au Musée de Stettin, et reproduit d’après une 
photographie adressée par M. le D r R. Kleine. 


Source : MNHN, Paris 



ARCHIVES DU MUSEUM - 6 e série , Tome V. 


PL E 





PTÉROCH ROZÉES 

DES GENRES TANESI A ET TYPOPHYLLUM 


Masson et C'% éditeurs 


Source : MNHN, Paris 










Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 93 

l’aile en donnant au réseau un nuancé décoratif : on tend alors au genre suivant. — Entre 
les deux lignes blanches antéro-postérieures de l’ocelle d’aile, un gros point noir. 

73. Tanusia illustrata (Serville). 

Plerochroza illustrata Serville (1839, P- 434 )- 

= Plerochroza deflorata Brunner (1884, p. 249, PI. XV, lig. 2). Tanusia illustrata, 
Brunncr (1895, p. 249, 252). Ici fig. 23, PI. D du texte. Forte espèce. Type perdu. Au bord 
antérieur de l’élytre Serville décrivait une profonde échancrure postmédiane. Entre les 
lignes blanches antéro-postérieures de l’ocelle d’aile (p. 435), il ne signalait pas de tache 
noire : une telle tache, un « large point noir », ne lui avait pourtant pas échappé sur l’aile 
de l’espèce colorata. Sans indication d’origine. 

Brunncr met dans cette espèce les deux $ n° 7849 et le $ 14545 du Musée de Vienne. 
Elytrc étroit et long, d’un vert tendre, mais avec un champ cubito-anal brun, l’animal étant 
brun. L’une des $ garde cependant beaucoup de vert aux pattes. Une grande tache apicale 
cl’un violet pourpre, nettement délimitée chez les Ç, diffluente chez le Le système des 
menues taches pseudo-cryptogamiques insignifiant. Aile incolore, à l'exception des taches 
sous-marginales noirâtres que déjà Serville notait. L’ocelle grand, large, de 14 X 14 mm., 
chez les $, de 12 x 13 chez le $. Entre les lignes blanches antéro-postérieures jumelles, 
le gros point noir qui contribue à caractériser la troisième section du genre. Remarquer la 
bonne taille du cJet son élytre assez long. — $ : long. corp. 36, pronoti 10, elytr. 62, lut. 33, 
campi ant. 14 ; long, femor. ant. 15, post. 36, oviposit. 23. — $ : long. corp. 26, pronoti 8, 
elytr. 46, lat. 27, campi ant. 13 ; long, jenior. ant. 12, post. 30. Brésil. 

14. Tanusia colorata (Serville). 

Plerochroza colorata Serville (1839, p. 436). Brunner (1884, p. 249, PI. XV, fig. 3). 

= Tanusia grandiocellata Pictet (1888, p. 37, fig. 20). 

Tanusia colorata, Brunner (1895, p. 249, 251 ; 1897, PI. IV, fig. 51). — Ici fig. 24 et 25, 
PL E du texte. 

Monotype $ de Serville au Muséum, Paris. Brun foncé. Accentue le brunissement 
sous-marginal de l’aile. L’ocelle, de 10,5 x 9,5, bien moins large que chez les $ : voilà 
qui semble être souvent le cas dans l’espèce. Long. corp. 24, pronoti 7, elytr. 44, lat. 
campi ant. 11,5 ; long, femor. ant. n, post.} Brésil. — Au Musée de Vienne, deux $ et 
trois <$ de divers tons feuille morte ou mourante, une $ d’un vert sordide. L’ocelle d’aile 
atteint 15 X 16. Une Ç à Stockholm : ma figure 24, d’après la photographie adressée par 
M. le Professeur Sjôstedt. A Genève, la Ç n° 11 (T. grandiocellata Pictet), et deux (1). 
Sur le <$ n° 10, le petit satellite de t 2 se dégage, par voie d’éclaircissement proximal, de la 
tache mouchetée ventralement peinte dans la cellule S. Sur le q n° 9, le même satellite 
en est au stade moniliforme, avec attaques élémentaires perceptibles. 

Alors que la figure 24 (PL E du texte) montre une tache t x réduite au minimum, la 


(1) Ces n 08 9 et 10, étiquetés T. variabilis. Voir ci-dessus, note i, p. 83. 


( J4 


I 1 . VIGNON 


figure 25 reproduit une Ç de Vienne chez qui cette même tache a proliféré d’une façon 
jusqu’à présent unique : non seulement la partie interne fenêtrée, qui reste étroite, est 
longue ici de 11 millimètres, mais la zone externe corrodée empiète sur les cellules voisines 
et atteint obliquement l’axe. Même différenciation, autour cette fois d’un point sombre, 
dans les cellules L, B et C. 

Variété Tanusia inquinata Vignon(1923 d, p. 518; ici PI. V, fig. 33). Voir ci-dessus 
T. cristata, var. picta Vignon. Monotype q au Musée de Vienne. Peinture blanchâtre mise sur 
l’élytre comme à la gouache, nette, semi-transparente sur le limbe, opaque sur les nervures 
rencontrées, et parfois encore contre celles-ci. Les nervures qui bornent proximalement et 
en avant la cellule T sont très chargées de blanc. A la base du champ postérieur, seules les 
nervures sont blanchies. t x joue un rôle important dans la simulation, du fait que sa partie 
externe, qui est grande, tranche en plus blanc. Eh bien, ne dirait-on pas d’une feuille qu’un 
oiseau aurait souillée? Et, si vous en revenez à T. picta (même planche, fig. 34), ne croirez- 
vous point maintenant que la pluie aura lavé en partie la souillure? Le lobe apical de l’aile, 
qui toujours est du ton de la portion d’élytre qu’il dépasse, vient mettre sa note avec une 
tache blanchâtre que l’on voit bien à gauche : elle doit prolonger, au repos, la tache d’élytre ; 
mais je n’ai pu songer à refermer l’insecte pour m’assurer de la chose. 

15. Tanusia sinuosa (Stàl). 

P/erochroza sinuosa Stàl (1873, p. 48). 

Tanusia sinuosa, Stâl (1874, p. 73). Le génotype. — Brunner (1895, p. 253; 1897, 
p. 8, PL VI, fig. 75). Ici PI. VIII, fig. 67. Espèce sinuée, non crêtée, de la fin de la troisième 
section, avec un ocelle plus large que haut. Monotype <$ au Musée de Stockholm, commu¬ 
niqué par M. le Professeur Sjôstedt. Feuille morte très sèche, opaque, d’un brun léger, avec 
des tons vaguement jaunis, subcarminés, gris violacé, et, par endroits, des mouchetures 
sombres. La tache t x très développée, pour un Aile postérieure d’un ton sordide, bien 
tachée dans la région sous-marginale. Ocelle de 8,5 à 9 x 11, étalé, avec un point noir entre 
les lignes blanches antéro-postérieures. Long. corp. 25, pronoti 7, ely/r. 39, lai. 22, campi 
ont. 10 ; long, femor. ant. 10, post. 25. Brésil. — Il n’v a de représentant de l’espèce ni au 
ritish Muséum, ni à Vienne. 


V. — Genre OMMATOPTERA Pictet. 


Pictet (1888, p. 34). 

= Pseudotanusia Vignon (1923 e, p. 570). — Ovunatoptera, Vignon (1926 a, p. 178). 
Pour la nervation, voir figure 26. 

Tête, corps et pattes de Tamisia, mais l’élytre et l’aile rétrécis, avec des changements 
anatomiques. A l’élytre, en raison d’un étranglement postéro-distal manifeste, il n’y a plus 
qu'une cellule S ; du coup, l’arc, d’ocelle élytral avorte de l’avant, méconnaissable, faute 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERET.T.ES-FEUTI.LES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 


05 


d'avoir à sa disposition la cellule S' pour s’y développer librement (i). Le point sombre 
autour de quoi la tache t x aura commencé de se ronger persiste habituellement : voilà qui 
n’est pas un caractère hérité des Tanusia, chez qui nous n’avons pu signaler ce point qu’une 
fois seulement (chez l’un des types $ de T. decorata Walker). /., est petit, orbiculaire; son 



satellite est un point ou un trait. 
A l’aile, un rétrécissement post- 
ocellaire a biffé la branche posté¬ 
rieure de la médiane, dont cepen¬ 
dant on note le retour, quelque¬ 
fois, sur une aile ou sur l’autre. 
L’ocelle lui-même s’écrase sur la 
nervure d’appui. En écrasant l’aire, 
si joliment teintée, de l’intérieur, 
il noircit : sauf la bande jaune qui 
chevauche la branche arrière du 
secteur Rs de la radiale, bande qui, 
dans les grandes espèces, s’étale en 
prenant une singulière importance 
(PI. F du texte, fig. 28) ; l’ocelle est 
en effet comme envahi par l’arc 
noir, sans que normalement il reste 
mieux qu’un vestige de la ligne 
blanche arrière des Tanusia (2). Et 
pourtant O. pictijolia Walker, var. 
sera Vigmn, rétablira cette ligne 
dans son intégrité (fig. 5 de la 
planche en couleurs).— Jenem’en 
refuse pas moins à faire dériver les 
Ommatoptera des Tanusia : le sec¬ 
teur Rs de la radiale persiste en 
effet, sur l’aile postérieure des 


Fig. 26. — Ommatoptera pictifolia (Walker), $, d’après le type de la var. 
putris Vignon, conservé au Muséum. Élytre et aile gauches, vus ventra- 
lement. Élytre : une seule cellule S au secteur Rs de la radiale ; a.o, l'arc 
d’ocelle élytral, raccourci, déformé. Aile postérieure: la sous-costale Sc. 
après s'être soudée à la radiale R, envoie au bord antérieur des rameaux 
obliques ro\ un secteur Rs de la radiale, et par suite une cellule S, con¬ 
trairement au cas des Tanusia. La présence du secteur Rs doit être, sem¬ 
ble-t-il, tenue pour primitive. A la médiane M il ne persiste qu'une 
seule branche, le rameau postérieur de la fourche étant, normalement, 
tombé. Dans l’ocelle, une large bande jaune bj, à cheval sur le fourchon 
postérieur du secteur Rs. Dessin original. 


Ommatoptera, avec sa tige ances¬ 
trale, tandis que les Tanusia le dissocient, en faisant naître directement ses deux branches 


(1) C’est chez les Pterochroza que l’arc d’ocelle élytral est le plus net : en juger, PL I, fig. 7, d’après l’arc d’ocelle de l’aile, 
bien que les deux arcs ne soient pas anatomiquement homologues, comme l’indique la figure 8 du texte. Voilà maintenant l’arc 
d’ocelle élytral (Fl. IV, fig. 27), dans le genre Tanusia : sa base est comme désignée, montrée par le satellite blanc de t 2 . Or, à la 
même place (PL F du texte, fig. 27 et 28), l’on ne découvre plus chez les Ommatoptera qu’une tache informe (dans le champ posté¬ 
rieur de l’élytre, la troisième tache noire à partir de la base de l’aile). La simple comparaison de ces arcs d’ocelles élytraux suffirait 
à montrer que, par rapport aux Tanusia, l’évolution a morphologiquement gâté les choses pour les Ommatoptera. Nous allons 
pourtant dire que les Ommatoptera ne doivent pas dériver des Tanusia directement ; selon moi, ces deux genres ont un aïeul 
commun : les Ommatoptera ont descendu plus longtemps que leurs cousins une certaine pente, le long de quoi les Porphyromma 
glisseront plus bas encore. 

(2) Examiner (Pl. F du texte, fig. 27) l’ocelle de l’aile postérieure droite : en dessous de la ligne blanche antéro-postérieure 
interne, entre l’épaisse bande jaune et la base, longuement étalée, de l’arc d’ocelle, un vestige de la ligne blanche arrière des 
Tanusia se voit très bien. 


Source : MNHN, Paris 








?. VIGNON 


9<> 

de la radiale, l’une derrière l’autre (Voir les fig. x8 et 26 du texte). — Abdomen. Des 
lobes aux deux premiers segments. Aux suivants, pas de crêtes, mais, de façon incons¬ 
tante, une ou deux paires de menues cornes noires qui peuvent pousser de part et d’autre 
de la ligne dorsale, cela surtout sur le troisième segment, rarement sur les segments 6, 7, 
8, les segments 4 et 5 étant nus, d’ordinaire. Des taches noirâtres alignées feront en même 
temps saillie sur le bord des segments. Patrie, Brésil. Génotype, O. laurifulia Pictet. 


TABI.EAU DES ESPÈCES 

1 (2). Élytrc. cbord antérieur étant fait comme chez les Tanusia, avec un sinus postmédian, 
une dilatation, puis un sinus préapical, le sinus postmédian est brusquement et fortement 
creusé, la dilatation qui suit est accentuée. [Dans la var. sera Vignon la ligne blanche posté¬ 
rieure des Tanusia est présente à l’ocelle de l’aile : PI. en couleurs, fig. 5.] (PI. F du texte, 

fig. 27, la $ ; PI. VI, fig. 49, le £) . 1. O. picti/olia. 

2 (1). Élytre n'ayant pas ces caractères. 

3 (8). L'élytre toujours ovo-lancéolé. le bord antéro-distal toujours nullement tronqué, mais 
les courbes du sinus postmédian ainsi que de la dilatation qui suit très adoucies. 

4 (5). Au champ antérieur de l'élytrc, le bord doucement concave jusqu’à une saillie faible 
(lobe médian), menant en pente douce dans un sinus que suit une dilatation marquée. 

1 n sinus préapical dégage de l avant une longue pointe, dégagée aussi de l’arrière. L* 
champ postérieur dilaté quelque peu dans la région moyenne. Espèce assez forte (PI. V, 


fig. 35 ).... 2 * t’It'W”*- 

3 (4). Élytre n’ayant pas ces caractères. 

6 (7). Élytre relativement court. L? sinus postmédian bien marqué, la dilatation qui le 

suit très notable. Petite espèce (PI. VI, fig. 48). 3 - é). pusilla. 

7 (6). Élytre étroit et long. J/- sinus postmédian à peine marqué, la dilatation qui le 

suit très réduite. 4. O. taurifolia. 


S (3). A l’élytre, le bord antéro-distal tronqué. 

o (10). Élytre étroit et long. Le bord antérieur rectiligne jusqu'au sinus. La dilatation 
qui suit ce sinus presque effacée en raison de la troncature oblique du bord antéro- 
distal. Lu face ventrale de l'élytre brillamment peinte. A l'aile postérieure, l'arc d’ocelle 
toujours bien dessiné (PI. VIII, fig. 68 : lesélytresde Punique spécimen mis sens devant 
derrière). 5. O. pirtnrata. 

10 (9). Édytre proportionnellement bien plus court, et plus large. Le* bord antérieur 
subconcave jusqu'au faible saillant qui précède le sinus. Pas de peinture sous 
l'élytre. Aile postérieure : chez le type, l'ocelle a perdu la bande jaune postérieure 
(PI. IV, fig. 30; voir fig. 29). [La variété bicorrosa Vignon (PI. en couleurs, fig. 6) con¬ 
serve la bande jaune, ainsi que la ligne blanche postérieure des Tanusia.] . 6. 0 . mutila. 


Première division. Formes de début. Le bord antérieur de l’élytre subconvexe ou recti¬ 
ligne jusqu’au lobe, très peu saillant. Le sinus postmédian brusquement échancré ; les 
courbes qui lui font suite accentuées. — Deuxième division. Les courbes postlobaires 
s’adoucissent. L’élytre est toujours ovo-lancéolé. Le bord antéro-distal de cet élytre ne 
se tronque pas. — Troisième division. Après le lobe, le bord antéro-distal se tronque, sans 
que s’efface pourtant le sinus. Le lobe apical d’aile s’amoindrit. Cette troisième division 
mène au genre Porphyromma. 

Première division : 


1. Ommatoptera pictifolia (Walker). 

Pterochroza pictijolia Walker (1870, p. 461). = Tanusia angulato-ocellata Brunner 
(1895, p. 249, 251 : $ 10112 au Musée de Vienne). 

Types de Walker au British Muséum (Ç 4946 ; ici fig. 27, PL F du texte, J 494 a ; 


Source : MNHN, Paris 







RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMERIQUE TROPICALE <57 

ici PI. VI, lig. 49). L’élytre de l’espèce est d’un brun rougeâtre ou violacé. Sous l’élytre, le 
bleu ou le vert des menus traits antérieurs et terminaux, à l’aile celui de la zone antérieure, 
à l’ocelle d’aile celui de la ligne blanche distale, sont inconstants. Inconstant aussi l’angle 
que peut former le saillant proximal de l’arc d’ocelle, angle que le nom proposé par 
Brunner voulait rappeler : cet ocelle pouvant être, au surplus, étalé ou arrondi, avec les 
lignes blanches antéro-postérieures diversement écartées l’une de l’autre. — Type $. A 
l’élytre, autour du point sombre, t x a pâli largement, sans se ronger du tout. Dans cette 
espèce, et souvent dans le reste du genre, des appuis bruns, marquant la nervure TP et 
diverses sous-nervures, tendent à former, avec l’arc d’ocelle ou le peu qui en persiste, un 
décor de trois ou quatre bandes transversales irrégulières, dont certaines se coudent 
proximalement de l’avant. Ce décor se voit bien par-dessous (PI. F du texte, fig. 28) ; 
mais; chez les spécimens qui s’y prêtent, la face dorsale le montre aussi (PI. VI, fig. 47 : l’in¬ 
secte de la figure 28). Long.corp. 35, pronoti 7, elytr. 39, lat. 17, campi ant. 9,5 ; long, femor. 
ant. 11,5, post. 27, oviposit. 19,5. — Type Ëlytre pourpré, pâli autour de multiples 
points sombres. A droite, t x est pâle, avec l’usure du tissu plus poussée en dedans, où le 
limbe, à gauche, est rongé jusqu’à la transparence. Long. corp. 24, pronoti 5, elytr. 29, lat. 
campi ant. 8, post. 9 ; long, jemor. ant. 10, post. 22,5. — Le $ 49-32 serait plus conforme au 
type 9. dont il ne diffère, au champ postérieur de l’élytre, que par le gonflement basal 
des <$, et, au champ antérieur, par une région distale moins longue (ma photo 43c, non 
reproduite). t x ayant formé cette lois dans sa partie interne un petit miroir assez net, les trois 
spécimens mis dans l’ordre que voilà offrent comme les phases logiques du développement 
de cette tache. Long. corp. 23, pronoti 6, elytr. 32,5, lat. camp. ant. 8,5, post. 9,5 ; long, 
jemor. ant. 11, post. 24. Ces insectes du Brésil. 

Au Muséum, Paris, belle 9 y d’un pourpre gris, avec l’abdomen ne dépassant point le 
stade Tanusia, c’est-à-dire sans la différenciation générique sus-indiquée. — A Elbeuf, 
? typique. — Au Musée de Genève, $r\' 13 typique.—Au Musée de Vienne, la 9 n ° 10112 
{Tanusia angulato-ocellata Brunner, 1895, p. 251), Brésil. — Au Musée de l’Université de 
Berlin, communiquée par M. le Conservateur D r Ramme, une 9 de Rio de Janeiro. L’abdo¬ 
men au stade Tanusia. Plaque sous-génitale triangulaire, avec une faible entaille. 

Variétés. A l’Université de Strasbourg, trois spécimens, communiqués par M. le Pro¬ 
fesseur Chatt on. Outre une 9 typique, de l’Amérique méridionale, un $ n° 986, sans indi¬ 
cation d’origine, avec une bande faite d’une vague peinture jaunâtre qui court sous 
l’axe de l’élytre, et un enfin, de l’Amérique méridionale, très remarquable (PI. IV, 
fig. 29) : vers le milieu du bord élytral postérieur, une échancrure artificielle, que les deux 
élytres répètent symétriquement, résulte de ce que le tissu, desséché en ce point de façon 
particulière, s’est brisé. Or il y avait là une tache mimétique, bordée d’un brun foncé qu’on 
voit encore. De quoi pouvait-il bien s’agir, avec cette tache? Je renvoie pour la réponse à la 
variété bicorrosa d’ Ommatoptera mutila (fig. 6 de ma planche en couleurs) ; nous sommes 
cette fois encore devant une variété bicorrosa. 

Au Muséum, Paris, 9 fb petite. Très pourprée. Élytre particulièrement étroit. Long, 
corp. 28, pronoti 6,5, elytr. 31, lat. campi ant. 6,5, post. 6; long, jemor. ant. 10,5, post. 23, 
oviposit. 18. Minas Geraes, environs de Passa Ouatro, bord du rio Las Pedras, 1 000 mètres 
Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 13 


LÉGENDE DE LA PLANCHE F 


Fig. 27. — Ommatoptera picti/olia (Walker). Type $. British Muséum. A l’élytre, noter le point sombre au¬ 
tour de quoi pâlit largement une aire t x : sauf exception, les Tanusia ont perdu ce point sombre. A l’aile 
postérieure droite, sous la ligne blanche antéro-postérieure interne de l'ocelle, et au bas de la grande 
bande horizontale jaune (grise, sur la photographie), voir une trace évidente de la ligne blanche horizon¬ 
tale que les Tanusia ont, quant à eux, conservée. A l'aile postérieure gauche, la seconde branche de la 
nervure médiane réapparaît (fig. 28, l’absence de ce fourchon arrière de la médiane est manifeste). 

Fig. 28. — Ommatoptera pictijolia (Walker), var. putris Vignon (1923). Type $. Muséum, Paris. L'insecte 
vu ventralement. x 1,35. 

Fig. 35 - — Rhodopteryx elongata Vignon (1924). Type $. British Muséum. (Pour l’allotype <?, voir PI. II, 
fig. 16, et PI. X, fig. 87 ; pour un paratype voir la planche en couleurs, fig. 7.) 


Source : MNHN, Paris 



ARCHIVES DU MUSEUM - 6 e série. Tome V. 


PL E 





Fig. 2S, photo Le Charles 


PTÉROCIIROZÉES 

DES GENRES OMMATOPTERA ET RUODOPTERVX 


Masson et O, éditeurs 


Source : MNHN, Paris 














Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 


99 


d’altitude. — La $ 6592 de Vienne adoucit à 45 0 la chute du lobe d’élytre. La sous-costale 
ne fait pas de fourche, après la cellule D. Abdomen au stade Tanusia. — La $ que signale 
Rehn (1920, p. 277) a les trois cinquièmes proximaux de l’élytrc verts. Ganta Gallo, État 
de Rio de Janeiro. 

ümmatoptf.ra pallida Vignon (1923 6, p. 572 ). Monotype $ au Muséum, Paris. La bête 
d'un jaune très pâle, surtout à la face, aux tibias antérieurs, aux bouts des fémurs sur 3 à 
5 millimètres. Le corps frotté ou taché de brun violacé, ainsi que le reste des pattes. Êlytre 
très pâle, sali de vineux, piqué de brun, le bord arrière bruni. Voici l’originalité la plus forte : 
l’envers est brillamment peint. Fond jaune pâle ; une plage carmin entre la tache sub¬ 
apicale et l’arc d’ocelle, continuant, affaiblie, jusqu’à la base ; les appuis marqués sur diverses 
nervures, l’arc d’ocelle et la tache subapicale très noirs ; les menus, traits perpendiculaires 
aux nervures jaune pâle ; les deux marques bien frappées qui, comme partout, précèdent et 
interrompent la tache subapicale, d’un blanc vif faiblement glacé de vert. Revenons à la 
face dorsale : des taches bronzées, nées des points sombres, à la base et à la marge des 
cellules B et C, à la marge de D, et de part et d’autre du branchement de la médiane sur la 
cubitale. Le système des taches t v t 2 développé : par une grande patte d’oie externe et par 
une région interne largement fenêtrée, t x occupe maintenant tout l’avant de la cellule T ; 
un ou deux traits clairs se rongent encore de l’autre côté de la nervure TU'" ; t 2 a grandi, il 
s’est déformé en s’étalant un peu contre la nervure TS ; en face, le satellite s’est élargi de 
l’arrière. Dans toute la région postérieure moyenne, où, par transparence, le tissu apparaît 
comme appauvri, le fin réticulum est finement tracé en brun, comme pour simuler l’usure. 
Abdomen générique. Dimensions habituelles. Brésil. — Le gshtt du Musée de Vienne, dont 
Brunner faisait le $ de son espèce angulato-ocellata (ma photo n° 2 , non reproduite). 
Fauve. Élytre jaunâtre, un peu doré, beaucoup moins peint à l’envers. t 2 très poussé, deux 
ou trois traits longuement rongés de l’autre côté de la nervure TU'". t 2 relativement grand, 
satellite tendant à se doubler, tissu se gâtant entre t x et t 2 . De la cellule T à la base arrière 
de l’élytre, comme la $. Abdomen générique. Élytre bien moins ramassé que chez les $ 
de Walker ; l’aile plus longue. 

Ommatoptera putois Vignon (1923 e, p. 573. Ici, PI. VI, fig. 47, face dorsale ; fig. 28, PI. F 
du texte, face ventrale). Monotype $ au Muséum, Paris. Bel élytre, apex spécialement épais 
et long. Le corps maculé, tanné, et l’élytre en rapport : plus jaune à la base du champ 
antérieur, plus brun dans la moitié distale du bord arrière. Les appuis imprimés ventrale- 
ment le long de certaines nervures très marqués, et d’un pourpre noirâtre (PL F, fig. 28), 
t x intéressant : les érosions externes et les attaques internes confluentes lobées franchement, 
percées comme à l’emporte-pièce. Des taches bronzées marginales dans les cellules B, 
C, D. Des pseudo-moisissures brunes en petits amas, ou bien disséminées en ponctuations 
très fines. A l’ocelle d’aile, longue et forte bande jaune de 6,5 X 1,5 mm., que la figure 28 
montre bien ; lignes blanches antéro-postérieures écartées de 6 mm , 5 d’axe en axe pour une 
hauteur de 3,5. Abdomen générique. Long. corp. 32, pronoti 7, el-ytr. 44, lat. K),campi ant. 9,5; 
long, femor. ant. 13, post. 28,5, oviposit. 19,5. Patrie? — Au Muséum, Paris, $ y (présen¬ 
tement à la Galerie). Élytre de même taille et de même forme ; coloris simplifié, effacé ; 


Source : MNHN, Paris 


ÎOO 


P. VIGNON 


les pseudo-moisissures rares, t x pâli seulement. Ocelle d'aile plus ordinaire. Abdomen au 
stade de Tanusia, mais avec des taches brunes sur les anneaux. 

Ommatoptera sera Vignon (1926 ^, p. 361; ici planche en couleurs, fig. 5). Cette variété 
diffère du type spécifique par un caractère important de l’ocelle d’aile, caractère qui, par 
rapport au reste du genre, la met en retard : d’où .son nom. On voit réapparaître, complète 
(a moins qu’elle ne soit conservée dans la race), cette ligne blanche arrière des Tanusia 
dont les Ommatoptera ne gardent normalement que des traces, souvent nulles. Holotype $ 
et allotype $ au Musée entomologique allemand de Berlin-Dahlem, communiqués par 
M. le D r Walther Horn. Selon ce qui a été dit à propos de Tanusia decorata Walker, var. 
media Vignon, nous sommes en outre, avec la $, devant une forme notata : une tache jaune 
pâle se voyant à l’abdomen sur les côtés du quatrième segment. Chez la $, l’abdomen au 
stade des Tanusia. Long. corp. 31, pronoti 6,75, elytr. 34, lat. 16, campi ant. 8,5 ; long, femor. 
ant. 11, post. 25, oviposit. 12. — Chez le g, à l'ocelle, la ligne blanche ancestrale, un peu 
moins belle. L’élytre présente, en outre, la tache blanche signalée déjà par moi dans le 
genre Tanusia chez les formes tnquinata et picta (PI. V, fig. 33, 34), tache qui fait penser 
à une fiente déposée par un oiseau sur une feuille. La tache occupe ici, dans le champ 
antérieur, la cellule B; elle s'étend proximalement dans l’aire pseudo-costale,et distalement 
dans la cellule C, non sans blanchir davantage les nervures et sous-nervures qu’elle ren¬ 
contre ; un fin liséré blanc souligne le bord antéro-proximal de l’élytre ; le début de l’axe 
d’élytre est blanc aussi. A l’abdomen, pas de tache jaune pâle. Les deux premiers segments 
étant lobés, comme d’ailleurs chez la $, le troisième ébauche, mais à peine, les cornes 
jumelles qui caractérisent parfois le genre. Long. corp. 23, pronoti 5, elytr. 23,5, lat. 12, campi 
ant. 6 ; long, femor. ant. 9,5, post. 19,5. Garbe, Alto da Serra. Don de M. Luederwaldt. •— 
11 est curieux de voir cette $ et ce <$, que rapprochent à ce point et la localité et la pré¬ 
sence d’une ligne blanche ancestrale à l’ocelle d’aile, différer par la présence ou l’absence 
de la tache jaune pâle à l’abdomen, ainsi que de la peinture blanchâtre sur l’élytre. 

Deuxième division du genre, définie ci-dessus. 

2. Ommatoptera elegans Vignon. 

(1923 e, p. 573 ; ici PI. V, fig. 35.) Monotype au British Muséum, n° 87, 1905-100. 
Pourpré. Organes du vol allongés, grands pour un £ du genre Ommatoptera. Longue tache 
subapicale en rapport avec le grand développement distal de l’élytre. Sur l’élytre encore, 
la peinture blanche signalée trois fois déjà (en dernier lieu ci-dessus, chez O. pictifolia 
Walker, var. sera Vignon, allotype <$). Elle s’étale dans les cellules B et C, soulignant la 
nervure pseudo-costale et le début de ses rameaux, marquant la base de l’axe. t x se borne 
à la partie interne fenêtrée, qui tend à se localiser contre la nervure TP et à y mettre des éro¬ 
sions en ligne. Aile peu couverte derrière l’ocelle. Abdomen : premier segment, petit lobe 
lacinié de l’arrière ; deuxième, le même lobe, mais bien plus développé ; troisième, une 
corne impaire, après quoi deux cornes paires ; quatrième, cinquième, sixième, soupçons de 
corne impaire ; septième, petit lobe. Long. corp. 22, pronoti 6,5, elytr. 38, lat. campi 
ant. 10, post. 8,5 ; long, femor. ant. 11, post. ? Patrie ? 


Source : MNHN , Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE loi 


3. Ommatoptera pusilla Vignon. 

(1923 e, p. 574 ; ici PL VI, fig. 48.) 

Monotype çj au Muséum, Paris. Petit, fauve, sali ou taché de vineux. Pattes très peu 
épineuses. Élytre relativement large pour sa faible longueur, mimant la feuille qui rougit. 
t x bien développé, et, en rapport avec cette tache, des parties rongées dans les cellules I 
et S, deux ou trois érosions de l’autre côté de la nervure TU'". t 2 presque découvert,'le 
satellite infime. A la tache subapicale, belle marque d’interruption carrée gris-argent. A 
l’envers, ton laqué rouge, surtout entre la nervure TP et la tache subapicale ; les traits 
clairs perpendiculaires aux nervures sont très rares. A l’aile, le lobe apical semble commencer 
d’entrer en régression, ce que bientôt nous le verrons faire plus complètement : après une 
faible encoche, ce lobe se forme sans faire saillie sur le bord antérieur. Secteur entièrement 
couvert et noirâtre derrière l’ocelle (mais la déformation du bord alaire paraît tératologique). 
Ocelle de 5 x 6 mm., arrondi, ligne jaune très réduite. Abdomen : premier segment, sou¬ 
lèvement terminal lacinié ; deuxième, grand feuillet longuement lacinié ; troisième, faible 
ébauche de lobe. La différenciation générique manque. Long. corp. 17, pronoti 4,5, elylr. 
26,5, lai. 12,5, campi ant. 6,5 ; long, jemor. ant. 9, post. 18,5. Brésil. 

4. Ommatoptera laurifolia Pictet. 

Pictet (1888, p. 34, PI. I, fig. 15 et i5«de l’auteur). Le génotype. — Tanusia laurifolia. 
Brunner (1895, p. 250). 

Monotype Ç, au Musée de Genève. Élytre feuille morte par-dessus, pourpre et brun 
par-dessous. Cet élytre étroit et long: mal représenté par l'auteur, dont la figure supprime 
à tort le lobe antéro-médian d’abord, puis la convexité, très réduite sans doute, qui suit 
l’infime sinus postlobaire. grand, avec une belle partie postéro-interne, lançant anté¬ 
rieurement comme des cornes autour d’une région où le tissu est assez bien conservé ; 
d’étroites zones claires correspondent à t v soit de l’autre côté de la nervure TU'", à droite, 
soit dans la cellule T elle-même, soit, en dedans de l’arc d’ocelle, dans la cellule S. 
t. 2 , couvert, bordé en dedans, rejoint extérieurement lanervure TS,sur quoi il s’étale quelque 
peu à gauche seulement. Satellite clair, un peu tordu. La tache subapicale franchissant 
beaucoup l’axe qui la partage presque en deux. Pas de coloris bleuté à l’élytre, et pas non 
plus à l’aile. A l’aile, ocelle de 7 x 9 mm., subanguleux à droite seulement. Long. corp. 25, 
pronoti 7, long, elytr. 34, lai. 12,3, campi ant. 5 ; long, jemor. ant. ? post. 25, oviposit. 18. 
Brésil ? 

Troisième division du genre : élytres antérieurement tronqués du bout. 

5. Ommatoptera pieturata (Serville). 

Plerochroza pieturata Serville (1839, P- 437 I ici Pi- VIII, fig. 68) (1). 

(1) Les débris de l’insecte mal montés : les élytres intervertis et retournés, si bien que ce que l’on voit par-devant, c’est le 
bord postérieur, et que l’élytre droit, le seul dont le bout soit intact, sc trouve à gauche. 


Source : MNHN, Paris 


102 


P. VIGNON 


Monotype Ç au Muséum de Paris. Insecte tout à fait original qui semble n’avoir jamais 
été revu. L’endroit de l’élytre mime fort bien une petite feuille brisée, sèche et pâle, tachée 
un peu de brun du fait des appuis imprimés ventralement, frottée de carmin en raison d’une 
certaine peinture, ventrale aussi, qui transparaît : et, finalement, très attaquée. — Cet 
élytre étroit et long. Le bord antérieur (postérieur, ai-je dit, sur l’insecte, mal préparé) 
longuement parallèle à l’axe, puis une troncature à 45 0 , qui marque, mais à peine, le sinus 
postlobaire. Le bord postérieur peu arqué. Le complexe des taches t v t 2 extraordinairement 
envahissant : derrière deux petits lobes, la fenêtre de t 1 occupe tout le début delà cellule T 
et se prolonge distalement dans un tissu semi-hyalin. Les points rongés connexes, t. 2 et le 
satellite, comme perdus dans l’attaque générale de la région moyenne arrière. Quant au 
champ antérieur de l’élytre, il pâlit largement autour des diverses pseudo-fructifications 
cryptogamiques que représentent les points sombres. L’envers de cet élytre, dorsalement 
si délabré, est au contraire doré, brillant. Seule est noire la forte tache subapicale : le rouge 
très vif du champ arrière masquant presque le noir de l’arc d’ocelle. A l’aile, un lobe apical 
minuscule reste en deçà du bord antérieur, qui s’est renflé. Ocelle de 6,5 X 7,5 mm. Les 
lignes blanches antéro-postérieures confuses et comme embues ; entre elles, du carmin 
prédomine. Bonne ligne jaune. Abdomen : premier segment, lobe terminal couché, longue¬ 
ment pointu ; deuxième, lobe plutôt avorté, l’anneau abdominal un peu étiré dorsalement 
sur l’arrière. Le reste de la bête manque. Long, elytr. 32, lat. 14, campi ant. 7,5. Patrie? 

6. Ommatoptera mutila Vignon. 

(1923 e, p. 575 ; ici, PI. IV, fig. 30, l’insecte vu ventralement.) 

Monotype $ au Musée de Vienne, n° 20892, étiqueté par Brunner Porphyromma sp. 
(vue dorsale : ma photo n° 6, non reproduite). Petit. Brun. Pattes fauves, presque sans 
épines. Elytre trapu. Bord antérieur long, subconcave, lobe brièvement arrondi, troncature 
à 45 0 , respectant le sinus postlobaire et la convexité qui suit, pointe fine, bien dégagée de 
l’avant par le sinus préapical. Bord arrière épais de la base, suivant l’usage des mâles. Cet 
élytre d'aspect, de coloris non mimétiques, d’un pourpre neutre, largement taché de brun 
violacé à la base, sur l’avant et à l’apex, pâlissant au contraire dans la région moyenne 
arrière en une teinte verdie. La tache t x usée davantage en dedans ; pas de point sombre. 
t 2 couvert, satellite nul. L’envers brillant, carminé. L’arc d’ocelle élytral n’est qu’un vestige 
linéaire, marquant la sous-nervure de base de la cellule S et la veine I'L. L’intéressante 
tache subapicale noire semblant d’abord bornée à sa partie interne, qui se prolonge anté¬ 
rieurement dans une bande, noire aussi, parallèle au bord tronqué de l’élytre. Entre cette 
bande noire et le bord, une marge vive, d’un gris clair. Cette marge est la suite de la belle 
marque pâle qui interrompt, partout, la tache subapicale : ici très importante, on voit cette 
marque sous l’axe de l’élytre (1). A cette marque d’interruption fait suite la seconde partie 
de la tache, étroite, à cheval sur l’axe d’élytre, lançant en avant une fine ligne, oblique qui 

(1) Avec des proportions très différentes, il est curieux de retrouver l’essentie Ides mêmes taches et marques sur les élytres 
que rapprochent les figures 27 et 30 de la planche IV. Voilà qui dit bien les parentés. Les Pterochroza cousinent aussi, de plus 
loin, avec les Tanusia : ce sont les élytres représentés planche I, figure 7, et planche IV, figure 27, dont il faudrait maintenant 
homologuer les décorations préapicales. 


Source : MNHN , Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 103 

coupe en deux la marge grise. Aile postérieure. Lobe apical très faible, un peu en retrait 
par rapport au bord avant. Derrière l’ocelle, le secteur bruni n’atteint pas le bord doré de 
l’aile. Pas de blondissement proximal contre l’ocelle. Devant la nervure radiale, une bordure 
nette, d’un gris verdâtre clair. Ocelle très noir de 6 x 6,5 mm., où la bande jaune a presque 
entièrement disparu. Les croissants blancs antéro-postérieurs épais, bien développés, 
l’interne tournant à gauche (à droite, donc, sur ma figure) à l’ovale, ce qui annonce les 
ultimes déformations du genre suivant ; le croissant externe un peu verdi. Abdomen au 
stade Tanusia : premier segment, lobe plutôt avorté ; deuxième segment, lobe convexe et 
faible. Long. corp. 20, pronoti 5,5, elytr. 25, lat. campi ant. 7, post. 7,5 ; long, femor. ant. 9,5. 
post. 20. Brésil, Espirito Santo. 

Variété. Ommatoptera bicorrosa Vignon(i92Ô d, p. 362 ; ici, planche en couleurs, fig. 6). 
Variété fort importante, différant du type spécifique, à l’élytre, par la couleur, et surtout 
par une remarquable particularité mimétique, à l’ocelle de l’aile postérieure par la présence 
d’une ligne blanche postéro-interne qui rappelle, en moins complet, celle d’O. pictijolia 
WaJker, var. sera Vignon. Monotype au Musée entomologique allemand de Berlin-Dahlem, 
communiqué par M. le D r Walther Horn. Êlytre cette fois d’un jaune brunâtre, ne ressem¬ 
blant toujours guère, en soi, à une feuille ; mais le tiers apical est brun et mime ainsi 
l’attaque étendue d’un Champignon. La tache est bordée, dans le champ antérieur de 
l’élytre, par la portion infléchie de la nervure sous-costale ; en arrière de l’axe d’élytre, 
elle traverse la base de la cellule S puis la région distale externe de la cellule T, non sans 
englober et border la fenêtre très petite que forme ici la tache t 2 . Or voici la particularité 
mimétique remarquable. Au sein même de la tache brune se trouve imité minutieusement 
le redoublement de l’attaque du champignon, tel qu’on l’observe parfois sur les feuilles 
(Voir ici PL IX, fig. 79) : à cheval sur la nervure EF, occupant plus de la moitié delà largeur 
des cellules E et F, s’appuyant, dans la cellule F, sur l’axe de l’élytre, une tache pâle, d’un 
gris jaunâtre, se borde de brun foncé. Et, comme nous le disions, le EF Walther Horn et 
moi, le tissu doit être, à l’intérieur de cette tache, particulièrement sec et fragile, car, sur 
l’élytre droit, il n’a pas résisté à la dessiccation de l’insecte et s’est brisé. Nous avions, en 
cela, tellement raison, que l’on peut citer maintenant (PL IV, fig. 29) cet O. pictifolia 
var. bicorrosa nov.var., duMusée de Strasbourg, chez qui l’intérieur des taches redoublées est 
brisé sur les deux élytres. L’action mimétique aura donc porté sur la structure même du 
tissu, dont elle aura diminué la résistance. — Sur la partie de l’élytre qui est d’un jaune 
brunâtre, de rares taches brunes punctiformes; une tache plus marquée, à cheval sur la 
nervure CD, est visible sur ma planche en couleurs, ainsi que la tache à peu près triangu¬ 
laire qui prolonge postérieurement le brun rouillé de l’aire cubito-anale. — Aile postérieure. 
Contrairement à ce que l’on observe chez le type spécifique, un blondissement accentué 
règne ici proximalement contre le noir de l’ocelle d’aile. Quant à l’ocelle lui-même, non 
seulement une courte ligne blanche postéro-interne s’y trouve, comme je le disais, conservée, 
mais il y persiste la bande jaune qui caractérise le genre et qui a presque disparu chez le 
type (sur l’aile droite, seule étalée, le lobe apical est détruit). Les deux premiers segments 
abdominaux portent des lobes de Tanusiat Long. corp. 20, pronoti 5,5, elytr. 24, lat. 12, campi 
ant. 6; long, femor. ant. 10, post. 19. Fazenda dos Campa, Passa Anatro, sud de Minas. 


Source : MNHN, Paris 


!’. VU,NON 


«’l 


Dans quelle mesure les caractères sus-indiqués donnent-ils, à cette variété bicorrosa, 
valeur d’espèce? 

Du fait du rétrécissement qu’éprouve l’élytre dans la région distale du champ arrière, 
rétrécissement qui se répercute sur la région ocellaire et postocellaire de l’aile postérieure, 
le genre Ommatoptera commence à faire entrer en régression les organes du vol à quoi les 
Tanusia donnaient une si belle ampleur. Avec la troisième division du genre cette régression 
s’accentue, et parce que maintenant la région antéro-distale de l’élytre se tronque, et parce 
que la portion apicale de l’aile arrière — lobe et ocelle — perd sa beauté. Tout s’aggrave, 
le déclin se précipite, avec les deux petits genres qui suivent. 


VI. — Genre PORPHYROMMA Redtenbacher. 

In Brunner (1895, p. 253, fig. no). 

Tête et pronotum pareils à ceux des deux genres qui précèdent. Le champ antérieur 
de l’élytre tronqué, soit obliquement, soit d’une façon abrupte. Aile postérieure beaucoup 
plus réduite que l’élytre ; pas de lobe apical, par conséquent pas de sinus préapical; ocelle 
en pleine régression. 


1 (2). Troncature antéro-distale de l'élytre abrupte (le génotype). i. P. speciosa. 

2 (1). Cette troncature oblique. 2. P. viridifolia. 


1. Porphyromma speciosa Brunner. 

Brunner (1895, p. 253, 254, PI. X, fig. no). Ici, PI. IV, fig. 31, le paratype £ vu ven- 
tralement. Holotype $, *, et paratype $ fi au Musée de Vienne. Le champ antérieur de 
l’élytre ne forme pas, chez le type, le lobe, bossu en direction distale, que ma figure repré¬ 
sente d’après le spécimen fi ; la courbe s’y arrondit au contraire comme si le lobe de ce spé¬ 
cimen fi était, lui, surajouté (ce qui n’est pas). L’apex comme sur ma figure. Au champ 
postérieur, le sinus préapical de fi manque chez le type. Chez le type, la sous-costale infléchie 
se termine après l’arrondi de l’élytre, c’est-à-dire au début de la partie abrupte; sur l’exem¬ 
plaire fi elle forme une fourche dont la branche interne finit, comme dans le genre Tanusia, 
à la pointe du lobe (Voir PI. III, fig. 26 ; PL IV, fig. 28; PI. VIII, fig. 65). Tandis que, chez le 
type, rien absolument ne persiste de la dilatation postlobaire des deux genres qui précèdent, 
l’élytre fs laisse deviner en dessous du lobe la faible trace d’un sinus, à la suite de quoi la 
terminaison de la nervure EF marque un saillant manifeste. Il suffit, dès lors, de comparer 
les figures 30 et 31 de ma planche IV pour voir que c’est le spécimen fs qui aura évolué le 
plus correctement : cela, en achevant de tronquer le bord antéro-distal, sans renoncer 
pourtant à ce lobe postmédian qui déjà caractérisait les Tanusia. (Voir les diverses figures 
de la planche IV). Autrement dit, le type est plus évolué, plus déformé que le paratype. 
Au champ postérieur une seule cellule S, comme ohez les Ommatoptera. — L’élytre est, chez 
le type, d’une teinte exquise. L’aire pseudocostale a ses parties claires d’un brun doré. 


Source : MNHN, Paris 




RECHERCHES SUR I.ES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


105 

Vient ensuite une zone marron, occupant la portion moyenne du champ élytral antérieur. 
Après quoi le ton clair reprend, en moins doré. Dans le champ postérieur la région marginale 
est d’un fauve pâle. L’élytre de 'p est d’un ton feuille sèche, beaucoup plus triste, mais sur 
quoi les traits clairs, perpendiculaires aux nervures, se révèlent mieux. Par-dessous, à la 
suite du gros point d’un gris bleuté, qui est dans la cellule L et qui sépare, de l’arc d’ocelle, 
la tache subapicale, cette tache elle-même. Elle lance une bande noire puissante dans le 
champ antérieur, un peu comme chez Ommatoptera mutila (Voir les figures 30 et 31 de la 
planche IV) ; mais ce n’est pas ici une importante « marque d’interruption » que l’on 
observe : cette marque est au contraire dédoublée en deux petites, situées l’une devant, 
l’autre derrière l’axe d’élytre. — L’aile, pour être fort diminuée, presque abortive, n’en 
rappelle pas moins celle des Ommatoptera. Et sans doute le lobe apical a disparu; mais, sur 
la figure 31 de ma planche IV, l’on n’est pas seins en deviner un ultime vestige. L’ocelle 
offre un arc noir avec un intérieur carmin. Les lignes blanches antéro-postérieures subsistent 
à l’état de taches ovalaires; en dessous de la tache proximale, un point blanc représente la 
partie interne de la ligne blanche arrière des Tanusia ; quant aux points postéro-externes 
de ma ligure, ils correspondent à ceux qui, dans les deux genres précédents, sont en marge 
de l’ocelle (Voir PI. IV, fig. 27 et 31).— Tous les fémurs armés de fortes dents en forme de 
lobes. Les tibias de la troisième paire portant dorsalement environ quatre crochets épineux 
sur les deux bords, ces crochets sans renflements basilaires, et disposés sans aucun ordre 
spécial. L’abdomen crêté : premier et deuxième segments, forts lobes laciniés de l’arrière ; 
troisième, soupçon de lobe ; quatrième et cinquième, nus ; sixième, septième, huitième, lobes 
laciniés médiocres ; un lobe plus faible encore sur le neuvième. Dimensions : long. corp. 26. 
pronoti 6,6, elytr. 21, lat. elytr. 10 ; long, femor. ant. g, post. 20, oviposit. 11,5. Brésil. 

2. Porphyromma viridifolia Brunner. 

Brunner (1895, p. 253, 254). Monotype $ au Musée zoologique de l’Université, à Berlin 
(ici PI. X, fig. 86, d’après une photographie adressée par M. le Conservateur D r Ramme). 
Bête verte. Êlytre vert clair, sans taches hyalines. Aile postérieure testacée à veines trans¬ 
verses noires ; le bord antérieur fauve ; ocelle rouge à trois taches blanches avec un arc 
interne noir. Abdomen crêté. Long. corp. 20, pronoti 6, elytr. 25, lat. elytr. 19 ; long, femor , 
ant. 9,5, post. 21. Brésil. 


VII. — Genre TANUSIELLA Enderlein. 

Enderlein (1917, p. 17). Une seule espèce. 

Tanusiella guttifera Enderlein. 

Une $ et un ^ au Musée de Stettin. Ici, PL C du texte, fig. 30 et 31, d’après des photo¬ 
graphies aimablement adressées par M. le D r R. Kleine. Bêtes très petites, dont l’aile, et 
l’élytre, antéro-distalement quelque peu déprimé, sont proportionnellement beaucoup 
Archives du Muséum, 6 e Série. - V. — 14 


io6 


P. VIGNON 


plus petits encore. A défaut de connaître la nervation de ces organes si abortifs, je me 
contente de mentionner, sur l’aile, la tache cerise qui tient lieu de l’ocelle : bordée de noir sur 
l’avant et sur l’arrière, elle renferme deux taches blanchâtres peu distinctes. Les pattes 
absolument sans épines. $: long. corp. 25, pronoti 3,75, elytr. 11, lut. 7 ; long, jemor. 
ant. 10,5, post. 18,5, oviposit. 11,5.- long. corp. 15, pronoti 3,5, elytr. 8,5, lai. 8,5 : long, 
femor. ant. 8, post. 15,5. Brésil, Espirito Santo. 


VIII. — Genre ANOMMATOPTERA Vignon. 

(1923 d, p. 520). Génotype : A. manifesta Vignon. 

Une ressemblance superficielle avec le genre Tanusia ; mais la nervation apicale de 
l’aile postérieure, privée d’ocelle, est plus simple. Ce genre ne mène d’ailleurs pas aux 
Tanusia : voyez le pronotum. — Les tibias des pattes postérieures sans la dilatation basi¬ 
laire dorsale qui caractérise le genre Celidophylla , et plus proches donc, à cet égard, des 
T anusia. 


TABLEAU DES ESPÈCES 


(4). A l’élytre, deux cellules S. A l’aile postérieure les deux rameaux émis postérieurement par 
la radiale naissant d’une tige commune : donc un secteur de la radiale (première division). 

2 (3). Dilatation du champ postérieur de l’élytre pas très distalement placée ; sa courbe 


douce. Insecte entièrement dans des tons ocreux....... t. A. ochracea. 

3 (2). Dilatation du champ postérieur très distalement placée ; sa courbe brusque. Élytre 

vert (fig. 33 du texte). 2. A. in gens. 

4 (1). Insectes n’offrant pas ou n'offrant pas à la fois les caractères n° 1. 


5 (8). A l’élytre, une seule cellule S ; à l’aile postérieure, le second des rameaux émis posté¬ 
rieurement par la radiale naissant de cette radiale comme le premier : donc pas de secteur 
de la radiale (deuxième division). 


6 (7). Espèce délicate, nervures élytrales peu saillantes, dimensions moindres. 3. A. Hœge-i. 

7 (6). Espèce robuste, nervures élytrales très marquées, dimensions plus fortes. Aile ocreuse. 

opaque (PI. VI, fig. 50)..... 4. A. manifesta. 

8 (5). A l’élytre, une seule cellule S ; à l’aile postérieure, un secteur de la radiale (troisième 
division). Espèce petite, délicate ; aile postérieure marron tachée de blanc.. 5. A. maculaio-pennis. 


Première division. — A l’élytre, deux cellules S. A l’aile, le premier et le second 
des rameaux émis postérieurement par la radiale naissant d’une tige commune (Voir les 
Pterochroza et les Ommatoptera ) : donc un secteur de la radiale. 

1. Anommatoptera ochracea (Saussure et Pictet). 

Tanusia ochracea Saussure et Pictct (1898, p. 450, PI. XXII, fig. 2) (figure iausse pour 
le pronotum). 

Anommatoptera ochracea, Vignon (1923 d, p. 521). 

Monotype $ au British Muséum. Entièrement dans des tons ocreux. Pronotum : 
prozone, largeur 4, longueur 3,6 ; métazone, longueur 5,5, largeur postérieure 7 ; le bord 
arrière peu arqué (encoche?). Élytre. Champ antérieur : la partie proximale dilatée assez 


Source : MNHN, Paris 






RECHERCHES SUR I.ES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 107 


courte. Champ postérieur : un bord oblique pas très long menant à une dilatation pas très 
distale, dont la courbe est assez douce. (Ces caractères s’opposant à ceux d'A. ingens.) 
Cellule S' avortée à gauche. Cellule P de dimensions médiocres. Tache l x : à gauche seule¬ 
ment, petite zone moins opaque que le reste du limbe. t 2 est une belle fenêtre avec un lobe 
postéro-externe. Satellite nul. Des points bruns, inemployés. Aile postérieure : la tige du 
secteur de la radiale et la fourche de la médiane simulant trois cellules M contiguës, comme 
dans le genre Pterochroza (Voir PL I, fig. 7, ou fig. 8 du texte). Pattes. Fémurs I, bord 
ventral céphalique, quatre épines de Tanusia ; fémurs II, trois épines, et une ou deux proxi¬ 
males plus ou moins avortées ; fémurs III, neuf ou dix épines, les apicales de bonne taille. 
Abdomen : I er segment nu ; deuxième, très beau lobe nettement quadrangulaire. Plaque 
suranale en trapèze, aux angles arrondis, le bord apical vaguement sinué. Plaque sous- 
génitale ovale, tronquée et quelque peu sinuée apicalement. Long. corp. 31, pronoti 8,5, 
elytr. 54, lut. campi ant. 14, post. 16 ; long, femor. post. 33,5. Guatemala, San Juan in Vera 
Paz. 


2. Anommatoptera ingens Vignon. 

(1923 d, p. 522 ; ici fig. 33). Les pattes postérieures manquant, les tibias postérieurs 
étant donc inconnus, l’on ne saurait affirmer absolument que l’espèce appartienne bien au 
genre Anommatoptera. 



Fig 33- — Anommatoptera ingens Vignon ( 1923 ) <?• Type. Muséum, Paris. Sont grisées les parties habituelles. Dessin original. 

Monotype <$ au Muséum de Paris. Grand et robuste. Élytre vert. Pronotum à arêtes 
douces. Prozone, longueur 3,5, largeur 4 ; métazone, longueur 5, largeur 8 ; bord arrière 
peu arqué, encoche moyenne. Ëlytre. Champ antérieur : partie renflée importante avec 
maximum sur la veine CD, puis le sinus postmédian, dont le fond correspond à la ner¬ 
vure EF, le maximum du renflement qui suit correspondant à la veine FG. Champ arrière 
étroit de la base, long bord rectiligne s’écartant de l’axe obliquement, courbure très distale 
et assez brusque vers la veine TU"'. Grande cellule P : 10 x 7 ou 8 mm. t x est un petit miroir 






P. VIGNC» 


108 

orbiculaire semi-hyalin. t 2 moins distal que chez les Tannsia, achevé, lobe postérieur long. 
Satellite petit, plus distal, se séparant donc de t v contrairement au cas des Tannsia. Des 
points bruns, inemployés. Aile postérieure à demi transparente. Abdomen : premier seg¬ 
ment, partie moyenne, ébauche de lobe pointu ; deuxième, très fort lobe rectangulaire 
long de 4 millimètres. Long. corp. 33. pronoti 8.5, elytr. 58, lat. campi ant. 16, post. 18 ; 
long, femor. ant. 14,5 post. ? Mexique. 

Deuxième division. — Élvtre : une seule cellule S. Aile : le second des rameaux de la 
radiale naissant de celle-ci comme le premier (Voir le genre Tannsia). Donc pas de secteur 
de la radiale. 


3. Anommatoptera Hœgei (Saussure et Pictet). 

Tanusia Hœgei Saussure et Pictet (1898, p. 450. PI. XXII, fig. 1). 

Anommatoptera Hœgei Vignon (1923 d. p. 521). 

Monotype au British Muséum. Espèce délicate. Pronotum : prozone, longueur 
3 mm. ; métazone, longueur 3,75, largeur arrière 5 ; le bord postérieur plus arrondi, l’encoche 
plus faible que chez A. manifesta. L’élytre, dont le fond a dû être vert, se tache faiblement 
de brun par zones ; les nervures peu saillantes. t x nul ; t 2 : à peine deux points rongés infimes, 
un satellite minuscule à gauche seulement. Aile postérieure : apex brunâtre, plus en dedans 
une tache carmin, irrégulière. Fémurs I et II faiblement épineux, fémur III à peine sub¬ 
épineux. Abdomen : deuxième segment, beau lobe lacinié de l’arrière. Long. corp. 24, 
pronoti 6,75, elytr. 44, lat. campi ant. 16,5, long, femor. post. 24,5. Mexique, Cordova. 

4. Anommatoptera manifesta Vignon. 

Pterochroza maculifolia. Nouveau Larousse illustré, art. Insecte, p. 296, planche en 
couleurs de Millot, fig. n, légende de Maindron. L’élytre reconnaissable. Faute de place 
sur la planche, les pattes postérieures figurées d’une façon antianatomique. Aucune des¬ 
cription. Le spécimen du Muséum sans étiquette. — « Pterochroza maculifolia Brunner », 
pour Berlese (1922, Gli Insetti, II, fasc. 30-31, p. 731, fig. 724 B), dell’America merid., da 
Millot ». — Je ne sache pas que Brunner ait nommé ainsi aucune Ptérochrozée, et je ne pense 
pas qu’il ait vu le spécimen en question. Comme en 1925 {b, p. 452), je tiens maculifolia 
pour un nomen nudum. 

Anommatoptera manifesta Vignon (1923 d, p. 521 ; ici PI. VI, fig. 50). Le génotype. 
Monotype G au Muséum, Paris. Espèce robuste. Le corps d’un brun léger. Elytre d'un 
vert clair très lumineux, les nervures fortes, d’un vert franc. La branche externe de la 
fourche sous-costale finissant au fond du sinus postmédian. Grande tache brune distale 
bordante, très mimétique (Voir PI. IX, fig. 73). t x nul ; t 2 beau, découvert, bien serti,réni- 
forme distalement. Satellite nul. Points sombres rares et faibles, inemployés. Aile ocrée 
opaque, lobe apical faible et bas. La sous-costale indépendante de la radiale jusqu’au bout. 
Tache brune apicale puissante, se continuant, étroite, sur le bord externe de l’aile. A l’inté¬ 
rieur de la tache, des traits blancs irréguliers : de telles ébauches auront pu provoquer la 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 109 


formation des lignes blanches qui décorent les ocelles décrits ci-dessus, une tache apicale s'étant 
muée dans l'ocelle lui-même. — Pronotum plat, arêtes douces. Prozone, largeur avant 3,5, 
longueur 3 ; métazonc, longueur 5, largeur arrière 6 ; le bord arrière serait anguleux, n’était 
la bonne encoche. Pattes. Fémurs I, quatre épines allant en décroissant de l’apicale à la 
basale. Fémurs II, quatre épines minuscules. Fémurs III, cinq petites épines, une sixième 
avortée. Plaque suranale en trapèze, cerci coniques. Plaque sous-génitale ovale, faiblement 
tronquée du bout. Abdomen. Premier segment abîmé ; deuxième, sur la partie moyenne, 
bosse adoucie, apicalement un petit lobe comprimé. Long. corp. 30, pronoti 8, elytr. 4g, 
lai. campi ant. 13,5, post. 15,5 ; long, femor. ant. 12,5, post. 30. Mexique. 

Troisième division. — Rlytre : une seule cellule S, comme dans la deuxième divi¬ 
sion ; aile. : un secteur de la radiale, comme dans la première. 

5. Anommatoptera maculato-permis (Brunner). 

Rhodopteryx maculato-pennis Brunner (1895, p. 254, 255). 

Anommatoptera maculato-pennis, Vignon (1923 d, p. 522). 

Monotype ç? au Musée de Vienne. Petite espèce. Bien génériques, le pronotum, l'élytre 
dont la silhouette rappelle, mais avec un apex prolongé en une fine pointe, celui d’A. ingens, 
à l’aile le raccordement basilaire oblique entre médiane et cubitale. La cellule P très étroite 
de l’arrière comme chez A. Hœgei et A. manifesta. fait d’érosions contiguës. / 2 : la fenêtre 
générique. Un satellite infime dans la cellule S, tout près de t 2 . L’élytre très feuille sèche, 
nuancé tant par de fins appuis mis sur les nervures que par quelques points sombres. 
L’aile d’un coloris marron plus soutenu que celui de l’élytre, avec des mouchetures blanches. 
Pronotum : longueur de la prozone 2,5, de la métazone 4 ou 4,5 ; cette métazone élargie 
de l’arrière, bord postérieur faiblement anguleux, avec une encoche assez large. Long. corp. 
20, pronoti 7, elytr. 37, lat. 20 ; long, femor. ant. 10, post. 23. Mexique. 


IX. — Genre CELIDOPHYLLA Saussure et Pictet. 

Saussure et Pictet (1898, p. 451). Une seule espèce, dont l’importance est grande, en 
raison de la dilatation qui, dorsalement, soulève ici la base des tibias postérieurs, ce qui 
annonce, à ce point de vue, les genres Typophyllum et Mimetica. 

Celidophylla albimaeula Saussure et Pictet. 

Saussure et Pictet (1898, p. 451, PL XXII, fig. 3-5 ; ici, fig. 34). 

Monotype au British Muséum. Pronotum : prozone, longueur 3,5, largeur anté¬ 
rieure 4 ; métazone, longueur 5, largeur arrière 7,5, bord postérieur arqué, avec une encoche 
profonde, donnant à la métazone un aspect bilobé. — Élytre comme étiré dans la longueur. 
La fourche de la sous-costale tenant une grande place. Le maximum de largeur du champ 


Source : MNHN, Paris 


lin 


P. VIC,NON 


avant continuant de correspondre à la cellule C ou à la nervure CD, mais situé, en fait, 
proche de la hase, car c’est à partir de là que l’élytre s’étire (Comparer, avec la ligure 50 de 
la planche VI, la ligure 34 du texte, pour voir quelle distance sépare maintenant la cellule P 
de cet apex). Quant au sinus postmédian, très peu creusé, il semble que ce soit l’étirement 
de l’élytre qui en soulève ainsi le fond. Au champ postérieur, deux cellules S. De multiples 
taches blanches adoucies, plutôt ornementales que mimétiques. t x semble une tache pareille 
aux autres, pas bien rongée, pas plus opaque non plus que le reste du limbe. t 2 est la seule 
tache qui fasse la fenêtre, cela comme chez les C.ycloptera. Les ailes postérieures quasi 



Fig. 34. — Celidophylla albimacula Saussure et Pictet. Type. British Muséum. D’après les auteurs. Sont grisées les parties 

habituelles. A gauche, le pronotum. 


détruites. — Pattes. Fémurs antérieurs, bord ventral céphalique : seule l’épine apicale est 
assez longue, elle est étroite ; lx basale, qui serait la quatrième en revenant de l’apex à la 
base, est avortée. Aux fémurs intermédiaires il y aurait cinq épines : l’apicale seule est assez 
belle, les deux basales sont avortées. Fémurs postérieurs ventralement très comprimés : 
les épines apicales belles, surtout la pénultième, ces épines triangulaires, non dilatées ; 
neuf à dix épines en tout, les basales avortées. Pour les tibias postérieurs, voir la figure de 
Saussure et Pictet : en plus de la bonne dilatation de base, deux ondulations faibles se 
devinent distalement. L’abdomen difficile à voir, l’insecte n’étant ouvert qu’à moitié : 
les segments 10-7 étant nus, les segments 6-4 portent chacun une dent élevée, étroite, 
l’importance de ces dents semblant croître à mesure qu’on approche de la base. Long. corp. 
29, pronoti 7, elytr. 67, lat. 29, campi ant. 15, post. 20,5 ; long, femor. post. 35. Nicaragua, 
Chontales. 


X. — Genre RHODOPTERYX Pictet. 

Pictet (1888, p. 32). Genre créé par Pictet pour une espèce unique. Certains caractères 
des Typophyllum : le pronotum analogue, en plus large ; à l’élytre, la tache t x importante 
alors que la tache t 2 est minuscule ; à l’aile, pas de raccordement basilaire oblique entre 
médiane et cubitale. Mais par ailleurs, à l’élytre, un sinus postmédian commun aux femelles 


Source : MNHN, Paris 













RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-EEULIEES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 


T11 


et aux mâles, ce qui classe le genre dans le sous-groupe des Anommatoptera , des Tanusia. 
Les ailes, rouges à bandes transversales noires, sont très spéciales (planche en couleurs, lig. 7). 


TABLKAr 1 >KS ESPfiXkS 

1 (2). Élytre. L? champ antérieur pas mal plus large que l'autre. Dans la région antéro-clistale, 

le sinus postmédian seulement esquissé, la dilatation qui devrait suivre h peine visible- i. A7 /. pnlchripentus. 

2 (i). A l'élytre. les champs antérieur et postérieur à peu près de même largeur : voir les $ 

(PI. VII, fig. 60 ; PI. F du texte, fig. 35), car les £ dilatent le champ arrière (PI. X, fig. 87). 

Un sinus postmédian, puis une forte dilatation préapicale. 


3 (4). Le bord postérieur entier. 2. Rh. clongaia. 

4 (3). Le bord postérieur sinué... 3. Rh. Hcbardi. 


1. Rhodopteryx pulehripennis Pictet. 

Pictet (1888. p. 32, PI. I, fig. 7). Monotype $ au Musée de Genève. Elytre : le champ 
antérieur pas mal plus large que l’autre. Au delà du second tiers, le bord, jusque-là faible¬ 
ment convexe, tombe par un angle adouci dans une pente à 45 0 ; cette pente se dilate bientôt 
quelque peu : l’élytre a donc auparavant esquissé un sinus que d’ailleurs l’auteur signale ; 
la fourche très simple de la sous-costale s’y termine. Au champ arrière, dont le bord est 
faiblement convexe, un saillant à peine marqué sur la veine U"U"'. Comme sur tous les 
élytres précédemment décrits, celui des Roxelana excepté, la cellule U ne contracte pas de 
rapports directs avec la cellule P. A l’aile postérieure, la sous-costale, nette jusqu’au bout, 
finit dans un soupçon de sinus et la radiale sur un lobe apical à peine marqué. Cette radiale 
émet en arrière deux rameaux successifs. Les bandes noires transversales sont fines ; dans 
les champs rouges, des taches blanchâtres, définies. Fémurs I et II compr’més; sur le bord 
ventral céphalique trois ou quatre dents triangulaires, les apicales sont les plus grandes. 
Tibias inermes ; les tibias 1 grêles, faiblement dilatés dans le premier tiers, arrondis en 
dessus, la deuxième partie médiocrement comprimée, peu sinuée dorsalement ; tibias 2 
dilatés sur plus de la moitié de leur longueur, doucement échancrés en dessus après la dila¬ 
tation. Fémurs III, quatre à cinq dents triangulaires sur le bord ventral externe. Tibias 3 
inermes, ou offrant aux arêtes dorsales de très petites épines, en général atrophiées, dont la 
place reste marquée ; ces tibias arrondis en dessous, aplatis en dessus, insensiblement dilatés 
vers la base. Abdomen : premier et deuxième segments, lobes avortés, les autres se termi¬ 
nant par de petites carènes comprimées. Long. corp. 38, pronoti 7, elytr. 31, lat. 19, campi 
ant. 11 ; long, jemor. ant. 10,5, posl. 24, oviposit. 16 (élytre relativement court). Colombie. 

2. Rhodopteryx elongata Vignon. 

(1924 c, p. 307 ; ici PI. F du texte, fig. 35 ; PI. II, fig. 16 ; PI. X, fig. 87 ; planche en 
couleurs, fig. 7). 

Holotype $ au British Muséum (PI. F, fig. 35). Brun rougeâtre. Pronotum : prozone, 
largeur 4,5, longueur 4 ; métazone, longueur 3,5, largeur arrière 6,25, bord postérieur faible¬ 
ment arqué, subéchancré. Élytre : voir la figure. La fourche de la sous-costale, enrichie 


Source : MNHN, Paris 




I*. VIGNON 


iu 

de rameaux par rapport à celle du génotype, occupe toujours entièrement le sinus, accru 
lui-même d’autant. Le champ postérieur se dilatant jusqu’à la veine U''U'" ; en ce point 
commence une oblique qui monte doucement vers l’apex. Cet apex, situé très bas par rap¬ 
port à l’extrémité de la radiale. Cette fois, la cellule U a un côté commun avec la cellule P : 
comme d’ailleurs chez les Typophyllum . Deux cellules S. La tache t x nettement rongée, 
bien développée, semi-hyaline ; un faible satellite dans l’axe de la cellule U’". t 2 comme t v 
en très petit ; un minime satellite dans l’axe de la cellule S. Des points plus ou moins rongés, 
surtout en D. Aile postérieure. Le lobe apical développé, par rapport au génotype (Voirà 
droite), mais restant bas ; après la terminaison de la radiale, il se tronque nettement (Voir 
PI. VII, fig. 60). Ce lobe apical, du même brun que l’élytre, dépasse au repos la bosse antéro- 
distale de cet élytre, en accentuant le caractère mimétique du sinus postmédian, qui devient 
ainsi une échancrure (Voir PI. II, fig. 16). Les bandes noires épaisses. Dans les champs rouges, 
seulement des atténuations presque indistinctes de la couleur. Tibias intermédiaires 
moyennement dilatés sur moins de la moitié de leur longueur ; avant la faible pente, une 
petite bosse. Tibias postérieurs, cette fois, des Typophyllum ou des Mimetica à saillies douces. 
Abdomen crêté ici à demi : premier segment, fine épine ; deuxième, fort lobe couché ; 
troisième, faible lobe ; quatrième segment nu ; cinquième, carène terminale infime; sixième, 
carène un peu plus nette ; septième, un lobe, un pincement terminal ; le reste nu. Plaque 
sous-génitale cordiforme, apicalement une entaille large et peu profonde. Long. corp. 30 
(la bête très courbée), pronoti 7,5, elytr. 35,5, lat. 18,5, campi ant. 9 ; long, jemor. ont. 11,5, 
post. 25, oviposit. 16,5. Colombie, Darien, Harold Lodge. — Allotype $ au Musée de 
Madrid, communiqué par M. le Professeur D r Candido Bolivar (PI. II, fig. 16 ; PI. X, fig. 87). 
A l’élytre, le sinus postmédian un peu plus creux que chez la $ ; la radiale finissant sur un 
saillant marqué ; entre ce saillant et l’apex, un sinus. Le champ postérieur plus épais de la 
base, ce qui est un caractère de <$. A l’aile, un saillant plus accentué au terme de la radiale. 
Long. corp. 23, pronoti 6,5, elytr. 25, lat. 15, campi ant. 6,5 ; long, jemor. ant. 9. post. 19. 
Colombie, Cundinamarca. 

Au Musée entomologique allemand de Berlin-Dahlem, un $ typique, communiqué 
par le D r Walther Hom (planche en couleurs, fig. 7). — Une Ç du British Muséum, commu¬ 
niquée par le D r Uvarov : l’exemplaire sans le pigment rouge connu. Serait-ce que l’insecte 
aurait été conservé d’abord dans l’alcool? Le D r Uvarov n’en sait rien, et il n’y paraît pas. 

Variété. Rhodopteryx crocea Vignon (1927, p. 242 ; ici PI. VII, fig. 60). Belle forme, 
jaune, et non d’un brun rougeâtre, pour ce qui est de l’élytre. Une Ç et un $ trouvés 
« in Begattung » (in copula). Au Musée zoologique de l’Université, Berlin. Communiqués 
par M. le Conservateur D r Ramme. Holotype Ç. Élytre d’un jaune faiblement bruni, se 
dorant par transparence : d’où le nom de la variété. A l’aile postérieure, au lieu que l’apex, 
seul, soit du ton de l’élytre, c’est ici toute une bande, bordée en arrière par la nervure 
médiane, qui est de couleur jaune. Le reste de l’aile est rouge, avec des impressions noires 
bien plus fines que chez le type spécifique. L’élytre sensiblement raccourci du bout, l’apex 
ne dépassant que fort peu une verticale tombant de l’extrémité de la radiale (Voir PI. F, 
fig- 35 - e * PI- VII, fig. 60). La cellule U à peine en rapport avec la cellule P. Abdomen : 
chez la $, le lobe du deuxième segment avorté ;nous le retrouverons chez le £. Plaque sous- 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE ri 3 

génitale assez courte, quelque peu cordiforme, apicalement creusée d'une belle encoche aux 
bords subanguleux. Long. corp. 31, pronoti 7, elytr. 36, lat. campi ant. 10, post. 9,5 ; long, 
jemor. ant. 12, post. 25, oviposit. 17. — Allotype <$ très pareil. Abdomen : cette fois, c’est 
le lobe du septième segment qui est à peu près complètement avorté. Long. corp. 24, pro¬ 
noti 6,5, elytr. 28,5, lat. campi ant. 7,5, post. 9,5 ; long, jemor. ant. 10, post. 21. Colombie, 
Magdalena (Buena Vista). Il y a là peut-être une variété fixée, donc une espèce. 

3. Rhodopteryx Hebardi Vignon. 

« Rhodopteryx elongata Vignon », pour Hebard (1926, p. 333, PI. XXII, fig. 8-11). 

Rhodopteryx Hebardi Vignon (1930, p. 556). Type <$. [Où est ce type?] 

Le bord postéro-distal nettement et même assez profondément trisinué. L’auteur men¬ 
tionne un autre $ et deux Ç sans dire si les élytres de ces autres exemplaires sont sinués 
ou entiers. Muzo, Boyaca, Colombie (janvier, août, septembre 1915, 1918, 1920). 


[? Genre CATASPARATA Brunner.J 
Brunner (1895, p. 264). Genre douteux, créé pour un seul spécimen ^. 


Catasparata histrio Brunner. 



Brunner (1895, p. 22, 264, fig. 115). Ici PI. 

III, fig. 24 et fig. 36 du texte, d’après le de 
Londres. — L’on ne peut pas situer ce genre sur 
le seul vu du L’élytre offre en effet un sinus 
antéro-distal profond : supposez que, chez la $, 
ce sinus manque, et l’on est simplement de¬ 
vant un Typophyllum un peu bizarre ; si la $ 
creuse au contraire l’élytre comme le fait le g, 
nous avons affaire à un original voisin du genre 
Rhodopteryx. La prédominence de t x sur t 2 nous 
rapproche à la fois de ces deux genres. 

Monotype au Musée de Vienne, d’un ton 

feuille morte assez pauvre. Pronotum quelque 

peu dilaté de l’arrière, le bord postérieur arqué, 

avec une faible encoche. L a foisonné autour 

d’un point sombre, t 2 est une érosion infime. 

Fémurs I fortement comprimés, d’une part, et Fig. 36 .-Catasparata histrio Brunner 3 Le spécimen 

f du British Muséum. Aile postérieure: la sous-costale 

dorso-ventralement dilates, d'autre part ; le bord finit d’une manière obsolète ; sont grisés, l'épanouis- 

ventral céphalique avec un lobe apical à deux sement d « Ja nervure radiale R et la fourche lle la 

dents. Fémurs II trilobés. Fémurs III? Abdo¬ 
men non crêté. Long, corp, 17, pronoti 4,5, elytr. 20, lat. 13,5 ; long, jemor. ant. 6, post.} 
Colombie. 

Archives du Muséum, 6 e Série. 


V. -15 







P. VIGNON 


114 

Un ^ au British Muséum, couleur tabac foncé rougeâtre. Fémurs 1 : la dent basale 
manquante, la seconde autonome, les troisième et quatrième prises dans un grand lobe qui 
les laisse pourtant reconnaissables, la quatrième apicalement dilatée. Fémurs II moins évo¬ 
lués que les antérieurs. Fémurs III : de l’apex à la base, une forte dent lamellaire, deux de 
taille moindre, quatre ou cinq dents avortées. Tibias rappelant ceux des Typophyllum nor¬ 
maux, les postérieurs lobés sans exagération. Les nervures du lobe élytral postmédian et 
du sinus qui suit finissant en des pointes brunes, avec des parties sèches entre les pointes. 
t x rongé en forme de croissant ; t 2 est un infime point clair. Abdomen, deuxième segment, 
lobe étroit subterminal; tous les autres segments nus. Long. corp. 16, pronoti 4, elytr. 22,5, 
lat. 14, campi ant. 7,5 ; long, femor. ant. 6, post. 15. Colombie. 


Source : MNHN, Paris 



RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


rl 5 


XI — Genre TYPOPHYLLUM Serville. 

Serville (1839, P' 439 )- Walker (1870, p. 464). Pictet (1888, p. 24). I. Bolivar (1890, 
p. 141, s. g. Tovaria, p. 141). Brunner (1895, p. 22, 257). Saussure et Pictet (1898, p. 455). 
Kirby (1906, p. 351). Vignon (1925 a, 
p. 249 ; 1925 b, p. 446 ; 1926 a, p. 171 ; 

1926 c, p. 207; 1927, p. 243). — Géno¬ 
type : T. erosurn (Stoll, 1787). 

Aile postérieure : extrêmement sim¬ 
ple, exemple celle, de T. quadriincisum 
Vignon (fig. 37 du texte) ; la sous-cos- 
tale finissant en général d’une manière 
obsolète ; pas de relations entre les 
branches de la radiale et la fourche de 
la médiane ; pas de jonction basale 
oblique entre la médiane et la cubitale 
(non plus que dans le genre Rhodopte- 
ryx et chez Catasparata histrio). Élytre; 
voir le tableau (p. 116) ; dans le champ 
postérieur, contrairement à ce qui a lieu 
chez les Mimetica, les cellules U et P 
ont un côté commun, et la tache t l l’emporte de beaucoup sur la tache l 2 , qui, d’ailleurs, peut 
manquer (1). Habitat : Colombie, Bolivie, Pérou, Venezuela, Guyanes, Brésil. 

Quatre sections (Vignon 1925 a, p. 251). Dans les trois premières, l’axe d’élytre est soit 
infléchi vers l’arrière, soit rectiligne ; dans les deux premières et dans la quatrième, la valve 
externe du tambour céphalique n’est pas spécialement dilatée. Première section : dorsale- 
ment, la base des tibias postérieurs peu dilatée. Deuxième section : cette base très dilatée. 
Troisième section : la valve externe du tambour céphalique plus ou moins dilatée. Quatrième 
section : l’axe d’élytre incurvé vers l’avant. 

Première division de la première section : les fémurs antérieurs non lobés ; le bord antéro- 
distal de l’élytre ne faisant pas une chute abrupte ; l’aile postérieure bien développée. 

1. Typophyllum columbicum Brunner. 

Brunner (1895, p. 258 et 260). Ici fig. 38, d’après le monotype $ du Musée de Vienne, 
qui m’a été communiqué par M. le Professeur D r Ebner. 

La moins évoluée des espèces de la section : la silhouette de l’élytre, qui est verdâtre, 

(i) Pour distinguer les genres Typophyllum et Mimetica, il ne suffirait pas de dire que, chez les Typophyllum, le pronotum 
n’a pas la longue visière apicale de l’autre genre, car elle manque chez certains Mimetica, ou que, sur les tibias antérieurs, la 
valve externe du tambour céphalique se dilate chez les Mimetica, car elle est dilatée aussi dans la troisième section du genre 
Typophyllum.. 



bitale et médiane. Dessin original. 


Source : MNHN, Paris 










P. VIGNON 


116 


GENRE « TYPOPHYLLUM » 

TABLEAU DES ESPÈCES 

f (66). L'axe de l’élytre n'ét&nt pas incurvé vers Pavant. 

2 (59). Aux tibias antérieurs, la valve externe du tambour céphalique n'étant pas dilatée. 

3 (48). La base des tibias postérieurs modérément dilatée dorsalemcnt ( i première section). 

•I (5)• Élytre. Le champ antérieur n'étant encore que modérément dilaté. Au champ 
postérieur, la courbe de la médiane proche de la convexité originelle, du fait que la 
cellule P, non individualisée encore en tant que polygone, ne vient pas creuser cette 
courbe. Le pronotum spécialement large de l’arrière (texte, fig. 38). 1. 

5 (4). Le champ antérieur de Pélytre faisant une bosse. La cellule P individualisée, 
creusant donc la courbe de la médiane. 

6 (35). Les ailes postérieures normalement développées. 

7 (28). Aux fémurs antérieurs, les dents du bord céphalique ventral ne formant 
pas de lobes. 

8 (25). L’axe d'élytre ne se coudant pas au milieu vers l’arrière. 

9 (t 8). Le champ postérieur moyennement dilaté (texte, lig. 39). 

10 (15). La plupart des segments de l’abdomen lobés. 


11 (12). Le bord postérieur de l’élytre entier. 2. 

12 (11). Ce bord postérieur bi ou quadrisinué. 

13(14). Pas de décor de lignes jaune pâle. 3. 

14 (13). Un décor de lignes jaune pâle sur la tête et le pronotum. 4. 

13 (10). L'abdomen lobé sur le deuxième segment seul. 

16(17). Le bord postérieur de Pélytre entier (mâles seuls connus) ... 5 

17 (16). Ce bord postérieur sinué (mâles seuls connus). 6. 


18 (9). Le champ postérieur dilaté moins ou plus que chez T. trapezifonne. 
Petites espèces : longueur de Pélytre o' 14-17 contre 20-25. 

19 (22). Dilatation moindre que chez T. trapezifonne. 


20 (21). Le bord postérieur de Pélytre entier . 7. 

21 (20). Ce bord postérieur sinué. 8. 

22 (19). Dilatation beaucoup plus forte. Noter la hauteur de la cellule I 
(définie fig. 38). 

23 (24). Le bord postérieur de Pélytre entier . 9 - 

24 (23). Ce bord postérieur sinué. 10. 

25 (8). L'axe d’élytre se coudant au milieu vers Carrière. 

26 (27). Le bord postérieur de Pélytre entier (texte, iig. 42). 11. 

27 (26). Ce bord postérieur sinué. 12. 

28 (7). Les dents des fémurs antérieurs formant des lobes. 

29 ( 3 °)- Les deux dents apicales encore indépendantes. 13. 

30 (29). Les dents apicales formant un ensemble bilobé. 

31 (32). Le bord antérieur de Pélytre rectiligne jusqu'au saillant assez 

distalement placé. 14. 

32 (31). Ce bord antérieur atteignant la bosse par une courbe concave. 

33 (34). Le bord distal à 45 e , élytre long (PL G. fig. 43). 15 

34 (33). Le bord distal tombant plus rapidement, élytre comme contracté 

(PL G, hg. 44). 16. 

35 (6). Les ailes postérieures en régression. 

36 (39). Cette régression seulement amorcée. 

37 (38)- Les fémurs antérieurs non lobés (PI. X, lig. 84). 17. 

38 (37)- l-es fémurs antérieurs lobés (texte, fig. 45). Un seulement. 18. 


T. columbicHtn (p. 115). 


T. trapezifonne (p. 119). 

T. bisinualum (p. 121). 

T. ni fi foli a (p. 121) 

T. cxcisum (p. 122). 

T. crosutn (p. 122). 

T. cinnatnum (p. 122). 

T. geminum (p. 122). 

T. siccifolium (p. 123). 

T. chlorophyllum (p. 123). 

T. trigonum (p. 123). 

T. quadriincisum (p. 124). 

T. flavifolium (p. 125). 

T. egregium (p. 126). 

T. Helleri (p. 126). 

T. contractum (p. 126). 

T. scissifolia (p. 127). 

T. pseudocinnamum (p. 127). 


Source : MNHN, Paris 



















RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


39 (36)- L'aile postérieure tout à fait abortive. 

40 (.13). Élytre 9 d’environ 27 x 20 mm. 

fi (42). La courbe menant à la bosse anté'o-distale modérément concave 
(PI. X, fig. S5). 10- T. inflaiiim (p. 129). 

42 (41). Courbe bien plus concave menant à une bosse plus détachée (PI. 111 . 

fig. 17) ... 20. T. gibbosttn - (p. 130). 

13 (40). Élytre v d’environ 20 x 10 mm 
-H (- 1 7) - Les pattes dentées de façon toute normale. 

45 (46). La moitié distale du bord postérieur de l’élytre creusée d’un grand 

sinus concave (PI. I, fig. 2 : PI. II, fig. 14 ; PI. III. fig. 19 ; texte, fig. 46). 21. T. præruptum (p. 130) 

46 (45). Ce grand sinus creusé lui-même de sinus secondaires (PI. C, 

fig. 29)... 22. T. abruptum (p. 131). 

j7 (44). Tous les fémurs armés de grands lobes, d’importance exceptionnelle 

(PI. VIII. fig. 69 : texte, lig. 47, a-r). 23. T. lacmiosum (p. 132). 

48 (3). La base des tibias postérieurs avec une dilatation importante (deuxième section). 

49 (32). Elytre long, relativement étroit, les champs antérieur et postérieur peu 
ou pas dilatés (les seules espèces connues ont le bord arrière sinué). 

30 (51). Une dilatation antéro-distalc à peine esquissée, l’apex ne s'allongeant 
pas en une pointe dégagée de l’avant par un sinus, le bord postérieur creusé 

d’une échancrure anguleuse, avant l’apex (PI. VIII, fig. 70). 24. T. Iriincati folia (p. 133' 

31 (50). Une dilatation antéro-distale mieux formée; à l’apex, une longue pointe, 

qu'un sinus dégage de l'avant (PI. G. fig. 48). 25. T. ondulation (p. 134). 

52 (49). A Pélytrc, chez les femelles, une dilatation antéro-distalc développée 
(PI. V, fig. 39 ; PI. E, fig. 49). 

53 (5b). L’aile postérieure non décorée de lignes transverses sombres. 

54 ( 55 )- A l’élytre, le bord postérieur entier; la tache /, grande, orbiculaire. 

avec un tissu interne spécial [Voir T. lunatum ] (PI. E, fig. 49). 26. T. lacimpenms (p. 135) 

55 ( 54 )- Ce bord postérieur sinué ; sur l’unique spécimen connu, la tache /, 
commençant à peine à évoluer dans le sens sus-énoncé (PI. V. iig. 39 ; texte, 

fig. 50). -7- T. acutum (p. 135). 

56 (53). A l’aile postérieure, un décor fait de lignes transverses sombres. 

57 (58)- L’clytre non décoré ventralement. Bord postérieur entier. Une 
longue pointe, qui semble surajoutée. L’unique spécimen connu est une 

femelle (PI. IX, fig. 72). 28. T. Ecckei (p. 136) 

5 $ ( 57 )- A l’aile postérieure, un décor analogue. L’élytre décoré, ventralement, 
avec des plages distales carmin et une belle tache subapicale noire. Entailles 
postérieures d’importance exceptionnelle. Il en est de meme de l’échancrure 
antérieure <?. Aux antennes, des dilatations exceptionnelles aussi. L’unique 
spécimen connu est un mâle. Pour la troncature postéro-distale $ probable, 

voir l'espèce T. mutilatum (PI. I, fig. 4 : texte, fig. 52). 29. T. Bolivari (p. 137). 

59 (2). Aux tibias antérieurs, la valve externe du tambour céphalique dilatée comme 
dans le genre Mimetica ( troisième section). 

60 (63). A l’élytre, le bord postérieur ne se coudant pas avant de remonter vers Papex. 

61 (62). Ce bord postérieur entier. 30. T. peruvianum (p. 140). 

62 (61). Ce bord postérieur sinué (PI. VIII, fig. 71). 31. T. erosifolia (p. 140). 

63 (60). A l’élytre. un coude postéro-distal avant l’apex. Chez le S. l’élytre est, de ce 
fait, posterieurement tronqué (Voir T. Bolivari). 

64 (65). Le bord postérieur entier (PI. III, fig. 20 et 21)..*. 32. T. mutilatum (p. 140). 

65 (64). Le bord postérieur sinué (PI. C, fig. 32). 33. T. curtum (p. 142). 

66 (1). L’axe d’élytre incurvé vers l’avant (quatrième section). Les <$ inconnus. Chez les $, 
déjà un sinus antéro-distal : comment alors l'élytre^ serait-il fait? 

67 (68). La tache/, n’ayant pas subi l’évolution ci-dessous énoncée (texte, fig. 33 et 54).. 34. T. mortuifolia (p. 143). 

68 (67). La tache très dilatée, loge un tissu granuleux néoformé ; cette néoformation 

orbiculaire ou ovale. Revoir T. lacinipennis (PI. I, fig. 5)... 35. T. lunatum (p. 144)- 

















P. VIGXON 


118 

ne différant pas beaucoup de l'ovale d'une feuille lancéolée, du fait que le bord antérieur 
n’est dilaté que faiblement, et la courbe que la médiane décrit dans le champ postérieur 
de cet élytre étant peu accidentée encore. En rapport avec ce dernier caractère, la cellule P 
n’est ici, comme chez les Roxelana, qu’un simple compartiment du couloir qui sépare la 
radiale et son secteur de la médiane. — Pattes. Sur les bords dorsaux des tibias intermé¬ 
diaires, nulle bosse au sommet de l’incision distale ; sur le bord non céphalique, le plus 
accidenté des deux, on devine cependant l’ébauche d’une saillie. Dorsalement aussi, les 
tibias postérieurs seulement ondulés, et fort peu : le bord interne, correspondant au bord 
non céphalique des tibias intermédiaires, et ici encore le plus accidenté des deux, n’a pas 
encore formé de bosses. Déjà.pourtant, ces bords dorsaux des tibias postérieurs ont perdu 



Fig. 38. — Typophyllutn columbicum Brunner. Type $. Musée de Vienne. Élytre droit. La cellule P n’étant pas individualisée 
encore, et ne creusant pas la courbe que décrit la médiane, le trajet de cette veine garde une allure primitive. Dessin original. 


leurs épines originelles : les lobes résultant chez les Typophyllum, quand ils se forment, 
de ce que les bases de quelques-unes de ces épines perdues ont épaissi. — L’abdomen a 
déjà les segments 2, 3 et 7 lobés.— Pronotum. La grande largeur arrière du pronotum 
met cette espèce à part des autres : prozone, largeur antérieure 3 millimètres, longueur 3; 
métazone, longueur 4, largeur arrière 6,5 ; le bord postérieur peu arqué, faible encoche. 
Plaque sous-génitale cordiforme, échancrée, méplat basilaire sans carènes, ce méplat de 
la forme de la plaque, moins l’entaille. Long. corp. 30, pronoti 7, elytr. 39,5, lot. elytr. 23, 
campi ant. 12,5 ; long, femor. ant. 11,5, post. 22,5, oviposit. 16. Colombie, Cauca. 

Chez cet insecte, les taches de la cellule T sont strictement débutantes : t x n’est encore 
qu’un point sombre, à peine transformé, et Ç une zone altérée fort peu ou pas du tout. 
Nous n’en sommes plus à ignorer qu’un pareil état de choses a chance toujours d’être pure¬ 
ment individuel : tel spécimen non taché pouvant être considéré comme reproduisant 


Source : MNHN, Paris 









RECHERCHES SUR EF.S SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROHCALE nq 

un stade ancien, alors que, pour l’ensemble de l’espèce, le développement des taches serait 
aujourd’hui plus poussé. 

Groupe dont 7 '. trapeziforme est le chef de file : 

2. Typophyllum trapeziforme (Stoll). 

Gryllus Tettigoniæ trapezijormis Stoll (1787, p. 9, PI. Ilia, fig. 7) : « La feuille morte ». 

Pterochroza trapezijormis, Burmeister (1839, P- 696). Walker (1870, p. 460). 

Typophyllum trapeziforme, Pictet (1888, p. 28, PI. I, fig. 11, patte intermédiaire). Bolivar 
(1890, p. 142).Brunner (1895, p. 259, 260, PL X, fig. 113). Vignon (1925 a, p.258).L’InsecteÇ 
est décrit par Pictet d’après le spécimen du Musée de Genève, par Brunner d’après celui 
du Musée de Vienne. Au 
Muséum, à Paris, cinq 
exemplaires ; un au Mu¬ 
sée de Madrid. Moins les 
entailles du bord élytral 
postérieur, l’élytre est, 
quant à la nervation, ce¬ 
lui que donne ma figure 
39 pour T. bisinuatum ; 
voir d’ailleurs PL III (fig. 

22) T. trapeziforme lui- 
même, d’après l’insecte « 
de Paris. 

L’élytre pas mal plus 
évolué que dans l’espèce 
précédente : la bosse anté¬ 
rieure maintenant bien 
plus forte ; une fourche 
sous-costale que nous di¬ 
rons parachevée, en ce 
sens qu’elle est impor¬ 
tante, et comme organi¬ 
sée, du fait de cette trans¬ 
verse qui permet à sa 
belle branche distale de 
prendre appui sur l’axe, en avant de quoi une cellule de renforcement prend ainsi 
naissance face à la cellule I. La cellule P, devenue franchement polygonale, pousse 
cette fois un angle dans la courbe décrite par la veine médiane et fait de la sorte zig¬ 
zaguer cette nervure. La cellule P acquiert ainsi une façon d’individualité morpholo¬ 
gique ; et voilà qui vaut sans doute, à l’élytre. une solidité plus grande ; mais cette évolu- 




Fig- 39 et 4°- — Fig. 39 : Typophyllum bisinuatum Brunner, Spécimen a <lu Muséum, 
Paris. Élytre droit. La ligne en traits interrompus rétablit, dans son intégrité, le bord 
postéro-distal tel qu'on l'observe chez T. trapeziforme. La cellule P est maintenant un 
polygone, ici très vaste : elle creuse beaucoup la courbe que décrivait originairement 
la veine médiane. Belles taches rongées et d x . — Fig. 40 : T. trapeziforme (Stoll). 
Spécimen $, au Muséum, Paris. Tibia postérieur droit vu par l’extérieur. C’est le bord 
dorsal interne qui est lobé. Formule générale de ces lobes. Entre les lobes 1 et 1', une 
faible saillie du bord externe. Dessins originaux. 


Source : MNHN, Paris 









120 


P. VTGNON 


tion va à l’encontre d’un mimétisme que déjà la bosse antérieure de l’élytre devrait nous 
faire tenir pour, ici, dépassé, une vraie feuille n’ayant pas cet aspect-là. 

Les taches mimétiques sont à des degrés de développement bien différents, suivant 
les spécimens. C’est ainsi que t A est tantôt nul, ou presque, tantôt assez grand et fenêtré. 
Et de même, les points sombres peuvent être utilisés ou non. — Petit exemplaire c, au 
Muséum, Paris : autour du point basal de la cellule D, ou point d v et à distance du point 
sombre, un beau cercle de minimes érosions contiguës, qui s’interrompent dans la partie du 
pourtour située obliquement en avant et en dehors ; t x aligne ici de petites attaques le long 
de la nervure TP, au lieu de se laisser ramener au triangle rectangle, comme c’est le cas le 
plus souvent chez les Typophyllum. — Variété intéressante : le spécimen S, au Muséum, à 
Paris. Il n’y a de brun à l’élytre que la région distale ; cela, dans le champ antérieur à 
partir de la nervure EF, et, dans le champ postérieur, à partir de l’angle externe de la 
cellule P. En outre, les principaux points sombres de la zone verte, noirs et nettement 
sertis, de forme bien ronde, jouent ici les fructifications du Champignon Myiocopron, dites 
« chiures de mouches ». [Au Musée de Genève, un mâle, bicolore, taché de même ; mais sans 
les chiures de mouches.] — Une Çde Madrid, communiquée par M. le Professeur D r Ignacio 
Bolivar, différencie, distalement par rapport à t v une plaque jaunâtre, plus pâle que le 
fond acajou de l’élytre, et grande de 5 mm. x 6,5 : cette tache occupe les bases des cellules 
T et S, la cellule I, l’angle de L. Je la tiens pour une extension de la région externe, irrégu¬ 
lièrement rongée, de t v la région interne étant nettement fenêtrée, comme d’ordinaire. 

Pattes. Tibias intermédiaires. Les bords dorsaux, l’interne surtout, tendent, chez les 
Typophyllum évolués, à former un tubercule au sommet de l’incision, cependant qu’une 
faible bosse apparaît proximalement. La présence de ces saillies dorsales n’est point ensuite 
particulière à telle espèce. Tibias postérieurs : tandis que le bord dorsal externe dessine ici 
des ondulations douces, l’interne place, à la fin de la dilatation de base, deux lobes successifs ; 
il en met un troisième vers le tiers de la partie étroite. Ces lobes deviendront ensuite 
rectangulaires. Inclinés vers l'arrière, ils formeront des crochets. La figure 40 montre ces 
lobes ; elle signale d’autres lobes apicaux, moins marqués ; elle fait correspondre aux lobes 
du bord dorsal interne de faibles saillies du bord externe et numérote ces dilatations. — 
Abdomen. Voici où tendent les lobes de l’abdomen chez les Typophyllum évolués. Les tubé¬ 
rosités et crêtes poussées sur la ligne dorsale sont minima et peuvent être nulles sur les 
segments 1, 4 et 5 ; elles sont fortes sur les segments 2 et 3, plus fortes encore sur le sep¬ 
tième segment (la reprise se préparant dès le sixième) ; elles décroissent rapidement au hui¬ 
tième anneau pour s’annuler communément au neuvième. Les lobes, quand ils sont bien 
formés, sont proximalement convexes et distalement laciniés ; faibles, ils peuvent se réduire 
à une dent aiguë, inclinée vers l’arrière. Aux anneaux, 4, 5, et parfois 6, il peut n’y avoir 
qu’un tubercule minime, dressé sur la partie moyenne du segment. Tout cela varie, en plus, 
en moins, suivant les individus, comme varient les bosses des tibias postérieurs : il n’y a 
rien là d’étroitement spécifique. T. trapezijorme, lui, lobe l’abdomen, mais sans excès : il 
arrive ici que les segments 4, 5, 6 restent nus et que parfois le troisième anneau le soit 
aussi. — Plaque sous-génitale cordiforme échancrée (en triangle échancré, pour la $ de 
Madrid). — Dimensions (celles du bel exemplaire y. de Paris, PI. III, fig. 22) : long. corp. 22, 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 121 

pronoti 5,5, elytr. 35,5, loi. dytr. 24-24,5, camrpi ant. 12,5 ; long, fenior. ant. 7-7,5, posl. 19, 
oviposit. 11. Habitat : Guyanes (Guyane française : notamment Saint-Laurent et Saint - 
Jean-du-Maroni.) 

T. Trapeziforme Une question se pose ici. Je ne connais, pour ma part, en fait de 
spécimens étalés, qu’un $ du British Muséum, le n° 89-127, de la Guyane anglaise, qui ait 
l’abdomen crêté suivant le mode indiqué ci-dessus pour les Ç ; il est même crêté plus 
richement que celles-ci... Les autres $ seraient alors de l’espèce T. excisum : et celle-ci se 
trouverait n’être connue que par des (J. Il y a là quelque chose d’assez obscur (1). 

3. Typophyllum bisinuatum Brunner. 

Brunner (1895, p. 258, 262). L’espèce diffère de T. trapeziforme en ce qu’elle échancre, 
plus ou moins, le bord postéro-distal de l’élytre. Monotype 9 au Musée de Vienne, n° 4035 b, 
faiblement bisinué, cela sur les nervures qui limitent la cellule T. Cayenne. 

Les spécimens $ du Muséum échancrent plus fortement le bord arrière et sont, eux, 
qadrisinués. (Ici fig. 39, d’après le spécimen a qui dilate un peu la pente antérodistale 
de l’élytre, et PI. X, fig. 88, d’après la $ |i.) La profondeur des entailles diminue de la 
première à la dernière. La 2 . est marron foncé. t x y figure un large triangle rectangle, 
avec de fines érosions par delà l’hypoténuse, qui, elle-même, se déchire comme si dans 
cette direction les attaques se poursuivaient encore. Le point sombre originel a disparu 
dans la pseudo-altération du tissu. Au centre d’une belle zone circulaire tout à fait rongée, 
durement sertie, le point d x engendre une tache remarquable. Divers autres points rongés 
moins importants. La minime tache t 2 , ainsi que le satellite de t x en U"’, bien visibles sur le 
brun de l’élytre, sont fenêtrés. — Ç y : avec ses attaques jointives qui laissent subsister le 
fin réticulum, le vaste triangle t j mime parfaitement une plage rongée par quelque insecte. 
Les marges des échancrures sont bordées par de menues plaques membraneuses, et cela 
dans la mesure même où l’entaille est profonde. Guyane française (notamment Saint- 
Laurent-du-Maroni). 


4. Typophyllum rufifolia (Chopard). 

Mimetica rufifolia Chopard (1919, p. 154). 

Typophyllum rufifolia,~V ignon (1925 a, p.261. L’élytre, ici, PI. Il, fig- n)- Monotype $ 
au Muséum, Paris. Ne diffère de l’espèce précédente que par un décor curieux de lignes 
jaune pâle, intéressant les antennes, la tête, le pronotum. (Voir Pterochroza maculataVignon’ 
PL II, fig. 10.) Les pattes intermédiaires sont pâlies dorsalement ; les pattes postérieures 
sont pâles aussi. Guyane française (Saint-Jean-du-Maroni). 


(1) Il m’est impossible de ne pas appeler ici l’attention sur ce qui a positivement lieu dans l’espèce Typophyllum mutilatum. 
Un et une $ ont été capturés cette fois in copulâ. Or, la $ a l’abdomen beaucoup plus lobé que le $ ! Je souligne le fait, page 141 
^igne 35. Admettez qu’il en puisse aller de la sorte pour les Typophyllum du type trapeziforme, sinués ou non au bord postérieur 
de l’élytre : en ce cas, pour l’espèce non sinuée, T. excisum Pictet devient le synonyme de T. trapeziforme Stoll ; pour l’espèce si- 
nuée, c’est T. bisinuatum Brunner qui est absorbé par T. erosum Stoll... Déjà Brunner (1895, P- 2Ô °) tient, lui, T. excisum pour 
Synonyme de T. trapeziforme, mais cela sans remarquer qu’alors son espèce T. bisinuatum tombe du même coup. — Pour Pictet 
^1888, p. 26), c’est T. erosum qui aurait chance d’être le $ de T. trapeziforme. On sera fixé quand on aura trouvé les insectes 
tn copulâ. D’ici là, je conserve les quatre espèces. 

Archives du Muséum, 6 e Série. 


V. — 16 


122 


P. VIGNON 


5. Typophyllum excisum Pictet. 

Pictet (1888, p. 26, Pl. I, fig. 9 pour l’élytre, fig. qa pour la patte intermédiaire). A 
l’abdomen, le deuxième segment seul est lobé. Pour Brunner (1895, p. 260), synonyme 
de T. trapezijorme Stoll. Voir ma note (p. 121). 

Divers spécimens au Musée de Genève. Au Musée de Vienne, le $ décrit par Biunner 
(1895, p. 260, fig. 113 b), n" 13383, Alto Amazonas. Au Muséum, Paris, un beau spécimen G 
aux élytres bruns marbrés de jaune, avec points sombres dans les taches jaunes (Pl. I, 
fig. 3 ; Pl. II, fig. 15) ; long. corp. 17, pronoti 5, elytr. 23, lot. 15,5, lot. campi ant. 6,5 ; long, 
femor. ant. 5,5, post. 14. Guyane française (Saint-Jean-du-Maroni). 

6. Typophyllum erosum (Stoll). 

Gryllus Tettigoniæ erosa Stoll (1787, p. 14, Pl. VI a, fig. 18) : « la feuille morte échan- 
crée ». Spécimen $. [Les élytres dessinés sens devant derrière.] — Pterochroza erosa , Bur- 
meister (1839, P- 696). 

Typophyllum erosum, Serville (1839, p. 440) : le génotype. Walker (1870, p. 464). 
Pictet (1888, p. 25, Pl. I, fig. 8 et Sa). I. Bolivar (1890, p. 142). Brunner (1895, p. 261). 

Il s’agit de la forme sinuée de T. excisum Pictet, et, cette fois encore, l’espèce ne serait 
connue que par des £. — Au Muséum, Paris, un spécimen 0, biéchancré (Pl. V, fig. 40 ; 
le détourage a malheureusement effacé l’entaille distale). Le très élégant élytre, fauve dans 
ses parties antérieure et centrale, passe progressivement au vert dans les régions proximale, 
postérieure et distale du champ arrière. Origine? A Paris encore le <$ ’C (Pl. III, fig. 23) qui 
ne creuse que la nervure U'"P. Ici aucun des segments abdominaux n’est lobé. — A Vienne, 
le $ n° 4035, bisinué. Cayenne. — A Madrid, un dont la seconde échancrure est peu 
profonde (Pl. II, fig. 12). 

Voici quatre petites espèces qui diffèrent, notamment, des types qui précèdent par 
le champ postérieur de leurs élytres. 

7. Typophyllum cinnamum I. Bolivar. 

I. Bolivar (1890, p. 141, 142, 146, fig. 4). Brunner (1895, p. 259, 262). Insecte brun. 
Ici figure 41, p. 124, d’après le monotype communiqué par M.le ProfesseurC.Bolivar. 
Collection I. Bolivar. Le champ postérieur, non sinué, moins dilaté que chez T. excisum, 
dont son abdomen le rapproche (deuxième segment, rudiment de lobe, segment 3, esquisse 
de crête, le reste nu). Il s’agit en outre d’une forme plus petite : long. corp. 15, pronoti 4, 
elytr. 17, lat. elytr. 10,5, campi ant. 4,5 ; long, jemor. ant. 4, post. 13,5. Colombie, Bogota. 

8. Typophyllum geminum I. Bolivar. 

I. Bolivar (1890, p. 140, 142, 146, fig. 3). Brunner (1895, p. 259, 263). Monotype $. Insecte 
d’un brun gris. Peut passer pour l’homologue fortement bisinué de T. cinnamum. Pourtant 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 123 

ici le septième segment abdominal est lobé et bicorne. Dimensions encore plus faibles 
long. corp. 15, pronoti 3,5, elytr. 14, lat. elytr. 10,5 ; long, femor. post. 12. Caracas. 

1 

9. Typophyllum siccifolium I. Bolivar. 

Typophyllum, Tovaria, siccifolium I. Bolivar (1890, p. 139, 141, 146, fig. 2). — Typo¬ 
phyllum siccifolium, Brunner (1895, p. 259, 263). Monotype Le champ postérieur, non 
sinué, beaucoup plus large que chez T. excisum ; la cellule P exceptionnellement profonde, 
la cellule I profonde au point d’être beaucoup plus courte qu’elle n’est haute. Long. corp. 15, 
pronoti 4, elytr. 15, lat. elytr. 15 ; long, femor. post. 13. Venezuela, San Esteban. 

10. Typophyllum chlorophyllum I. Bolivar. 

Typophyllum, Tovaria, chlorophyllum I. Bolivar (1890, p. 139, 141, 146, fig. 1). — 
Typophyllum chlorophyllum, Brunner (1895, p. 259. 263). Monotype <$. L’homologue bisi- 
nué de l’espèce précédente. Bête brune, élytre vert. Abdomen non crêté, mais les derniers 
segments marquant une pointe. Long. corp. 17, pronoti 4,5, elytr. 17, lat. elytr. 17 ; long, 
femor. post. 13. San Esteban. 

Les deux espèces qui suivent coudent l’axe d’élytre vers l’arrière aussitôt après que la 
sous-costale s’est infléchie. 


11. Typophyllum trigonum Vignon. 

(1925 a, p. 262, fig. 4 ; ici fig. 42 a-d, p. 125 et PL VII, fig. 51.) 

Holotype $ et paratype 9 au Musée de Madrid. Communiqués par M. le Professeur 
D r C. Bolivar. Elytre d’un brun quelque peu grisé et violacé, avec certaines traces de vert 
dans le champ antérieur. La région antéro-distale allongée par l’inflexion de l’axe vers l’ar¬ 
rière, ce qui provoque la formation de deux cellules de complément (revoir les fig. 38, 39). 
La fourche sous-costale au complet, avec la branche externe bien différenciée. Champ 
postérieur : en raison de l’inflexion de l’axe, le bord n’a pas à remonter pour atteindre 
l’apex ; demeuré quasi horizontal, il finit même par redescendre avant la pointe. Les deux 
moitiés, proximale et distale, de l’axe de l’élytre et la branche interne de la fourche sous- 
costale donnent ensemble l’impression des trois bissectrices d’un triangle se rencontrant 
en un même point : d’où le nom de trigonum donné par moi à cette espèce. Les sous-nervures 
qui coupent obliquement les cellules C et D se trouvant prolonger, ici, la moitié distale de 
l’axe, et cela de concert avec la courte nervure qui unit à l’axe la pointe de la fourche sous- 
costale, on voit alors toute cette ligne quasi droite se marquer de pigment, comme s’il y 
avait là quelque exigence de l’ordre esthétique ou bien géométrique à satisfaire ; la portion 
distale de l’axe doit, quant à elle, à ce pigment d’effacer les brisures que lui imposent 
les naissances alternes des nervures latérales (Voir Pterochroza ocellata, forma lineata, PI. A, 
fig. 9, chez qui c’est une ligne rose pâle, courant sous l’axe, qui en corrige les légers coudes). 
Noter la grandeur exceptionnelle de la cellule I. La tache t v est infime ; t 2 l’est plus encore. 


124 


P. VIGNON 


Pas mal de points sombres s’entourent d’une aire un peu pâlie, comme s’ils étaient dans 
l’attente d’un rôle plus franchement cryptogamique à remplir bientôt. A l’aile postérieure, 
la brièveté, par rapport à celle de la radiale, de la fourche que forme la médiane, nous 
éloigne de trapezi/orme. — Pronotum très étroit de l’arrière comme de l’avant ; le bord 
postérieur arqué, avec une fine encoche. Fémurs I à quatre dents triangulaires de moyenne 

force ; fémurs II à cinq dents ; fémurs III 
moins dilatés de la base que chez trapezi/orme ; 
trois belles dents apicales, proximalement 
3 ou 4 dents minuscules. Tibias postérieurs, 
bord dorsal interne quadrilobé, avec un lobe 
distal de plus que dans le groupe de trapezi- 
forme ; les saillies du bord externe assez fortes, 
la troisième ayant gardé une épine vestigiaire. 
Abdomen avec une crête complète, les lobes 
ne s’annulant même pas sur les segments i 
et 9 (fig. 42 6). Plaque suranale usuelle : un tra¬ 
pèze, presque un rectangle, aux angles posté¬ 
rieurs adoucis, avec le bord distal subconcave 
(fig. 42c). Plaque sous-génitale : aux bords la¬ 
téraux, une région moyenne subconcave que 
suit un léger angle ; vient ensuite une région 
apicale pareille à celle du type cordiforme 
échancré ; une faible carène axiale mène à un 
écusson ovale de base (fig. 42^). Long. corp. 
24, pronoti 6, elytr. 37, lat. elytr. 23,5, campi 
ant. 13,5, post. 10,5-11 ; long, femor. ant. 6,5, post. 18,5, oviposit. 9,5. Santo-Paulo d'Olivença, 
Amazone. 

Paratype Ç. Élytre d’un brun plus chaud, plus transparent, silhouette moins belle, 
largeur moindre, cellules P et I moins vastes. A l’aile postérieure, la fourche de la médiane 
encore plus courte. Pronotum plus étroit. Tibias postérieurs beaucoup moins tuberculés, 
à peine lobés. Oviscapte : mieux que chez le type, il se révèle plus grêle, plus courbé dorsale- 
ment que chez trapezi/orme. Long. corp. 18, pronoti 5, elytr. 37,5, lat. elytr. 21, campi ant. 
11,5, post. xo,5 ; long, femor. ant. 5,5, post. 17,5, oviposit. 9. Pebas, Amazone. 

12. Typophyllum quadriincisum Vignon. 

(1925a,p.265,fig.qdelaplancheencouieursT’original de cette planche à la Bibliothèque 
de l’Institut. Ici PL VII, fig. 52.) Monotype $ au Musée de Madrid. L’homologue quadri- 
sinué de trigonum. Brun. Élytre grisé, violacé, avec des plages rouge-brique dans la partie 
moyenne de la cellule B ; ce ton se retrouvant, plus diffus, au champ arrière, dans la pre¬ 
mière partie de la moitié distale. La nervure d’axe soulignée par quelques traits jaunâtres 
mis là comme au grattoir. Cellules P et T très belles. La tache t v triangulaire, grande et 



Fig. 41. — Typophyllum cinnamum 1 . Bolivar. Type ^.Mu¬ 
sée de Madrid. Sous l'axe d’élytre, une plage blanchâtre, 
un peu amollie par la gravure (Voir Mimetica castanea Brun- 
ner, PI. VI, fig. 43 et fig. 56 du texte, ainsi que Pterochroza 
maculata Vignon, PI. II, fig. 10. Ces plages blanchâtres sont 
peut-être individuelles). Beau dessin de l’échancrure an- 
téro-distale mâle. Photo Le Charles, x 2,8. 


Source : MNHN, Paris 




RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 125 

sertie, bien fenêtrée. un satellite en U". t 2 minuscule, bien formé. Belle tache d v rongée 
seulement sur les parties interne et postérieure de son pourtour ; la tache de la cellule U 
au centre de l’aire pâlie si fréquente. Aile postérieure (fig. 37) ; fourche de la médiane plus 
longue cette fois que celle de la radiale, mais quand même assez courte. Pronotum : largeurs 
antérieure, et postérieure, longueurs de la prozone et de la métazone, 3 millimètres. Tibias 
postérieurs comme chez le type de l’espèce précédente, mais un peu moins accentués. Abdo¬ 
men aussi comme dans l’espèce précédente, mais les segments 1 et 9 restant nus. Plaque 
suranale avec un sillon qui creuse le bord arrière. Plaque sous-génitale : un écusson de base, 
en forme, cette fois, de V ; pas de carène axiale. Long. corp. 23,5, pronoti 6, elytr. 39, lai. 



Fig. 4 za-d. — Typophyllum tvigonum Vignon. Type $. Musée de Madrid. — a, clytre droit. L’inflexion considérable de l’axe 
allonge le bord antéro-distal : les veines qui sous-tendent ce bord sont, de ce fait, plus nombreuses que d’habitude. — 6, lobes 
dorsaux des segments 1-9 de l’abdomen : à numéroter de gauche à droite. — c, plaque suranale, toute ordinaire. — d, plaque 
sous-génitale : la faible carène axiale est omise, ainsi que l’écusson de base. Dessins originaux. 


elytr. 24,5, campi ant. 13, post. 11,5 ; long, femor. ant. 5,5, post. 19, oviposit. 10. Iquitos, 
Amazone. 

Deuxième division de la première section. Les ailes postérieures gardant une taille 
normale, les fémurs antérieurs sont lobés : autrement dit, les dents qui arment ventralement 
le bord céphalique de ces fémurs, les apicales au moins, s’élargissent, pour dépasser bientôt 
la forme triangulaire ; au terme de cette évolution, les lobes confluent. 

13. Typophyllum flavifolium Saussure et Pictet. 

Saussure et Pictet (1898, p. 455, PI. XXII, fig. 6). Monotype $ au Musée de Genève. 
Les fémurs I et II quadrilobés, les trois lobes distaux grands, triangulaires, apicalement 


Source : MNHN, Paris 








126 P. VIGNON ' . 

épineux, le proximal, petit, ne franchissant guère le stade initial de l'épine. Les fémurs III 
portant de cinq à huit épines médiocres : l’apicale et la pénultienne sont les plus grandes. A 
l’élytre, le bord antérieur fait la bosse entre les branches d’une fourche sous-costale plus 
simple que celle de trapeziforme. Cette bosse assez distale. Rectiligne, l’axe d’élytre s’inflé¬ 
chit pourtant vers l’arrière au moment d’atteindre le bord antérieur, c’est-à-dire proche de 
l’apex. Deux cellules S. L'abdomen à un seul lobe, que les auteurs mettent au sixième seg¬ 
ment : ne serait-il pas au septième? Long. corp. 21,5, pronoti 5,5, elytr. 30, lat. elytr. 18,5, 
campi ant. 11 ; long, femor. post. 18, oviposit. 9. Venezuela. 

14. Typophyllum egregium Hebard. 

Hebard (1924, p. 219, PL X, hg. 7 et 8.) Monotype $ n° 5405 au Musée de l’Acad. 
nat. Sci., Philadelphie. Rapproché par l’auteur des deux espèces qui vont suivre. Fémurs I : 
au bord céphalique, un vaste lobe apical, que précèdent un lobe moindre et, toujours en 
regagnant la base, une dent assez étroite (fig. 7 de l’auteur). Fémurs IL : trois dents de gran¬ 
deur croissante, un lobe distal. Fémurs III moins dentés que chez les deux espèces qui vont 
suivre. Tibias postérieurs à bords dorsaux ondulés. Elytre brun. Le bord antérieur gagnant 
en ligne droite un saillant assez distal. La fourche de la sous-costale « développée », comme 
chez trapeziforme. t x bien fenêtré. Long. corp. 21,8, pronoti 5,4, lat. ant. 3,6, post. 5 ; long, 
elytr. 32,8, lat. 17,5, campi ant. 10,8, post. 7,9 ; long, femor. post. 16,9, oviposit. n. Banos, 
Tunguragua, Equateur, 7 000 pieds (1). 

15. Typophyllum Helleri Brunner. 

Brunner(1895,p.258, 259).Monotype Ç auMuséedeDresde. IciplancheG(fig.43),d’après 
la photographie aimablement adressée par M. le Professeur D r Jacobi, Directeur du Musée. 
Fémurs I avec de larges dents : l’apicale et la pénultième formant un seul grand lobe. 
Fémurs III à neuf épines dilatées. Elytre vert. La fourche sous-costale «développée», 
comme chez trapezijorme. Après la cellule S, rudiment d’une cellule S'. i x brunit largement 
autour d’un point sombre resté intact. A peine un point sombre l r Le point d x plus déve- 
oppé que les autres. Brunner ne parle d’aucun lobe abdominal. Long. corp. 28, pronoti 
5,5, elytr. 39, lat. elytr. 22 ; long, femor. ant. 7, post. 18,5, oviposit. n. Brésil. 

16. Typophyllum contractum Brunner. 

Brunner (1895, p. 258, 259). Monotype $ au Musée de Dresde. Ici PI. G (fig. 44), 
d’après la photographie que M. le Professeur Jacobi a bien voulu m’adresser. L’homologue 
du précédent, avec un élytre raccourci, contracté. Fémurs III armés de cinq larges dents. 
Grand développement de t x , tout fenêtré. t, manque. Prolifération aréolairedu point d v non 

(1) Hebard place ici Catasparata histrio Brunner. J’ai dit que la position générique de l’insecte reste douteuse tant que nous 
ne savons pas comment i’élytre 9 est fait chez lui. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


127 


rongé cependant. Une seule cellule S. Long. corp. 23, pronoti 5, elylr. 31, lai. elytr. 21 ; 
long, femor. ant. 7, post. 20, oviposit. ir. Brésil. 

Troisième division de la première section : les ailes postérieures entrant en régression, 
les fémurs antérieurs sont lobés ou non lobés. 


17. Typophyllum scissifolia Walker. 

Walker (1870, p. 464). 

Mimetica scissi/olia, Kirby (1906, p. 351). Typophyllum scissijolia, Vignon (1925 a, 
p. 255. Ici PI. X, fig. 84). Monotype $ n° 47-32, au British Muséum. Insecte vert. Ailes 
postérieures déjà petites. A l’élytre, la portion distale de la bosse est la plus accentuée, 
ce qui rend plus rapide la chute qui suit. Taches mimétiques. Les divers brunissements 
tranchent bien sur le vert de l’élytre : t x se ronge en dedans d’une région brune qui englobe 
des restes très visibles du point sombre. t 2 un peu rongé sur l’élytre droit seulement. Impor¬ 
tant comme à l’ordinaire, le point de la cellule U a foisonné et fructifié. Le point d x est le 
siège d’une prolifération considérable ; il tache durement de brun le limbe de l’élytre. Tous 
les autres points sont représentés, plus ou moin bien. Dans la région antéro-distale, la marge 
de l’élytre se brunit, les bouts des nervures sont comme secs et mortifiés. — Pattes. 
Fémurs I : quatre dents de dimensions croissantes, la basilaire avortée, la seconde dessi¬ 
nant un triangle aigu qui se courbe vers l'apex, la troisième commençant à renfler sa base 
distale, la quatrième exagérant cette bosse basilaire extérieure. Fémurs III : neuf dents, 
normales. Les tibias postérieurs faiblement lobés ; ce sont 
des tibias de trapeziforme, très adoucis .Abdomen de tra- 
peziforme. — Long. corp. 17, pronoti 5, elytr. 32,5, lat. cam- 
pi ant. 11, post. 8; long, femor. ant. 6, post. 17, oviposit. 10. 

Venezuela. 

18. Typophyllum pseudocinnamum Vignon. 

(1926 c, p. 207; ici fig. 45.) Monotype $ n° 924 à l’U. 

S. nat. Muséum, Washington, communiqué par M. le D r 
Caudell. Fémurs I lobés comme le montre la figure. Aux 
fémurs II la dilatation en lame se borne à la partie qui 
porte les deux dents apicales. Fémurs III assez forts, 
onze à douze dents, les distales grandes. Tibias postérieurs 
avec des lobes peu anguleux, moyennement développés. 

Aile postérieure abortive sans doute, mais gardant en¬ 
core des dimensions notables. — Bien que, distalement, le 
champ postérieur se renfle ici davantage, l’élytre brun 
rappelle celui de T. cinnamum, mais la cellule P, excep¬ 
tionnellement rétrécie, dans sa partie proximale, par une 
forte convexité de la médiane, n’est point polygonale. t x 
trée. t 2 n’est qu’un point sombre. Le point sombre de 



Fig. 45. — Typophyllum pseudocinnamum 
Vignon. Type Spécimen n° 924 à l'U. 
S. nat. Muséum, Washington. A l’élytre, 
noter l’étroitesse cle la cellule P. Aile pos¬ 
térieure presque avortée. Au bord ventral 
céphalique du fémur antérieur, les trois 
dents apicales forment ensemble un grand 
lobe. Photo Le Charles, x 2,2. 

est une très petite tache fenê- 
U'" est important. Pronotum : 










LÉGENDE LE LA PLANCHE G 


Fig. 43. — Typophyllum Helleri Brunner. Type $. Musée de Dresde. Élytre. La fourche de la nervure sous-cos- 
tale est du type « évolué » : la longue branche externe de cette fourche se coudant à la base pour prendre appui 
sur l’axe par une transverse. Dans la cellule T, vaste brunissement autour du point sombre t v Le point sombre 
t 2 , demeuré très petit, n’a donné lieu à la formation d’aucune tache. Gros point sombre d v D’après une photo¬ 
graphie adressée par M. le Professeur D r Jacobi. x 2,5. 

Fig. 44. — Typophyllum contractum Brunner. Type $. Musée de Dresde. Belle tache t v bien rongée. Rien en t 2 . 
Directement au-dessus de t v dans le champ antérieur, voir comment le point d l a proliféré, sans que se forme 
encore une tache rongée. D’après une photographie adressée par M. le Professeur I) r Jacobi. x 3. 

Fig. 48. — Typophyllum undulatum Caudell. Type $. U. S. nat. Muséum, Washington. A la sous-costale, extrême 
simplicité de la fourche. D’après une photographie adressée par M. le Conservateur D r Caudell. x 2,3. 


Source : MNHN, Paris 



ARCHIVES DU MUSEUM - (h série , Tome V. 


PL G 


43 





PTÉROCl IROZEES 
DU GENRE TVPOPIIVELUM 


Masson et C ir , éditeurs 


Source : MNHN, Paris 












Source : MNHN, Paris 


REC HERCHES SUR J.ES SAUTEREIXES-EEUII.LES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


129 

bord postérieur assez arqué, encoche minime. Abdomen crêté suivant la formule géné¬ 
rique. (Voir T. trapeziforme.) — Long. corp. 15, pronoti 4, lat. ant. 2,5, post. 3,5; long, 
elytr. 16, lat. campi ant. 4,5, post. 5 ; long, f&mor. ant. 5, post. 13.5. Venezuela, Caracas. 

iq. Typophyllum inflatum Vignon. 

Etiqueté lutei/olium : nomen nudum. 

(1925 b, p. 446 ; ici PI. X, fig. 85.) La bosse antéro-distale de l’élytrecomme le montre 
la figure. Aile tout à fait abortive. Type $ au Muséum, Paris. Elytre actuellement d’un brun 
jaunâtre assez clair. L’axe, à peine subconcave vers l’avant dans la moitié proximale, 
tourne distalement une faible concavité vers l’arrière. La fourche sous-costale « dévelop¬ 
pée », comme chez trapeziforme : la branche interne s’épanouissant sur la bosse de l’élytre, 
l’externe, droite et simple, finissant dans la pente. Le champ postérieur très dilaté dans 
sa région moyenne, le maximum delà dilatation correspondant à la nervure U"U"’. Cellule T 
aussi étroite ou plus étroite basilairement que distalement. Vaste cellule I. Une seule 
cellule S à droite ; il s’en ébauche à gauche une seconde. La tache t r importante: c’est, à 
droite, un brunissement rongé qui tient toute la base de la cellule ; à gauche, la tache est 
devenue presque hyaline, non sans garder une trace bien nette du point sombre. t 2 salit 
seulement le tissu autour d’un point peu important. En U'", pas de satellite de t v mais un 
point sombre, basilaire, dans l’axe de la cellule. La tache d t n’est pas rongée. L’ensemble 
de l’élytre offre pas mal de salissures. — Pronotum plat. Bords latéraux très marqués, 
parallèles sur la prozone, divergeant un peu sur la métazone ; bord postérieur faiblement 
arqué, encoche infime. Pattes. Fémurs I peu lamellaires, à quatre dents, la basilaire très 
petite, les trois autres de dimensions croissantes ; la seconde et la troisième à bord proximal 
convexe, à bord distal rectiligne, l’apicale convexe des deux côtés. Fémurs II avec les trois 
dents proximales très petites, l’apicale importante. Tibias intermédiaires ni très dilatés 
proximalement, ni très excisés distalement ; au bord céphalique, une faible saillie anguleuse 
terminant la dilatation de base, et une saillie, très faible aussi, sur la dilatation même. 
Fémurs III peu dilatés basilairement : une dent apicale développée, puis, en regagnant la 
base, deux dents très faibles ; les proximales presque avortées. Tibias postérieurs faible¬ 
ment fusiformes à la base, avec des saillies rares et faibles ; sur le bord interne, les saillies 1, 
1', 2 et 3 (Voir fig. 40). Abdomen lobé sur tous les segments, et cela suivant la formule géné¬ 
rique (Voir T. trapeziforme). Plaque suranale en trapèze, avec une faible encoche ; plaque 
sous-génitale cordiforme assez largement échancrée. Long. corp. 21, pronoti 5,5, lat. ant. 3, 
lat. post. 3,5 ; long, elytr. 27, lat. campi ant. 9,75, post. 9 ; long, femor. ant. 6,5, post. 19, 
oviposit. 9,5. Bolivie, Chiquitos. 

Type <$ au Muséum, Paris (PI. III, fig. 18). Brun grisé faible. Axe d’élytre rectiligne. 
La nervure CD aboutit à une pointe après quoi l’échancrure mâle se creuse, brusque et 
large. La fourche sous-costale met sa branche externe au fond de l’échancrure. Le champ 
postérieur une fois et demie plus large que l'antérieur, et anguleux comme chez la 9 - Une 
seule cellule S. Une tache fenêtrée. — Pronotum aux bords latéraux faiblement divergents, 
largeur arrière inférieure à 3 millimètres, bord postérieur un peu arqué, soupçon d’encoche. 

Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 17 


130 


P. VIGNON 


Fémurs I normaux : une dent proximale avortée, trois autres dents en triangles renflés 
s’inclinant un peu vers l’apex. Les dents des fémurs II un peu moins dilatées. Fémurs III 
avec deux dents apicales d’importance modérée, la troisième en regagnant la base déjà 
presque avortée. Le bord dorsal des tibias postérieurs un peu plus denté que chez la $ : 
le bord externe très proche de l’état ancien où des épines sans renflements basaux armaient 
tout le tibia. Abdomen moins lobé que chez la $. Plaque suranale en trapèze quelque peu 
arrondi. Long. corp. 14, pronoti 3,6, elytr. 13, lot. camp. ant. 3,5, post. 5 ; long, femor. ant. 5, 
post. 13,5. Bolivie, Chiquitos. 

20. Typophyllum gibbosum Vignon. 

Etiqueté difforme : nomen nudum. 

(1925 b, p. 448 ; ici PL III, fig. 17.) Monotype $au Muséum, Paris. Proche de l’espèce 
précédente. L’élytre avec la forte bosse antéro-distale que montre la figure. Aile abortive. 
Insecte brun. Axe d’élytre un peu concave vers l’avant dans sa moitié proximale et vers 
l’arrière dans sa moitié distale. Cellule T ici encore plutôt plus étroite à la base que distale- 
ment ; cellule I grande. Une cellule S' naissante, à gauche, et bien formée, à droite. 
La tache t x à contours irréguliers, bien fenêtrée ; t 2 réduit à un point non transformé. La 
vaste tache d v circulaire ou transversalement ovale, se ronge irrégulièrement autour d’un 
point quia fructifié de façon remarquable. Dans la partie distale de D, une minime tache 
analogue, une autre dans la zone où la branche interne de la fourche sous-costale se ramifie. 
— Pronotum à bords latéraux très marqués, parallèles, bord arrière rectiligne. Pattes. Fé¬ 
murs I peu dilatés, à trois dents : l’apicale à bord proximal convexe, à bord distal rectiligne. 
Fémurs II : seulement deux dents distales, en triangles, les deux autres avortées. Tibias 
intermédiaires avec une dilatation de base spécialement longue, la pente de l’incision dis¬ 
tale assez rapide. (Les pattes postérieures manquent.) Abdomen peu crêté : premier seg¬ 
ment nu ; deuxième, lobe avorté; troisième, lobe un peu mieux formé; quatrième, cinquième, 
sixième segments nus; septième, lobe bien développé ; huitième et neuvième segments nus. 
Plaque suranale en trapèze, avec les angles postérieurs arrondis, et une encoche. Plaque 
sous-génitale cordiforme, encoche étroite. Long. corp. 28 (abdomen déployé), pronoti 5, 
lat. 3 ; long, elytr. 27, lot. campi ant. n, post. 9,5 ; long, femor. ant. 6,5, post. ?, oviposit. 9,5. 
Bolivie, Chiquitos. 

Les trois spécimens ci-dessus proviennent du voyage de d’Orbigny, 1834. 

21. Typophyllum præruptum Vignon. 

Typophyllum abruptum Brunner, Vignon (1925 a, p. 266, fig. 5). 

Typophyllum præruptum Vignon (1926 c, p. 208. Ici fig. 46 du texte; PI. Il, fig. 14 ; 
PI. III, fig. 19). Holotype $ au Musée de Madrid, communiqué par M. le Professeur C. Boli¬ 
var. Ëlytre brun : petit, étroit. Un bord costal concave mène à une bosse très distale, cor¬ 
respondant, pour ce qui a trait à la fourche de la sous-costale, aux ramifications de la branche 
interne : la branche externe (Voir T. trapeziforme) manquant ici. Après la bosse, une chute 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 131 



Fig.46 .—Typophyllum præruptum Vignon.Type Ç. 
Musée de Madrid. Contrairement à ce qui a 
lieu chez T. abruptum Brunner (PI. C, fig. 29). 
le grand sinus postéro-distal n'est pas ici 
creusé de sinus secondaires. Dessin original. 


presque verticale. Un sinus précède la pointe aiguë. Champ postérieur. A partir de la 
cellule U"’, un grand sinus unique creuse le bord distal jusqu’à l’apex. Toute cette 
région distale du champ postérieur tachée d’un brun plus fort. t x fenêtré; la tache i x bien 
rongée ; un gros point sombre en U'". Aile postérieure abortive. — Pronotum très étroit ; 
les bords latéraux parallèles. Fémurs I peu lamellaires, 
à quatre dents dont la proximale est infime. Fémurs 
II pareils. Tibias II : grande longueur de la dilatation 
de base, une saillie précédant l’incision, une autre sur 
la dilatation même. Fémurs III : trois bonnes dents 
apicales ; en regagnant la base, une dent séparée des 
apicales, encore deux dents proximales avortées. Ti¬ 
bias III tendant à se lober : sur le bord dorsal interne, 
la seconde des dilatations de base déjà bien dévelop¬ 
pée, puis un vrai lobe, franchement quadrangulaire. 

Abdomen lobé suivant la formule générique. Long, 
corp. 21, pronoti 5, lut. 2,5 ; long, elytr. 19,5, lut. 
camp. anl. 5,5, posl. 5 ; long, femor. ant. 5,5, post. 16, 
oviposit. 8,5. Pérou. 

Une $ n° 1903-343 au British Muséum (PI. I, fig. 2), d’un brun joli, léger ; l’axe souligné 
d’un brun plus fort. Pronotum aux bords latéraux, soulevés, se rapprochant l’un de l’autre 
dans la partie moyenne. Tibias II avec une dilatation moins forte et moins longue que chez 
le type. Fémurs III : trois bonnes dents. Tibias III : deux bosses discrètes, à la faible dilata¬ 
tion de base, puis un crochet, puis une petite épine. L’abdomen équivaut à celui du type. 
Long. corp. 19, pronoti 4,5, elytr. 20, lat. camp. ant. 5,5, post. 4 ; long, femor. ant. 6, femor. 
post. 16,5, oviposit. ? Santo Domingo, S. E. Pérou. — Une $ au Musée de Genève : l’élytre 
ne formant pas apicalement la fine pointe des précédents insectes. Habitat? — Une $ à la 
Faculté des Sciences de l’Université de Strasbourg, communiquée par M. le Professeur 
Chatton. Cette fois encore, l’élytre se termine brusquement. Tandis que le champ antérieur 
est d’un brun assez blond, l’axe se fonce ; le champ postérieur, plus clair, a des marques 
jaunâtres. Noter la multiplicité des points sombres, surpris, pourrait-on dire, à divers stades ; 
4 est simplement l’un de ces points ; 4 se ronge nettement ; à droite, une seconde tache 
rongée occupe l’autre angle de la cellule. Pérou, Chanchamayo, 1 500 à 2 000 mètres. 

Notez ces élytres élégants, originaux (PI. I, fig. 2). Visiblement, ils ne copient plus 
l’ovale des feuilles. Or, des taches précises n’en persistent pas moins à simuler ici des 
attaques cryptogamiques ou autres : elles sont là, manifestement, au titre de souvenir 
ancestral. 


22. Typophyllum abruptum Brunner. 

Brunner (1895, p. 258, 262). Monotype $ au Musée de Stettin. Ici, PI. C (fig. 29), d’après 
une photographie aimablement adressée par M. le I) r R. Kleine. Le sinus postéro-distal de 
l’espèce précédente est lui-même creusé de trois échancrures rondes. L’apex est rond aussi. 


Source : MNHN , Paris 




132 


P. VIGNON 


Tache t x fenêtrée ; un satellite en U” ; une tache rongée d x ; une tache analogue apicalement 
placée dans la même cellule D, une autre dans l’épanouissement de la fourche sous-costale. 
Les fémurs sont lobato-dentcita , écrit Brunner. Fémurs I : la dent apicale est un fort 
triangle, très dilaté. Fémurs II : deux dents proximales avortées, une petite dent, une dent 
apicale en triangle. Tibias II rappelant ceux du type de præruptum. Fémurs III à trois 
dents en triangles. Tibias III lobés modérément. Long. corp. 23, pronoti 5, elytr. 22,5, lai. 
13 ; long, feinor. uni. 6, post. 17, oviposit. ix. Bolivie. 

23. Typophyllum laciniosum Vignon. 

(1927, p. 243. Ici PI. VIII, fig. 69, fig. 47«-c.) Monotype Ç au Musée zoologique de 
l'Université de Berlin, communiqué par M. le Conservateur D r Ramme. Entièrement 
feuille morte. Aile abortive. L’élytre a la même forme générale que celui præruptum 



Fig. 4 ja-c — Typophyllum laciniosum Vignon. Type Ç. Musée zoologique de l’Université, à Berlin. — a, face interne, ou cépha¬ 
lique de la patte antérieure gauche : lobes du fémur ; b, patte intermédiaire gauche, vue de même ; c, patte postérieure gauche, 
vue par la face externe : lobes exceptionnels du fémur. Dessins originaux. 


mais, à la fourche de la sous-costale, la branche externe de trapeziforme est présente. Tous 
les fémurs lobés : ce qui, pour ce qui a trait aux fémurs postérieurs, est unique jusqu’ici. 

Pronotum étroit. Le dessus, plat et même déprimé faiblement entre des arêtes sail¬ 
lantes, s’étrangle un peu dans la partie moyenne. Le bord postérieur à peine arqué, encoche 
minime. Élytre. Fourche sous-costale : la branche interne de cette fourche se divise pour 
envoyer au plus haut de la bosse antéro-distale deux rameaux, entre quoi le bord est paral¬ 
lèle à l’axe de l’élytre; quant à la branche externe, elle finit sur un saillant marqué, puis se 
creuse la pente abrupte. Une seule cellule S. En fait de taches mimétiques, une bonne fe¬ 
nêtre t v et des points sombres, dont d x est le plus beau. 

Pattes. — Fémursl à troisdents (fig. 47a dutexte),l’apicale exceptionnellement grande, 
donnant au fémur, dent comprise, une hauteur de 2 nini ,75. Cette dent, très ample, dépassant 


Source : MNHN, Paris 











RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 133 

beaucoup le triangle. La dent intermédiaire moins haute et bien moins ample. La proximale 
encore d’une bonne taille. La dent basilaire manque. Les trois dents étant comme implan¬ 
tées sur une dilatation lamellaire du bord céphalique du fémur, les deux apicales forment 
ensemble un même lobe. Fémurs II à quatre dents (fig. 47 b). L’apicale, grande, dépasse 
beaucoup le triangle. Hauteur du fémur, cette dent comprise, 2 millimètres. La pénul¬ 
tième est encore d’une bonne taille, les deux proximales sont infimes. Fémurs III avec des 
dents lobées tout à fait originales (fig. 47c) : l’apicale, grande et ample, dépasse beaucoup 
le triangle. Hauteur du fémur, cette dent comprise, 2 millimètres. Elle est précédée et suivie 
d’un petit lobe. La pénultième, de même forme que l’apicale, est un peu moins forte ; la 
précédente est notablement moins grande, mais l’une et l’autre continuent de dépasser le 
triangle, au point d’offrir, comme l’apicale aussi d’ailleurs, un bord presque circulaire, 
tout en faisant saillir une pointe, fine et courte. Les trois dents de base sont ordinaires : 
la plus distale des trois, notable encore, forme simplement le triangle;les deux proximales 
sont très petites. Tibias normaux. Les intermédiaires mettent au bout de la dilatation 
basale une saillie ; puis vient la pente, pas très rapide. La saillie en question est elle-même 
précédée sur le bord céphalique par une plus faible ; sur l’autre bord, il y a là un tubercule. 
Les tibias postérieurs ont le bord dorsal interne du type lobé : on y voit les lobes 1 et sur¬ 
tout 1'; le lobe 2 est un étroit crochet ; vient ensuite une fine dent n° 3, puis des épines 
n os 4 et 5, très petites. — Abdomen. Au premier segment, un petit lobe aigu ; au 
deuxième, un bon lobe terminal dressé qui fait distalement le crochet ; au troisième, un lobe 
terminal de même importance, envoyant une pointe vers l’arrière; les anneaux 4, 5 et 6 
sont nus ; au septième, un bon lobe ; encore un petit lobe au huitième. Plaque suranale 
granuleuse, en trapèze, presque en rectangle, avec le bord arrière sinué, non dépassée 
par les cerci. Plaque sous-génitale plutôt cordiforme que triangulaire, sans carène bien 
nette, avec une encoche modérée qui a le fond et les bords subanguleux. — Long, corp. 22, 
pronoti 5, lat. ant. 2,75, post. 3 ; long, elytr. 21, lat. campi ant. 6 75, post. 5; long, femor. ant. 
6,5, post. 17, oviposit. 9. Bolivie, Yungas de la Paz, 1 000 mètres. 

Deuxième section. — La base des tibias postérieurs avec une dilatation importante. 
Première division. Élytre long, les bords antérieurs et postérieurs peu ou pas dilatés. 

24. Typophyllum truncatifolia Walker. 

Walker (1870, p. 465). 

Mimetica truncatifolia , Kirby (1906, p. 351). — Typophyllum truncatifolia, Vignon 
(1925 a, p. 268. Ici PI. VIII, fig. 70). Monotype $ au British Muséum. Marron foncé. Au 
champ antérieur de J’élytre, la pseudo-costale une fois franchie, une ébauche de sinus mène 
à une dilatation à peine esquissée, correspondant à la fourche de la sous-costale : cette 
fourche n’offrant pas la branche externe de trapeziforme. Une pente à 45 0 mène ensuite 
droit à l’apex, en avant de quoi la radiale aboutit. Le champ arrière plus large que l’anté¬ 
rieur. Ce champ arrière biéchancré. La région des cellules S, S' faisant ensuite saillie sur la 
pente remontante. L’apex précédé d’un sinus. En raison de la grande largeur basilaire de 


Source : MNHN , Paris 


J 34 


P. VIGNON 


la cellule T, une longue nervure TP tronque obliquement la cellule P (Voir T. undulatum, 
T. lacinipennis. T. acutum). La tache t v étroite, haute et pointue des deux bouts, est une 
fenêtre bien sertie qui garde à l’intérieur des granulations noires, vestiges du point originel 
transformé. La tache d } est plus vaste : comme toujours, c’est à quelque distance du point 
sombre qu’elle se ronge par de menues attaques jointives ; elle figure une sorte d’ellipse 
coupée en deux suivant le grand axe qui regarde obliquement en dehors et en avant ; les 
menues attaques la bordent toute. En C et D, non loin du bord de l’élytre, et dans la fourche 
de la sous-costale, de petites taches, qui n’ont rongé que le demi-pourtour du point, figurent 
des demi-cercles orientés comme d v (La tache de la cellule U se ronge au contraire en un 
cercle complet.) Il est curieux de voir ces règles strictes présider à la confec ion de simulacres 
qui n’en ont pas moins chance de différer d’un individu à l’autre. Aile ocrée, à nervures 
rouillécs ; la fourche de la médiane bien plus longue que celle de la radiale Pronotum nor¬ 
mal, les bords latéraux divergeant quelque peu. Pattes. Fémurs I dilatés dans le sens 
antéro-postérieur, la dilatation, foliacée du côté céphalique, portant les trois dents distales 
dont la première est petite ; une dent de base est avortée. Fémurs III : en regagnant la 
base, deux bonnes dents apicales, deux dents médiocres, les autres de plus en plus avortées. 
Tibias postérieurs : une forte dilatation de base englobe les deux saillies basilaires du bord 
interne ; sur la partie étroite, une saillie médiocre, puis des épines avortées. — Abdomen : 
deuxième segment, petit lobe ; troisième, lobe important ; septième, bon lobe pointu. 
Plaque suranale en trapèze, faible sinus apical. Plaque sous-génitale cordiforme, bien échan- 
crée. Long. corp. 22, pronoti 7, clytr. 34, lat. campi ont. 7, post. 10 ; long, femor. ant. 7, 
post. 18 ; oviposit. 10. Rivière Napo (Pérou?). 

25. Typophyllum undulatum Caudell. 

Caudell (1918, p. 53, PI. 11 , fig. 20). Ici PI. G (fig. 48), d’après l'une des deux photo¬ 
graphies aimablement adressées par l’auteur. HolotypeÇ, coll. U. S. nat. Muséum n" 21337. 
Tibias postérieurs, ainsi que l’écrit le D r Caudell, « above furnished with a few apically 
rounded flattened projections on each margin, the posterior ones with a broad one near 
the base ». (Voir la photo non reproduite.) 

L’élytre proche de celui de l’espèce précédente. La fourche de la sous-costale encore 
plus simple. L’apex formant cette fois une longue pointe dégagée de l’avant comme de 
l’arrière. Le champ postérieur guère plus large que l’antérieur ; son bord arrière quadri- 
sinué profondément. —Pattes. Fémurs III robustes pour leur longueur et bien dilatés de la 
base ; trois grandes dents distales, cinq ou six petites dents proximales. Tibias postérieurs 
rappelant ceux de l’espèce précédente. Abdomen: «The 2, 3 and 7 segments dorsally some- 
what lamellately compressed ». Plaque suranale « slightly broader than long, apically 
broadly rounded ». Plaque sous-génitale « a little broader than long, posteriorly narrowed 
and apically with a broad médial notch » ; donc en triangle très échancré. Long, pronoti 6, 
lut. post. 5; long.elytr. 35, lat. 17; long, femor. ant. 6, post. 16, oviposit. 9,5. Pérou central. 

Seconde division de la deuxième section. Au champ antérieur de l’élytre, une dilatation 
postmédiane. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


LS.î 


26. Typophyllum lacinipennis Enderlein. 

Enderlein (1917, p. 19). Ici PL E (fig. 49), d’après une photographie aimablement adres¬ 
sée par M. le D r R. Kleine. Une autre photographie, avec l’élytre gauche ouvert, donne 
l’aspect dorsal de l’insecte. Monotype $ au Musée de Stettin. Élytre vert ; mais la moitié 
apicale du champ postérieur brun rouge foncé. Pour la silhouette de l’élytre, pour la bosse 
antéro-distale, voir la figure. Champ postérieur non sinué. L’apex prolongé en une pointe 
aiguë, longue de 5 millimètres. Tache t x : « Glasfleck mit 5 millimeter Durchmesser und 
von rundlichem, dichtem grünen Fleck fast ausgefüllt » (Voir T. lunatum). C’est contre la 
belle tache t v ainsi garnie, ou presque, d’un tissu vert de néoformation, que la plage apicale 
brune vient buter. Aile pâle. Apex rond, mais laissant deviner, au terme de la radiale, 
l’ébauche d’un lobe que le mâle doit, je pense, agrandir. La région postradiale renflée, pour 
ce qui correspond surtout au second des deux rameaux émis postérieurement par la radiale. 
La fourche de la médiane allongée. —Pattes. Fémurs I très dilatés, les dents elles-mêmes assez 
petites. Fémurs II dilatés eux aussi ; trois dents dans la moitié apicale, la première de ces 
dents très petite. Fémurs III moyennement dilatés, trois dents de force moyenne. Tibias III: 
« Verdickung des ersten Drittels sehr kràftig, mit zwei kràftigen Seitenkielen, die nach 
der Mitte zu divergieren ». (Voir ma figure.) — Abdomen non décrit. Plaque sous-génitale : 
« Seiten geradlinig stark nach hinten convergierend, in der Mitte mit breitem, rechtwinke- 
ligem, 1 2/3 mm. breitem Ausschnitt » ; donc en triangle largement échancré. Long, 
corp. 25, pronoti 7, lat. post. 5 ; long, elytr. 43, lat. 24 ; long, jemor. ant. 7, post. 20, tib. 19, 
oviposit. 11,5. Bolivie, Province Sara. 

27. Typophyllum acutum Vignon. 

(1925 a, p. 270, fig. 6. Ici fig. 50 du texte ; PI. Il, fig. 13; PL V, fig. 39.) Monotype 9 au 
Musée de Madrid, communiqué par M. le Professeur D r Candido Bolivar. Espèce proche de 
la précédente, mais avec le bord élytral postérieur bisinué. L’insecte d’un brun jaune, 
tout comme l’élytre ; aile ocreuse, mais plus claire que l’élytre. La fourche de la sous- 
costale n’ayant pas la branche antérieure de trapezijorme. Grande largeur basale de la cel¬ 
lule T. La tache t x ne semblerait pas être rongée : c’est qu’un tissu verdâtre, plus pâle 
que le brun de l’élytre, la remplit. Confinée dans le coin postéro-inteme de la cellule T, 
elle n’a que les dimensions courantes, 2 mm. x 2, et fait encore à peu près le triangle. Tout 
contre elle commence distalement une région brun foncé, que prolonge dans les cellules S 
et S' un brunissement des sous-nervures de base (PL V, fig. 39). La petite tache l 2 n’est 
qu’une transformation mi-brunie, mi-aréolaire du point sombre. Importante tache d x : 
belle ellipse transverse de 2 nini ,5 y 1,5, mi-rongée, mi-pâlie, avec des vestiges du point 
originel transformé et une réticulation brune. Pas mal d'autres points sombres. — Aile. La 
radiale émettant postérieurement deux rameaux, et finissant sur un lobe nettement 
ébauché : j’insiste, plus que je ne l’ai fait en parlant de la précédente espèce, sur le lobe, 
élevé peut-être, que le doit faire pointer. La fourche de la médiane beaucoup plus longue 


Source : MNHN, Paris 


P, VIGNON 


que celle de la radiale.— Pattes. Fémurs I lamellaires; quatre larges dents, plutôt trian¬ 
gulaires. Fémurs II pareils; quatre dents développées, dont la première est petite ; une 
dent minuscule précède les quatre autres. Fémurs III :de l’apex à la base, une bonne dent 
isolée, trois dents quelque peu décroissantes, trois très petites. Tibias III (PI. II, fig. 13) : 
la dilatation de base atteignant 2 à 2 mra ,5, y compris les carènes; sur la partie étroite, une 
saillie notable, puis deux très faibles. Abdomen : des plissements rugueux brunis formant 
des ébauches de lobes aux segments 2, 3, 7, celui du septième segment faisant un peu saillie 



Fig. 50. - Typophyllum acutum Vignon. Type Ç. Musée de Madrid. La tache /, commence seulement à évoluer dans le sens 
indiqué pour T. lacinipevnis. Belle tache â v Bord postéro-distal bisinué. Dessin original. 

sur l’arrière de l’anneau. Plaque suranale à bord postérieur convexe. Plaque sous-génitale 
en triangle, avec une belle entaille. Long, corp. 22, pronoti 6,5, lut. post. 5 ; long, elytr. 39, 
lat. max. 21,5, campi ant. 10,5 ; long, femor. ant. 6, post. 17 ; oviposü. 10,5. Pozuzo, Sud- 
Pérou, 800 mètres. 

28. Typophyllum Eeckei Vignon. 

(1926 a, p. 171 ; ici PI. IX, fig. 72.) Monotype $ au Musée de Leyde, communiqué par 
M. le D r R. van Eecke, Conservateur du Musée des Pays-Bas à Leyde. Insecte brun. Ëlytre 
d’un marron assez clair. Des points pâles le long des nervures comme chez les Tanusia. 
Pour les régions tachées de brun, voir la ligure. L’axe d’élytre antérieurement subconcave 
d’abord, puis convexe. L’apex comme surajouté, long de 4 millimètres et large de 1,25. 
Le saillant antérieur anguleux, le sommet de ce saillant correspondant à la nervure CD. 
La fourche de la sous-costale, avec deux branches bifurquées qui finissent dans la pente dis¬ 
tale, est du type « évolué » (Voir T. trapezijorme ) : à droite, le coude initial de la branche 
externe fait défaut. La jonction TP, base de la cellule T, n’a qu’une longueur moyenne ; 
loin de remonter jusqu’à l’axe comme chez T. acutum , elle laisse se former un bon côté PI. 
Une seule cellule S. Très peu de taches mimétiques : t x est une fenêtre étroite, médiocre ; 


Source : MNHN, Paris 








RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 


137 


t., manque ; à droite seulement, d x esquisse une minuscule tache claire. Aux ailes postérieures, 
les bases, seules conservées, laissent deviner le décor que nous verrons à T. Bolivari. Les 
antennes ordinaires, contrairement à T. Bolivari. Pronotum plat ; bords latéraux marqués, 
parallèles; bord postérieur arqué, encoche minime. — Pattes. Fémurs I lamellaires, le bord 
ventral céphalique convexe, à quatre dents médiocres. Fémurs II équivalents. Tibias II 
(fig. 51 a) : le bord dorsal, convexe, mène au fond d’une courte partie distale étroite ; sur la 



Fig. 51. — a, b, Typophyllum Eeckei Vignon. Type $. Musée de Leyde : a, tibia de la patte intermédiaire droite, vue céphalique 
le bord dorsal en haut ; b, tibia postérieur gauche, vue interne.— c,d, Typophyllum Bolivari Vignon. Type <$. Musée de Madrid ; 
c, tibia de la patte intermédiaire droite, vu comme pour la fig. a ; d, tibia postérieur gauche, vue externe. — e-g, Typophyllum 
lunatum Pictet, $, spécimen du Musée de Madrid : e, fémur antérieur droit, vue céphalique, l’apex à gauche ; /, patte inter¬ 
médiaire gauche, vue céphalique ; g, tibia postérieur droit, vue externe. Dessins originaux. 


dilatation proximale, un tubercule, puis celui qui coifferait ailleurs l’angle d’une chute, et 
encore une saillie avant le fond. Fémurs III pas mal dilatés de la base, à onze dents épineuses ; 
de l’apex à la base la troisième est la plus forte, les proximales sont de plus en plus petites. 
Tibias III, bord dorsal interne (fig. 516) : une belle saillie i' termine la haute dilatation 
basilaire, carénée ; au bas de la chute abrupte, une saillie accentuée, puis un fort lobe n° 2, 
à deux angles ; une minime saillie ; un lobe 3, bien moindre que le précédent ; deux petites 
saillies encore avant l’apex. — Abdomen : segment 1, lobe très faible ; segment 2, lobe plus 
net ; segment 3, lobe assez fort ; segment 4, très petite saillie dressée. Plaque sous- 
génitale? Long. corp. 18, pronoti 5,5, lat. 3 ; long, elytr. 32, lat. campi ant. 9,75, post. 8,5 ; 
long, fenior. ant. 6, post. 17,5, oviposit. 10. Surinam. 

29. Typophyllum Bolivari Vignon. 

(1925 a, p. 273 ; fig. 1 et 2 de la PI. en couleurs dont l’original est à la Bibliothèque de 
l’Institut. Ici fig. 52 du texte, et PI. I, fig. 4.) 

Monotype au Musée de Madrid, communiqué par M. le Professeur D r Candido Boli¬ 
var. Espèce vraiment à part. L’élytre ventralement peint. Les ailes postérieures décorées. 
Antennes exceptionnelles, avec certains segments renflés. L’échancrure antérieure $ et les 
entailles postéro-distales d’une ampleur exceptionnelle. Insecte d’un brun très pâle, grisé. 
Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 18 


Source : MNHN, Paris 


















i3« 


P. VIGNON 


jauni ; la peinture ventrale transparaissant quelque peu dorsalement. — La comparaison 
que l’on est tenté de faire entre les élytres de T. Bolivari et de T. mutilatum donne à croire 
que, dans la première espèce, l’élytre Ç inconnu ressemblerait à celui de la seconde. t x est 
une fenêtre plutôt en larme qu’en triangle. t 2 très petit, mais bien net. Au sein d’une aire 
pâlie, les points sombres U et P miment des fructifications de Champignons. — Décor 
ventral de l’élytre. Sur un fond jaune, les cellules postéro-distales mettent un ton carmin ; 
les lisières des cellules peintes restent jaunes. Cellules proximales du même champ postérieur 
seulement frottées de rouge. Une belle tache noire subapicale, rappelant celle des Tanusia : 
un trait jaune vif précède la tache, un autre point brille dans cette tache, non loin du bord 
distal ; avec la signification morphologique de taches rongées, tous deux sont là pour faire 
contraste. Un rappel de noir longe distalement le bord de la grande échancrure et soutient 
le ton rouge. — Décor de l’aile postérieure (Voir la base, seule conservée, des ailes de 
T. Eeckei). Des bandes d’un gris sombre étant à cheval sur les fines nervures transverses, du 
jaune borde ces bandes, faiblement. Le même ton jaune nuance l’apex de l’aile. Un long 
sinus précède cet apex, anguleux, à la suite de quoi le bord rejoint obliquement le second 
des deux rameaux émis par la radiale sur l’arrière, pour faire alors un nouvel angle. La 
fourche de la médiane pas mal plus longue que celle de la radiale. 

Antennes. Voici le gros segment de base, puis le second, déjà moins fort : eh bien, 
le troisième segment est bossu extérieurement, près de l’apex. Le sixième segment est bossu 
dans sa partie moyenne, puis le neuvième, puis le treizième. Les choses sont ensuite d’autant 
plus difficilement observables que les antennes ont été recollées en plusieurs points. — Pro- 
notum. Largeur antérieure, 2 1/4, longueur de la prozone, 2,5 ; longueur de lamétazone, 2,5 ; 
largeur postérieure, 3,5. Le bord arrière soulevé, arqué, et creusé d’une encoche. — Pattes. 
Fémurs I dilatés, lamellaires, le bord céphalique ventralement convexe, avec quatre dents 
triangulaires, plutôt petites, l’apicale de taille moindre que la troisième. Fémurs II foliacés 
eux aussi, à cinq dents : l’apicale est la plus forte ; la dent de base est infime, les suivantes 
sont triangulaires. Tibias II (fig. 51c) : sur le bord céphalique dorsal, un fort tubercule 
précède une chute modérée, avec, sur la pente, une saillie ; un tubercule moins fort sur la 
partie basale dilatée. Fémurs III de base robuste ; dilatation antéro-postérieure 3 milli¬ 
mètres, le bord ventral externe tout armé de dents épineuses ; il y en a une douzaine ; les 
apicales, plantées à bonne distance les unes des autres, sont assez fortes ; les intervalles 
diminuent et les dents s’amoindrissent à mesure qu’on approche de la base, où les saillies 
sont réduites à une minuscule épine. Tibias III (fig. 51^) : la base, haute de 2 mm ,5, carénée. 
Les carènes, divergentes, forment deux lobes foliacés ; au sommet distal de ces lobes, une 
forte dent s’incline vers l’apex. A la dent fait brusquement suite une excavation, armée 
elle-même, avant le bas, d’une dent, plus forte sur le bord interne que sur l’autre. Puis 
vient une seconde paire de lobes moindres, qui se font face, et qui lancent chacun une 
haute dent obtuse faisant distalement le crochet. Sur le bord externe, un troisième lobe, 
plus faible, suit d’assez loin un lobe n° 3 et précède de fort peu un lobe 3' du bord interne. 
Enfin de faibles saillies n os 4 et 5 du bord externe précèdent un peu des saillies correspon¬ 
dantes esquissées sur l’autre bord. Abdomen lobé suivant la formule habituelle. Premier 
segment, fine épine terminale ; deuxième, lobe important, soulevant la moitié apicale de 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 139 

l’anneau ; troisième, sur la moitié proximale du segment, une faible ébauche de lobe ; 
quatrième, une ébauche encore plus faible ; cinquième, deux tubercules rudimentaires ; 
sixième, un lobe apical marquant la reprise de la crête ; septième, un grand lobe : vu de dos, 
figure 52, il donne à croire que l’abdomen finit ici en pointe. Plaque suranale en trapèze, 



Fig, 52. — Typophyllum Bolivari Vignon. Type Musée de Madrid. Espèce exceptionnelle à plusieurs titres. Dessin original. 

presque en rectangle, avec le bord arrière convexe. Long. corp. 20, pronoti 5, elytr. 24,5, 
lut. elytr. 13,75, campi ant. 5 ; long, femor. ant. 7,5, post. 17, tib. 16,5. Pebas, Amazone. 

Troisième section du genre. — Aux tibias antérieurs, le tambour du côté cépha¬ 
lique a sa valve externe dilatée, comme dans le genre Mimetica. L’on ne trouve pas ici de 
ces formes par quoi débutait la deuxième section du genre, et chez qui l’élytre ne se dilatait 
qu’à peine, ou pas du tout : nous commençons par deux espèces dont les élytres font la 
bosse par-devant comme chez T. acutum ; nous finissons par des types qui tronquent en 
outre distalement le bord élytral postérieur, ainsi que le tronquait, dans la deuxième sec¬ 
tion, Typophyllum Bolivari. 


Source : MNHN, Paris 













140 


P. VIGNON 


30. Typophyllum peruvianum Pictet. 

Pictet (1888, p. 29, PL I, fig. 10 et 10a). Brunner (1895, p. 258, 260). Monotype $ au 
Musée de Genève. D’après ce que voulait bien m’écrire, en 1926, M. le D r P. Revilliod, 
Directeur, aujourd’hui, du Musée d’Histoire naturelle, à Genève, sur l’un des deux spéci¬ 
mens que ce musée possède, la valve externe du tambour céphalique fait saillie nettement : 
ce que montrait d’ailleurs un excellent croquis. Il convient donc d’éloigner l’espèce de 
Pictet de T. trapeziforme, pour la mettre en tête de la troisième section du genre (Vignon, 
1926, d, p. 363). — Pour la silhouette de l’élytre, antéro-distalement anguleux, voir la figure 
de T. erosijolia Walker (ici, PI. VIII, fig. 71), mais en notant qu’ici le bord arrière est 
entier. Deux cellules S. Tibias postérieurs dilatés modérément dans le premier quart, la dila¬ 
tation ayant le bord dorsal interne bilobé sans excès et le bord externe très ondulé. — 
Abdomen : deuxième segment, double épine et petit lobe au bord arrière ; troisième, lobe 
denté ; les autres comme chez trapeziforme. Long. corp. 24, pronoti 6, elytr. 32, lat. max. 23, 
campi ant. 12 ; long, femor. post. 21, oviposit. 11. Pérou. 

31. Typophyllum erosifolia Walker. 

Walker (1870, p. 464). 

Mimetica erosijolia, Kirby (1906, p. 350).— Typophyllum erosifolia, Vignon (1925 a, 
p. 275. Ici PI. VIII, fig. 71 : au côté céphalique du tibia antérieur gauche, on voit la valve 
externe dilatée). Monotype $ au British Muséum, n° 58-77. Tabac foncé, très feuille morte. 
L'élytre ressemble beaucoup à celui de peruvianum, mais avec un bord arrière quadrisinué ; 
la fourche de la sous-costale pareille, et aussi deux cellules S. Aile postérieure : la fourche 
de la médiane pas plus longue que celle de la radiale ; la radiale émettant sur l’arrière une 
seule branche. Pattes. Fémurs I normaux, à quatre dents, les trois premières en triangles 
aigus, la dernière renflant le bord distal. Tibias I : le caractère de la troisième section. 
Fémurs III : cinq à neuf dents, les proximales avortées. Tibias III lobés modérément sur le 
bord dorsal interne. L’abdomen lobé suivant la formule générique (Voir T. trapeziforme). 
Long. corp. 23, pronoti 6, elytr. 35, lat. max. 20, campi ant. 10 ; long, femor. ant. 6, post. 19, 
oviposit. 10,5. Nanta [Nauta], Amazone. 

32. Typophyllum mutilatum Walker. 

Walker (1870, p. 465). — Kirby (1906, p. 351) fait, on ne sait pas pourquoi, de T. cinna- 
mum Bolivar un synonyme de cette espèce. — (Ici, pour le monotype <Jde Walker, PL III, 
fig. 21 ; pour un paratype $, Pl. III, fig. 20.) 

= Typophyllum déformé Vignon 1925 b, p. 449, pour la $. Erreur rectifiée depuis (1926 d, 
p. 362), le D r Uvarov ayant bien voulu m’écrire à cette époque que, sur les registres du 
British Muséum, les insectes étaient portés comme capturés in copulâ. 

Monotype de Walker n° 57-20 au British Muséum ; l'auteur a ignoré les deux spé¬ 
cimens Ç. Brun. La silhouette de l’élytre rappelant en plus ordinaire celle de T. Bolivari , 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 141 

compte tenu du fait que chez mutilatum le bord élytral postérieur n’est pas sinué. Au champ 
antérieur, l’échancrure g, moins ample, n’intéresse ici que la branche externe de la fourche 
sous-costale. La grande tache t x se ramène au triangle ; un très petit satellite en U'" ; tache 
t 2 petite et nette. Aile postérieure : esquisse très nette d’un lobe apical aigu, dressé, mais ce 
lobe bien plus réduit que chez Castasparata histrio. Pronotum à peine élargi de l’arrière, 
bord postérieur un peu arqué, avec une bonne entaille. Fémurs I normaux, à quatre dents, 
la basale encore notale. Aux tibias I, le caractère de la troisième section du genre, bien 
visible PI. III (fig. 21). Tibias II du type adouci. Fémurs III : les neuf dents, dont les 
basilaires avortées, des Typophyllum normaux. Tibias III : les saillies non développées 
encore en de vrais lobes. — Abdomen : le deuxième segment seul lobé. Long. corp. 15, 
pronoti 4,5, elytr. 17, lot. 9, campi ant. 4,5 ; long, femor. ant. 5, post. 16. Ega, d’après 
l’étiquette et Walker, [Egas], Amazone. 

Au British Muséum, un de petite taille, n° 1924-127, mis par moi dans cette espèce 
(1926 d, p. 363) de concert avec une $ ayant même numéro. A l’aile postérieure, le lobe 
apical plus saillant encore que chez le type de Walker. Long. corp. 15, pronoti 4, elytr. 
14,5, lat. 8, camp. ant. 3,5 ; long, femor. ant. 4,5, post. 13,5. Para. 

Néallotype $ (Vignon 1925 b, p. 449 : T. déformé). Jamais l’idée ne me serait venue de 
rattacher cette $ au £ de Walker, bien qu’elle eût à prendre place dans la même section du 
genre. Insecte brun. L’axe d’élytre très faiblement concave vers l’avant dans sa première 
moitié, et, distalement, concave vers l’arrière, alors que chez le $ il s’incurve apicalement 
vers l’avant. La branche externe de la fourche sous-costale nettement sur la voie de la 
différenciation qui caractérise T. trapeziforme, par exemple. Deux cellules S, comme chez 
le (J 1 . Le bord postérieur, longuement parallèle à l’axe d’élytre, puis se coudant pour une 
assez brusque remontée (Voir PL III, fig. 20, l’élytre droit) ; un sinus dégage l’apex obtus. 
Ce coude préapical rappelle seul la troncature du <$. Tache t x triangulaire, fenêtrée, prolon¬ 
gée sur l’avant par des érosions mises en ligne. t 2 est une fenêtre minuscule. Belle tache d v 
Diverses zones tendent à former des plages rongées ; divers points sombres s’entourent de 
cercles pâles. Aile postérieure ocreuse, aux nervures rouillées. Apex arrondi ; radiale for¬ 
mant une fourche simple et bien plus courte que celle de la médiane (de même pour le (J). — 
Pronotum assez large; bords latéraux bien marqués, divergeant peu. — Pattes. Fémurs I 
foliacés, larges dents en triangles. Tibias I de Mimetica. Fémurs III à neuf épines dont les 
distales sont portées par de bonnes dents, les deux apicales écartées ; une première dent 
vestigiaire. Tibias III de base fusiforme, dilatée par un lobe à deux pointes ; sur la partie 
étroite, une dent qu’en précède une très petite, puis une saillie moindre, séparée par 
une dent minuscule de celle qui précède. — Abdomen bien plus lobé que chez le £ : 
premier segment nu ; deuxième, gros lobe obtus ; troisième, lobe peu saillant ; qua¬ 
trième, cinquième, sixième, seulement avec une carène tremblée ; septième, gros lobe 
obtus ; huitième, petit lobe pointu ; neuvième, nu (1). Plaque suranale en trapèze avec les 
angles adoucis et un sinus apical de fond subanguleux. Plaque sous-génitale cordiforme, 
sans écusson de base, une carène menant à l’encoche étroite. Long. corp. 28 (l’abdomen 

(1) Voir p. 121, en note, les réflexions que ce fait me suggère, pour ce qui a trait aux formes cxcisutn et trapeziforme, bissi 
nnaturn et crosutn. 


Source : MNHN, Paris 


I 4 2 


P. VIGNON 


redressé, déployé), pronoti 6, lat. post. 4,5 ; long, elytr. 43 (contre les 17 du !), lat. 24, 
campi ant. 12 ; jemor. ant. 7, />osh 23, oviposit n. Para. 

Paratype $ au British Muséum, n° 57-20 b. (Ici PI. III, fig. 20.) Élytre. Champ antérieur: 
la fourche de la sous-costale naissant d’un simple branchement à angle aigu. Apparition 
de vastes zones blanchâtres, fruit d’une fusion des aires qui se rongent autour d’un certain 
nombre de points sombres : le champ antérieur est ainsi quasi décoloré, corrodé, jusqu’à 
la bosse élytrale ; au champ postérieur, la région située derrière t l rappelle Pterochroza 
infestata (PI. II, fig. g). Lobes abdominaux moins nets que chez le type. Même origine. 

Au British Muséum, la$n° 1924-127 (allant avec le ^portant même numéro). Le coude 
postéro-distal de l’élytre moins accentué ; mimétisme plus quelconque. Long. corp. 20, 
pronoti 6, lat. ant. 2,5, post. 4 ; long, elytr. 35, lat. 20, campi ant. 10,5 ; long, jemor. ant. 6,5, 
post. 18, oviposit. 10. Para. — Une Çde Paris, que j’avais rattachée d’abord (1925 a, p. 257) 
à T. peruvianum Pictet au titre de variété. Brun clair. Au champ postérieur de l’élytre.de 
faibles traces vertes, que l’on voit parfois chez d’autres, ont chance de restituer partielle¬ 
ment le coloris de l’ancêtre. Presque pas de taches mimétiques. Pronotum : largeur avant 
3 millimètres; largeur arrière, 3 3/4. Tibias III plus accidentés que chez le type. —Abdomen : 
deuxième segment, lobe développé ; troisième, tubercule infime sur la partie moyenne de 
l’anneau ; septième, lobe rudimentaire. Cet abdomen, donc, moins lobé que chez le néallo- 
type $. Plaque sous-génitale aux bords latéraux mieux dessinés que ce n'est l’habitude chez 
les Typophyllum, ces bords différenciant ici une région subconcave que suit un angle faible ; 
le bout est du type cordiforme échancré ; une carène médiane conduit en outre à un écusson 
basilaire ovale assez marqué. Para. 


33. Typophyllum curtum Vignon. 

Mimetica Simoni <$, Brunner (1895, p. 257) : « non sans hésitation », écrit l’auteur. 

Typophyllum curtum Vignon (1926 c, p. 208 ; ici PL C, fig. 32, d’après l’une des photo¬ 
graphies aimablement adressées par M. le D r R. Kleine). 

Monotype <$ au Musée de Stettin. Homologue bisinué du précédent. Le champ anté¬ 
rieur plus dilaté, le champ postérieur moins tronqué que dans l’espèce de Walker ; large 
entaille sur la nervure U"'T ; un sinus moindre sur la nervure TS. t 1 rongé dans la forme d’un 
ovale distalement aplati, respectant le point sombre ; t 2 analogue, en plus petit ; beaucoup 
de points, forts ou faibles, s’entourent d’aires pâles donnant à l’élytre un aspect très attaqué. 
A l’aile postérieure, un beau lobe apical, dressé, pointu. La fourche de la médiane ne dépas¬ 
sant pas beaucoup celle de la radiale. Pronotum comme chez le mutilatum <$. — Pattes. 
Fémurs I quelque peu lamellaires : trois dents distales en triangles se voient sur une photo¬ 
graphie, non reproduite, prise dorsalement. Tibias I de Mimetica (PL C, fig. 32). Fémurs II 
avec trois bonnes dents distales et une ou deux basilaires très petites. Tibias II : la dila¬ 
tation de base un peu plus longue, la pente qui suit un peu plus creusée que chez le type $ 
de Walker. Fémurs III assez épais basilairement, dents peu nombreuses, les apicales moyen¬ 
nement hautes. La base des tibias postérieurs dilatée, montrant les deux saillies connues. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


143 


subterminale et terminale ; le reste grêle, avec des bosses de moyenne importance. Abdo¬ 
men? Cumbasi, Amazone. 

Quatrième section du genre. — Aux pattes, rien de ce qui caractérisait les sections 
2 et 3. L’axe d’élytre infléchi vers l’avant. Chez les spécimens connus, déjà un sinus anté- 
ro-distal d’élytre, bien qu’il s’agisse uniquement encore de femelles. Que sera cette région 
chez les mâles, et jusqu’à quel point la dualité sexuelle, qui est de règle dans les genres 
Typophyllum et Mimetica, sera-t-elle ici observée: d’autant que, chez le T. lunatum de 
Strasbourg, l’entaille est vraiment très profonde ? 


34. Typophyllum mortuifolia Walker. 



Walker (1870, p. 466). 

Mimeticamortuifolia, Kirby (1906, p. 350). — Typophyllum mortuifolia, Vignon (1925 a, 
p. 277. Ici fig. 53 et 54). 

Monotype Ç au British 
Muséum. Fauve pâle, 
mais a pu être vert. A 
l’élytre, la fourche de 
la sous-costale est du 
type «évolué» (Voir T. 
trapeziforme). La pente 
antéro-distale serait en 
elle-même courte et peu 
rapide, à cause du re¬ 
lèvement de l’apex, si 
elle ne se creusait pas 
d’une entaille, divisée à 
son tour en des sinus 
qui vont d’une nervure 
à l’autre. Au champ 
postérieur, la cellule P 
grande et surtout haute; 
la cellule I grande éga¬ 
lement. La Cellule T Eig. 53. — Typophyllum mortuifolia Walker. Type] $. British Muséum. Bord antéro-distal 

/ a j , -p raccourci. La -f- marque la naissance du secteur Rs de la radiale. La cellule T se décom- 

COlip ü X . 1 j pose en c | eux ce ii u i es x it T 2 , qui se suivent. Dessin original. 

vaste, pentagonal ; T 2 

étroit. Les cellules S et S' reportées très en avant. Dans la cellule Tj, le type de Walker ne 
met qu’une tache rongée tout ordinaire. Aucun autre point sombre n’est utilisé ; ces points 
sont, pour la plupart, insignifiants. Aile postérieure pâle, la fourche radiale simple, la fourche 
de la médiane ne dépassant pas beaucoup celle de la radiale. Pour le pronotum, voir l’es¬ 
pèce suivante ; de même que pour les pattes, le type de Walker n’ayant que la patte anté- 






144 


I». VIGNON 


rieure droite. Abdomen non lobé. Oviscapte très grêle. Long. corp. 25, pronoti 6, elytr. 39, 

lat. campi ant. 13, post. 15 à 15,5; Long, 
femor. ant. 7, oviposit. n. Amazone su¬ 
périeure. 

35. Typophyllum lunatum Pietet. 

Pictet (1888, p. 27, PL I, üg. 12- 
12 d). Brunner (1895, p. 258, 261). Vi- 
gnon (1925 a, p. 279). Semble ne diffé¬ 
rer du précédent que par la transfor¬ 
mation dont la tache t l est le siège (Re¬ 
voir T. lacinipennis). C’est là un carac¬ 
tère de minime importance, mais il pa¬ 
raît fixé, si j’en juge par les trois spéci¬ 
mens connus de moi. 

Monotype 9 au Musée de Genève. Élytre vert. La cellule T t avec une grande tache que 
le vaste pentagone semblerait avoir été fait exprès pour loger, si le type de Walker ne mon¬ 
trait que la cellule T t a précédé la grande tache. Cette tache est en réalité l'homologue 
des fenêtres t x normales ; on y retrouve le triangle connu, si gonflé qu’il soit maintenant 
par un tissu de néoformation, finement granuleux, et qui a pris la forme régulière d’un ovale. 
Des tractus, vestiges du parenchyme rongé au sein de quoi l’ovale est établi, joignent les 
bords rouillés de la fenêtre au liséré (d’un brun rouge à Madrid) qui souligne le joli vert 
du tissu granuleux. Cet ovale a-t-il un sens mimétique, au Pérou? Long. corp. 26, pronoti 6, 
elytr. 38, lai. 28, campi ant. 13 ; long, femor. post. 23, oviposit. 12. Pérou, Mayobambo. 

Spécimen 9 du Musée de Madrid (Vignon 1925 a, p. 279, et fig. 3 de la planche en cou¬ 
leurs dont l’original appartient à la Bibliothèque de l’Institut. Ici PI. I, fig. 5). Pronotum 
large, les bords latéraux divergeant un peu sur la métazone, le bord postérieur arqué et 
creusé d’une encoche. —Pattes. Fémurs I (fig. 51 e); la dent apicale spécialement grande, 
comme chez le type de Pictet, la dent de base petite, mais formée. Fémurs II : la dent 
apicale de la grandeur usuelle, les trois autres très petites, de tailles égales. Tibias II (fig. 51/) : 
la dilatation basilaire plus épaisse que chez le type. Fémurs III très peu dentés. Tibias III 
(fig. 51 g) ondulés : sur le bord externe, les épines primitives persistent mieux que d’ordi¬ 
naire ; nul tubercule important sur le bord dorsal interne, où pourtant nous retrouvons 
les saillies numérotées plusieurs fois déjà par nous (Voir fig. 40). Abdomen non lobé. Plaque 
suranale presque en rectangle, les angles postérieurs adoucis, le bord apical sinué faible¬ 
ment, avec une encoche fine. Plaque sous-génitale cordiforme, peu échancrée, les bords 
latéraux se rapprochant de la ligne droite. Long. corp. 24, pronoti 6, lat. ant. 3,5, post. 4,5 ; 
long, elytr. 38, lat. 30,5, campi ant. 14 ; long, femor. ant. 7, post. 21,5, oviposit. 11. Pérou, 
Montealegre, Rio Pachitea. 

Une 9 à la Faculté des Sciences de l’Université de Strasbourg, communiquée par M. le 
Professeur Chatton. Au sinus antéro-distal de l’élytre, une entaille spéciale vient creuser 



Fig. 54. — Typophyllum mortuifolia Walker. Type $. British Mu¬ 
séum. La tache /, n’ébauche même pas encore la formation spé¬ 
ciale signalée déjà à propos de T. lacinipeymis, que T. lunatum 
parachèvera. 


Source : MNHN, Paris 






145 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 

profondément la nervure externe de la fourche sous-costale, tout comme s’il s’agissait 
d’un Typophyllum $ : on se demande vraiment ce que le ferait de plus. Sous la nervure 
d’axe, de minuscules points noirs, qui, proche de l’apex, définissent deux petites taches 
rongées. Pérou, Chanchamayo. 

Notons que ces formes, mortuijolia, lunatum, ont les tibias postérieurs peu évolués, 
allant avec un abdomen primitif. Or, il en est autrement chez elles de l’élytre, que les 
grandes cellules du champ postérieur semblent avoir éloigné, secondairement, du modèle 
feuille. 


XII. — Genre MIMETICA Pictet. 

Pictet (1888, p. 30) : génotype, M. mortuijolia Pictet. —Brunner (1895, p. 22, 255). 
Saussure et Pictet (1898, p. 452). Vignon (1924 a, p. 208-214). 

Diffère du précédent par les caractères que voici : à l’élytre Ç, la cellule U ne touche pas 
la cellule P ; la tache t 2 est aussi importante ou plus importante que la tache t x ; à l’aile 
postérieure, il existe entre les veines médiane et cubitale une jonction basilaire oblique. 
Une classification du genre Mimetica doit montrer, selon moi, qu’une série part de 
grandes formes à élytres longs, peu dilatés, pour mener à des types de taille moindre, qui, 
dans le champ antérieur, renflent progressivement la région postmédiane : cela, non sans 
faire succéder à cette bosse une pente antéro-distale de plus en plus rapide, à quoi une 
pente postéro-distale plus accentuée correspondra. Les espèces de début copient la feuille 
ovale, lancéolée ; elles la copient fort bien ; les types de la fin défigurent la pseudo-feuille, 
comme nous l’avons vu faire aux Typophyllum évolués. Nous mettrons plus ou moins à 
part des formes qui sortent, à un titre ou à un autre, du moule commun : imperatrix, angu- 
losa, ou encore aridifolia, pour ce qui a trait au pronotum. Le genre n’en reste pas moins 
très homogène. — Ne pas oublier, aux tibias antérieurs, cette valve externe du tambour 
céphalique, dilatée ici comme déjà elle l’était dans la troisième section du genre Typophyl¬ 
lum : mais, pour les Mimetica du moins, voilà qui est classique. 

1. Mimetica Pehlkei Enderlein. 

Enderlein (1917, p. 18, figures. Ici fig. 55, d’après Enderlein). Holotype $ et paratypes 
au Musée de Stettin. Très grande espèce. Élytre vert, ou brun, ou vert taché de brun. Le 
champ antérieur est le plus étroit. Longue pointe mousse. Belle fenêtre t 2 . Si j’ai bien com¬ 
pris l’auteur, la tache t x ainsi que son satellite manqueraient chez les spécimens verts. 
Pronotum très granuleux, très élargi de l’arrière, le bord postérieur avec une encoche pro¬ 
fonde. — Pattes. Les dents des fémurs fortes ; sur le bord céphalique ventral des fémurs I, 
quatre dents, et, d’après l’auteur, une corne apicale pointue (le lobe géniculaire, je suppose). 
Les tibias II fortement dilatés dorsalement dans la partie moyenne, avec les bords dorsaux 
lamellaires et tranchants. Neuf dents aiguës sur le bord ventral externe des fémurs III. 
La plaque sous-génitale en triangle, avec une grande encoche médiane. [Abdomen?].Long. 

Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 19 


Source : MNHN, Paris 


146 


P. VIGNON 


< 


GENRE « MIMETICA » 

TABLEAU DES ESPÈCES 

1 (26). Pronotum. La métazone n'étant pas très courte et comme tronquée postérieurement. 

2 (25). Ëlytre. Le champ antérieur n'ayant pas son bord distal excavé, pour mener ensuite 
à un apex dressé. 

3 (24). La pente antéro-distale de l’élytre n'étant pas renflée dans sa partie moyenne. 

4 (23). Espèces de grande taille, ou de taille ordinaire : mais qui ne sont pas très petites. 

5 (6). Élytre grand et long ($ : 70-78 mm). Le champ antérieur plus étroit que le pos¬ 
térieur. La pente antéro-distale adoucie (texte, fig. 55). 1. 

6 (5). Élytres sensiblement moins longs : l’évolution va tendre à les raccourcir 
encore en rendant du même coup la pente antéro-distale plus abrupte. 

7 (10). Cette évolution régressive entamée, mais à peine. Les élytres encore d’une 
bonne longueur (9 : 45-55 mm.). La pente antéro-distale à 45 0 . 

8 (9). Le bord postérieur de l’élytre entier (texte, fig. 56 ; PI. VI, fig. 43). 2. 

9 (8). Le bord postérieur sinué (texte, fig. 57). 3. 

10 (7). La contraction plus avancée. Élytres $ d’une longueur de 40 millimètres 
au plus. 

11 (16). L’apex court, c’est-à-dire ne formant pas une longue pointe mousse, 
dégagée de l’avant. 

12 (15). Le bord postérieur de l’élytrc rectiligne et parallèle à l'axe jusqu'à 


un coude préapical. L’abdomen lobé seulement, ou à peu près, sur le 
deuxième segment. 

13 (14). Le bord arrière entier. Élytre vert, ou partiellement taché de brun 

(9 : PI. VI, fig. 44 ; PI. V, fig. 41 ; — J : PI. VII, fig. 5 6, 57 , 58). 4- 

14 (13). Le bord arrière sinué. 3. 

15 (12). Le bord postérieur de l'élytre convexe. L’abdomen entièrement 

lobé. 6. 

16 (11). L’axe plus ou moins long : formant donc une pointe mousse, dégagée 


de l’avant (le bord postérieur de l’élytre rectiligne et parallèle à l’axe jusqu'à 
un coude préapical). 

17 (20). L’abdomen lobé seulement sur le deuxième segment. 

18 (19). Le bord postérieur entier ($ : PI. VI, fig. 43 ; PI. VII, fig. 53 ; — 

6 : PI- VII, fig. 54. 55 ). 7 - 

19 (18). Le bord postérieur sinué (<£ : PI. VII, fig. 59 ; PI. V, fig. 42). 8. 

20 (17). L’abdomen entièrement crêté. 

21 (22). Le bord postérieur entier. 9. 

22 (21). Le bord postérieur sinué (sinué profondément: ce qui entraîne, 

comme par une continuation de cette même action creusante, un raccour¬ 
cissement secondaire de la pointe apicale). 10. 

23 (4). Espèce de taille très réduite ($ : longueur d’élytre 26). 11. 

24 (3). Le bord antérieur de l’élytre renflé dans la partie moyenne. Grande forme : 

$, longueur d’élytre 60 (texte, fig. 59). 12. 

25 (2). Élytre. Le bord distal creusé d’un sinus général menant à un apex long, relevé. Ce 
grand sinus creusé lui-même entre les nervures successives. Assez grande forme : $, 
longueur d’élytre 52. (Texte, fig. 60 a ; PI. X, fig. 83). 13. 

26 (1). Pronotum. La métazone très courte et comme tronquée de l’arrière. Forme d’assez 
petite taille : Ç, longueur d’élytre 35. Élytre étroit ; le bord postérieur subsinué. Abdomen 
entièrement crêté. 14. 


Al. Pehlkei (p. 145). 

M. castanca (p. 147). 
M. stigmatica (p. 148) 


AI. vividifolia (p. 149). 
Aï. subintegra (p. 151). 

Al. siccifolia (p. 152). 

Aï. incisa (p. 152). 

M. morluifolia (p. 153). 

M. tuberata (p. 155). 

M. crenulata (p. 155). 
Al. Simoni (p. 155). 

AI. imperatrix (p. 156). 

M. angulosa (p. 157). 

M. aridifolia (p. 158). 


Source : MNHN[ Paris 















RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


147 


corp.2^-^,pronotiii-i2,elytr.yo-y%,lat.max. 37-41 ; long, femor. ant. 13 1/2-14, post. 35-37, 
lib. post. 37-38, oviposit. 20-21. Colombie, Hacienda Pehlke. 



Fig. 55- — Mimetica Pehlkei Enderlein. Type $. Musée de Stettin. D'après la figure d'Enderlein. Les grisés habituels. 


2. Mimetica castanea Brunner. 

Brunner (1985, p. 256). Saussure et Pictet (1898, p. 452, 453). (Ici fig. 56 du texte, 
et PL VI, fig. 43.) Insecte mimant parfaitement la feuille morte. Monotype $ au Musée de 
Vienne. Pour la forme générale de l’élytre, l’espèce est dans la lignée directe de M. Pehlkei : 
l’élytre droit, bien que brisé du bout, laissant deviner ici encore une longue pointe, tandis 
que les pentes antéro et postéro-distales dérivent de celles de l’espèce de base en vertu de 
l’évolution régressive que j’ai dite. Elytre marron. Sous l’axe de ce type de Brunner, une 
longue tache d’un gris jaunâtre, individuelle sans doute, avec des bords nettement lobés, et, 
par endroits, quelque chose comme un redoublement du singulier effet ainsi produit. Que 
mime cette tache, dont nous avons déjà rencontré plusieurs équivalents, si tant est qu’elle 
copie quelque chose (1) ? Insistée, dessinée, peinte, même, comme on la voit, elle ne saurait 
être fortuite. Noter l’étroitesse heureuse des cellules I : les cellules S et S' semblant être 
ainsi greffées sur l’axe, comme s’il s’agissait d’une vraie feuille (2). —Pronotum. Largeur 
antérieure 3 mm ,5, longueur de la prozone 3. Longue de 5 mm ,5 avec une largeur maxima 
de 6 millimètres, la métazone fait un peu le losange. Une encoche postérieure. — Pattes. 
Fémurs I: quatre dents en triangles, et untuberculeterminalcomme chez Pehlkei. FémursII : 
quatre dents dont l’apicale est belle, la pénultième médiocre, les deux basilaires infimes. 
Tibias II incisés brusquement par delà le milieu, avec un petit tubercule sur l’angle de 
chute. Fémurs III : cinq dents pointues étroites, éloignées les unes des autres. Tibias III 

(1) Revoir,à ce point de vue, Pterochroza maculata Vignon (PI. II, fig. io), Typophyllum cinnamum Bolivar (fig. 41 du texte). 
Ne pas confondre ces taches jaunâtres, qui feraient penser à la rigueur à quelque moisissure, avec la peinture plâtreuse qui semble, 
elle, une fiente d’oiseau, tantôt fraîche et marquée fortement (PI. V, fig. 33), tantôt effacée à demi, comme délavée (même PL, 
fig- 34 )- — La gravure a rendu médiocrement (PI. VI, fig. 43) la tache jaunâtre de Mimetica castanea. 

(2) Mimetica angulosa supprimera tout à fait les cellules I : pour l’œil, du moins, car je crois en avoir retrouvé des vestiges 
anatomiques. 


Source : MNHN, Paris 








148 


P. VIGNON 


faiblement ondulés, avec des lobes médiocres. — Abdomen : premier segment, petit lobe ter¬ 
minal lacinié de l’arrière ; deuxième, très grand lobe élevé. Plaque sous-génitale difficile à 
bien voir : sans carènes submédianes? Long. corp. 25, pronoti 8,5 ,elytr. 50 1 ,lat. 29, campi 
ant. 16 \long. femor. ant. 10, post. 25,5, oviposit. 16. Colombie, Medellin. 

Au Musée zoologique de l’Université, à Berlin, un spécimen $ (Vignon, 1927, p. 241). 
L’élytre vert ressemble tout à fait à une feuille. Par sa forme générale, il rappelle celui de 
M. castanea, mais il n’en a pas l'apex prolongé, et la pente antéro-distale est ici plus rapide. 
Les pattes brunâtres avec des taches presque noires. Le pronotum plus étroit (comme 
PL VII, fig. 53), brun jaunâtre, avec une zone longitudinale foncée ; deux belles granula- 



Fig. 56. — Mimetica castanea Brunner. Type $. Musée de Vienne. Est grisée la grande plage jaunâtre qui règne sous Taxe de 
l’élytre. — Psg, plaque sous-génitale du spécimen $ à ély très verts du Musée zoologique de l’Université, à Berlin. Dessins ori¬ 
ginaux. 


tions noires dans les lobes apicaux de la métazone. Les pattes comme chez castanea, mais 
aux fémurs antérieurs le tubercule terminal de Pehlkei et de castanea fait défaut. La bête ne 
pouvant pas être étalée, j’ignore comment est fait l’abdomen. Plaque sous-génitale (fig. 56, 
psg). Long. corp. 28, pronoti 9, elytr. 46, lat. max. 32,5, campi ant. 18, post. 15 ; long, femor. 
ant. 10,5, post. 26, oviposit. 15. Origine? 

3. Mimetica stigmatica Kamy. 

Kamy (1914, p. 5, figure. Ici fig. 57, d’après Kamy). Monotype $, collection Kamy. 
Elytre vert, apex aigu, bord arrière quadrisinué. Une fenêtre t 2 , une petite tache rongée dans 


Source : MNHN, Paris 
















RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 149 

la cellule U'". A cheval sur la nervure TP, une grande tache noirâtre [qui peut-être est seule¬ 
ment individuelle]. Le pronotum comme sur la figure 53 de ma PL VII, c’est-à-dire du type 
moyen du genre. Fémurs postérieurs presque pas épineux. Abdomen? Plaque sous-génitale? 
Long. corp. 2~,,pronoti 8,4,elytr. 

56, lat. 33, campi ant. 19 ; long, 
femor. post. 31,7, oviposit. 17. 

Mexique, Guadalajara. 

4. Mimetica viridifolia Brunner. 

Brunner (1895, p. 257). 

Saussure et Pictet (189845.452, 

454 )- 

= Mimetica expansa Vignon 
(1924 a, p. 210). Mimetica viridi¬ 
folia, Vignon (1926 c, p. 209). 

Espèce décrite par Brunner 
d’après un spécimen £ unique, 
conservé au Musée de Stettin 
et dont M. le EF R. Kleine m’a aimablement adressé des photographies. Alors que la descrip¬ 
tion de Brunner était fort imprécise, ces photographies m’ont permis d’identifier le g de 
l’auteur avec ceux d’une forme décrite par moi en 1924 (a, p. 210) sous le nom de M. expansa. 
Faisons d’abord connaître la Ç, que Brunner n’avait pas observée. 

Le type $ de l’espèce expansa devient donc maintenant le néallotype $ de M. viridifolia 
Brunner. Ce néallotype au Muséum, Paris (PL VI, fig. 44). Par rapport à castanea (Pl. VI, 
fig. 43), l’élytre est raccourci, dilaté, avec des pentes antéro et postéro-distales plus rapides. 
Le champ antérieur est maintenant bien plus large que l’autre. La tache t x tout à fait à 
son début : c’est une région faiblement brunie, granuleuse, différenciant à droite seulement 
une partie interne étroite, vaguement rongée. Pas de satellite en U'". La tache t 2 est un beau 
miroir hyaün, achevé. Satellite dans la cellule S : une zone brunie faiblement, encore à 
peine rongée. — Le pronotum usuel du genre (Voir PL VII, fig. 53). Tibias II : le bord 
céphalique dorsal bien incisé, sans bosse sur l’angle, l’autre bord peu incisé. Fémurs III : 
sept à huit dents, les proximales minuscules. Tibias III : saillants plus accentués que chez 
castanea. —Abdomen: premier segment, soupçon de lobe; deuxième, très grand lobe, lacinié 
de l’arrière ; troisième, lobe élevé, étroit, lacinié ; quatrième et cinquième nus ; sixième, 
septième, huitième finissant en une pointe qui, pour le septième, s’allonge en un filament. 
Plaque sous-génitale (fig. 60c du texte) : le fond de l’entaille à angle droit, les angles apicaux 
vifs ; en revenant proximalement, des saillants latéraux subanguleux, puis un sinus ; 
carènes submédianes distalement confluentes. Long. corp. 23, pronoti 8, elytr. 40, lat. 26, 
campi ant. 15 ; long, femor. ant. 10, post. 24, oviposit. 15. Costa-Rica. — Musée de Genève, 
$n° 321. A l’élytre, en apparence une seule cellule S ; mais cela, en raison du rétrécissement 
extrême du couloir I au niveau de la cellule S'. La tache t x nulle. La tache t 2 tout à fait à 



tache stigmatiquc. 


Source : MNHN , Paris 





150 


P. VIGNON 


son début : c’est une petite aire non sertie, trouble de l’arrière, subhyaline de l’avant. 
Long, pronoti 7,5, elytr. 45, lat. 30, campi ant. 17. (Ni pattes ni abdomen.) Costa-Rica, La 
Laguna, Camino de Carrillo, 1 000 mètres. — Une nymphe $ au Musée entomologique 
allemand de Berlin-Dahlem. Bête verte à l’exception de l’abdomen, qui est brun. 
Abdomen : premier segment, lobe terminal aigu, filiforme ; deuxième, lobe élevé de 
3 millimètres ; troisième, petit lobe subterminal, élevé, étroit ; septième, lobe minuscule. 
Long. corp. 20, pronoti 5,5, femor. ant. 6,5, post. 14,5, oviposit. 11. Costa-Rica, Turrialba. 

Var. maculée, Muséum, Paris, Collection Finot (PL V, fig. 41). A l’élytre, le champ 
antérieur un peu moins dilaté que chez le type. La plage brune postéro-distale finit proxi- 
malement tout contre t 2 , comme il arrive parfois (Voir PI. VI. fig. 50). t v son satellite et 
celui de t 2 sont nuis. Les fémurs III moins dentés que chez le type. Abdomen : le 
deuxième segment seul lobé. Costa-Rica. Canas Gordas. 

Var. subsinuée. Musée de Genève. Ç n° 320. Elytre avec des soupçons de sinus sur les 
nervures qui limitent latéralement la cellule T. Cet élytre plus petit, avec un saillant anté¬ 
rieur plus distal, menant donc à une pente plus forte. Une seule cellule S : à gauche, une 
cellule S'imparfaite. t x réduit au point sombre ; t 2 , granuleux, serti de vert, verdâtre lui- 
même, laissant deviner le point sombre originel. Abdomen : le deuxième segment bien lobé ; 
au troisième, faible ébauche. Même origine que le n° 321 de Genève. 

Exemplaires <$. — Ils sont ici d’un intérêt très grand, parce qu’ils permettent d’obser¬ 
ver l’entaille antéro-distale à divers degrés de développement, à partir des débuts stricts 
(fig. 58 a-c du texte) (1). Chez le spécimen ». du Muséum, l’échancrure commence vrai¬ 
ment (fig. 58 a ; PL VII, fig. 56). t x nul; t 2 n’est qu’un point, clair au centre : il commence, 
lui aussi. Abdomen : deuxième segment, grand lobe lacinié. Long. corp. 19, pronoti 7, elytr. 
25, lat. 17, campi ant. 10 ; long, femor. ant. 8, post. 17. Costa-Rica. — Au Musée de Genève, 
sur le <$ n° 15, l’échancrure débute cette fois encore. — L’étape suivante est visible, au 
Muséum, sur le p, subsinué, en outre, de l’arrière (fig. 58 b ; Pl. VII, fig. 57). t x nul ; 
t 2 est une fenêtre irrégulière et mal sertie. Abdomen : deuxième segment, lobe élevé. 
Costa-Rica. Voir aussi le spécimen d du Musée entomologique allemand de Berlin-Dahlem, 
communiqué par M. le D r Walther Horn et représenté sur ma planche en couleurs (fig. 3). 

Le type $ de Brunner en est à la troisième étape. L’échancrure est d’ailleurs chez lui 
un peu moins creuse encore que sur le spécimen n° 26498 du Musée de Vienne (fig. 58c 
du texte ; Pl. VII, fig. 58) qui en est, lui, au dernier des stades que nous puissions observer 
chez M. viridifolia, l’espèce n’offrant pas jusqu’ici les équivalents de ce que des formes voi¬ 
sines auront bientôt à nous montrer. — Le type de Brunner dilate beaucoup la région 
antéro-distale de l’élytre. Pas de taches rongées. Long. corp. 17, pronoti 6,5, elytr. 23, lat. 
max. 16,5 ; long, femor. post. 15,5. Panama, Chiriqui. — Quant au £ n° 26498 de Vienne, 
qui est, lui aussi, de Chiriqui, en voici les dimensions : long. corp. 20, pronoti 7, elytr. 26, lat. 
max. 19,5, campi ant. 11 ; long, femor. ant. 7, post. 17. Chez lui, t x est nul, t 2 est une fenêtre 
claire ; le satellite de t 2 est net à gauche ; à droite, ce n’est encore qu’un point sombre. L’élytre 
laisse deviner, mais à peine, un début de sinuation postérieure (omis, fig. 58c du texte). 

(1) Pour des états plus avancés, voir fig. 58 d-f du texte. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


151 


5. Mimetica subintegra Saussure et Pictet. 

Saussure et Pictet (1898, p. 452, 453, PL XXII, fig. 9). Monotype Ç. [Mais où est l’in¬ 
secte?] L’espèce pourrait représenter la forme sinuée de M. viridifolia. Le pronotum est 



Fig. 58a-/. — Divers degrés de développement de l’échancrure antéro-distale mâle, chez les Mimetica ; a-c, M. viridifolia Brunner : 
a, spécimen a du Muséum, Paris ; b, spécimen fi du Muséum, subsinué postérieurement ; c, spécimen 26498 du Musée de 
Vienne (Voir aussi la planche en couleurs, fig. 3). — d-e, M. incisa Stal : d, néallotype <?, spécimen S du Muséum, Paris ; e, spé¬ 
cimen ; du Muséum.— /, M. mortuifolia Pictet, spécimens du Muséum, Paris. La flèche désigne partout la branche externe de 
la fourche par quoi la nervure sous-costale S c se termine. Dessins originaux. 


Source : MNHN, Paris 













152 


P. VIGNON 


décrit pourtant comme moins allongé de l’arrière, avec un bord postérieur non parabo¬ 
lique, arqué seulement. Long. corp. 31,5, pronoti 8, elytr. 40, lat. max. 27,5, campi ant. 16 ; 
long, femor. post. 23, oviposit. 15. Colombie? 

6. Mimetica sicciîolia Saussure et Pictet. 

Saussure et Pictet (1898, p. 452, 454, PL XXII, fig. 14-16). 

Mimetica Saussurei, Kirby (1906, p. 350) nov. nom. pro M. siccijolia Sauss. et Pict., 
nec de Geer. [De Geer a décrit en effet une forme siccijolia ; mais elle est à mettre dans le 
genre Pterochroza, soit au titre de bonne espèce, ce dont je doute fort, soit comme synonyme 
de P. ocellata (Voir cette espèce) : le nom de siccijolia donné à un Mimetica par Saussure et 
Pictet est donc valable.] 

Holotype au British Muséum. L’élytre finit en une pointe courte ; le bord postérieur 
de cet élytre s’arrondit sans marquer le coude distal de M. viridifolia et de M. incisa. Les 
taches t comme chez M. incisa, type de Stâl. L’abdomen crêté, ou presque, du deuxième 
au huitième segment, contrairement à M. viridifolia et M. incisa : deuxième, grand lobe 
lacinié sur l’arrière ; troisième, lobe presque aussi beau, moins élevé ; quatrième, lobe 
moindre ; cinquième, soupçon de lobe ; sixième, presque nu ; septième, assez bon lobe 
lacinié ; huitième, encore un lobe notable. Panama, Volcan de Chiriqui, 4 000 à 6 000 pieds. 

7. Mimetica incisa (Stâl). 

Cycloptera incisa Stâl (1875, p. 37). Ici PI. VI, fig. 45. Le type m’a été communiqué 
par M. le Professeur Sjôstedt. — Mimetica incisa Stâl, Vignon (1924 a, p. 212 ; ici PI. VI, 
fig- 45 )- 

= Mimetica marmorala Saussure et Pictet (1898, p. 452, 453, PI. XXII, fig. 10, 11). 

Monotype Ç au Musée de Stockholm. Élytre d’un brun faible, marbré, zébré. Par rap¬ 
port à viridifolia, l’élytre se tronque plus brusquement après la bosse antéro-distale ; 
dans la pente, les nervures pointent ; l’apex est long et dégagé, de l’avant surtout, par un 
sinus. La tache t x se ronge en se fragmentant le long de la nervure TU'" et de la sous-nervure 
qui la sépare de t 2 . Le satellite de t x forme, dans la cellule U'", deux petits miroirs étirés 
perpendiculairement à TU'". La tache t 2 s’allonge, hyaline, contre la sous-nervure qui la 
sépare de t l ; dans une faible dilatation postérieure, lieu du point sombre originel, un peu de 
tissu granuleux. Dans la cellule S, un simple affaiblissement du tissu représente le satellite 
de t 2 . Beaucoup de points sombres, petits ou gros. Fémurs I à quatre dents. Tibias II dilatés 
à partir de la base sur plus de la moitié de leur longueur. Les pattes postérieures manquent. 
Pronotum, abdomen, plaque génitale, de viridifolia. Long. corp. 24, elytr. 37, lat. 24, campi 
ant. 14 ; long, oviposit. 13. Panama, Chiriqui. 

Mimetica marmorata Saussure et Pictet. La Ç b des auteurs, au British Muséum (ici 
PI. VII, fig. 53). Le système des taches t construit sur le même plan que chez le type de 
Stâl, mais bien plus développé ; le délabrement de l’élytre gagnant la cellule U'", où le 
satellite de t x foisonne beaucoup, et la cellule S, où c’est le satellite de t 2 qui a grossi. Pour 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 


153 


les autres régions attaquées, et surtout pour les énormes pseudo-fructifications cryptoga- 
miques que réalisent ici divers points sombres, voir la figure. Anormalement, je pense, les 
fémurs antérieurs ont six dents; la basilaire est avortée. — Abdomen; premier segment, 
ébauche de lobe ; deuxième, beau lobe ; le reste nu. Plaque suranale en trapèze avec les 
angles postérieurs arrondis, plaque sous-génitale de viridifolia, l’encoche petite. Long. corp. 
32, pronoti 8, elytr. 40, lat. 26, campi ant. 14 ; long, femor. ant. 9,5, post. 24, oviposit. 15. 
Panama, Tolé. — Une $n° 17, étiquetée M. marmorata, au Musée de Genève. Photographie 
de l’élytre droit aimablement adressée par M. le D r Cari. Est-ce la 9 « de Saussure et Pictet, 
dont ils écrivent :« ampliatione anticamagis rotundata ; fusco-castanea, punctis et maculis 
subhyalinis numerosis ubique conspersa »? Sur la 9 de Genève, les nervures antéro-distales 
de l’élytre ne pointent pas. Elytregrand ; long. 49, lat. 30, campi ant. 16. [Habitat de la 9 ^ 
de Saussure et Pictet, Costa-Rica, Caché]. — Une 9 de la Collection Hebard (cet auteur, 
1927, p. 133). Hebard estime que M. marmorata pourrait être synonyme de viridifolia 
Brunner ; voilà qui serait inadmissible, mais l’on voit que j’en fais le synonyme de M. incisa 
Stâl. Cette 9 de Hebard de Bugaba, Chiriqui. 

Néallotype £ : le spécimen - 1 , au Muséum, Paris (fig. 58 d du texte ; PI. VII, fig. 54). 
Marron. t x clair, très petit ; deux petits satellites dans la cellule U'" ; t 2 s’aplatit contre la 
sous-nervure qui coupe en deux la cellule T. Pas de satellite en S. — Abdomen : premier seg¬ 
ment, un lobe subterminal petit ; deuxième, un lobe élevé. Long. corp. 20, pronoti 7, elytr. 
27,5, lat. 17, campi ant. 10 ; long, femor. ant. 8,5, post. 18,5. Costa-Rica. — Un spécimen Ç, 
du Muséum, fait curieusement pointer la branche externe, à la fourche de la sous-costale. 
C’est là de l’excellent mimétisme (fig. 58e du texte ; PL VII, fig. 55). Long, elytr. 29, 
lat. 18, campi ant. 10,5. Costa-Rica. — Au British Muséum, un $ de Chiriqui, La Caldera, 
étiqueté M. siccifolia Saussure et Pictet. 


8. Mimetica mortuifolia Pictet. 

Pictet (1888, p. 30, PI. I, fig. 13-130). Le génotype. Brunner (1895, p. 256, PI. X, 
fig. 112 a, b). 

Mimetica Picteti Kirby (1906, p. 350), nov. nom. pro M. mortuifolia Pictet, nec Walker. 
[Le mortuifolia de Walker étant, contrairement à l’opinion de Kirby, à laisser dans le 
genre Typophyllum, le nom de mortuifolia donné à un Mimetica par Pictet est parfaitement 
valable. Voir Vignon 1926 a, p. 178.] 

= Mimetica Brunneri Saussure et Pictet (1898, p. 452, 453, PL XXII, fig. 8). 

Elytre quadrisinué postérieurement, avec, entre les sinus, des saillants arrondis. 
Sinus modérément creusés. Holotype 9 au Musée de Genève. Insecte brun. Elytre d’un brun 
feuille morte rougeâtre. La figure 13 de Pictet représente l’élytre gauche, vu par-dessous. 
Avec une dilatation antéro-distale plus arrondie, c’est l’homologue sinué de M. incisa Stâl. 
t l nul à droite ; à gauche, simple tissu altéré ; t 2 est une petite fenêtre claire. Aux tibias 
postérieurs, des saillies modérées. L’abdomen abîmé. Plaque sous-génitale « largement 
hexagonale, carénée dans sa seconde moitié, échancrée en angle obtus, subsinuée de chaque 
Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 20 


Source : MNHN, Paris 


154 


P. VIGNON 


côté ». Long, corp. 27, pronoti y, elytr. 39, lat. 26, campi ant. 19 ; long, femor. post. 22, ovipo- 
sit. 16. Guatemala (1). 

Mimetica Brunner i Saussure et Pictet. La $ n° 10324 du Musée de Vienne ( Mimetica 
mortuifolia Pictet, Brunner 1895, P. 256, pl. X, fig. ii2«). Le saillant antéro-distal d’élytre 
simplement plus anguleux que chez le type de Pictet. Panama, Chiriqui. — Au Musée de 
Genève, une Ç. t x : deux taches hyalines se suivant le long de la nervure TU'" ; un satellite 
dans la cellule U'". t 2 grand et clair. Tibias III avec deux forts lobes bianguleux au bord 
dorsal interne. Abdomen? Long. corp. 27, pronoti 8, elytr. 40, lat. 25, campi ant. 14 ; long, 
femor. ant. 9, post. 22, oviposit. 15. Panama, Chiriqui. — Au British Muséum, une $. Dans 
la pente antéro-distale de l’élytre, les nervures pointent à peine. Tibias III rappelant ceux 
du spécimen précédent. Abdomen et plaque sous-génitale de M. incisa. Panama, Tolé. — 
Au British Muséum, une $ de la collection G. et S. : c’est la « variété » de Saussure et Pictet. 
L’élytre couleur tabac plutôt blond : très peu sinué. Plaque sous-génitale en triangle, ayant 
latéralement effacé, donc, les sinus et les angles qui suivaient. Panama, Volcan de Chiriqui. 

Ëlytres verts. Une Ç du Musée de Vienne, ancienne Collection (ma photo n° 1, non 
reproduite). Au bord postéro-distal de l’élytre, deux bons sinus sur les nervures limitantes 
de la cellule T, puis un troisième très faible. t x nul ; t 2 est une petite fenêtre claire. Une tache 
stigmatique noire sur la nervure TP. Abdomen : deuxième segment, beau lobe élevé ; 
troisième, lobe moindre ; quatrième, cinquième, sixième, nus ; au septième, un soupçon de 
lobe ; huitième et neuvième, nus. Chiriqui. — Au British Muséum, une $ : c’est la « variété 
verte » de Saussure et Pictet. Les nervures de la pente antéro-distale ne pointent à peu près 
pas. L’abdomen nu, sauf un lobe que l’on voit mal. Volcan de Chiriqui, de 2 500 à 4000 pieds. 

Spécimens <$. Le 10.844 du Musée de Vienne, fig. 1126 de Brunner (1895). Ëlytre 
vert. Les deux premiers sinus bien marqués ; entre les sinus des saillants arrondis. Chiriqui. 
— Au Musée de Genève, cinq spécimens, dont deux à élytres verts. Sur certains d’entre eux, 
les sinus bien plus marqués que chez le <^de Brunner.—Au British Muséum, un $ moyenne¬ 
ment brun, stigmatisé. Las Mercedes, 3 000 pieds. Un £ très brun, stigmatisé. Chiriqui, 
2 500 à 4 000 pieds. Un à élytres verts, peu sinués. Chiriqui, 4 000 à 5 000 pieds. — Au 
Muséum, Paris, le $ t (fig. 58/du texte ; Pl. VII, fig. 59). Insecte brun. Élytres d’un vert 
franc. Forte tache stigmatique noire sur la nervure TP. Sinus postérieurs remarquables 
en raison des saillants anguleux qui, cette fois, les séparent. t x : deux petites taches hyalines 
contre la nervure TU'" ; un satellite dans la cellule U'". t 2 couvert, brunâtre et serti de brun 
à l’arrière, découvert et non serti à l’avant. Abdomen : premier segment, menue épine 
dressée ; deuxième, grand lobe dressé ; le reste nu. Long. corp. 19, pronoti , 7, elytr. 26, lat. 17, 
campi ant. 10,5 ; long, femor. ant. 8,5, post. 17. Costa-Rica. — Au Musée de Madrid, un^ 
brun, un peu stigmatisé sur la nervure TP. 

Variété bicolor Vignon (1927, p. 242). Un du Musée zoologique de l’Université, à 
Berlin, communiqué par M. le Conservateur D r Ramme. A rattacher soit kM. incisa Stal, 
soit à M. mortuifolia Pictet, suivant que la région postéro-distale de l’élytre est entière ou 
sinuée, ce que l’état de l’insecte ne permet pas de voir. Coloris singulier : la bête étant 
brune, comme aussi le champ postérieur de l’élytre, le champ antérieur est d’un beau vert. 

(1) Les « variétés » vertes ou à peu près vertes de Pictet, les 9 n 09 321 et 320, sont pour moi des viridifolia Brunner. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR T.ES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 155 

L’entaille antéro-distale très creuse ; l’apex antérieurement bien dégagé par un sinus. 
Pattes faiblement épineuses. Abdomen ? (exemplaire à ne pas étaler). Long. corp. 17, pronoti 6, 
elytr. 24, lat. campi ant. 9, post .? ; long, femor. ant. 7, post. 16,5. Ces dimensions rappellent 
bien plutôt le mortuifolia $ que les incisa de Paris. 

g. Mimetica tuberata Vignon. 

Vignon (1924 b, p. 48). Monotype <J, Collection Hope, Muséum, Oxford. Communiqué 
par M. le Professeur Poulton (1). Pronotum original : pas seulement granuleux, mais avec 
de forts tubercules sur le dessus ; sur les côtés, deux granulations noires ; la prozone parti¬ 
culièrement étroite, à bords latéraux parallèles. Elytres verts (comme chez viridifolia, 
contrairement à incisa et à siccifolia). Apex bien dégagé de l’avant et plutôt long (comme 
chez incisa , contrairement à viridifolia et à siccifolia). Le bord postérieur entier, rectiligne, 
puis coudé au second tiers (comme chez viridifolia et incisa , contrairement à siccifolia). 
Abdomen crêté du deuxième au huitième segment (à peu près comme chez siccifolia, 
contrairement à viridifolia et à incisa) : deuxième segment, beau lobe ; troisième, lobe un 
peu moins fort ; quatrième, lobe moins haut et surtout plus court ; cinquième, lobe moindre ; 
sixième, lobe encore moindre ; septième, lobe plus développé ; huitième, lobe très faible. 
Dimensions des espèces voisines. Costa-Rica, Cartago, Las Concavas, octobre 1922. 

io. Mimetica crenulata Rehn. 

Rehn (1906, p. 601, fig. 5 et 6). Monotype n° 9478, à l’U. S. nat. Mus. Washington. 
Elytre vert-olive, fortement sinué du bord arrière ; entre les sinus, des saillants arrondis. 
Premier sinus sur la nervure U // U’" ; golfes profonds sur les nervures U'"T, TS, SS' ; de 
petits sinus encore sur les nervures S'L et LK. L’échancrure antéro-distale aussi remar- 
quable que celle de ma planche VII (fig. 55). L’apex rond et relativement court. Ne semble, 
quand même, différer spécifiquement de mortuifolia que parce que l’abdomen est crêté, et 
sur tous les segments : « Abdomen compressed, each of the segments with a médian acute 
lobule on the dorsal margin ». Long. corp. 20, pronoti 7,2, elytr. 28, lat. 17,5 ; long, femor. 
post. 18,2. Costa-Rica, Turrialba. 

Somme toute, l’on trouve, à Costa-Rica, deux espèces principales : viridifolia et incisa. 
Mortuifolia groupe les formes plus ou moins sinuées de l’espèce incisa. Et l’importance de 
siccifolia, tuberata, crenulata, est secondaire. — Voir plus bas M. aridifolia, de Costa-Rica 
également. 

11. Mimetica Simoni I. Bolivar. 

I. Bolivar (1890, p. 142, 146, fig. 5 ; fig. 6, nymphe). Très petite espèce, à rattacher aux 
précédentes. Cf. Brunner (1895, p. 256). Monotype $, collection Bolivar. A l’élytre, qui est 

(1) Figuré en bas à gauche dans Proceed. ent. Soc. London, 1923, p. LXXXV. Léo’ de droite a été déterminé par moi comme 
M. incisa Stâl et celui qui occupe le haut de la ligure comme M. mortuifolia Pictet. — Pour des indications d’ordre biologique, 
voir Proceed. ent. Soc. London, 1926, I, P 1 1, p. 9. 


1*. VIGNON 


156 

d’un ton feuille morte, une bosse antéro-distale importante à la fin du troisième quart, 
l’apex pointu, dégage de l’avant et de l'arrière, le bord postérieur fortement dilaté dans la 
région moyenne, deux cellules S. Pronotum à peine élargi de l’arrière, concave, granuleux, 
le bord antérieur orné de deux petits tubercules, le bord postérieur subarrondi, avec une 
faible encoche. Les épines des fémurs inconstantes. Plaque sous-génitale en triangle, l’entaille 
minime. Des nymphes ont, à l’abdomen, des expansions verticales sur les deuxième, troi¬ 
sième, septième, huitième segments. [Et l’adulte?]. Long, corp. 23, pronoti 5, elytr. 26, lat. 
campi ant. 8,3, post. 7,4 ; long, jemor. post. 17, oviposit. 9. Venezuela, San Esteban. 

Les espèces suivantes restent, avons-nous dit, plus ou moins en dehors de la série cpii 
précède. 


12. Mimetica imperatrix Hebard. 


Hebard (1924, p. 218, PL X, fig. 5 et 6. Ici fig. 59, d’après Hebard). La forme de l’élytre 
assez spéciale, du fait de cette pente antéro-distale qui se renfle dans la partie moyenne. 

Monotype $ n° 967, Col¬ 
lection Hebard. Bête 
brune, tachée. Élytres 
jaune d’antimoine fon¬ 
cé. Très petite fenêtre 
irrégulière, sertie de 
brun. Pronotum : le 
disque granuleux, plat, 
élevé et large de l’ar¬ 
rière, le bord postérieur 
à deux lobes. [Dans 
quelle mesure ce bord 
arrière s’allonge-t-il?]. 
Pattes. Fémurs I : au 
bord céphalique, deux 
minuscules dents proxi¬ 
males, trois dents api¬ 
cales de tailles croissantes. Fémurs II et III, peu d’épines, irrégulières et faibles, lobes 
géniculaires allongés en triangles. Tibias II très dilatés. Tibias III : face dorsale aplatie, 
les bords munis de très petites épines espacées. [Ces bords ne seraient-ils ni dilatés de la 
base, ni ondulés ensuite?]. Abdomen : les segments proximaux crêtés, modérément. 
Plaque sous-génitale « with lobes showing a trace of angulation and wider than the 
deep emargination by which they are separated ». Long. corp. 27, pronoti 8,8, lat. ant. 
3,1, post. 6,9 ; long, elytr. 60, lat. 37,5, campi ant. 16,8, post. 22,3 ; long, femor. post. 32, ovi¬ 
posit. 17,5. Bucay, Guayas, Equateur, 900 pieds. 



l'ig. 59. — Mimetica imperatrix Hebard.Type $. Spécimen 967, Collection Hebard. 
D’après la planche X, figure 6, de cet auteur. Les grises habituels. 


Source : MNHN, Paris 








RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


157 


13. Mimetica angulosa Vignon. 

(1924 a, p. 209. Ici PI. X, fig. 83 ; fig. 60 a-b du texte.) 

Monotype ? n° 1906-247 au British Muséum. Brun. L’élytre marbre d’un pourpre 
sombre. La pente antéro-distale commence sitôt dépassée la branche interne de la fourche 
sous-costale. Cette pente se creuse, et un vaste sinus conduit à un apex qui remonte beau- 



I ig. 60. — 11, b. Mimetica angulosa Vignon. Type $. British Muséum. L’Évolution a détruit, à l’élytre, les cellules S et S' du 
secteur Rs de la radiale ; on peut les reconstituer (région SS' grisée), en tenant compte de certaines transverses incomplètes, 
ce qui fait du mêmecoup réapparaître lescellules I et /'. Ne pas chercher sur ce dessin les lobes de l’abdomen : voir le texte.— 
b, plaque sous-génitale de l’insecte. —• c, plaque sous-génitale de Mimetica viridijolia Brunner, d’après le néallotype $ du 
Muséum, à Paris (Voir ce néallotype, pl. VI, fig. 44). Dessins originaux. 


coup (x). D’une nervure à l’autre, le sinus creuse,en outre, des golfes. Il semble qu’ils 
soient normalement anguleux : d’où le nom de l’espèce (Voir surtout l’élytre gauche). Le 


(1) Les pointes mousses sont ployées sur l'insecte. C'est à gauche qu'il est le plus facile de redresser l'apex, en idée, et de 
juger de la façon dont il remonte. 











P. VIGNON 


158 

bord postérieur, rectiligne ou presque jusqu’à la cellule U'", se courbe ensuite. Au champ 
arrière, par une exception qui serait unique, les cellules I, T, semblent manquer, le secteur 
de la radiale paraissant simple, et les veines SS', S'L, qui en devraient représenter les 
branches distales, naissant de l’axe directement. Voilà qui, sous le rapport du mimétisme, 
est certes pour achever la copie que l’élytre fait de la feuille. Mais, anatomiquement parlant, 
si l’on tient compte de certaines transverses, il semble que tout rentre dans l’ordre : le 
secteur de la radiale continue de la sorte d’émettre extérieurement des rameaux, et les 
cellules I se rétablissent (lig. 60a). — t v de 4 mm. x 1,5, s’allonge non loin de la veine U"'T, 
les naissances de quelques tractus vestigiaires dentelant les bords de la fenêtre. En U'", 
et perpendiculairement à t v un satellite de 2 mm ,5 X 1,5. La tache t, 2 est un triangle de 
3 mm. x 2, dont la base s’étale sur la sous-nervure transverse, comme il arrive souvent 
chez les Mimetica ; le reste du triangle garde un tissu granuleux, laissant deviner le point 
sombre autour de quoi tout a commencé. Aile : à l’apex, très faible ébauche d’un lobe radial. 
Au pronotum, longue métazone : le maximum de largeur proche de l’arrière, le bord posté¬ 
rieur figurant un triangle surbaissé, dont le sommet se creuse d’une encoche, large et peu 
profonde. Les pattes manquent. Abdomen lobé du deuxième au huitième segment : lobe 
maximum au deuxième segment, moindre au troisième, infime au quatrième; les lobes 
vont en croissant du cinquième au septième segment ; celui du huitième est plus petit que 
le précédent ; ils suivent la même loi que chez les Typophyllum crêtés. Plaque suranale en 
trapèze arrondi. Plaque sous-génitale à deux pointes (fig. 60 b) ; des saillants latéraux angu¬ 
leux, puis, en remontant toujours, de beaux sinus. Sur laplaque, des carènes submédianes 
convergent apicalemcnt sans se rejoindre. Au posternum, deux petites pointes ; au méso 
et au métasternum, des pointes plus fortes. Long. corp. 32, pronoti 9, lat. ant. 4, post. 6,5 ; 
long, elytr. 52, lat. 28, campi ant. 14,5 ; long, oviposit. 19. Guatemala. 

14. Mimetica aridifolia Saussure et. Pictet. 

Saussure et Pictet (1898, p. 452, 454, PL XXII, fig. 12, 13). 

Monotype $ au British Muséum. Brun. L’élytre postérieurement subsinué, plus ample, 
plus dentelé que ne le figurent les auteurs : avec une silhouette faisant penser à un élytre de 
M. incisa rétréci dans le sens antéro-postérieur. Pronotum aberrant [actuellement brisé 
de l’arrière] : la métazone deux fois plus courte que la prozone (1). Le bord postérieur arqué ; 
une large encoche. Belle et longue tache t x ; un satellite en U'". t 2 de taille moyenne ; très 
petit satellite dans la cellule S. La nervure TP stigmatisée. Fémurs I à quatre dents ; 
fémurs II à cinq dents, dont les deux premières sont infimes ; fémurs III à neuf dents 
environ ; tibias III pas mal lobés, cela suivant le mode normal. L’abdomen crêté fortement 
du premier au huitième segment ; les lobes aigus ou laciniés. Plaque suranale : trapèze apica- 
lement échancré. Plaque sous-génitale avec une entaille apicale aux angles adoucis,et sinuée 
latéralement ; sur la plaque une carène basilairement double. Long. corp. 19,5, pronoti 6,5, 
elytr. 35, lat. 19 ; long, femor. post. 21, oviposit. 11,5. Costa-Rica, Rio Sucio. 

(1) Cette métazone anormalement courte ne serait-elle pas accidentelle? L’étroitesse del’élytre n’irait-elle pas alors avec 
l’avortement tératologique d’une métazone que les Mimetica ont d’habitude spécialement longue? 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 


159 


ANNEXE AUX PT K ROC H RO ZÆ 

Groupe des PARAPTEROCHROZÆ Vignon. 

Vignon (1926 a, p. 177). 

J’ai dû retirer du groupe des Ptérochrozes trois formes que l’on avait eu bien tort d’y 
mettre, et qui ne sont même pas vraiment des Sauterelles-feuilles. Tout reposait ici sur une 
erreur de Pictet (1888), qui se croyait devant un Cycloptera aurantifolia Stoll, alors que 
l’insecte n’était ni de l’espèce aurantifolia, ni du genre Cycloptera. Décrivant des formes 
proches de la Sauterelle de Pictet, Brunner (1895), d’une part, Saussure et Pictet (1898), 
d’autre part, crurent aussi avoir sous les yeux des Cycloptera. Vint Kirby (1906), qui recti¬ 
fia les choses quant au nom d’espèce à donner au faux Cycloptera aurantifolia de Pictet, 
et qui l’appela du nom nouveau de reticulata. Mais les trois espèces de Pictet, de Brunner, 
de Saussure et Pictet, continuaient de ressortir au genre Cycloptera : et cela, pendant que, 
pour Pictet, Brunner, Saussure, les vrais Cycloptera devenaient non moins fâcheusement 
des Chlorophylla. Telle est la confusion à quoi je mis un terme en 1926, non seulement en 
créant, pour les faux Cycloptera, le genre Paracycloptera, mais en plaçant les Paracycloptera 
dans un nouveau groupe, celui des Paraptérochrozées. 

Caractères des Paraptérochrozées : ceux du genre unique Paracycloptera. 


Genre PARACYCLOPTERA Vignon. 

Cycloptera Serville, Pictet (1888, p. 41) ; Brunner (1895, p. 267) ; Saussure et Pictet 
(1898, p. 457) ; Kirby (1906, p. 353). 

Paracycloptera Vignon (1926 a, p. 177). 

Voir la diagnose de Pictet. — Pronotum dorsalement cylindrique sur l’avant, plat et 
large sur l’arrière. Pattes grêles et longues, tibias intermédiaires bien moins dilatés de la 
base que chez les Cycloptera. Les pattes, toutes garnies en dessous de deux rangées d’épines, 
y compris les tibias antérieurs et intermédiaires ; les fémurs postérieurs avec de vraies 
épines aiguës sur toute la longueur du bord ventral externe et sur la seconde moitié du bord 
ventral interne ; des lobes géniculaires épineux aux fémurs des seconde et troisième paires 
de pattes. Deux rangées dorsales d’épines aux tibias postérieurs. Ces pattes, donc, beaucoup 
moins évoluées que celles des Ptérochrozes. Abdomen : premier segment, lobe avorté ; 
le reste nu. Êlytre : l’apex, nullement pointu, incliné vers l’arrière ; le champ antérieur 
formant bien plus que les trois cellules B, C, D, des Ptérochrozes avant que la sous-costale 
ne s’infléchisse. Au champ postérieur, le secteur de la radiale non fourchu, la médiane lon¬ 
guement parallèle à la radiale ; dans le couloir qui sépare la médiane de la radiale puis du 
secteur de cette radiale, pas de cellule P différenciée ; la cellule homologue de T finissant, 
sur le bord de l’élytre, bien plus près de l’apex que chez les Ptérochrozes. L’élytre vert n’est, 


Source : MNHN, Paris 


LÉGENDE DE LA PLANCHE H 


Fig. 62. — Paraptérochrozées Vignon. Paracycloptera Vignon reticulata (Kirby), Ç. British Muséum. (Voir aussi 
fig. 61 du texte.) A l’élytre, une tache stigmatique pâle au bas de la cellule désignée, chez les Ptérochrozées, 
par la lettre F. 

Fig. 64. — Paracycloptera grandifolia (Brunner). Type $ . Musée de Berlin. (Voir aussi fig. 63 du texte.) La tache 
stigmatique pâle est, cette fois, au bas de la cellule T des Ptérochrozes et correspond à la tache t Y ; mais elle 
ne dérive de l'évolution d'aucun point sombre. D’après une photographie adressée par M. le Conservateur 
D r Ramme. 


Source : MNHN, Paris 



ARCHIVES DU MUSEUM - 6 e série. Tome W 


PL H 


62 



64 



SAUTERELLES PARAPTÉROCHROZÉES Vignon 
GENRE PA R A C V C LO PT E R A Vignon 


Masson et O, éditeurs 


Source : MNHN, Paris 









Source : MNHN, Paris 


K h. CHERCHES SUR LF.S S AUTEREI. LES-FEU fLLEs DF I.AMÉRIQUE TROP 11 Al. F .6) 

en outre, nullement peint, comme il l’est chez les Ptéroclamées, aux teintes recherchées 
et complexes. Pas de points sombres, donc aucune des menues taches qui résultaient spéciale¬ 
ment de l’utilisation, de l’évolution de ces points. Et ce n’est pas la tache stigmatique blan¬ 
châtre des deux premières espèces qui pourra rivaliser avec les multiples simulations à 
quoi se livrent les Ptérochrozes. Bref, il suffira de comparer les figures qui vont suivre avec 
l’une quelconque de celles 
qui ont accompagné, jus 
qu’à présent, ce mémoire, 
pour se convaincre que 
Ptérochrozées et Parapté- 
rochrozées diffèrent pro¬ 
fondément. — Génotype: 

P. reticulata Kirby. 


i. Paracycloptera reticu¬ 
lata (Kirby). 

Cycloptera aurantifo- 
lia Stoll, Pictet (1888, ri g 
p. 42). Type 9 au Musée 1 
de Genève. Brunner (1895, s . 
p. 267). 

Cycloptera reticulata Kirby (1906, p. 353) nov. nomen pro aurantifolia Pictet (1888) 
nec Stoll (1787). 

Paracycloptera reticulata Kirby, Vignon (1926 a, p. 117). [Le nom d ’ aurantifolia ayant 
été donné à l’insecte en vertu d’une erreur d’attribution manifeste, le type ne doit pas 
reprendre ce nom après avoir changé de genre.] (Ici fig. 61 du texte ; PI. H, fig. 62, d’après 
la seconde des 9 n os 43 - 4 2 du British Muséum.) 

La radiale finissant, sur l’élytre, tantôt devant, tantôt derrière l’apex. Une tache blan¬ 
châtre à la base de la cellule que j’appelle F chez les Ptérochrozées. Fémurs I ; bord ventral 
céphalique, huit fines épines, toutes à peu près de même taille. Abdomen : premier segment, 
une bosse obtuse ; des pincements modérés terminant les segments postérieurs. Plaque 
suranale en trapèze. Fig. 61 : psg, plaque sous-génitale 9 -Dimensions de la 9 ici représentée : 
long. corp. 49, pronoti 10, lat. 8,5 ; long elytr. 57, lat. campi ant. 16, post. 14 ; long, femor. ant. 
17,5, post. 35, oviposit. 26. — $ n° 291a du British Muséum : long. corp. 31,5, pronoti 9, 
lat. 8 ; long, elytr. 49, lat. campi ant. 13, post. 12 ; long, femor. ant. 15, post. 29. Membrane 
tympanique $, à l’élytre : ovale de 10 mm. x 5,5 ou 6. — Des spécimens aux Musées de 
Genève, Vienne, Londres ; au Muséum, deux $. Brésil (1). 

(!) Pour ce qui est de l’élvtre, rapprochons cette espèce du Simodéré Parasimodera Sattssuni Cari, de Madagascar. 



61. — Paraptérochrozées Vignon. Paracycloptera Vignon reticulata (Kirby), $. 
•'après le spécimen du British Muséum représenté planche H (fig. 62). Noter que le 
;cteurde la radiale ne se bifurque pas, chez ces Paracycloptera. — psg, plaque 
)us-génitale, avec carène axiale. Dessin original. 


Archives du Muséum, 6 e Série. 


V. — 21 


Source : MNHN, Paris 







IÔ2 


P. VIGNON 



2. Paracycloptera grandifolia (Brunner). 

Cycloptera grandifolia Brunner (1895, p. 267, 268). 

Paracycloptera grandifolia, Vignon (1926 a, p. 178). 

Type $ au Musée de Berlin, photographié pour moi (fig. 63 du texte ; PL H, fig. 64). 


Fig. 63. — Paraptérochrozées Vignon. Paracycloptera Vignon grandifolia (Brunner). Type $. Musée zoologique de l'Université, 

Berlin. D’après la photographie reproduite planche H, figure 64. 

Fémurs antérieurs; bord ventral céphalique, cinq épines, bord ventral opposé, io épines. 
Plaque sous-génitale large, à deux lobes arrondis. Dimensions, d’après Brunner: long. corp. 46, 
pronoti 17 [?], elytr. 63, lat. 33 ; long, femor. ant. 14, post. 34, oviposit. 26. Brésil? — Une Ç 


Source : MNHN, Paris 









RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 163 


au Musée de Vienne. Bien noter les caractères du pronotum, dont la zone antérieure, dor- 
salement cylindrique, diffère tellement de ce que les Ptérochrozes nous montraient. Êlytre : 
il est impossible, une fois ouvert, de ramener cet élytre à un plan ; et même une section pra¬ 
tiquée par le travers de l’élytre dans sa région moyenne serait très courbe. En moins accen¬ 
tué, le fait est vrai aussi de P. reticulata. Dans la région axiale, où elles courent l’une sous 
l’autre, la radiale et la sous-costale sont distinctes. A la base de la cellule qui correspond à la 
cellule T des Ptérochrozes, une tache blanchâtre opaque. Fémurs I : carènes ventrales 
munies de très petites épines, la carène céphalique en portant trois ou quatre, et l’opposée 
de cinq à sept. Fémurs II : bord ventral céphalique, cinq à six épines; l’autre bord sans 
épines. Fémurs III : tout le bord ventral externe épineux; quelques épines apicales sur le 
bord interne. Tous les lobes géniculaires épineux. Tibias postérieurs moins épineux ven- 
tralement quedorsalement. Long. corp. 41, pronoti 13 ,lat. ant. 9,5, post. 12 ; long, elytr. 67, 
lat. campi ant. circa 17, post. circa 18 ; long, femor. ant. 16, post. 39, oviposit. 27. Bahia. 

3. Paracycloptera carinifolia (Saussure et Pictet). 

Cycloptera carinifolia Saussure et Pictet (1898, p. 457, PI. XXII, fig. 20). 

Paracycloptera carinifolia, Vignon (1926a, p. 178 ; ici fig. 65 du texte). Monotype $ 


GENRE « PARACYCLOPTERA» 

TABLEAU DES ESPÈCES 

1 (2). Élytre antéro-distalement peu bossu : après un saillant subanguleux, une pente modé¬ 
rément convexe mène à un apex peu ou pas contracté. Après que la sous-costale s’est 
infléchie vers l’avant, la radiale émet antérieurement une première branche, cela avant de 
s'infléchir obliquement elle-même vers l’arrière, pour émettre postérieurement, au terme 
de cette oblique, le secteur Rs. Devant l’oblique, une tache stigmatique pâle. Au champ 
postérieur, et parallèlement à la radiale, une longue médiane zigzagante (fig. 61 du texte ; 

PI. H, fig. 62) [des <2 et des$ connus]. i. P . reticulata. 

2 (1). Élytre formant, antéro-distalement, une bosse plus ample : après le saillant, une pente, 
plus convexe, mène à un apex plus ou moins contracté. 

3 (4). Élytre allongé ; apex peu contracté. L’axe d'élytre rectiligne dans l’ensemble. Après 
que la sous-costale s’est infléchie vers l’avant, la radiale s’infléchit obliquement vers 
l’arrière, cela très brièvement et sans émettre, en ce point, de rameau antérieur : presque 
aussitôt, elle reprend sa marche rectiligne. Le secteur Rs, émis postérieurement par la 
radiale au terme de l’oblique, est d’abord perpendiculaire à l’axe de l’élytre, pour se 
couder bientôt à angle droit. Ce coude résulte de quelque chose comme une attraction 
exercée sur Rs par la médiane, elle-même attirée. Rs et la médiane ne se rejoignent pas. 

Aussitôt après que ces nervures ont commencé de diverger, une tache stigmatique pâle 
occupe la base de ce qui serait, chez les Ptérochrozées, la cellule T. Entre la radiale et la 
partie proximale de la médiane, des nervures de jonction (fig. 63 du texte ; PI. H, fig. 64) 

[seulement 2 $ connues]. 2. P. grandi folia. 

4 (3). Élytre raccourci, apex nettement contracté, en retrait par rapport à la courbure 
antéro-distale de l’élytre. L’axe d’élytre un peu courbé vers l’arrière, proximalement, 
puis brisé vers l’arrière par une oblique, elle-même coudée, à mi-longueur de quoi la 
radiale émet une branche antérieure. Par rapport à cette oblique, le secteur Rs naît 
lui-même obliquement, pour rejoindre, sur une certaine longueur, la médiane : ainsi se 
trouve écrasé, supprimé, l’emplacement où P. grandifolia mettait une tache stigmatique. 

Entre la radiale et la partie proximale de la médiane, pas de nervures de jonction (texte, 

fig. 65).,[seulement 1 £ connu.] . 3. P. carini/olia. 









P; VIGNON 


au Musée de Genève. On pourrait se demander si cet unique exemplaire n’est pas le de 
P. grandifolia ; l’étrange déformation de l’élytre constituerait alors un caractère purement 
sexuel. Mais, à en juger par l’étroite ressemblance qui, chez P. reticulata, règne entre les $ 
et les les formes carinata et grandifolia doivent appartenir à des espèces distinctes. — 
Selon les auteurs, la sous-costale et la radiale sont ici basilairement fusionnées. Tous les 
lobes géniculaires acuminés, les postérieurs épineux. Plaque suranale transverse, le bord 
postérieur arqué. Cerci comprimés, triangulaires et pointus. Plaque sous-génitale ovalaire 
avec deux angles, apicalement échancrée, les angles de l’échancrure adoucis. Long. corp. 
39, pronoti 13, lat. post. 13,5 ; long, elytr. 58,5, lat. 42, long, campi analis 33 ; long. fem. 
post. 32. Guyane. 


R 


Fig. 65. Paraptérochrozées Vignon. Paracydoptera Vignon carinifolia (Saussure et Pictet). Type <£. Musée de Genève. 

D'après la figure des auteurs 



Source : MNHN, Paris 







DEUXIEME PARTIE 


RECHERCHES SUR QUELQUES SAUTERELLES 
PHANÉR0PTÉR1DES AMÉRICAINES 

I 

Croupe TOPANA, ATOPANA Viguon, PYCNOPALPA 

Ce qui fait le puissant intérêt de ce groupe, c’est la façon dont on y voit naître et gran¬ 
dir un mimétisme qui, d’abord assez quelconque, finit par influer sur l’anatomie de l’élytre 
et par exiger la collaboration du corps lui-même : l’élytre, alors, copie la feuille avec des 
raffinements singuliers, le corps simule la nécrose, et la base de l’élytre participe de la 
pseudo-nécrose, pendant que le reste de cet élytre se livre à une copie toute végétale. — 
Mais j’ai dit que l’anatomie de l’élytre se mettrait comme au service du mimétisme-feuille: 
en effet, une nervure se déplace, une autre s’évanouit, pour que les taches aient toutes 
leurs aises. 

Une veine se déplace : le secteur de la radiale, qui naît plus distalement, tout comme 
est distalement reportée la furcation de ce secteur. Une autre nervure s’évanouit : le rameau 
antérieur de la fourche que formait la veine médiane. 

L’étude systématique doit partir des formes qui ne copient rien de spécial, — et qui 
n’en souffrent certes point, — pour mener à celles dont le mimétisme est de grand luxe. 

La notion d’un mimétisme de pur luxe, d'un mimétisme hypertélique, s’impose ici 
plus que jamais. 

Voir aujourd’hui encore, chez Brunner (1878, p. 29, 321) la diagnose du genre Plagio- 
ptera Stâl, tel que Brunner le comprenait. Mais ces Plagioptera selon Brunner sont à répartir 
entre les genres Topana Walker et Pycnopalpa Serville. A ces genres de Serville et de Walker 
vient s’ajouter maintenant le genre Atopana (Vignon, 1930). Telle est la constitution pré¬ 
sente du groupe. 

Remarques sur l’évolution du groupe : 

i° Au vertex, le sillon du scutellum s’ouvrait d’abord postérieurement : sur l’arrière, 
les carènes du même scutellum divergeaient alors un peu (Voir notamment le type de 
Topana cincticornis). Mais le sillon butait sur une saillie faible, ébauche de la bosse, de 
la dent.de la corne, de Topana tuberculata, Topana dentata, Atopana cornuta ; les carènes, 
s’allongeant, auront rejoint cette saillie : voilà qui aura engendré les sillons fermés de l’ar. 


Source : MMHN, Paris 


GROUPE « TOPANA », « ATOPANA », « PYCNOPALPA » 


TABLEAU DES G EN'K ES 


1 (2). A l’élytro, la portion distale de la nervure médiane intacte. Quand, vers le milieu 
de cet élytre, il existe une tache importante, elle est située entre l’extrémité, coudée, de la 
médiane, et le dernier des rameaux émis par cette nervure vers l’arrière ; disons : dans la 
fourche de la médiane (fig. 66 du texte, PI. J, lig. 71). Le secteur de la radiale simplement 
à deux branches, en apparence, ou réellement. Au pronotum, les arêtes latérales de la selle 

munies ou non d’un lin rebord. G. Topana. 

2 (1). A l’élytre, la portion distalc de la médiane détruite, complètement ou en partie. La 
tache principale à cheval sur le trajet de cette portion plus ou moins détruite de la mé¬ 
diane. Le secteur de la radiale formant, visiblement, une fourche complexe, du fait que le 
fourchon antérieur se bifurque nettement (fig. 67 et 68 du texte). 

3 (4). Élytre très étroit, linéaire, contrairement à l’un des caractères essentiels des genres 
Topana et Pycnopalpa. La selle du pronotum munie d'un fin rebord ; elle n’est pas ici 

dilatée de l’arrière. G. Atopana. 

I (3). Elytre ovalaire et assez ample, comme chez les Topana. Au pronotum, les bourrelets 
latéraux envahissent en grande partie la selle pour créer une figure en double cœur : 
le double cœur pouvant être d’une bonne largeur (P. bicordata), ou très étroit 
(P. angusticordatd) . G. Pycnopalpa. 


TABLEAU DES ESPÈCES DU GENRE TOPANA 
). Selle du pronotum : aux arêtes latérales, pas de rebords. 

(5). A peine ou pas de tubercule à l’arrière du scutellum développé apicaleinent sur 


le^vertex. 

3 (4). Dans la fourche de la médiane, pas de tache importante. 1. T. cincticornis. 

4 (3). Une tache importante. 11 s’agit d’une tache media : 11e rejoignant pas le bord 

postérieur de l’élytre. 2. T. media. 

5 (2). A l’arrière du scutellum, un tubercule notable. 

6 (7). Ce tubercule encore d’une taille restreinte. Au pronotum, la selle plane, non 
étranglée dans la région moyenne, et relativement longue (4 millimètres). Pattes pos¬ 


térieures longues (fémurs 16 millimètres, tibias 18) ; fémurs postérieurs peu dentés, 


leurs lobes géniculaires simplement en triangles. 3 - tuberculata. 

7 (6). Le tubercule développé en une vraie dent. Au pronotum, la selle courte (2 mm. 3/4), 
s’étranglant dans la région moyenne, formant un peu le toit à deux pentes sur l’avant. 

Pattes postérieures courtes (fémurs 12 millimètres, tibias 13) ; fémurs postérieurs 

dentés fortement, leurs lobes géniculaires longs et pointus. 4 - dentata. 

S (1). A la selle du pronotum, latéralement, de fins rebords. A l’élytrc, une tache postica : 
rejoignant le bord postérieur et s’étalant un peu sur ce bord. 

9 (10). La selle du pronotum élargie de l’arrière, ses bords latéraux bisinués ; entre les sinus, 

une dent pointe vers le dehors. 5 - T. postica. 

10 (9). Sinus et dent à peu près effacés. 6. T. aurigera. 


Le manque de caractères anatomiquement distinctifs par rapport à T. media, ainsi que l’existence de maintes formes inter¬ 
médiaires, feraient tomber en synonymie T. cincticornis. Mais, d’une part, il faut pouvoir continuer de nommer les formes de 
début chez qui la tache media manque encore, et, d’autre part, on ne sait pas ce que révéleraient soit l’étude biologique, soit 
l’examen des organes mâles internes. Je conserve donc, pour l’instant, Topana cincticornis. 

D’après la description, j’ignore si T. rubiginosa Bruner (1914-1915) diffère anatomiquement de postica. Les caractères tirés 
du coloris pourraient n’être ici que de faible valeur. 


Source : MNHN, Paris 












RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEU TL LES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 167 

rière, qui sont fréquents. — 2 0 La selle du pronotum aura eu d’abord des arêtes latérales 
mousses, faites d’un tissu un peu opaque, jaunâtre, brunissant aux implantations des 
poils (1). De telles arêtes auront aisément produit ensuite les rebords, les ourlets, de 
T. postica, de T. aurigera, et ceux des Atopana. Observons maintenant, vers le milieu de la 
selle, un certain ornement axial en Y ou en lyre (fig. 70 A, par exemple) ; eh bien, chez des 
spécimens tels que le type de T. cincticornis (fig. 70 A),le tissu des arêtes latérales pousse 
deux pointes qui atteignent les branches de l’ornement : et telle est, chez les Pycnopalpa, 
l’origine de la figure en double cœur (fig. 70 B). Je retrouve à présent la trace de l’ornement 
axial sur la selle, si évoluée, de P. angusticordata (fig. 89 D, y). — 3 0 Dans l’aire basali- 
costale de l’élytre, maints spécimens, notamment le cotype de Topana cincticornis, mettent, 
du fait d’une dépigmentation relative, une translucidité vague, s’étendant le long du bord 
costal. Même, au Muséum, sur l’exemplaire 7 de Topana media, l’aire translucide est bordée 
par de faibles mouchetures, mises en ligne, qui vont obliquement rejoindre le bord antérieur 
de l’élytre (Pl. J du texte, fig. 71). Or, nous sommes là devant l’ébauche, fort imprévue, 
de la tache basali-costale définie, faite d’une région interne plus claire et d’une bordure 
plus sombre, qui caractérise les Topana postica, rubiginosa, aurigera, les Atopana (Pl. M 
du texte, fig. 88), et les Pycnopalpa. Chez P. angusticordata, l’intérieur de la tache garde 
d’ailleurs encore un peu de la translucidité première. Quant à P. bicordata, il fait, de cette 
tache basali-costale, l’emploi merveilleusement mimétique que j’avais dit (1924c, p. 301, 
lignes 15-18). — 4 0 Sur le bord ventral céphalique des fémurs antérieurs, le groupe, en évo¬ 
luant, tend à faire avorter proximalement deux, trois, des cinq épines originelles (Voir, 
pour l'état premier des épines, la figure 73), en même temps qu’il développe une lame 
portant les deux épines apicales. Certains exemplaires de Topana media, notamment le 
spécimen y du Muséum, sont nettement évolués à cet égard par rapport à Topana cincti¬ 
cornis (fig. 75). C’est Pycnopalpa angusticordata qui va ici le plus loin (fig. 79, P, à). — 
5 0 Les cerci $ formant d’abord une corne simple (fig. 74), déjà, chez un exemplaire de Topana 
postica (Coll. R. Ebner, Vienne, ici fig. 80 B), cette corne porte une dent préapicale, et il 
surgit chez les Atopana une modificat on plus sérieuse, que l’on dira (Voir fig. 83 B, C). 


Genre TOPANA Walker. 

Walker (1869, p. 364). 

Plagioptera Stal (1873, p. 41, 1874, P- 16), P*o parte. 

Première section. Selle du pronotum sans rebords aux arêtes latérales. Première 
division : aucun tubercule notable à l’arrière du sillon longitudinalement creusé dans l’orne¬ 
ment en saillie, ou scutellum, du vertex (formes cincticornis et media). 

1. Topana cincticornis (Stâl). 

Plagioptera cincticornis Stâl (1873, p. 43, 1874, p. 33). Brunner (1878, p. 323-324). 
Topana cincticornis, Kirby (1906, p. 478). Le type $ et un paratype <$, conservés 

(1) Accentué, ce brunissement engendre les variétés qui portent, au Musée de Vienne, des étiquettes lineata, mises par Brunner. 


Source : MNHN, Paris 


r6 s 


H VIGNON 


au Musée de Stockholm, m’ont été communiqués par M. le Professeur Sjostedt. 
Type de Stâl. L’insecte a dû être vert. Scutellum du vertex (fig. 69 a). Le sillon, d’une 




Fig. 66-68. — Fig. 66 : Topana media Walker. Klytrc droit. Spécimen y du Muséum, Paris (Voir Pl. J, fig, 71). —■ PsC, ma veine 
pseudo-costale ; SC, sous-costale ; R, radiale. RS, secteur de la radiale. Bifurquée plus tardivement que dans les genres A topana 
et Pycnopalpa, la branche distale donne ici un aspect plus simple à la fourche que forme le secteur (Voir les fig. 67 et 68). 
M, nervure médiane. Est grisée la fourche ultime de cette nervure. Le fourchon distal est représenté par des traits interrompus 
que séparent des points : cette branche, la crosse de la médiane, se détruira partiellement ou tout à fait chez les A topana 
et les Pycnopalpa. Dans la zone basali-costale de l'élytre, une certaine translucidité visible chez certains spécimens seulement 
annonce la tache définie qui caractérisera les espèces évoluées du genre Topana ainsi que les genres Atopana et Pycnopalpa 
(fig. 67 et 68). — Fig. 67 : Atopana ( Topana ) varia Walker. Néallotype <£ au Muséum, Paris. La tache « postica », ombrée en 
traits obliques, n’est pas l'homologue exact de celle de Topana postica Walker, puisqu'elle est ici non pas incluse dans la fourche 
par quoi devrait se terminer la médiane, mais à cheval sur la branche antérieure quasi détruite de cette fourche, c'est-à-dire 
sur ce qui reste de la crosse de la médiane (fig. 66). — Fig. 68 : Pycnopalpa bicordata Serville. D’après un spécimen g 
du Muséum, Collection Finot (représenté Pl. XI, fig. 94, et Pl. L, fig. 86, 87). Chez les P. bicordata typiques, rien ne persiste 
de la crosse de la médiane (mais voir Pl. K. fl" 84. 85). Dessins originaux exécutés à la chambre claire, comme tous ceux qui 
vont suivre. 


Source : MNHN, Paris 

































RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 169 


bonne longueur, est bordé par des carènes mousses, ne rejoignant pas la saillie ébauchée 
sur l’arrière, si bien que le sillon reste ici ouvert, postérieurement : tel est le dispositif que je 
tiens pour premier. Pronotum (fig. 70 A). De la pointe du V, extrêmement ouvert, que 
forme le bord antérieur, part une ébauche de carène axiale, que l’espèce dentata développera. 
Une bande brune s’esquisse déjà en dedans du bourrelet postérieur de la selle. Arrondies, 
les arêtes latérales sont mieux marquées sur l’arrière que sur l’avant, oii les coupe un sillon. 



Fig. 69. — Scutellum développé, dans le groupe Topana, A top an a, Pycnopalpa, sur le vertex. Fondamentalement, le sillon du 
scutellum est ouvert de l’arrière (/, d, e) ; mais il se peut qu’il bute sur un tubercule à tout le moins esquissé (a) : il arrive fré¬ 
quemment alors aux rebords latéraux du sillon de rejoindre cette bosse et de fermer ainsi le scutellum (g, h). — a, Topana 
(Plagioptera) cincticornis Stâl. Type — b, Topana ( Plagioptera ) luberculata Brunner. Type ?. Le scutellum vu de profil 
pour montrer le développement que prend ici le tubercule. — c, Topana dentata Vignon. Type?. Le tubercule est maintenant 
une vraie dent. — d, Topana postica Walker Collection R. Ebner. — e, A topana varia Walker. Néallotype au Muséum, 
Paris. — /, Pycnopalpa bicordata Serville, aspect le plus fréquent. — g, môme espèce. Spécimen <$ au Muséum : développe¬ 
ment curieux pris par des sculptures qui dépendent du scutellum et rejoignent les yeux. — h, Pycnopalpa angusticordata Vignon., 
Type au Muséum. Paris. Scutellum et sculptures annexes. Dessins originaux. 

Les pointes vagues que le tissu des arêtes latérales pousse au-devant des branches de l’orne¬ 
ment en Y sont inconstantes : elles n’en annoncent pas moins, disais-je, le double cœur de 
Pycnopalpa bicordata (fig. 70, B). Faces réfléchies du pronotum : un peu plus hautes que 
larges, le bord antérieur, d’abord sinué, puis droit, s’arrondissant brièvement pour mener 
au bord inférieur, qui, rectiligne ou à peine sinué, descend suivant une oblique assez courte, 
le bord postérieur s’arrondissant. Élytre non taché, pas d’aire basali-costale translucide : 
on est devant une forme débutante. (Patte antérieure gauche : fig. 73.) Fémurs III très peu 
épineux : sur le bord ventral externe, deux épines apicales à demi avortées, dont la proximale 
est la plus forte. (Plaque sous-génitale et cerci : fig. 74.) Le dernier segment abdominal 
faisant pointer un triangle rabattu assez large, creusé d’un sillon d’axe. Long. corp. 13, 
pronoti 3,2 , lat. posl. 2,2, ont. 1,7 ; long, elytr. 21, lat. 8,5 ; long, iemor. ant. 4, post. 13,5. 
Brésil. 

Archives du Muséum, 6 e Série. 


V. — 22 




170 


P. VIGNON 


Paratype de Stâl. A l’arrière du scutellum, l’ébauche du tubercule de la deuxième 
division se voit déjà en regardant obliquement. Ëlytre. Dans la fourche de la médiane 
(Voir fig. 66, /M), une tache, médiocre, commence à prendre le pas sur celles qui, proximale- 
ment, naissent entre les rameaux postérieurs de la médiane, ainsi que sur la tache du cou¬ 
loir qui règne entre la médiane et le secteur de la radiale. Une aire basali-costale translucide, 
nettement délimitée à gauche, bien plus diffuse à droite. Les pattes manquent. 

Spécimens du Musée de Vienne, ainsi que de la Collection de M. le Professeur D r Ebner, 
tous communiqués par celui-ci. — Spécimen 7248, étalé. Insecte vert, et très frais. Le 
front, jaunâtre, et latéralement moucheté en raison des impressions brunies des poils, se 



Fig. 70.— Selle du pronotum.— A, Topana (Plagioptera) cincticornis StaI.TypecJ.— B,Pycnopalpa bicordata Serville. — C, Topana 
(Plagioptera) tuberculata Brunner. — Le tissu, jaunâtre, opaque, qui, chez Topana cincticornis, forme les bords latéraux de la 
selle, prolifère dans le genre Pycnopalpa. En lançant, chez P. bicordata, des pointes qui rejoignent l'ornement axial en forme de 
lyre, il engendre le double cœur : voir, en A, chez Topana cincticornis, type de Stàl, l'ébauche du double cœur. Cette ébauche 
est inconstante dans l’espèce. Dessins originaux. 


renfle entre les joues bien vertes. Séparée du front proprement dit par un sillon, une côte 
descend verticalement sous les yeux. Scutellum du vertex : sur l’arrière, le sillon, peu creusé, 
se ferme devant une faible saillie comprimée latéralement. Selle du pronotum : les bords 
latéraux, un peu bruns, n’envoient pas vers l’axe ces pointes dont je disais qu’elles ex¬ 
pliquent comment aura pris naissance le double cœur des Pycnopalpa. Élytre : une longue 
zone basali-costale actuellement sans couleur, mal définie. Des ébauches de taches, rappe¬ 
lant, en plus rudimentaire encore, celles du paratype de Stâl. Fémurs III ; cinq ou six épines 
cette fois, et mieux formées : trois apicales, deux ou trois correspondant au terme de la 
dilatation basale. Rio de Janeiro. — Un Coll. Brunner, ex-Coll. Sommer. Une zone basali- 
costale translucide, non définie. Des taches punctiformes entre les rameaux postérieurs de 
la médiane, dans la fourche terminale de cette nervure, dans le couloir qui règne entre la 
médiane et le secteur de la radiale, dans la fourche du secteur. Fémurs III du type à six 
épines réparties en deux groupes. Rio de Janeiro. — Une 9 . Coll. Brunner, étiquetée « var. 
liheata » en raison du brunissement des arêtes latérales, au pronotum. L’élytre multiplie 


Source : MNHN, Paris 







RECHERCHES SUR EES SAUTERELLES-FEUILLES DE T.'AMÉRIQUE TROPICALE 171 

les taches punctiformes. Tibias I : cette fois une épine définie, sur la pente, côté non cépha¬ 
lique, de l’épaississement basilaire dorsal. Fémurs III : six épines, dont l’antépénultième 
assez forte. Plaque sous-génitale apicalement ovale, avec une encoche à peine marquée. 
Long. corp. 15, pronoti 3, elytr. 22, lut. 9 ; long, jemor. ant. 4,5, post. 14, oviposit. 5,5. Lages, 
Brésil. — Coll. Ebner. Un $. Au pronotum, les bords latéraux de la selle sensiblement brunis. 
Elytre. La tache située dans la fourche de la médiane ayant déjà quelque importance. 
Fémurs III à cinq ou six épines réparties en deux groupes. Rio Grande do Sul, Brésil. 

Au British Muséum, trois spécimens : un ^ du Paraguay, Sapucay; une $ de Gavea, 
Rio de Janeiro, d’un beau vert ; un g de l’Argentine, chez qui la tache de la fourche de la 
médiane commence à prédominer. — Au Muséum, Paris, une $ «, du Brésil, avec pas mal 



de taches punctiformes et une translucidité basali-costale rappelant celle de la figure 71 
(PI. J du texte). Aux fémurs III, six épines, en deux groupes. Une $ de Theresopolis, Brésil ; 
aux fémurs III, les six épines; la tache principale commençant à grandir ; dimensions 
assez fortes : long. corp. 15, pronoti 3,5, elytr. 24, lat. 10 ; long, femor. ant. 4,5, post. 14. Une 
$ fi, de Jatahy, Goyaz, Brésil, plus petite : long, elytr. 20,5, lat. 8,5 ; pas de taches, pas de 
transparence basali-costale ; fémurs III, quatre ou six épines, en deux groupes. 

2. Topana media Walker. 

Walker (1869, p. 365). Monotype au British Muséum. A l’exception de la tache déve¬ 
loppée maintenant dans la fourche de la médiane, il semblerait qu’il s’agît d’un cincticornis : 
cette tache belle, nettement sertie de l’avant, floue et lobée de l’arrière, le pourtour translu¬ 
cide (comme PL J, fig. 71); une petite tache dans la cellule qui précède, une autre dans la 
cellule qui suit. Elytre longuement, mais vaguement dépigmenté dans l’aire basali-costale. 
Fémurs I du type non évolué : cinq épines disposées comme chez le type de Stâl ; fémurs 
III du type qui, sur le bord ventral externe, répartit cinq à six épines en deux groupes ; 





LÉGENDE DE LA PLANCHE J 


ig. 71. — Topana media Walker, Spécimen y, Muséum, Paris. (Voir aussi la ligure 66 du texte.) Une tache 
« media », enclose dans la fourche de la nervure médiane, embrassée donc, antérieurement et distalement, 
par la crosse de cette médiane. La crosse disparaîtra en totalité ou en partie dans les genres Atopana et 
Pycnopalpa. — Une translucidité basali-costale, obliquement coupée par une ligne de mouchetures faibles : 
c’est là une esquisse, inconstante, de la tache basali-costale définie que l'on trouve chez d’autres Topana, 
ainsi que dans les genres Atopana et Pycnopalpa. Grossissement direct 9,5. Photo Le Charles, 
ig. 72. — Pycnopalpa angusticordata Vignon (1924). Type g. Muséum, Paris. Crosse de la médiane en grande 
partie détruite : une veine très faible, incluse, sur la photographie, dans une bande sombre, en représente 
pourtant la région apicale. Rameau proximal de la fourche de la médiane reporté vers la base de l'élytre. 
Naissance du secteur de la radiale reportée au contraire distalement. Une tache « media », de propor¬ 
tions considérables, copie la mine en plaque de certaines Chenilles Tinéides. L’on découvre seulement 
sur la figure la base d’une grande tache préapicale, tout aussi belle. (Pour une photographie d’ensemble, 
voir PL X, lig. 92.) Grossissement direct 12. Photo Le Charles. 


Source : MNHN, Paris 



ARCHIVES DU MUSEUM - 6 • série, Tome V. 


PI. J 




Photos Le Charles 


SAUTER MLLES PI I ANÉRO.PTÉRIDES 
DES GENRES TC)PANA ET PYCNOPALPA 


Masson et C'*, éditeurs 


Source : MNHN, Paris 

























Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES UE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


173 


plus précisément, trois épines apicales, deux vers le terme de la dilatation de base. Long, 
corp. 16, pronoli 3,5, elylr. 22, lat. 9 ; long, femor. ant. 4, post. 14. Brésil. 

Au Muséum, Paris, un X, de Diamantina, Brésil, chez qui l'on croirait que la tache 
media soit en cours de développement 
dans une aire dépigmentée, d’un aspect 
actuellement bleuâtre, alors que le reste 
de l’élytre a tourné au jaune. Très 
vague translucidité basali-costale. Fé¬ 
murs III à cinq ou six épines réparties 
en deux groupes. — Un du Brésil. 

La tache media assez grande, d’une sil¬ 
houette vague. Fémurs III comme ci- 
dessus. 

Au Musée de Vienne, de l’ancienne 
Coll. Brunner, un étiqueté var. lineata 
parce que, comme il a été dit plus haut, 
les arêtes latérales du pronotum y sont 
brunes, Sur la selle du pronotum, l’Y 
reporté sensiblement plus en avant que fig. 74. — Topana (Plagiopterà) cincticornis Stâl. Type <J. Plaque 

d’habitude, avec des branches courbées génitale et cerci. Ces derniers sans nu. ressaut avant Papex. 

Dessin original. 

à angle droit par rapport à la tige. La 

tache media de 1 mm. 3/4 x 13/4; les autres taches, punctiformes, peu accentuées. Une 
translucidité basali-costale. Fémurs I du type que je dis évolué : deux belles épines api¬ 
cales portées sur une lame commune, les épines proximales, au nombre de deux, présentes 

sur le fémur droit, pres¬ 
que avortées sur le gau¬ 
che. Fémurs III, sept 
épines. Lages, Brésil. 
— Au Muséum, Paris 
(fig. 66), le y, de 
Theresopolis. [Tête té¬ 
ratologique.] L’élytre 
spécialement allongé 
dans sa moitié distale 
(Long, elytr. 25, lat. 10). 
Tache media (PI. J, fig. 
71) : le pourtour clair 
correspondant à une 
transparence marquée 
de l’élytre. La translucidité basali-costale très intéressante, puisqu’ici l’on voit naître, 
à la limite postérieure de cette formation, une suite oblique de menues taches à peine 
esquissées encore : le tout montrant comment aura pris naissance la tache basali- 



Fig. 75 - — Topana media Walker. Spécimen •; 
du Muséum, Paris. Patte antérieure gauche. 
Vue céphalique. Chez ce spécimen, l’évolution 
des épines du fémur antérieur est déjà très 
poussée : non seulement, en effet, les deux 
épines proximales sont près de disparaître, 
mais les deux apicales sont portées sur une 
dilatation lamellaire. (Pour l’état initial, voir 
fig. 73.) Dessin original. 












174 


P. VIGNON 


costale définie des types qui sont plus évolués à cet égard. Evolué au double point de vue 
de la translucidité basali-costale et de la tache media, le spécimen l’est aussi pour ce qui 
a trait aux fémurs antérieurs (fig. 75), les épines apicales étant portées par une lame qui, 
nettement, se dilate, tandis que les deux épines basales disparaissent. Notons aussi que, de 
façon générale, l’apex des fémurs postérieurs se tache de brun en même temps que se déve¬ 
loppe la tache media, sur quoi, au repos, cette portion apicale des fémurs se projette : et 
voilà qui est bien marqué sur cet important spécimen 7 du Muséum. — L’évolution du 
groupe a fait maintenant assez de chemin pour qu’il semble qu’il soit besoin vraiment de ces 
deux noms, Topana cincticornis, Topana media, pour marquer le niveau d’à présent, tout en 
rappelant de quel point le genre était parti. 

Seconde division de la première section du genre : au vertex, le tubercule, que déjà le 
paratype de Topana cincticornis ébauchait, s’est développé sur l’arrière du scutellum. Pas 
de tache media privilégiée : sous ce rapport, les deux seuls insectes connus se rattachent 
donc à Topana cincticornis. 


j. Topana tuberculata (Brunner). 

Plagioptera tuberculata Brunner (1878, p. 324). 

Topana tuberculata, Vignon (1930, p. 549). Monotype $ au Musée de Vienne, commu¬ 
niqué par M. le Professeur D r Ebner. La figure 69 b montre le tubercule, de trois quarts. 
Pronotum relativement long (fig. 70C) ; les arêtes latérales de la selle, adoucies, mar¬ 
quées aujourd’hui surtout par leur décoloration : Brunner les disait orangées. La selle est 
plane. Élytres très amples, le bord postérieur arrondi. Il y a tendance à l’alignement de 
points testacés pâles, entre la radiale et son secteur, dans la fourche du secteur, dans le 
couloir qui règne entre le secteur et la médiane. Dans la fourche de la médiane, et entre les 
rameaux émis par cette nervure sur l’arrière, les points testacés se pressent davantage. Les 
ponctuations rouges que signalait Brunner, noirâtres aujourd’hui, sont au centre des mou¬ 
chetures testacées les plus proches de la médiane, derrière celle-ci. Les points ou taches 
blanchâtres résultent d’une décoloration du réseau ; un pigment intra-aréolaire produit 
ensuite les ponctuations rouges (aujourd’hui noirâtres), qui sont nombreuses, une fois 
observées au microscope : pour les plus minimes, une seule aréole est pigmentée ; 
gagnent-elles en importance, plusieurs aréoles se teintent ; pour celles que signalait Brunner, 
il y a comme une dilatation et une dépression des aréoles, le réseau lui-même étant cette 
fois bruni. Fémurs antérieurs du type, non évolué, de Topana cincticornis. Fémurs posté¬ 
rieurs portant les deux groupes de trois épines signalés fréquemment ci-dessus : les épines 
trapues, avec une pointe acérée mais très courte. Ces fémurs III longs et grêles (fig. 77, C). 
Plaque sous-génitale? Long. corp. 13, pronoti 4, elytr. 24, lat. 12 ; long, jemor. ant. 5, post. 16, 
tibiar. post. 18, oviposit. 5,5. Bahia. 

4. Topana dentata Vignon. 

(1:930, p. 550). Monotype Ç 22241 au Musée de Vienne, communiqué par M. le Pro¬ 
fesseur D r Ebner. L’insecte d’un vert-olive obscur. Aux antennes, de distance en distance, 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


175 


des segments entiers sont brun noir ; dans les intervalles, la plupart des articulations sont 
brunes aussi. Les yeux, très saillants, pas très longs, fauves, avec des stries antéro-posté¬ 
rieures d’un brun violacé sombre. Le dernier segment des palpes maxillaires nettement 
dilaté en forme de massue. Le haut du front rond du bout, coloré comme le reste. La partie 
renflée du front formant une sorte d’écusson inférieurement bilobé. Sous les bourrelets 
antennaires, deux côtes mousses, parallèles à la partie inférieure, horizontale, de ces bour¬ 
relets ; le saillant linéaire qui descend sous les yeu ;, et qui fait encore partie du front, 
prolonge ces côtes : ces sculptures plus marquées ici que d’habitude. L’ornement apical du 
vertex, le scutellum, s’arrondit du bout, qui se soulève. Le sillon détache vers l’avant deux 
courtes branches transverses qui incisent faiblement les carènes latérales. Dans le sillon, 



Fig. 76. — Topana dentata Vignon. Type. Pronotum. — D, la selle; L, face latérale gauche. Dessin original. 


plus court que chez tuberculata, tombe, cette fois, postérieurement, l’arête abrupte et 
mousse d’une vraie dent, haute de plus des 2/3 de la longueur du sillon (fig. 69c). Le haut 
de la dent est arrondi. Arête et sommet se détachent d’une assez importante dilatation du 
vertex, qui les soutient. — Pronotum court (fig. 76, D). Le sommet du V, très largement 
ouvert, que forme le bord antérieur de la selle, marque le début d’une carène longitu¬ 
dinale, assez courte ; de part et d’autre de cette carène la selle s’abaisse en pente de toit. 
Les bords latéraux de la selle très mal marqués en avant. Ces bords latéraux forment un 
bourrelet, vague, interrompu, taché d’impressions brunâtres d’où naissent des poils. Les 
bourrelets plongent, antérieurement, vers les faces réfléchies du pronotum ; ils se rap¬ 
prochent pas mal ensuite l’un de l’autre, pour diverger enfin au dernier tiers de la selle, où 
les bords sont mieux marqués. Le bord postérieur de la selle arrondi sur les côtés, creusé 
au milieu d’une faible encoche, marbré de brun, ourlé nettement, comme le sont d’ailleurs 
le bord antérieur de la selle et ceux des flancs du pronotum. Pas de sillon axial, sur la selle, 
dont la région moyenne, rétrécie, porte l’ornement connu, plus ou moins en forme de lyre. 
Les faces réfléchies du pronotum plus hautes que larges (environ 3 mm ,i contre 2,6 ; 
fig. 76, L). — Élytre ovale, assez large, le bord dorsal menant, par une courbe faiblement 
convexe, à une dilatation dont le maximum est au second tiers de l’élytre. L’apex tend à 


Source : MNHNParis 







P. VIGNON 


176 

marquer une pointe obtuse. L’aile dépasse l’élytre de 5 m m ,5, comptés sur le bord postérieur. 
L'aire cubito-anale faiblement tachée de brun. De vagues taches brunâtres sur deux bandes 
longitudinales externes tenant chacune un tiers environ de la largeur de l’élytre : les taches 
décomposées en des mouchetures occupant les aréoles que laissent libres les fines nervures. 
Nombreuses et bien groupées dans les intervalles des branches émises postérieurement par 
la médiane, ainsi que dans le couloir qui règne entre l’extrémité coudée de cette médiane 
et le secteur de la radiale, les mouchetures sont plus rares dans la fourche du secteur, ainsi 
qu’entre le secteur et le bout, infléchi vers l’arrière, de la radiale. — Les pattes courtes 
par rapport à Topana tuberculata, et dentées plus fortement ; les lobes géniculaires pro- 



Fig. 77. — A, B, Topana d entât a Vignon. Type.— A, patte antérieure gauche. Vue céphalique. Au fémur, les deux épines apicales 
portées sur une lame commune. Au tibia, une épine sur la pente de la dilatation dorsale de base. — B, patte postérieure gauche, 
fémur et tibia. Belles épines. En A et B, lobes géniculaires allongés et pointus. — C. Topana ( Plagioptera) tuberculata Brunner. 
Type. Fémur postérieur droit : allongé, peu épineux, lobe géniculaire peu développé. Dessins originaux. 


longés, acuminés. Fémurs I, bord ventral céphalique, les deux dernières des cinq dents épi¬ 
neuses de dimensions croissantes poussent sur une lame commune (fig. 77, A). Tibias I : les 
bords ventraux bien épineux ; une épine sur la pente par quoi se termine la dilatation 
dorsale de base ; cette dilatation tenant environ les 2/5 du tibia. Fémurs II dentés comme 
les antérieurs. Tibias II ventralement épineux : deux épines sur la dilatation qui occupe 
dorsalement la moitié proximale du tibia. Fémurs III courts (fig. 77, B) : bord ventral 
externe, huit bonnes épines, dont l’antépénultième, dilatée de la base, est la plus forte. 
Plaque sous-génitale Çdistalement ovalaire, le bout creusé d’un sinus faible. Long. corp. 13, 
pronoti 2 3/4, elytr. 24, lat. 9,5 ; long, jemor. ant. 3 3/4, post. 12, libiar. 13. Espirito-Santo. 

Deuxième section du genre. La selle du pronotum avec des rebords latéraux bien définis. 
Sur l’élytre, une tache principale brune atteignant le bord arrière, pour s’étaler un peu 


Source : MNHN, Paris 









RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 177 

contre ce bord. Cette tache postica située, comme la tache media de tout à l’heure, dans la 
fourche par quoi la médiane se termine. 


5. Topana postica Walker. 


Walker (1869, p. 365). Monotype n° 53-72 au British Muséum. Au pronotum, les 
sinus, que les arêtes latérales de la selle forment avant et après la dent médiane, un peu 
plus creusés que chez le spécimen de la Coll. Ebner, dont il va être parlé : l’accentuation 



Fig. 78. — Topana postica Walker. Spécimen S, Collection R. Ebner.— Pm, palpe maxillaire. — D, selle, et L, face latérale droite 

du pronotum. Dessins originaux. 


du second sinus valant donc à la dilatation qui suit une courbe plus forte. Sur la selle, une 
teinte uniformed’un jaune sale. Élytre : une tache basali-costale bien nette. Pattes. Fémurs I, 
deux épines seulement : celle qui existe proximalement chez le spécimen de la Coll. Ebner 
faisant défaut. Fémurs III, sept ou huit très petites épines. Les cerci n’offrant pas le ressaut 
préapical dont il sera question tout à l’heure. — Au British Muséum encore, un beau spé¬ 
cimen $ du Paraguay. Grande tache postica. Une bonne tache dans le couloir qui règne 
entre le bout, coudé, de la médiane et le secteur de la radiale. Tache basali-costale bien 
définie. 

Dans la Collection de M. le Professeur D r Ebner, à Vienne, un <$ qui m’a été communi¬ 
qué. Tête, faces réfléchies du pronotum, pleuræ, abdomen, testacés. La selle du pronotum 
d’un jaune sale. Élytre vert, avec l’aire cubito-anale partiellement brune ; une tache basali- 
costale, mais pas très brune, cela en raison de la pâleur des régions du corps sur quoi elle se 
détache ; tache postica foncée. Scutellum (fig. 69 d) : le sillon, ouvert de l’arrière et venant 
buter contre un soupçon de tubercule, se creuse à peine entre des carènes mousses (fig. 78, 
Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 23 


Source : MNHN, Paris 











i 7 « P. VIGNON 

Pm le palpe maxillaire ; D, L, le pronotum). Au pronotum, le fin bourrelet de la selle blanc- 



Fig. 79 - — Fémur antérieur gauche, vue céphalique, le bord ventral en haut : T. p., chez Topana postica Walker, <?, Collection 
R. Ebner ; A. v., chez A topana (Topana) varia Walker, néallotype çj, Muséum, Paris ; P. b, chez Pycnopalpa bicordata Serville, 
spécimen Muséum, Paris ; P. p., chez Pycnopalpa bicordata var. permaculata Vignon, type?. Muséum, Paris (cet individu 
a des épines exceptionnellement fortes) ; P. a., chez Pycnopalpa angusticordata Vignon, type <J, Muséum, Paris. Dessins ori¬ 
ginaux. 


ivoire. En dedans de ce bourrelet, un étroit filet pourpre, passant au brun foncé, sur l’arrière. 




Fig. 80. — Topana postica Walker, <?, Collection R. Ebner. — A, plaque sous- 
génitale ; B, cerci. Les cerci avec un ressaut préapical, qui manque chez le 
type de Walker. Dessins originaux. 


L’ourlet blanchâtre des faces 
réfléchies se tache de pourpre : 
des points pourpres tranchant 
sur le testacé des faces elles- 
mêmes (fig. 79, T. p., fémurs I, 
à trois épines). Tibias I peu épi¬ 
neux ; pas d’épine sur la pente 
par quoi se termine la dilatation 
dorsale de base. Fémurs II à 
quatre épines. Fémurs III : lobes 
géniculaires mousses, trois pe¬ 
tites épines apicales, un espace, 
deux petites épines, puis, proxi- 
malement, des vestiges presque 
invisibles. Fig. 80, en A la plaque 
sous-génitale $ ; en B, à voir les 
cerci avec la tête de l’insecte en 


haut, on découvre un ressaut préapical. Long. corp. 14, pronoti 4, elytr. 19, lat. 7, long, 
femor. ant. 3,5, post. 13. Assuncion, Paraguay. 


Source : MNHN, Paris 































RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 


179 


Topana rubiginosa Bruner (1914-1915, p. 330). Monotype <$ n° 2157 au Carnegie 
Muséum. En quoi l’insecte différerait-il anatomiquement de T. postica ? (L’auteur signale 
justement, p. 330, une $ de T. postica, de Puerto Suarez, Bolivie.) Et sans doute, d’après 
Bruner, le pronotum ne serait long que de 3 millimètres, mais Rehn (1918, p. 357) donne, 
lui, au pronotum du même spécimen je crois, une longueur de 3 mm ,6. Couleur : tête brun 
rouge, faces réfléchies du pronotum, pleuræ, abdomen, bruns. Chapada, Brésil. 


6. Topana aurigera (Rehn). 


Pycnopalpa aurigera Rehn (1918, p. 353-357, PI. XIX, fig. 5 et 6, PL XX, fig. 3). 

Topana aurigera, Vignon (1930, p. 549). Holoytpe $n° 5352, Acad. nat. Sri., Phila¬ 
delphie. Par rapport au pronotum de T. postica (1), les arêtes latérales sont peu ou pas 
sinuées ; la dent qui séparait les sinus a disparu. La tête plus large, ajoute Rehn, les yeux 
plus longs, le segment distal du palpe moins renflé. Les faces réfléchies du pronotum moins 
dilatées. Le champ antérieur de l’élytre proportionnellement plus large. Les pattes plus 
courtes. Fémurs I, deux bonnes épines apicales; fémurs III, plusieurs épines distales irré¬ 
gulières. Long. corp. 11,2, pronoti 3,5, lat. 2,9 ; long, elytr. 19,6, lat. 7 ; long, femor. ant. 3,2, 
post. 11,5. Chanchamayo, Pérou, 1 000 mètres. —Allotype <$: long. corp. 11,1, pronoti, 3,7, 
lat. 2,4 ; long, elytr. 18,7, lat. 6 ; long, femor. ant. 3, post. 10,6. Même origine. 


Genre ATOPANA Vignon. 


1:930 (p. 548, 552). Génotype au British Muséum : Topana varia Walker (Ici fig. 67 ; 
PI. M, fig. 88). 

Élytre très étroit, contrairement à la diagnose donnée par Brunner (1878, p. 322) 
pour ce genre Plagioptera Stàl, qui, dans la pensée de l’auteur viennois, devait renfermer à 
la fois cincticornis Stâl et Pycnopalpa bicordata Serville (2). En outre, la tache postica 
n’est pas ici l’homologue de celle de Topana postica Walker, puisqu’elle est maintenant 
à cheval sur l’extrémité quasi détruite de la médiane, et non incluse dans ce qui était tout 
à l’heure la fourche terminale de cette nervure. Enfin, au lieu de former, comme chez les 
Topana, une fourche pratiquement simple, le secteur Rs de la radiale bifurque ici très vite 
et très visiblement un rameau antérieur. 

Deux espèces : A. varia, sans tubercule notable à l’arrière du scutellum ; A. cornuta 
Uvarov, en ce point, une corne fine et haute. 

(1) L’auteur écrit : par rapport au pronotum de T. rubiginosa Brunner. 

(2) « Das Genus zeichnet sich durch... die breiten Deckfliigel », écrivait Brunner. Voir aussi sa clé des genres, p. 29 : « Elytra 
ovata, valde dilatata... : Plagioptera Stâl. » Voir encore la clé de Brunner (1914-1915, p. 295) : « Tegmina ovate, in their apical 
third three times as wide as the length of the pronotum », ce qui menait tant au genre Topana Walker qu’au genre Pycnopalpa 
Serville. D’ailleurs, Walker avait introduit dans la diagnose du genre Topana cette mention : alæ anticœ latœ. 


P. VIGNON 


180 


i. Atopana varia (Walker). 

Topana varia Walker (1869, p. 366). 

Atopana varia, Vignon (1930, p. 552). 

Monotype $ au British Muséum. Ce qui reste de l’antenne droite avec de lins anneaux 
bruns, largement espacés. Aux yeux, pas de segment postéro-interne vert. Le vertex, 
blanchâtre, n’a pas les couleurs tranchées que nous verrons au La selle du pronotum 



Fig. 81. — Atopana (Topana) varia Walker, néallotype A, Muséum, Paris. — D, selle; L, face latérale gauche du pronotum ; Pm 

palpe maxillaire. Dessins originaux. 


d’un jaune verdâtre : elle a pu être verte jadis. Pas de zones rouges aux faces réfléchies 
du pronotum, mais de faibles traces rougeâtres dans des aires maintenant déteintes. L’élytre 
d’un vert manifestement décoloré ; une tache basali-costale. Une tache postica , située 
comme il a été dit : avec une plus grande distance que chez le Rentre la tache et la transverse 
qui joint la base du secteur de la radiale à la médiane. Le secteur de la radiale pareil à 
celui du <$, mais avec des taches brunâtres entre ses branches ; des taches entre le secteur 
et la radiale (deux bonnes taches distales, de petites taches proximales) ; de petites taches 
entre radiale et médiane; un groupe de faibles taches entre les deux derniers des rameaux 
émis postérieurement par la médiane : dont il ne faut pas oublier que le bout est ici quasi 
détruit. Fémurs I : voyez le $. Fémurs III : trois épines apicales; au terme de la dilatation 
de base, cicatrices brunâtres d’épines aujourd’hui disparues. Oviscapte : valve dorsale atté¬ 
nuée du bout, valve ventrale ne dépassant presque pas l’autre, et ronde du bout. Les bords 
des valves crénelés, modérément : le bord dorsal crénelé sur toute la longueur de la partie 
rectiligne, le ventral sur le quart, environ, de sa longueur. Long. corp. 7,5, pronoti 4, lat. 
post. 2,8 ; long, jemor. ant. circa, 4, post. 13. Para. 


Source : MNHN, Paris 







RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 1S1 

Néallotype au Muséum, Paris (PI. M ; fig. 88 ; fig. 67 du texte). Antennes? Les 
yeux plus longs que la région qui les sépare de la bouche, bruns, avec des lignes antéro¬ 
postérieures sombres et un segment postéro-interne d’un vert pâle. Front brun arrondi, 
sans aucune côte parallèle à la section horizontale des bourrelets antennaires. La côte, 



Fig. 82. — Alopana (Topana) varia Walker, néallotype Muséum, Paris. Fémur postérieur droit. Rien que deux épines apicales 

médiocres, lobes géniculaires mousses. Dessin original. 


faisant latéralement partie du front, et descendant sous les yeux, est peu marquée. La 
plaque du haut du front d’un blanc verdâtre, ses angles supérieurs arrondis. Scutellum 
(fig. 69e), de base triangulaire, creusé d’un sillon apicalement étroit, et ouvert largement 
sur l’arrière. Ce sillon brun, avec des carènes mousses qui, dans leur moitié distale, sont du 
ton vert blanchâtre qui domine sur le vertex ; deux lignes brunes, divergentes, les pro¬ 
longent, et il règne transversalement entre ces lignes des stries irrégulières, brunes aussi 
(fig. 81, Pm, le palpe maxillaire ; D, L, le pronotum). A peine élargie de l’arrière, la selle 
du pronotum est, transversalement, subconvexe dans les deux tiers antérieurs, et plane 



Fig. 83. — A topana (Topana) varia Walker, néallotype â, Muséum, Paris. —* A, plaque sous-génitale; B, cerci vus dorsalement, mon¬ 
trant la convexité d’un cuilleron préapical; C, ccrci vus ventralement, montrant la concavité du cuilleron, dont les bords sont 
garnis de soies. Dessins originaux. 

ou subconcave dans le dernier tiers ; elle est d’un vert franc, lumineux (que la chaleur de 
la lampe a malheureusement décoloré, sauf à l’arrière). Sur la selle, un faible sillon d’axe 
n’atteint pas le bord postérieur ; avant le second tiers, une dépression transverse. Faces 
réfléchies du pronotum : le ton brun s’éclaircit brusquement en un beau rouge dans le 
quart inférieur, et aussi dans le quart supérieur, mais, là, plus étroitement, le vert de la 


Source : MNHN, Paris 
















i8z 


P. VIGNON 


selle mordant quelque peu sur les faces réfléchies. — L’élytre d’un beau vert franc. L’aire 
cubito-anale d’un brun soutenu qui, distalement, passe au vert. A la tache basali-costale 
brune (PI. M, fig. 88) font suite des lignes obliques, pareillement brunes, qui se raccour¬ 
cissent à mesure que le champ antérieur se rétrécit lui-même : il semblerait, à les voir, 
que ce soient des lignes équivalentes qu’un ton général ait réunies, englobées, pour former 
la tache costale de base. Sur le bord antérieur du dépassant vert de l’aile, des mouchetures 
analogues. Dimensions de la tache postica, 2 mm ,5 X 2,5. Au sein de cette tache, ma pho¬ 
tographie fait briller des vestiges, irrégulièrement rameux, de la crosse quasi détruite de la 
médiane. Les rameaux antérieurs de la sous-costale, les branches postérieures de la médiane 
obsolètes. — Le corps brun, mais nullement d’un ton feuille morte : des mouchetures 
irrégulières tachent simplement de pourpre un fond pâle, que l’on retrouve sur le bord 
inférieur, aux faces réfléchies du pronotum. En rapport avec la tache postica, l’apex des 
fémurs III est très brun. La plus grande partie de leur dilatation basale comme grisée pour 
prendre la valeur moyenne du corps, pendant que tourne au brun pourpre la partie de 
cette dilatation qui correspond à la tache basali-costale de l’élytre. Rien de tout cela n’est 
proprement mimétique. Le reste du fémur postérieur est d’un vert assez franc (fig. 79, A. v., 
fémur I, à trois épines). Tibias I avec une dilatation basale n’atteignant pas le tiers de leur 
longueur, à peine d’épines ventrales, pas d’épine sur la dilatation dorsale de base. Fémurs II 
à quatre épines écartées, l’apicale seule assez belle. Tibias II avec quatre épines ventrales. 
Fémurs III (fig. 82): lobes géniculaires mousses, deux épines apicales médiocres. —Fig. 83, 
en A, la plaque sous-génitale $ ; en B, C, les cerci, remarquables : dorsalement, donc la 
tête de l’insecte en bas, ils montrent, au pied d’une corne apicale aiguë, le dos convexe 
d’un cuilleron, dont on voit la concavité ventrale en mettant à l’insecte la tête en haut. Les 
bords ventraux du cuilleron garnis de soies serrées (cerci de la $ tout ordinaires). Long, 
corp. 11,5, pronoti 4, lat. 2,6 ; long, elytr. 19,5, lat. 4,5 ; long, femor. ant. 3 ,post. 12,5. Guyane 
française (Saint-Jean-du-Maroni). 

2. Atopana cornuta (Uvarov). 

Topana cornuta Uvarov (1925, p. 682). 

Atopana cornuta, Vignon (1930, p. 553). Monotype d'au British Muséum. Sauf l’épine 
aiguë, obliquement dirigée vers l’avant, qui pointe derrière le scutellum, l’insecte est pareil 
au néallotype à’Atopana varia. Aux fémurs I, pourtant, un rudiment d’une quatrième 
épine, proximalement située; aux fémurs III, une troisième épine, presque avortée, vers la 
fin de la dilatation de base. Guyane anglaise (Takatuni River). 


Genre PYCNOPALPA Servifle. 


Serville (1839, p. 408). 

— Soria Walker (1869, p. 363). 

Plagioptera Stâl, pour Brunner (1878, p. 321-322). 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 183 


Génotype, P. bicordata Serville (ici fig. 68 du texte; PL X, fig. 89-92; PL XI, fig. 93-95; 
PL J, fig. 72 ; Pl. K, fig. 84-85 ; PL L, fig. 86-87). 

Normalement, il ne reste rien ici du bout, de la crosse, de la médiane (cette crosse est 
dessinée en traits interrompus fig. 66 du texte) ; voir pourtant la variété morata Vignon, 
qui a gardé ou qui rétablit la portion distale de la crosse. La très belle tache media est, 
comme la tache postica du genre Atopana, à cheval sur l’ancien trajet de la crosse. Cette 
tache témoigne de changements profonds survenus dans l’anatomie même de l’élytre. Une 
autre très belle tache, préapicale celle-là et située en majeure partie entre la radiale et 
le secteur de cette radiale, offre une structure pareille. En rapport avec la tache préapicale, 
l’élytre se modifie aussi devant les veines radiale et sous-costale : non seulement, en effet, les 
mouchetures obliques qui font distalement suite à la tache basali-costale, fort belle ici, 
prennent plus d'importance, mais, entre elles, le tissu revêt, au voisinage de la tache pré¬ 
apicale, un aspect nécrosé, et le bord de l’élytre se déprime plus ou moins, comme desséché 
et racorni. — Secteur de la radiale. La comparaison des figures 66 et 68 du texte montre 
que l’origine en est reportée distalement. La furcation du secteur est, en même temps, 
retardée. Comme chez les Atopana, le fourchon avant se bifurque lui-même très vite, et le 
tout fait ici la patte d’oie. L’effet de ces changements est de laisser à la tache media et à la 
tache préapicale une grande place : ce dont profitera surtout l’espèce angusticordata. 

Vert ex (fig. 69, /, g, h). Vers l’extrémité postérieure du scutellum, deux tubercules pairs 
(amorcés chez Atopana varia) se développent sur les carènes chez Pycnopalpa bicordata. 
Quant au sillon, divers individus le laissent postérieurement ouvert (fig. 69/) ; chez d’autres, 
non seulement les carènes rejoignent le faible tubercule, mais de légères sculptures ondulées 
mènent à des bosses qui se marquent sur les bourrelets oculaires (fig. 69 g,h). Selle du pro- 
notum : pour comprendre l’origine de la figure en double cœur, comparer les figures 70 A et B. 


TABLEAU DES ESPÈCES 

1 (2). Pronotum. La selle modérément élargie de l’arrière, non étranglée dans la partie 
moyenne ; les aires planes du double cœur tenant presque toute la largeur de la 
selle (fig. 70, B). Fémurs antérieurs, bord ventral céphalique, trois dents aiguës (fig. 79, 

P. 6.). Ëlytre. Le fin réticulum non empâté, élytre mat ; le long d’un certain nombre de 
nervures ou sous-nervures, des aréoles dilatées (Pl. L, fig. 86). Le coude de la médiane 
proche du secteur de la radiale ; une brève transverse unit ce coude à la base du secteur. 

Les taches préapicale et media d’aspect rongé : à des aréoles irrégulièrement dilatées se 

superpose le pigment brun des tractus internes et du cadre (même figure). 1. P. bicordata. 

2 (1). La selle du pronotum nettement élargie de l’arrière (3 millimètres contre 2), étranglée 
dans la partie moyenne ; deux lobes postérieurs arrondis ; les aires planes du double cœur 
très étroites (fig. 89, D). Au bord ventral céphalique des fémurs antérieurs, une lame api¬ 
cale porte une ou deux dents vestigiaires (fig. 79, P. a.). A l’élytre, le fin réticulum empâté, 
élytre brillant ; pas d’aréoles dilatées le long des nervures ou sous-nervures (Pl. J, fig. 72). 

Ix; coude de la médiane très éloigné du secteur de la radiale ; une transverse joint oblique¬ 
ment ce coude à la nervure radiale elle-même. Aux taches préapicale et media, pas d’aréoles 
dilatées ; ces taches copient les mines en plaque de certaines chenilles Tinéides du genre 

Nepticula (même figure). 2. P. angusticordata. 





LÉGENDE DES PLANCHES K ET L 


Fig. 84 et 85. — Pycnopalpa bicordata Serville, var. morata Vignon (1930). (Voir PI. XI, fig. 93.) TypeÇ, Muséum, 
Paris. Élytre droit, photographié sur fond blanc, et sur fond noir. La portion apicale de la crosse de la 
médiane, normalement détruite chez Pycnopalpa bicordata, reparaît ici sous la forme d'une forte veine 
un peu noueuse, semblant naître basalement du réseau par des racines irrégulières. La tache media 
offre également ici des aspects plus primitifs que chez les représentants typiques de l'espèce. Grossissement 
direct 12. Photos Le Charles. 

Fig. 86 et 87. — Pycnopalpa bicordata Serville^. Forme typique, Muséum, Paris (Voir PI.XI, fig. 94, et fig. 68 
du texte). Elytre droit, photographié sur fond blanc et sur fond noir. On voit comment le rendu de la 
tache media , anatomiquement ébauchée du fait d’une dilatation des aréoles, s’achève grâce à l’emploi 
d’un pigment brun qui en définit les tractus internes et la bordure. Grossissement direct 12. Photos 
Le Charles. 


Source : MNHN, Paris 



Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSEUM - 6‘ série, Tome V. 


PI. K 


84 


85 


SAUTERELLES P 1 IANÉR 0 PTÉR 1 DES 
DU GENRE PYCNOPALPA 


Photos Le Charles 




Masson et C‘% éditeurs 


Source : MNHN, Paris 












ARCHIVES DU MUSEUM - 6 e série , Tome V. 


PL L 






87 


Photos I.e Charles 

SAUTERELLES PI IANÉROPTÉRI DES 
DU GENRE PVCNOPALPA 


Masson et O, éditeurs 


Source : MNHN, Paris 





































Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 


185 


1. Pycnopalpa bicordata Serville. 

Locusta bicordata Serville (1825, p. 343, n° 7). 

Pycnopalpa bicordata , Serville (1839, P- 408). L'auteur entendait créer, dans le genre 
Phylloptera, un sous-genre Pycnopalpa. Monotype Ç, Coll. Serville. Brésil. Type perdu. 

Soria contaminata Walker (1869, p. 364). Deux $ et deux $ au British Muséum. 

Plagioptera bicordata, Brunner (1878, p. 322-323). Coll. Brunner : n° 7246, Rio de 
Janeiro ; n° 4872, Bahia ; n° 8873, Santa-Fé de Bogata. Ces insectes au Musée de Vienne. 

Pattes. Fémurs I (fig. 79, P. b.) : normalement, trois épines dont la proximale est très 
petite. Fémurs II, analogues aux antérieurs avec des épines moins belles et un dispositif 
moins concentré. Fémurs III peu dentés, les deux épines apicales elles-mêmes pouvant 
avoir perdu leur pointe; on trouve des vestiges d’épines ou parfois de simples cicatrices 
brunes tant sur la partie étroite du fémur, où il peut en exister une, que sur la partie dilatée, 
où j’en ai parfois observé quatre. — Plaque génitale J 1 2 sans sinus apical ; de belles cornes ; 
cerci courbés du bout seulement. 

Taches media et préapicale. — Les figures 94 et 95 de la planche XI donnent simplement 
à penser que de vastes aréoles simulent, à elles seules, des fenêtres rongées à même un paren¬ 
chyme qui garde, plus intacts et construits avec un réseau plus serré, des tractus bruns : le 
tout encadré par des aréoles de tailles moyennes. La planche L (fig. 86) semble d’abord ne 
faire que confirmer ce qui précède. Mais, sur la figure 87, on voit mieux quel rôle aura dû 
jouer le pigment : c’est à lui qu’il aura appartenu de définir, après coup, les tractus et le 
cadre. La tache aura été réalisée en deux temps : la peinture, très voulue, négligeant telle 
aréole, couvrant cette autre ou la coupant obliquement. 

Aspect mimétique de l'insecte. — Les quelque vingt-cinq exemplaires que j’ai vus me 
permettent de dire que le corps offre un aspect séché, nécrosé, que ni les Topana ni les 
Atopana ne présentaient. Il simule fréquemment la pourriture (PI. X, fig. 90) ; mais des 
tonalités pâles donnent à l’insecte représenté planche X, figure 91, un aspect plutôt moisi (1). 
Cela dit, la sauterelle a des élytres. Oublions un instant que, par ailleurs, ils miment des 
feuilles attaquées. En tant que ce sont de vrais élytres, ils doivent participer à la pseudo¬ 
nécrose du corps. Eh bien ! c’est à quoi travaille la tache de base. Et elle se met si bien en 
harmonie avec la nécrose simulée de l’insecte que, sur les figures 90 et 91 de la planche X, 
on a peine à voir où commence l’élytre, où cesse le corps. Ce n’est pas tout ; la nécrose doit 
être progressive, envahissante : c’est alors à copier l’extension de la pourriture animale que 
s’occupe cette bordure marron foncé dont la figure 71 de la planche J nous avait fait con¬ 
naître les débuts, insignifiants (2)... Les fémurs postérieurs sont peints en outre à la demande 
des parties du corps ou de l’élytre sur quoi, au repos, ils se projettent. Au 'erme de leur dila¬ 
tation de base, ils n’oublient surtout pas de reproduire la bordure sombre de la tache basali- 
costale rencontrée. — Végétal par les taches préapicale et media de l’élytre, le mimétisme 


(1) Au microscope, on voit que cet insecte est, en outre, envahi par un champignon véritable. 

(2) Chez les Atopana, tout reste en route. 

Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 24 


i86 


P. VIGNON 


de bicordata est animal par le corps de la bête, ainsi que par les régions de l’élytre qui 
touchent ce corps. 

Ce sont là bien des façons pour un mimétisme qui ne doit, pratiquement, servir à 
rien. Revoyez les Topana, revoyez les Atopana, faiblement mimétiques : les premiers 
surtout, nullement rares, ne vous sembleront pas désavantagés dans la lutte pour la vie. 
La vérité est qu’il y avait un certain trajet évolutif à parcourir : les Topana se mettent en 
route, les Pycnopalpa sont arrivés. Mais pourquoi ce long voyage, qui est de luxe ? Il est 
tellement de luxe, ce voyage évolutif, qu’il réalise, par-dessus le marché, le double cœur 
du pronotum, aussi purement ornemental que l’étaient les ocelles alaires des Ptérochrozées 
les plus riches. Tout cela va de pair. Tout cela réclame une seule et même explication. — 
Mais quelle est-elle? 

Voilà pour le bicordata typique, dont le Muséum possède six spécimens : une $ (PI. X, 
fig. 89) et cinq g, du Brésil. 

Var. permaculata Vignon (1930, p. 554). Type?au Muséum, Costa-Rica, Paul Serre, 
1926. Race locale. Trois <$ du Mexique, Etat de Vera-Cruz, neuf $ et une Ç de Costa-Rica, 
tous insectes conservés au Muséum, et au British Muséum un de Saint-Augustin, Ile de la 
Trinité, offrent deux, trois, quatre petites taches rongées complémentaires, non fenêtrées, 
satellites de la grande tache media. Une ou deux de ces petites taches sont mises entre les 
deux derniers rameaux postérieurs de la médiane ; une ou deux autres occupent la fourche 
primaire, ou les fourches primaire et secondaire, du secteur de la radiale (fig. 79 : P. p., le 
fémur antérieur de la $, armé d’épines exceptionnellement fortes). Le fémur I du $ £, au 
Muséum, a quatre épines. 

Var. morata Vignon (1930, p. 554). Type $ au Muséum. Spécimen étiqueté Sallé 97-56. 
Du Mexique : et faisant, comme tel, partie de la race locale permaculata (1). De façon très 
inopinée, l’élytre garde ici, avec l’allure d’une veine un peu noueuse, l’apex de la crosse, 
détruite ailleurs, de la médiane (PL XI, fig. 93 ; PL K, fig. 84 et 85). La crosse de la médiane 
est en effet reconnaissable au sein de la grande tache. Elle ne se rattache pas à la portion 
conservée de la nervure et naît du réseau banal de la tache par des racines quelconques. 
Pour bien juger du fait, comparer les figures 84 et 85 de la planche K, tant avec la figure 66 
du texte qu’avec la figure 71 de la planche J. Se reporter aussi au cas de Pycnopalpa angusti- 
cordata (Pl. J, fig. 72) (2). On est d’autant plus sûrement ici devant un spécimen, sinon de¬ 
vant une lignée en retard, que la tache est mal fenêtrée, sans tractus bruns internes, sans 
cadre dessiné. Creusé, comme il est, d’un sinus, le bord antérieur de la tache n’est 
d’ailleurs pas du type usuel. 

Pycnopalpa mortuifolia Rehn (1903, p. 21). Voir Vignon (1924 c, p. 301), Hebard (1927, 
p. 112-113). « L’espèce » est, écrit Rehn, caractérisée par des fémurs I plus fortement épi¬ 
neux, sans lame basale, pour les dents, et, au pronotum, par un bord antérieur plus creusé, 
par un bord postérieur moins entaillé. Dans une lettre qu’il a bien voulu m’écrire le 13 mai 
1925, l’auteur mentionne encore les particularités que voici: au vertex, le scutellum plus 
étroit, le tubercule plus élevé que chez bicordata, l’arrière de la selle du pronotum plus large, 

(1) L’insecte avait reçu de Blanchard un nom de collection : Pycnopalpa siccifolia. L’élytre est en effet couleur feuille morte. 

(2) Ne pas oublier les traces, irrégulières, du bout de la médiane (Pl. M, fig. SS) au sein de la tache d’ Atopana varia. 


Source : MNHN[ Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 187 


les faces réfléchies de ce même pronotum avec des courbes moins anguleuses, l’élytre propor¬ 
tionnellement plus large. De cette forme, décrite d’abord d’après un ^de Teocelo, Vera-Cruz, 
Mexique septentrional, Rehn m’écrit qu’il a maintenant sous les yeux trois <£ et deux $, 
dont les caractères concordent. — Mais de telles différences ont-elles, chez les Orthoptères, 
une valeur spécifique ? 


2. Pycnopalpa angusticordata Vignon. 

(1924 c, p. 302-303 ; d, e, p. 104, fig. 5. Ici, PI. X, fig. 92 ; PL J, fig. 72.) 

Monotype'^ 1 au Muséum. Un du Musée de Washington, communiqué depuis par M. le 
D r Caudell, est pareil. Par rapport à P. bicordata, la selle du pronotum, l’aspect lisse et bril- 



Fig. 89. — Pycnopalpa angusticordata Vignon. Type Muséum, Paris.— D, selle; L, face latérale gauche du pronotum. Surlaselle, 
en y, vestige de l’ornement ancestral en forme de lyre (Voir lig. 70, A, y). — Pm, palpe maxillaire. Dessins originaux. 


lant de l’élytre, dont les fines aréoles sont pour ainsi dire obstruées (Voir PL J, la figure 72, 
et PL K, L, les figures 84-87), la très grande place réservée à la tache media, et, pour ce 
faire, le nouveau déplacement qu’aura subi, en direction distale, le secteur de la radiale, le 
caractère structural et la portée mimétique des taches préapicale et media, ainsi que l’aspect 
des fémurs antérieurs, sont absolument originaux. Les taches basali-costales des élytres 
diffèrent notablement aussi (1). 

Le corps, les pattes, la base de l’élytre d’aspect gâté, pourri. La tête et le pronotum 
décolorés, les yeux sombres. Les parties de l’élytre supposées saines sont d’un vert franc. 
— Vertex (fig. 69A). Les tubercules postérieurs pairs du scutellum de bicordata manquent 


(1) Angusticordata est beaucoup plus évolué que bicordata, mais il a évolué dans un sens propre. Voir, par exemple, la selle 
du pronotum, chez ces insectes. Se rendre compte que les taches élytrales innovent, chez angusticordata : jamais celles de 
bicordata n’y conduiraient, 









P. VIGNON 


t88 

ici. Le seul exemplaire que j’aie actuellement à ma disposition montre un sillon fermé de 
l’arrière, que des sculptures sinueuses relient aux bourrelets postéro-internes des yeux. — 
(Fig. 89 : Pin, le palpe maxillaire ; D, L, le pronotum.) Avec ses bords latéraux mal mar¬ 
qués, étranglés dans leur partie moyenne, la selle dériverait ici du pronotum de quelque 
Topana, parent, en cela du moins, de dentata VLnon, alors que le pronotum de bicordata dérive 
de celui de Topana cincticornis (fig. 70, A, B). Un ornement en lyre (fig. 89, D, y), d’observa¬ 
tion délicate, décèle ici encore les parentés, tout en continuant d’expliquer la naissance 
du double cœur par une invasion du tissu qui formait, chez l’ancêtre, les bords latéraux de 
la selle : mais une très faible place est cette fois laissée aux aires antérieure et postérieure. 
— Pattes. Fémurs antérieurs (fig. 79, P. a.) très évolués : une lamelle de soutien, ne portant 
plus, sur le fémur gauche, que les traces de deux épines, et celles d’une seule, sur la patte 
droite. Fémurs II équivalents, avec une lame moins haute. Fémurs III très évolués aussi, 
gardant seulement les cicatrices de deux épines apicales, d’une épine portée par l’aminci du 
fémur, d’une autre épine située vers le terme de la dilatation de base. Notons encore, au dos 
du fémur antérieur, l’aspect bossu, et trois marques noires dont la distale est étroite ; aux 
fémurs postérieurs, à 3 millimètres de l’apex, dorsalement, un trait noir, et, au bas du renfle¬ 
ment proximal, une tache noire qui reproduit une marque des fémurs intermédiaires. — 
Élytre moins large que celui de bicordata. L’ovale en est d’ailleurs simplifié : le bord anté¬ 
rieur atténuant la saillie postmédiane, ce qui efface, ou presque, la dépression préapicale. 
L’arrière affaiblit et ramène proximalement l’angle obtus de bicordata (PI. X, fig. 89 et 92). 
Au champ antérieur, les nervures latérales mieux tracées. Au champ arrière, manquent 
les aréoles qui bordent les veines du génotype. Nervure médiane : c’est ici sur une grande 
longueur que la crosse distale est détruite, ou mieux, on le verra, quasi détruite, pour faire 
■place à une tache media considérable (comparer, PL J, les figures 71 et 72 ; ne pas igno¬ 
rer de combien le secteur de la radiale est déplacé en direction distale, chez angusti - 
Cordata). Le coude marquant la fin de la tige actuellement conservée de la médiane est ici à 
7 millimètres seulement de la base, pour un élytre long de 23. Sous cette tige actuelle de la 
médiane, deux nervures latérales, mises en long : entre la première et la seconde, une faible 
tache brunâtre (PL J, fig. 72, sur le fond noir, elle est blanchâtre). Du coude de la médiane 
â la naissance du secteur de la radiale, 5 millimètres : la transverse, gênée par la très grande 
tache media, ne peut combler cet intervalle (comparer la figure 72 de la Pl. J et la figure 86 
de la PL L). Entre le secteur de la radiale et la radiale, la tache préapicale, très à l’aise, est 
elle aussi très grande ; elle pousse, au-devant de la tache media, un lobe par quoi elle tend 
à profiter de toute la place qui lui est offerte. Au sein de la tache media, on découvre un 
vestige certain de la crosse ancienne de la médiane ; situé exactement comme celui de 
P. bicordata, var .mot ata, il est icid’uneextrême minceur: planche J, figure 72, une bandenoire, 
heureusement, le souligne ; il naît du réseau de la tache par d’irrégulières racines, ici 
encore. Les deux taches, préapicale et media, n’ont ni cadre ni tractus intérieurs bruns. 
Pas de grandes aréoles jouant les fenêtres. L’épiderme soulevé sur les bords (Pl. J, fig. 72) 
pour loger une substance blanchâtre, mise en partie là par petites masses. Les taches elles- 
mêmes copient les mines en plaque de quelque chenille d’un Tinéide tel que Nepticula 
argentipedella Zeller, me dit M. l’Abbé de Joannis ; et, dans la partie de la tache préapicale 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 189 


qui, sur l’élytre ferme, dans la position, donc, mimétique, est inférieure, un envahissant 
pigment noir, venu de l’aire corrodée qui borde l’élytre, va jusqu’à mimer des excréments, 
placés, là, comme il se doit... En rapport avec l’aspect excrémentitiel de ce pigment, un 
gros point noir que l’on trouvait déjà chez bicordata, sur le dépassant de l’aile postérieure, 
a lui aussi proliféré, tout en se déchirant : cela comme pour mimer à son tour des excré¬ 
ments qui seraient placés, quant à eux, dans une troisième mine de chenille, que la région 
pâle et transparente de cette aile postérieure contribuerait à simuler (PI. X, fig. 8g et 92). 
— La tache basali-costale bien moins mimétique que chez bicordata. La faute en est 
surtout à l’aspect translucide, héritage manifeste de la demi-transparence qui régnait ici 
chez divers Topana (PL J, fig. 71) (1). — Long. corp. 16, pronoti 4, lat. ant. 2, post. 3 ; long, 
clytr. 23, lat. 7,5 ; long, jemor. ant. 4,5, post. 12, tibiar. 13,5. Guyane française (Nouveau 
Chantier). 


« METAPROSAGOGA INSIGNIS » ET « PHYLLOPTERA LINEAMENT1S » 

Genre METAPROSAGOGA Vignon. 

Metaprosagoga insignis Vignon. 

Ccdophylluni insigne Vignon (1924 c, p. 305 ; d, p. 1854 > e ■ P- 104-105, fig. 6, 7). 

Metaprosagoga insignis, Vignon (1930, p. 554. Ici PL XII, fig. 96, 97 ; PL M, fig. 96). 

Voir Brunner (1878), p. 28, 29 pour la définition des deux groupes des Phyllopteræ 
et des Turpiliæ, et p. 320 pour la diagnose du genre Prosagoga (Idem, 1891, p. 21, 22, 169 
et suivantes). 

En créant (1924 c) cette espèce insignis, j’avais d’abord voulu la mettre dans le genre 
Prosagoga Brunner (1878) ; mais Rehn (1917 a) avait identifié Prosagoga avec Cœlophyllum 
Scudder (1875, p. 263). Or Hebard (1926, p. 308) identifie à son tour Cœlophyllum avec 
Harissa Walker (1869, p. 389). Mais l’espèce insignis ne peut pas appartenir au genre Ha¬ 
rissa, car, ainsi que le montre Hebard (1927, p. ni), l’un des caractères essentiels des Ha¬ 
rissa est de dilater le bord costal de l’élytre, pour, très vite, le couder et lui donner, parallèle¬ 
ment à l’axe de cet élytre, une marche rectiligne (2) : or, l’espèce insignis n’en agit pas de la 
sorte... La rattacherai-je alors au genre Phyllopteral Non, car trois caractères l’en éloignent. 
i° Le rostre du vertex et le haut du front sont, chez elle, au contact, et voilà qui, selon 
Brunner, écarterait un Phanéroptéride des Phylloptérés eux-mêmes pour en faire un Tur- 
pilié (3). 2 0 Le champ apical pliable de l’aile postérieure fait ici une saillie forte ; et 3 0 cette 


(1) Sur la figure 72 de la planche J, la translucidité est masquée par un brillant, dû au caractère vernissé de l’élytre. 

(2) M. le Professeur Ebner m’écrit que les divers Prosagoga de Brunner ont bien, au Musée de Vienne, le caractère sur quoi 
Hebard insiste. Il en va de même pour Prosagoga coriacea Pictet (1888, PI. I, fig. 2). 

(3) Exception faite, provisoirement peut-être, de Phylloptcra peruviana (Brunner, 1878, p. 312 ; 1891, p. 22). 


P. VIGNON 


190 

aile postérieure dépasse à peine l’élytre : ces deux derniers caractères étant ceux que Brunner 



Fig. 90. — Melaprosagoga (Cœlophyllum) insignis Vignon. Type Muséum, Paris.— D, selle ;L, face latérale gauche du pronotum. 

Dessins originaux. 

invoquait pour mettre certains Phylloptera dans un genre nouveau Prosagoga (1878, p. 28- 



Fig. 91. — Fémur antérieur gauche, vue céphalique, le bord ventral en haut : A, chez Metaprosagoga (Cœlophyllum) insignis 
Vignon,?, Muséum, Paris ; B, chez Phylloptera (Cœlophyllum) lineamentis Vignon, type?, Muséum, Paris. Dessins originaux, 

29, 320). Je rattache d’autant moins l’espèce insignis au genre Phylloptera que ce genre 


Source : MNHN, Paris 














RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 


iqr 


est déjà, comme le note Hebard (1927, p. m), très confus, et qu’on devra le démembrer (1). 

N’appartenant donc ni aux 
Itarissa, ni aux Phylloptera, mon 
espèce insignis devient le type d’un 
genre nouveau. J’ai nommé ce nou¬ 
veau genre Metaprosagoga (1930, 
p. 554), pour rappeler que le grand 
développement du champ apical 
pliable, aux ailes postérieures, et la 
brièveté relative de ces ailes le rap¬ 
prochent de ce genre Prosagoga à 
quoi Brunner donnait précisément ces carac¬ 
tères. 

Que si, 
plus tard, on 
était conduit 



Fig. 92. — Metaprosagoga (Cœlophyllum) insignis Vignon. 
Type Muséum, Paris. Plaque sous-génilale, avec des 
styles, et cerci. Dessin original. 


à négliger le fait que le bout du vertex et le haut du front 
se touchent, au lieu que ce soient les bourrelets des an¬ 
tennes, on pourrait placer dans le genre nouveau Meta¬ 
prosagoga ceux des Phylloptera, à qui l’on ferait quitter 
ce dernier genre pour les raisons alléguées tout à l’heure 
par Brunner, et que, du même coup, le genre Itarissa ne 
réclamerait point. Ce serait le cas, par exemple, pour 
l’espèce lineamentis Vignon, dont il sera parlé bientôt. 

Caractères du genre Metaprosagoga. — Donc, le 
bout du vertex et le haut du front au contact, les ailes 
postérieures ne dépassant les élytres que de fort peu, leur 
champ apical faisant une saillie forte. Le bord élytral 
antérieur ne commençant point par se dilater, pour sou¬ 
dain, se couder. En outre, les lobes du mésosternum sim¬ 
plement triangulaires, ceux du métasternum arrondis ; 
les fémurs antérieurs plus courts, les tibias antérieurs à 
peine plus courts ou pas plus courts que le pronotum ; 
les faces réfléchies de ce pronotum plus hautes que larges, 
reliées à la selle par des arêtes douces (fig. 90 du texte). 
Tibias antérieurs modérément dilatés de la base ; fémurs 
correspondants porteurs, sur le bord ventral céphalique, 
de cinq épines minuscules (fig. 91,^). Plaque sous-géni¬ 
tale^ à deux styles (fig. 92). Plaque sous-génitaleÇ pro¬ 
fondément creusée d’une entaille apicale très étroite 

(1) Hebard précise : on le démembrera dès qu’aura été mieux défini le 
génotype, Pt. cassinœjolia Serville. 



Fig. 93. — Pl a que sous-génitale : A, de Phyl¬ 
loptera (Cœlophyllum) lineamentis Vignon, 
type?, Muséum, Paris ; sillon longitudinal 
médian, profond et large ; B, de Metapro- 
sagoga (Cœlophyllum) insignis Vignon, $, 
Muséum, Paris ; ébauche d’une carène mé¬ 
diane. Dessins originaux. 






P. VIGNON 


T 9 2 

(fig. 93, B). L’oviscapte pas mal plus court que le pronotum ; sa valve dorsale pointue, 
crénelée, ainsi que l'autre, sur une faible longueur (fig. 94). 

Caractères de «Metaprosagoga insignis». — Holotype au Muséum, Paris. Vert. Tête 
peu oblique. Les yeux globuleux, ne faisant pas spécialement saillie en direction antérieure. 
Face peu comprimée latéralement, sillon sous-oculaire peu creusé ; sur le méplat interne de 
ce sillon, deux ou trois impressions ovalaires. La selle du pronotum transversalement un 
peu convexe, les angles que fait la selle avec les faces latérales arrondis. Faces latérales 
(fig. 90, L), hauteur 5 mm ,5, largeur 4 3/4; bord antérieur sinué, bord inférieur rectiligne. 



Fig 94.— Metaprosagoga (Cœlophyllum) insignisWguon,^, Muséum. Paris. — O, oviscapte ; ses valves v, chagrinées finement, 
à l’apex : C. cerci ; Psg, plaque sous-génitale vue de profil. Dessin original. 


Sur l’arrière de la selle, des dessins courbes à convexités postérieures, lisses sur un fond 
strié, un peu pâles. Plus en arrière encore, faible sillon longitudinal médian. Élytre. Au bord 
antérieur, un aplatissement médian marqué. Après que la radiale a émis (à peine avant le 
milieu de l’élytre) le secteur de la radiale, l’axe d’élytre décrit une courbe antérieurement 
convexe. Tige du secteur longue de 2 millimètres, comprise environ cinq fois et demie dans 
la longueur du fourchon postérieur. Au champ antérieur del’élytre, rameaux latéraux paral¬ 
lèles médiocres, apicalement obsolètes. Au champ postérieur, des lignes faiblement viola¬ 
cées marquant des sous-nervures concentriques courbées comme le bord distal de l’élytre ; 
sous-nervure distale avortée pourtant de l’arrière et sans appui violacé. — Tache 
mimétique extraordinaire. C’est une plaque rongée, longue de 23 millimètres, large de 6. 
Naissant devant et contre la médiane à 2 mm ,5 de l’origine de celle-ci, elle la franchit à deux 
reprises ; étroite dans le couloir qui règne entre la médiane et le secteur de la radiale, elle 
atteint sa plus grande largeur à la traversée du rameau arrière de la fourche que forme le 


Source : MNHN, Paris 







RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 193 

secteur. L’avant de la tache court sous la nervure radiale. Les bords ont un liséré d’un 
brun chaud, qui passe au vert de l’élytre par un bref estompé jaunâtre. Dans la tache, les 
nervures et le réseau sont d’un brun moins fort que le liséré, les aréoles sont d’un testacé 
pâle. Sur l’élytre gauche, le bout proximal de la tache rongée fait un îlot (1). — A la 
plaque sous-génitale (hg. 92 du texte), trois carènes, mais celles qui mènent aux styles 
sont plutôt des renforcements arrondis, et la carène médiane, très mousse, n’atteint pas 
le bord apical de la plaque. — Long. corp. 24, pronoti 6,5, lat. ant. 3,5, lat. post. 5 ; long, 
elytr. 38,5, lat. 15 ; long, femor. ant. 5,5, tibiar. 6, tibiar. interm. 8, femor. post. 17,5, 
tibiar. 185. Guyane (Saint-Laurent-du-Maroni). 

Variété importante. — Une $ au Muséum, avec seulement, sur chaque élytre, deux 
taches rongées débutantes (PI. XII, fig. 97). Élytre plus ample. Au champ antérieur, 
rameaux latéraux mieux formés. Secteur de la radiale : la tige encore plus courte. Les 
sous-nervures du champ élytral postérieur sans appuis violacés. — Détail des taches 
rongées. L’une d’elles n’est encore que brunie, l’autre est déjà rongée au centre : 
or (PI. IX, fig. 76) une vraie feuille montre des particularités équivalentes. Outre ces 
deux taches rongées, sur l’élytre gauche, à des croisements des sous-nervures concentriques 
avec les fourchons du secteur de la radiale, deux points brunis infimes. Une seule de ces 
ébauches sur l’élytre droit. — Plaque sous-génitale $ (fig. 93 B), pas la moindre esquisse 
d’un sillon longitudinal médian : l’ébauche, au contraire, d’une carène basale. Long, 
corp. 26,5, pronoti 7, lat. post. 5 3/4; long, elytr. 42,5, lat. 18; long, femor. ant. 5,5, tibiar. y, 
tibiar. interm. 9, femor. post. 19,5, tibiar. 20,5, oviposit. 5. — Origine? 

Quelle est la valeur systématique de ces taches, strictement débutantes chez la $, et 
merveilleusement développées chez le £ ? Si l’on était chez les Ptérochrozées, l’on n’hésiterait 
pas à dire que d’autres spécimens, $ ou exhiberaient finalement tous les stades des 
attaques. Mais, chez les Pycnopalpa, ces proches voisins de la forme insignis, on sait que le 
mimétisme est spécifique. Faut-il croire alors que nous ayons ici sous les yeux la $ de l’es¬ 
pèce chargée de copier les débuts de l’attaque, alors que le appartiendrait à celle qui 
mime l’attaque poussée ? La première solution aurait pour elle la logique de l’Évolution. 

Phylloptera lineamentis Vignon. 

Cælophyllum lineamentis Vignon (1924 c, p. 304). 

Phylloptera Festæ Griffini Ç, pour Hebard (1927, p. no). 

Phylloptera lineamentis, Vignon (1930, p. 555. Ici, fig. 95 du texte, D, L, le pronotum). 

Pas plus qu’avec l’espèce insignis, l’on n’est devant un Itarissa. Et, d’autre part, tout 
comme avec cette espèce insignis, il s’agit d’une forme dont l’aile postérieure offre le double 
caractère d’être, d’abord, à peine plus longue que l’élytre, et puis d’avoir le champ apical 
très saillant : ce qui, suivant Brunner, nous devrait éloigner des Phylloptera vrais. Nous 
n’en sommes pas moins cette fois chez les « Phylloptérés », puisque les bourrelets antennaires, 

(1) Ce qui pourrait correspondre à un stade du développement de la tache, puisque, chez le spécimen 9 , elle débute par deux 
attaques indépendantes. 

Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 25 


Source : MNHN , Paris 


LÉGENDE DE LA PLANCHE M 


Fig. 88. — Atopana varia (Walker). Néallotype (J. Muséum, Paris. Élytre gauche, inversé. Au sein de la tache 
postica , on découvre des vestiges irréguliers de la crosse de la médiane. (Voir aussi fig. 67 du texte.) Gros¬ 
sissement direct 9,3. Photo Le Charles. 

Fig. 96. — Metaprosagoga Vignon insignis Vignon (Cœlophyllum insigne Vignon 1924). TypecJ. Muséum, Paris. 
(Voir PI. XII, fig. 96.) Détail de la grande tache rongée. Grossissement direct 12. Photo Le Charles. 


Source : MNHN, Paris 



ARCHIVES DU MUSEUM - 6* série , Tome V. 


Pl. M 




SA U T E R E L LES 1 > H A N E RO I >T E RI DES 
DES GENRES ATOPANA ET M1 CTAPROSAGOGA 


Photos Li: Charles 


Masson et C ir , éditeurs 


Source : MNHN, Paris 

















Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L’AMÉRIQUE TROPICALE 195 

qui se touchent, séparent ici le rostre du vertex et le sommet du front. Alors, en attendant 
que le genre Phylloptera ait été démembré comme le souhaite Hebard, j’y laisse, faute de 
mieux, l’espèce lineamentis, et cela bien que l’apex des ailes postérieures et leur peu de 
longueur par rapport aux élytres rapprochent cette espèce de Metaprosagoga insignis. 
Nous faisons donc là du provisoire. 

Mais voici autre chose. L’espèce Lineamentis n’aurait-elle pas été créée par moi, à 



Fig- 95 - — Phylloptera(Cœlophyllum) lineamentis Vignon.TypeÇ, Muséum, Paris.— D, selle dupronotum, avec le vertex,prolongé 
et creusé d'un sillon, et les yeux; L, face latérale gauche du pronotum. Dessins originaux. 

tort, pour la$, inconnue jusqu’ici, de Phylloptera Festœ Griffini (1896, p. 2-3)? Voir Hebard 
(1927, p. 110). — Non, selon moi. D’après la description de Griffini, le secteur de la radiale se 
bifurque en effet au tiers de sa longueur chez Ph. Festœ : c’est au cinquième de sa longueur 
qu'il se branche dans mon espèce, c’est-à-dire à 4 millimètres de la base du secteur, dont la 
longueur totale est de 20 millimètres, à la compter sur le fourchon postérieur, qui fait suite 
à la tige. Autres différences anatomiques, moins nettes sans doute : chez Festœ, le premier 
article des antennes, filiformes, est donné comme assez grêle ; il est fort chez lineamentis ; 
la selle du pronotum est, chez Festœ, subconcave vers la fin de la première moitié, puis sub¬ 
convexe, or, chez lineamentis, elle est plane ; les faces réfléchies du pronotum sont, dans 
l’espèce de Griffini, vaguement plus hautes que larges ; dans la mienne, la hauteur en est 
de 6 mm ,5 pour une largeur de 5J3/4 ; .Griffini décrit à ces faces'réfléchies un bourrelet qui 


Source : MNHN , Paris 










ig6 


P. VIGNON 


ne régnerait qu’inférieurement ; le bourrelet fait le tour des faces latérales chez hneamentis, 
tout en étant plus fort inférieurement ; les fémurs I et II de Festæ, subcylindriques, sont 
à peine comprimés ; ils sont franchement comprimés chez Hneamentis ; Griffini voit les 
bases des fémurs postérieurs modérément dilatées ; elles le sont assez fortement dans mon 
espèce. Coloris : Ph. Festæ est entièrement d’un jaune verdâtre pâle, or les deux exemplaires 
de Hneamentis sont d’un même brun lumineux, fauve et chaud ; Griffini voit les yeux gri¬ 
sâtres; ceux démon espèce sont d'un ton fauve plus foncé que celui du reste de la bête ; 
chez Festæ, les antennes sont, à la base, d’un ton jaunâtre, puis d’un brun ferrugineux; 
chez Hneamentis, elles participent du ton fauve de l’ensemble ; dans mon espèce, la tête ne 
pâlit point ; elle n’offre aucune tache ivoirine sur le sommet du front ; le coloris général de 
l’insecte n’est pas givré, il est mat. Quant aux lignes pâles qui, dans les deux espèces, suivent 
intérieurement les sous-nervures postérieures de l’élytre, elles ne peuvent suffire à rendre 
identiques les deux formes. 

Fémurs antérieurs de Ph. Hneamentis (fig. 91 B) : trois ou quatre épines avortées. 
Tibias antérieurs : aux bords ventraux, quatre ou cinq épines aiguës ; la base du tibia 
doucement dilatée. Fémurs II : quelques épines vestigiaires. Fémurs III : au bord ventral 
externe, dix à douze faibles épines, et cinq au bord interne. Plaque sous-génitaleÿ (fig. 93 A): 
un sillon longitudinal médian profond, la base de ce sillon prise entre deux carènes. Long, 
corp. 27, pronoti 8 , elytr. 46, lut. 19 ; long partis alaruin productæ 2 ; long, jemor. ant. 5,5, 
post. 22, oviposit. 5. [Chez Ph. Festæ, spécimen <$, ces chiffres deviennent 29, 7, 40, 15, 2, 
5,5 et 19,5.] Origine : Costa-Rica (Buenos Aires pour le type, Rio Saavegre pour le para- 
type). [Darien, pour Ph. Festæ.] 

Pourquoi mettons-nous, à la suite d’un type aussi extraordinaire que Metaprosagoga 
insignis, une forme dont la copie est banale, s’il y a copie? Pour montrer une fois encore 
que les taches rongées et autres merveilleux simulacres ne confèrent, au porteur, nul pri¬ 
vilège : Phylloptera Hneamentis est beau et fort, avec un ton feuille morte des plus vagues. 


Source : MNHN, Paris 



CONCLUSIONS 


Première Partie. 

L’intime parenté des types qui forment ensemble le groupe original, le groupe unique 
des Ptérochrozes éclate au seul vu de cet élytre acuminé, devant la pointe de quoi la radiale 
se termine, et de ces grandes cellules, B, G, D,... U, U', U", U'", partout reconnaissables. 
Pour ce motif déjà, les trois espèces que j’ai mises (1926 a) dans un genre nouveau Para- 
cycloptera, et dont j’ai fait le groupe nouveau des Paraptérochrozées, étaient ici des étran¬ 
gères ; elles ne comptaient d’ailleurs au genre Cycloptera qu’en raison d’une erreur manifeste. 

Quelque isolées, sur leur étrange sommet, que soient aujourd’hui ces Ptérochrozes, 
on voit aisément à quelles modifications anatomiques un élytre aussi peu évolué encore 
que celui des Roxelana aura dû ses caractères (PI. I, fig. 1). Mais ce genre de début, dont on 
croirait qu’il est là pour servir aux autres d’introducteur, aura été stérile ; même ses plus 
proches voisins, les Pterochroza, les Cycloptera, n’en dérivent point : il y a là trois phylums 
indépendants. Et la course de chacun d’eux aura été très brève : pendant, en effet, que le 
genre Roxelana ne semble compter qu’une seule espèce, les types, fort peu nombreux, que 
nous distinguons dans les genres Pterochroza et Cycloptera ne diffèrent que par des carac¬ 
tères d’importance faible. 

Nous aurons encore à mettre dans autant de lignées différentes les Tanusia (PI. IV, 
fig. 27, 28), les Anommatoptera (PI. VI, fig. 50) et les Rhodopteryx (PI. VII, fig. 60). Les 
Anommatoptera ont en revanche pour parent immédiat l’unique Celidophylla que l’on con¬ 
naisse (texte, fig. 34) : je ne sépare les deux genres que parce que les tibias postérieurs de 
ce Celidophylla albimacula de Saussure et Pictet offrent des bosses dorsales qui manquent 
encore aux Anommatoptera, moins évolués à cet égard, et proches, en cela, des Tanusia. 
A leur tour, les genres Tanusia, Tanusiella, Ommatoptera, Porphyromma sont très proches 
les uns des autres (1). De prime abord, l’évolution des Tanusia semblerait même avoir 
conduit directement aux Ommatoptera, manifestement plus évolués, et plus proches aussi 
du déclin, si ces derniers ne nous réservaient, au second examen, la surprise de n’être que 
des façons de neveux des précédents (2). 

Quant aux genres Typophyllum et Mimetica, ils forment ensemble un troisième sous- 
groupe ; mais non sans appartenir, toujours, à des lignées distinctes. Et, chez les Typo- 

(1) Pour qui tient compte de mon espèce Ommatoptera mutila, les Porphyromma se distinguent mal des Ommatoptera, d’où 
ils proviennent. 

(2) Les Ommatoptera, disons-nous, semblent d'abord continuer les Tanusia ; mais, à certains égards, ils les précèdent : sur 
l’aile postérieure conservation de la tige de base, au secteur de la radiale, à l’élytre, conservation du point sombre dont la 
tache tx tire son origine, et qui manque pour ainsi dire toujours aux Tanusia. A ce double point de vue, l'ancêtre des Omma¬ 
toptera aurait donc été moins évolué que celui des Tanusia, son parent ; mais sa descendance aurait fait plus de chemin sur 
une route menant à la régression des élytres et des ailes. 


P. VIGNON 


198 

phyllum, les formes ou espèces mortuifolia et lunatum font bande à part : les tiendra-t-on 
même encore pour des Typophyllum quand on connaîtra leurs mâles? — Cet émiettement 
d'un groupe aussi homogène, à première vue, et aussi singulier que celui des Ptérochrozes 
est pour surprendre (1). 

Mais on n’a rien dit, touchant les Ptérochrozes, tant qu’on n’a pas vanté leur mimé¬ 
tisme. Ici encore les Roxelana ouvrent la marche, et, une fois de plus, c’est pour, tout de 
suite, s’arrêter. Je les vois se borner à des essais, relatifs aux taches t, et 4-Et pourtant ils 
ont déjà ces mystérieux points sombres, dont les autres Ptérochrozes auront tiré 
la surabondance des menues taches, rongées ou non : y compris les taches t u 4, précisément 
(PI. III, fig. 25 ; PI. IV, fig. 27 ; PI. VII, fig. 53, etc.). De ces points sombres, j’ai tenu à faire 
connaître partout l’étrange descendance. A synthétiser, à ce point de vue, mon étude, 
on verrait comment, selon les genres, ils auront évolué, proliféré, pour créer à l’envi des 
simulacres... Mais, en ce qui touche aux dérivés des points sombres, pourquoi les indivi¬ 
dus sont-ils, partout, comme en avance, ou en retard? Le retard pourrait sembler logique¬ 
ment dû à ce que tel insecte reproduirait un aspect ancestral ; mais rien alors de plus 
déconcertant que de voir un même élytre nous montrer, à la fois, toutes les étapes de la 
paradoxale évolution (PI. III, fig. 25). Et puis, complication nouvelle, au sein même de 
l’espèce, et jusque sur le même élytre, les points sombres n’engendrent pas toujours des 
simulacres de même type (2). 

Très à part des menues taches, nées des points sombi'es, voici maintenant les plages, 
brunies, jaunâtres, ou bien plâtreuses : et blanches, alors, à mimer des fientes d’oiseaux 
(PL III, fig. 26 ; PL IV, fig. 28 ; Pl. V, fig. 32-35, 41 ; PL VI, fig. 50). En dehors même 
de ce que je tiens pour la copie d’une fiente d’oiseau, ces plages sont de plusieurs sortes : 
la plage apicale jaunâtre du Tanusia arrosa (PL III, fig. 26) ne s’apparente sans doute 
pas aux plages brunes, et les plages frisées, gouachées, de Pterochroza maculata (Pl. II, 
fig. 10), de Mimetica castanea (Pl. VI, fig. 43, et fig. 56 du texte) doivent avoir encore 
un sens tout autre. — Donnons en tout cas le grand prix à l’attaque pseudo-cryptoga- 
mique reprise, insistée, dont la variété bicorrosa de mon espèce Ommatoptera mutila 
offre un exemple surprenant (PL en couleurs-, fig. 6). Soyons nets : aucune explication 
facile ne serait ici de mise. 

La peinture que l’on ferait des entailles marginales achèverait le portrait mimétique 
du groupe (PL I, fig. 3-5, et fig. 52 ou 41 du texte; Pl. II, fig. 9, 10, etc.) ; mais à condition 
que l’intime logique de la phylogenèse fût proclamée, cette fois encore. Je dis : cette fois 
encore ; qu’il s’agisse, en effet, de points sombres, ou d’échancrures, une attaque, 
qu’elle soit d’insecte ou bien de cryptogame, cela gagne, en effet, cela grandit 

(1) Les trois espèces du genre Rhodopteryx sont des sœurs. Dans les genres Tanusia et Ommatoptera, j'ai noté des trajets 
évolutifs manifestes ; mais, pour ce qui est des divers Anommatoptera, ils ne sont que cousins, et je ne vois pas comment on les 
ferait dériver les uns des autres. — Le genre Mimetica est le siège d’une évolution régressive que j’ai marquée. Il en va de même 
pour les Typophyllum ; mais nous sommes avec eux devant un ensemble complexe, où j'espère que mes quatre sections auront 
mis quand même un peu d’ordre. 

(2) Opposez, par exemple, les figures 15 et 16 de la planche B, aux figures 36, ou 38, de la planche V. Revoyez les grandes 
pseudo-fructifications cryptogamiques que le Mimetica incisa (= marmorala) du British Muséum (Pl. VII, fig. 53) est seul à 
présenter jusqu’ici. Planche III, figure 25, alors que les taches brunes miment une maladie mycologique, les taches en par¬ 
tie fenêtrées, e u L, miment, selon M. Heim, des attaques d'Acariens. 


Source : MNHN , Paris 


RECHERCHES SUR LES SAUTERELLES-FEUILLES DE L'AMÉRIQUE TROPICALE 199 

(fig. 58 a-f du texte), et c’est de ce progrès, quasi scientifique, que les Ptérochrozées nous 
rendent fréquemment les témoins (1). —Mais non, Ton n’a pas encore, à ce prix, tout noté, 
et le plus imprévu reste à dire : je pense à l’inutilité de cette comédie multiforme. Ainsi, 
pratiquement, bourgeoisement, le robuste et simple Roxelana crassicornis de la planche I 
(fig. 1), vaut l’extraordinaire Typophyllum Bolivari, tout échancré, et qui, par-dessus le 
marché, fait de l’art (PI. I, fig. 4, fig. 52 du texte). Et la vie de ces fortes Paraptérochrozées, 
qui sont à peine ou qui ne sont pas du tout mimétiques, n’est certainement pas plus en 
péril que celle des Ptérochrozes. Même, avec les Ommatoptera, avec les Mimetica et les 
Typophyllum, ce sont les Ptérochrozées qui déclinent : sans que les sauve un mimétisme 
qui d’ailleurs se détruit du même coup. — Alors, à quoi bon les menues taches, les plages 
étendues, les entailles?... Et j’ajoute : à quoi bon les ocelles des Pterochroza, des Tanusia, 
des Ommatoptera ? (Voir la planche en couleurs.) La conclusion serait que, chez les Ptéro¬ 
chrozes, le mimétisme et l’esthétique sont les deux faces d’un même mystère. 


Deuxième Partie. 

Ainsi nous comprenons mal les Ptérochrozes. Mais voici que des Sauterelles Phané- 
roptérides, de l’Amérique tropicale, elles aussi, vont nous prendre comme par la main, 
pour nous montrer les étapes qu’elles franchissent. Et, cette fois, comprendrons-nous? 

Eh bien, quels sont les faits? — Voici. Dans le groupe Topana, Atopana, Pycnopalpa, 
c’est le scutellum du vertex que nous voyons évoluer, ce sont les épines des fémurs, ou les 
cerci. C’est la selle du pronotum qui se transforme. Mais c’est à la naissance et au développe¬ 
ment des taches élytrales que surtout nous assistons... Sans tache aucune sur l’élytre, ou bien 
avec une tache principale enclose dans la fourche par quoi la médiane se termine, voici, 
pour commencer, les Topana (PI. J, fig. 71, fig. 66 du texte). Or, la crosse de la mé¬ 
diane, la branche qui est devant la tache principale, quand cette tache existe, et qui l'em¬ 
brasse distalement, devient caduque. Il en reste fort peu de chose (PI. M, fig. 88 ; PI. K, 
fig. 84, 85 ; PI. J, fig. 72), ou rien du tout (PI. L, fig. 86, 87). La tache, alors, se met à cheval 
sur le trajet, plus ou moins effacé, de la crosse, et maintenant elle s’étale ; non point tant 
chez les Atopana, qui ne font rien de bien curieux, que chez les surprenants Pycnopalpa : 
qui vont, eux, jusqu’à déplacer d’autres nervures pour que la tache centrale grandisse encore, 
de concert avec une nouvelle venue, la tache préapicale, non moins belle. — Alors, chez 
Pycnopalpa bicordata, les deux taches dilatent les aréoles de l’élytre, ce qui leur donne un air 
rongé, et confient à un pigment la charge de dessiner des tractus intérieurs et une bordure. 
Chez mon espèce Pycnopalpa angusticordata, ces mêmes taches ne se fenêtrent plus, mais 
elles soulèvent l’épiderme élytral et se mettent à copier étonnamment les mines en plaque 
de certaines chenilles Tinéides : et même, dans la tache préapicale, de pseudo-excréments 
apparaissent. Du même coup, certaine tache basali-costale, dont les Topana nous mon- 


(1) Dans les genres Pterochroza ou Tanusia, et beaucoup mieux encore chez les Mimetica, j’ai pu voir notamment com 
ment les taches privilégiées t x , t 2 se constituaient à partir, tout à fait, des débuts de la pseudo-attaque. 


200 


P, VIGNON 


traient (PI. J, fig. 71), les inconstants et tout à fait insignifiants débuts, mime à présent 
une pourriture, qui, venant d'un organisme soi-disant nécrosé, gagne l’élytre, tenu en cela 
pour animal, quand les taches rongées ou les mines font de lui une pseudo-feuille (PI. X, 
fig. 90. 91). 

Ailleurs, sur l’élytre de mon espèce Metaprosagoga insignis, des attaques savent 
partir des tout premiers débuts, pour mettre aussitôt après la sauterelle hors concours 
(PL XII, fig. 97, fig. 96; PL M, fig. 96). 

Eh bien, comprenons-nous? — Pas davantage. 

Mais l’Évolution est certaine. — Je retourne aux Ptérochrozes : chez tels individus 
de l’espèce Ommatoptera pictifolia, le fourchon arrière de la médiane, que le genre n’avait 
plus, peut revenir, à l’aile postérieure (PL F, fig. 27, aile gauche) ; c’est donc qu’un ancêtre 
le possédait. Chez ma variété sera, dans cette même espèce pictifolia, c’est la ligne blanche 
postérieure de l’ocelle qui ressuscite (PL en couleurs, fig. 5). Et, chez les Atopana (Pl. M. 
fig. 88), chez la variété morata de Pycnopalpa bicordata (Pl. K, fig. 84 et 85), chez mon 
espèce Pycnopalpa angusticordata (PL J, fig. 72), ce qui réapparaît, ou persiste à l’état 
vestigiaire, c’est le bout de la crosse que formait (PL J, fig. 71) la médiane des Topana. Si 
donc la cause de l’Évolution est secrète, les résultats se laissent voir, et, chez les Saute¬ 
relles-feuilles, ils sont des plus curieux. — Mais il serait temps que l’on observât ces bêtes 
chez elles, en Amérique. 


Source : MNHN, Paris 



Liste des Noms proposés par l’Auteur 

(DANS L’ORDRE DES SUJETS TRAITÉS) 


PREMIÈRE PARTIE 

PTEROCHROZÆ 


Pterochroza ocellata, var. Bouvieri (1922). *. 69 

— — — carbonescens (1922) . 68 

— lineata (1922) . 68 

— — marginata (1922) . 69 

uniexcisa (1923) . 66, 71 

nimia (1922) . 66, 71 

— var. mollis (1922) . 7 2 

infestata (1922) . 66. 72 

maculata (1925) . 66, 72 

Cycloplera excellens (1926) . 73 » 75 

Tanusia Brnllæi, var. subintacta (1923) . 8° 

— — crassiocellata (1923) . 80 

rubroocellata (1923) . 79 » 83 

versicolor (1923) . 79 » 84 

décor ata, var. crassivenosa (1923). 79 » 86 

— — — media (1923) . 86 

signata (1923) . 79 » 87 

subtilis (1923) . 79 » 87 

cristata, var. picta (1923) . 9 ° 

corrupta (1923) . 79 » 9 1 

colorata , var. inquinita (1923). 94 

Ommatoptera pictifolia, — bicorrosa nov. var. 97 

— pallida (1923) . 99 

— putris (1923) . 99 

— sera (1926) . 100 

elegans (1923) . 96» 100 

pusilla (1923) . 961 101 

mutila (1923) . 96, 102 

— vpt. bicorrosa (1926) . I0 3 

Anommatoptera (1923). I0 6 

ingens (1923) . IQ 6, 107 

manifesta (1923) . IQ 6, 108 

Rhodopteryx elongata (1924) . 111 

— — var. crocea (1927). 112 

— Hebardi (1930) . IXI * IX 3 

Typophyllum trigonum (1925). IX 6, 123 

— quadriincisum (1925). XI 5 » IX 6, 124 

Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 26 


Source : MNHN, Paris 








































202 


P. VIGNON 


Typophyllum pseudocinnamum (1926). Iï6 * I2 7 

— inflatum (1925). 1 L 7 > 12 9 

— gibbosum (1925) . IX 7 > I 3 ° 

— præruptum (1926). II 7 * x 3 ° 

laciniosum (1927). XI 7 > x 3 2 

acutum (1925). 11 7 - *35 

Eeckei (1926). 11 7 * x 3 ^ 

Bolivari (1925). 11 7 - x 37 

curtum (1926). IX 7 » x 4 2 

Mime/ica tuberata (1924) . x 4 6 > x 55 

angulosa (1924). x 4 6 - x 57 

ANNEXE A LA PREMIERE PARTIE 

Groupe des Parapterochrozæ (1926). r 59 

Paracycloptera (1926) . T 59 

DEUXIÈME PARTIE 

Topanu dentata (1930). *74 

Atopana (1930) . I ^ > * l 79 

Pycnopalpa bicordata var. permaculata (1930). l8 ^ 

— — — morata (1930). *86 

— angusticordata (1924). I,s 3 . i8 7 

Metaprosagoga (1930), insignis (1924).; • i8 9 

Phylloptera lineamentis (1924). i8 9 * *93 


Source : MNHN, Paris 























INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


Blanchard (E.). — 1840. Histoire naturelle des Insectes, III (p. 20-21, Pteruchroza ocellata, P. Bruliri, PI. VI). 
Bolivar (I.). —1890. Voyage de M. Simon au Venezuela (Ann. Soc. entom. Fr. (6), t. X, p. 137-146, 5 figures). 
Bruner (L.). — 1914-1915. Notes on tropical American Tetligonoidea (Locustodea) (Ann. Carnegie Mus. 
t. IX, p. 284-404). 

Brunner von Wattenwyl (C.). — 1878. Monographie der Phaneropteriden, 401 pages, 8 planches. 

— — 1884. Ueber hypertelische Nachahmungen bei den Orthopteren ( Verh. zool. bot. Gesellsch. Wien., 

t. XXXIII, p. 247-249, PI. XV, en couleurs). 

1891. Addimenta zur Monographie der Phaneropteriden, 196 pages, 2 planches. 

— — 1895. Monographie der Pseudophylliden, 282 pages ; Atlas, 10 planches, Vienne. 

— — 1897. Betrachtungen über die Farbenpracht der Insekten, 16 pages, planches en couleurs, fol. Vienne. 
Burmeister (H.). — 1839. Handbuch der Entomologie, t. II (p. 695-696, Pterochroza). 

Caudell (A. N.). — 1918. On a Collection of Orthoptera (exclusive of the Locustidæ) made in Central Peru by 
N. Iconnicoff and C. Schunke (Insecutor Inscitiæ Menstruus, t. VI, n° 1-3, p. 1-70. Voir p. 53, PI. II, fig. 20). 
1928. Grasshoppers and their allies (Scient. Monthly, t. XXVI, p. 329-334, 9 figures). 

Chopard (L.). - 1919. Diagnoses d'espèces nouvelles d'Orthoptères (Bull. Soc. entom. Fr., p. 153-154). 
Darwin (Ch.). — 1878. [A propos des Ptérochrozées.] (Proceed. entom. Soc. London, p. xxiv). 

Duncan (J.). 1840. The Naturalisas Library. Introduction to Entomology, t. I (Voir p. 253, PI.XIII, fig. 3). 

Enderlein (G.). — 1917. Neue neotropische Pseudophyllinen (Zool. Anz., t. XLIX, p. 17-20, 1 figure). 
Fabricius (J. C.). — 1793. Entomologia systematica, t. II (p. 39, n° 19, Locusta ocellata). 

Geer (Ch. de). — 1773. Mémoires pour servir à l’Histoire des Insectes, t. III (p. 438, n° 2, PL XXXVII, fig. 5 
Locusta siccijolia). 

Griffini (A.). — 1896. Ortotteri racolti nel Darien dal dott. E. Festa f. Boll . Mus. zool. anat. comp. Univ. Torino $ 
t. XI, n° 232, p. 1-32 (Voir p. 2-3)]. 

Hebard Morgan. — 1924. Studies in the Dermaptera and Orthoptera of Ecuador (Proceed. Acad. nat. Sci. 
Philad., t. LXXVI, p. 109-248, 6 planches). 

— 1926. Studies in the Dermaptera and Orthoptera of Colombia. Fourth paper. Orthopterous Family Tetti- 

goniidæ (Trans. amer, entom. Soc., t. LII, n° 4, p. 275-354, PI. XVIII-XXII). 

— 1927. Studies in the Tettigoniidæ of Panama (Orthoptera) (Ibid., t. LIII, p. 79-156, PI. XVITI-XXI). 
Karny (H.). — 1914. Schutzanpassung der Heuschrecken (Jahr. Maxim. Gymn. Wien, 1913-1914^. 5, figures), 
Kirby (W. K.). — 1906. A synonymie Catalogue of Orthoptera, t. II (Orthoptera Saltatoria, Part I, Achetidæ et 

Phasgoniiridæ ), London. 

Linné. — 1758. Systema Naturæ (Ed. X), t. I. 

— 1764. Muséum Ludovicæ Ulricæ reginæ, Holmiæ. 

— 1767. Systema Naturæ, t. I, Pars II (p. 696, n° 22, Gryllus, Tettigonia, ocellatus). 

Meyrick. — 1883. Monograph of New Zealand Geometrina (N. Z. J. Sci., t. I, p. 526-531 [Crée un genre Pary- 
satis]). 

Picado (C.). —1910. Documents sur le mimétisme recueillis en Costa-Rica (Bull. sci. Fr. Belg., [7], t. II, 
p. 89-108, 1 planche). 

Pictet (A.). — 1888. Locustides nouveaux ou peu connus du Musée de Genève (Mêm. Soc. Phys. Hist. nat. 
Genève, t. XXX, n° 6, p. t-8o, PI. I-ITI). 

— 1898. Voir Saussure (H. de) et A. Pictet. 

Poulton (E. B.). — 1906. A Note on the cryptic resemblance of two South American Insects, the Moth 



204 


P. VIGNON 


Dracenta rusina Druce, and the Locustid Plagioptera bicordata Serville ( Trans. entom. Soc., p. 533-539, 
PI. XXXII, lig 2 [Dracenta pour Draconia]). 

Rehn (J. A. G.). — 1903. A contribution to the knowledge of the Orthoptera of Mexico and Central America 
(Trans. amer, entom. Soc., t. XXIX, p. 1-34). 

1906. Descriptions of three new species of Katydids and a new genus of Crickets from Costa-Rica (Proceed. 
U.-S. nat. Mus. Wash., t. XXX, p. 597-605). 

1917 a. On Cœlophyllum simplex and certain of its Allies (Orthoptera, Tettigoniidæ) (Entom. News Philad., 
t. XXVIII, p. 152-161, PI. XII). 

— 1917 b. The Stanford Expédition to Brazil. Orthoptera , II (Trans. amer, entom. Soc., t. XL 1 II, p. 89-154. 

PI. III et IV). 

1918. Descriptions of one new genus and fifteen new species of tropical american Orthoptera (Ibid., t. XLIV, 
p. 321-371, PI- XVIII-XX). 

1920. Records and descriptions of Brazilian Orthoptera (Proceed. Acad. nat. Sci. Philad., t. LXXII, p. 214- 

293)- 

Saussure (H. de) et Pictkt (A.). — 1898. Insecta. Orthoptera I. In Biologia Centrali-Americana (Group Ptero- 
chrozites, p. 449). 

Scudder. — 1875. Notes on Orthoptera from Northern Peru, collected by Professor James Orton (Proceed. 
Boston Soc. nat. Hist., t. XVII, p. 257-282). 

Seba (A.). — 1765. Locuplet. rerum natural. Thesauri acc. Descriptio (t. IV, p. 78, PI. LXXIII, fig. 7 et 8). 
Serville (J.-G. Audinet). — 1825. Enc. méth ., X (p. 343, n° 7, Sauterelle double cœur. L. bicordata). 

— (—) 1831. Revue méthodique des Insectes de l’ordre des Orthoptères (A nn. Sci. nat., t.XXII) (Voir p. 144). 

(—) 1839. Histoire naturelle des Insectes Orthoptères. Suites à Buffon (Voir p. 379, p. 431-441). 

Stâl (C.). — 1873. Orthoptera nova (Œfv. vet.-Akad. Fôrh., t. XXX, n° 4, p. 39-53). 

— 1874. Recensio Orthopterorum. P 1 II, p. 1-121, Stockholm. 

— 1875. Observations orthoptérologiques. Diagnoses d’Orthoptères nouveaux (Bihang Swenska vet.-Akad. 

Handl., t. III, n° 14, 43 pages [Cycloptera incisa, p. 37]). 

Stoll (C.). — 1787. Représentation des Spectres, Mantes, Sauterelles. 

Thomson (James). — 1868. Matériaux pour servir à une révision des Desmiphorites (In Physis, t. II, 6 e partie, 
XV [Parysatis n. gen., p. 118]). 

Uvarov (B. P.). — 1925. Two new Orthoptera from British Guiana (Ann. Mag. nat. Hist. [9], t. XV, p. 680-683). 
Vignon (P.). — 1922. Notes sur les Pterochrozæ du Muséum National de Paris. Espèces nouvelles dans le genre 
Pterochroza Serv. (Bull. Mus. Hist. nat., t. XXVIII, p. 523-529). 

1923 a. Sur le mimétisme des Sauterelles Ptérochrozées (C. R. Acad. Sci., t. CLXXVI, p. 1348-1350, 
2 figures). 

— 19236. Que faut-il penser du mimétisme? (Rev. scient., t. LXI, p. 515-520, fig. 291-304). 

1923c. Deuxième note sur les Pterochrozæ du Muséum National de Paris. Essai de classification du genre 
Tanusia St a l (Bull. Mus. Hist. nat., t. XXIX, p. 435-442, 1 figure). 

1923^. Id. (suite). Genre Anommatoptera nov. gen. (Ibid., p. 515-522). 

— 1923c. Troisième note sur les Pterochrozæ du Muséum National de Paris (Ibid., p. 570-576). 

— 1924 a. Quatrième note sur les Pterochrozæ du Muséum National de Paris. G. Mimetica Pictet (Ibid-, 

t. XXX, p. 208-214). 

19246. The détermination b}' D r P. Vignon of the leaf-like Tettigoniids represented in Proceed. ent. Soc. 
London, 1923, p. uxxxv (Ibid., 1924, p. lxvi). 

1924 c. Espèces nouvelles dans les genres Pycnopalpa, Cœlophyllum (Sauterelles Phanéroptérides) et 
Rhodopteryx (Ptérochrozées) (Bull. Mus. Hist. nat., XXX, p. 301-308). 

1924^. Sur le mimétisme homotypique chez quelques Sauterelles Phanéroptérides de l'Amérique tropicale 
(C. R. Acad. Sci., t. CLXXVm, p. 1852-1854). 

1924c. Les Sauterelles-feuilles de l'Amérique tropicale (La Nature, 16 août, n° 2628, p. 102-106, 7 figures). 
1925a. Essai de classification du genre Typophyllum Serv. (Orth. Phasgon.) (Eos. Rev. espan. Ent., t. I, 
p. 249-281, 7 figures, 1 planche couleurs). 

19256. Espèces nouvelles dans les genres Typophyllum et Pterochroza (Ptérochrozées) (Bull. Mus. Hist. 
nat., t. XXXI, p. 446-452). 

1926a. Espèces nouvelles dans les genres Typophyllum et Cycloptera Serville. Genre Roxelana (Ptérochro- 


Source : MNHN, Paris 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


205 


zées). Paraptérochrozées, nouveau sous-groupe. Paracycloptera, nouveau genre. Rectifications systé¬ 
matiques {Ibid., t. XXXII, p. 171-178). 

Vignon (P.). — 1926 b. Sur l'anatomie des organes du vol chez les Phasgonuridés actuels et chez les Proto- 
locustides du Houiller (C. R. Acad. Sci., t. CLXXXII, p. 1355). 

— 1926 c. Espèces nouvelles dans le genre Typophyllum (Ptérochrozées). Rectification systématique (Bull. 

Mus. hist. nat., t. XXXII, p. 207-210). 

— 1926 d. Les Ptérochrozées du Musée entomologique allemand de Berlin-Dahlem. Deux variétés nouvelles 

dans le genre Ommatoptera Pictet. Rectification systématique (Ibid., p. 360-363). 

— 1927. Les Ptérochrozées du Musée zoologique de l’Université de Berlin. Une espèce et deux variétés nou¬ 

velles (Ibid., t. XXXIII, p. 241-245). 

— 1929. Introduction à de nouvelles recherches de Morphologie comparée sur l’aile des Insectes (Arch. Mu¬ 

séum, t. IV, p. 89-123, 45 figures, 4 planches). 

— 1930a. Classification du groupe Topana , A topana nouveau genre, Pycnopalpa. Une espèce nouvelle dans 

le genre Topana. Deux variétés nouvelles dans le genre Pycnopalpa. Metaprosagoga nouveau genre. 
Une espèce nouvelle dans le genre Rhodopteryx. ( Orth. Phasgon.) (Bull. Mus. Hist. nat. [2], I, p. 548-556). 

— 19306. Introduction à la Biologie expérimentale. Les Êtres organisés, activités, instincts, structures. 

73 1 pages, 890 figures, 21 planches en noir, 3 planchse en couleurs. (Chapitre IV : Mimétisme et faits 
connexes, p. 310-459). Paris, Paul Lechevalier. 

Walker (F.). — 1869-70. Catalogue of the Specimens of Dermaptera Saltatoria in the Collection of the British 
Muséum, P 1 II et III. 


Source : MNHN, Paris 



Source : MNHN, Paris 


Index systématique (I) 


abraptum, Typophyllum, 117, 131. 

(abruptum, Typophyllum, apud Vignon 1925 a) : 

vide Typophyllum præruptum, 130. 
acutum, Typophyllum, 117, 135, 134, 136, 139. 
albimacula, Celidophylla, 109, 197. 

(amplifolia, Chlorophylla) : vide Cycloptera spe- 
culata, 75, 77. 

(angulato-ocellata, Tanusia), 99 : vide Ommatoptera 
pictifolia, 96. 

angulosa, Mimetica, 146, 157, 145, 147. 
angusticordata, Pycnopalpa, 183, 187, 167, 199, 200. 
Anommatoptera (Rhodopteryx, Tanusia) 60, 61, 106, 
107, ni, 197, 198, 204 
Hœgei Saussure et Pictet (1898), 106, 108. 
ingens Vignon (1923), 106, 107, 107. 
manifesta Vignon (1923), 106, 108, 108. 
maculato-pennis Brunner (1895), 106, 109. 
ochracea Saussure et Pictet (1898), 106. 
arcuata, (Chlorophylla) Cycloptera, 74, 78. 
argentipedella, Nepticula, 188. 

(aridifolia, Gryllus Tettigoniæ) : vide Tanusia aridi- 
folia, 90. 

aridifolia, Mimetica, 146, 158, 143 . 
aridifolia, Tanusia, 79, 90, 89. 
arrosa, (Pterochroza) Tanusia, 79, 85, 89, 198. 
Atopana (Topana) 165, 166, 179, 167 , 185, 186, 199, 
200 , 205 

cornuta Uvarov (1925), 179, 182, 165. 
varia Walker (1869), 179, 180, 182, 183. 
aurantifolia, Cycloptera, 73, 74, 75, 159. 

(aurantifolia, Cycloptera, apud Pictet) : vide Paracy- 
cloptera reticulata, 159, 161. 

(aurantifolia, Gryllus Tettigoniæ) : vide Cycloptera 
aurantifolia, 74. 

(aurantiifolia, Pterochroza) : vide Cycloptera auran¬ 
tifolia, 74. 

aurigera, (Pycnopalpa) Topana, 166, 179, 167. 
bicolor, var. de Mimetica mortuifolia, 154. 
bicordata, (Locusta, Plagioptera) Pycnopalpa, 183, 
185, 58, 167, 169,179, 187,188,189,199, 200, 204. 


bicordata, var. morata, Pycnopalpa, 186 , 183, 188, 200. 
bicordata, var. permaculata, Pycnopalpa. 186 . 
bicorrosa, var. de l’Ommatoptera mutila, 103 , 58, 97, 
198. 

bicorrosa, var. de J'Ommatoptera pictifolia, 97, 103. 
bisinuatum, Typophyllum. 116, 121, 119, 121, 141. 
bolivari, Typophyllum. 117, 137, 137, 139, 140, 199. 
bouvieri, var. de Pterochroza ocellata, 66 , 69, 72, 73. 
brullæi, (Pterochroza) Tanusia, 79, 80, 90, 203. 
brullæi, var. crassiocellata, Tanusia, 80, 83, 84. 
brullæi, var. subintacta, Tanusia, 80. 

(brunneri, Mimetica) : vide Mimetica mortuifolia, 146 , 
153 . 

camellifolia, Locusta, Fabricius (1775), 75 . 
camillifolia, Locusta, Fabricius (1781), 75 . 
(camillifolia, Locusta, apud Stoll 1787) : vide Cyclo¬ 
ptera speculata, 75 . 

carbonescens, var. de Pterochroza ocellata, 66 , 68 . 
carinifolia, (Cycloptera) Paracycloptera, 163 . 
cassinæfolia, Phylloptera, 191. 
castanea, Mimetica, 146 , 147 , 73, 149, 198. 
Catasparata [?], 60 , 61 , 113 
histrio Brunner (1895), 113 , 115, 126, 141. 
Celidophylla, 60 , 61 , 109 , 106 
albimacula Saussure et Pictet (1898), 109 , 197. 
(Chlorophylla) : vide, pro parte, Cycloptera. pro 
parte, Roxelana. 

(Chlorophylla amplifolia) : Cycloptera speculata, 

75 , 77 . 

(Chlorophylla arcuata) : Cycloptera arcuata, 78 . 
(Chlorophylla fagifolia) : Cycloptera speculata, 75 , 77 . 
(Chlorophylla inca) : Roxelana crassicornis, 59 , 63 . 
(Chlorophylla latifolia ) : Cycloptera speculata, 75 , 77 . 
(Chlorophylla rufipes) : Roxelana crassicornis, 59 . 63 . 
chlorophyllum, Typophyllum (Tovaria), 116 , 123 . 
cincticomis, (Plagioptera) Topana, 166 . 167 . 165, 
167, 171, 174, 188. 

cinnamum, Typophyllum, 116, 122, 73, 122, 127, 147. 
(Cœlophyllum) : Itarissa, 189, 204 . 

(Cœlophyllum insigne) : Metaprosagoga insignis, 189 . 


(1) Les noms tombés en synonymie sont en petites capitales, quand il s’agit des genres, en italiques, quand il s’agit des 
espèces. 


Source : MNHN, Paris 





208 


P. VIGNON 


(Cœlophyllum lineamentis) : Phylloptera linoamentis, 

189 , 193 . 

colorata, (Pterochroza) Tanusia, 79 , 93 , 83, 93. 
colorata, var. inquinata, Tanusia, 94 , 73, 90, 100. 
columbicum, Typophyllum, 115 , 116 . 
contractum, Typophyllum, 116 , 126 . 
coriacea, (Prosagoga) Itarissa. 189 . 
cornuta, (Topana) Atopana, 179 , 182 , 165. 
corrupta, Tanusia, 79 , 91 , 89. 
crassicomis, (Parysatis) Roxelana, 59 , 199. 
crassiocellata, var. de Tanusia Brullæi, 80 , 83, 84. 
crassivenosa, var. de Tanusia decorata, 79 . 86. 
crenulata, Mimetica, 146 . 155 . 
cristata, (Pterochroza) Tanusia, 79 . 89 
(cristata, Tanusia, apud Brunner) : vide Tanusia deco¬ 
rata 85 , 89. 

cristata, var. picta, Tanusia, 90 , 89, 94, 100. 
crocea, var. de Rhodopteryx elongata. 112 . 
curtum, Typophyllum. 117 , 142 . 

Cycloptera (Chloropiiylla, Pterochroza), 60 , 61 . 73 , 
no, 159 * I 97 - 20 4 

arcuata Saussure et Pictet (1898), 74 . 78 . 
aurantifolia Stoll (1787), 73 , 74 , 75, 159, 161 
excellens Vignon (1926), 73 , 75 . 
falcifolia Walker (1870), 74 . 77 . 
speculata Burmeister (1839), 73 , 75 . 

(= Chlorophylla amplifolia Sauss. et Pict. 1898), 
75 , 77 . 

(= Chlorophylla fagifolia Sauss. et Pict. 1898), 
75 , 77 . 

(= Chlorophylla latifolia Pictet 1888), 75 , 77 . 
(== Cycloptera tiliæfolia Walker 1870), 75 , 77 . 

(= Locusta camillifolia Fabricius 1781, apud Stoll 
1787), 75 . 

(Cycloptera aurantifolia, apud Pictet) : Paracycloptera 
reticulata, 159 , 161 . 

(Cycloptera carinifolia) : Paracycloptera carinifolia, 

163 . 

(Cycloptera grandifolia) : Paracycloptera grandifolia, 

162 . 

(Cycloptera incisa) : Mimetica incisa, 152, 204. 
(Cycloptera pavonifolia) : Tanusia Brullæi, 80. 83, 85. 
decorata, (Pterochroza) Tanusia 79. 85. 89. 95. 
decorata, var. crassivenosa, Tanusia, 79. 86. 
decorata, var. media, Tanusia, 86. 90, 100. 

(de/lorata, Pterochroza) : vide Tanusia illustrata, 93 . 

(< déformé , Typophyllum) : vide Typophyllum mutila- 
tum, 140 . 141 . 

dentata, Topana, 166 , 174 , 165, 169, 188. 
difforme, Typophyllum, nomen nudum : vide Typo¬ 
phyllum gibbosum, 130 . 

(Dracenta) : vide Draconia, 204. 

Draconia (nec Dracenta) rusina Druce (1895), 204. 


eeckei, Typophyllum, 117. 136. 13.8. 
egregium, Typophyllum. 116, 126. 
elegans, Ommatoptera, 96, 100. 
elongata, Rhodopteryx, 111, 58. 

(elongata, Rhodopteryx, apud Hebard) : vide Rhodo¬ 
pteryx Hebardi, 113. 
elongata, var. crocea, Rhodopteryx, 112. 

(erosa, Gryllus Tettigoniæ) : vide Typophyllum ero- 
sum, 122. 

(erosa, Pterochroza) : vide Typophyllum erosum, 122. 
erosifolia, Tanusia, 79, 84. 

erosifolia, (Mimetica) Typophyllum. 117, 140, 140 . 
erosum, Typophyllum, 116, 122. 115 , 121 , 141 . 
excellens, Cycloptera, 73. 75. 
excisum, Typophyllum, 116, 122, 121 , 122 , 123 , 141 . 

( expansa , Mimetica) : vide Mimetica viridifolia, 149. 
(fagifolia, Chlorophylla) : vide Cycloptera speculata, 
75. 77. 

falcifolia, Cycloptera, 74, 77. 
festæ, Phylloptera, 193, 195, 196. 
flavifolium, Typophyllum, 116, 125. 
geminum, Typophyllum. 116. 122. 
gibbosum, Typophyllum. 117, 130. 
grandifolia, (Cycloptera) Paracycloptera, 162, 163. 
(grandiocellata, Tanusia) : vide Tanusia colorata, 93. 
(Gryllus, Tettigonia, ocellatus) : Pterochroza ocellata, 
66 . 

(Gryllus Tettigoniæ aridifolia) : Tanusia aridifolia, 90. 
(Gryllus Tettigoniæ aurantifolia) : Cycloptera auranti¬ 
folia, 74. 

(Gryllus Tettigoniæ erosa) : Typophyllum erosum, 122. 
(Gryllus Tettigoniæ ocellata) : Pterochroza ocellata,66. 
(Gryllus Tettigoniæ ocellata varies Stoll 1787) : Pte¬ 
rochroza Stolli Brunner (1895), 69. 

(Gryllus Tettigoniæ trapeziformis) : Typophyllum 
trapeziforme, 119. 
guttifera, Tanusiella, 105. 
hebardi, Rhodopteryx, 111, 113. 
helleri, Typophyllum. 116, 126. 
histrio, Catasparata [?], 113, 115 , 126 , 141 . 
hœgei, (Tanusia) Anommatoptera, 106, 108. 
illustrata, (Pterochroza) Tanusia, 79, 93. 
imperatrix, Mimetica. 146, 156. 145 . 

(inca, Chlorophylla) : vide Roxelana crassicomis. 
59, 63. 

(incisa, Cycloptera) : vide Mimetica incisa, 152, 204 . 
incisa (marmoratd), Mimetica, 146, 152, 152 , 198 . 
infecta, (Pterochroza) Tanusia, 84. 
infestata. Pterochroza, 66 , 72, 73 , 142 . 
inflatum, Typophyllum, 117, 129. 
ingens, Anommatoptera, 106, 107, 107 . 
inquinata, var. de Tanusia colorata, 94, 73 , 90 , 100 . 
insignis, (Cœlophyllum) Metaprosagoga, 189, 192. 


Source : MNHN, Paris 






. >' 




V 














■ *. 






» 










. 








v. < V 






T 












% 














Source : MNHN, Paris 


Archives du Muséum. 


Tome V . 


Planche I 


Fig. i. — Roxelana (Parysatis) crassicornis Stàl (1874). $, Musée de Madrid. x 2,5. Photo Le Charles. [Type $, PI. A, fig. 1,2. 
Élytre <$, fig. 3 du texte. Aile postérieure, fig. 4 du texte. — Fig. 5 et 6 du texte : Ç et qui seront peut-être à mettre 
dans une espèce Roxelana (Chlorophylla) ruftpes Brunner 1895.] 

Fig. 2. — Typophyllum prœruptum Vignon (1926). $, British Muséum. (Type $, PI. II, fig. 14 ; PI. III, fig. 19, et fig. 46 du 
texte.) Les petites taches rappellent, selon M. Heim, celles que les Phoma produisent sur les feuilles. 

Fig. 3. — Typophyllum excisum Pictet (1888) Cf. Muséum, Paris. (Aussi PI. II, fig. 15.) Pourrait être le S de trapeziformc Stoll 
($, PI. III, fig. 22), si l’on en venait à ne pas tenir compte du fait que, chez excisum, l’abdomen n’est pas crêté 
Photo Le Charles. 

Fig. 4. — Typophyllum Bolivari Vignon (1925). Type Musée de Madrid. (Aussi fig. 52 du texte. — Eos, I, 1925, PI. VII en 
couleurs, fig. 1, 2.) Photo Le Charles. 

Fig. 5. — Typophyllum lunatum Pictet (1888). $, Musée de Madrid. {Eos, Ibid., fig. 3.) Photo Le Charles. 

Fig. 6. — Tanusia Brullæi Blanchard (1840). $, Muséum, Paris. (Aussi PI. IV, fig. 27. Type, PI. VIII, fig. 63.) Photo Le Charies. 

Fig. 7. — Pterochroza ocellata Linné (1758). $, Muséum, Paris. Par exception, élytres vert-olive. Comme toujours, état d’inachève¬ 
ment de t v qui pourtant ici est déjà ovalaire. est l’homologue de taches, à peine ébauchées, visibles dans les cellules S, 
S', L. (Type de Linné, PI. A, fig. 7.) Photo Le Charles. 


Source : MNHN, Paris 



Archives du Muséum - 6 « Séné, Tome V. 


PL I 



Photos Le Charles 


LES SAUTERELLES FEUILLES AMÉRICAINES 


Masson & C 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 





Source : MNHN, Paris 




. >' 




V 














■ *. 






» 










. 








v. < V 






T 












% 














Source : MNHN, Paris 


Archives du Muséum. 


Tome V. 


Planche II 


Fig. 8. — Pterochroza ocellata, var. Bouvieri Vignon (1922). Type $. Muséum, Paris. Taille forte. Une plage verte, à l’élytre. X 2,4. 
Photo Le Charles. 

Fig. 9. — Pterochroza infestata Vignon (1922). Type Muséum, Paris. Une plage corrodée, correspondant à la plage-verte de 
l'insecte précédent. Photo Le Charles. 

Fig. 10. — Pterochroza maculata Vignon (1925). Type g. Muséum, Paris. Lignes blanches au pronotum. La plage blanchâtre de 
l’élytre pourrait être individuelle. Photo Le Charles. 

Fig. 11. — Typophyllum (Mimetica) ruffolia Chopard (1919). Type Ç. Muséum, Paris. Élytre droit. Photo Le Charles. 

Fig. 12. — Typophyllum erosutn Stoll (1787). Musée de Madrid. Photo Le Charles. 

Fig. 13. — Typophyllum acutum Vignon (1925). Type $. Musée de Madrid. (Aussi PI. V, fig. 39, et fig. 50 du texte). Photo 
Le Charles. 

Fig. 14. — Typophyllum præruptum Vignon (1926). Type $. Musée de Madrid. (Aussi PI. III, fig. 19» et fig. 46 du texte. — 
PI. I, fig. 2, Ç du British Muséum). Photo Le Charles. 

Fig. 15. — Typophyllum excisum Pictet (1888). Voir PI. I, fig. 3. Photo Le Charles. 

Fig. 16. — Rhodopteryx elongata Vignon (1924). Allotype Musée de Madrid. (Aussi PI. X, fig. 87. — Type $, PI. F, fig. 35. — 
o du Musée entomologique allemand de Berlin-Dahlem, PI. en couleurs, fig. 7.) Photo Le Charles. 


Source : MNHN, Paris 



Archives du Muséum - 6 e Séné, Tome V. 



Photos Le Charles 


LES SAUTERELLES FEUILLES AMÉRICAINES 


PL II 


Masson & C lc 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 







Source : MNHN, Paris 



V 




. ✓ 











* 







I 


/ 




. 


























/ 

/ - 

Source : MNHN, Paris 


Archives du Muséum. 


Tome V. 


Planche III 


Fig. 17. — Typophyllum gibbosum Vignon (1925). Type Ç. Muséum, Paris. Photo Le Charles. 

Fig. 18. — Typophyllum inflatum Vignon (1925). <$, Muséum, Paris (Type $, PI. X, fig. 85). Photo Le Charles. 

Fig. 19. — Typophyllum præruptum Vignon (1926). Voir PI. II, fig. 14. Photo Le Charles. 

Fig. 20. — Typophyllum mutilatum Walker (1870). Ç, British Muséum. Pour la forme typique de l'élytre, voir élytre droit.-Aires 
corrodées blanchâtres rappelant, selon M. Heim, les Mosaïques, ces maladies nôn mycologiques des feuilles, dues peut- 
être à un virus filtrant. Le néallotype Ç ne les offre pas. Les petites taches foncées entourées d’une zone pâle font penser à 
celles que provoquent de nombreux parasites, tels que Pseudopeziza Trifolii Fuckel, ou des Phoma. 

Fig. 21. — Typophyllum mutilatum Walker (1870). Type British Muséum. 

Fig. 22. — Typophyllum trapeziforme Stoll (1787). Muséum, Paris. Photo Le Charles. 

Fig. 23. — Typophyllum erosum Stoll (1787). Cf Ç, Muséum, Paris. Photo Le Charles. 

Fig. 24. — Catasparata histrio Brunner (1895). <$, British Muséum. 

Fig. 25. — Cycloptera (Pterochroza) speculata Burmeister (1839). $, U. S. nat. Muséum, Washington. Teinte ocreuse générale. 11 
semblerait d’abord que de multiples stades d’une seule et même évolution des taches rongées nées des points sombres 
fussent ici représentés à la fois. Mais il faut distinguer, en fait, des simulacres de plusieurs sortes. Ainsi, selon M. Heim, les 
taches brunies rappellent celles que soit la Sphériacée Venturia inæqualis (Cooke) Aderhold, soit la Sphéropsidée Marssonia 
Rosœ Briosiet Cavara déterminent sur les feuilles, tandis que les taches fenêtrées t 2 , e lt font penser à l’érinose,que provoquent 
des Acariens. — x 2,4. Photo Le Charles. 

Fig. 26. — Ta?iusia (Pterochroza) arrosa Brunner (1884). $, Muséum, Paris. Tache t x tout à fait débutante : des soupçons d'attaques 
visibles surtout par transparence. Selon M. Heim, ce n’est pas une maladie mycologique que mime la grande tache api¬ 
cale. x 2,25. Photo Le Charles. 


Source : MNHN, Paris 



Archives dc Muséum - 6 e Série Tome V. 


PL III 



Photos Le Charles 


LES SAUTERELLES FEUILLES AMÉRICAINES 


Masson & C" 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 



.* 


Source : MNHN, Paris 












\ 









, 

- 

. 




' 






. , 










•+ 


' - - 

- 

■. • 

i 


\ 








Archives du Muséum. 


Tome V. 


Planche IV 


Fig. 27. — Tanusia (Pterochroza) Brullæi Blanchard (1840). $, Muséum, Paris. Tache t x : partie interne déjà fenêtrée, partie 
externe encore aréolaire. Tache t l : miroir « couvert », un peu dégagé de la pointe qui regarde le satellite. Celui-ci corres¬ 
pond, dans la cellule 5, à la partie interne des taches qui, dans les cellules S' et L, commencent à se ronger. Tache subapi¬ 
cale : la «marque d'interruption » (voir à droite) a ici la valeur d'une tache rongée. Belle tache rongée d x . Postérieurement, 
curieuse série sous-marginale de taches rongées. Antérieurement, menus traits pâles de pur décor, placés le longdes nervures, 
transversalement. Certaines érosions postéro-distales claires correspondent à des ornements bleutés de la face ventrale. 
X 1,7. Photo Le Charles. 

Fig. 28. — Tanusia subtilis Vignon (1923). Holotype Ç, Muséum, Paris. Des parties vertes, spécifiques, bordent distalement les 
nervures qui limitent, sur les côtés, la cellule T. On trouve des feuilles qui ont bruni de la sorte, x 1,6. Photo Le Charles. 

Fig. 29. — Ommatoptera pictifolia Walker (1870). var. bicorrosa nov. var. Type Université de Strasbourg. Vers le milieu du bord 
arrière, une tache pseudo-cryptogamique aura vraiment rendu le tissu plus fragile, car, aujourd'hui, sur l’un et l'autre 
des élytres, l’intérieur de la tache est brisé. Les bords, foncés, sont intacts. (Voir, pl. en couleurs, fig. 6, lecas d "Ommatoptera 
mutila, var. bicorrosa). Photo Le Charles. 

Fig. 30. — Ommatoptera mutila Vignon (1923). Monotype <£. Musée de Vienne. Vue ventrale. Photo Le Charles. 

Fig. 31. — Porphyromma speciosa Brunner (1895). $ fi. Musée de Vienne. Vue ventrale. Photo Le Charles. 


Source : MNHN, Paris 



Archives du Muséum - 6*.. Série, Tome V. 


PL IV 



LES SAUTERELLES FEUILLES AMÉRICAINES 


Photos Le Charles 


Masson & C 1 ' 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 






Source : MNHN, Paris 


/ 













' 


N 




f 


- 







' 






■\ 

\ „ 




\ 



/ 


/ 














* 









* 







' 










v 









/ 


Source : MNHN, Paris 




Archives du Muséum. 


Tome V. 


Planche V 


Fig. 32. — Tanusia signala Vignon (1923). pareil au type $. Muséum, Paris (Type $, PI. D, fig. 21). Les taches brunes rap¬ 
pellent à M. Heim celles que produisent sur les feuilles les Champignons du groupe des Phyllosticta . Photo Le Charles. 

Fig- 33 - — Tanusia (Pterochroza) colorata Serville (1839), var. inquinata Vignon (1923). Monotype <$, Musée de Vienne. Peinture 
gouachée blanche, sur fond brun, semblant mimer une fiente d’oiseau. (Voir la fig. 34.) 

Fig- 34 - — Tanusia (Pterochroza) cristata Serville (1839), var. picta Vignon (1923). Monotype <$, British Muséum. La peinture 
blanche (fig. 33) est ici comme délavée. Elle semble mimer une fiente d’oiseau à demi effacée par la pluie. 

Fig. 35. — Ommatoptera (Pseudotanusia) elegansV ignon (1923). Monotype <£, British Muséum. Une peinture blanche, comme 
fig- 33 * 34 - 

Fig. 36. — Cycloptera (Pterochroza) speculata Burmeister (1839). <j>, British Muséum. La fenêtre t 2 souvent en forme de T ou bien 
crochue, chez les Cycloptera. Pour les taches rongées nées des points sombres, voir ci-dessous fig. 38. 

Fig. 37. — Cycloptera speculata (= C. tiliæfolia Walker 1870). Ç, British Muséum. L’absence, presque complète, des taches 
rongées ne semble rien avoir de spécifique. (Voir surtout PI. C, fig. 17.) 

Fig. 38. — Cycloptera excellens Vignon (1926). Monotype Ç. British Muséum. Superbe exemple de l'aspect que les taches rongées 
revêtent souvent, chez les Cycloptera (Voir en revanche PI. B, fig. 15, 16, des taches d’un autre type). Ici les taches rap¬ 
pellent à M. Heim celles que provoquent les maladies mycologiques dites des trous des feuilles, et qui sont déterminées 
soit par la Sphéropsidée Clasterosporium carpophilutn (Léveillé) Aderhold, soit par la Sphériacée Mycosphærella sentina 
Fuckel. Elles rappelleraient aussi les taches des Cercospora. 

Fig. 39 - — Typophyllum acutum Vignon (1925). Monotype ?. Musée de Madrid. (Aussi PI. II, fig. 13 et fig. 50 du texte.) Photo 
Le Charles. 

Fig. 40. — Typophyllum erosum Stoll (1787). £ Muséum, Paris. Le détourage a effacé malheureusement l’entaille distale, au 
bord arrière de l’élytre. Les minuscules taches noirâtres rappellent à M. Heim celles que produisent les Myiocopron (Pyré 
nomycètes, Mycrothyriacées). Photo Le Charles. 

Fig. 41. — Mimetica viridifoliaBrunneT {1895). Ç.Muséum, Paris. Variété tachée (Néallotype ÇP 1 . VI, fig. 44). Photo Le Charles 

Fig. 42. — Mimetica mortuifolia Pictet (1888). Musée de Madrid. Élytrebrun. (Aussi PI. VII, fig. 59, élytre vert.) Photo Le 
Charles. Les petites taches foncées, dues à l’utilisation presque immédiate des points sombres, visibles fig. 34, 35, 37, 39 
rappellent à M. Heim celles des Septoria, des Phoma (Sphéropsidées). Celles des figures 34, 37, font aussi penser à celles 
de nombreux parasites, tels que Pseudopeziza Trifolii Fuckel. 


Source : MNHN, Paris 



Archives du Muséum - < 5 « Série, Tome V. 


PL V 



Photos Le Charles 


LES SAUTERELLES FEUILLES AMÉRICAINES 


Masson & O* 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 




Source : MNHN, Paris 


1 










\ 















\ 


/ 


\ . 


* 
















>■ " . ' 


Source : MNHN, Paris 

• ' 


Archives du Muséum. 


Tome V. 


Planche VI 


Fig. 43.'— Mimetica castanea Brunner (1895). Monotype $. Musée de Vienne. (Aussi fig. 56 du texte.) Sous l’axe d elytie, une 
tache jaunâtre, aux bords frisés. (Voir PI. II, fig. io, Pterochroza mandata Vignon, et, fig. 41 du texte, Typophyllum cinna- 
mum I. Bolivar.) Photo Le Charles. 

Fig. 44. — Mimetica viridifolia Brunner (1895). Néallotype $, Muséum, Paris. (Voir PI. V, fig. 41 ; élytres mâles, PI. VII, 
fig 56-58.) Photo Le Charles. 

Fig. 45. — Mimetica incisa Stâl (1875). Type $. Musée de Stockholm. (Voir PI. VII, fig. 53.) Photo Le Charles. 

Fig. 46. — Cycloptera falcifolia Walker (1870). Monotype British Muséum. 

Fig. 47. — Ommatoptera (Pterochroza) pictifolia Walker (1870), var. pnlris Vignon (1923). Type $, Muséum, Paris. (Aussi PI. F, 
fig. 28, vue ventrale agrandie.) Photo Le Charles. 

Fig. 48. — Ommatoptera (Pseudotanusia) pusilla Vignon (1923). Monotype o. Muséum, Paris. L’étranglement des ailes posté¬ 
rieures, sous l’ocelle, est tératologique. Photo Le Charles. 

Fig. 49. — Ommatoptera (Pterochroza) pictifolia Walker (1870). Type n° 494#. British Muséum. (Type $, PI. F, fig. 27.) 

Fig. 50. — Anommatopteva manifesta Vignon (1923). Monotype q. Muséum, Paris. Le génotype. (PI. IX, fig. 73, une feuille de 
charme, tachée de même.) x 1,75. Photo Le Charles. 


Source : MNHN, Paris 




Archives du Muséum - 6* Série, Tome V. 


PI. VI 



Photos Le Chari.es 

LES SAUTERELLES FEUILLES AMÉRICAINES 

Masson & C ,# 

Éditeurs 

Source : MNHN , Paris 





Source : MNHN, Paris 




Archives du Muséum. 


Tome V. 


Planche VII 

Fig. 51. — Typophyllum trigonum Vignon (1925). Type $. Musée de Madrid. (Aussi fig. 42 du texte.) Photo Le Charles. 

Fig. 52. — Typophyllum quadriincisum Vignon (1925). Monotype Ç. Musée de Madrid (Eos, I, PI. VII en couleurs, fig. 4). Photo 
Le Charles. 

Fig- 53 - — Mimetica incisa Stâl (1875). $, British Muséum (= M. marmorata Saussure et Pictet 1898). Pseudo-fructifications 
cryptogamiques exceptionnelles (Type $, PI. VI, fig. 45). x 1,85. 

Fig. 54. — Mimetica incisa. Néallotype 0, Muséum, Paris. Photo Le Charles. 

Fig. 55. — Mimetica incisa. £ U Muséum, Paris. Autre aspect, très curieux, de l’entaille àntéro-distale mâle : à la sous-costale, la 
branche externe de la fourche pointe, pour simuler une nervure foliaire qu’un insecte rongeur aurait en partie .respectée, 
comme trop coriace. Photo Le Charles. 

Fig. 56. — Mimetica viridifolia Brunner (1895). a. Muséum, Paris. Stade rigoureusement initial de l’entaille antéro-distale <?. 

(Fig. 58 du texte, mise en série des entailles suivant le degré d’avancement simulé). Photo Le Charles. 

F*g- 57 - — Mimetica viridifolia. $ {i, Muséum, Paris. Stade suivant de l’échancrure. Le bord postéro-distal subsinué. Photo 
Le Charles. 

Fig. 58. — Mimetica viridifolia, £ 26498. Musée de Vienne. L’échancrure bien plus profonde. Ébauche, très faible, d’une sinuation 
postérieure sur la nervure TS. 

Fig. 59. — Mimetica mortuifolia Pictet (r888). 3 Muséum, Paris. Vert ; stigmatisé sur la nervure TP. (Voir PI. V, fig. 42.) 
P 1 o ; o Le Charles. 

Fig. 60. — Rhodopteryx elongata Vignon (1924). var. crocea Vignon (1927). Holotype $. Musée zoologique de l'Université, Berlin. 
X 2. Photo Le Charles. 


Source : MNHN, Paris 



Archives du Muséum 


6' Série, Tome V. 


P!. VII 



Photos Le Charles 


LES SAUTERELLES FEUILLES AMÉRICAINES 


Masson & C*' 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 



9 


Source : MNHN, Paris 




. 


' 













/ 


» 






Archives du Muséum. 


Tome V. 


Planche VIII 


Fig. 61. —r Pterochroza nimia Vignon (1922). Type $. Muséum, Paris. Région postéro-distale de l'élytre : aspect usé, décoloré, 
Photo Le Charles. • 

Fig. 62. — Tanusia Brullæi Blanchard (1840), var. crassiocellata Vignon (1923). Holotype Ç, n° 22078, Musée de Vienne, 
(Aussi fig. 18 du texte.) A l’aile postérieure, ocelle élevé, de base épaisse. 

Fig. 63. — Tanusia (Pterochroza) Brullæi Blanchard (1840). Type $. Muséum, Paris. Aile postérieure : ocelle arrondi, de base 
mince. Photo Le Charles. 

Fig. 64. — Tanusia decorata Walker (1870), var. media Vignon (1923). Holotype $, Muséum, Paris. Photo Le Charles. 

Fig. 65. — Tanusia decorata, var. crassivenosa Vignon (1923). Monotype Ç, Muséum, Paris. Photo Le Charles. 

Fig. 66. — Tanusia corrupta Vignon (1923). Holotype $. British Muséum. 

Fig. 67. — Tanusia (Pterochroza) sinuosa Stâl (1873). Monotype Musée de Stockholm. Le génotype. 

Fig. 68. — Ommatoptera (Pterochroza) picturata Servilie (1839). Monotype <$. Muséum, Paris. Les débris de l’insecte, mal mon¬ 
tés : les élytres mis sens devant derrière, le droit à la place du gauche. L'élytre droit (placé à gauche) est intact. 
Photo Le Charles. 

Fig. 69. — Typophyllum laciniosum Vignon (1927). Monotype ?. Musée zoologique de l'Université, Berlin. (Aussi fig. 47 du texte.) 
X 2. Photo Le Charles. 

Fig. 70. — Typophyllum truncatifolia Walker (1870). Monotype Ç. British Muséum. 

Fig. 71. — Typophyllum erosifolia Walker (1870). Monotype Ç. British Muséum. 


Source : MNHN, Paris 



Archives nu Muséum - 6 « Série, Tome V. 


PL VIII 



Photos Le Chaulés 


LES SAUTERELLES FEUILLES AMÉRICAINES 


Masson & C ,r 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 




Source : MNHN, Paris 


I 








/ 


• ' 







' I 


f 




\ 


N 


S 


I 






» 





K \ 




I 











\ 





y 



/ 





















‘ 















\ 











* 




















' 


















K 











•" 

r !, 







% 















/ - 














/ . 








Source : MNHN, Paris 


A rchives du Musèvm. 


Tome V. 


Planche IX 

Fig. 72. — Typophyllum Eeckei Vignon (1926). Monotype Ç. Musée de Leyde. x 2,3. Photo Le Charles. ' 

Fig. 73. — Feuille de charme. (Voir PI. VI. fig. 50. la copie que fait A no mm a top ter a] manifesta Vignon de cette sorte de taches 
cryptogamiques.) Photo Le Charles. 

Fig. 74. — Feuille d’un arbuste exotique. Il arrive aux Ptérochrozes de bien copier ces taches apicales. (Au Muséum, $ l 
de Typophyllum trapeziforme Stoll.) Photo Le Charles. 

Fig- 75 - — Feuille de Spiræa ulmaria Linné. Vestiges à demi persistants d’une fiente d’oiseau. (Voir PI. V, fig. 34 : aspect ana¬ 
logue, mais en plus délavé, plus estompé.) Photo Le Charles. 

Fig. 76. — Feuille de Malus acerba Mérat. Sur le limbe, attaques du* Champignon Venturia incequalis (Cooke) Aderhold. 
(Détermination de M. Heim.) Échancrures marginales. Photo Le Charles. 

Fig- 77 - — Feuille de Rosa sp. (Voir PI. XII, fig. 96, 97, des pseudo-attaques analogues.) Photo Le Charles. 

Fig. 78. — Feuille de Quercus robur Linné, sub. sp. sessiliflora Salisbury, attaquée par un Champignon qui n’a pas fructifié. 
Les Ptérochrozes miment parfois ces zones pâles. Photo Le Charles. 

Fig. 79 - — Grande foliole de Cytisus laburnum Linné, attaquée par le Champignon Phyllosticta cytisi Desmazières. (Détermination 
de M. Heim.) (PI. en couleurs, fig. 6, une pseudo-attaque d’un aspect analogue, mais avec la tache pâle située elle-même 
au sein d’une grande plage brune. J’ai vu de tels redoublements de l’attaque mycologique sur des feuilles de 
Mahonias.) Photo Le Charles. 

Fig. 80. — Petite foliole de Cytise. Même maladie mycologique. Photo Le Charles. 

Fig. 81. — Feuille du Quercus rubra Linné d’Amérique, attaquée par le Champignon Coccomyces dentatus Albertini et Schweinitz 
(Détermination de M. Heim). (Voir PI. I, fig. 3, des pseudo-attaques analogues.) Photo Le Charles. 

Fig. 82. — Une foliole de Fraxinus excelsior Linné, rongée par des insectes. Chez les Ptérochrozes, là tache t 2 mime souvent des 
attaques de cette sorte. (Par exemple, PL. V, fig. 36, 37 38; PL VI. fig. 50.) Photo Le Charles. 


Source : MNHN, Paris 



Archives du Muséum ■ 6 e Série, Tome V. 


PL IX 



Photos Le Ch a ri us 


LES SAUTERELLES FEUILLES AMÉRICAINES 


Masson & C‘ # 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 







Source : MNHN, Paris 























» 




/ 

\ 






s ' 


\ 






* • ' •> 


; 




( 








\ 






I 





\ 


I 


/ * 














Source : MNHN. Paris 





Archives du Muséum. 


Tome V. 


Planche X 


Fig. 83. — Mimetica angulosa Vignon (1924). Monotype $, British Muséum. (Aussi fig. 60 du texte.) 

Fig. 84. — Typophyllum scissifolia Walker (1870). Monotype $. British Muséum. 

85. — Typophyllum inflatum Vignon (1925). Holotype $. Muséum, Paris. (<£. PI. III, fig. 18.) Photo Le Charles. 

Fig. 86. — Porphyromma viridifolia Brunner (1895). Monotype <$. Musée zoologique de l’Université, Berlin. Aile postérieure : 
ocelle en régression, sans vestige aucun de la ligne blanche arrière des Tanusia, contrairement à ce qui a lieu chez Porphy¬ 
romma speciosa (PI. IV, fig. 31) ; l’apex encore plus court et plus rond, du fait que toute la région postocellaire est tombée. 
Fig. 87. — Rhodopteryx elongata Vignon (1924). Allotype Musée de Madrid. (Aussi PI. II, fig. 16. — Type $, PI. F, fig. 35.) 
Photo Le Charles. 

Fig. 88. — Typophyllum bisinualum Brunner (1895). $> Muséum, Paris. Photo Le Charles. 

Fig. 89. — Pycnopalpa (Locusta) bicordata Serville (1825). $, Muséum, Paris. En avant de la tache préapicale, le bord de l'élytre 
comme nécrosé, x 2,7. Photo Le Charles. 

Fig. 90. — Pycnopalpa bicordata . Muséum, Paris. Tache basali-costale de l’élytre mimant, tout [comme le corps, la nécrose. 

La base dilatée du fémur postérieur du ton de la partie du corps qu’elle recouvre, x 5,6. Photo Le Charles. 

Fig. 91. — Pycnopalpa bicordata <$. Muséum, Paris. Mêmes remarques ; mais l’insecte est plus pâle. Photo Le Charles. 

Fig. 92. — Pycnopalpa angusticordala Vignon (T924). Tvpe<J. Muséum. Paris. (Aussi PI. J, fig. 72.) x 2,7. Photo Le Charles. 


Source : MNHN, Paris 



Archives du Muséum - < 5 e Séné, Tome V. 


PL X 


Photos Le Charles 



LES SAUTERELLES FEUILLES AMÉRICAINES 


Masson & O* 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 


















> 








Source : MNHN, Paris 





Archives du Muséum. 


Tome V. 


Planche XI 


93 - — Pycnopalpa bicordata Serville, var. morata Vignon 1930 Monotype?. Muséum, Paris. (Aussi PI. K, fig. 84 et 85.) x 27 
Photo Le Charles. 

Fig. 94. — Pycnopalpa bicordata Serville. Muséum, Paris. (Aussi PI. L, fig. 86, 87, et fig. 68dutexte.) x 2,7. Photo Le Charles. 
Fig. 95. — Pycnopalpa bicordata Serville. Muséum, Paris, x 6,9. Photo Le Charles. 


Source : MNHN, Paris 






Archives du Muséum - 6 e Séné, Tome V. 


PI. XI 



Photos Le Charles 


LES SAUTERELLES FEUILLES AMÉRICAINES 


Masson & G 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 







Source : MNHN, Paris 



Archives du Muséum. 


Tome V. 


Planche XII 


Fig. 96. — Metaprosagoga (Cœlophyllum) insignis Vignon (1924). Type Muséum, Paris. (Aussi PI. M, fig. 96.) Tache rongée 
magnifique, x 2,5. Photo Le Charles. 

Fig. 97 - — Metaprosagoga i?isigni$. $, Muséum, Paris. Taches rongées strictement débutantes. Photo Le Charles. 


\ 


Source : MNHN, Paris 



Archives du Muséum - 6 e Série, Tome V. 


PI XII 



Photos Le Chaki.es 


LES SAUTERELLES FEUILLES AMERICAINES 


Masson & C*‘ 
Editeurs 


Source : MNHN, Paris 







Source : MNHN, Paris 


INDEX 


SYSTÉMATIQUE 


jjoc.) 


Itarissa (Cœlophyllum, Pkosagoga). 189. 

Itarissa (Pkosagoga), 189 , 191 
coriacea Pictet (1 888 ), 189 . 
laciniosum. Typophyllum, 117 , 132 . 
lacinipennis, Typophyllum, 117 , 135 , 134, 144. 

( lati/olia , Chlorophvlla) : vide Cycloptera speculata, 
75 , 77 . 

laurifolia, (Tanusia) Ommatoptera, 96, 101. 
lineamentis, (Cœlophvllum) Phylloptera, 189, 193, 
195, 191. 

lineata, var. de Pteroehroza ocellata, 66, 68, 123. 
lineata [étiquettes de Brunner : vide Topana cincti- 
cornis, 167, 170, 173. 

(Locusta bicordata) : Pycnopalpa bicordata, 185 , 204. 
Locusta camellifolia Fabricius (1775), 75 . 

Locusta camillifolia Fabricius (1781), 75 . 

(Locusta camillifolia, apud Stoll 1787) : Cycloptera 
speculata, 75 . 

(Locusta ocellata) : Pteroehroza ocellata, 66, 203. 
(Locusta siccifolia) : Pteroehroza ocellata, 66,152, 203. 
lunatum, Typophyllum, 117 , 144 , 135, 143, 198. 
luteifolium, Typophyllum, nomen nudum : vide 
Typophyllum inflatum, 129 . 
maculata, Pteroehroza, 66, 72 , 84, 121, 147, 198. 
maculato-pennis, (Rhodopteryx) Anommatoptera, 106 , 
109 . 

maculifolia, Pteroehroza, nomen nudum : vide An¬ 
ommatoptera manifesta, 108 . 
manifesta, Anommatoptera, 106 , 108 . 
marginata, var. de Pteroehroza ocellata, 66, 69 . 

( marmorata , Mimetica) : vide Mimetica incisa, 152 , 
198. 

media, var. de Tanusia decorata, 86, 90, 100. 
media, Topana, 166,171, 167, 174. 

Metaprosagoga (Cœlophvllum), 189, 191, 205 
insignis Vignon (1924), 189, 192, 200. 

Mimetica (Cycloptera). 145, 146, 112, 115, 117, 139, 
141, 142, 143.. 197, 198, 199, 204 
angulosa Vignon (1924), 146, 157, 145, 147. 
aridifolia Saussure et Pictet (1898), 146, 158, 145. 
castanea Brunner (1895), 146, 147, 73, 149, 198. 
crenulata Rehn (1906), 146, 155. 
imperatrix Hebard (1924), 146, 156, 145. 
incisa Stàl (1875). 146, 152, 152. 

(= marmorata Saussure et Pictet, 1898), 152 , 198. 
mortuifolia Pictet (1888), 146 , 153 , 145. 

(= Brunneri Saussure et Pictet, 1898), 153 , 154 . 
(= Picteti Kirby, 1906), 153 . 

— var. bicolor Vignon (1927), 154 . 
pehlkei Enderlein (1917), 145 , 146 , 147, 148. 
siccifolia Saussure et Pictet (1898), 146 , 152 . 

(= Saussurei Kirby, 1906), 152 . 

Simoni I. Bolivar (1890), 146 , 155 . 


stigmatica Karny (1914), 146, 148. 
subintegra Saussure et Pictet (1898), 146. 151. 
tuberata Vignon (1924), 146, 155. 
viridifolia Brunner (1895), 146, 149. 58, 151, 152. 

(= expansa Vignon, 1924), 149. 

(Mimetica erosifolia) : Typophyllum erosifolia, 140. 
(Mimetica mortuifolia, apud Kirby 1906) : Typophyl¬ 
lum mortuifolia, 143. 

(Mimetica rufifolia) : Typophyllum rufifolia, 121. 
(Mimetica scissifolia) : Typophyllum scissifolia, 127 
(Mimetica Simoni çf, apud Brunner 1895) : Typophyl¬ 
lum curtum, 142. 

(Mimetica truncatifolia) : Typophyllum truncatifolia, 
133. 

mollis, var. de Pteroehroza nimia, 71, 72, 84. 
morata, var. de Pycnopalpa bicordata, 186, 183, 188, 
200. 

mortuifolia (Brunneri, Picteti), Mimetica, 146, 153 , 145 . 
mortuifolia, var. bicolor, Mimetica, 154. 

(; mortuifolia , Pycnopalpa) : vide Pycnopalpa bicordata, 
186. 

mortuifolia, (Mimetica) Typophyllum, 117, 143, 145, 
152, 198. 

mutila, Ommatoptera, 96, 102, 105, 197. 
mutila, var. bicorrosa, Ommatoptera, 103, 58, 97, 198. 
mutilatum {déformé), Typophyllum, 117, 140, 121, 138. 
142. 

Myiocopron, 120. 

Nepticula, 183 

argentipedella Zeller (1839), 188 - 
nimia, Pteroehroza, 66, 71, 72. 
nimia, var. mollis, Pteroehroza, 71, 72, 84. 
notata, forma : vide Ommatoptera pictifolia, var. sera, 
100 ; Tanusia decorata, var. media, 86. 
ocellata, (Locusta, Ptkrophylla) Pteroehroza, 66, 73, 
152, 203. 

(ocellata, Gryllus Tettigoniæ) : vide Pteroehroza 
ocellata, 66. 

(ocellata varies, Gryllus Tettigoniæ) : vide Pteroehroza 
Stolli, 69. 

ocellata, var. Bouvieri, Pteroehroza, 66, 69, 72, 73. 
ocellata, var. carbonescens, Pteroehroza, 66, 68. 
ocellata, var. lineata, Pteroehroza, 66, 68, 123. 
ocellata, var. marginata, Pteroehroza, 66, 69. 
ocellata, var. Stolli, Pteroehroza, 66, 69. 

(ocellatus, Gryllus, Tettigonia) : vide Pteroehroza 
ocellata, 66, 203. 

ochracea, (Tanusia) Anommatoptera, 106. 
Ommatoptera (Pteroehroza, Tanusia, Pseudotanusia), 
60. 61, 94, 96, 78, 90, 95, 104, 105, 106, IQ7, 198. 
199, 205 

elegans Vignon (1923), 96, 100. 
laurifolia Pictet (1888), 96, 101. 


Archives du Muséum, 6 e Série. 


V. — 27 






210 


P. VIGNON 


(*- Tanusia laurifolia, Brunner 1S95), 101 
mutila Vignon (19^j). 96 , 102 . 105, L97. 

var. bicorrosa Vignon (1926), 103 , 58, 97, 198. 
pictifolia Walker (1870), 96 , 200. 

(= Tanusia anguIato-ocellataBrunner 1895), 96 . 97 . 

— var. bicorrosa Vignon nov. var., 97 . 103. 

— var. pallida Vignon (1923), 99 . 
var. pu tris Vignon (1923), 99 . 

var. sera Vignon (1926), 100 . 58, 86, 95, 100, 103, 
200. 

picturata Serville (1839). 96 , 101 . 
pusilla Vignon (1923), 96 , 101 . 
pallida, var. de i’Ommatoptera pictifolia. 99 . 
Paracycloptera (Cycloptera), 197, 205 
carinifolia Saussure et Pictet (1898), 163 . 
grandifolia Brunner (1895), 162 , 163 . 
reticulata Kirby (1906), 161 , 163 , 159. 

(= Cycloptera aurantifolia Stoll, apud Pictet 1888), 

161 , 159 . 

Parasimodera 

Saussurei Cari (1914), 161 . 

Parysatis J. Thomson (1868), Coléoptère, 59, 204. 
(Parysatis crassicornis Stâl 1874) : Roxelana crassi- 
comis, 59. 

Parysatis Meyrick (1883), Lépidoptère, 59 . 203. 
(pavonifolia, Cycloptera) : vide Tanusia Brullæi. 80 , 83 . 
pehlkei, Mimetica. 145 , 146 , 147, 148. 
permaculata, var. de Pycnopalpa bicordata, 186 , 186. 
peruviana, Phylloptera, 189 . 
peruvianum, Typophyllum, 117 , 140 , 140, 142. 
Phylloptera (Cœlophyllum), 185, 190, 191 
cassinæfolia Serville (1844), 191 . 

Festæ Griffïni (1896), 193 , 195 , 196. 
lineamentis Vignon (1924), 189 . 193 , 195 , 191. 
peruviana Brunner (1878), 189 . 
picta, var. de Tanusia cristata, 90 , 89, 94, 100. 

(picteti, Mimetica) : vide Mimetica mortuifolia, 153 . 
pictifolia, (Pterochroza) Ommatoptera, 96 . 200. 
pictifolia, var. bicorrosa, Ommatoptera, 97 . 103. 
pictifolia, var. pallida, Ommatoptera, 99 . 
pictifolia, var. putris, Ommatoptera, 99 . 
pictifolia, var. sera, Ommatoptera, 100 , 58, 86, 95, 100, 
103, 200. 

picturata, (Pterochroza) Ommatoptera, 96, 101. 
(Plagioptera), 165 : vide, pro parte, Pycnopalpa, pro 
parte, Topana. 

(Plagioptera bicordata) : Pycnopalpa bicordata, 185 , 
204. 

(Plagioptera cincticornis) : Topana cincticomis, 167 . 
(Plagioptera tuberculata) : Topana tuberculata, 174 . 
Porphyromma, 60 , 61 , 104 , 96, 102, 197 
speciosa Brunner (1895), 104 . 
viridifolia Brunner (1895), 104 , 105 . 


postica, Topana. 166 , 177 . 167, 179. 

præruptum (abruptum), Typophyllum, 117 , 130 . T32. 

(Prosagoga) : Itarissa, 189. 

(Prosagoga coriacea) : vide Itarissa coriacea, 189 . 
pseudocinnamum, Typophyllum, 116 , 127 . 
(Pseudotaxusia) : Ommatoptera, 94 . 

Pterochroza (Locusta, Pteropiiylla), 60 . 61 , 66. 95, 
102, 106, 107, 152, 197, 199, 203, 204 
infestata Vignon (1922), 66, 72 , 73, 142. 
maculata Vignon (1925), 66, 72 . 84, 121, 147, 198. 
nimia Vignon (1922), 66, 71 , 72. 

— var. mollis Vignon (1922), 71 . 72 , 84. 
ocellata Linné (1758), 66, 73, 152, 203. 

(? = Locusta siccifolia de Geer, 1773), 66, 152. 

— var. Bouvieri Vignon (1922), 66, 69 , 72, 73. 

— var. carbonescens Vignon (1922), 66, 68. 

— var. lineata Vignon (1922), 66, 68, 123. 

— var. marginata Vignon (1922), 66, 69 . 

— var. Stolli Brunner (1895), 66, 69 . 
uniexcisa Vignon (1923), 66, 71 , 84. 

(Pterochroza arrosa) : Tanusia arrosa, 85 . 
(Pterochroza aur antiifolia) : Cycloptera aurantifolia, 
74 . 

(Pterochroza Brullæi) : Tanusia Brullæi, 80 , 203. 
(Pterochroza colorata) : Tanusia colorata, 93 . 
(Pterochroza cristata) : Tanusia cristata, 89 . 
(Pterochroza décorât a) : Tanusia décora ta, 85 . 
(Pterochroza deflorata) : Tanusia illustrata, 93 . 
(Pterochroza erosa) : Typophyllum erosum, 122 . 
(Pterochroza illustrata) : Tanusia illustrata, 93 . 
(Pterochroza infecta) : Tanusia infecta, 84 . 
Pterochroza maculifolia, nomen nudum : vide Anom- 
matoptera manifesta, 108 . 

(Pterochroza pictifolia) : Ommatoptera pictifolia, 96 . 
(Pterochroza picturata) : Ommatoptera picturata, 
101 . 

(Pterochroza sinuosa) : Tanusia sinuosa, 94 . 
(Pterochroza speculata) : Cycloptera speculata, 75 . 
(Pterochroza trapeziformis) : Typophyllum trapezi- 
forme, 119 . 

(Pterophylla ocellata) : Pterochroza ocellata, 66. 
pulchripennis, Rhodopteryx, 111 . 
pusilla, Ommatoptera, 95 , 101 . 
putris, var. de l’Ommatoptera pictifolia, 99 . 
Pycnopalpa (Plagioptera, Soria), 165 , 166 , 182 . 167, 
169, 179, 199, 200, 204, 205 

angusticordata Vignon (1924), 183 , 187 . 167, 199, 
200. 

bicordata Serville (1825), 183 , 185 , 58, 167, 169, 179, 
187, 188, 189, 199, 200. 

(= Soria contaminata Walker 1869), 185 . 

( = mortuifolia Rehn 1903), 186. 

— var. morata Vignon (1930), 186 , 183, 188, 200. 


Source : MNHN, Paris 







INDEX SYSTÉMATIQUE 


211 


— var. permaculata Vignon (1930), 186 , 186. 
(Pycnopalpa aurigera) : Topana aurigera, 179 . 
quadriincisum, Typophyllum, 116 , 124 , 115. 
reticulata, (Cycloptera) Paracycloptera, 161 , 163 , 159. 
Rhodopteryx, 60 , 61 , 111, 113, 115,197,198,204,205 

elongata Vignon (1924), 111 , 58. 

— var. crocea Vignon (1927), 112 . 

Hebardi Vignon (1930), 111 , 113 . 
pulchripennis Pictet (1888), 111 . 

(Rhodopteryx elongata, apud Hebard) : Rhodopte¬ 
ryx Hebardi, 113 . 

(Rhodopteryx maculato-pennis) : Anommatoptera 
maculato-pennis, 109 . 

Roxelana (Parysatis, Chlorophylla), 59 , 60 , 61 , 
ni, 118, 197, 198, 204 
crassicornis Stâl (1874), 59 , 199. 

(= Chlorophylla inca Rehn 1918), 59 , 63 . 

(= Chlorophylla rufipes Brunner 1895), 59 , 63 . 
rubiginosa, Topana, 166 , 179 , 167. 
rubroocellata, Tanusia, 79 , 83 . 
rufifolia, (Mimetica) Typophyllum, 116 , 121 , 73. 
(rufipes, Chlorophylla) : vide Roxelana crassi¬ 
cornis, 59 , 63 . 

rusina, Draconia (nec Dracenta), 204. 

(saussurei , Mimetica) : vide Mimetica siccifolia, 152 . 
saussurei, Parasimodera, 161 . 
scissifolia, (Mimetica) Typophyllum, 116 , 127 . 
sera, var. de l’Ommatoptera pictifolia, 100 , 58, 86, 95, 
100, 103, 200. 

(siccifolia, Locusta) : vide Pterochroza ocellata, 66,152, 
203. 

siccifolia (Saussurei), Mimetica, 146 , 152 . 
siccifolium, Typophyllum (Tovaria), 116 , 123 . 
signata, Tanusia, 79 , 87 . 
simoni, Mimetica, 146 , 155 . 

(simoni, Mimetica cf, apud Brunner 1895) : vide Typo¬ 
phyllum curtum, 142 . 
sinuosa, (Pterochroza) Tanusia, 79, 94. 

(Soria) : Pycnopalpa, 182. 

(Sorïa contaminata) : Pycnopalpa bicordata, 185 . 
speciosa, Porphyromma, 104 . 
speculata, (Pterochroza) Cycloptera, 73 , 75 . 
stigmatica, Mimetica, 146 , 148 . 
stolli, var. de Pterochroza ocellata, 66, 69 . 
subintacta, var. de Tanusia Brullæi, 80 . 
subintegra, Mimetica, 146 , 151 . 
subtilis, Tanusia, 79 , 87 . 

Tanusia (Cycloptera, Pterochroza), 60 , 61 , 78 , 79 . 68, 
90,91, 94, 95, 97, 100, 102,103,104,106,108, ni, 
136, 138, 197,198, 199 
aridifolia Stoll (1787), 79 , 90 , 89. 
arrosa Brunner (1884), 79 , 85 , 89, 198. 

Brullæi Blanchard^(1840), 79 , 80 , 90. 


(= Cycloptera pavonifolia Walker 1870), 80 , 83 . 

— var. crassiocellata Vignon (1923), 80 , 83; 84. 

— var. subintacta Vignon (1923), 80 . 
colorata Serville (1839) 79 , 93 , 83, 93. 

(= grandiocellata Pictet 1888), 93 . 

— var. inquinata Vignon (1923), 94 , 73, 90, 100. 
corrupta Vignon (1923), 79 , 91 , 89. 

cristata Serville (1839), 79 , 89 . 

— var. picta Vignon (1923), 90 , 89, 94, 100. 
décorât a Walker (1870), 79 , 85 , 89, 95. 

— var. crassivenosa Vignon (1923), 79 , 86. 

— var. media Vignon (1923), 86, 90, 100. 
erosifolia Brunner (1895), 79 . 84 . 
illustrata Serville (1839), 79 , 93 . 

(= Pterochroza deflorata Brunner 1884), 93 . 
infecta Brunner (1884), 84 . 
rubroocellata Vignon (1923), 79 , 83 . 
signata Vignon (1923), 79 , 87 . 
sinuosa Stal (1873), 79 , 94 . 
subtilis Vignon (1923), 79 , 87 . 
undulata Brunner (1895), 79 , 91 , 89. 
versicolor Vignon (1923), 79 , 84 , 58. 

(Tanusia angulato-ocellata) , 99 : Ommatoptera picti¬ 
folia, 96 , 97 . 

(Tanusia cristata, apud Brunner) : Tanusia decorata, 
85 , 89. 

(Tanusia Hcegei) : Anommatoptera Hœgei, 108 . 
(Tanusia laurifolia) : Ommatoptera laurifolia, 101 . 
(Tanusia ochracea) : Anommatoptera ochracea, 106 . 
(Tanusia variabilis) Pictet (1888), 83 , 86, 89 , 93 . 
Tanusiella, 60 , 61 , 105 , 197 
guttifera Enderlein (1917), 105 . 

(tiliæfolia, Cycloptera) : vide Cycloptera speculata, 
75 , 77 . 

Topana (Plagioptera, Pycnopalpa), 165 , 166 , 167 , 
185, 186, 199, 200, 205 
aurigera Rehn (1918), 166 , 179 , 167. 
cincticornis Stâl (1873), 166 , 167 , 165, 167, 171, 174, 
188. 

dentata Vignon (1930), 166 , 174 , 165, 169, 188. 
media Walker (1869), 166 , 171 , 167, 174. 
postica Wal ker (1869), 166 , 177 , 167, 179. 
[rbuiginosa Bruner (1914-1915), 166 , 179 , 167 . 
tuberculata Brunner (1878), 166 , 174 , 165, 175, 
176. 

(Topana comuta) : Atopana cornuta, 182 . 

(Topana varia) : Atopana varia, 179 , 180 . 

(Tovaria) : vide Typophyllum, 115 , 123 . 
trapeziforme, (Pterochroza) Typophyllum, 116 , 119 , 
121, 122, 124, 126, 127, 129, 130, 132, 133, 135, 
136, 140, 141, 143. 

(trapeziformis, Gryllus Tettigoniæ) : vide Typophyl¬ 
lum trapeziforme, 119 . 





Z12 


P. VIGNON 


(trapeziformis, Pterochroza) : vide Typophyllum tra- 
peziforme, 119. 

trigonum, Typophyllum, 116 , 123 , 124. 
truncatifolia, (Mimetica) Typophyllum, 117 . 133 . 
tuberata, Mimetica, 146 , 155 . 

tuberculata, (Plagioptera) Topana, 166 , 174 , 165, 
175» 176- 

Typophyllum (Mimetica. Pterochroza), 115, 116-117, 
110, 112, 113, 114, 145, 158, 197, 198, 199, 204, 
205 

abruptum Brunner (1895), 117 , 131 . 
acutum Vignon (1925), 117 , 135 , 134, 136, 139. 
bisinuatum Brunner (1895), 116 , 121 . 119, 121, 141. 
Bolivari Vignon (1925), 117 , 137 ,137,139- I 4 °» * 99 - 
chlorophyllum I. Bolivar (1890), 116 , 123 . 
cinnamum I. Bolivar (1890), 116 , 122 , 73, 122, 127, 
147. 

columbicum Brunner (1895), 115 . 116 . 
contractum Brunner (1895), 116 , 126 . 
curtum Vignon (1926), 117 , 142 . 

Eeckei Vignon (1926), 117 , 136 , 138. 
egregium Hebard (1924), 116 , 126 . 
erosifolia Walker (1870), 117 , 140 , 140. 
erosum Stoll (1787), 116 , 122 , 115, 121, 141. 
excisum Pictet (1888), 116 , 122 , 121, 122, 123, 141. 
flavifolium Saussure et Pictet (1898), 116 , 125 . 
geminum I. Bolivar (1890), 116 , 122 . 
gibbosum Vignon (1925), 117 , 130 . 

Helleri Brunner (1895), 116 , 126 . 
inflatum Vignon (1925), 117 , 129 . 
laciniosum Vignon (1927), 117 , 132 . 
lacinipennis Enderlein (1917), 117 , 135 , 134, 144. 
lunatum Pictet (1888), 117 , 144 , 135, 143, 198. 


mortuifolia Walker (1S70), 117 , 143 , 145, 153,198. 
mutilatum (déformé) Walker (1870), 117 , 140 , 121, 
138, 142. 

peruvianum Pictet (1888), 117 , 140 , 140, 142. 
præruptum Vignon (1926), 117 , 130 , 132. 
pseudocinnamum Vignon (1926), 116 , 127 . 
quadriincisum Vignon (1925), 116 . 124 . 115. 
rufifolia Chopard (1919), 116 , 121 , 73. 
scissifolia Walker (1870), 116 , 127 . 
siccifolium I. Bolivar (1890), 116 , 123 . 
trapeziforme Stoll (1787), 116 , 119 , 121, 122, 124. 
126. 127, 129, 130, 132. 133, 135, 136, 140, 141, 
*43 • 

trigonum Vignon (1925), 116 , 123 , 124. 
truncatifolia Walker (1870), 117 , 133 . 
undulatum Caudell (1918), 117 , 134 , 134. 
(Typophyllum abruptum, apud Vignon 1925a) : 

Typophyllum præruptum, 130 . 

(Typophyllum déformé ) : Typophyllum mutilatum. 
140 , 141 . 

Typophyllum difforme, nomen nudum : vide Typo¬ 
phyllum gibbosum, 130 . 

Typophyllum luteifolium, nomen nudum : vide Typo¬ 
phyllum inflatum, 129. 
undulata, Tanusia, 79, 91, 89. 
undulatum, Typophyllum, 117, 134, 134. 
uniexcisa, Pterochroza, 66. 71, 84. 
varia, (Topana) Atopana, 179, 180, 182, 183. 
(variabilis, Tanusia), 83, 88, 89, 93. 
versicolor, Tanusia, 79, 84, 58. 
viridifolia (< expansa ), Mimetica, 146, 149, 58, 151, 152. 
viridifolia, Porphyromma, 104. 105. 


Source : MNHN, Paris 





Fable des Matières 


Introduction 


57 


Première Partie. Révision du groupe des PTEROCHROZÆ 

Tableaux des genres. 

I. — Genre Roxelana. 

H. — Genre Pterochroza. 

Tableau des espèces. 

III. — Genre Cycloptera. 

Tableau des espèces. 

IV. — Genre Tanusia. 

Tableau des espèces. 


59 

61 

59 

66 

66 

73 

73 

78 

79 


V. — (ienre Ommatoptera. 

Tableau des espèces. 

VF — Genre Porphyromma 

Tableau des espèces. 


94 

06 

104 

104 


VII. — Genre Tanusiella- 

VIII. — Genre Anommatoptera 

Tableau des espèces... 


105 

106 
106 


IX. — Genre Celidophylla. I0 9 

X. — Genre Rhodopteryx. 110 

Tableau des espèces. 111 

[? Genre Catasparata] . £I 3 

XI. — Genre Typophyllum. 115 

Tableau des espèces. XI ^ et II ^ 

XII. — Genre Mimetica. x 45 


Annexe aux PTEROCHROZÆ. — Groupe des PARA PTEROCHROZÆ 

Genre Paracycloptera. 

Tableau des espèces. 


159 

159 

163 


Deuxième Partie. — Recherches sur quelques Sauterelles Phanéroptérides américaines. 165 

I. — Groupe Topana, Atopana Vignon, Pycnopalpa. x ®5 

Remarques sur l'évolution du groupe. x ^5 

Tableau des genres.». 1 & > 


































P. VIGNON 


•214 


Genre Topana. 167 

Tableau des espèces. 166 

Genre Atopana. 179 

Genre Pycnopalpa. 182 

Tableau des espèces. 183 

IL — Metaprosagoga insignis et Phylloptera lineamentis. 189 

Genre Metaprosagoga. 189 

Phylloptera lineamentis . 193 

Conclusions. *9 7 

Liste, dans l'ordre des sujets traités, des noms proposés par l’auteur. 201 

I ndex bibliographique. 203 

Index systématique. 207 

Une Planche en couleurs. 

Douze Planches en simili-gravure encartées dans le texte. 

Douze Planches en phototypie. 

58 figures dans le texte. 


(Les figures du texte et celles des planches encartées dans le texte sont numérotées ensemble, de 
1 à 96.) 


Source : MNHN, Paris 















Recherches 


sur 

le Genre “ Hylochœrus 

Par G. BOUET et H. NEUVILLE 


I. — INTRODUCTION 

De toutes les découvertes ménagées, depuis la fin du siècle précédent, par la péné¬ 
tration de plus en plus étendue et de plus en plus profonde du continent africain, deux, 
en ce qui concerne les Mammifères, ont fixé particulièrement l'attention. Ce fut d’abord 
celle de l’Okapi, signalé depuis longtemps, mais resté longtemps aussi assez mystérieux 
pour que l’on en ait fait tantôt un Equidé, tantôt une Antilope, jusqu'au jour où les mémo¬ 
rables découvertes de Sir Harry Johnston permirent de lui assigner, dans la classification 
zoologique, une place tout à fait particulière, à côté des Girafes. Ce fut ensuite celle d’un 
grand Sanglier noir, hôte des forêts équatoriales, signalé, lui aussi, depuis assez longtemps, 
et considéré parfois comme un Hippopotame. Certains indigènes de l’Afrique orientale 
assignaient à cet animal la taille d’un Zèbre ou d’un petit Buffle et lui faisaient, en outre, 
une réputation de dangereuse combativité. D’abord regardées comme trahissant cette 
tendance à l’exagération que les primitifs manifestent parfois en effet, tout comme maints 
civilisés, ces assertions relatives à la taille de l’animal en question ont été corroborées 
par de plus récentes observations, que nous exposerons dans la suite. 

Ce fut avec un très vif intérêt que l’on accueilüt les premiers documents précis relatifs 
à ce représentant passablement énigmatique de la faune équatoriale africaine. Le savant zoo¬ 
logiste anglais Oldfield Thomas, en examinant quelques dépouilles incomplètes, rappor-, 
tées des régions est-nord-est du Victoria Nyanza par le lieutenant Meinhertzhagen, 
fixa les idées à son sujet : il s’agissait d’un grand Sanglier noir, n’appartenant ni au genre 
des Sangliers proprement dits (Sus), ni à celui des Sangliers dits de rivière (Potamochcerus), 
ni à celui des Sangliers africains à masque ( Phacochœrus ) (i). 

Moins frappante pour le public que celle du majestueux Okapi, et moins importante 

(i) Oldfield Thomas, On Hylochœrus, the Forest-Pig of Central Africa [Proc. Zool. Soc. London, 1904, Il (1905). P- 193- 
199, PI. XIV-XV]. 

Archives du Muséum, 6 e Série, V. 


Source : MNHN, Paris 



2 X6 


G 601 h l h I H N btj VILLJ- 


aussi du point de vue scientifique, la découverte de ce nouveau Sanglier n'en mérite pas 
moins de prendre place immédiatement après elle dans l’histoire récente de la zoologie 
africaine. L’un de nous a pu contribuer à faire mieux connaître cet animal, peu de temps 
après que Old. Thomas eût établi pour lui une espèce et un genre nouveaux : Hylochœrus 
meinhertzhageni ( i ). 

Puis de nouvelles découvertes permirent aux zoologistes de décrire d’autres types 
du genre Hylochœrus, élevés d’abord au rang d’espèces. Ce fut ainsi que Thomas distingua 
un H. rimator, d’après un crâne rapporté par M. G.-L. Bâtes de la région du fleuve Dja, 
(Jades cartes anglaises et Dschades cartes allemandes ; cette rivière, qui porte aussi le nom 
de N’goko, est un affluent de la Sangha) (2). Puis Matschie, directeurdu Musée zoologique de 
Berlin, reconnut dans des spécimens tués sur le Haut-Ituri par M. N ah an une troisième 
espèce qu’il nomma Hylochœrus ituriensis (3). Enfin, M. E. Bai.ducci, d’après un sujet 
rapporté de Sendue, sur le Haut-Congo, par M. E. Brissoni, distingua une quatrième 
espèce, sous le nom d 'Hylochœrus gigliolii (4). 

Ajoutons dès maintenant que, dans son Catalogue of the Ungulate Mammals in the 
British Muséum (5), Lydekker n’a admis qu’une seule espèce à’ Hylochœrus, Y H. mein¬ 
hertzhageni O. Thos, dont il a distingué deux «races»: Y Hylochœrus meinhertzhageni 
meinhertzhageni, caractérisé par des molaires larges, ayant beaucoup de cément, et Y H. 
meinhertzhageni rimator, caractérisé par des molaires plus étroites, avec moins de cément. 
Pour lui, YH. ituriensis et YH. gigliolii sont inséparables l’un de l’autre et appartiennent 
tous deux à la première de ces « races » ; les caractères signalés comme les caractérisant 
représenteraient surtout des laits d’immaturité. Nous mentionnerons également, à titre 
d’introduction aux considérations zoo-géographiques éparses dans les chapitres suivants, 
que, d’après le même ouvrage, les pièces figurant dans les collections du British Muséum 
comme appartenant à YH. meinhertzhageni meinhertzhageni proviennent des localités 
ou régions suivantes : forêt de Nandi, Nyeri, forêt de la Semliki, forêt de Mau (« above 
Njoro »), Laikapia Escarpment (tous lieux situés dans l’Afrique orientale anglaise), forêt 
de Salle (au mont Goré, Abyssinie); on sait que cette «race» se trouve aussi sur les pentes du 
Kénia. Toutes les pièces d 'H. m. rimator des mêmes collections proviennent du Cameroun. 

Depuis la brève révision ainsi faite par Lydekker, M. Zukowsky, attaché à la Ména¬ 
gerie Hagenbeck, a décrit, d’après une photographie prise par M. Schulz, représentant 
du même établissement, et appuyée de documents épistolaires, une cinquième espèce 
d 'Hylochœrus, habitant la région située à l’ouest du Kilimandjaro, et qu’il nomma 
Hylochœrus schulzi (6). 

(1) M. de Rothschild et H. Neuville, Sur Y Hylochœrus meinhertzhageni O. Thos [Comptes Rendus del"Académie des Sciences, 
Paris, 1906, et Bulletin de la Soc. Philomathique de Paris, 1906, 24 p., 3 fig. et 11 PI.). 

(2) Oldfield Thomas, On a new Forest-Pig [Proc. Zool. Soc. London, 1906, I, p. 2-3, 2 fig.). 

(3) P. Matschie, Études sur la faune mammalogique du Congo. Le Sanglier noir de lTturi : Hylochœrus ituriensis (Annales 
du Musée du Congo, Zool., sér. II, t. 1 , fasc. 1, Bruxelles, 1906, p. 1-22, 5 PI. et 6 fig. de texte). 

(4) Enrico Balducci, Di una nuova specie di Hylochœrus : Y Hylochœrus gigliolii [Publicazioni del R. Istituto di studi supe- 
riori pratici e di perfezionamento in Firenze, Sezione di scienze fisiche e naturali, Firenze, 1909, 15 p., 2 tav.). 

(5) R. Lydekker, Catalogue of the Ungulate Mammals in the British Muséum (Nattirai History), vol. IV, Artiodactyla, 
London, 1915. p- 362-365. 

(6) Ludwig Zukowsky, Mitteilungen über eine anscheinend neue Form von Hylochœrus aus dem Winterhochlande, vom 
Mutjekgebirge und vom Meru-Berge (Archiv. für Naturgeschichte, 1921, Abt. 1, 1 Heft, p. 179-191, 1 fig.). 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHCERUS » 


217 


L’un des auteurs de ce Mémoire, qui a longtemps appartenu au corps de santé 
colonial puis à l’administration africaine, a récemment rapporté des rives droite et gauche 
du Bas-Cavally (Libéria et Côte d'ivoire) des pièces qui ont permis de reconnaître une 
nouvelle sous-espèce. — ou «race», pour employer l’expression de Lydekkf.r, — de Y Hylo- 
chœrus meinhertzhageni. C’est VH. ni. ivoriensis B. et N., dont l’habitat constitue, dans 
l’état présent des connaissances, la limite la plus occidentale du genre (x). Tandis que les 
spécimens connus jusqu’ici étaient originaires des parties orientale et centrale de l'Afrique, 
ceux du D T Bouet sont non seulement occidentaux, mais, — fait d’une importance capitale 
au point de vue zoo-géographique, — appartiennent à une région ne se rattachant même 



Fig. 1. — Carte de la répartition des Hylochœrus vivants et fossiles actuellement connus. (Au lieu d ‘Hylochœrus grahbatni, lisez 

H. grabhami.) 


pas au grand bassin du Congo, sinon, — fait également important, — par l’extension 
de la zone forestière, qui ne fut interrompue qu’à une époque encore récente, et où l’on est 
en droit de s’attendre à trouver, d’après les données acquises, des formes ségrégées, souvent 
représentées à travers toute l’Afrique, et formant ici et là des espèces ou des sous-espèces 
distinctes. 

Mentionnons également que deux espèces fossiles d 'Hylochœrus (2), VH. euilus et 


(1) Bouet et Neuville, Sur un Hylochœrus de la Côte d’ivoire et du Libéria (Bas-Cavally) (Hylochœrus meinhertzhageni 
ivoriensis Bouet et Neuville) (Revue d’Histoire naturelle, I re partie, vol. XI, n° 9. Paris, 1930). — Id., '[JHylochœrus mein¬ 
hertzhageni ivoriensis B. et N. (Bull, du Mus. nat. d'Hist. nat., Paris, 1930, n° 6, p. 601-603). 

(2) A. Tindell Hopwood, The Geology and Palæontology of the Kaiso Bone-beds, Part. II. Palæontology, Fossil Mam- 
mals. ( Uganda Protectorat. Geological Survey Department. Occasional Paper, n° 2, novembre 1926, p. 13-36, 4 pi-, 14 fig.). 

Id. Hylochœrus grabhami, o. new species of Fossil Pig from the White Nile (Annals and Mag. of Natural History, sér. 10, 
vol. IV, sept. 1929, p. 289-290). 

Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 28 


Source : MNHN, Paris 






























2 lS 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


l 'H. grabhami, ont été fondées par M. T. Hopwood sur des dents trouvées dans l’Ou¬ 
ganda et la région du Nil Blanc. 

Nous allons passer en revu* les données relatives à ces diverses formes d’un genre 
bien caractéristique des régions forestières de l’Afrique équatoriale et qui reste très impar¬ 
faitement connu malgré toutes les découvertes dont il fit l’objet. Nous nous hâtons d’ailleurs 
de préciser que si, en présentant ces « formes » dans l'ordre chronologique où elles furent 
décrites, nous respectons la valeur spécifique qui leur fut attribuée par les premiers descrip¬ 
teurs, nous ne nous en rallions pas moins à l’opinion de Lydekker, ne reconnaissant, 
dans son Catalogue des Ongulés, qu’une seule espèce d ’Hylochœrus, divisible en deux « races ». 
Et quant aux espèces fossiles, nous les signalerons comme distinctes d’après la même 
façon de procéder, mais tout en avisant le lecteur que, pour nous, ces « espèces », basées 
sur l’étude de quelques dents en plus ou moins bon état, ne peuvent être considérées comme 
telles que suivant un usage paléontologique, légitimé par la précarité des matériaux fos¬ 
siles, et aboutissant à des coupures spécifiques radicalement inadmissibles s’il s’agissait 
de pièces actuelles identiques. 

Avant d’entrer dans la description des diverses formes groupées dans le genre Hylo- 
chœrus, nous croyons utile de fournir la diagnose du genre et reproduirons celle qui tut 
donnée par Lydekker (i), sans la suivre textuellement, en la modifiant même sur 
quelques points, et en l’accompagnant de remarques dont nous placerons certaines entre 
crochets pour les mieux détacher de celles de Lydekker. Cette diagnose, ainsi complétée, 
servira à mieux apprécier les caractères que nous allons avoir à décrire. 

D’après Lydekker, le genre Hylochœrus est intermédiaire aux genres Potamochœrus 
et Phacochœrus, tout en restant très éloigné de l’un et de l’autre, ses molaires étant du 
même type brachyodonte que celles du premier, tandis que ses canines supérieures sont 
abrasées [par les inférieures] de la même façon que celles du second, et il ne possède qu’une 
paire d’incisives supérieures. Le crâne est ici du type général des Sus et des Potamochœrus, 
et, par sa forme déprimée [dans la région frontale] et sa région occipitale nettement moins 
élevée, il fait pressentir celui des Phacochœrus. 

La formule dentaire des Hylochœrus est la suivante : 

» —-— + ei + *- +m- = 32 — 34. 

2 - 3 12 3 

Les incisives inférieures externes tombent fréquemment très tôt et parfois ne se déve¬ 
loppent peut-être même pas. Les canines supérieures des mâles sont très grandes et fortes 
et profondément cannelées; elles présentent des facettes d’usure produites sur leur sur¬ 
face antérieure par le frottement des canines inférieures, et cela de telle sorte que leur 
partie supérieure reste plus ou moins intacte. Les arrière-molaires de chaque mâchoire 
sont brachyodontes et de structure normale. 

La face présente, sous les yeux, une paire de larges excroissances fongueuses [dites 
généralement verrues]. Les oreilles sont relativement petites et sans touffe terminale bien 

(1) Lydekker, loc. cit. (Voir p. 216). 


Source : MNHN, Paris 



RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


219 


marquée [nous mentionnerons plus loin une vieille femelle de meinhertzhageni du Kénia, dont 
les oreilles portent, le long de leur bord inférieur, une rangée de poils noirs particulièrement 
longs vers la pointe et donnant au pavillon de l’oreille un aspect particulier, qui semble 
avoir été également observé sur d’autres sujets]. La plaque du groin est proportionnelle¬ 
ment large. Toison très rude, clairsemée et uniformément de couleur foncée [nous verrons 
ci-dessous que des exceptions à cette règle ont été mentionnées : H. schulzi]. L’ossicule 
prénasal est soudé aux os nasaux [ici encore, il est des exceptions, même sur de vieux 
sujets : H. m. ivoriensis]. L’occipital supérieur est plus large et moins allongé que dans le 
genre Potamochœrus [et dans la plupart des autres Suidés]. Le front est large et concave. 
Les os nasaux [près du frontal] sont en pente vers l’extérieur comme dans le genre précé¬ 
dent (voir fig. 8-9, 29-30) [au lieu d’être plats comme dans d’autres genres (voir fig. 33- 
34)], et ne présentent pas l’élargissement latéral accentué en cette région chez les 
Potamochœrus et les Sus [ces caractères ne sont pas très constants]. La coloration des 
jeunes reste inconnue. 

Telle est, à quelque chose près, la diagnose de Lydekker. 

Thomas avait signalé, en outre, la présence d’une crête médiane sur l’écaille de l’occi¬ 
pital. Nous aurons à y revenir (Voir p. 220 et 243-246). Le caractère de la jonction des 
nasaux avec le frontal est, lui aussi, sujet à quelques variations. Sur nos deux Hylochœrus 
meinhertzhageni ivoriensis, la jonction des nasaux avec le frontal se fait suivant une 
suture angulaire dessinant un coin (fig. 29 et 30). Sur une série d 'H. meinhertzhageni mein¬ 
hertzhageni, nous avons vu ce caractère varier jusqu’à ce point que sur un jeune, repré¬ 
senté ci-dessous (fig. 8); cette même jonction est parfaitement rectiligne dans le sens 
transversal, et il est peu probable que l'âge ait dû lui faire subir une modification l’ame¬ 
nant à l’état cunéiforme. Dans d’autres genres, nous constatons des variations équivalentes, 
dont les figures 31-34 donneront un aperçu. 

Enfin, nous avons déjà relaté que Lydekker distingue deux « races » d 'Hylochœrus 
d’après la structure des molaires. 

Avant d’entreprendre l’exposé des caractères présentés par les diverses formes décrites 
sous les noms mentionnés ci-dessus, nous devons faire des réserves devenues pour nous 
une règle liminaire : nous avons approfondi de notre mieux la bibliographie des Hylo¬ 
chœrus ; nous ne nous targuons cependant pas d’avoir certainement eu à notre disposition 
tout ce qui fut publié sur ces animaux, qui intéressent et intéresseront longtemps encore 
les naturalistes, les sportsmen, et même des voyageurs ou des amateurs qui ne sont ni 
ceci ni cela. Il peut donc se faire que des documents peut-être importants nous aient 
échappé. S’il en est ainsi, nous souhaiterons que nos recherches personnelles conservent 
assez d’intérêt intrinsèque pour que les mammalogistes puissent consulter les pages 
suivantes sans y perdre leur temps. 



II 


L’ « HYLOCHŒRUS MEINHERTZHAGENI » O. Thos (i). 


Les premières dépouilles d ’Hylochœrus, rapportées à Oldfield Thomas par le lieu¬ 
tenant Meinhertzhagen, étaient des plus précaires : une peau de $ en mauvais état, dépour¬ 
vue de crâne, provenant du mont Kénia ; un crâne d’adulte-jeune, <$, en bon état, avec 
un fragment de peau, provenant de Nairobi, à 7 000 pieds d’altitude ; enfin le crâne très 
incomplet d’un vieux sujet ; tels étaient les documents sur lesquels s’exercèrent l’expé¬ 
rience et la sagacité du regretté zoologiste anglais. Tenant surtout compte, quant au crâne, 
du second de ces trois spécimens, il en fit le type d’un genre nouveau et d’une espèce qu’il 
caractérisait ainsi : corps couvert, uniformément et de façon épaisse, de soies noires longues 
d’environ 7 cm ,5 à 20 cm ,5, de section ovale, avec des diamètres d’environ o mm ,4 X o mm ,3 ; 

poitrine et groin portant quelques poils blancs ; pas 
de trace évidente de crinière ; les oreilles et la queue 
manquant sur tous ces sujets, leurs caractères res¬ 
taient indécis. 

Le crâne était considéré par O. Thomas comme 
présentant les proportions générales de ceux des Pota- 
mochœrus et ne rappelant pas les particularités du 
genre Phacochœrus. Par son sommet très large, con¬ 
cave en dessus, à bords parallèles, et la largeur entre, 
les fosses temporales à peu près égale à la largeur 
interorbitaire, il s’éloignait de ceux des autres Suidés 
actuels. Thomas y relevait, en outre, divers autres dé¬ 
tails accentuant ces différences, notamment la présence 
d’une crête s’étendant, sur l’écaille de l’occipital, de¬ 
puis le foramen magnum jusqu’au vert ex. Nous revien¬ 
drons sur ce caractère, que nous figurons ci-contre (fig. 2), en traitant de VH. ituriensis. 

La dentition ne présentait ni la complication des denticules observables chez les Sus 
et les Potamochcerus et leur donnant un caractère bunodonte si accentué, ni la structure 
hypsodonte particulière aux Phacochœrus. Mais surtout, dans cette dentition, un détail 
frappait Thomas : c’est que, sur ses deux spécimens dont la dentition était le mieux con¬ 
servée, la quatrième prémolaire temporaire supérieure (2) subsistait, de telle sorte que cet 
observateur se demandait s’il n’y avait pas, dans son nouveau genre, persistance définitive 
de cette quatrième prémolaire temporaire supérieure et, par conséquent, suppression de 



Fig. 2.— Hylochœrus yneinhertzhageni Thomas. 
— Région occipitale du crâne, montrant no¬ 
tamment la crête étendue depuis le foramen 
magnum jusqu’au vertex. (D'après Thomas : 
Proc. Zool.Soc. London, 1904 .vol. II. 1 * 1 . XV.) 


(1) Oldfield Thomas, loc. cil. (Voir ci-dessus, p. 216). 

(2) Il n’y a ici, en fait, que trois prémolaires : la seconde, la troisième et la quatrième, — la première prémolaire, normale¬ 
ment réduite, des Suidés, tombant rapidemeift ou même n’apparaissant pas. C’est ce dernier cas qui est ici réalisé. Mais l'usage 
reste de dénombrer ces dents d'après une formule dentaire typique, à quatre prémolaires. 


Source : MNHN, Paris 




RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


221 


la quatrième prémolaire permanente supérieure. Il rappelait à ce sujet la réduction du 
nombre des molaires présentée par le genre Phacochœrus, où il finit par ne plus y avoir 
normalement, aux deux mâchoires des vieux individus, que deux molaires, la seconde et 
la troisième, ou même une seule, qui est cette dernière, de telle sorte que l'on constate 
dans ce genre une évolution dentaire spéciale. 

Peu de temps après la publication du Mémoire de Thomas, M. de Rothschild et 
H. Neuville présentèrent à 
l’Académie des Sciences de 
Paris une note relative à 
sept Hylochœrus, mâles et fe¬ 
melles et d’âges variés, pro¬ 
venant de la forêt de Nandi 
et qu’ils rapportaient à l’es¬ 
pèce meinhertzhageni. Cette 
note fut suivie d’une pu¬ 
blication plus étendue (i), 
où les auteurs, en décrivant 
leurs sept sujets, complé¬ 
taient les données précéden¬ 
tes. Sur les caractères ex¬ 
ternes et la taille, ils fournis¬ 
saient des renseignements 
détaillés. Du bout du groin 
à l’extrémité de la queue, y 
compris un pinceau de poils 
terminant celle-ci, un vieux 
mâle mesurait 2 m ,i3, avec 
une hauteur au garrot de 
82 centimètres et une gros- 

, . c , . Fig. 3. — Hylochœrus meinhertzhageni Thomas.— Dentition. (D’après Thomas, Proc. 

seurmaxima (circonférence), ZooL Soc ^ LondoUt 39û4 , vol . XIi PX . X v.) 

dans la région abdominale, 3, série des molaires et prémolaires supérieures droites du sujet type ; 4, série des 

molaires et prémolaires inférieures droites du même ; 5- série des molaires et pré¬ 
molaires supérieures droites d’un sujet plus âgé. 

présentait une longueur de 

i m ,83- Ces dimensions furent dépassées par celles d’autres sujets (Voir p. 254). Sans être 
celle d’un Zèbre ou d’un petit Buffle, comme l’avançaient les indigènes (Voir ci-dessus, 
p. 215), cette taille était vraiment exceptionnelle pour un Sanglier ; rappelons que nos 
plusgrands Sangliers d’Europe ne l’atteignent jamais, sauf quant à la hauteur au garrot, 
et que celle-ci n’est guère que d’environ 75 centimètres chez les plus grands Phacochœ¬ 
rus. Si l’on s’en rapporte aux mœurs combatives bien connues de ceux-ci, il est permis 
de croire à une part de vérité dans les légendes indigènes se rapportant aux dangers éven- 


de 1 m ,48. Une femelle adulte 



(1) M. de Rothschild et H. Neuville, loc. cil. (Voir ci-dessus, p. 216). 


Source : MNHN, Paris 




222 



Fig. 4. — Hylochcerus meinhertzhageni meinhertzhageni. — Crâne d'un très vieux <$, de Nandi. — Environ ijz grandeur naturelle. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYI.OCHŒRUS •> 


223 


tuels de la chasse à ces très grands, très robustes et très agiles Sangliers que sont géné¬ 
ralement les Hylochœrus. 

Le corps des vieux Hylochœrus devient, comme celui des vieux Phacochœrus, mais 
peut-être à un degré moindre, presque glabre. Les jeunes sont couverts d’un épais revê¬ 
tement de soies noires (Voir à ce sujet les variations signalées ci-dessous), plus dense encore 
sur la tête, la partie antérieure du dos et la ligne dorsale. Ces soies peuvent atteindre une 
longueur de 25 em ,5 sur la tête et la partie antérieure du dos, où elles forment une crinière 



Fig. 5. — Crâne représenté sur la figure 4, vu du côté gauche.. — 1/2 grandeur naturelle. 

notablement plus développée chez les jeunes et les adultes. Chez les vieux sujets, la raré¬ 
faction progressive des soies atténue la coloration noire générale, et l’animal présente 
alors une couleur qui participe de celle de la peau, également influencée elle-même par 
celle du terrain, étant donnée l’habitude qu’ont ces animaux de se vautrer dans la boue 
des ruisseaux et des flaques d’eau plus ou moins permanentes qui existent toute l’année 
dans la forêt. Les vieux sujets de la forêt de Nandi étudiés par M. de Rothschild et H. Neu¬ 
ville présentaient une couleur de peau d’un gris roussâtre assez sombre, sur laquelle se 
détachait le noir brillant des soies. Les caractères de celles-ci sont variables, non seulement 
quant à la couleur, sur laquelle nous reviendrons, mais quant à la forme, que l’âge paraît 
influencer. Sur les jeunes sujets, les soies sont d’un ovale presque rond. Sur les adultes, 
et plus encore sur les sujets âgés, leur forme varie sensiblement. Tantôt leur section est 



224 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


régulièrement elliptique, — et elles répondent alors à ce qu’en écrivait Old. T homas, — tantôt 
elle est en forme d’ove, ou d’ellipse aplatie suivant l’un de ses grands arcs, ou de triangle 
à angles arrondis, ou enfin presque prismatique. Le diamètre de o mm ,4 semble devoir 



l'ig. 6. — Maxillaire inférieur du sujet représenté sur les figures 4 et 5. — 
/J 2 grandeur naturelle. 


être considéré comme un maximum. Rothschild et Neuville ont donné quelques détails 
sur la technique suivie par eux dans l’étude microscopique de ces soies. Par suite d’un 
processus banal, celles-ci finissent fréquemment par se diviser à leur extrémité, et, aux 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR I.E GENRE « HYLOCHŒRUS » 


225 



divers âges, on trouve, mais assez rarement, des soies ondulées, dont le nombre n’est jamais 


Fig. y. — Hylochœrus meinhertzhageni meinhertzhageni. — Maxillaire inférieur d'un sujet un peu moins âgé que celui des figures 4, 

5 et 6. — i\2 grandeur naturelle. 

assez important pour modifier l’aspect général du revêtement pileux, qui est d'un type 
tout à fait suilien. 

Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 29 


Source : MNHN, Paris 


22 6 


G. BOUET ET IL NEUVILLE 



Fig. S.— Hylochœms nieinhertzhageni meinhertzhageni. — Très jeune ?, de Nandi.— 
Environ 3I4 grandeur naturelle . 


La face présente deux ta¬ 
ches blanches, ou d’un blanc 
jaunâtre, l’une, plutôt arron¬ 
die, à la commissure des lèvres, 
l’autre, plutôt linéaire, au-des¬ 
sous de l’oreille, à l’articulation 
des mâchoires ; cette dernière 
est la mieux marquée. Sur de 
très vieux sujets, les soies blan- 
ches qui forment ces taches 
se raréfient de plus en plus, et, 
participant à la disparition gra¬ 
duelle des poils, elles s’atté¬ 
nuent à tel point que les taches 
elles-mêmes deviennent peu 
évidentes. Sur une femelle 
adulte, dont la tête est figurée 
page 233, et dont la longueur 
totale, du groin à l’extrémité 
de la queue, était de i m ,83, la 
tache labiale arrondie mesure 
environ 6 centimètres sur 6 cen¬ 
timètres, et la tache sous-auri¬ 
culaire en a environ 6 X 1,5. 
Sur ce sujet, les soies, très 
fournies sur la première de ces 
taches, étaient très clairsemées 
sur la seconde. De longues soies 
noires formant une sorte de 
sourcil surmontent les yeux ; 
d’autres soies allongées des¬ 
sinent à peu près la ligne du 
maxillaire inférieur ; d’autres 
enfin parsèment la région na¬ 
sale, recouverte de poils d’un 
brun noirâtre, relativement 
fins. Ces derniers caractères 
du pelage, de même que la plu¬ 
part des suivants, s’atténuent 
beaucoup avec l’âge, qui s’ac¬ 
compagne, nous le répétons, 
d’une raréfaction graduelle du 


Source : MNHN, Paris 








RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOGHŒRUS » 


227 


système pileux. Les oreilles ne présentent pas le long pinceau terminal de soies qui 
caractérise celles des Potamochœrus, mais elles sont bordées, surtout au bord inférieur, de 
poils assez longs formant, vers l’extrémité, un rudiment de pinceau. Nous avons observé 
ce détail à un état particulièrement évident sur une vieille femelle du Kenia figurant au 
Muséum de Paris, dans la Collection du duc d’Orléans. Ce vieux sujet ne porte plus 
qu’un revêtement pileux très clairsemé ; nous ne pouvons affirmer qu’il s’agisse là d’un 
fait naturel plutôt que de quelque accident de conservation ; en tout cas, nous ne voyons 



Fig. 9. — Crâne du sujet de la ligure 8, vu du côté droit. 


pas de soies blanches sur ce spécimen, et les taches blanches de sa face ne sont plus qu’à peine 
visibles. L’intérieur des oreilles, surtout vers la base, est, sur la première des deux femelles 
dont nous parlons, tapissé de poils blancs, qui n’existent plus sur la seconde, d’un âge plus 
avancé. Dans l’ensemble, l’oreille est ici assez semblable à celle des Phacochœrus. 

De chaque côté de la face, au-dessous et très légèrement en arrière de l’œil, les mâles 
présentent une proéminence d’aspect charnu, plus ou moins légèrement indiquée chez les 
femelles, et rappelant celles des Phacochœrus. Cette proéminence paraît se développer 
chez les mâles, proportionnellement aux progrès de l’âge. De telles excroissances sont géné¬ 
ralement désignées, chez les Hylochœrus et surtout chez les Phacochœrus, où il en existe 


228 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 



deux paires qui contribuent à donner à la face un aspect particulièrement hideux, par le 

terme impropre de verrues (d’où 
le nom de Wart-Hog donné au 
Phacochère). Il ne s’agit pas ici, 
d’après les brefs examens que 
nous avons pu en faire à l’état 
frais, de papillomes verruqueux, 
mais d’épaississements cutanés 
surmontant un épaississement du 
derme. Nous n’avons cependant 
pu nous livrer à l’examen histo¬ 
logique de ces singulières forma¬ 
tions, dont l’origine reste énigma¬ 
tique, les parties où elles se dé¬ 
veloppent ne paraissant soumises 
à aucun travail ou à aucune 
réaction physiologiques particu¬ 
liers. 

Il existe en outre, chez les 
une sorte de grand larmier (à peine 
légèrement indiqué chez les $), 
essentiellement constitué par une 
fente longitudinale dont les bords, 
nus et gonflés, forment une bour¬ 
souflure à peu près circulaire; la 
lèvre inférieure de cette fente tend 
à se confondre avec la partie anté¬ 
rieure de l’excroissance ci-dessus 
mentionnée. (Voir PI. I et II.) 

La queue, grêle et légèrement 
aplatie, se termine par une touffe, 
courte et effilée, de soies noires, 
implantées principalement sur les 
bords aplatis de l’appendice cau¬ 
dal, suivant un mode banal. 

La gorge, la poitrine, le ven¬ 
tre et les parties internes des mem¬ 
bres sont parsemés de soies blan¬ 
ches ou blondes, plus nombreuses 
chez les jeunes, où il en existe 
même de disséminées sur toute la 
crinière. Df. Rothschild et Neuville 


Fig. io. — Base du crâne du sujet représenté sur les figures 8 et t> 

surface du corps et jusque dans la région de la 


Source : MNHN , Paris 



RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


229 


ont supposé que le jeune devait être, à sa naissance, revêtu d’une livrée de poils blonds; 
nous verrons que des constatations assez variées ont été faites dans la suite à ce sujet, 
et que le degré d’extension et de constance des parties blanches ou claires, dans la livrée 


noire des Hylochœrus, a donné lieu à 
des observations dont il reste prématuré 
de vouloir tirer une conclusion ferme, 
sauf peut-être quant à une variabilité 
locale, ou même individuelle, qui serait 
alors assez étendue. Certaines des soies 
blanches ou blondes sont noires à la base, 
d’autres le sont au sommet, d’autres en¬ 
fin le sont à la fois à la base et au sommet 
et présentent ainsi un anneau clair, plus 
ou moins étendu, dans leur partie 
moyenne. 

Ces détails, nous le rappelons, étaient 
signalés par les deux auteurs cités d’a¬ 
près leurs sept sujets, tous originaires 
de la forêt de Nandi. Ils offrent avec la 
diagnose de Thomas, si brève qu’elle soit, 
des divergences assez importantes, où 
d’autres zoologistes eussent certainement 
vu des différences spécifiques. Matschie, 
notamment, a remémoré ces diver¬ 
gences (1), et Zukowsky les a soulignées 
en mentionnant la possibilité de trou¬ 
ver peut-être, à travers ces variantes, 
des caractères spécifiques (2). Nous au¬ 
rons à y revenir dans les pages sui¬ 
vantes. 

D’après Rothschild et Neuville, 
le caractère squelettique le plus saillant, 
abstraction faite de ceux du crâne et 
de la dentition, consiste dans la struc¬ 
ture massive des extrémités. La robus¬ 
tesse des membres, déjà visible sur 
l’animal entier (Voir PI. II) (3), devient 
particulièrement évidente lorsqu’on 





Fig. 11. Maxillaire inférieur du sujet représenté 
sur les figures 8, 9 et 10. 


examine les métacarpiens ou les métatarsiens 


(1) P. Matschie, loc. vit. (Voir ci-dessus, p. 210)- 

(2) L. Zukowsky, loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 216). 

(3) Nous devons signaler à l’attention du lecteur la différence que présentent à cet égard les montages figurés, d’une part, 
sur la planche I du Mémoire de Rothschild et Neuville (c'est le même qui est représenté différemment ci-contre, PI. II). 
et d’autre part sur la planche jointe à une note de Frédéric A. Lucas : The giant Forest-Pig (The American Muséum Journal, 


Source : MNHN, Paris 


230 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


d’un sujet pleinement développé. Le métacarpe et le métatarse sont ici énormes par 
comparaison avec ceux des autres Suidés. Nous figurons ci-contre les seconds et troisièmes 
métacarpiens et métatarsiens d’un Hylochœrus et ceux d’un Phacochœrus ; les sujets ainsi 
comparés étaient tous deux très âgés ; leur différence est considérable. Par contre, l’un de 
nous a jadis signalé l’étroite ressemblance des métacarpiens et métatarsiens des Hylochœrus 
avec ceux des petits Hippopotames (i). De ceux-ci, il est connu une espèce vivante, YHippo- 
potamus liberiensis Leydy, et une espèce fossile, Y H. lemerlei Grand., de Madagascar; 
nous avons étendu nos comparaisons à l’une et à l'autre. Les données numériques ci-dessous 
prouvent qu’il y a, surtout quant aux métacarpiens, une similitude confinant à l’identité 
entre les pièces osseuses ainsi comparées. Il en est ainsi entre notre vieil Hylochœrus et 
l’Hippopotame de Libéria. Au contraire, le Phacochœrus accuse pour les os en question 
une largeur qui, proportionnellement, est presque moitié moindre. Dans les mensurations 
ici reproduites, il est cependant tenu compte, pour la diaphyse, de sa largeur minimum, 
seule dimension rigoureusement comparable pour celle-ci, en raison de la forme de l’os, 
et qu’un étranglement de la partie antérieure ou supérieure des métacarpiens rend rela¬ 
tivement faible sur Y Hylochœrus, par rapport à la largeur du corps de la diaphyse. 


Hylochœrus Hylochœrus Hippopolamus Hippopolamus Polamochœrus Phacochœrus 



très âgé. 

adul te. 

liberiensis. 

lemerlei. 

très âgé. 

jeune. 


3 e 

4 e 

3 e 

4 e 

3 e 

4 e 

3 e 

4 e 

3 e 

4 e 

3 e 

4 e 

Métacarpiens. 

Longueur maximum. 

8.7 

s .5 

8,2 

8,1 

8 

8.5 

10,7 

8.7 

7.1 

7.2 

6 

5-9 

Largeur maximum de l'extrémité supérieure.. 

3.3 

2,6 

3 » 1 

2.7 

2.4 

2,6 

3-2 

3.2 

2,1 

1.2 

1.9 

1,1 

— inférieure .... 

• 2.5 

2.5 

2,2 

2,2 

2,9 

2,7 

3.1 

5-4 

1,8 

1,8 

1,6 

1,6 

— minimum de la diaphyse. 

2 

2 

1,8 

1.7 

2,1 

L 9 

2.4 

2.7 

1,1 

1,1 

1,2 

1,2 

Épaisseur minimum de la diaphyse. 

1.4 

L 4 

1,2 

L 3 

1,2 

1,2 

L 3 

L 3 

I 

1 

0,8 

0,8 

Métatarsiens. 

Longueur maximum. 

8,4 

9.4 

7-7 

8,7 

7.8 

7.8 

8.4 

S,5 

7.9 

8,2 

6,9 

7.2 

Largeur maximum de l’extrémité supérieure. . 

2,3 

2.5 

2 

2,3 

2.3 

2,3 

2.7 

2.7 

1.5 

1,6 

1.7 

1,6 

— — — inférieure.... 

2,9 

2.5 

2,1 

2,2 

2.7 

2,9 

3.1 

3.1 

1.7 

1,6 

1,6 

1,6 

—• minimum de la diaphyse. 

1,8 

•2 

L 7 

1,8 

1,8 

2,1 

2.3 

2.6 

I 

1 

1,2 

1,2 

Épaisseur maximum de l’extrémité supérieure. 

3 

3 

2.7 

2,8 

3 

3.1 

3.6 

4.2 

2,2 

2,1 

2 

1.9 

— — — inférieure .. 

2,2 

2.4 

2 

2,2 

2 

2 

2,2 

2,2 

L 5 

L 5 

1.5 

L 5 

— minimum de la partie inférieure... 

L 3 

L 4 

1,2 

ï .3 

1.2 

1,2 

1,6 

1.6 

1 

1 

0,8 

0,8 


En faisant porter la comparaison des mêmes parties squelettiques sur des sujets 
jeunes. {Hylochœrus, Phacochœrus, Potamochœrus), les différences en question s’atténuent, 
et nous insistons sur ce fait que la ressemblance entre les Hylochœrus et les Hippopo- 

vol. XI, igii.p. 242-243), reproduite dans un Rapport deM. H.-F. Osborn [Forty-fourthannual Report of the Trustées of the Ame¬ 
rican Muséum of Natural History for the year igi2, New-York, 1913, p. 31) et que nous figurons sur notre planche III, grâce à 
l'extrême obligeance de M. Clyde Fisher, conservateur à Y American Muséum of Natural History, qui a bien voulu nous en 
donner une photographie, ce dont nous lui présentons ici tous nos plus vifs remerciements. Sur les deux sujets de ce dernier 
montage, les membres paraissent graciles, tandis qu'ils sont assez épais sur celui de notre planche II. Y a-t-il là une variation indi¬ 
viduelle ou locale, ou y a-t-il eu, d’une part ou d'une autre, une erreur dans les mesures prises ? Nous ne pouvons répondre à 
cette question et dirons seulement qu’il paraît bien s’agir, dans l'un et l'autre cas, de l’espèce typique, et qu’à l’appui de la 
robustesse des membres du sujet de la planche II nous donnons ci-contre des figures et des mensurations ne pouvant guère laisser 
croire qu’à des extrémités aussi massives correspondent des membres grêles. Nous signalons, en outre, à toutes fins utiles, 
qu'un montage d 'Hylochœrus meinhertzhageni du Kénia, exécuté par Rovvland Ward et figurant au Muséum dans les collec¬ 
tions léguées par le duc d’Orléans, montre des proportions rappelant plutôt celles du sujet de Rothschild et Neuville que 
celles des sujets de l’American Muséum. Nous aurons l'occasion de signaler sur ces divers sujets des différences du même genre 
dans les dimensions de la plaque du groin (Voir p. 236). 

(1) M. de Rothschild et H. Neuville, loc. cil. (Voir ci-dessus, p. 216). 


Source : MNHN, Paris 








RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


231 


tames nains est plus étroite quant aux métacarpiens que quant aux métatarsiens. 

Ajoutons enfin que les métatarsiens de Phacochœrus représentés ci-dessous sont réunis 
dans leur partie antérieure par une sorte de synarthrose, peut-être due à l'âge ou 
accentuée par lui, tandis que les plus vieux Hylochœrus ne nous ont rien présenté de cette 
sorte. Cette tendance du Phacochœrus à la synarthrose en question rappelle, mais d’assez 
loin, ce que présentent d’autres Suidés, les Dicotyles, où une soudure partielle dans la 
partie supérieure des métacarpiens et dans celle des métatarsiens fait un peu pressentir 
la formation d’un canoii 

Toutes ces dispositions nous semblent en étroite corrélation avec les conditions d’habi¬ 
tat des genres envisagés. Sur la vie des Dicotyles, nous n’avons aucun renseignement per¬ 
sonnel, mais il est bien connu que ces petits Sangliers mènent, en Amérique méridionale, 
une existence très différente de celle des divers Sangliers africains. Par contre, en ce qui 



Fig. 12.— Hylochœrus mein- 
hertzhageni Thos. — Second 
et troisième métacarpiens. 
— 3l4 grandeur naturelle. 



Fig. 13. — Phacochœrus .— 
Second et troisième méta¬ 
carpiens. — 3/4 grandeur 
■naturelle. 



Fig. 14.— Hylochœrus mein- 
hertzhageni Thos. — Second 
et troisième métatarsiens. 
— 3 l 4 grandeur naturelle. 



Fig. 15. — Phacochœrus. — 
Second et troisième méta¬ 
tarsiens. — 3/4 grandeur 
naturelle. 


concerne ceux-ci, nous savons pertinemment que, s’il y a quelque ressemblance entre 
l’habitat des Phacochœrus et celui des Potamochœrus, — les premiers étant cependant 
exclusivement des animaux de brousse, et les derniers, en dépit de leur nom générique 
et de celui de River-Hogs, étant à la fois des animaux de brousse ( Bush-Pigs ) et de forêt 
(nous allons bientôt y revenir), — les Hylochœrus sont uniquement forestiers, et la diffé¬ 
rence est grande entre la forêt africaine et les brousses désertiques du même continent. 

Nous insistons sur le caractère de convergence adaptative que revêt pour nous la 
ressemblance dans la conformation squelettique des extrémités entre les Hylochœrus et 
les Hippopotames nains vivant actuellement en Afrique. Les premiers vivent dans ces 
forêts si difficilement pénétrables, où l’abondance de l’humus ne compense pas l’inégalité 
d’un terrain portant une végétation exubérante dont les débris s’accumulent entre les 
troncs et les tiges ; dans un tel milieu, la circulation d’animaux vivant, comme les San¬ 
gliers, de ce qu’ils trouvent directement sur le sol et qui sont, en partie au moins, fouis- 


Source : MNHN , Paris 














G. BOUET ET II. NEUVILLE 


232 

seurs (Voir p. 237), rend nécessaire une robustesse spéciale des extrémités. De même, poul¬ 
ies Hippopotames, l’entrée et la sortie des cours d’eau et des lacs dont les bords, souvent 
abrupts, portent l’épaisse végétation indispensable à leur subsistance, nécessite un pied 
particulièrement robuste. Signalons à ce sujet que les Hylochœrus de l’Afrique occidentale 
et les petits Hippopotames de Libéria habitent la même région forestière, y vivent côte 
à côte, de la même façon, et y ont à peu près le même régime alimentaire. Nous aurons à 
revenir, en donnant un aperçu de ce que l’on sait de l’éthologie des Hylochœrus, sur quelques 
détails particulièrement intéressants quant à l’origine du caractère ici envisagé. Remar¬ 
quons en passant, et comme complément à ce que nous écrivions quelques lignes plus 
haut, que les Potamochœrus, du moins ceux qui se rattachent à l’espèce ouest-africaine, 
sont plutôt forestiers, c’est-à-dire habitants de la forêt vierge et des « galeries forestières » (1), 
que liés à la savane, en dépit de ce nom de Bush-Pigs qu’ils méritent dans d’autres régions. 
Leur genre de vie est beaucoup plus celui des Hylochœrus que celui des Phacochœrus. 

* 

* * 

En 1913, E. Lônnberg put ajouter à tous les détails ainsi acquis de nouveaux ren¬ 
seignements fournis par des sujets de Mau et du Kénia, qu’il rapporte, — avec une par¬ 
faite sagacité zoologique, croyons-nous, — à l’espèce meinhertzhageni (2). 

Un crâne, provenant d’un mâle de cette dernière région, lui présenta une longueur 
totale de 46 e111 ,5, avec une longueur palatine (Voir ci-dessous, p. 265) de 31 centimètres 
et une largeur bizygomatique de 26 centimètres, tandis que,sur le plus grand sujet connu 
jusque-là (l’un de ceux qui avaient été étudiés par Rothschild et Neuville), ces dimen¬ 
sions n’étaient que de 43 e111 ,5 pour la longueur et de 25 centimètres pour la largeur. Il 
s’avérait donc ainsi, et nous verrons que ce fut confirmé par la suite, que les Hylochœrus 
peuvent décidément atteindre cette taille gigantesque inspirant aux indigènes leurs compa¬ 
raisons des grands Sangliers noirs avec des Zèbres ou de petits Buffles. 

Sur ce sujet du Kénia, Lônnberg constata, à droite, la présence d’une quatrième pré¬ 
molaire supérieure définitive, relativement petite, tandis qu’à gauche persistait une qua¬ 
trième prémolaire provisoire. Il confirmait à ce propos les observations de Rothschild et 
Neuville. Il signalait, en outre, la présence d'une troisième incisive inférieure définitive; 
cette dent n’existait que sur un seul des sujets adultes de Rothschild et Neuville ; 
nous reviendrons sur ces caractères et, de façon générale, sur ceux de la dentition, en 
traitant de la variété ivoriensis. 

Chose plus intéressante, les quelques observations de Lônnberg, bien que réduites 
à un matériel très restreint, faisaient connaître, dans les détails de la robe, de curieuses 
variations. Les taches blanches de la tête, signalées par Rothschild et Neuville, et 
figurées par eux sur une femelle adulte de Nandi (fig. 16 ci-contre), n’existaient pas sur la 


(1) «Galeries forestières » est le terme consacré pour désigner les galeries formées par la végétation régnant à droite et « ; i 
gauche des fleuves; cela, bien entendu, en dehors de la zone forestière proprement dite. 

(2) E. Lônnberg, Mammals collected by the swedish zoological expédition to British East Africa 1911 (Kungl. Svenska 
Vetenskapsakadcmiens Handlingar, Bd. XLV 1 II, n° 5, 1912, p. 1-188, PI. I-XV). 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


2.33 



tête de la femelle adulte de Mau décrite par Lônnberg, mais y étaient remplacées par des 
touffes de soies noires. De même, cette femelle de Mau ne portait aucune des soies blanches 
ou blanchâtres mentionnées par Rothschild et Neuville comme éparses sur les parties 
inféro-internes : gorge, poitrine, ventre, parties internes des membres. Cependant, Lônn¬ 
berg mentionne qu’une tache blanche faciale fut observée par C.-W. Woodhouse (i) 
sur la laie et le marcassin des Hylochœrus de Mau, et qu'il y existe aussi, chez le mâle, 
des soies blanches disséminées. Ce dernier auteur signale en effet, à propos des sujets de 
Mau, que la laie et le marcassin présentent d’ordinaire une touffe de poils blancs sur le 


Fig. 16. — Hylochœrus meinhertzhagcni meinherlzhageni. — 9 adulte, de la forêt de Nandi. 

tubercule horizontal de la face, lequel resterait, chez le mâle, un peu tacheté de poils blancs ; 
il s’agit probablement ici de ce que nous mentionnions ci-dessus (Voir p. 226) comme tache 
blanche « plutôt linéaire » au niveau de l’articulation de la mâchoire. 

Nous voyons s’affirmer ainsi des variations assez complexes, dont nous croyons pou¬ 
voir dire qu’elles sont loin d’être élucidées, et sur lesquelles il importe de recueillir tous 
les renseignements possibles, à condition qu’ils soient extrêmement précis. Ces variations 
doivent être prises en très sérieuse considération dans tout ce qui touche à une détermina¬ 
tion d ’Hylochœrus. Elles n’intéressent pas que les caractères extérieurs, mais empiètent 
aussi sur ceux de la dentition notamment. Ces variations dentaires sont considérées par 
Lônnberg comme probablement individuelles (2), et le fait qu’en dépit des différences 

(1) C.-W. Woodhouse, The Journal of the East Africa and Uganda Nat. Uist. Soc., 1911, n° 3 (cité par divers auteurs). 

(2) f.oe. cil. (Voir page précédente), p. 138. 

Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 30 



234 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


de pelage il fait entrer ses sujets, sans aucune hésitation apparente, dans le cadre de la 
première espèce décrite par O. Thomas, semble indiquer que ces variations du pelage 
ne représentent à ses yeux, comme jusqu’ici aux nôtres, que des caractères individuels. 

Ce serait ici le lieu d’examiner, et en particulier de ce point de vue spécial des 
variations, les dispositions dentaires des Hylochœrus. Pour éviter des redites, nous préfé¬ 
rons rejeter ce sujet au chapitre VII, où, à propos de la distinction d’une forme nouvelle, 
Y Hylochœrus meinhertzhageni ivoriensis Bouet et Neuville, nous approfondirons l’étude 
comparativee de la dentition. 

* 

* * 

Divers auteurs mentionnèrent aussi, notamment dans des ouvrages sportifs, les San¬ 
gliers de forêt de l’Est africain ; nous n’entreprendrons pas de remémorer toutes leurs 
assertions, parfois fantaisistes. 

L. Zukowsky, en décrivant une nouvelle espèce de ces Sangliers (i), résuma les princi¬ 
pales données acquises sur les Hylochœrus, tant au point de vue strictement zoologique qu’au 
point de vue éthologique. Nous aurons à y revenir. Disons seulement dès maintenant que, 
d’après l’examen de ces données, Zukowsky ne croit pas que les différences relevables 
entre les divers sujets rattachés à l’espèce typique (H. m. meinhertzhageni) et dont l’exten¬ 
sion s’avère de plus en plus grande avec les progrès des connaissances, soient simplement 
sexuelles ; si nous comprenons bien sa pensée, il ne croit pas à une différence fixe entre 
les caractères du mâle et ceux de la femelle, mais admet plutôt que la différenciation 
sexuelle varie en fonction de l’âge et de l’époque de l’année. Autant que l’on puisse établir 
une règle sur ce point, écrit-il (2), il semble que les mâles des meinhertzhageni manquent 
de coloration blanche ; mais il est bien difficile, ajoute-t-il, de savoir jusqu’à quel point ce 
même fait peut exister chez les femelles adultes. Ce même auteur a remémoré (3) les 
caractères de deux sujets abattus par A. Klein sur le fleuve Channa, décrits et figurés 
par F.-A. Lucas et reproduits sur notre planche III (4) ; il s’agit là de deux mâles adultes à 
grandes défenses, dans la description desquels il n’est pas relaté de parties blanches. 
Zukowsky mentionne en outre que la tête d’un mâle adulte du Kénia, reproduite par 
Yardley et Rowland Ward (5), ne présente non plus aucune trace de poils blancs; il 
signale, par surcroît, que cette tête est d’une analogie frappante avec celle d’un sujet un 
peu plus petit, qui fut communiquée par R. Ward à K. Hagenbeck (6). 

En ce qui concerne les jeunes individus, le même auteur écrit enfin que, lorsqu’ils sont 
très jeunes, leur couleur est brun clair, cet aspect étant produit par des différences de 
coloration des poils (sur lesquelles il ne fournit pas de détails), et que, dans un état de 
jeunesse moyenne , la couleur noire paraît dominer, avec dissémination d’un certain nombre 
de poils blancs sur tout le corps ; il rapproche à ce sujet les observations de Rothschild 


(1) Loc. cil. (Voir ci-dessus, p. 216). 

(2) Ibid., p. 187. 

(3) Ibid., p. 185. 

(4) Loc. cit. (Voir ci-dessus, renvoi n° 3 de la page 229). 

(5) Rowland Ward, Records of big Game. 6 e éd., Londres. 1910. p. 457. 
(01 L. Zukowsky, ibid., p. j.87. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


235 


et Neuville et celles de Woodhouse (i). D’après l’évolution que leur semblait présenter 
le pelage sur l’ensemble de leurs sept spécimens, les premiers de ces auteurs avaient émis 
la supposition que le jeune était peut-être, à la naissance, revêtu d’une livrée de poils 
blonds ; ils signalaient qu’en tout cas leur plus jeune sujet (une femelle dont l’état de 
développement était caractérisé par ce fait que la première molaire était complètement 
sortie, et la seconde en voie d’éruption, aux deux mâchoires) présentait un pelage noir 
mêlé d’un nombre particulièrement grand de soies blanchâtres ou blondes, disséminées 
sur toute la surface du corps, et dont certaines étaient noires à la base, d’autres noires au 
sommet, d’autres encore noires à la fois à la base et au sommet, de façon à présenter sim¬ 
plement un anneau blanchâtre dans leur partie moyenne. Peut-être la différence appa¬ 
rente, et assez légère, entre cette dernière description et celle de Zukowsky que nous 
venons de relater, ne tient-elle qu’aux termes employés : nous ne voyons entre elles aucune 
incompatibilité absolue. 

Rappelons, par contre, que, d’après une mention faite par Zukowsky (2), M. Schulz 
aurait vu, près de l’une des sources du fleuve Lomalasin, une vieille laie accompagnée de 
trois marcassins d’une couleur absolument noire. Une photographie, prise par T.-J. Mor- 
son (3), de deux marcassins capturés à Limoru (4), les montre revêtus d’une livrée parais¬ 
sant toute noire. Mais, en pareille matière, les photographies instantanées comme celle-ci, 
et surtout après clichage et tirage au milieu du texte d’un périodique, sont sujettes à 
caution ; celle dont il s'agit est bien peu nette, et bien peu probante quant aux caractères 
des deux petits sujets représentés. Nous allons bientôt mentionner que Lorenz-Liburnau, 
dans une localité toute différente, vit un marcassin d ’Hylochœrus (rapporté par lui à Yitu- 
riensis) recouvert d’une livrée noire mêlée d’assez nombreuses soies jaunâtre pâle dans les 
parties supérieures et entièrement jaunâtre pâle en dessous. Ce spécimen ne mesurait que 
35 cm , 5 - Nous aurons à en reparler (Voir p. 248 et 249). 

Woodhouse, d’après les sujets de Mau (5), s’exprimait ainsi sur la livrée des mar¬ 
cassins : « La couleur du jeune est tavelée de brunâtre (brownish brindle). Les très jeunes 
sont bruns, mais des soies noires se trouvent entre les poils bruns plus doux, et ces poils 
bruns sont graduellement répartis. Quand les jeunes atteignent une longueur de 
2 pieds et demi, ils sont presque tout noirs. Dans de plus petits spécimens, les poils bruns 
sont très évidents. Les poils de chacune de ces deux couleurs [noir et brun] sont grands et 
forts; ce sont en réalité des soies. La touffe de poils blanchâtres sur le tubercule de la joue 
est très accentuée chez les jeunes, et le front est blanchâtre.» Le même auteur signalait 
aussi, en outre de la coloration particulière des jeunes et des taches de la face mentionnées 
page 226, la présence de quelques soies blanches sur le ventre et la croupe; il s’agissait 
de sujets de Mau. 


(1) Loc. cil. (Voir ci-dessus, p. 233). 

(2) Loc. cit., p. 182. 

(3) Proceedings of the Zool. Society of London, 1908, p. 203. (Présentation, par le Secrétaire de cette société, d’une photo¬ 
graphie de deux jeunes Hylochœrus meinhertzhageni pris dans la forêt de l’escarpement de Limoru.) 

(4) Localité située à 353 milles anglais de Mombassa et à 18 milles au sud-ouest de Nairobi, un peu au sud du i° de latitude 
sud et à 36040' de longitude est. 

(5) Loc. cil. (Voir ci-dessus, p. 233), p. 45. 


Source : MNHN , Paris 


236 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


De toutes les variations trop faciles à relever entre les diverses descriptions faites 
jusqu’ici d’après des sujets rapportés à l'espèce meinhertzhageni , il reste difficile de 
tirer des conclusions. Ni d’après l’âge, ni d’après le sexe, ni d’après la localité, il ne 
semble actuellement possible d’assigner des lois à ces variations. De nouvelles décou¬ 
vertes, et encore les faudra-t-il assez nombreuses, pourront seules apporter la solution de? 
problèmes posés par ces variations. De la complexité même, voire de l’opposition, des don¬ 
nées fournies par nombre d’auteurs qualifiés, il paraît toutefois permis de croire, dès main¬ 
tenant, à une variabilité individuelle assez grande dans le genre Hylochœrus. Nous allons 
bientôt voir que, dans certains cas, il a été admis qu’il s’agissait là de caractères spécifiques. 

Dans un travail plusieurs fois cité au cours des pages précédentes, l’un de nous posait 
la question de savoir si les marcassins du genre Hylochœrus portent ou non les stries longi¬ 
tudinales caractéristiques de certains Suidés dans leur très jeune âge. L’extension des 
données relatives à ces marcassins fournit des renseignements dont nous venons de consta¬ 
ter les variations. Dans l’état actuel des connaissances, celles-ci nous semblent plus appa¬ 
rentes que réellement importantes ; mais aucun renseignement, en tout cas, ne mentionne 
la présence des stries dont nous venons de parler ; elles ne doivent donc vraisemblablement 
pas exister dans le genre dont nous traitons. Rappelons cependant, puisque nous abordons 
à nouveau cette question, que ces stries disparaissent très tôt chez ceux des Suidés qui les pré¬ 
sentent : sur notre Sanglier d’Europe, elles s’effacent dès la fin du premier mois, et le 
marcassin à’H. ituriensis, long de 35 cm , 5 , cité par Lorenz-Liburnau (Voir p. 248), devait 
avoir dépassé cet âge ; elles sont constantes dans les formes apparentées au genre Sus ; 
c’est ainsi que les Potamochœrus les présentent, tandis qu’elles sont absentes, croyons-nous, 
chez les Phacochœms. Il y a dans cette curieuse particularité, — dont les observations de 
Darwin sur les Porcs redevenus sauvages, ou à demi-sauvages, de la Jamaïque et de la 
Nouvelle-Grenade, ont souligné la valeur, — une indication d’affinité appuyant celle que 
peut donner la dentition ; celle-ci est d’un type suilien normal dans le genre Hylochœrus, 
tandis quelle est tout à fait aberrante chez les Phacochœms ; il reste à savoir définitivement 
si le premier de ces genres s’écarte suffisamment des genres Sus et Potamochœrus pour ne 
pas présenter le détail de la toute première livrée qui caractérise ces derniers. 

* 

* * 

A toutes les données précédentes, concernant l’organisation de XHylochœrus mein¬ 
hertzhageni, il convient d’ajouter quelques renseignements sur les mœurs de cet animal. 
Nous les compléterons au chapitre VI. 

Du seul fait qu’il resta si longtemps ignoré, que les connaissances des indigènes 
restaient si indécises à son égard, que, dans certaines des régions où il existe, les naturels 
se sont même montrés totalement ignorants de sa présence, il est déjà facile de conclure 
qu’il s’agit d’un animal peu commun, de mœurs farouches, et presque certainement noc¬ 
turne. C’est ce que prouvèrent les observations dont il finit par être l’objet. 

Lucas signala, d’après Ai.fred-J. Klein (i), qui avait rencontré des Hylochœrus 

(1) Loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 229). 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


237 


près de la rivière Channa, leur vivacité et leur force. On en connaît peu de chose, écrivait-il, 
sinon qu’ils sont nocturnes ; une fois mis en éveil, ils grognent (is a grunt), s’élancent, et le 
troupeau est loin avant d’avoir été vu. L’aisance, la rapidité et la puissance de leurs actions 
ont en effet frappé tous les observateurs : la vitesse de leur fuite, dès qu’ils sont en alerte, — 
et ils le sont d’autant plus facilement qu’ils paraissent avoir l’ouïe et l’odorat également fins, 
— est extrême. Mais, attaqués de près, ils se défendent avec un courage que leur force et leur 
agilité rendent redoutable. Roosevelt, dans ses récits de chasse bien connus, avance que les 
Panthères de la forêt de Mau n’oseraient s’en prendre qu’aux marcassins de cette espèce. 

Lucas signale encore, d’après C.-E. Akeley, que, sur les pentes du Kénia, où ils suivent 
les « chemins » des Eléphants (1), on voit des places où le sol a été retourné par ces San¬ 
gliers ( -batches of upturned ground). Il mentionne, dans ces mêmes parages, la présence 
de sortes de meules d’herbe ( haycocks ), ayant 2 à 3 pieds de hauteur sur 9 à 10 de dia¬ 
mètre, qui seraient édifiées par ces mêmes animaux (...evidently piled up by tins animal), 
et il ajoute avec raison que cette pratique est inexplicable (2). 

Le fait de fouiller le sol par places, pourtant si recevable de la part de Sangliers, a été 
contesté aux Hylochœrus. Woodhouse admet qu’ils ne fouissent pas (3) ; aussi Lônnberg, 
en traitant de ceux du nord-est du Kénia, et après avoir mentionné d’abord que par places 
ils y fouillent le sol de leurs groins ( rooted up the ground), fait-il des réserves et suppose-t-il 
que ce fouissage serait peut-être dû à des Potamochœrus (4). En attendant des renseigne¬ 
ments plus précis sur ce détail, remémorons que, tant de leurs doigts si robustes que de leurs 
fortes défenses et de leur large groin, les grands Sangliers noirs semblent particulière¬ 
ment aptes aux divers procédés de fouissage. Toutefois, dans les forêts où les arbres se 
mêlent à des Bambous, et qui sont, d'après tout ce que l’on sait de divers côtés, l’habitat 
préféré des Hylochœrus de l’Afrique orientale, la nourriture de ces animaux paraît faire à la 
végétation herbacée une place aussi large, sinon plus, qu’aux racines ou aux tubercules. 
Nous verrons, en ce qui concerne ceux des montagnes situées au sud-ouest du Kilimand¬ 
jaro, que leur alimentation serait surtout fournie par de jeunes pousses de «Nessel», plante 
herbacée, aux touffes desquelles les pistes caractéristiques de ces Sangliers mèneraient 
directement, et sur lesquelles l’action de leurs dents serait distinguable de celle des 
Rhinocéros : ceux-ci coupent les tiges, tandis que les Hylochœrus les mâchent (5). 

(1) Il s’agit ici de ces sortes d’allées qui finissent par être parfaitement débroussaillées et dont le sol devient remarquable, 
ment uni à la suite du passage fréquent des Éléphants. Ces « chemins d'Éléphants », de même que les << tunnels » ouverts dans 
l'épaisse végétation par divers autres grands Mammifères, peuvent être cités parmi les curiosités de certaines régions de l'Afrique 
tropicale. 

(2) Y aurait-il lieu de rapprocher ce fait d’un détail signalé dans l’ouvrage récent que nous citerons à la page 296, et 
d’après lequel les femelles des Potamochœrus construiraient des sortes de nids d’herbes sèches, où elles seraient supposées 
mettre bas ? Ces nids auraient de 2 à 3 pieds de hauteur, ce qui peut concorder avec l'indication ci-dessus (loc. cil., p. 607). 

(3) C. W. Woodhouse, The Journal of the East Africa and Uganda Nat. Hisl. Soc., 1911, n° 9. p. 43. 

(4) Einar Lônnberg, Mammals collccted by the swedish zoological expédition to British East Africa 1911 (Kungl. Svenska 
Vctenskapsakadetniens Handlingar, 1912, Bd. XLVIII, n° 5, p. 1-18S, PI. I-XV). 

(5) A propos des plantes ici mentionnées, nous devons faire les remarques suivantes, au sujet desquelles nous avons eu 
recours à la compétence et à l’obligeance de M. Gagnepain, sous-directeur du Laboratoire de Phanérogamie du Muséum. 

Les genres africains voisins des Bambous proprement dits, c'est-à-dire du genre Bambusa, ne sont pas de vrais Bambous ausens 
botanique actuel, ceux-ci étant asiatiques et américains. D’autre part, le terme Nessel signifie Ortie en allemand. Il se trouve 
effectivement, dans la région du Nil, deux espèces du genre Urtica ; mais il s’y rencontre aussi plusieurs genres urticants dont les 
représentants peuvent avoir été confondus avec de vraies Orties, tels les Laportea, Gerardinia, Pilea, etc... 

Tant pour ces Bambous que pour ces Orties, il convient donc de rester dans une prudente réserve. Notons cependant que les 
Bambous des flancs des montagnes de l’Est africain sont généralement déterminés comme Aruvdinaria alpina. 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


238 

Le besoin d’eau de ces derniers est très grand et les entraîne parfois, paraît-il, à se 
livrer à des migrations. Cette nécessité contribue à caractériser leur habitat. 

Leurs « fumées » ressemblent, d’après le témoignage invoqué par Lônnberg, à celles 
d’un Porc domestique, sauf leurs grandes dimensions (1), et Woodhouse les décrit 
comme ressemblant en plus réduit à celles de l’Hippopotame (2). Zukowsky cite le témoi¬ 
gnage de Schulz, concernant, il est vrai, la forme géante du mont Mutjek (Voir ci-dessous: 
H. schulzi), d’après lequel ces fumées auraient la forme d’une châtaigne et une grosseur 
comparable à celle d’un bras humain (3). Si les deux premiers de ces renseignements sont 
à peu près concordants, le dernier s’en écarte sensiblement et diffère de ce à quoi l’on peut 
s’attendre. 

Enfin, si certains sujets sont parfois rencontrés isolés, notamment des laies entourées 
de deux à six marcassins, ou aussi des vieux mâles, il semble que les Hylochœrus soient 
plutôt grégaires. Woodhouse les considère comme tels et ajoute qu’ils se déplacent en 
grands troupeaux ( sounders) (4). D’après Schulz (5), ils vivraient au contraire généralement 
isolés et se rendraient isolément, en tout cas, à leurs abreuvoirs. 


(1) Loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 237), p. 136. 

(2) Loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 237), p. 45. 

(3) Loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 216), p. 183-184. 

(4) Loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 237). 

(5) Sujets du Mutjek, in Zukowsky, loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 216), p. 1S3. 




Source : MNHN, Paris 



III. — L’ « HYLOCHŒRUS RIMATOR » O. Thos (i). 


Environ un an après avoir fait connaître YHylochœrus meinhertzhageni, Old. Thomas 
décrivit le crâne d’un vieil Hylochœrus $, provenant d’une localité toute nouvelle. 

Les pièces précédemment rapportées au genre Hylochœrus avaient toutes été recueillies 
dans la région est-nord-est du Victoria-Nyanza. Celle-ci était originaire des rives du fleuve 
Dja, affluent de la Sangha, affluent elle-même du Bas-Congo. L’extension géographique 
du genre Hylochœrus, — déjà soupçonnée d’après des renseignements verbaux dont 
Sir Harry Johnston avait fait état dès 1905, dans une Note que nous citerons plus loin, 
— s’avérait ainsi. 

L’étude de ce seul crâne de femelle révéla à Thomas des particularités suffisantes 
pour qu’il lui parût devoir être rangé dans une espèce différente de Y Hylochœrus mein¬ 
hertzhageni, et à cette espèce nouvelle il donna le nom à’H. rimator. 

La forme générale du crâne est, pour Thomas, la même dans les deux espèces, plus 
délicate toutefois dans la seconde, où les mâchoires sont en outre plus étroites, et cette 
différence s’affirme surtout pour la troisième molaire supérieure, dont le talon s’effile 
en pointe au lieu d’être largement arrondi comme dans l’espèce orientale. Sur cette même 
dent, le revêtement de cément paraît aussi plus mince dans la seconde espèce, et l’aspect 
général de cette dernière molaire y est plus léger et plus délicat. Les mêmes différences 
se retrouvent à peu près sur la troisième molaire inférieure, qui, écrivait Old. Thomas, 
est plus de trois fois plus longue que large, tandis que, dans l’espèce précédente, elle l’est 
à peine deux fois et demie. L’auteur ajoutait qu’une certaine différence entre les deux 
espèces s’observe en outre dans le détail de la structure des dents, et la comparaison des 
figures qu’il donnait des arrière-molaires supérieure et inférieure du rimator avec celles 
qu’il avait précédemment données des dents du meinhertzhageni montre effectivement des 
différences, dont les figures du chapitre VII permettront de juger. 

Ici encore, Thomas a signalé la persistance de la dernière prémolaire temporaire 
supérieure, et il conclut, plus nettement que dans son étude du meinhertzhageni (voir 
ci-dessus, p. 220-221), à la suppression de la dernière prémolaire définitive dans le genre 
Hylochœrus. 

Rappelons encore que, comme dimensions principales du crâne sur lequel il basait sa 
nouvelle espèce, Thomas signalait les suivantes : longueur basale (approximative), 325 milli¬ 
mètres ; largeur bizygomatique, 176 millimètres ; longueur palatine, 232 millimètres ; 
longueur de la troisième molaire, 42 mm ,3 ; largeur de la même, i7 mm ,5 ; longueur et largeur 
de la troisième molaire inférieure, 48,2 x 16. 


(1) Oi.dfield Thomas, loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 216). 


Source : MNHN, Paris 


-4° 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


Par la suite, d’autres pièces provenant de sujets rattachables à la nouvelle espèce par¬ 
vinrent en Europe et en Amérique, et G. M. Allen consacra à VH. rimator une étude assez 
détaillée (i). Cette « espèce », même réduite à l’état de « race » comme elle le fut par 
Lydekker (Voir ci-dessus, p. 216), étant la seule à laquelle il soit jusqu’ici reconnu 
authentiquement une place zoologique à côté de la forme typique (H. meinhertzhageni), 
nous croyons devoir indiquer les caractères mis en évidence par l’étude d’ALLEN et qui 
restaient inconnus de Thomas. 

Allen disposa d’un seul spécimen, vraisemblablement femelle ( doubtless a female), 
provenant, comme celui de Thomas, de la rivière Dja, et recueilli par le même collectionneur 
(G. L. Bâtes). La peau, préparée par salaison, était, une fois étendue, longue d'en¬ 
viron i m ,50, y compris la queue, qui mesurait à peu près 25 centimètres. Le diamètre 
maximum transversal de la plaque du museau était de 105 millimètres, et son plus grand 
diamètre vertical de 57 millimètres. Comme les autres caractères étaient ceux d’un animal 
dont le développement était à peu près achevé, et que la taille était ici bien loin d’atteindre 
celle de l’un de nos grands Sangliers d’Europe par exemple, Allen s’élève contre le qua¬ 
lificatif de « Giant Pig » communément appliqué aux Hylochœrus, qu’il reconnaît seule¬ 
ment être plutôt hauts que vraiment grands. Voici l’essentiel de ce qu’il décrit de son 
rimator. 

Le museau est densément couvert de courtes soies noires d’environ 10 millimètres 
de long, qui s’accroissent en longueur vers l’arrière, de façon à atteindre 25 millimètres 
sur les joues. Toute la bordure de l’oreille est garnie de longues soies noires atteignant 
une longueur de 50 millimètres à la pointe de l’organe ; la surface postérieure de celui-ci 
porte un très faible revêtement de soies noires fines, mais est, en fait, à peu près nu. Le 
corps est couvert d’épaisses soies noires plus longues sur le cou et la crête dorsale. Les plus 
longues du cou mesurent 164 millimètres, celles du milieu du dos 132 millimètres. Les 
membres antérieurs et postérieurs portent des soies plus courtes, de 10 à 20 millimètres 
de long. Sur la surface ventrale du corps, dispersées parmi les soies noires, il s’en trouve 
de couleur cannelle pâle, ou blanc jaunâtre. Des poils de cette même couleur claire se 
trouvent sur le côté interne des membres antérieurs et des cuisses et sur l’extrémité anté¬ 
rieure et les deux tiers proximaux de la partie interne des oreilles. Au coin de la bouche, 
de chaque côté, se trouve une tache faite de ces mêmes soies claires, longue d’environ 65 mil¬ 
limètres, et une forte touffe des mêmes se voit le long de l’angle postérieur de la mandibule 
s’étendant verticalement sur environ 45 millimètres, avec une largeur de 10 millimètres. 
Les sabots sont lisses et noirâtres. 

La peau est rude et d’un gris foncé, mais il n’y a pas de verrues très définies sur la 
face ( there are no very defmite warts on the face), sauf qu’au-dessous des oreilles, le 
long de l’angle postérieur de la mandibule, il y a une aire épaissie, en forme de croissant, 
sur laquelle se développe une touffe de soies claires, de même position que la touffe 
similaire des Phacochcerus. La queue est latéralement comprimée et se termine par quelques 
petites soies noires, sauf le long de ses extrémités ventrales et dorsales, qui, sur une éten- 

(1) Glover M. Allen, The west african Forest-Pig ( Hylochœrus rimator Thomas) (Proc. Biological Society of Washington , 
vol. XX 111 , 19 avril 1910. p. 49-52). 


Source : MNHN , Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


241 


due de 55 millimètres, ont une crête raide de soies noires juxtaposées, dont les plus longues, 
à l’extrémité de la queue, atteignent environ 30 millimètres. 

Les caractères du crâne étaient ceux d’un animal de développement à peu près achevé. 
Les dernières molaires venaient de percer. Elles ne sont pas aussi aplaties transversalement 
que celles qui ont été figurées par Thomas, mais nettement arrondies. La longueur 
occipito-nasale de ce crâne est de 325 millimè¬ 
tres, la longueur palatine de 196 ; la dernière 
molaire supérieure mesure 32,5 x 17 (et l’auteur 
ajoute entre parenthèses: 42,3 X5r,7), la der¬ 
nière molaire inférieure atteint 37 x 16 (42,8 
X 16). L’auteur donne plusieurs autres mesures, 
accompagnées de nombres entre parenthèses 
qui achèvent de nous rendre leur comparaison 
très aléatoire. Il signale sur cette pièce la persis¬ 
tance de la quatrième prémolaire provisoire à 
la mâchoire supérieure. 

Comparant son sujet avec ceux qui avaient 
été décrits par Matschie (Voir ci-dessous) com¬ 
me H. ituriensis, il trouve la coloration de ces 
derniers identique à celle du rimator et du 
meinhertzhageni, et reprenant les particularités 
considérées par Matschie comme caractéristiques du rimator, il conclut que Y ituriensis 
paraît plus étroitement allié au rimator qu’au meinhertzhageni et considère cet ituriensis 
comme pouvant tout au plus représenter une forme subspécifique. 

Nous avons vu que Lydekker a fait du rimator une seconde « race » (1), et nous 
verrons qu’il rattache Yituriensis non à celle-ci, mais à la forme typique : Hylochœrus 
meinhertzhageni meinhertzhageni. Dans tout ce qu’ALLEN rapporte de son sujet, nous ne 
voyons rien, en effet, qui mérite de séparer celui-ci du groupe de spécimens de Nandi 
décrits par Rothschild et Neuville. Ce qu’il observa sur les molaires serait même de 
nature à faire douter de la base sur laquelle fut essentiellement fondée la distinction de 
l’espèce rimator. Nous en rejetterons l’examen à la fin de ce Mémoire, où nous ferons, à 
propos de la nouvelle sous-espèce ivoriensis B. et N., une révision comparative des carac¬ 
tères des molaires dans le genre Hylochœrus. 



Fig. 17. — Hylochœrus rimator Thomas. 

a, troisième molaire supérieure droite ; b, troisième 
molaire inférieure droite. (D’après Thomas, Proc. ZooL 
Soc. London, 1906.) 


(1) R. Lydekker, loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 216), p. 363-364. 


Archives du Muséum, 6 e Série. 


V. - 31 


Source : MNHN, Paris 





IV. — L’ « HYLOCHŒRUS ITURIENSIS » Matschie (i). 

A peine la description de Y H. rimator était-elle parue que Matschie donnait celle 
de trois Hylochœrus de la région du Haut-Ituri, en concluant à la nécessité de reconnaître 
pour eux une troisième espèce, qu’il nommait ituriensis. Ces trois sujets étaient un vieux 
mâle, une jeune femelle et un mâle très jeune, dont les troisièmes molaires n’étaient pas 
sorties. 

Il fit à ce propos une révision approfondie de toutes les données alors acquises sur les 
grands Sangliers noirs de l’Afrique équatoriale et insista sur les différences relevables 
entre celles-ci et celles que fournissait son étude des sujets de l’Ituri. Il en signalait notam¬ 
ment dans la répartition des soies claires, la taille, et analysait des différences crâniennes. 
Le tout prouvait un examen très complet des nouveaux sujets et une comparaison fort 
attentive avec les documents précédents. Un tableau de mensurations confrontant les 
Hylochœrus meinhertzhageni, rimator et ituriensis, synthétise, à la fin du Mémoire de Mat¬ 
schie, les différences observables entre tous les sujets alors connus (2). 

Les particularités de coloration de la forme de l’Ituri sont ainsi décrites par l’auteur : 
« Le Sanglier de l’Ituri montre dans son apparence extérieure quelques différences évidentes 
avec les Sangliers de Nandi et du Kénia... L’endroit des parties génitales, une tache derrière 
l’angle du groin, une deuxième tache près du processus angulaire de la mâchoire inférieure, 
quelques soies sur la partie postérieure et sur le bord intérieur des oreilles, sont d’une teinte 
autre que les soies noires du corps, un peu rougeâtres sur les côtés comme chez Y Hylo¬ 
chœrus meinhertzhageni ; cependant elles ne sont pas blanches ou d’un blanc jaunâtre, 
mais d’un brun jaunâtre (PL IV et V). A la gorge, à la poitrine et au côté intérieur des 
jambes, les soies blanches manquent entièrement ; quelques rares soies d’un brun jaunâtre 
foncé s’y trouvent par-ci par-là, parmi les soies noires », et Matschie rappelle les diffé¬ 
rences présentées par les descriptions de Y Hylochœrus meinhertzhageni faites par Thomas, 
d’après la peau d’un jeune mâle de la forêt de Nandi, et par Rothschild et Neuville 
d’après des spécimens variés de la même région : chez ceux-ci, il y a une crinière dorsale, 
les soies sont moins épaisses, et il se trouve deux taches blanches sur les joues ; enfin, 
ils ont des soies blanches éparses sur tout le corps. Matschie mentionne, en outre, d’après 
Hobley, un sujet ayant « peut-être présenté une tache blanche sur le front » (3). 

Les différences sont effectivement assez grandes entre la description de Thomas 


(1) P. Matschie, loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 216). 

(2) Nousdevons signaler que, dans le tableau ainsi dressé par Matschie, comme dans celui de la page 6 du môme auteur, 
il s’est glissé des erreurs typographiques dont certaines sont assez importantes. Il est donc prudent, de la part des intéressés, 
de se reporter aux sources mêmes des mensurations. 

(3) Matschie, ibid., p. 2. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


24i 


d’une part, et celle de Rothschild et Neuville d’autre part. Mais il ne faut pas perdre 
de vue que la première n’était faite que d’après des matériaux d’une extrême précarité. 
L’un de nous les a étudiés au British Muséum, en 1906, et a pu constater que la plupart 
des différences en question sont, en grande partie, le fait de l’état de conservation de ces 
derniers matériaux. Il n’en est d'ailleurs pas moins vrai, — et cela fut amplement démontré 
par la suite, — que les Hylochœrus présentent, surtout dans leur pelage, et passablement 
aussi dans leur dentition, des variations dont certaines, dans l’état actuel des connaissances, 
sont un peu déconcertantes. Ces variations traduisent-elles des caractères spécifiques, 
raciaux, ou simplement individuels ? Il nous paraîtrait risqué de vouloir répondre à cette 
question, dès maintenant, de façon définitive. La réduisant ici à ce qui concerne les 
sujets de Matschie, il ne nous semble pas possible de trouver, entre leur description et 
celle des sujets de Rothschild et Neuville, des différences assez importantes pour séparer 
spécifiquement Y Hylochœrus de l’Ituri et celui de Nandi; et de toutes les données relatives 
au genre en cause, synthétisées par Matschie, il semble pouvoir être tiré une conclusion 
différente de la sienne. Ce naturaliste, dont la compétence mammalogique était indiscu¬ 
table et à l’expérience de qui nous adressons un hommage posthume, avait une compréhen¬ 
sion très personnelle de la notion d’espèce, se traduisant par la reconnaissance de formes 
spécifiques là où Lydekker, par exemple, n’aurait même pas reconnu une « race ». Ce 
fut en s’inspirant de cette tendance qu’il étudia le genre Hylochœrus. Mais de son travail 
même il ressort une sériation des différences laissant difficilement prise à une coupure 
spécifique, telle qu’il est généralement d’usage d’en pratiquer. L’extension des recherches 
nous paraît rendre cette dernière notion plus légitime encore maintenant qu’à l’époque où 
Matschie établissait l’espèce ituriensis. 

En ce qui concerne la dentition, que cet auteur décrivait avec les plus grands détails 
sur ses trois sujets, il constatait la présence, sur le plus âgé de ceux-ci, de quatrièmes 
prémolaires définitives aux deux mâchoires. Il émettait, en outre, l’opinion que les trois 
prémolaires représentées sur la figure 3 de la planche XV de la première publication de 
Thomas (Voir fig. 3 ci-dessus), et non pas la dernière seule, appartiennent à une denti¬ 
tion provisoire ; et il reproduisait, quant au remplacement de cette partie de la den¬ 
tition, les conclusions de Rothschild et Neuville. 

En somme, les particularités de l 'ituriensis, comparé au meinhertzhageni, seraient, 
d’après Matschie, les suivantes : 

i° La crête décrite par Thomas comme allant du trou occipital au vertex, sur le 
meinhertzhageni, se réduit, sur les trois ituriensis de Matschie, « à une faible boursou¬ 
flure » ; 

2° Le plan nuqual est un peu plus haut chez ceux-ci ; 

3° Les arcades zygomatiques sont moins arquées, moins saillantes, chez ces derniers ; 

4 0 Leur occipital est moins incliné en arrière ; 

5 0 Leurs canines sont moins courbes et moins pointues ; 

6° L’angle formé par les frontaux avec les nasaux est légèrement plus faible sur les 
ituriensis. 


244 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


7° La hauteur de la mâchoire inférieure, au diastème, est moindre, chez ces derniers, 
que la largeur du palais, tandis qu’elle est au moins aussi grande chez le meinhertzhageni 
[nous avouons ne pas bien comprendre ce qu'est ce caractère, en l’absence d’indications 
précisant les mensurations sur lesquelles il est fondé], 

Matschie ajoute que les caractères des dernières molaires écartent sa nouvelle espèce 
du rimator. « Chez YH. rimator et Y H. meinhertzhageni, écrit-il, les tubercules de la M 3 
formant les angles antérieurs des deux triangles du milieu ne se touchent pas ; par contre, 
chez le Sanglier de l’Ituri, ils se touchent (Voir la PI. III, fig. 2, de Matschie). Il 



Fig. 18. — Hylochœrus meinhertzhageni ivoriensis H. et X., £. — Région occipitale du crâne. — Environ 4/5 grandeur naturelle. 


faudra voir si cette différence est de règle générale. La reproduction des deux dernières 
molaires d 'H. rimator dans les Proccedings (fig. i, p. 3) est fort différente de celle de 
YH. meinhertzhageni publiée antérieurement, mais non pas essentiellement de celle publiée 
aux tableaux [planches] 9 et n du Bulletin de la Société philomathique, si l’on fait abstrac¬ 
tion de ce que les dents de YH. rimator diminuent un peu brusquement en arrière (1). » 
Ces réserves sont déjà de nature à jeter quelque doute sur la valeur des différences 
séparant le rimator du meinhertzhageni. Une remarque d’ALLEN (2), mentionnant que, sur 
le sujet identifié par lui au rimator, les tubercules ci-dessus désignés sont en étroit 
contact, achève de confirmer ce doute. Aucun de ces caractères ne peut, à notre avis, être 
considéré comme spécifique ni même subspécifique. Nous ne pouvons entrer dans l’exposé 


(1) Matschie, loc. ait. (Voir ci-dessus, p. 216). p. 9. 

(2) Glover M. Allen, loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 240), p. 51. 


Source : MNHN, Paris 








RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLCCHŒRUS » 


245 


des variations individuelles offertes par chacun d’eux : cela ne nous mènerait à rien moins 



Fig. 19. — H. m. ivoriensis B. et N., Ç. — Région occipitale du crâne. — Environ 4/5 grandeur naturelle. 


qu’à une révision des caractères crâniens dans la famille des Suidés. Disons donc seulement 



Fig. 20. — Potamochœrus penicillatus . — Région occipitale du crâne. — Environ 4/5 grandeur naturelle. 

que ces variations sont assez grandes, et précisons simplement les faits suivants. 









246 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


La crête occipitale décrite par Thomas (Voir p. 220) est sujette à des variations que 
nous croyons d’ordre individuel et qui ne nous paraissent que peu ou pas influencées par 
l’âge ou le sexe. Elle existe, à notre connaissance, sur la plupart des sujets appartenant 
au genre Hylochœrus, au point même de pouvoir effectivement contribuer à caractériser 
ce genre ; cependant, elle n’y est pas absolument constante et ne lui est pas exclusive. Elle 
n’existait que peu ou pas sur les sujets de Matschie (H. ituriensis) (Voir ci-dessus) et de 
Balducci (H. gigliolii) (Voir ci-dessous). Sur nos ivoriensis, elle se présente à des états 
fort différents, formant une véritable crête sur le mâle (fig. 18), et remplacée par une sorte 



Fig. 21. — Potamochœrus penicillatus. — Région occipitale du crâne. — Environ 4I5 grandeur naturelle. 

de boursouflure (pour reprendre l'expression de Matschie) sur la femelle (fig. 19). Nous 
l’avons retrouvée, et la représentons, sur un Potamochœrus penicillatus (Potamochœrus por- 
cus porcus) $ de la Collection Bouet, tandis qu’un autre de la même région (celle de Geor¬ 
getown), appartenant à la même Collection, n’en présente aucune trace (fig. 20 et 21). Sur 
un Phacochœrus $ très âgé, nous en trouvons une indication (fig. 22), tandis que sur 
d’autres, à peu près également âgés, cette trace même n’existe pas (fig. 23). 

Au sujet de la plupart des autres détails mentionnés par Matschie, nous pourrions 
faire des remarques équivalentes ; mais ce serait là entrer dans cet interminable exposé 
de variations individuelles auquel nous nous défendions ci-dessus de vouloir nous livrer. 
Toutefois, en ce qui concerne les dents, nous chercherons à approfondir l’examen de ces 
variations en traitant de VH. m. ivoriensis. 


Source : MNHN, Paris 







RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


247 


* 

* * 

Dans la suite, l’espèce ainsi distinguée fut l’objet de nouvelles remarques. 

En 1923, M. Lorenz-Liburnau, à l’occasion d’une étude approfondie de quelques 
Ongulés de l’Afrique centrale (1), mentionna, comme Hylochœrus ituriensis, un très jeune 
sujet de Moera et un jeune mâle de Mawambi, sur lequel il donne quelques intéressants 
renseignements. Celui-ci, dont la dernière molaire supérieure n’est pas complètement 
sortie, a une longueur totale de i m ,45, avec une hauteur au garrot de 77 centimètres ; 



Fig. 22. — Phacochœrus sp. ? ç (sujet très âgé). — Région occipitale du crâne. — Environ 4/5 grandeur naturelle. 


son crâne est long de 35 centimètres; mais nous n’avons ici ni la largeur bizygomatique, 
ni la longueur palatine, ni celle de la dernière molaire, mesures dont il a été tiré, comme 
on le verra, un parti important. 

D’intéressants détails comparatifs furent donnés par M. Lorenz-Liburnau sur ses 
deux exemplaires. Son mâle adulte-jeune portait des soies noires hérissées sur tout le 
corps, et une touffe de soies d’un jaunâtre pâle derrière l’angle maxillaire. Le crâne de 
ce sujet lui parut beaucoup plus étroit que ceux des originaux décrits par Matschie ; 
il interprète ce caractère comme dû à l’âge peu avancé de son spécimen, dont la troisième 
molaire supérieure n’était pas encore sortie. Nous avons déjà précisé que, des sujets de 
Matschie, aucun n’était très âgé, ni même, semble-t-il, adulte-âgé ; tout au plus l’un 

(1) L. Lorenz-Liburnau, Beitrag zur Kenntnis der Huftiere von Zentralafrika ( Annalen des naturhistorischen Muséum 
in Wien, XXXVI Bd., Wien, 1923, p. 90-123. Voir p. 92-94 et fig. 2). 


Source : MNHN, Paris 






248 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


d’eux était-il vraiment adulte ; aussi fut-il opposé à l’opinion de cet auteur sur la valeur 
spécifique de ses trois spécimens, vu leur état d’immaturité (Voir ci-dessus, p. 216); il semble 
bien que la même observation puisse être faite quant aux deux sujets de Lorenz-Liburnau. 

Le plus jeune de ceux-ci était un petit marcassin dont la peau n’avait qu’une longueur 
de 35 cm ,5 du groin jusqu’à la racine de la queue. Rothschild et Neuville, d’après la 
coloration de leurs spécimens de la forêt de Nandi et l’évolution qu’elle paraissait mani¬ 
fester, s’étaient demandés si la livrée des très jeunes Hylochœrus ne serait pas blonde 
(Voir ci-dessus, p. 235) ; or celle-ci était, sur le marcassin de Lorenz-Liburnau, déjà noire 



Fig. 23. — Phacochœrus sp. ? (sujet très âgé). — Région occipitale du crâne. — Environ 4/5 grandeur naturelle. 


sur les parties supérieures et les flancs, mais d’un jaune pâle sur les parties inférieures. 
Ce dernier auteur mentionne toutefois que des soies également jaunâtre pâle, «rela¬ 
tivement assez nombreuses », sont ici éparses parmi les soies noires sur le dos, les épaules 
et la partie supérieure des cuisses. Sur les côtés de la tête, devant les oreilles, le nombre de 
ces poils clairs (blonds) devient plus considérable, écrit Lorenz-Liburnau, et il s’en trouve 
aussi au-dessus des yeux. Les joues sont surtout pâles, avec une strie longitudinale noire 
débutant au museau, dont les autres poils sont complètement noirs, et passant devant 
les yeux pour arriver jusque près du bord auriculaire externe. Les joues ne portent aucune 
trace des touffes de soies d’un jaune brunâtre qui s’y voient généralement sur les Hylo¬ 
chœrus adultes. La lèvre inférieure est noire. La gorge, la partie antérieure du cou, la poi¬ 
trine et le ventre sont d’un jaunâtre passant à un blanchâtre blafard ( weisslichtfahl ). 
L’orifice de l’oreille est entouré' de poils assez longs, clairs (hellfahlen ), et la surface 
intérieure du pavillon est recouverte de poils analogues plus courts ; ceux-ci forment vers 


Source : MNHN, Paris 




RECHERCHES SUR LE GENRE « 11 YL 0 CHŒRUS » 


249 


le bord externe, près de la pointe, une tache claire. Les jambes antérieures sont noires 
par-devant, teintées d'une couleur pâle au poignet et d’une couleur pâle sale en arrière. 
La région du talon, aux membres postérieurs, est noirâtre, et la surface antérieure de 
la région métatarsienne est noire, tandis que la surface postérieure en est brunâtre. Les 
sabots, complètement noirs chez l’adulte, sont ici en grande partie d’un jaune corné, et 
noirs seulement le long de la partie médiane, jusque vers la pointe. 

L’indécision dans laquelle on reste quant à la couleur primitive des marcassins, dans 
le genre dont nous traitons, nous a paru légitimer cette citation de Lorenz-Liburxau. 



Fig. 24. — Sanglier de l’Inde. - 


Région occipitale du crâne. — Environ 4/5 grandeur naturelle. 


Celui-ci considère son sujet de 35 cm ,5 comme certainement revêtu de la première livrée 
juvénile. Faisons remarquer à ce propos que, dans nos Sangliers d’Europe, l’évolution 
de cette première livrée est extrêmement rapide : dès la hn du premier mois, les stries 
caractéristiques de celle-ci ont disparu. Peut-être, à un état encore plus jeune, le marcassin 
de Lorenz-Liburnau eût-il présenté une coloration plus ou moins différente. En tout 
cas, l’abondance des soies claires sur ce sujet, tandis que l’autre (un mâle encore jeune) 
était entièrement noir, confirme ce qu’écrivaient Rothschild et Neuville de l’évolution 
de la livrée des Hylochœms, sans même répondre de façon nettement négative à la suppo¬ 
sition émise par ces auteurs, que : « le jeune, à sa naissance, est vraisemblablement pourvu 
d’une livrée de poils blonds (i) ». Il nous paraît de plus en plus acquis que la coloration 

(1) M. de Rothschild et H. Neuville, loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 216), p. 7. 

Archives du Muséum, 6 e Série. 


V. — 32 









250 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


des Hylochœrus est, en général, d’autant plus claire qu’ils sont plus jeunes, et ce clair est 
surtout blond. 


* 

* * 

En 1925, M. de Beaux mentionna également Y H. ituriensis, mais en le réduisant en 
sous-espèce sous le nom d'H. meinhertzhageni ituriensis (1). Il eut à sa disposition un très 
jeune sujet (la provenance exacte n’en est pas mentionnée, il est simplement indiqué comme 
originaire de la vallée de la Semliki), dont les dernières molaires commençaient seulement 
à percer. Sa longueur crânienne était de 29 cm ,5, et la largeur bizygomatique de i6 cm ,05. 
Le fait d’immaturité peut donc, ici encore, s’appliquer à la distinction de la forme ituriensis. 

Notons que M. de Beaux a rencontré sur son sujet une quatrième prémolaire supé¬ 
rieure définitive, encore recouverte (incappucciato) du reste de la dent provisoire cor¬ 
respondante. Mentionnons aussi que ce jeune sujet présentait une anomalie, probablement 
d’origine traumatique, consistant en une double déviation du museau, d’abord vers la 
gauche, en partant de la pointe des prémaxillaires, puis vers la droite ; l’apex des nasaux 
portait des traces de nécrose. Il résultait de cette anomalie que la mandibule dépassait 
de 11 millimètres la pointe des prémaxillaires, qui, normalement, la surplombe antérieu¬ 
rement ; la dentition même s’en trouvait perturbée ; la canine inférieure droite était sensi¬ 
blement rétrécie, ou étranglée, à sa sortie de la gencive, et la file des molaires de droite 
s’avançait moins que celle de gauche. 


* 

* * 

Nous avons, chemin faisant, souligné le caractère d’incomplet développement de 
la plupart des sujets rapportés à la forme ituriensis ; à part un vieux mâle étudié par 
Matschie, les autres ne semblent pouvoir servir qu’à suivre l’évolution des caractères 
dans le genre Hylochœrus. 

Lydekker, dans sa révision de celui-ci (2), estime que « les caractères externes sur 
lesquels est basé Y H. ituriensis paraissent surtout des faits d’immaturité», et il fait tomber 
cette espèce en synonymie de la «typical race»: Y H. meinhertzhageni meinhertzhageni. 
Il mentionne un crâne du British Muséum, provenant de la forêt de la Semliki, comme 
« représentant probablement Y H. ituriensis », mais « ne paraissant pas pouvoir être séparé 
racialement de celui du type ». 

Il nous semble qu’il faille rester, jusqu’à plus ample information, sur l’opinion ainsi 
exprimée. 

(1) O. de Beaux, Su alcuni mammiferi del Congo Belga (Atli délia Societa italiana di Scienze naturale e del Maseo civico di 
Storia naturale in Milano, vol. LXIV, Milan, 1925, p. 87-96. Voir p. 93-94). 

(2) R. Lydekker, loc. cil. (Voir ci-dessus, p. 216), p. 363-364 


Source : MNHN, Paris 



V. — L’ « HYLOCHŒRUS GIGLIOLII » Bald. (i). 


En 1907, M. Giglioli, du Musée de Zoologie de Florence, ayant reçu de M. Brissoni 
le crâne d’un grand Sanglier noir, mâle, bien développé, provenant de Sendue (Sendwé ou 
Zendwe : Haut-Congo, par 3 0 latitude sud), il rapporta ce sujet à YHylochœrus mein- 
hertzhageni et mentionna cette nouvelle découverte dans une Note très brève (2). 

L’un de ses élèves, M. E. Balducci, reprit ensuite l’étude de cette pièce, dont il fit 
le type d'une quatrième espèce, qu’il nommait Hylo¬ 
chœrus gigliolii. Il se livra à des mensurations qu’il con¬ 
fronta avec celles de VH. meinhertzhageni et de YIi. ri- 
mator (il ne mentionne pas Yituriensis) et signala avec 
justesse les aléas que peut entraîner la comparaison des 
mesures prises par des observateurs éloignés les uns des 
autres. En effet, ne suivant pas rigoureusement les 
mêmes techniques, appliquant parfois les mêmes termes 
à la désignation de dimensions prises de manières trop 
différentes pour permettre un rapprochement des résul¬ 
tats, les zoologistes peuvent s’exposer à de graves sur¬ 
prises en se basant sur des données dont ils ne connais¬ 
sent ainsi la valeur que de façon fort imparfaite. Bal¬ 
ducci signalait à ce propos un écart entre certaines de ses mensurations et celles de son 
propre maître, le professeur Giglioli. 

Comparant donc ses mesures à celles d’ÛLD. Thomas, tout en se défendant détenir 
un compte absolu de cette comparaison, Balducci y trouve cependant la marque d’une 
distinction à faire entre Y H. meinhertzhageni et le crâne de Sendue. Donnant des figures 
photographiques de celui-ci, superposant en outre, dans différentes positions, des silhouettes 
de ce dernier et d’un crâne d ’H. meinhertzhageni figuré par Thomas, il releva plusieurs 
différences dans la forme des frontaux, des pariétaux, des nasaux, des cavités orbitaires 
et de leurs arcades. Il trouve notamment que les fosses nasales sont beaucoup moins larges 
et d’un aspect tout différent dans son sujet ; les contours des ptérygoïdiens, des bulles 
tympaniques, des apophyses styloïdes et des condyles occipitaux lui semblent présenter 
dans les deux cas une différence « non piccola », de même que celle qu’il voyait entre les 
alig nements des séries dentaires. La crête occipito-pariétale lui paraissait également formes 
dan s les deux cas, des angles différents. Les arcades zygomatiques étaient moins dévelop- 

(1) Enrico Balducci, /oc. cit. (Voir ci-dessus, p. 216). 

(2) H. Giglioli, The Forcst-Pig of Central Africa (Nature, vol. LXXV, Feb. 1907, p. 4 14-415). 



Fig. 25. — Hylochœrus gigliolii Bald. — 
Région occipitale. (D’apres Balducci, 
loc, cit.) 




25 ^ 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


pées en longueur et plus saillantes dans son sujet que dans le type du meinhertzhageni. 
Les maxillaires inférieurs différaient aussi. Enfin, cette sorte de crête signalée par Thomas 
dans la partie médiane de l’écaille de l’occipital, au-dessus du foramen magnum, comme 
caractéristique du genre Hylochœrns (Voir ci-dessus, p. 220 et 246, et fig. 2 et 18-24), 
n'existait sur le sujet de Sendue qu’à un degré jugé moindre par Balducci, bien que ce 

sujet fût plus âgé. Cette crête, si digne qu’elle 
soit d’être remarquée, nous a paru très variable, 
et vraisemblablement de façon individuelle ; 
peut-être est-elle influencée par le sexe. 

De tout cela, l’auteur concluait devoir faire 
pour le sujet de Sendue une espèce nouvelle, 
qu’il dédiait à M. Giglioi.i sous le nom d ’ Hylo¬ 
chœrus gigliolii. 

Approuvons ici les réserves faites par Bal¬ 
ducci sur les conclusions à tirer des mensura¬ 
tions lorsqu’elles ne sont pas prises de façons 
authentiquement et rigoureusement identiques, 
ce qui ne peut guère être fait que par un même 
opérateur, ou par des opérateurs dressés exac¬ 
tement aux mêmes techniques, et ce ne fut pas 
précisément le cas pour les Hylochœrus. Nous 
eussions voulu joindre à ce travail des ta¬ 
bleaux de mensurations synthétisant toutes les 
données jusqu’ici recueillies quant aux points 
principaux de la craniologie et de l’odonto- 

Fig - Hylochœrus gigliolii BaUl. Série «les Io S ie du § enre dont n0US I10US Occupons ! nous 

prémolaires et tics molaires : s, mâchoire supérieure ; avons dû V renoncer après nOUS être COnvamCU- 

/. mâchoire intérieure. (D'après Bai.ducci. !oc. ai.) J 

que ces données éparses sont le plus souvent 
peu comparables, ou même ne le sont pas du tout. Remarquons, en même temps, 
que les photographies elles-mêmes déforment trop souvent leurs modèles ; nous ne pou¬ 
vons donc que faire, nous aussi, quelques réserves sur le procédé, d’ailleurs ingénieux 
et' instructif en lui-même, de superposition de silhouettes, employé par M. Balducci. 
Pour celles qu’il a prises lui-même, à titre comparatif, sur des espèces variées, nul 
doute ne s’élève quant à leur valeur, en tenant compte, comme de règle, de l’im¬ 
portance des variations individuelles. Mais l’emploi de silhouettes obtenues d’après 
des figures, même photographiques, comme paraissent l’être celles de Thomas ainsi 
employées par M. Balducci, comporte des aléas à peu près équivalents à ceux des men¬ 
surations. 

Quoi qu’il en soit, les conclusions de cet auteur doivent être mentionnées. Pour lui, 
l’ Hylochœrus, ainsi étudié d’un point de vue exclusivement craniologique, ne peut s’inter¬ 
caler entre les Sus et les Potamochœrus, mais doit se placer après les Phacochœrus, suivant 
un ordre qu’il indique ainsi sans y insister autrement que quant à la place du premier de ces 



Source : MNHN, Paris 




RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS -> 


253 


genres, et que nous simplifions un peu : Dicotyles tajacu L., Porcus babirussa (L.), Potamo¬ 
chœrus porcus Gray, Sus scrofa L., Phacochœrus ajricanus Gmel ., Hylochœrus gigliolii Bald. 
Il ajoute que la grande différence de forme entre les crânes de Sus et de Phacochœrus laisse 
entrevoir la possibilité d’existence de formes intermédiaires, mais que l’ Hylochœrus n’est 
pas l'une de celles-ci. Après avoir signalé des faits de variations craniologiques entre les 
divers Sus examinés par lui et les avoir attribués à l’âge et au sexe, sans cependant les 
reconnaître toujours dépendants de ces deux seuls facteurs, il fait ressortir que la forme du 
crâne, dans le genre Phacochœrus, s’écarte déjà beaucoup de celles du genre Sus, encore 
qu’elle présente des variations de même valeur. Le crâne de Y Hylochœrus, ajoute-t-il, 
est d’une forme différant beaucoup de celles des autres genres et ne pouvant être comparée 
à aucune de celles-ci ; l’intercalation des Hylochœrus entre les Sus et les Phacochœrus, basée 
par Thomas sur les caractères de la dentition, serait incompatible notamment avec les 
données fournies par la forme des pariétaux, des apophyses zygomatiques et des maxillaires. 
Il appuie cette assertion de dessins schématiques empruntés aux six espèces ci-dessus 
mentionnées, et lui fournissant la base d’un rapprochement, quant aux apophyses zygo¬ 
matiques, entre les Phacochœrus et les Hylochœrus, et celle d'une différenciation de ces deux 
genres d'avec les autres (1). 

Nous préférons ne pas nous engager dans la voie ainsi tracée. En se basant sur les carac¬ 
tères présentés par de petites régions du crâne, on aboutit surtout, comme l’a fait M. Balducci 
dès qu’il a disposé de séries étendues, à constater des variations dont il est difficile de dé¬ 
gager des considérations d'affinité, et plus encore lorsque, disposant de sujets variés pour 
certains groupes, l’observateur n’en possède qu’un seul pour celui autour duquel gravitent 
ses recherches ; or, ce fut là le cas pour les observations et comparaisons relatives à VH. 
gigliolii. Nous ne pouvons savoir, et moins encore pour celui-ci, connu par un seul crâne, 
que pour Yituriensis, ce que ménageront peut-être de nouvelles découvertes. Actuelle¬ 
ment. nous ne lui reconnaissons aucun caractère capable de le différencier spécifiquement 
du meinhertzhageni, et moins encore de le placer au delà des Phacochœrus sur une échelle 
où ceux-ci suivent les Potamochœrus et les Sus. Notamment, le genre Phacochœrus nous 
parait trop différencié pour ne pas occuper l’extrémité de cette série, plutôt que le genre 
Hylochœrus, et celui-ci, tant par des caractères dont nous avons déjà eu à traiter dans les 
pages précédentes (« verrues » de la face, par exemple) que par d’autres dont nous trai¬ 
terons ci-dessous (dents...), nous paraît bien intermédiaire aux Potamochœrus et aux Phaco- 
thœrus. Cela n’est d’ailleurs pas incompatible avec la présence, dans le genre Hylochœrus, 
de caractères « excessifs » lui donnant, à certains égards, une place extrême ; tels sont ceux 
des métacarpiens et des métatarsiens, dont nous avons traité à propos de l’espèce mein¬ 
hertzhageni. 

Rappelons enfin que Lydekker, dans l’ouvrage maintes fois cité au cours des pages 
précédentes, a considéré VH. gigliolii comme almost certainly inséparable de YH. itu- 
riensis (2), qu’il rattache, nous l’avons dit, à la «race typique» : H. meinhertzhageni 
meinhertzhageni. 

(1) Enrico Balducci, loc. ci:., p. 12-15. 

(2) Lee . cil., p. 363. 


Source : MNHN, Paris 


VI. — L’« HYLOCHŒRUS SCHULZI » Zuk. (i) 

ET REMARQUES SUR L’ÉTHOLOGIE DES « HYLOCHŒRUS ». 


En des années plus récentes, de nouvelles mentions furent faites des Hylochœrus. 
Ce fut ainsi qu’en 1921, — nous l’avons déjà indiqué, — M. L. Zukowsky, assistant 
de l’entreprise Hagenbeck, reçut d’un représentant africain de cette même maison, 
M. Ch. Schulz, la photographie d’une femelle adulte d 'Hylochœrus, tuée sur le mont 
Mutjek, à l’ouest du Kilimandjaro; des renseignements de même source lui affirmaient 
en outre la présence des Hylochœrus vers la source du Lomalasin, au sud du Winterhochland 
et du mont Meru, un peu plus bas que le 3 0 de latitude sud. M. Zukowsky s’inspira de 
ces renseignements dans une étude assez étendue dont la conclusion est qu’il s’agit, 
dans ces régions, d’une forme « apparemment nouvelle ». En fait, les renseignements 
dont fit état M. Zukowsky signalaient des caractères vraiment très particuliers. A un 
sujet tué sur le mont Meru, il était attribué une longueur de 2 mètres, sans compter la 
queue, et une hauteur au garrot de 1 mètre ; d’après M. Schulz, d’autres mâles, du 
mont Mutjek, dépasseraient encore ces dimensions. Malheureusement, aucune pièce, si fruste 
qu’elle fût, n’accompagnait ces renseignements, et la photographie très imparfaite repro¬ 
duite dans le Mémoire de Zukowsky est, à notre connaissance, le seul document matériel 
concernant cet Hylochœrus gigantesque. 

L’étude faite par Zukowsky est aussi détaillée qu’elle pouvait l’être sur des bases 
de cette sorte, et l’auteur y entre dans de nombreuses comparaisons. Sa conclusion, nous 
venons de le dire, est qu’il s’agit d’une espèce « apparemment nouvelle », vivant dans la 
région du Winterhochland, des monts Mutjek et Meru, plus grande encore que YHylo- 
chœnis meinhertzhageni, et à laquelle il donne le nom à'Hylochœrus schulzi. 

11 nous serait difficile, après tous les renseignements fournis et toutes les comparaisons 
faites par M. Zukowsky, d’entrer à notre tour dans l’appréciation de ces éléments au 
point de vue spécifique. Si grande que soit la valeur des témoignages utilisés par cet auteur, 
il reste extrêmement aléatoire, en l’absence de données matérielles rigoureuses, indiscu¬ 
tables, de prendre parti dans une question de spécificité reposant ainsi, de façon exclusive, 
sur des souvenirs de chasse. Ceux-ci émanent d’un observateur qualifié ; ce sont des témoi¬ 
gnages d’un haut intérêt, et nous ne songeons certes pas à leur opposer le vieil adage juri¬ 
dique : testis unus, testis nullus ; il n’en est pas moins très vivement souhaitable que des 
bases matérielles (peut-être d’ailleurs acquises au moment où nous écrivons, car nous répé¬ 
tons n’avoir pas la prétention de tout connaître) viennent appuyer définitivement les données 
rapportées par Zukowsky. Notons, en tout cas, qu’aucun des caractères qu’il signale, 


(1) Ludwig Zukowsky, loc. cit . (Voir ci-dessus, p. 216). 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


255 


notamment la taille, la coloration et même la localisation géographique, ne prête à un rap¬ 
prochement avec une espèce déjà connue du genre Hylochœrus. Cette unique conclusion 
étant posée, nous estimons les données de M. SCHULZ, publiées par M. Zukowsky, extrê¬ 
mement intéressantes pour la connaissance générale du genre en question, et, partant, 
pour l'appréciation de la valeur des caractères que présentent ses diverses formes. Nous 
croyons donc devoir leur consacrer l’aperçu suivant. 

* 

* * 

M. Zukowsky a d’abord eu connaissance des Hylochœrus, pour lesquels il a fondé 
l’espèce schulzi, par la photographie à laquelle nous faisions allusion ci-dessus. Des 
traces de Sangliers avaient été relevées par M. Schulz sur le mont Mutjek, ou plateau 
de Ivitete, et aucun Sanglier n’était cependant signalé jusque-là dans cette région forestière, 
où les Phacochœrus, qui habitent exclusivement les steppes désertiques, et les Potamochœrus, 
dont l'habitat n’est forestier que de façon occasionnelle (Voir ci-dessus, p. 231-232), ne se 
rencontrent jamais. Les traces dont il s’agit étaient des« fumées » se trouvant surtout sur 
ces chemins bien tracés, parfaitement débroussaillés et foulés, qui caractérisent le passage 
habituel de certains grands animaux, notamment des Eléphants ; les Hylochœrus sont 
eux-mêmes capables de se frayer des pistes du même genre, formant tunnel dans la végé¬ 
tation. Leurs fumées, larges et de forme caractéristique, rappellent en plus petit celles 
de l’Hippopotame (Voir ci-dessus, p. 238). Les Sangliers qui avaient laissé celles dont 
la présence frappait M. Schulz vivaient dans le maquis de Bambous (1) de la chaîne du 
mont Mutjek, à une altitude de 2 000 mètres. M. Schulz finit par rencontrer l’un d’eux, 
assis et immobile; il tua cet animal d’un coup de feu, après que celui-ci, s’étant mis sur 
la défensive, eut déchiré le flanc d’un chien d’un coup de défense, et il fut alors constaté 
que c’était un Hylochœrus. M. .Schulz en prit une photographie, celle que devait repro¬ 
duire M. Zukowsky, représentant la partie antérieure du corps. La reproduction en est 
malheureusement peu nette ; un indigène accroupi, incomplètement pris par la photogra¬ 
phie, est à côté de l’animal et en soulève un peu la tête ; il ne fournit malheureusement 
qu’un terme d’évaluation tout à fait indécis quant à la taille. Cet Hylochœrus était une 
femelle ne portant que des défenses assez faibles, peu saillantes hors du muffle. 

Quelques mois après, le même chasseur trouva sur le mont Meru, à 1 700 mètres 
d’altitude, le cadavre d’un mâle adulte de la même espèce, abattu par les flèches des Warus- 
cha ; il portait de fortes défenses recourbées vers le haut, probablement comme chez les 
vieux Phacochœrus. Sa tête était, paraît-il, très large et aplatie dans la région oculaire, et 
beaucoup plus plate, ajoute Zukowsky, que celle du vieux mâle figuré en tête du Mémoire 
de Rothschild et Neuville ; de même, la plaque du groin était beaucoup plus fortement 
développée que ne le montre ce dernier sujet. Nous devons reconnaître que la vue de profil 
à laquelle fait allusion l’auteur cité atténue sensiblement la largeur de cette partie ; 
la planche I de notre présent travail, qui représente d’après nature une tête d'H. m. 
ivoriensis à, en respecte au contraire parfaitement les proportions. Mais nous devons 


(1) Voir â cc sujet la note de la p. 237. 


Source : MNHN , Paris 


2 5 6 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


reconnaître aussi que les deux superbes montagesde Y American Muséum oj Natural History, 
représentés par Lucas (i), puis par Osborn (2), et que reproduit notre planche III (Voir à 
ce propos p. 230), donnent au groin une largeur que nous n’avons relevée ni sur le meinhert- 
zhageni, ni sur Yivoriensis, dont nous donnons sur la planche I deux figures photographiques 
prises sur un cadavre frais. De même, nous avons signalé à la page 230 la différence d’as¬ 
pect que présentent les membres sur le montage figuré par Rothschild et Neuville 
(Voir notre PI. II) et sur ceux de Y American Muséum ; ces membres, très élancés, presque 
graciles, sur ces derniers montages, sont au contraire assez épais et, en tout cas, très ro¬ 
bustes sur le premier, et ces derniers caractères concordent, nous l’avons déjà exprimé, 
avec les mensurations du squelette des extrémités prises par Rothschild et Neuville (3). 
De même encore, nous remémorerons ce que nous écrivions page 230 à propos du sujet 
d'H. meinhertzhageni figurant au Muséum de Paris dans les Collections du duc d’Orléans, 
et sur lequel les dimensions du groin rappellent plutôt le sujet de Rothschild et Neu¬ 
ville que celui de Y American Muséum, et il en est encore ainsi pour les sujets figurés par 
Matschie (4). 

Revenant au mâle du mont Meru, décrit par Zukowsky d’après les renseignements 
fournis par M. Schulz, nous rapporterons, d’après ces deux naturalistes, qu’il portait 
deux paires de verrues faciales, très larges à leur base, de forme conique, aiguës à leur 
sommet et verticalement dressées ; les plus fortes, placées un peu en avant des yeux, 
mesuraient 8 centimètres de hauteur, et les plus faibles, placées directement sous les yeux, 
n’en mesuraient que 5. Il est vraisemblable que les « verrues » signalées ici comme placées 
un peu en avant des yeux ne sont autre chose que les « larmiers » décrits par Rothschild 
et Neuville (Voir ci-dessus, p. 228); on reconnaîtra facilement celui de droite sur la 
planche II de notre présent Mémoire, et ils sont bien visibles sur les deux figures d ’ Hylochœrus 
ivoriensis de notre planche I. C’était ce sujet du Meru qui présentait une longueur de 2 mètres 
sans la queue (dont o m ,6o pour la tête) et une hauteur de 1 mètre au garrot ; M. Schulz 
affirme même, nous l’avons déjà mentionné, avoir vu sur le mont Mutjek un mâle encore 
beaucoup plus grand. Nous rappellerons ici, à ce sujet, le terme de comparaison que nous 
citions page 221, celui des Phacochœrus, dont les plus grands n’atteignent guère qu’une hau¬ 
teur de 75 centimètres au garrot. Bien que l’on ait signalé, pour les Sangliers communs d'Eu¬ 
rope, la possibilité d’atteindre, eux aussi, une longueur (totale) de 2 mètres et une hauteur 
de 1 mètre au garrot, il ne semble pas que ces Sangliers puissent réellement dépasser une 
hauteur au garrot de o'ESq, et leur longueur semble demeurer toujours bien inférieure à 
2 mètres. La taille des Hylochœrus de l’Est africain, à n’en juger que par les données 
de Rothschild et Neuville (ut supra), est donc au moins égale à celle des plus grands 
de nos Sangliers, et, bien que cette taille paraisse aller en diminuant dans les spécimens 
de l’Ouest, le nom de « Giant Pig », discuté par Allen (5), reste légitime, car, même en 


(1) Frédéric A. Lucas, The giant Forest-Pig (The American Muséum Jcutnal, vol. XI. 1911. p. 242-243). 

(2) H.-F. Osborn, Forty-fourth annual report <5/ the Trustées of the American Muséum 0f Natural History fer tke year 1912, 
Xew-York, 1913, p. 3r. 

(3) Loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 216), p. 9-12. 

(4) Loc . cit. (Voir ci-dessus, p. 216). 

(5) Loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 240). 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


257 


dehors des faits cités par Zukowsky, il semble acquis que ce sont là les géants de tous les 
Suidés actuels. Pour en revenir à la description de M. Schulz, ceux dont il s’agit (1) étaient 
vêtus de soies grossières, d’une couleur générale essentiellement noire, mais la face, noire 
et blanche, donnait l’impression de porter un masque. A 15 centimètres derrière la 
plaque du groin, commençait, sur le nez, une large bande blanche, s’élargissant dans la 
région oculaire, puis passant sur le front en se rétrécissant entre les oreilles, et se pro¬ 
longeant en une ligne dorsale s’atténuant graduellement dans la région lombaire. En outre, 
à quelque distance devant l’oeil, se trouvait une tache blanche, et le bord supérieur de la 
paupière portait une bande noire, surmontée d’une bande blanche s’allongeant jusqu’à la 
racine de l’oreille et s’étendant de là, par un angle aigu, vers le bas et l’avant, pour s’épa¬ 
nouir finalement à la partie inférieure de l’œil en une surface élargie. 

Zukowsky a relevé les différences importantes présentées par de telles dispositions 
avec celles de la femelle dont Rothschild et Neuville ont représenté la tête (fig. 16 ci- 
dessus). Dans les deux cas, une petite touffe de poils blancs se montre à l’intérieur de 
l’oreille, qui ne porte pas de pinceau terminal. 

Schulz ne releva pas de façon précise les particularités de la queue. En outre des 
détails précédents, il indique, dans la coloration générale, l’aspect d’un gris brun sale de 
la poitrine et de la face interne des membres, se dégradant jusqu’à un jaunâtre tirant sur 
le blanc et contrastant ainsi avec la couleur noirâtre dominante. En ce qui concerne la 
tache blanche frontale, formant masque, Schulz a remémoré que Woodhouse (2) signale 
une particularité du même genre sur les marcassins de Mau, et il considérerait comme 
fort étonnant que l’extension dorsale de cette tache, particularité dont aucun autre auteur 
ne paraît avoir déjà fait mention, soit spéciale aux très vieux mâles. Nous ajouterons, 
et l’avons déjà signalé page 242, que Matschie a mentionné d’après Hobley une peau 
« ayant peut-être présenté une tache blanche sur le front ». Nous rappellerons aussi que les 
observations de Rothschild et Neuville prouvent, au moins en ce qui concerne leurs 
sujets de Nandi, que les très vieux individus sont au contraire dépourvus de poils blancs, 
et que le pelage même, dans son ensemble, est en régression chez eux. Nous avons corroboré 
cette observation sur la vieille femelle d'H. meinhertzhageni du Kénia qui figure au Muséum 
de Paris dans les Collections du duc d’Orléans et que nous avons déjà plusieurs fois 
citée. Il doit donc y avoir à cet égard quelque chose de spécial aux Hylochœrus du sud 
du Kilimandjaro, et M. Schulz se déclare « disposé à admettre que Y Hylochœrus du mont 
Mutjek,du mont Meru et du Winterhochland, constitue une espèce particulière, où les taches 
blanches se maintiennent à tous les âges ». C’est en se ralliant à cette opinion que Zukowsky 
établit l'espèce schulzi. 

Ainsi que nous l'avons déjà mentionné, M. Schulz rencontra, à l’une des sources du 
fleuve Lomalasin, une vieille laie accompagnée de trois marcassins complètement noirs. 

Comme milieu d’habitat de ces sujets de la région située au sud-ouest du Kilimand¬ 
jaro, le même observateur indique les forêts de Bambous les plus épaisses du Win- 


(1) Nous ne savons auquel des deux sujets du mont Mutjek, !c mâle ou la femelle, s’applique plus particulièrement cette 
description. 

(2) Luc. cit. (Voir ci-dessus, p. 233-235), p. 45. 

Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 33 


25» 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


terhochland, du sud-ouest du mont Meru et du massif du Mutjek, à des altitudes variant 
de i 500 à 2 000 mètres. Dans ces régions, les Hylochœrus vivent isolément et fouillent 
la terre, vraisemblablement pour se nourrir de racines. Ils y font aussi une grande consom¬ 
mation de jeunes pousses de « Nessel », plantes qui se trouvent en extrême abondance 
dans ces forêts et aux touffes desquelles les pistes d 'Hylochœrus mènent directement (Voir 
p. 237). Ces animaux, d’ailleurs peu faciles à voir, et dont les mœurs sont des plus fa¬ 
rouches, paraissent totalement inconnus des indigènes de ces régions. Remarquablement 
forts et adroits, ils sont aptes à des mouvements d’une extrême rapidité, et leur fuite 
se fait par bonds extraordinairement vifs. Attaqués, ils se mettent immédiatement sur 
la défensive avec le plus grand courage. De très grand matin, ou très tard dans la soirée, 
ils peuvent être aperçus, se dirigeant vers quelque abreuvoir. Leur capacité d’absorp¬ 
tion d’eau paraît considérable, et ils franchissent au besoin d’assez grands espaces pour 
boire à leur convenance. Ils dorment pendant la journée et ne cherchent probablement leur 
nourriture que la nuit. 

Leur odorat et leur ouïe sont d’une grande acuité. 

Jamais M. Schulz n’a pu les entendre donner de la voix. Rappelons à cet égard que, 
d’après le témoignage invoqué par F. -A. Lucas (i), VH. meinhertzhageni ferait au contraire 
entendre un grognement ( grunt ) quand il est mis en alerte. 

Quelques renseignements éthologiques donnés par d'autres observateurs, et relatifs 
d’ailleurs à d’autres régions, diffèrent des précédents. C’est ainsi que Lonxberg a dis¬ 
cuté, d’après des témoignages, sur l’habitude de fouir qu’auraient oun’auraient pas les Hylo¬ 
chœrus (2). Woodhouse, qui leur conteste cette habitude, les dépeint comme des animaux 
grégaires se déplaçant parfois en larges troupeaux, bien que les laies et les marcassins 
vivent séparés des mâles (3). Les Wanderobos préfèrent la peau des Hylochœrus à toute 
autre, même à celle du Buffle, pour la confection des boucliers, et, d’après ces indigènes, 
à toute époque de l’année on peut rencontrer des groupes de deux à six marcassins de 
ces grands Sangliers ; leur reproduction ne se ferait donc pas en une saison déterminée. 
Tout comme les Eléphants, les Hylochœrus auraient l’habitude de se frotter contre de 
grands arbres, sur lesquels les traces de ce frottement pourraient s'observer jusqu’à une 
hauteur de 3 pieds et demi ; ce n’est là qu’un détail de mœurs assez commun chez les 
Suidés sauvages. Ces animaux manifestent enfin leur effarouchement en dressant la queue 
en l’air, verticalement, avec l'extrémité tournée ou rabattue en avant (à angle aigu), tout 
comme le font les Phacochères alertés. Enfin, la force de ces Hylochœrus en imposerait 
même aux Panthères, qui ne se risqueraient que contre leurs marcassins (Voir p. 237). 

Zukowsky relate encore des données précédemment fournies par divers observateurs 
sur les mœurs de ces Sangliers ; nous les reproduisons à cette place, puisque nous sommes 
amenés à consacrer cette fin de chapitre à l’éthologie des Hylochœrus, déjà abordée en 
terminant le chapitre II. Parmi les témoignages ainsi invoqués figure celui de M. Carl 


(1) Loc. cit. (Voii ci-dcssus, p, 229). 

(2) E. Lonxberg, Mammals collected by theswccdish zoological expédition to British East Africa, 1911 (Kungl. Svenska 
VJenskapsakademien Handlingar, 1912, Bd. XLVIII, n° 5, PI. I-XV. Voir p. 136). 

( 3 ) Woodhouse, The Journal of thc East Africa and Uganda Nat . Hist. Society, 1911, vol. II, n° 3. p. 43. 


Source : MNHN , Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


259 


E. Akeley, déjà cité par Fr. Lucas (i), d’après lequel, sur les pentes du Kénia, à une 
altitude d’environ 6 000 pieds, où la jungle de Bambous se mêle à la forêt proprement dite, 
on peut voir les traces des Hylochœrus sur les « chemins » tracés par les Eléphants (Voir 
ci-dessus, p. 237), et l’on y trouve aussi de curieuses accumulations d’herbes, formant des 
meules de 2 à 3 pieds de haut sur 8 à 10 de large, déjà mentionnées à la page 237 et considé¬ 
rées par M. Akeley comme évidemment dressées par ces animaux. Un dernier témoignage 
invoqué par Zukowsky est d’un intérêt évident et tout à fait original. C’est celui de feu 
le colonel U. Trappe, établi comme colon sur le mont Meru et qui, paraît-il, connaissait 
fort bien le gibier de cette région. Il eut l’occasion de tuer, à 1600 mètres d’altitude, un 
grand Sanglier bien différent des Potamochœrus (qui vivent également dans les forêts 
humides du mont Meru, mais qui y sont encore plus sauvages que les Hylochœrus et ne 
s’y montrent que la nuit) ; ce Sanglier lui avait paru d’abord devoir être un Phacochœrus, 
bien que ce dernier genre, confiné aux steppes désertiques, soit absolument inconnu en un 
semblable habitat ; or il présentait la longue tache blanche faciale et dorsale considérée par 
M. Zukowsky comme caractéristique de Y Hylochœrus schulzi. 

M. Zukowsky fait valoir, à propos de la distinction de plusieurs espèces dans le genre 
dont il s’agit, et notamment dans les localités qu’il a particulièrement en vue, ce fait que 
les Hylochœrus habitent exclusivement la forêt vierge, que les steppes sont pour eux des 
barrières infranchissables et qu’ils se trouvent ainsi fatalement localisés dans des habitats 
spéciaux, parfaitement isolés, — condition favorable à l’apparition de caractères spécifiques. 
D’après cette base, il considère comme supposable que les progrès des connaissances puissent 
faire reconnaître, aux monts Elgon et Laikapia par exemple, des espèces différentes de 
celles de Mau et de Nandi, et certaines portions de la steppe Massaï constitueraient une 
frontière naturelle entre Y Hylochœrus meinhertzhageni et Y H. schulzi. 

Cette considération géographique, que l’auteur développe à la page 189 de son Mémoire, 
est fort sérieuse. Elle se base toutefois sur un fait que l’on ne peut considérer actuellement 
comme acquis de façon définitive : celui de l’impossibilité absolue, pour les Hylochœrus 
de franchir des steppes. Les mœurs de ces Sangliers restent imparfaitement connues, 
malgré les quelques témoignages acquis à leur sujet, et, parmi les renseignements si instruc¬ 
tifs fournis par M. Zukowsky lui-même, il en est qui pourraient plaider contre le fait en 
question. A sa page 184, nous trouvons en effet ces assertions, empruntées à Woodhouse (2), 
que les Hylochœrus se livrent à des migrations d’une forêt à l’autre, et que leur besoin 
d’eau, très impérieux, leur fait à l’occasion franchir de grands espaces. Mais cette appa¬ 
rente opposition n’empêche pas les données publiées par M. Zukowsky sur ces San¬ 
gliers d’être fort importantes. Elles entraîneraient certainement la conviction quant à 
la légitimité de la distinction d’un Hylochœrus schulzi, présentant même un ensemble 
de caractères exceptionnellement bien tranchés, si quelque dépouille de cet animal pouvait 
être l’objet d’une étude directe. Peut-être, après tout, en est-il venu récemment en Europe 
dont nous ignorerions l’existence ; nous souhaitons, en tout cas, qu’il en arrive bientôt. 


(1) Frédéric A. Lucas, loc. cil. (Voir ci-dessus, p. 229). 

(2) Woodhouse, loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 258). 


VII — L’« HYLOCHŒRUS MEINHERTZHAGENI IVORIENSIS» B. et N. (i) 
ET REMARQUES SUR LA DENTITION DES « HYLOCHŒRUS » 


Si, maintenant que les documents et les appréciations sur le genre Hylochœrus se sont 
multipliés, il devait résulter de leur examen comparatif que. dans l’état actuel des connais¬ 
sances, ce genre doive être effectivement scindé en quatre espèces, appelées vraisemblable¬ 
ment à s’accroître dans la suite, nous pourrions, en suivant cette tendance, reprendre 
l’étude des sept sujets de Nandi décrits par Rothschild et Neuville, et les diviser eux- 
mêmes en plusieurs espèces, bien qu’ils proviennent tous d’une même région. Plus nous 
étudions cette question, et plus nous croyons qu'il ne s’agit, dans les différences ci-dessus 
mentionnées, que de variations le plus souvent individuelles, comme nous en avons cherché 
et trouvé sur des séries représentatives d’autres genres mieux connus de Suidés. Aussi 
étions-nous gagnés, dès l’origine de nos dernières recherches, au jugement que porta Lydek- 
ker en ne considérant, dans le genre Hylochœrus , que deux formes : l’une, typique, avec 
molaires larges, portant un abondant cément, c’est Y Hylochœrus meinhertzhageni meinhert- 
hageni, auquel, comme nous l’avons vu, Lydekker rattache Yituriensis et le gigliolü ; 
l’autre, à molaires plus étroites et présentant moins de cément, c’est VH. meinhertzhageni 
rimator (2). Nous serions plutôt disposés, maintenant, à étendre cette distinction à celle 
d’une forme orientale et d’une forme occidentale. Nous y reviendrons plus loin. 

Ce fut donc déjà en connaissance de cause que nous avons examiné les pièces aujour¬ 
d’hui rapportées du Bas-Cavally par l'un de nous. Leur étude nous confirme dans cette 
conviction qu’en ce qui concerne les Hylochœrus , — aussi bien que maints autres animaux, 
— il y a surtout lieu de synthétiser les caractères, et que le résultat en est souvent de 
réunir les formes plutôt que de les séparer de cette façon tranchée qu’est la distinction 
spécifique. 

En ce qui concerne les Hylochœrus du Bas-Cavally, rappelons d’abord que Sir Harry 
Johnston avait signalé, dans une très courte Note parue dès 1905 (3), la présence probable 
de grands Sangliers noirs dans la région de Kelipo, proche du Haut-Cavally. L’année sui¬ 
vante, dans son ouvrage sur le Libéria (4), il écrivait ceci, qui développe ce qu’il venait 
d’exprimer dans la Note en question : 

« Dropper, dans ses récits de voyage à la Côte des Graines et au voisinage de Cape 
Mount (près de la frontière du Libéria avec le Sierra Leone), signale qu’il y a deux espèces 
de Sangliers sauvages, le premier étant le « Sanglier rouge de rivière » (Red river hog) r 

(1) Bouet et Neuville, loc. cil. (Voir ci-dessus, p. 217). 

(2) R. Lydekker, Catalogue of the Ungulale Mammals in the British Muséum, vol. IV, London, 1915, p. 362-365. 

(3) Sir Harry Johnston, Notes on the Mammals and Birds of Liberia ( Proceedings Zool. Soc. London, 1905, 1 , p. 197-210. 
Voir p. 198-199). 

(4) Id., Liberia, London, 1906, t. 11 , p. 716 et suivantes. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR EE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


261 


ou Potamocliœrus, et le second une espèce beaucoup plus grande, de taille élevée et à poil 
noir, portant des défenses coupantes (i),et douée d’un caractère féroce. Il est également à 
noter que M. Maitland Pye-Smith, qui a résidé quelques mois dans la partie est du Libéria 
pour le compte de la « Monrovia Rubber Company », m’a écrit qu’en pays Kelipo les 
indigènes affirment l’existence dans la forêt avoisinante d’un grand Sanglier noir, qu’ils- 
décrivent comme ayant 5 ou 6 pieds de long. M. Pye-Smith fut frappé de la similitude 
des récits des indigènes avec la description qu’il avait lue, dans The Field, du Sanglier de 
la forêt équatoriale de l’Est africain : YHylochœrus meinhertzhageni... » Suivent quelques, 
lignes se rapportant à cet Hylochœrus de l’Est africain anglais, qui venait d’être décrit au 
moment où Sir Harry Johnston rédigeait son ouvrage. 

Quant à l’espèce du Cameroun (H. rimator Thos), voici le passage que lui consacre 
Sir Harry Johnston dans le même ouvrage : 

« G.-L. Bâtes, le voyageur naturaliste bien connu, qui a fait une si remarquable 
étude de la faune du Cameroun, a le premier fait connaître des légendes similaires se rap¬ 
portant à un Sanglier noir géant trouvé dans cette partie de la région forestière africaine ; 
il a découvert cette espèce et en a fait parvenir le crâne [à Old. Thomas, qui en fit le type 
de son H. rimator']. Il est donc tout à fait admissible cpi’une espèce à’Hylochœrus puisse 
encore être trouvée dans les forêts de l’intérieur du Libéria, après avoir été exterminée 
par l’homme dans les régions intermédiaires. » 

Personnellement, l’un de nous avait, depuis une quinzaine d’années, recueilli près 
des indigènes de la Côte d’ivoire des propos identiques à ceux des légendes auxquelles 
il vient d’être fait allusion. Il en avait souvent entretenu les Européens vivant dans la 
forêt, et, en 1917, un exploitant forestier, M. Vizioz, qui possédait un chantier de bois 
en exploitation entre le chemin de fer de la Côte d’ivoire et la rivière Agnéby, avait cap¬ 
turé l’un des Sangliers de la région dans une trappe. Il avait cru d’abord, d’après l’aspect 
des traces de l’animal, avoir affaire à un Hippopotame nain ; la vue du sujet capturé 
avait promptement dissipé cette erreur. Il en avait commis une seconde en croyant qu’il 
s’agissait d’un Phacochœrus, « mais beaucoup plus grand ». D’après la description qu’il nous 
donna à cette époque, il s’était sans aucun doute trouvé en présence d’un Hylochœrus. 

Nous basant sur ces données, nous assignerons pour l’instant, comme limite d’habitat 
de ce Sanglier dans la région forestière orientale de l’Ouest africain : i° à l’est, la frontière 
de la Côte d’ivoire et de la Gold Coast, avec possibilité d’extension dans la forêt de cette 
dernière colonie ; il est toutefois étrange que les Anglais, grands chasseurs et collectionneurs 
d’animaux de sport, n’en aient jamais fait parvenir de dépouille en Angleterre; 2 0 la 
frontière du Libéria, avec le Sierra Leone, formerait la limite d’extension vers l’ouest. 
Au Libéria, en dehors de la région du Bas-Cavally, d’où proviennent les deux pièces dont 
nous disposons et où l’animal n’est pas très rare, l’existence de ce Sanglier nous fut confirmée 


(1) A propos de ce caractère, se repoiter à ce que nous écrivions page 218 en donnant la diagnose du genre Hylochœrus. L'au¬ 
teur veut probablement exprimer ici que les canines supérieures de ces Sangliers étant cannelées, elles peuvent, de par l’usure 
de leur face anterieure, résultant de l’action antagoniste des caninesinférieur es, prendre par places un aspect quelque peu coupant 
que ne présentent pas les défenses de section un peu plus cylindrique des Phacochœrus. Les canines inférieures des Hylochœrus 
sont pointues, de section triangulaire, et à bords postérieurs coupants, d’après un type si banal chez les Suidés que nous hési¬ 
terions le plus souvent à déterminer génériquement l’un de ceux-ci d’après une canine inférieure. 


Source : MNHN, Paris 


2 Ô2 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 



Fig. 27.— H. ni. ivoriensis B. et N., q .— Crâne.— Un peu plus que 1/2 grandeur naturelle. 


peu denses, ces populations pratiquent, comme tous les indigènes 


par un Américain, 
M. A. Cheek, qui, en 
1925, en vit un jeune 
en captivité dans un 
poste libérien situé à 
environ 20 kilomètres 
de la Rivière Nuon, 
formant vers le nord 
la frontière entre la 
Côte d’ivoire et le 
Libéria. 

Nous possédons 
de ce Sanglier deux 
crânes, provenant,l’un 
(avec la peau delà tête) 
de Georgetown, petit 
village de la rive gau¬ 
che du Bas-Cavally, 
donc en territoire fran¬ 
çais, dans le Cercle de 
Tabou, à environ 50 ki¬ 
lomètres de l’embou¬ 
chure du Cavally, 
l’autre des abords du 
village de Bolobo, à 
47 kilomètres environ 
de l’embouchure de la 
même rivière, sur sa 
rive droite, donc en 
territoire libérien. 

D’après ce que 
l’un de nous a pu voir 
par lui-même, l’ani¬ 
mal n’est pas très 
rare sur les deux rives 
du fleuve, où la forêt 
est assez clairsemée du 
fait du défrichement 
pratiqué par les popu¬ 
lations riveraines du 
Cavally. Quoique très 
de la forêt, la rotation 


Source : MNHN, Paris 




RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


263 



des cultures, et ne reviennent 
aux mêmes points que tous les 
dix ans environ. Il en résulte 
la formation d’une forêt secon¬ 
daire, où les Hylochœrus se 
plaisent sans pour cela aban¬ 
donner la forêt vierge, où leurs 
traces se rencontrent également. 

Aux abords du fleuve, ces 
animaux aiment à se tenir dans 
les bas-fonds marécageux formés 
par ses petits affluents, ou « ma¬ 
rigots », au moment de la saison 
des pluies. Ils s’y vautrent dans 
la vase, tout comme les Hippo¬ 
potames nains et les Potamochœ- 
rus. Ces trois animaux, et avec 
eux le Buffle de la forêt ( Bos ca (fer 
beddingtoni Lyd.), ont même 
genre de vie et se rencontrent 
dans les mêmes régions fores¬ 
tières de la Basse-Côte d’ivoire 
et du Libéria. Dans ces régions, 
la trace des Hylochœrus est très 
aisée à reconnaître, les doigts 
latéraux laissant une large em¬ 
preinte sur le sol. Au dire des 
chasseurs indigènes, ces San¬ 
gliers vivent solitaires, et le mâle 
ne reste avec sa femelle que 
pendant la période de repro¬ 
duction. Nous n’avons malheu¬ 
reusement pas pu tuer nous- 
mêmes l’un de ces animaux, et les 
deux crânes que nous possédons 
proviennent du marché de Bo- 
lobo, où ils avaient été apportés 
par l’un des chasseurs indigènes 
que Bouet prit par la suite à 
son service. Les efforts faits pour 
obtenir un sujet entier, poursui¬ 
vis pendant près de cinq mois, ont été infructueux, ce qui laisse à supposer que ces ani- 


Fig. 28. — H. m. ivoriensis B et X., — Crâne. — Un peu plus que 1/2 grandeur 

naturelle. 




2 64 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


maux sont très méfiants et que. sans être très rares, comme nous récrivions ci-dessus, 
ils sont cependant assez peu nombreux. 


* 

* ❖ 

La distance est assez considérable pour que l’on puisse, malgré l’extension ci-dessus 
rappelée de la zone forestière, s’attendre à trouver des différences notables entre les Hylo- 
chcerus orientaux, vivant dans le bassin du Haut-Nil, ceux du centre, vivant dans le bassin 
du Congo (Haut-Congo, Haut-Ituri et Rivière Dja), et ceux du bassin du Cavally, situé 
très à l’ouest des précédents et très loin des localités les plus occidentales où l ’Hylochœrus 
ait été signalé jusqu’ici. 

Le fait que nous ne disposons que de deux crânes, dont l’un seul est accompagné de 
la peau de la tête, l’autre ne l’étant que d’une photographie de la tête entière, a rendu 
notre étude plus précautionneuse encore. La première de ces pièces provient d’une femelle 
adulte-jeune de Georgetown (Côte d’ivoire; voir p. 261-262), la seconde d’un mâle adulte- 
âgé de Bolobo (Libéria; voir p. 261-262). L’ensemble des détails observables sur ces 
deux pièces concorde avec ceux de YHylochœrus meinhertzhageni tels qu’ils furent décrits 
et figurés par Rothschild et Neuville, si ce n’est que les taches blanches de la face 
{fig. 16) sont ici d’un jaunâtre fauve. Mais un fait est surtout évident : c’est la réduction 
de la taille de l’animal, qui paraît à peu près la même sur les deux sujets, bien que le crâne 
de la femelle soit un peu moins large et un peu moins massif. La longueur de ces crânes, 
en projection horizontale mesurée sur la planchette de Broca (de la terminaison des os 
nasaux, surplombant ici les incisifs, au bord supéro-externe du trou occipital), est pour 
l’un et l’autre de 33 cm ,5- Leur largeur bizygomatique est de i6 cm ,2 pour la femelle et 
iS em ,2 pour le mâle. D’emblée, ces dimensions caractéristiques du volume général de la 
tête manifestent la réduction de taille à laquelle nous venons de faire allusion ; cependant, 
pour comparer les dimensions des pièces du Bas-Cavally à celles qui furent précédemment 
données pour les autres Hylochœrus, nous devons d’abord nous inspirer de ce fait que l’os 
du groin est fréquemment soudé à l’extrémité des os nasaux chez les vieux Hylochœrus (1), 
et qu’il faut savoir s’il est ou non compris dans les mensurations ; nous allons faire notre 
comparaison en tenant compte de ce détail. 

Nous nous reporterons d’abord, pour les longueurs maxima, à celles des six adultes 
étudiés par Rothschild et Neuville, et dirons qu’en faisant abstraction de l’os du groin 
•(celui-ci n’étant pas soudé aux os nasaux sur les deux sujets du Bas-Cavally, nous ne devons 
pas en tenir compte pour les autres), ces longueurs varient, à peu de chose près, entre 36 et 
41 centimètres, en ajoutant qu’elles peuvent être, même sur des adultes, inférieures chez 
certains mâles à ce qu’elles sont chez certaines femelles. 

Lonnberg a indiqué une longueur crânienne totale de 46 e111 ,5 sur son spécimen mâle 
du Kénia, qu’il rapporte à l’espèce meinhertzhageni (2), sans faire mention de présence ou 

(1) Rappelons à ce sujet que Thomas, dans sa description du rimator, a mentionné que, dans tous les spécimens pleinement 
adultes d’ Hylochœrus, l’os prénasal est firtnly united à un mésethmoïde ossifié. Ge ne paraît pas être toujours le cas, et ce fait 
n’est présenté ni par l’un ni par l’autre de nos ivoriensis . 

(2) Loc. cit . (Voir ci-dessus, p. 232), p. 137. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


265 

d’absence de l’os du groin ; nous ne pouvons donc faire état de cette longueur. Thomas 
en a indiqué une de 4i cm ,5 pour le type de son meinhertzhageni ; les trois figures de 
sa planche XIV ne présentant ni l’une ni l’autre d’os du groin, il est probable que cette 
dernière donnée peut, à l’inverse de la précédente, entrer en ligne de comparaison pour 
nos sujets de la Côte d’ivoire. Quant au rimator, dont le crâne était en très mauvais état, 
Thomas n’indique qu’une longueur basale approximative de 32 cm ,5- Les figures se trou¬ 
vant dans le Mémoire de Balducci ne portent pas non plus d’os du groin ; il est donc 
probable que la longueur de 42 cm ,5 indiquée dans ce Mémoire pour VH. gigliolii peut, 
elle aussi, être prise en compte dans la comparaison à laquelle nous nous livrons. D’autre 
part, la figure d’un crâne adulte donnée par Matschie présente au contraire un os du 



Fig. 2g.— H. ni. ivoriensis R. et N., — Région fronto-nasale. Fig. 30. — H. m. ivoriensis B. et N., $. — Région fronto-nasale. 

— Environ 41 5 grandeur naturelle. — Environ 4 /5 grandeur naturelle. 

X, nasaux ; F, frontal. 


groin : ce crâne est celui pour lequel il indique une longueur de 38 cm ,7- Même en déduisant 
de cette mensuration les 2 centimètres environ attribuables à l’os du groin, il reste une 
dimension supérieure à celle de nos crânes occidentaux. Un crâne de jeune £ attribué 
par Matschie à l’espèce ituriensis, dont la longueur est de 28 centimètres et qui se rapporte 
cependant à un adulte-jeune ayant sa dentition presque complète (la dernière molaire supé¬ 
rieure manquant seule), appartient vraisemblablement à un sujet nain ; en effet, nous ne lui 
trouvons comme voisin de taille que le plusjeunedes sept Hylochœrus de Rothschild etNEU- 
viLLE.dont le crâne mesurait une longueur totale de 26 centimètres et dont l’immaturité était 
telle que la seconde molaire définitive commençait à peine à sortir aux deux mâchoires. 

Si nous comparons maintenant les longueurs palatines, mesurées depuis le milieu 
du bord postérieur du palais (abstraction faite de la saillie médiane qui peut s’y trouver) 
Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 34 


Source : MNHN, Paris 












266 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


jusqu’à l’extrémité des incisifs, nous voyons qu’elles sont de 22 centimètres et 22 e111 ,5 
sur nos sujets du Bas-Cavally, vont de 24 e111 ,5 à 27 centimètres pour nos meinhertzhageni, 
de 23 cm ,6 à 31 centimètres pour ceux de Lonnberg, et que cette même dimension est de 
23 cm ,2 pour le rimator et de 25 cm ,2 pour Yituriensis et le gigliolii. 

La réduction de taille du type occidental commence donc à s’affirmer avec l’une et 
l’autre des deux mesures de longueur que nous venons d’examiner. 

Comparant maintenant les largeurs bizygomatiques, de i6 cm ,2 et i8 cm ,2 pour nos 
deux sujets, nous les voyons atteindre 26 cm ,7 sur un meinhertzhageni du Kénia (Lonnberg ; 
voir ci-dessus, p. 232), passer à 2i cm ,3 pour le type du meinhertzhageni (Thomas), varier de 




Fig. 31. — Phacochcems (sp?),âgé. — Région fronto-nasale. 
— Environ 4/5 grandeur naturelle. 


Fig. 32. — Phacochœrus (sp?), âgé. — Région fronto-nasale. 
— Environ 4I5 grandeur naturelle . 


18 à 25 centimètres sur les six adultes de Rothschild et Neuville, tomber à I7 cm ,6 
pour le rimator, remonter à 22 em ,6 sur Yituriensis, puis à 23 e111 ,5 sur le gigliolii. 

Ces dernières données numériques confirment les précédentes quant à la réduction 
du volume général de la tête, donc, par voie de conséquence, de la taille générale, sur nos 
types occidentaux. Il y a peut-être une réduction graduelle de la taille des Hylochœrus 
en allant de l’est à l’ouest, mais nous ne pouvons à ce sujet que risquer une supposition. 

Nous avons déjà fait allusion (Voir ci-dessus, p. 219) aux caractères différentiels tirés 
de la jonction des nasaux avec le frontal et en avons signalé les variations observables 
là où le nombre des sujets se prête à de telles observations. Les figures 29 et 30 montreront 
que sur nos deux ivoriensis la suture des nasaux avec le frontal dessine un coin à sommet 
postérieur, les nasaux paraissant ainsi s’enfoncer dans le frontal. La figure 8 a montré, d’autre 
part, que cette jonction se fait suivant une ligne transversale à peu près droite sur un jeune 


Source : MNHN, Paris 









RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


267 


meinhertzhageni, alors qu’elle s’effectue différemment sur d’autres sujets. Sur le vieux 
Phacochœrus de la figure 31, nous voyons que cette jonction est encore à peu près cunéi¬ 
forme, tandis qu’elle redevient non pas rectiligne, mais un peu plus transversale (sauf 
en éperon médian), sur un autre vieux Phacochœrus, représenté par la figure 32. Dans le 
genre Sus, nous avons observé d’équivalentes variations, dont les figures 33 et 34 pour¬ 
ront donner une première idée. Nous n’insisterons pas sur de telles variabilités, qu'il nous 
a simplement paru nécessaire de signaler. 

Examinant maintenant un détail instructif quant aux proportions des parties cr⬠
niennes qui furent considérées comme caractéristiques pour les divers Hylochœrus, nous 



Fig. 33 - — Sanglier d’Égypte (Sus sp.?). — Région fronto- 
nasale. — Environ 4I5 grandeur naturelle. 


Fig. 34. — Sanglier de l’Inde (Sus sp.?). — Région fronto- 
nasale. — Environ 4/5 grandeur naturelle. 


allons étudier les dimensions de la dernière molaire, en rappelant que Thomas s’est partiel¬ 
lement basé sur les variations de la longueur et de la largeur de cette dent pour définir 
son H. rimator (Voir p. 23g) ; elles fournissent un élément intéressant dont nous ne pouvons 
malheureusement préciser la valeur exacte, car seul permettrait une précision l’examen 
de séries nombreuses de sujets des divers types déjà distingués. Cependant, en sériant 
ceux-ci d’après les quelques données actuelles, nous pouvons dégager des aperçus méri¬ 
tant d’être notés et fournissant en tout cas à des observations ultérieures une base bien 
déterminée. 

Pour permettre de mieux apprécier les variations dont il s’agit, nous les exprimons 
en comparant, d’après les mensurations des autres auteurs et les nôtres, la longueur pala¬ 
tine à celle de la dernière molaire supérieure, celle-là étant mesurée comme il a été dit 
page 265, et celle-ci l’étant au niveau des bords alvéolaires. Nous ne nous dissimulons aucu- 


Source : MNHN, Paris 















a68 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


nement que ces mensurations, ainsi empruntées à différentes sources, ne sont peut-être 
pas toutes rigoureusement comparables et tombent sous le coup des critiques ci-dessus 
formulées ; nous ne les donnons donc qu’à titre de renseignement et non comme bases de 
conclusions inéluctables. Sous ces réserves, voici ce que nous obtenons en calculant pour 
chaque « espèce » le rapport en question, c’est-à-dire en divisant la longueur palatine par 
celle de la troisième molaire supérieure (i). 


Hylochœrus meinhertzhageni . 245 : 43 — 5,69 

H. meinhertzhageni . 250 : 43 = 5,81 

H. — 270 : 45 = 6 

//. — 260 : 43 = 6,04 

H. — 252 : 38 = 6,63 


Hylochœrus rimalor . 232 : 42,3 = 5,48 

H. ituriensis . 252 : 40,4 =6,23 

H. gigliolii . 252 : 44 = 5,72 

H. ni. ivoriensis . 220 : 34 = 6,47 

H. ni. — 225 : 33 = 6,81 


En disposant ces rapports par ordre croissant, nous obtenons la série suivante : 


Hylochœrus rimalor .... 5,48 

H. meinhertzhageni ... 5.69 

H. gigliolii . 5,72 

H. meinhertzhageni .... 5.81 

H. — . 6 


Hylochœrus meinhertzhageni . 6,04 

H . Un riens is . 6,23 

H. ni. ivoriensis . 6,47 

H , meinhertzhageni . 6,63 

H. m. ivoriensis . 0,81 


Sous les réserves déjà exprimées, nous constatons que ces nombres forment une série 
assez homogène, variant cependant, pour dix cas, dans les limites très appréciables de 
5,48 à 6,81, c’est-à-dire avec un écart entre les extrêmes d’environ 20 p. 100. Il s’agit donc 
là d’un caractère peu net, mais tendant à placer YH. rimalor d’une part, Y H. m. ivoriensis 
d’autre part, aux deux extrémités d’une série sur laquelle les sujets de l’espèce type 
(H. meinhertzhageni) se répartissent à peu près depuis le commencement jusqu’à la lin, 
en encadrant Y H. gigliolii et YH. ituriensis. Il ne nous paraît pas possible de pratiquer, 
cl’après une série de cette sorte, des coupures spécifiques. 

Si, d’autre part, nous cherchons pour les sujets du Bas-Cavally, comme l’a fait Old. 
Thomas pour YH. rimator (Voir ci-dessus, p. 239), le rapport de la longueur à la largeur 
pour la dernière molaire inférieure, nous obtenons 2,40 pour l’un de ces sujets et 2,50 pour 
l’autre. D’après ce que pensait Thomas de ce caractère, nos Hylochœrus du Bas-Cavally se 
rapprocheraient plutôt de l’espèce type que du rimator ; mais les donnéesnumériques des pages 
suivantes permettront au besoin d’étendre cette comparaison et montreront à peu de chose 
près dans l’espèce type le rapport considéré par Thomas comme caractérisant le rimator. 

Revenant aux mensurations précédentes, exposées dans le tableau ci-dessus, nous 
répétonsque, sur la série les résumant, YH. rimator et lesdeux sujets du Bas-Cavally divergent 
très sensiblement et se placent réciproquement aux deux extrémités de cette série. Il nous 
paraît donc légitime, à la fois d’après la donnée dont il s’agit et d’après les quelques autres 
actuellement acquises, de distinguer ces deux formes l’une de l’autre, comme sous-espèces 
se rattachant toutes deux à Y Hylochœrus meinhertzhageni. Nous avons proposé pour celle 


(1) Nous regrettons de ne pouvoir placer sur le tableau suivant les sujets de M. Lonnberg. La mention «partie visible » 
dont il accompagne les dimensions des dernières molaires de ses sujets et la faiblesse de certaines de ces dimensions nous font 
croire à une importante différence entre sa technique et la nôtre en ce qui concerne les dents en question. 


Source : MNHN, Paris 






















RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


269 


du Bas-Cavally, en raison de sa présence à la Côte d’ivoire, le nom d'H. meinhertzhageni 
ivoriensis B. et N., et la considérons comme caractérisée par une taille réduite en compa¬ 
raison de celle de l'espèce type, des proportions crâniennes et dentaires un peu différentes 
de celles que présente généralement cette dernière (voir ci-dessus) et par une distribution 
géographique spéciale. D’autres détails sont peut-être de nature à achever de légitimer 
cette coupure subspécitique ; nous attendrons de les mieux connaître pour en faire état, 
mais nous allons avoir à signaler certains caractères particuliers relevés sur les secondes 
molaires de nos ivoriensis. 


* 

* * 

Nous croyons maintenant devoir approfondir l’étude de la dentition. Elle mérite, en 
effet de nous arrêter, puisque, — les pages précédentes l’ont suffisamment démontré, — 



35 - — m - ivoriensis B. et N., $. — Incisives inférieures, Fig. 36.— H. m. ivoriensis B. et N., ?. — Les 

face linguale.— x 1/5. deux incisives centrales inférieures,vues de 

profil pour montrer la bifurcation de la 
racine. — X 7,5. 

une seule dent fut parfois considérée comme base suffisante pour une distinction spécifique. 

Au point de vue des particularités dentaires des différents Hylochœms, nous nous 
trouvons, de par les descriptions de Thomas, en présence de deux types, dont la diffé¬ 
renciation s’inscrit de la façon la plus évidente, semble-t-il, — nous voulons dire la plus 
rigoureusement observable, — dans la forme des dernières molaires supérieures, plus 
courtes, plus étroites, terminées de façon moins arrondie, dans l’espèce rimator que dans 
l’espèce type meinhertzhageni. Les descriptions et les figures du savant zoologiste anglais 
font ressortir les différences ainsi présentées, et son texte indique, en outre, qu’il existe ici 
de vraies différences de structure, résultant notamment du degré d’évolution du cément 
entre l’espèce typique et celle qui fut ensuite distinguée sous le nom de rimator. 

Des deux sujets pour lesquels nous proposons de reconnaître la nouvelle sous-espèce 
H. meinhertzhageni ivoriensis, la femelle (fig. 35-38, et PL IV, fig. A-D) présente les 


Source : MNHN, Paris 






G. BOUET ET II. NEUVILLE 


270 

caractères dentaires suivants, qui sont d’une dentition définitive (nous reviendrons ci- 
dessous, et surtout à titre comparatif, sur certains détails) (i). Sur ce sujet, les incisives 
supérieures sont disparues depuis longtemps, et leurs alvéoles sont presque entièrement 
comblés. 11 y eut primitivement trois paires d'incisives inférieures, dont deux seulement 
restant en place, la troisième incisive gauche étant tombée depuis assez longtemps pour 
n’avoir laissé aucune trace, et sa symétrique de droite n’étant disparue que plus récem¬ 
ment. Les incisives centrales sont très réduites ; leur racine présente, à son apex, une 
bifurcation très nette, représentée sur la figure 36 ; les secondes incisives sont plus fortes, 

incurvées mésialement, et portent du 
côté distal un petit denticule latéral 
bien distinct (fig. 35). 

Les canines supérieures forment des 
défenses fortement cannelées, portant 
deux sillons principaux, tous deux sur 
la partie arrière de la dent, l’un supé¬ 
rieur, l’autre inférieur ; en avant, inter¬ 
rompu distalement par la facette d’usure, 
se trouve un sillon moins profond. Ces 
dents mesurent respectivement en dehors 
de l’alvéole, en suivant la courbe du 
côté antérieur (inférieurement, elles se¬ 
raient un peu plus longues), 4 centi¬ 
mètres et 4 cm ,5, avec une circonférence 
maxima de 7 centimètres, cette dernière 
mesure étant prise avec un fil passant 
par-dessus les cannelures sans en épouser 
les contours. Elles sont entamées, anté¬ 
rieurement, par l’action antagoniste des canines inférieures. Celles-ci, mesurées de la 
même façon, ont des longueurs de 5 centimètres et 5 cm ,5 et des circonférences de 4 cen¬ 
timètres; elles sont de section triangulaire. 

Nous constatons ici la présence, en haut, du côté droit, de trois prémolaires, dont 
l’antérieure est tombée depuis longtemps et, de l’autre côté, de deux seulement, dont 
l’antérieure est tombée plus récemment, ce qui laisse seulement, en fait, deux prémolaires 
supérieures d’un côté, et une de l’autre. Les quatrièmes prémolaires provisoires sont encore 
en place aux deux côtés de la mâchoire, mais seulement à l’état de « chicots », sur lesquels 
nous allons revenir. Rappelons que, sur la plupart des spécimens connus d ’Hylochœrus 
adultes, sinon sur tous, la première prémolaire définitive de la série typique est absente, 
et rappelons aussi que, des sept H. meinherlzhageni de Rothschild et Neuville, seul 
un tout jeune sujet présentait, à la mâchoire supérieure, la série complète des quatre 
prémolaires, qui, sur ce sujet, appartenaient à la dentition temporaire, et la mâchoire 

(1) Ici comme dans d’autres parties de ce mémoire, nous commençons nos descriptions par Vivoriensis ç, qui porte le 
numéro i dans la collection Bouet. 



Fig. 37. — H. m. ivoriensis B. et N., $. — Série des prémolaires 
et des molaires (côté droit). 

3 et .J, dernières prémolaires définitives: I, II, III, les trois mo¬ 
laires; l’astérisque indique ce qui subsite, à la mâchoire supérieure, 
de la dernière prémolaire temporaire. — Environ 4 '5 grandeur na¬ 
turelle. 


Source : MNHN, Paris 






RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


271 


supérieure ne présentait que les secondes, troisièmes et quatrièmes prémolaires. 

Il subsiste, comme nous venons de l’écrire, de chaque côté de cette mâchoire supé¬ 
rieure, un reste très fruste de la quatrième prémolaire provisoire (fig. 37 et 38, et PI. IV, 
fig. A, B), avec deux racines, l'une interne, l’autre externe, dont la première seule tient 
encore du côté droit, où la seconde est résorbée. Ces restes (indiqués par des astérisques 
sur les figures ci-jointes) étaient appelés d’après leur aspect à disparaître prompte¬ 
ment ; ils sont coincés entre la première molaire (I, PI. IV, fig. A, B) et une grosse pré¬ 
molaire [4], qui, d’après les conclusions de Thomas, serait une P 3 et non une P 4 . Cette 
dernière dent porte un denticule principal du côté antéro-externe, et cinq denticules secon¬ 
daires formant, autour de ce denticule principal, aux côtés interne et postérieur, une 
garniture en forme de croissant. Il y eut ici primitivement, nous le répétons, trois prémo¬ 


laires définitives, dont l’antérieure a dis¬ 
paru du côté droit en laissant des traces 
alvéolaires en voie d’oblitération, et dont 
les deux antérieures sont tombées du 
côté gauche, la première assez ancienne¬ 
ment pour n’avoir laissé aucune trace, 
la seconde, perdue plus récemment, ne 
dut l’être que par accident, car les deux 
alvéoles de ses racines sont parfaite¬ 
ment distincts. D’après ce qui en reste, Fi «- 38 - — H.m.ivoriensis B. et N.. 9 — Série des prémolaires 

et des molaires (côté gauche). 

et comme le montrera la figure B de la Mêmes chiffres que sur la figure précédente. On remarquera, de ce 

planche IV, la dernière prémolaire seule côté . en haut et en bas, des restes plus nets de la dernière prémolaire 
. . . . . , . , , , temporaire, indiqués par des astérisques.— Environ 4 !5 grandeur 

est ici molarisee, et sa precedente est naturelle. 
déjà fort réduite par rapport à elle. 

Les premières molaires supérieures de ce spécimen mesurent 17 millimètres sur 13. 
Elles sont formées d’un lobe antérieur à deux denticules, en avant desquels se trouve 
un denticule médian, court et élargi. En arrière de ce lobe antérieur, vient un second 
denticule médian, puis un lobe postérieur, formé de deux forts denticules, suivis d’un 
denticule médian postérieur, cunéiforme, rejeté sensiblement du côté lingual. 

Les secondes molaires supérieures mesurent 24 millimètres sur 16. Elles vont nous 
mettre en présence d’intéressantes particularités que souligneront les comparaisons faites 
dans la suite de ce travail. Ces dents se composent en effet de trois lobes, et non de deux 
comme il en est généralement sur les autres Hylochœrus, le troisième de ces lobes étant 
toutefois très réduit, et une amorce pouvant s’en retrouver sur certains sujets appartenant 
à d’autres formes du même genre. Le premier lobe porte deux denticules, en avant desquels 
se trouve un denticule médian très court, mais très élargi, et en arrière desquels existe un 
petit denticule médian, arrondi. Le lobe moyen porte les deux denticules normaux et, en 
arrière de ceux-ci, se trouve, sur le court troisième lobe (formant lobe postérieur) que 
nous venons de mentionner, un denticule en forme de trèfle, en dehors duquel, du côté 
labial, se trouve un petit denticule arrondi. 

Les troisièmes molaires supérieures sont assez pareilles l’une à l’autre pour recevoir 







272 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


une même description, que les figures A et B de la planche IV feront mieux comprendre. 
Celle de droite mesure 32 millimètres sur 18, et celle de gauche 33 millimètres sur 17. 
Elles présentent chacune trois lobes, portant tous trois une paire de denticules disposés 
transversalement suivant le type habituel. En outre, le lobe antérieur porte un denticule 
médian, en avant de sa paire de denticules latéraux, et, entre le lobe antérieur et le lobe 
moyen, de même qu’entre celui-ci et le lobe postérieur, se trouve également un denticule 
médian. En arrière du lobe postérieur, cette troisième molaire supérieure présente un 
talon, plutôt un peu effilé que franchement arrondi, et sur lequel on ne voit aucun den¬ 
ticule nettement saillant. 

A la mâchoire inférieure (fig. C et D, PI. IV), nous constatons ce qui suit, en 
outre des renseignements ci-dessus donnés pour les incisives et les canines. 

Il existe de chaque côté une grosse prémolaire, proéminente par rapport à l’ensemble 
de la série dentaire, et en avant de laquelle un alvéole partiellement comblé indique la 
présence ancienne d’une autre prémolaire. Les deux prémolaires restantes mesurent 
15 millimètre sur 10. Elles portent un gros denticule antérieur, proportionnellement très 
élevé, suivi de deux denticules un peu moins forts, suivis eux-mêmes par une masse formée 
de deux ou trois petits denticules peu distincts. Les denticules suivant ainsi le premier 
sont de moins en moins élevés ; il en résulte, pour ces dents, un aspect conique à sommet 
antérieur, assez particulier. Du côté gauche, il subsiste un reste de quatrième prémolaire, 
réduite à une partie transversale de la couronne, où se distinguent encore un denticule 
antérieur, suivi de deux denticules alignés transversalement ; le tout est porté par deux 
racines grêles, encore implantées toutes deux dans le maxillaire par leur apex. 

Les premières molaires inférieures mesurent 16 millimètres sur 10. Elles sont formées 
d’un lobe antérieur, portant, sur ce sujet, un denticule unique, élargi, provenant évidem¬ 
ment de la fusion de deux denticules latéraux ; ce lobe est suivi d’un denticule médian, 
dédoublé en deux éléments placés l’un derrière l’autre sur la première molaire droite, suivi 
lui-même d’un lobe postérieur formé des deux denticules ordinaires, et en arrière duquel 
se trouvent deux autres denticules, assez réduits, de formes très irrégulières, paraissant 
esquisser en quelque mesure un troisième lobe. 

Les secondes molaires inférieures mesurent 26 millimètres sur 14. Elles reproduisent 
à peu près les dispositions des secondes supérieures et se composent chacune d’un lobe 
antérieur à deux denticules, sans denticule médian antérieur, puis d’un lobe moyen à 
deux denticules, séparé du précédent par un denticule médian, et enfin d’un lobe postérieur 
portant deux denticules à peine un peu réduits, et très nets; ce lobe est séparé du 
second, ou lobe moyen, par un denticule médian, et, en outre, sur la seconde molaire 
inférieure droite, en arrière du lobe postérieur, on voit un très petit tubercule médian 
postérieur. 

Les troisièmes molaires inférieures mesurent chacune 36 millimètres sur 15. Elles 
présentent, foncièrement, les dispositions de leurs antagonistes supérieures, avec ces 
différences qu’elles n’ont pas de denticule médian antérieur, que le denticule médian 
intermédiaire au premier et au second lobe s’y dédouble en deux petits éléments alignés 
l’un derrière l’autre, qu’il se trouve un denticule médian, peu net, entre le troisième lobe 


Source : MNHN , Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


273 


et le talon, et que celui-ci présente une tendance à la formation de trois denticules sur 
la dent gauche et peut-être quatre sur la droite. Ce talon est plus arrondi à la mâchoire 
inférieure qu’à la mâchoire supérieure. 

Sur notre H. ni. ivoriensis <$, nous relevons les faits suivants (PI. IV, E-H, et 
iîg. 39 du texte). 

Les incisives supérieures sont tombées depuis longtemps ; leurs traces sont à peine 
visibles. 

Il y a trois paires d’incisives inférieures, toutes trois en place (fig. 39). Les incisives 
externes sont très réduites; elles sont parfaitement implantées, ayant chacune une racine 
bien formée ; mais leurs couronnes sont minuscules. Chacune de celles-ci est légèrement 



Fig. 39. H. m. ivoriensis B. et X., — Série des incisives inférieures. — X 7,5. 


incurvée vers l’axe de la mandibule, beaucoup moins toutefois que sur l’un des 
H. meinhertzhageni de Rothschild et Neuville (fig. 40), où l'on voit cette troisième 
incisive inférieure s’incurver dans le même sens, à sa sortie de l’alvéole, de telle sorte que 
la couronne est coudée presque à angle droit sur la racine. Nous avons relevé cette dernière 
disposition sur maints autres Suidés, depuis le Sanglier commun d’Europe, — dont une troi¬ 
sième incisive temporaire supérieure, représentée sur la figure 41, est exactement à cet 
état, tandis que les trois paires d’incisives inférieures sont rectilignes sur le même sujet 
(fig. 42), — jusqu’au Phacochère (fig. 43-45). Dans aucun des genres envisagés elle ne nous 
paraît constante, et elle s’y présente à divers degrés. Cette disposition serait peu com¬ 
préhensible si l’on ne pouvait observer son évolution sur des pièces variées appartenant 
à différents genres. Il nous paraît évident, d’après ceux-ci, que la troisième incisive se 
développe d’abord, dans les cas dont il s’agit, de façon rectiligne, normale ; puis l’activité 
de la pulpe doit s’accroître du côté externe, ou plutôt se réduire du côté interne ou mésial, 
de façon à produire la déviation ; celle-ci doit être progressive, mais assez rapide, car 
Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 35 


Source : MNHN, Paris 




274 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


l’angle formé par la couronne une fois infléchie, et la racine est assez brusque et atteint 
parfois près de 120 0 . Au maximum de cette déviation, la couronne, allongée, est couchée 
sur le bord du maxillaire, et, à cet état, il paraît se produire un arrêt total de la croissance 

de la dent, dont la pulpe s’oblitère, tandis que la 
racine présente des traces de résorption. L’incli¬ 
naison transversale de la couronne doit simul¬ 
tanément donner plus de prise aux causes d’avul¬ 
sion, de telle sorte que la chute de cette troisième 
incisive inférieure est probablement fatale dès que 
son incurvation s’accentue. Sur la cause profonde 
de ce mécanisme évolutif, nous ne risquerons 
même pas une hypothèse, mais l’on voit parfai¬ 
tement ce à quoi il aboutit. Les troisièmes inci¬ 
sives inférieures sont manifestement, nous sem¬ 
ble-t-il, en voie de disparition dans le genre 
Hylochœrus comme dans diverses autres formes 
de Suidés. Cette tendance à la disparition se pré¬ 
sente, dans un même genre, celui des Hylochœ¬ 
rus, sous des formes très diverses, allant de la 
réduction coronale représentée sur la figure 39 
(ivoriensis $) à l’incurvation prémonitoire d’une 
chute représentée sur la figure 40 (meinhertzha¬ 
geni). Les deux autres paires d’incisives sont 
fortes, munies de racines longues et grosses, et 
la couronne des secondes est un peu divisée sur 
le sujet dont nous traitons en ce moment (ivo¬ 
riensis g) ; on remarque en effet, sur leur bord 
externe, une sorte de petit denticule, déjà signalé sur la Ç et dont la figure 39 fera saisir 
de nouveau la disposition. Suivant une tendance assez fréquente chez divers Suidés, ces 
couronnes sont, dans le cas en question, rectilignes, c’est-à-dire dans le prolongement de 
la racine, pour les premières incisives, et un peu inclinées vers l’axe de la mandibule, 
c’est-à-dire dans le sens mésial, pour les secondes. La division de l’apex radiculaire des 
premières incisives, signalée pages 269-270 sur celles de la femelle, est ici à peine ébauchée. 

De ces caractères, il en est qui rappellent, en plus accentué, ce que présentent les 
Phacochœrus, tandis que d’autres semblent au contraire en régression par rapport à ceux-ci. 
D’abord, autant que nous puissions en juger, il nous paraît que l’ensemble de l’appareil 
incisif soit encore plus rétrogi-ade chez les Hylochœrus que chez les Phacochœrus. A la 
mâchoire supérieure, où, seules, les incisives centrales persistent dans l’un et l’autre genre, 
mais souvent avec une caducité précoce, elles nous paraissent manquer plus souvent 
encore chez ceux-là que chez ceux-ci. A la mâchoire inférieure, il est encore plus fréquent 
chez les Hylochœrus que chez les Phacochœrus de voir disparaître la troisième incisive. 
Toutefois, ici encore, des séries très étendues de sujets variés permettraient seules d’arriver 



Fig. 40. — H. meinhertzhageni meinhertzhageni £ 
adulte.— Incisives inférieures. — Environ çjio gran¬ 
deur naturelle. 

Remarquer l'incurvation de la troisième incisive 
gauche. 


Source : MNHN, Paris 




RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


275 


dans ce sens à des conclusions. Nous n’étendrons pas ces comparaisons aux Sus et aux 
Potamochœrus, dont l’appa¬ 
reil incisif est à la fois très 
fort et très complexe, avec ses 
dents très inégales et à cou¬ 
ronnes si curieusement divi¬ 
sées. 

Revenant à la dentition 
de notre ivoriensis $ après 
cette longue digression, nous 
voyons que les canines supé¬ 
rieures sont du type normal 
du genre Hylochœrus, c’est-à- 
dire profondément marquées 
d'une rainure antérieure, in¬ 
terrompue par la surface de 
frottement de la canine infé¬ 
rieure, et de deux rainures 
postérieures, l’une supérieure, l’autre inférieure. Elles mesurent l’une et l’autre g centimètres 
de long en dehors de l’alvéole (Voir p. 270), avec des circonférences maxima d’environ 

8 em ,5 et 9 centimètres. Les inférieures ont respective¬ 
ment 6 cm ,5 et 7 centimètres, avec des circonférences 
de 5 centimètres environ. Bien que ce mâle soit un 
adulte déjà âgé, ses défenses sont donc très modé¬ 
rément développées si on les compare à celles du 
meinhertzhageni, où elles atteignent des dimensions 
presque aussi grandes que dans le genre Phaco- 
chœrus. Ici encore, les canines inférieures sont im¬ 
plantées de façon à déterminer une plage d’usure 
sur la partie antérieure des canines supérieures, et 
leur section est triangulaire. 

Il y avait de chaque côté, en haut, trois pré¬ 
molaires, dont deux seulement sont encore en place, 
la première des trois (P 2 ) étant disparue depuis long¬ 
temps (PI:IV, E, F). A la mandibule, il y a de cha¬ 
que côté une prémolaire, mais il en existait anté¬ 
rieurement une autre, à droite, dont la trace est 
encore visible (PL IV, G, H). 

A droite et à gauche, il existe trois molaires 
supérieures, sur lesquelles nous allons revenir. A 
gauche, la première molaire inférieure a disparu sans laisser aucune trace, et la seconde, 
très déformée, est de forme complètement aberrante, bien que l’on y retrouve les 


h e 


Fig. 42.— Sanglier commun d'Europe (Susscrofc 
L.). — Incisives inférieures du sujet représent 
sur la figure 41. — Un peu moins de x 1,5. 



Fig. 41. — Sanglier commun d'Europe (Sus scrofa L.). — Dentition antérieure 
du maxillaire supérieur. — Environ çlio grandeur naturelle. 

Remarquer la forme de la troisième incisive (qui, sur cette figure, paraît être 
la seconde). 


Source : MNHN, Paris 














G. BOUET ET H. NEUVILLE 


276 

parties typiques essentielles à cette dent (PL IV, lig. G, II). Elle présente une profonde 
dépression transversale médiane, avec projection vers l’avant de tout son lobe antérieur, 
qui porte deux denticules symétriques restés très nets, avec un émail fortement strié ou 
cannelé, et en arrière desquels se voit la trace d’un denticule médian, abrasé dans la 
profondeur, puis deux denticules moyens symétriques ; en arrière de ceux-ci, il existe 
un second denticule médian, puis deux denticules postérieurs. La dent ainsi modifiée a 
une longueur, — anormalement grande, d’après l’ensemble des caractères de la dentition, 
— de 3 centimètres, et sa largeur inaxima est de 13 millimètres. 

La symétrique (seconde molaire inférieure droite) mesure 25 millimètres sur 14. Elle 
offre exactement, mais de façon normale et très nette, les mêmes détails de composition; 



Fig. 43. — Phacochœrus. — Incisives inférieures (face labiale). Fig. 44. — Phacochœrus .— Incisives inférieures (face linguale). 
— Environ 4/5 grandeur naturelle. — Environ 4/5 grandeur naturelle. 


toutefois, les deux denticules antérieurs y sont réunis au point de ne laisser entre eux 
qu’un petit espace central, elliptique, suivi, en arrière, d’une sorte de petit talon, et ces 
détails atténuent l’individualisation des deux denticules antérieurs de cette dent. En 
arrière du lobe antérieur ainsi formé, viennent un denticule médian, puis les deux denti¬ 
cules d’un lobe moyen, suivis eux-mêmes d’un second denticule médian, puis de deux den¬ 
ticules un peu réduits mais parfaitement nets, formant un troisième lobe. La complication 
de la seconde molaire, que nous signalions sur le sujet précédent (ivoriensis $) (p. 271), 
commence donc à s’affirmer autrement, semble-t-il, que comme une variation individuelle. 

Ayant signalé ainsi l’anomalie partielle dont la mandibule de notre ivoriensis $ est le 
siège, nous en revenons à la description des autres dents du même sujet. 

La première molaire supérieure gauche est intacte, avec des denticules nets, tandis 
que celle de droite est très usée ; ces dents mesurent 17 millimètres sur 12. Un très petit 
denticule médian se trouve en avant des deux denticules du lobe antérieur, après lesquels 


Source : MNHN , Paris 











RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


277 


vient un second denticule médian, suivi des deux denticules du lobe postérieur et d’un 
troisième denticule médian, terminal, élargi en trèfle. 

Les secondes molaires supérieures mesurent 24 millimètres sur 15. Elles se composent 
d’un denticule médian antérieur, dédoublé complètement sur la dent droite et incom¬ 
plètement sur la dent gauche, et présentant en outre un petit denticule annexe du côté 
lingual; ensuite viennent les deux denticules du lobe antérieur, suivis d’un petit denticule 
médian, arrondi, puis les deux denticules du lobe postérieur, et une sorte de troisième lobe 
formant talon, portant un grand denticule en trèfle du côté lingual et un petit denticule 
rond du côté labial. 

La troisième molaire supérieure droite mesure 34 millimètres sur 18 ; elle porte les 



Fig. 45. — Phacochœrus. — Série des incisives inférieures (faces linguales, s^uf pour l’incisive centrale droite, 

qui est vue'par la face labiale).— X 1,5. 


trois lobes mentionnés sur le sujet précédent, mais le troisième de ces lobes, très réduit 
se confond avec le talon, et son denticule externe paraît tendre à se diviser longitudinale¬ 
ment ; cette tendance est toutefois rendue peu évidente par la faible dimension de ce 
denticule. Il existe ici un denticule médian antérieur, dédoublé suivant l’axe de la dent et 
paraissant ainsi élargi, un denticule médian moyen et un postérieur, et le talon porte lui- 
même un très petit denticule médian, terminal, ce qui porte à cinq le nombre des denticules 
médians, si l’on tient compte, dans ce dénombrement, du dédoublement du premier, et à 
quatre seulement si l'on préfère rentrer dans la formule générale. Le talon est court et 
étroit ; ce fait donne à l’ensemble de la dent le caractère d’un triangle à sommet pos¬ 
térieur, qui peut évoquer, en quelque façon, la particularité sur laquelle Thomas a 
fondé l’espèce rimator, et dont nous retrouverons un équivalent en comparant ces faits 
à ceux que présente le meinhertzhageni. 


Source : MNHN, Paris 




G. BOUET ET H. NEUVILLE 


2 7 » 

La troisième molaire supérieure gauche présente les mêmes dimensions. Elle est 
anormalement usée en raison de l’anomalie de la seconde molaire inférieure gauche (Voir 
ci-dessus), qui a en quelque sorte décalé la dentition de la mandibule gauche et modifié les 
antagonismes. Cette M 3 gauche présente encore trois lobes ; mais l’antérieur est très usé 
en avant et ne présente pas, ou ne présente plus, de denticule médian antérieur. Les 
deux denticules symétriques de ce lobe antérieur sont normaux et très usés. En arrière, 
le lobe postérieur, très peu net, est suivi d’un talon à peine marqué. Sur l’ensemble de 
ce troisième lobe et de son talon, on voit quatre petits denticules, dont l’un représente 
un dernier denticule médian, suivi d’un denticule postérieur interne et de deux très petits 
denticules latéraux externes, qui ne peuvent être assimilés avec certitude à des denticules 
normaux. Ici encore, l’aspect triangulaire de l’ensemble de la dent est assez net. 

Les troisièmes molaires inférieures présentent les détails suivants. 

Elles mesurent 40 millimètres sur 16. Celle de droite porte un lobe antérieur à deux 
denticules symétriques, sans denticule médian antérieur, puis un lobe moyen avec les 
deux denticules habituels, en avant desquels se trouve un denticule médian dédoublé ; les 
deux denticules de ce lobe moyen tendent d’ailleurs aussi à se dédoubler, et celui qui 
se trouve du côté labial l’est même presque complètement. Le lobe postérieur présente les 
deux denticules symétriques normaux, en avant et en arrière desquels se trouve un den¬ 
ticule médian. Il se termine par un talon arrondi portant un dernier denticule médian. 

La troisième molaire inférieure gauche est anormale comme sa précédente, mais trahit 
l’essentiel des dispositions que nous venons de décrire sur sa symétrique. Son talon, large, 
très mal délimité, se termine de façon à peu près abrupte, nous voulons dire par là sans 
trace d’effilement ni même de véritable arrondissement. 

De tous ces détails, il est possible de retrouver des équivalents assez rigoureux, non 
seulement sur d’autres Hylochœrus, comme le montreront les pages suivantes, mais dans 
les dentitions de divers Suidés. Nous avons sous les yeux, en rédigeant ce mémoire, plusieurs 
dentitions de Sus proprement dits (notamment des Sangliers d’Europe, d’Egypte, de 
l’Inde et de l’Annam), sur lesquels nous pouvons observer des détails équivalents, dont la 
différence principale avec ceux de nos Hylochœrus meinhertzhageni ivoriensis est d’être plus 
fortement accentués sur ceux-là, avec tendance à la formation de denticules plus nom¬ 
breux. Dans l’appréciation du nombre et du degré d’individualisation des denticules, il faut 
tenir le plus grand compte de l’état d’usure de la dent. Lorsque celle-ci vient de percer, — 
dans le genre Hylochœrus surtout, — les denticules sont si peu nets qu’il peut être assez 
difficile de les dénombrer exactement. Avec le début de l’usure, ils deviennent au contraire 
très apparents et, s’ils sont dédoublés ou détriplés, on le voit alors facilement. Les progrès 
de l’usure donnent ensuite à ces denticules composés des formes de bissac ou de trèfle, 
et finalement les confondent tous, même d’un lobe à l’autre. 

Les caractères dentaires des deux sujets pour lesquels nous proposons de reconnaître 
la nouvelle sous-espèce ivoriensis étant ainsi bien connus, nous allons les comparer à ceux 
que présentent les autres Hylochœrus ; peut-être pourra-t-on mieux juger ensuite, et 
surtout en se reportant aux figures, de la valeur taxonomique éventuelle de ces caractères. 


Source : MNHN , Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


279 


* 

* * 

Ce sera d’abord sur l’espèce type Hylochœrus meinhertzhageni meinhertzhageni que 
porteront nos comparaisons. 

Sur un vieux mâle de la forêt de Nandi (B. E. A.) appartenant à cette espèce et 
trouvé d’ailleurs dans l’un des habitats typiques de celle-ci, voici ce que nous observons 
(fig. 46-49). 

Il existe une paire d’incisives supérieures, du type Phacochœrus, et deux paires d’inci¬ 
sives inférieures ayant des couronnes longues et fortes, cannelées comme celles des Sus 
et des Potamochœrus, et différant ainsi de celles de nos ivoriensis. 

De chaque côté, il y a deux prémolaires supérieures appartenant certainement à une 
dentition définitive, et rappelant de très près celles de nos ivoriensis, et une prémolaire 
inférieure qui est dans le même cas (3 et 4, fig. 46-49). 

Les premières molaires supérieures mesurent environ 18 millimètres sur 17. Elles 
sont beaucoup trop usées, —étant comme de règle sorties les premières et ce sujet étant 
très âgé, — pour que l’on y puisse retrouver un agencement de denticules. 

Les M 2 mesurent à peu près 22 millimètres sur 20. A droite et à gauche, leurs dispo¬ 
sitions sont les mêmes: un lobe antérieur est divisé en deux denticules réunis dans leur 
partie antérieure, et en avant desquels une partie très courte et très large, devenue confluente 
par usure avec ces denticules antérieurs, mais dont l’individualité première est témoignée 
par des replis latéraux de l’émail, représente un denticule médian antérieur. En arrière des 
denticules du lobe antérieur se trouve un denticule médian moyen; puis viennent les deux 
denticules du lobe postérieur, réunis comme les précédents, mais présentant chacun un 
îlot entouré d’émail (soit deux de ces îlots pour l’ensemble du lobe postérieur), ce qui 
témoigne que les progrès de l’usure tendent à confondre les denticules, comme ils le font 
plus tôt pour la première molaire. En tout cas, il n’y eut certainement jamais ici de compli¬ 
cation par présence d’un troisième lobe comme sur nos ivoriensis. 

Sur ce même sujet, la M 3 droite est trop endommagée pour se prêter à une description. 
Sa symétrique gauche, par contre, est dans un état particulièrement favorable à la com¬ 
préhension de sa structure (fig. 46) ; elle mesure 50 millimètres sur 22. Un denticule 
médian antérieur, court et élargi, formé de deux éléments (peut-être trois), s’étend en avant 
des deux denticules du lobe antérieur, après lesquels vient un second denticule médian, 
suivi des deux denticules du lobe moyen, suivis eux-mêmes d’un troisième denticule 
médian, allongé, probablement double à l’origine ; après viennent les deux denticules du 
lobe postérieur, avec un petit denticule supplémentaire du côté latéral externe ; entre 
eux se remarque un très petit denticule médian, et, en arrière de celui-ci, il existe un 
nouveau denticule médian, après lequel se développe le talon où l’on remarque enfin un 
denticule interne et un denticule externe, celui-ci suivi de deux très petits denticules ; ce 
talon se termine de façon assez aiguë, en donnant à l’ensemble de la dent cet aspect trian¬ 
gulaire précédemment signalé, qui est toutefois ici assez obtus. 

A la mâchoire inférieure du même sujet, nous observons ce qui suit (fig. 48-49) : 


Source : MNHN, Paris 


280 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


Les premières molaires mesurent environ 18 millimètres sur 12, les secondes 25 X iG, 
les troisièmes 53 x 18. Les premières comportent un lobe antérieur, puis un petit denticule 
médian réuni aux deux denticules du lobe postérieur, presque fusionnés entre eux, et le 
tout se termine par un denticule médian postérieur. Les secondes se composent d’un lobe 
antérieur de type ordinaire, en avant duquel se trouve, sur la dent droite, une trace parais¬ 
sant représenter un denticule médian antérieur très court et élargi ; le lobe postérieur 



Fig. 46. Fig. 47. Fig. 48. Fig. 49 

Fig. 46-49. — Dentition d'un vieil Hylochœrus meinhertzhageni meinhertzhageni, de Nandi. — Environ çjio grandeur naturelle 
pour la dentition inférieure, et grandeur naturelle pour la dentition supérieure. 

Fig. 46: Série des prémolaires et molaires supérieures gauches.—Fig. 47 : Série des prémolaires et molaires supérieures 
droites. — Fig. 48 : Série des prémolaires et molaires inférieures gauches. — Fig. 49 : Série des prémolaires et molaires inférieures 
droites. — 3 et 4, prémolaires; T-ÏII. molaires. 




de cette dent comprend un denticule interne, simple, et un denticule externe qui, aussi 
bien sur la dent droite que sur la gauche, émet un diverticule allant rejoindre les denticules 
du lobe antérieur et qui paraît représenter un denticule médian, allongé au point de s’être 
réuni aux denticules des lobes antérieur et moyen ; en arrière, vient un fort denticule 
médian, qui, sur la dent droite, se fusionne avec le denticule latéral du lobe postérieur. 
Le denticule médian postérieur de la seconde molaire inférieure évoque le souvenir de celui 


Source : MNHN , Paris 

















RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


281 


qui est représenté sur la seconde molaire inférieure de YHylochœrus euilus par Hopwood 
et qui est reproduit ci-dessous (fig. 73, p. 298). 

Les troisièmes molaires inférieures (celle de gauche seule est entière) comportent un lobe 
antérieur, précédé d’un denticule médian et portant les deux denticules habituels, puis un 
second denticule médian très allongé, qui fut probablement double à l’origine, après lequel 
viennent un lobe moyen à deux denticules et un troisième denticule médian, simple, suivi 
des deux denticules du lobe postérieur, suivis eux-mêmes d’un quatrième denticule 
médian, dédoublé ; on voit enfin une quatrième paire de denticules formant une sorte de 
quatrième lobe (nous aurons à revenir sur ce détail en traitant de Y H. grabhami) ; en arrière 
de ceux-ci, viennent encore trois denticules disposés en triangle et formant talon ; celui-ci 
n’est ni très nettement arrondi, ni, encore moins, effilé en pointe. 

Nous retiendrons surtout, sur ce sujet, la présence, en arrière des secondes molaires 
inférieures, d’un fort denticule médian, allongeant et compliquant la dent. Les figures ci- 
jointes mettront en évidence les détails ci-dessus exposés. 

Un autre H. m. meinhertzhageni un peu moins âgé et de la même localité, offre 
les faits suivants (fig. 50 à 53) : 

Les incisives sont à peu près identiques à celles du précédent. 

La mâchoire supérieure porte de chaque côté deux prémolaires, dont la seconde 
(4, fig. 50-51), très usée, appartient à la dentition provisoire. Sa forme pourra être compa¬ 
rée à celle de sa remplaçante d’après les figures précédentes. 

Des premières molaires supérieures, nous ne dirons rien en raison de leur banalité. 
Les secondes mesurent environ 26 millimètres sur 18. Elles se composent, de chaque côté, 
d’un denticule médian antérieur, court et large, de deux denticules antérieurs, puis d’un 
denticule moyen médian et de deux denticules postérieurs, suivis, sur la dent droite, d'un 
denticule médian postérieur, court et large comme l’antérieur ; l’équivalent de ce den¬ 
ticule dut se trouver aussi sur la dent gauche, où l’usure paraît l’avoir confondu avec les 
deux denticules du lobe postérieur, eux-mêmes réunis par usure. Rien, ici, ne rappelle 
la tendance de nos ivoriensis à la formation d’un troisième lobe. 

La troisième molaire supérieure n’est en parfait état qu’à droite, où elle mesure 45 mil¬ 
limètres sur 20. Elle comprend encore un lobe médian antérieur, court et large, puis les 
deux denticules du lobe antérieur, suivis, à gauche, d’un second denticule médian, 
absent ou peut-être déplacé à droite, puis des deux denticules du lobe moyen, tous 
deux assez réduits, et entre lesquels s’insinue, tant sur la dent droite que sur 
la gauche, l’un des éléments d’un lobe médian postérieur dédoublé. En arrière 
de l’ensemble ainsi formé, on voit un complexe de denticules où l’on peut recon¬ 
naître, avec quelque bonne volonté, les deux denticules d’un lobe postérieur, encore plus 
réduits que ceux du lobe moyen ; celui de ces deux denticules qui est du côté labial est 
dédoublé, et il est assez distant de son symétrique pour qu’entre eux se trouve un denticule 
médian presque aussi important qu’ils le sont eux-mêmes. Enfin vient un talon portant 
trois denticules très distincts et terminant la dent par un rétrécissement arrondi. Nous 
verrons, en traitant des Hylochœrus fossiles, que des dispositions denticulaires paraissant 
Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 36 


Source : MNHN , Paris 


282 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 



voisines de celles-ci ont été décrites sur une troisième molaire inférieure droite, pour laquelle 
M. Hopwood a créé l’espèce grabhami. Tous ces détails sont décidément d’une grande 
variabilité individuelle. 

A la mâchoire inférieure du même sujet, dont les deux paires d'incisives sont encore 
à couronnes longues, fortes et cannelées, nous trouvons, de chaque côté, trois prémolaires, 
toutes trois définitives. Les premières molaires, mesurant 18 millimètres sur 12, sont 


Fig. 50. Fig. 5r• Fig. 52. ■ Fig. 53. 

Fig. 50-53. — Hylochœrus meinhertzhageni meinhertzhageni, q, de Nandi. 

Fig. 50 : Série des prémolaires et des molaires supérieures gauches. Environ grandeur naturelle. — Fig. 51 : Série des prémo¬ 
laires et des molaires supérieures droites. Environ grandeur naturelle. — Fig. 52 : Série des prémolaires et des molaires inférieures 
gauches. Environ 9//0 grandeur naturelle. — Fig. 53 : Série des prémolaires et des molaires inférieures droites. Environ g/io 
grandeur naturelle. — 2, 3, 4. prémolaires ; I, II, III, molaires. 

composées des deux lobes typiques, et les denticules de chacun sont réunis entre eux par 
usure ; pour ceux de la dent gauche, la réunion, plus complète, s’est étendue à un denticule 
médian moyen et à un denticule médian postérieur, ce qui donne ici au lobe postérieur 
une apparence de trèfle à quatre feuilles. Les secondes molaires mesurent 27 millimètres 
sur 15. Elles présentent, en outre des denticules d’ordre banal, un fort denticule médian 
postérieur, qui, de même que sur le sujet précédent, reste loin d’atteindre l’importance 
de ce que nous décrivions en cette région chez les H. m. ivoriensis. Les troisièmes molaires 
inférieures mesurent 47 millimètres sur 17 ; elles sont symétriques en leurs détails. Les 


Source : MNHN , Paris 























RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


283 


trois lobes y sont distincts, les denticules médians aussi, et, en arrière de celui qui suit le 
lobe postérieur, on voit deux denticules symétriques, évoquant, comme dans l’un des cas 
ci-dessus décrits (fig. 48), l’idée d’un quatrième lobe; en arrière de celui-ci le talon, ter¬ 
miné en pointe sans être vraiment effilé, porte deux petits denticules alignés longitudi¬ 
nalement, que l’on comparera non sans intérêt à ceux qu’a représentés Thomas sur la 
troisième molaire inférieure de son rimator (Voir ci-dessus, p. 241, fig. 17). 

Un troisième sujet, mâle adulte, de la même espèce (fig. 54-57), porte deux inci¬ 
sives supérieures et cinq inférieures, la troisième de droite ayant disparu au maxillaire 
inférieur. Ces incisives inférieures sont reproduites sur la figure 40 ; c’est à leur sujet 
que nous mentionnions ci-dessus (p. 273) la forme en crochet des incisives latérales. Ce 
sujet présente, de chaque côté de la mâchoire supérieure, deux prémolaires dont la der¬ 
nière, qui est manifestement un reste de la dentition temporaire, non loin de tomber, 
est une P 4 . En faisant jadis l’étude de la dentition de ce sujet, l’un de nous y a vaine¬ 
ment cherché dans la profondeur du maxillaire, au-dessus de cette P 4 , sa dent de rem¬ 
placement. Celle-ci n’apparaît-elle, même à l’état de germe, que très tardivement ? Les 
signes de caducité de la dernière prémolaire provisoire précèdent-ils sa chute d’assez 
longtemps pour permettre un développement aussi tardif de la dent de remplacement? 
D’après toutes les données odontologiques, c’est bien improbable. Enfin cette dernière 
dent, en conformité totale ou partielle avec la supposition émise et généralisée par 
Thomas (Voir ci-dessus, p. 220), ne se développerait-elle pas, ou ne se développerait-elle 
que dans certains sujets ? 

Nous n’avons pas en mains, malgré la richesse relative des matériaux que nous avons 
étudiés, de quoi vider ces questions. Nous ferons toutefois cette constatation. Sur le sujet 
dont il s’agit, si, au moment paraissant assez prochain de la chute de la quatrième pré¬ 
molaire provisoire, une dent de remplacement n’avait pas fait éruption, il en eût résulté 
la présence d’un diastème dans la dentition de cet animal, trop âgé, croyons-nous, pour 
que l’espace dès lors resté libre entre l’avant-dernière prémolaire et la première molaire 
se fût comblé par la suite. Or nous n’avons jamais observé, sur aucun Hylochœrus, un tel 
diastème, et nous ne connaissons pas de cas où il en ait été signalé. Nous en avons vu, 
comme celui de notre ivoriensis $, où des restes fort réduits de la quatrième prémolaire 
sont coincés entre la dernière des prémolaires définitives et la première molaire ; rien 
ne nous indique qu’il y eût là un recul progressif d’une troisième prémolaire définitive 
poussant contre la première molaire les restes de la troisième prémolaire provisoire ; rien 
non plus, d’ailleurs, ne s’oppose absolument à l’hypothèse que, malgré l’état adulte du 
sujet, la troisième prémolaire puisse tendre à se rapprocher de la première molaire, en 
comprimant et contribuant même à user la quatrième prémolaire temporaire. Loin de 
s’éclaircir, la question ainsi abordée irait plutôt, il nous semble, en se compliquant, les 
caractères de la dernière dent de la série des prémolaires définitives étant inconstants et 
ne permettant de la considérer ni comme étant certainement et toujours une troisième 
prémolaire, ni, au contraire, une quatrième. Nous reviendrons sur cette question. 

Des premières molaires supérieures de ce troisième meinhertzhageni nous ne dirons 


Source : MNHN, Paris 


2,S 4 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


rien pour ne pas répéter ce que nous disions des autres sujets. Les secondes mesurent 
26 millimètres sur 19 ; elles présentent un denticule médian antérieur, suivi des deux 
denticules du lobe antérieur, puis viennent un denticule médian moyen, les deux 
denticules du lobe postérieur, et enfin un denticule médian postérieur, élargi latéralement 
en arrière de façon à dessiner un trèfle rappelant assez étroitement, mais en un peu 
moins accentué, cette esquisse d’un troisième lobe que nous signalions ci-dessus pour 
Yivoriensis. Un détail accentue cette ressemblance : c’est la présence, du côté labial de la 






■'•g- 54 - 


l'ig- 55 - 


i-ig- 56- 


l'ig 57 - 


Fig. 54-57. — Hylochœnis meinhertzkageni meinherlzhageni, j, de Nandi. Environ 910 grandeur naturelle. 

l' ig. 54 : Série des prémolaires et des molaires supérieures gauches. — Fig. 55 : Série des prémolaires et des molaires supé¬ 
rieures droites. — Fig. 56 : Série des prémolaires et des molaires inférieures gauches. — Fig. 57 : Série des prémolaires et des 
molaires inférieures droites. 


partie postérieure de ce trèfle, d’un petit denticule, ici en voie de fusion avec la branche 
transversale du trèfle, tandis qu’il reste indépendant sur nos ivoriensis. 

Les troisièmes molaires supérieures mesurent 42 millimètres sur 18. Elles portent un 
denticule médian antérieur, assez étroit, puis les deux denticules du lobe antérieur, un 
second denticule médian, les deux denticules du lobe moyen, dont l’interne tend, sur la dent 
droite et sur la dent gauche, à se fusionner avec ce second denticule médian, puis un troisième 
denticule médian, s’insinuant entre les deux précédents et les repoussant latéralement ; 
nous aurons à rappeler ce dernier détail en traitant de I’ H. grabhami. Ce troisième denti- 


Source : MNHN , Paris 


























RECHERCHES SUR LE GENRE «HYLOCHŒRUS » 


285 


cule médian est suivi de deux denticules latéraux disposés comme le seraient ceux d’un 
troisième lobe, mais dont l’interne est placé très en arrière de l’externe, qui est suivi 
d’une ébauche de denticule; ce sont là les éléments d’un lobe postérieur irrégulier, après 
lequel vient un talon court, étroit, terminé en pointe mousse, et tout cela peut rappeler 
d’assez près 1 ’Hylochœrus rimator (Voir fig. 17, p. 241). 

Du côté droit de la mandibule (fig. 57), il existe trois prémolaires, que nous considérons 
comme définitives, et qui ont disparu toutes trois du 
côté gauche. Nous ne dirons rien des premières mo¬ 
laires inférieures. Les secondes, qui mesurent 26 mil¬ 
limètres sur 17, sont du même type que celles des 
sujets précédents ; nous nous bornerons à répéter 
à leur égard qu’elles présentent un denticule médian 
postérieur pouvant rappeler celui des secondes mo¬ 
laires inférieures de nos ivoriensis, mais qui reste 
loin d’en atteindre le degré de différenciation. Lestroi- 
sièmes molaires inférieures mesurent 45 millimètres 
sur 17 et présentent les trois lobes habituels, ayant 
chacun leurs deux denticules, et séparés par des den¬ 
ticules médians, dont celui qui suit le lobe antérieur, 
du côté gauche, est nettement formé de deux élé¬ 
ments alignés en long; en arrière des deux denticules 
du lobe postérieur, se trouve un troisième denticule 
médian, suivi d’un talon court et arrondi portant 
deux denticules, l’un du côté labial, l’autre du côté 
lingual, celui-là beaucoup plus fort que celui-ci. 

Nous voyons donc s’affirmer de plus en plus, 
dans des sujets de même provenance, appartenant 
certainement à une même espèce, des variations den¬ 
taires de l’ordre de celles qui servirent parfois à tra¬ 
cer des coupures spécifiques. 

Sur un autre sujet de la même région, mâle adulte 

(fig. 58-59), mais sensiblement plus jeune que le précé- Fig. 58 et 59. — Hylochœrus meinhertzhageni 
dent, puisque ses dernières molaires ne sont pas encore meinhertzhageni, «?, adulte-jeune, de Nandi. - 

r L r Environ grandeur naturelle. 

complètement sorties, la dentition se compose, à la Fig. 5 s : Série des prémolaires et des molaires 

mâchoire supérieure , des éléments suivants : une f upérieu ^ es gau f hes - — l ps- 59 : Série des prémo- 

laires et des molaires supérieures droites. 

paire d’incisives, les canines, deux paires de prémo¬ 
laires définitives, une de prémolaires provisoires et trois paires de molaires. La dentition 
inférieure est incomplète par suite d’un bris des deux branches de la mandibule. Il est à 
noter que la dernière prémolaire supérieure, qui, d’après ses caractères, nous semble appar¬ 
tenir encore de chaque côté, comme nous venons de l’écrire, à la dentition provisoire, reste 
très loin de présenter des signes de caducité ; elle est même encore peu entamée par l’usure, 



Source : MNHN, Paris 








G. BOUET ET H. NEUVII.LE 


286 

et, en avant d’elle, du côté gauche, se trouvent des restes d’une dent provisoire, proba¬ 
blement une P 3 , réduite à un infime « chicot », sur lequel se distinguent seulement deux den- 
ticules, l'un interne, l’autre externe; ce reste est signalé par un astérisque sur la figure 58. 
Les premières molaires mesurent ici 20 millimètres sur 13 ; elles présentent les mêmes 



Fig. 60. 


Fig. Gi. 


Fig. 62. 


Fig. 63. 


Fig. 60-63. — Hylochœrus meinhertzhageni meinhertzhageni, $, deNandi. — Environ çjio grandeur naturelle. 


Fig. 60 : Série des prémolaires et des molaires supérieures gauches. — Fig. 61 : Série des prémolaires et des molaires supé¬ 
rieures droites. — Fig. 62 ; Série des prémolaires et des molaires inférieures gauches. — Fig. 63 : Série des prémolaires et des 
molaires inférieures droites. 


éléments constitutifs essentiels que sur les sujets précédents, c’est-à-dire, en outre des 
deux paires de denticules appartenant aux deux lobes normaux, un denticule médian 
antérieur (en avant du lobe antérieur) large et court, un denticule médian moyen et un 
denticule médian postérieur, allongé et flanqué de chaque côté d’un petit denticule 
arrondi. Les secondes molaires supérieures mesurent 27 millimètres sur 16 ; elles 
portent encore un denticule médian antérieur, court et large, composé très distinctement 
de trois petits éléments arrondis, alignés dans le sens transversal, suivi des deux denti¬ 
cules du lobe antérieur, de formes irrégulières, puis d’un second denticule médian, suivi 


Source : MNHN , Paris 










RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


287 


lui-même des deux denticules du lobe postérieur, très écartés l'un de l’autre et entre les¬ 
quels s’insinue un petit denticule médian, ce à propos de quoi nous renverrons aux des¬ 
criptions précédentes et à celles des formes fossiles ; en arrière se trouve finalement un 
groupe de petits denticules formant une sorte de talon et rappelant encore un peu ce que 
nous décrivions sur les secondes molaires de nos ivoriensis, mais toujours avec beaucoup 
moins de différenciation et de netteté. Nous ne dirons rien des troisièmes molaires de ce 
sujet, puisqu’elles ne sont pas encore 
complètement sorties du maxillaire. 


Sur un cinquième sujet de l’espèce 
typique, qui est une femelle assez âgée 
(fig. 60-63), ü existe, de chaque côté de 
la mâchoire supérieure, une incisive, une 
canine, deux prémolaires, dont la der¬ 
nière, très usée, appartient encore à la 
dentition temporaire, puis trois molaires. 

Ici, l’évolution de la quatrième prémo¬ 
laire était donc particulièrement lente, 
puisque le sujet est vieux. La première 
molaire est du type normal. La seconde, 
qui mesure 25 millimètres sur 17, com¬ 
prend d’abord un denticule médian anté¬ 
rieur, court et large, un lobe antérieur à 
deux denticules, un second denticule 
médian, un lobe postérieur à deux den¬ 
ticules, puis un ensemble comparable à 
celui des pièces précédentes, c’est-à-dire 
comportant un denticule médian, très 
avancé ici entre les deux denticules du 
lobe postérieur, et deux derniers denti¬ 
cules, qui sont, sur cette pièce, plutôt en 
arrière du médian que sur ses côtés. Les 
troisièmes molaires supérieures mesurent 
45 millimètres sur 20. Leur structure est 
foncièrement identique à celle des pièces 

précédentes en ce qui concerne les parties antérieure et moyenne ; un troisième lobe se 
compose ici de trois denticules, assez petits, s’alignant à peu près transversalement ; ils ne 
sont suivis que d’un talon très court et bien arrondi, ne portant qu’un denticule net. 

La dentition inférieure du même sujet comprend deux paires d’incisives, à couronnes 
assez longues, cannelées, nettement usées à leur apex, les canines, une seule paire de pré¬ 
molaires et les trois paires de molaires normales. Les secondes molaires mesurent 25 milli¬ 
mètres sur 17; leur denticule médian terminal tend à s’allonger, mais ne s’élargit et ne se 



Fig. 64. 


Fig- <> 5 - 


Fig. 64 et 65. — Hylochœrus meinhertzhageni meinhertzhageni, o 
adulte-jeune, de Nandi. — Environ grandeur naturelle. 

Fig. 64 : Série des prémolaires et des molaires supérieures 
gauches. — Fig. 65 : Série des prémolaires et des molaires supé¬ 
rieures droites. 


Source : MNHN, Paris 











288 


G. BOUET ET H. XEUVILl.E 


complique pas autant que sur nos ivoriensis. Les troisièmes molaires inférieures mesurent 
50 millimètres sur 18; en arrière d’un quatrième denticule médian suivant le troisième lobe, 
il se trouve ici un talon portant trois denticules peu distincts, en arrière duquel s’étend 
un petit talon accessoire, effilant un peu la partie postérieure de la dent et accroissant 
ses dimensions ; nous n’y voyons pas de denticules. 

Un sixième sujet delà même espèce, mâle adulte-jeune (fig. 64 et 65), ne nous apporte 
rien de plus que les précédents. Nous y voyons la partie postérieure des secondes molaires, 
surtout à la mâchoire inférieure, rester un peu moins développée que sur nos ivoriensis. 
Les troisièmes molaires supérieures mesurent 43 millimètres sur 20 ; elles sont de forme 
triangulaire assez nette, surtout à droite, où le talon forme un sommet de triangle assez 
aigu, — comme sur le rimator, — tandis qu’il est arrondi et presque même terminé carré¬ 
ment à gauche. La coïncidence de ces deux formes, sur un même sujet, n’est pas faite 
pour consolider la valeur taxonomique du caractère dont il s’agit. 

* 

* * 

Après ces comparaisons entre Y H. m. meinhertzhageni et YH. m. ivoriensis, nous pou¬ 
vons en tenter une, forcément très limitée, avec Y H. gigliolii. 

D’après la figure 5 de Balducci (fig. 26 ci-dessus), nous voyons que la seconde molaire 
supérieure présente un lobe antérieur à deux denticules, fusionnés sur son sujet, et un 
lobe postérieur à peu près de même forme, mais réuni par son denticule droit à un 
denticule médian intermédiaire aux deux lobes ; cette dent, d’après la figure « in grandezza 
uguale al vero » donnée par l’auteur italien, mesure environ 24 millimètres de long et 19 de 
large. De même, nous voyons que la troisième molaire supérieure, longue d’environ 41 mil¬ 
limètres et large de 20, présente un denticule médian antérieur, très court et très large, 
flanqué de chaque côté d’un petit denticule, puis deux denticules bien distincts, symé¬ 
triques, caractérisant un lobe antérieur, suivis d'un second denticule médian, puis de deux 
denticules formant un lobe moyen, suivi lui-même d’un troisième denticule médian ; 
en arrière de celui-ci, vient une série transversale de trois denticules, où l’on peut voir 
deux denticules latéraux (un droit et un gauche), caractéristiques d’un lobe postérieur, 
et séparés l’un de l’autre par un denticule médian presque aussi développé qu'eux-mêmes ; 
puis vient un talon, court et parfaitement arrondi, semble-t-il, et portant deux petits 
denticules. C’est à peu près la disposition du meinhertzhageni de notre figure 60. 

Sur ce même sujet, la seconde molaire inférieure mesure environ 26 millimètres de 
long et 17 de large. Elle présente un lobe antérieur à deux denticules fusionnés et un lobe 
postérieur dont le denticule interne reste indépendant, tandis que l’externe se fusionne, 
par l’intermédiaire d’un denticule médian allongé, avec le denticule interne du lobe anté¬ 
rieur ; en arrière, et autant que nous puissions en juger, car la figure y est peu nette, la 
dent se terminerait par un lobe médian postérieur, relativement long, et s’élargissant 
de façon à former une sorte de trèfle, sur lequel la figure 26 (i) renseignera le lecteur, 
et qui peut évoquer le souvenir de ce que nous écrivions page 277 à propos de 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


289 


1 ’ivoriensis. La troisième molaire inférieure mesure ici environ 47 millimètres de long sur 20 
de large. Elle est composée d’un lobe antérieur à deux denticules, dont celui du côté droit 
se prolonge antérieurement, vers la ligne médiane, en un diverticule qui représente pro¬ 
bablement un denticule médian antérieur, fusionné avec le denticule droit du lobe antérieur ; 
ensuite viennent deux denticules médians alignés longitudinalement, puis un lobe moyen 
à deux denticules, suivi de deux denticules médians alignés comme les précédents, et dont 
le plus reculé est flanqué à droite et à gauche des denticules du lobe postérieur, entre les¬ 
quels il s’est intercalé, comme nous reverrons le fait se produire sur 1 ' H. grabhami ; le denti¬ 
cule droit de ce lobe postérieur se fusionne avec le denticule médian adjacent; enfin vient 
un dernier denticule médian, suivi d’un talon bien arrondi sur lequel se voient trois 
petits denticules. 

De tous ces détails, aucun ne saurait être considéré comme caractérisant une espèce 
ni même une sous-espèce. Si, comme le fait remarquer Balducci au sujet des troisièmes 
molaires, les formes ne sont pas celles de l’espèce type, elles n'en rentrent pas moins dans 
le cadre des variations que subit celle-ci dans son organisation dentaire et que nous retrou¬ 
vons sur nos ivoriensis, aussi bien même que sur des formes fossiles Nous renvoyons à ce 
que nous écrivions ci-dessus, — et au Mémoire de Balducci, — pour l’appréciation des 
caractères crâniens différentiels entre YH. gigliolii et les autres Hylochœrus. 


* * 


Si maintenant nous faisons porter nos comparaisons sur Y H. m. riniator, que son aire 
géographique rapproche de Y ivoriensis, nous voyons d’abord que la structure fondamen¬ 
tale des molaires y reste la même, avec quelques différences de détail; le nombre des 
denticules principaux est identique dans les deux cas, mais, en comptant les denticules 
accessoires de Y ivoriensis, on arrive pour lui à un total bien différent de celui qu'indiquent 
pour le rimator les figures de Thomas. Ces figures comportent seize denticules en haut et 
en bas sur les troisièmes molaires du rimator. Comme deux denticules médians s’alignent 
l'un après l’autre sur le talon de ces dernières, en haut, et trois en bas (Voir fig. 17), il 
en résulte, pour cette partie de la dent, un aspect allongé, relativement effilé même, 
qui a contribué pour beaucoup à faire distinguer l’espèce rimator. Cet aspect ne serait-il 
pas fortuit? Seule, une série de pièces permettrait de répondre à cette question. Notons 
seulement que la forme du talon se montre passablement variable dans un groupe homo¬ 
gène de sujets, comme celui qu’ont étudié Rothschild et Neuville et dont nous décri¬ 
vions quelques détails dans les pages précédentes. En tout cas, l’allongement des troi¬ 
sièmes molaires résulte, pour les formes décrites comme rimator, d’après les figures du 
fondateur de cette espèce, d’un simple espacement des derniers denticules. 

Sur notre ivoriensis Ç, nous comptons à M 3 droite neuf denticules nets et un talon 
allongé, sans denticules, présentant un aspect un peu aigu, ou tout au moins non 
arrondi. La M 3 gauche est dans le même cas. La M 3 droite compte encore neuf denticules 
Archives du Muséum, 6 e série. V. — 37 


Source : MNHN, Paris 


290 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


un peu différemment disposés (Voir p. 272), dont le dernier est un peu indécis, et un 
talon où l’on peut en deviner encore trois ou quatre autres sous le cément qui recouvre 
toute cette région. La M 3 gauche compte le même nombre de denticules et donne lieu 
aux mêmes remarques ; nous avons déjà noté, pour ces molaires inférieures droite et 
gauche de notre ivoriensis $ (p. 272), un dédoublement du denticule médian intermé¬ 
diaire au premier et au second lobe, qui pourrait en faire compter deux là où nous n’en 
comptons qu'un. 

Etant ici dans la voie des comparaisons, nous ajouterons que nous avons pu voir, 
chez des Sus, un tel dédoublement aboutir à la présence de deux denticules médians bien 
individualisés, à la fois au lobe antérieur et au lobe moyen. 

Les talons n’atteignent pas, sur cet ivoriensis $, et ni à droite ni à gauche, ni en haut 
ni en bas, une forme aiguë, et ils restent largement recouverts de cément, ce qui contribue 
à en adoucir les angles. 

Sur notre ivoriensis $, la troisième molaire supérieure droite présente encore neuf denti¬ 
cules nets, et son talon en porte un rudimentaire. Ce talon, nettement moins long que sur le 
sujet précédent (Ç), ne présente ni arrondissement ni effilement ; nous ne pouvons mieux 
faire, pour caractériser sa forme, que de renvoyer à la figure F de la planche IV, qui ne 
pourrait, d’après les bases indiquées par Thomas, s’identifier ni au meinhertzhageni , 
ni au rimator, et leur resterait intermédiaire. 

La M 3 gauche du même sujet (<£) étant anormale, comme nous l’avons déjà mentionné 
(p. 278), nous n’entrerons à son sujet dans aucune comparaison. 

La M 3 droite porte dix denticules bien formés, y compris celui du talon, qui est 
plutôt arrondi qu’aigu ; ici encore, le cément entoure trop largement le dernier denticule 
médian, rudimentaire, pour que l’on puisse parler d’effilement. 

Sur la M 3 gauche, bien qu’elle soit anormale (Voir ci-dessus, p. 278), nous comptons 
encore, non sans difficulté, les neuf denticules typiques, et rien n’y rappelle un effilement 
permettant de songer au rimator. 

En définitive, dans les caractères dentaires de cette dernière espèce, que nous 
venons de revoir ainsi en insistant sur leur valeur comparative et sur lesquels les figures 
jointes à ce travail achèveront de renseigner, rien ne nous écarte de Y H. meinhertzha¬ 
geni, tel que nous le jugeons d’après les données bibliographiques et les spécimens 
jadis décrits par l’un de nous. Sur ceux-ci, nous avons relevé des variations reproduisant 
les aspects offerts par nos ivoriensis ; sans aller jusqu’à pouvoir s’identifier absolument 
avec celui qui fut considéré comme caractéristique du rimator, elles forment cependant 
des transitions peu discutables avec ce dernier. A cet égard comme aux autres, on 
ne peut que souhaiter la réunion d’une importante collection de sujets des deux 
sexes, à divers âges et de différentes provenances. Pour les structures dentaires 
comme pour les variations du pelage, seul l’examen d’une telle collection lèverait 
probablement les doutes. Les comparaisons auxquelles nous nous sommes livrés quant 
à la dentition prouvent toutefois que les variations individuelles jouent à son sujet un 
rôle important, et qui l'est peut-être autant que celui des mêmes variations dans le 
pelage. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYI.OCHŒRUS »> 


291 


En ce qui concerne la question de la quatrième prémolaire, déjà plusieurs fois abordée 
ci-dessus (Voir p. 220, 238, 250 et 283), et à laquelle nous avons préféré réserver cette place 
spéciale en ce qui concerne nos H. m. ivoriensis, nous constatons pour eux ce qui suit. 

Sur le crâne $, il subsiste des deux côtés, à la mâchoire supérieure, un reste très fruste 
de la quatrième prémolaire provisoire (PI. IV, fig. A et B), avec deux racines, l’une interne, 
l'autre externe, dont la première seule tient encore du côté droit, où la seconde est résorbée. 
Ces restes, qui étaient appelés à disparaître promptement, se trouvent coincés entre la pre¬ 
mière molaire et une grosse prémolaire qui, d’après les conclusions ci-dessus exposées de 
Thomas, serait une P 3 et non une P 4 . Cette dernière dent porte un denticule principal 
du côté externe et cinq denticules secondaires formant, autour de ce principal, des côtés 
interne et postérieur, une garniture en forme de croissant. Il y eut ici, primitivement, trois 
prémolaires définitives, dont l’antérieure a disparu du côté droit en laissant des traces 
alvéolaires en voie d’oblitération, et dont les deux antérieures sont tombées du côté gauche, 
la première assez anciennement pour n’avoir laissé aucune trace, et la seconde, perdue plus 
récemment, ne dut l’être que par accident, car les deux alvéoles de ses racines sont parfai¬ 
tement distincts. D’après ce qui en reste, et comme le montreront les figures ci-jointes, la 
dernière prémolaire seule est ici molarisée, et sa précédente est déjà fort réduite par rapport 
à elle. 

A la mâchoire inférieure de ce même crâne (Ç), en avant de la série des molaires, 
il se trouve des deux côtés une prémolaire définitive. Cette dent, très forte, allongée, est 
implantée par deux fortes racines et porte en avant un gros tubercule principal, très proémi¬ 
nent, suivi de tubercules secondaires au nombre de quatre ou cinq, allant en décroissant 
vers l'arrière et dont les derniers sont peu nets. En outre, à gauche, il subsiste sur cette 
mandibule un reste de quatrième prémolaire provisoire, sous une forme extrêmement 
fruste qui est celle d’une dent à un seul lobe, divisé en un denticule droit et un denticule 
gauche, avec trace d’un lobe médian antérieur ; ce « chicot » est implanté par deux racines 
presque complètement résorbées. 

Sur notre ivoriensis il y a, à droite et à gauche, au maxillaire supérieur, deux pré¬ 
molaires définitives, avec, en avant, trace d’une autre prémolaire perdue depuis assez 
longtemps pour que les alvéoles soient presque comblés. Il n’y a plus ici aucune trace de 
prémolaires temporaires. A la mâchoire inférieure, qui présente, à gauche, l’anomalie 
ci-dessus mentionnée, il se trouve de chaque côté une seule prémolaire, semblable à celle 
de la pièce précédente (Ç), c’est-à-dire allongée, très forte, présentant en avant un gros 
denticule principal très saillant, suivi de quatre ou cinq (peut-être même six) denticules 
secondaires allant en décroissant vers l’arrière. 

Les observations ainsi résumées diffèrent sensiblement de celles que l’un de nous a 
précédemment faites sur VH. meinhertzhageni. Il y trouvait une P 4 plus réduite que sa 
dent temporaire, et contrastant, par sapetite taille, avec la première molaire (Voir fig. 46 et 47). 
Ce contraste est moins grand sur nos sujets du Bas-Cavally (Voir PI. IV), et, bien que nous 
ne puissions sur ces sujets comparer cette dernière prémolaire à sa dent temporaire, puisque 
celle-ci est tombée ou réduite à l’état de ces « chicots » presque informes ci-dessus décrits 
(Voir p. 270), il nous semble peu probable, d’après ce que nous voyons de ceux-ci, que la 


2 Q2 


G. bouet et h. neuville 


quatrième prémolaire temporaire soit ici beaucoup plus volumineuse que sa dent de rempla¬ 
cement, alors que ce fait avait frappé dans l’étude des pièces de la Collection de Rothschild. 

Tout cela pesé, et toutes comparaisons faites, pouvons-nous considérer que les dents 
précédant les vraies molaires sur lesdeux suj ets du Bas-Cavally soient des troisièmes prémolaires 
définitives, suivant l’opinion de Thomas, et que la quatrième ne se soit pas développée ? Sous 
réserve de ce que pourrait démontrer péremptoirement une série complète de sujets à 
différents âges, nous croyons devoir admettre que les dernières prémolaires définitives sont 
sur nos deux ivoriensis, comme sur les meinhertzhageni précédemment étudiés par l’un de 
nous, des quatrièmes prémolaires. Comparant nos pièces à d’autres, des genres Sus et 
Phacochœrus, — et ne faisant cette comparaison qu’en nous rendant parfaitement compte 
de tout ce qu’elle a de délicat, — nous leur reconnaissons en effet, en haut et en bas, des 
caractères généraux rappelant plutôt une quatrième prémolaire qu’une troisième. Elles 
sont trop grosses pour être des troisièmes prémolaires, et trop molarisées, bien qu’inégale- 
ment ; il y a donc de grandes probabilités, — mais pas une certitude, — pour que ce soient 
des quatrièmes prémolaires. Elles sont, en tout cas, bien plus molarisées que la P 3 de la 
planche XV de Thomas (i). 

Nous ne saurions approfondir davantage cette question de la comparaison des formes 
des prémolaires temporaires et des prémolaires définitives des Suidés sans étendre exagéré¬ 
ment le cadre de notre travail. Disons donc seulement que la quatrième prémolaire tempo¬ 
raire supérieure des Suidés est une forte dent, nettement molarisée, comportant typique¬ 
ment, sous des apparences dont le détail est fort divers, deux lobes ayant chacun deux 
denticules. Quatre fortes racines, accompagnées fréquemment d’une ou deux racines 
secondaires, l’implantent fortement dans le maxillaire. Ce n’est guère que par sa taille 
un peu moindre qu’elle diffère de la première molaire. Sa remplaçante nous paraît être, 
dans la majorité des cas, une dent de moindre importance morphologique, comportant 
deux denticules externes et un denticule interne. Elle est pourvue de quatre racines, 
dont les deux correspondant à l’unique denticule interne sont généralement très rappro¬ 
chées l’une de l’autre et relativement grêles. 

Les détails que l’un de nous a précédemment relevés (2) et ceux que nous avons observés 
depuis, dans les dernières prémolaires supérieures des Hylochœrus (nous employons ici 
ce terme de dernières prémolaires sans préjuger si ce sont les troisièmes ou les quatrièmes), 
et les différences que nous observons à leur égard entre la dentition temporaire et la den¬ 
tition définitive, ne correspondent pas exactement à cette différenciation, que nous venons 
d’ailleurs de schématiser. Nous devons même dire que, dans la dentition supérieure défi¬ 
nitive des Hylochœrus, la dernière prémolaire ressemble plutôt, en général, et toutes compa¬ 
raisons faites, à la troisième prémolaire de certaines espèces qu’à leur quatrième. Mais, 
encore une fois, nous relevons à cet égard de telles variations, en examinant un grand 
nombre de pièces variées, que nous nous croyons finalement obligés de reconnaître l’impos¬ 
sibilité de trancher définitivement, dans l’état actuel des connaissances, cette question 
de la quatrième prémolaire supérieure des Hylochœrus. 

(1) Loc. cil. (Voir ci-dessus, fig. 3 p. 222). 

(2) Rothschild et Neuville, loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 216), p. 13-15. 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


293 


D’autre part, et d’un point de vue tout général, la réduction, chez des Suidés, d’une 
série de prémolaires, réduction qui, après avoir affecté la première de ces dents confor¬ 
mément à la règle (puisque P 1 ni Pj ne se rencontrent chez les Hylochœrus), affecterait 





Fig* 66. 


Fig. 67. 


Fig. 68. 


Fig. 66 et 68. — Sanglier d'Annam (Sus sp.?). — Environ çj 10 grandeur naturelle. 

Fig. 66 : Série des prémolaires et des molaires supérieures. — Fig. 67 : Série des prémolaires et des molaires inférieures 
gauches. — Fig. 68 : Série des prémolaires et des molaires inférieures droites. 


directement ensuite la quatrième et non pas la seconde, réaliserait un écart singulier avec 
ce que les autres exemples peuvent faire prévoir quant à ce processus de réduction. Dans 
le genre Phacochœrus, où la dentition subit une régression si marquée et dont le cas fut 
invoqué comme exemple à propos de celui des Hylochœrus, la réduction semble se faire régu¬ 
lièrement d’avant en arrière pour toute la série des prémolaires et des molaires, finalement 


Source : MNHN, Paris 





















294 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


réduite à la dernière de celles-ci. A cet égard encore, il est à souhaiter, — et nous ne sau¬ 
rions trop y insister, — que des séries homogènes de pièces d’études viennent mettre défini¬ 
tivement en évidence, s’il y a lieu, l’exception que présenterait le genre Hylochœrus, ou 
le fasse rentrer sans conteste dans le cas général. Une preuve absolue ne serait d’ailleurs 
fournie dans ce dernier sens que par la constatation dans le maxillaire, — au-dessous de 

la quatrième prémolaire tempo¬ 
raire et poussant celle-ci vers le 
dehors, — d'un germe qui soit in¬ 
dubitablement, de par cet empla¬ 
cement, celui d’une quatrième 
prémolaire définitive. Or il semble 
bien que ce soit là, ainsi que nous 
le mentionnions page 250, ce que 
M. de Beaux a vu sur un iturien- 
sis. Nous signalerons cependant 
que l’un de nous, au cours de 
ses précédentes recherches sur 
les Hylochœrus, a vainement cher¬ 
ché un germe de dent définitive 
en sculptant le maxillaire supé¬ 
rieur d’un Hylochœrus dont la 
quatrième prémolaire supérieure 
gauche présentait des signes ra¬ 
diculaires évidents de caducité ; 
ces signes n’allaient pas toutefois 
jusqu’à faire présager une chute 

Fig. 69. — Sanglier d’Annam {Sus Fig. 70. — Sanglier d’Annam ( Sus prochaine, puisque Celle-ci est, 
sp. ? ). - Molaires supérieures sp.?) - Molaires supérieures dans p, cas dont ü s ’ agit extrê- 

droites. — Environ x 7,5. gauches. — Environ X 7,5. 0 

mement tardive, et ne se pro¬ 
duit que lorsque la dent est réduite à l’état d’un infime « chicot » (Voir ci-dessus, et 
PI. IV, fig. A et B). 

* 

* * 

Si, finalement, en nous inspirant des compléments ainsi apportés par les comparaisons 
auxquelles nous venons de nous livrer aux données précédemment acquises, nous cherchons 
à apprécier une fois de plus et de façon synthétique les caractères dentaires du genre Hylo¬ 
chœrus, et à en tirer des conclusions, nous pouvons le faire ainsi. 

Dans les genres Sus et Potamochœrus, la structure dentaire est très compliquée, et 
dans un sens caractéristique bien connu, que rappelleront les figure 66-70. Dans le genre 
Phacochœrus, une complication toute différente, avec disposition hypsodonte se substi¬ 
tuant à la bunodontie typique des Suidés, s’accompagne d’une tendance à la réduction 
du nombre des dents, telle qu’on ne trouve plus, sur les sujets âgés, que les deux dernières 



Source : MNHN, Paris 














RECHERCHES SUR I.E GENRE « HYLOCHŒRUS » 


295 


molaires, — voire même seulement la dernière, — aussi bien au maxillaire supérieur 
qu’à la mandibule. Pour insister sur l’originalité de cette disposition, et surtout ce qu’elle 
a de différent avec ce que présentent les Hylochœrus, rappelonsquelastructure de cette troi¬ 
sième molaire, très longue, à laquelle se réduit parfois la dentition triturante des Phacochœrus, 
est d’un type unique chez les Mammifères et rappelle celle des molaires des Proboscidiens et de 
certains Rongeurs. Cette dent se compose en 
effet de 22 à 25 éléments cylindriques, repré¬ 
sentant chacun, en quelque sorte, une petite 
dent, pourvue de sa pulpe, d’un corps de den- 
tine et d’un revêtement d’émail (1) ; et tous ces 
éléments sont réunis, par un abondant cément, 
en un bloc constituant la dent (fig. 71 et 72). 

Il suffit de substituer par la pensée des lames 
transversales aux cylindres existant ici, ou 
plutôt même de réunir ces cylindres en de 
telles lames, pour avoir une molaire d’Elé- 
phant ou de l’un de ces Rongeurs auxquels 
nous venons de faire allusion ( Capybara...). 

Les Hylochœrus ne rappellent en rien cette 
particularité, qu’il était utile de remémorer, 
puisque leurs affinités avec les Phacochœrus 
sont diversement appréciées (Voir ci-dessus, 
p. 252) et que la dentition est en pareil cas un 
élément constant de comparaison. A ce sujet, 
l’écart est frappant entre ces deux genres. 

Les Hylochœrus sont bunodontes comme les 
autres Suidés typiques, mais la tendance des 

denticules à l’individualisation y est peut- Fig. 71. — Phacochœrus. — Fig. 72. — Phacochœrus. - 

être un peu plus régulière que chez la plupart Dernière molaire infé- Dernière molaire infé- 

. rieure gauche. — Environ rieure droite. — Environ 

de ceux-ci, ce qui tend à contribuer à faire x 1,5. x 7,5. 

pressentir — de loin — le type Phacochœrus. 

Nous ne pouvons développer à cette place les réserves qu’implique la phrase précédente ; 
nous remémorerons seulement que l’individualisation en question est d’abord assez 
variable, comme le montrent les quelques exemples relatés ci-dessus, et que la différence 
de structure des molaires est assez faible entre des formes comme celle qui est repré¬ 
sentée par les figure 66-70 (Sus) et les Hylochœrus ; cette différence reste au contraire 
toujours irréductible du côté des Phacochœrus. La réduction de la formule dentaire, si 
accentuée qu’elle soit chez ceux-là, reste par trop lointaine du degré atteint à cet égard 
chez ceux-ci pour qu’il y ait à rapprocher ces deux cas. Bref, la dentition des Hylo- 



(1) Nous n'employons ici ce terme de revêtement que parce qu'il est généralement usité ; mais nous n’en restons pas moins 
persuadés que. conformément aux travaux de Retterer, il s’agit, ici comme ailleurs, d’une différenciation de la dentine en 
émail et non d'un revêtement dû à l’activité d’un organe spécial : l’organe dit improprement adamantin. 


Source : MNHN, Paris 








296 


G. BOUET ET H. NEUVILLE 


chœrus, un peu plus évoluée que celle des Sus et des Potamochœrus dans le sens d’une 
réduction du nombre des denticules, l’est tout différemment de celle des Phacochcerus. 

D’autre part, certains caractères de la base du crâne (fosses sphénoïdales, Thomas) et 
de la face (masque verruqueux), et peut-être aussi, dans quelque mesurera raréfaction du 
revêtement pileux avec les progrès de l’âge, peuvent contribuer à taire reconnaître dans le 
genre Hylochœrus des termes de transition entre la masse des Suidés typiques et le petit 
groupe des Phacochcerus. 

APPENDICE AU CHAPITRE VII 

Au moment où nous corrigeons les épreuves de ce mémoire, nous prenons communication 
d’un ouvrage considérable, en deux forts volumes, relatif au Libéria et au Congo belge, où il 
est fait une part très importante à des études faunistiques. Cet ouvrage est le suivant : The 
african Republic of Liberia and the belgian Congo, based on the Observations made and Material 
collected during the Harward African Expédition, 1Q26-1Q27 (Contributions jrorn Department 
of tropical Medicine and Institute for tropical Biology and Medicine, n° V, Cambridge, 1930). 

Dans le chapitreXXXIII (vol. II), MM. GloverM. Allen et Harold J. Coolidge Jr. 
étudient les Mammifères du Libéria et rappellent, à la page 607, que « Johnston a supposé 
la possibilité de la présence du Forest-Pig au Libéria, bien qu’aucun spécimen n’en paraisse 
y avoir été pris. Il reste à prouver, ajoutent les deux auteurs, que les Sangliers noirs si 
souvent mentionnés puissent être de ce type ». 

La preuve ainsi demandée est maintenant fournie. 

D’autre part,pendant l’élaboration de ce travail,l’un de nous avait prié M. Chevalier 
de bien vouloir s’informer, au cours d’un voyage à la Côte d’ivoire, près des administra¬ 
teurs de cette colonie, de la présence éventuelle dans leurs cercles de Sangliers pouvant se 
rapporter au genre Hylochœrus. Il s’est trouvé que M. Belly, administrateur du cercle de 
l’Indénié, limitrophe de la colonie de la Gold Coast, a trouvé sur son territoire, donc très à 
l’est du Cavallv, un Sanglier noir qui semble appartenir à ce genre, et au sujet duquel il 
écrivait en ces termes à M. Chevalier : 

«J’ai eu un instant l’espoir de ramener le Sanglier noir recherché par M.Bouet, mais 
il avait été pris au lacet avec une patte, et il s’était déboîté l’épaule; il est mort huit jours 
après. Il s’agit en effet d’un Sanglier noir, à nez court, avec dents-boutoirs comme le Phaco¬ 
chère, couvert de poils noirs avec un sous-poil rougeâtre. L’animal était un jeune marcassin 
de un mois à un mois et demi, qui s’alimentait bien, mais qui est mort par infection géné¬ 
ralisée due à un arrachement des muscles et des tendons. J’ai bien regretté de ne pouvoir le 
sauver, mais je vais mettre des chasseurs en campagne pour en retrouver mort ou vivant, 
et je rapporterai ce que je trouverai, dépouille ou animal. » 

Enoutredesonintérêtzoo-géographique, ce document, dontil faut savoir gréàM. Belly, 
nous semble instructif par la mention d’un « sous-poil rougeâtre », au sujet duquel nous 
renverrons à tout ce que nous écrivions (p. 229 et 248) quant à la livrée des marcassins dans 
le genre Hylochœrus. Les dents-boutoirs rappelant celles du Phacochère et que signale 
M. Belly n’ont évidemment pas été observées sur un sujet aussi jeune que celui à propos 
duquel il écrit ; cette mention indique probablement que d’autres Sangliers noirs, adultes, 
ont été vus dans la même région; les Holychœrus n’y seraient donc peut-être pas très rares. 


Source : MNHN, Paris 


VIII — « HYLOCHŒRUS FOSSILES » 


En même temps que les connaissances progressaient sur les particularités du genre 
Hylochœrus, son extension géographique et sa variabilité, quelques découvertes lui fai¬ 
saient connaître des ascendants parmi les animaux disparus du continent africain (i). 

Les données paléontologiques ainsi acquises ne sont basées que sur un très petit nombre 
de pièces, et des plus fragmentaires. Elles ont abouti, actuellement, à la distinction de 
deux espèces fossiles, Y Hylochœrus euilus et Y H. grabhami, toutes deux décrites par A. Tin- 
dell Hopwood, d’après des dents trouvées dans des localités très voisines de la zone 
d’habitat des espèces vivantes (Voir la carte, p. 217). Les premières trouvées de ces reliques 
l’ont été dans la plaine de Kaiso (Ouganda), située entre 30°50' et 30°io' de longitude est 
Greenwich et i°23' et i 0 37' de latitude nord, dans des couches au sujet desquelles 
M. Hopwood veut bien nous écrire qu’après les avoir considérées comme Plio-Pléisto- 
cènes, il les attribue maintenant au Pléistocène moyen. Les secondes, ou plutôt la seconde, 
le fut à Kosti, localité située sur le Nil Blanc, à environ 180 milles au sud de Kartoum. 

Après avoir décrit ces pièces si intéressantes, M. Hopwood a fait une revue des Mam¬ 
mifères fossiles de l’Afrique centrale (2), où il cherche à préciser l’âge et les affinités de 
ces espèces disparues. Il classe les Hylochœrus parmi les représentants de la younger 
fauna et fait remarquer que les Suidés caractéristiques de la faune africaine moderne le 
sont aussi de celle des temps Pléistocènes, avec cette particularité que cette dernière était 
plus variée. Il mentionne que le genre Metridiochcerus, des monts Homa et d’Oldoway, 
qui est très hypsodonte, représente un stade évolutif intermédiaire à ceux des Hylochœrus 
et des Phacochœrus, bien que ces trois genres, ajoute-t-il, ne puissent appartenir à la même 
lignée. Nous n’entreprendrons pas d’approfondir ces affinités encore très indécises, basées 
sur des spécimens peu nombreux et très imparfaits, et nous bornerons à signaler la lumière 
que les recherches de M. Hopwood jettent dès maintenant sur une question encore tout 
à fait obscure, — inexistante même, — il y a quelques années. Nous résumerons donc 
simplement les caractères des Hylochœrus euilus et grabhami, à l’appréciation desquels 
tout ce que nous venons d’écrire sur la dentition des Hylochœrus vivants forme, croyons- 
nous, une utile introduction. 

Avant d’entrer dans ces descriptions, nous tenons à exprimer toute notre très vive 
gratitude à M. A. Tindell Hopwood, qui a bien voulu nous communiquer ses intéressants 
travaux, en les complétant même à notre intention de notes et de croquis qui nous les 
rendent encore plus précieux. 


(1) A. Tindell, Hopwood, loc. cit. (Voir ci-dessus, p. 217). 

(2) A. Tindell Hopwood, A review of the fossil Mammals of Central Africa (American Journal of Science, feb. 1929, 
p. 101-118). 

Archives du Muséum, 6 e Série. 


V. — 38 


(i. JBOUET ET H. NEUVILLE 


298 


Hylochoerus euilus Hopwood (1). 

Quatre fragments de dents, provenant des couches à ossements de la plaine de Kaiso, 
ont servi à la reconnaissance de cette espèce; deux sont identifiables à la troisième molaire 
supérieure, une à la troisième molaire inférieure, et une, dont la couronne était complète, 
à une seconde molaire inférieure. Ces quatre pièces sont considérées par M. Hopwood 
comme appartenant à une forme beaucoup plus grande que celles d’aujourd’hui et mani¬ 
festant une spécialisation beaucoup plus avan¬ 
cée ; ce sont ces différences qui l’ont incité à 
séparer spécifiquement cette forme fossile. 

Les cuspides (denticules), écrit l’auteur, 
sont irréguliers, trilobés. L’émail est épais, 
avec de fins plis verticaux, et des stries hori¬ 
zontales s’}' observent près de la base de la 
couronne 

l’épaisse couche de cément qui la recouvrait 
à l’origine. La troisième molaire supérieure 
est pourvue de trois (M. Hopwood ajoute 
ici un point d’interrogation) paires de cuspides 
et d’un talon court, mais bien développé. La 
troisième molaire inférieure lui est semblable, 
mais son talon est plus long. La seconde mo¬ 
laire inférieure porte deux paires de cuspides ; 
elle présente un cingulum antérieur et un 
cingulum postérieur ; celui-ci est plus prononcé que celui-là (2). 

Voici les dimensions de ces pièces : 


i Largeur maxima..... 25 mm ,o 

M a . j Longueur des cuspides b -f r... 32 mn ',o 

( — du talon. i5 mm ,o 

i Largeur maxima........... 23 m ">.5 

M*. Longueur du cuspide c et. du talon... 46 mm ,o 

( — du talon. 33 mm »5 

Mj. » Longueur.......... 28 n,n ',o 

\ Largeur......... I 9 mm »5 


Ces dents sont construites sur le même type que celles de VH. meinhertzhageni , c’est-à- 
dire que leurs cuspides sont disposés par paires, avec un petit cuspide entre chaque paire, 
mais, écrit M. Hopwood, celles de la forme fossile sont plus compliquées que celles des 
formes vivantes. Les cuspides principaux, irrégulièrement trilobés, et les secondaires, de 

(1) A. Tindell Mopnvood, The Geology and Palæontology of thé Kaiso Bone-Beds, Part. II. Palæontology, Fossil Mam- 
malia (Uganda Protectorate . Geological Department. Occasional Paper, n° 2, p. 13-36, PI. I-IV, 14 text.-fig., nov. 1926). 

Le nom euilus est, écrit M. Hopwood, la transcription du grec cuilos, « ensoleillé » ; il est motivé par la latitude des lieux 
où lurent trouvés les restes de cet animal. 

(2) Nous ne mentionnons de cingulum sur aucune des dents ci-dessus décrites. Nous supposons qu'il s'agit ici des denticules 
médians antérieurs et postérieurs, « courts et larges », (pic nous signalons sur diverses pièces. 


, lorsque celle-ci est dépouillée de 



Fig. 73 - — 1 et 2, Hylochoerus euilus Hopwood. Cou¬ 
ronnes de la seconde (1) et de la troisième (2) molaire 
inférieure. — Environ Qfio grandeur naturelle. 


En 3, les mêmes dents d’un H. meinhertzhageni , pour 
comparaison ; a, b, c, les trois lobes principaux de ces 
dents, dont le premier est absent sur la troisième molaire, 
de 177 . euilus. (D’après Hopwood.} 


Source : MNHN, Paris 












RECHERCHES SUR LE GENRE « HYL 0 CI 1 ŒRUS »> 


299 


forme moins definie, différencient celle-là de celles-ci. Pour en mieux caractériser les diffé¬ 
rences, M. Hopwood a dressé un tableau de dimensions sur lequel les largeurs étant, pour 
les deux especes euilus et meinhertzhageni, ramenées à 100, l’écart des autres dimensions 
est rendu d’appréciation plus facile. Voici ce tableau : 


f Largeur maxima .. 

M 3 . ! Longueur des cuspidcs b -f r 
( — du talon. 


I Largeur maxima. 

■ Longueur du cuspide c et du talon 
( — du talon. 


M,. J Longueur 
/ Largeur.. 


II. euilus. 

II. meinherlzhugeni 

100 

100 

1 28 

77 

Go 

00,5 

100 

100 

«95 

« 5-1 

142 

1 *4 

100 

100 

<> 9,5 

45*5 


Peut-être, si l’on veut bien se reporter à toutes les descriptions précédentes et aux 
figures dont nous les accompagnons, y trouvera-t-on facilement des dispositions plus compli¬ 
quées encore que celles des molaires de VH. euilus, et notamment des faits de trilobation 
des denticules (ou cuspides) principaux et d’intercalation de cuspides secondaires, — 
ceux-ci mentionnés comme denticules médians au cours des descriptions faites 
ci-dessus, — et même d’émail strié (p. 276). Cette «forme moins définie» des cuspides 
secondaires, que M. Hopwood considère comme contribuant à distinguer Y H. euilus des 
Hylochœrus vivants, paraît effectivement telle d’après la comparaison de sujets peu nom¬ 
breux ; il sera intéressant de voir si elle continue à s’affirmer différente après extension de 
ces comparaisons. Nous félicitons une fois de plus M. Hopwood d’avoir décrit avec une 
parfaite compétence l’espèce fossile à laquelle il donne le nom bien choisi d 'euilus, et 
souhaitons que des documents nombreux et bons viennent bientôt permettre de préciser 
les rapports de celle-ci avec les formes vivantes. 

Hylochœrus grabhami Hopwood (1). 

Cette espèce est fondée sur un matériel encore plus précaire. Des recherches faites 
au Soudan par M. Grabham en rçiS avaient fourni deux dents de Mammifères, dont 
l’une était une canine inférieure de Carnivore et l’autre une troisième molaire inférieure 
de Suidé. M. Hopwood attribua celle-ci au genre Hylochœrus et en fit la base d’une espèce 
nouvelle, dédiée à M. Grabham. 

Cette dent fut trouvée au cours de fouilles pratiquées dans des dépôts d’allu- 
vions, à Kosti, sur le Nil Blanc, à environ 180 milles au sud de Kartoum. Son 
type de minéralisation paraît semblable à celui des os fossiles trouvés dans le lit 
du Nil Bleu, à Kartoum, et parmi lesquels M. Andrews a jadis décrit un fragment de 
molaire d’Eléphant. Cette région est fort éloignée de la zone où vivent maintenant les 
Hylochœrus, qui, dans l’Afrique orientale, semblent surtout localisés au voisinage de 
l’Equateur. Il est vrai qu’un spécimen de Goré, en Abyssinie (Voir ci-dessus, p. 216), éta- 


(1) A. Tindell Hopwood, Hylochœrus grabhami, a new species of Fossil Pig from tlie White Xile (Annals and Mag. 0/ 
Nuturul Hislory, sér. X, vol. IV', sept. 1929, p. 289-290). 


Source : MNHN, Paris 










300 G. BÔUET ET H. NEUVILLE 

blit une transition géographique entre ceux de l’Afrique orientale et cette espèce fossile. 

Le caractère sur lequel s’appuya M. Hopwood pour présenter celle-ci comme nou¬ 
velle est que le fragment dentaire dont il disposa, bien que ressemblant à une dent d ’H. euilus, 
est plus étroit, d’une structure moins compliquée (with the folding of the enamel less 
complicated) et possède deux petits cuspides (ou colonnettes) entre chaque paire de cus- 
pides principaux. 

La dent entière devait, écrit M. Hopwood, être longue de plus de 60 millimètres ; 

la largeur de sa surface triturante est de i8 mm ,5, et la largeur à 
base de la couronne est de 22 millimètres. 

Cette dent est brisée dans sa partie antérieure. A l’état entier, 
elle devait être composée de trois paires de cuspides principaux, 
formant trois lobes, avec deux petits cuspides entre chaque paire 
et un grand talon (Voir fig. 74). Selon toute probabilité, ajoute le 
descripteur, elle devait posséder un fort cingulum antérieur. 
Bien que le cément ne soit pas conservé sur cette pièce, elle devait 
en être revêtue comme les autres dents comparables. 

Des trois paires de cuspides principaux, l’antérieure a disparu. 
La seconde est pratically entire, et l’émail en est replié de façon 
qu’il se présenterait, sur une section transversale, comme ayant 
trois ou quatre diverticules (1). Entre la première paire, brisée, et la 
seconde, et entre celle-ci et la troisième, se trouvent les deux cuspides 
secondaires auxquels nous venons de faire allusion ; ceux qui étaient 
entre la première paire de cuspides principaux et la seconde sont 
trop endommagés pour pouvoir être décrits ; ceux qui se trouvent 
entre la seconde paire principale et la troisième sont trilobés. Il 
est important de noter, ajoute M. Hopwood, que les cuspides 
secondaires, situés en avant et en arrière de la seconde paire de 
cuspides principaux, sont si étroitement juxtaposés que ces cuspides principaux sont 
rejetés latéralement; et cela est porté à un degré encore plus accentué pour la troisième 
paire de cuspides principaux, parce qu’une petite colonnette, située au centre de ce 
système, donne à celui-ci l’aspect d’un quinconce ; nous avons décrit et figuré aux pages 281, 
282, 284, 287 et 289 des molaires de meinhertzhageni rappelant de près ces dispositions- 
Le talon est composé d’environ onze cuspides secondaires, ou colonnettes, pouvant se 
répartir en deux groupes comprenant chacun une paire de cuspides principaux et deux 
paires de cuspides accessoires. L’auteur n’a pas figuré cette disposition, mais il a bien 
voulu nous en envoyer un diagramme, que nous reproduisons ci-dessus (fig. 74) ; on y 
voit d’emblée l’importance prise par ces « cuspides secondaires », — que nous 
décrivons, dans les espèces vivantes, sous le nom de denticules médians, — et 
l’extension du talon, si considérable et présentant de tels caractères, que, si nous 
avions eu à décrire cette pièce parmi les précédentes, nous lui aurions assigné 




â. 


o. 



Fig. 74. — Hylochœrus gra- 
bhami Hopwood. 

Troisième molaire infe¬ 
rieure droite. Type, d'après 
un croquis original de 
M. Hopwood. — a, b, c, les 
trois lobes principaux. 


(1) Cl. p. 2S1 ci-dessus (H. meinhertzhageni). 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS »> 


301 


sans hésitation quatre lobes et un talon comprenant les six derniers denticules. Une telle 
disposition s’écarte sensiblement de celle que présente typiquement le genre Hylochœrus, 
où l’on ne trouve, en principe, sur les troisièmes molaires, que trois lobes portant chacun 
deux denticules principaux, avec intercalation de denticules médians de formes variées, 
et terminaison en un talon plus ou moins accentué et plus ou moins compliqué ; nous avons 
cependant pu mentionner, dans les pages précédentes, des troisièmes molaires inférieures 
portant des denticules disposés de façon à constituer un quatrième lobe, de telle sorte que ce 
caractère perd ainsi de sa valeur taxonomique. Telle qu’elle nous semble, c’est-à-dire pour 
autant que nous la connaissions, la pièce sur laquelle est basée l’espèce grabhami nous 
rappelle certains sujets du genre Sus tout autant que les Hylochœrus. Plus encore peut- 
être que pour l’espèce précédente, nous souhaitons voir mettre bientôt à jour de nou¬ 
veaux matériaux permettant d’approfondir l’étude de Y H. grabhami. 

Cette nouvelle espèce fossile, conclut M. Hopwood, occupe une place située presque 
exactement à mi-chemin entre YH. euilus et Y H. meinhertzhageni. Elle se rapproche du 
premier par la lobation de son émail, bien qu’elle ne présente pas ce caractère à un degré 
aussi accentué, et de la seconde par la présence de deux colonnettes accessoires entre les 
paires de cuspides principaux, tandis qu’il n’y a là qu’une seule colonnette sur les dents 
de l’H. euilus. Elle diffère à la fois de ces deux espèces, ajoute finalement M. Hopwood 
par l’extension qu’y prennent les colonnettes accessoires, tendant à «forcer »les éléments 
de chaque paire de cuspides principaux. 


Source : MNHN , Paris 



IX 


CONCLUSIONS 


De tout ce qui précède, il ressort clairement que, si l’on veut différencier les Iiylochœnis 
les uns des autres, c’est surtout dans les caractères les distinguant des autres Suidés qu’il 
convient de chercher des graduations permettant de suivre l’évolution du genre; ainsi 
pourraient se retrouver éventuellement des stades permettant peut-être de distinguer, 
sous des formes devenues plus ou moins distinctes, quelques-uns des états successifs 
ou divergents de la différenciation subie avec le temps par les ancêtres de ce genre. 

Mais, dans cette fixation possible de stades évolutifs, on ne saurait s’attendre à obser¬ 
ver, d’après ce que l'on voit ici à première vue, des différences très nettes. Des traces 
de termes de passages subsistent, soit par adaptation encore indécise, soit par persis¬ 
tance d’adaptations anciennes. En ce qui concerne les caractères de la dentition, devenus 
décisifs pour les zoologistes qui se sont occupés des Hylochœrus, le fait même de la com¬ 
plication structurale et de la tendance à l’individualisation des denticules donne en outre 
particulièrement prise à l’apparition de variations individuelles. A travers celles-ci, les 
stades les mieux fixés peuvent devenir d’une reconnaissance difficile, sinon pratiquement 
impossible ; certains des exemples signalés dans les pages précédentes contribuent à rendre 
ce fait évident. Il convient donc de supputer à l’avance la possibilité de ces complications 
et de compter avec les difficultés taxonomiques qu’elles entraînent infailliblement. 

Nous croyons avoir mis suffisamment en lumière l’importance que les divers auteurs 
attachés à l’étude des Hylochœrus ont reconnue à leur dentition, et plus particulièrement 
à la structure des molaires. Nous laissons à chacun le soin de juger si, à travers toutes 
les variations exposées dans ce qui précède quant à cette structure, il est possible 
de reconnaître des caractères d’espèces. Ceux d’après lesquels fut distingué VH. rimator, 
une fois comparés avec ceux des autres Hylochœrus, nous semblent insuffisamment con¬ 
cluants dans le sensd’une coupure spécifique, et c’est là pourtant, nous l’avons suffisamment 
développé, la plus valable des formes séparées de l’espèce type. Même au simple 
point de vue subspécifique, ce qui nous semble le plus recevable à son sujet, c’est que, 
sous l’effet de la ségrégation, il se soit développé dans ces spécimens du Cameroun 
quelques caractères spéciaux, dont aucun ne paraît ni très important ni même bien évi¬ 
dent, d’après les descriptions qui en furent faites, mais que de nouvelles découvertes 
permettront peut-être d’analyser avec plus de précision. 

Si nous n’appréhendions d’étendre exagérément, pour finir, toutes les comparaisons 
auxquelles nous venons de nous livrer, et si nous nous laissions ainsi entraîner jusqu’à 
remémorer ce qu’enseignent les plus récentes données biologiques dans le domaine de cer¬ 
tains Vertébrés inférieurs, nous citerions à ce propos les faits anatomiques si curieux, 
et même si déconcertants quant aux classifications, qui compliquent actuellement 


Source : MNHN, Paris 


RECHERCHES SUR LE GENRE « HYLOCHŒRUS » 


3°3 


quelques points de l’Ichtyologie. Mais, nous hâtant de renoncer à cette nouvelle digression 
malgré tout son intérêt comparatif, nous nous bornerons à nous demander, — en invitant 
le lecteur qui a bien voulu nous suivre jusqu’en ces conclusions à se le demander avec nous, 
- si, pour les Hylochœrus comme pour divers autres animaux, l’espèce ne serait pas consti¬ 
tuée d’une mosaïque de formes plus ou moins dissemblables, ne répondant à la notion lin- 
néenne de l’espèce que par l’élément essentiel de celle-ci : la possibilité de la perpétuation, 
et entre lesquelles on peut finir par trouver tous les termes de transition. Cette mosaïque 
serait particulièrement riche dans le cas des Hylochœrus, en raison de l'étendue des varia¬ 
tions locales ou individuelles. Il y aurait là un nouvel exemple de ces occasions offertes au 
classificateur de multiplier des coupures spécifiques ne menant à rien de moins qu’à pul¬ 
vériser l’espèce en méconnaissant sa notion même. Présentement, cette multiplication de 
noms nouveaux aboutit à ce résultat que, dans bien des cas, un animal est déterminé avec 
moins d’incertitude par un nom vulgaire que par l’une des trop nombreuses dénominations, 
bi ou trinominales, qui encombrent de plus en plus les travaux de Zoologie systématique. 
La réduction en synonymie de ces «espèces nouvelles», souvent tardive, extrêmement diffi¬ 
cile quand il s’agit d’animaux rares, ne remédie qu’imparfaitement à ces confusions : l’en¬ 
combrement bibliographique résultant de tous ces dits et contredits, — dont le choc est 
théoriquement fructueux, — complique les recherches et surtout les révisions au point 
de les condamner trop souvent, de manière fatale, à rester incomplètes. 

Pour en revenir à nos Hylochœrus, et, pour synthétiser ce que nous laissent à penser, 
dans la mesure des possibilités actuelles, toutes nos recherches sur les formes vivantes 
de ce genre, nous dirons qu’il nous semble devoir en être essentiellement distingué un 
type oriental : VH. meinhertzhageni meinhertzhageni, et un type occidental, VH. 
meinhertzhageni ivoriensis. Nous ne pouvons fondre celui-ci avec VH. m. rimator ; les carac¬ 
tères des molaires ayant servi la distinction de ce dernier, sans être très différents de 
ceux que révèle l’étude de nos deux ivoriensis, s’écartent moins, en tout cas, de ceux que 
met en évidence l’étude d’un nombre suffisant de meinhertzhageni. 

Tout cela laisse en suspens la question de VH. schulzi, que des caractères externes 
(pelage) paraissent éloigner de tous les Hylochœrus connus pour le rapprocher, superficiel¬ 
lement au moins, des Potamochœrus, et dont la taille, à elle seule, constituerait une 
importante particularité. C’est surtout au sujet de cette forme si originale que l’on 
doit souhaiter de nouvelles découvertes, en l’absence desquelles les plus grandes réserves 
s’imposent. Ce sera sur ce souhait que nous terminerons notre étude des grands Sangliers 
noirs de l’Afrique équatoriale. 


Source : MNHN, Paris 



INDEX 


Pages 


T. — Introduction. 215 

II. — L 'Hylochœrus meinhertzhageni Thomas. 220 

III. — L 'Hylochœrus rimator Thomas. 239 

IV. — L' Hylochœrus ituriensis Matschie. 242 

V. — L' Hylochœrus gigliolii Balducci. 251 

VI. — L' Hylochœrus schulzi Zukowsky et Remarques sur l'éthologie des Hylochœrus . 254 

VIÏ. — L* Hylochœrus meinhertzhageni ivoriensis Bouet et Neuville et Remarques sur la dentition 

des Hylochœrus . 260 

VIII. — Hylochœrus fossiles. 297 

I X Hylochœrus euilus Hopwood. 298 

L'Hylochœrus grahhami Hopwood. 299 

IX. — Conclusions. 3 02 


LÉGENDE DES PLANCHES 


Planche I. — Hylochœrus meinhertzhageni ivoriensis Bouet et Neuville, <$. Tête, vue de face et de profil. 
II. — Hylochœrus meinhertzhageni meinhertzhageni Thos. Vieux de Nandi. 

III. — H. m. meinhertzhageni , des parages de la rivière Channa. Sujets de XAmerican Muséum oj 

Natural History, représentés avec l'agrément de cette célèbre institution (Voir note de la p. 229). 
— IV. — H. m. ivoriensis B. et N. Dentition de deux sujets. 


A, prémolaires et molaires supérieures gauches d’une femelle adulte. 

B, — — — droites — — 

C, — inférieures gauches — 

D, — — droites 

E, — — supérieures gauches d’un mâle adulte-âgé. 

F, — — — droites — — 

G, — — inférieures gauches — — 

II, — — — droites — 


1, 2, prémolaires ; 1, il, m, molaires ; l’astérisque indique les restes de la dentition temporaire. 


Source : MNHN, Paris 


















Archives du Muséum - Tome V. 


PI. 1 




Hyluchœrus nuinhertzhageni ivoriensis Bouet et Neuville, cf- 


Masson & C ,e 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 




' 


Source : MNHN, Paris 


Masson & C“ 



Source : MNHN, Paris 


Archives du Muséum - Tome 





> 


Source : MNHN, Paris 


Masson & O 



Hylochœrus tneinhertzhageni meinhatzhageni Th os, çf, des parages de la rivière Clianna (Afrique centrale) 
Collections de Y American Muséum of Natural History (New-York) 


Source : MNHN, Paris 


Archives dij Muséum - Tome V. PI- 



Source : MNHN, Paris 


Archives du Muséum - Tome V. 


PI. IV 



Hyloclœrus meinhertzhiageni ivoriensis B. et X. 
A, B. C, D, ç. - E, F, G, H. cf. 


Masson & G 1 ' 
Éditeurs 


Source : MNHN, Paris 




Source : MNHN, Paris 


TABLE DES MATIÈRES 

Éponges de Lamarck conservées au Muséum de Paris, par E. Topsent. i 

Recherches sur les Sauterelles-Feuilles de l’Amérique tropicale, par P. Vignon . 57 

Recherches sur le genre “ Hylochœrus ”, par G. Bouet et H. Neuville . 215 


Archives du Muséum, 6 e Série. V. — 39 


Source : MNHN, Paris 




































- 


















1 










Source : MNHN, Paris 


39l6-£o. — CORBEn. IMPRIMERIE CRÊTÉ. — 4-1931. 


Source : MNHN, Paris 




Source : MNHN, Paris 


Source : MNHN, Paris 





Source : MNHN, Paris